Le lendemain du 202ème dîner, je m’envole vers le sud, pour retrouver femme, fils et petits-enfants. Mon fils sera là pendant peu de jours. Comment donner le coup d’envoi de la longue pause d’été ? Ma femme a prévu un gigot et c’est tentant de prendre un vin qui va évoquer le sud et les vacances. J’ouvre un Château de Pibarnon Bandol rouge 2001 et immédiatement le parfum vif évoque toutes les odeurs des paysages de Provence. Ce qui me frappe, c’est l’incroyable jeunesse de ce vin vif. Ayant en mémoire le Châteauneuf-du-Pape Pégau 1985 je suis frappé par la vivacité de ce vin beaucoup moins complexe et charmeur mais cinglant et profond, au beau discours naturel. Il est facile à vivre comme un vin de Provence mais avec beaucoup de noblesse.
Le lendemain, c’est le dernier jour de mon fils, alors, il faut boire grand. Nous commençons par un Champagne Krug 1996 et dès la première gorgée nous savons que nous avons le même sentiment. Ce champagne est la pure définition du champagne parfait. Ce 1996 a bien mûri, ce qui n’est pas le cas de tous les 1996. Il est maintenant d’un équilibre total et d’une complexité inégalable. C’est un plaisir et on le verrait bien comme l’étalon des poids et mesures du champagne idéal.
Après lui, il faut prendre un champagne qui ne s’inscrive pas sur les mêmes sentiers. Aussi, le choix est d’un Champagne Initial Jacques Selosse Blanc de Blancs dégorgé en mai 2012. J’ai une tendresse particulière pour le champagne Initial. Le Substance est évidemment le grand seigneur, la signature du talent d’Anselme Selosse, mais l’Initial a beaucoup de qualités et parle un discours qui me convient, surtout s’il a quelques années après son dégorgement, ce qui est le cas. Vif, plus typé, moins consensuel que le Krug, il passe très bien après lui, sur des notes tranchées et vineuses. Si mon fils nous quitte, nous laissant son fils, le séjour dans le sud est lancé.