Nous allons déjeuner chez des amis de longue date qui ont invité un ami aussi ancien, que nous n’avions pas vu depuis plus de dix ans, du temps où passionnés de voitures, nous faisions ensemble des stages de Formule 3 et d’autres folies sur circuits. Les temps changent et nous aussi.
L’apéritif est de gougères délicieuses préparées par notre ami qui pratique avec un soin méticuleux l’art de cuisiner, inspiré par les recettes des plus grands chefs. Le Champagne Louis Roederer Cuvée Cristal 2007 est un solide champagne bien construit. Large, il est agréable, mais quelque chose me manque. Est-ce l’énergie, la vivacité ou l’émotion, je ne sais pas le dire, mais le manque est là. Bien sûr, ce grand champagne se boit bien, mais le millésime est sans doute dans une période de moindre vibration.
J’ai apporté un Chablis Premier Cru Butteaux François Raveneau 1993. De très beau niveau et de couleur très claire dans la bouteille, le vin à l’ouverture chez les amis montre un parfum très engageant. Sur un délicieux poulet accompagné de divines morilles le chablis se montre très au-dessus de ce que j’attendais. Sa puissance est réelle, sa finesse est idéale, mais c’est surtout le finale qui m’éblouit, explosion de beaux fruits jaunes. Je me régale de ce beau chablis riche et raffiné.
Mon ami avait acheté à la vente des Hospices de Beaune une barrique de Pommard Pierre André Cuvée Dames de la Charité 2003. Il l’avait partagée avec des amis. Ce vin est extrêmement plaisant et de belle délicatesse. Il n’est pas vraiment complexe, mais cela ne limite pas le plaisir d’un vin franc et subtil.
A côté de lui, nous buvons un Château Cassevert Saint-Emilion 1970 de Jean Nony, le propriétaire de Château Grand Mayne. Je n’avais jamais entendu parler de ce Saint-Emilion et je suis très favorablement surpris, car il est d’un bel équilibre et n’a pas d’âge, tant sa maturité est élégante. Comme le Pommard, ce vin est plus en suggestion qu’en affirmation, ce qui le rend élégant. La sérénité de l’année 1970 est évidente.
Sur un dessert particulièrement gourmand mis au point par nôtre hôte pendant au moins quatre jours, d’une sophistication rare, nous goûtons un Monbazillac Theulet-Marsalet Sélection de Grains Nobles Cuvée Fanny 2011 qui est un véritable bonbon dont on se régale. J’aime les vins de Theulet-Marsalet depuis des décennies et j’avais pu profiter de quelques bouteilles que j’avais achetées de la décennie des années 20.
Les amis sont venus ensuite visiter ma cave et ont pu goûter au Calvados que j’aime tant. Ils ont compris pourquoi je m’en suis entiché.