Archives de l’auteur : François Audouze

292ème dîner au restaurant Maison Rostand vendredi, 20 décembre 2024

Le fils d’un ami et ami lui-même m’a rendu d’importants services. Il est amateur de vins. Pour le remercier de tout ce qu’il m’apporte je lui ai proposé de faire un dîner à la façon de mes dîners. Il viendra avec un ami, amateur de vins lui aussi, qui est associé dans sa société.

Nous ne serons que trois mais j’ai voulu que ce dîner soit comme un de mes dîners ‘officiels’. Il sera donc le 292ème de mes dîners.

Le restaurant Maison Rostand a été fermé pendant sept mois pour des travaux importants. Il me tardait de faire un dîner avec le chef Nicolas Beaumann. Il m’a demandé de lui fournir la liste des vins afin qu’il réfléchisse à un menu pour mes vins.

J’arrive un peu avant 16 heures au restaurant et je fais la connaissance de Frédéric, le nouveau directeur qui a travaillé dans un nombre important de restaurants dont Joël Robuchon aussi bien chez Jamin que rue Poincaré. Je salue Perle, son assistante.

La décoration a complètement changé la disposition et la décoration. Il y a beaucoup plus de logique dans l’espace de cuisine. L’impression est favorable.

Jérémie, le sommelier que j’apprécie beaucoup est un des seuls anciens avec un serveur souriant et le chef bien sûr. Il arrive au restaurant alors que j’ai presque fini toutes les ouvertures des vins, qui ne m’ont pas posé de problème. Seul le Dom Pérignon 1966 me montre un bouchon fortement rétréci et qui a noirci, comme celui du Dom Pérignon 1980 que j’ai ouvert récemment. Cette prestigieuse maison de champagne devrait sans doute étudier ce phénomène, car il pourrait limiter la longévité des champagnes.

En discutant avec Jérémie, je lui demande de prévoir un champagne d’ouverture pour préparer le palais avant l’entrée en piste du champagne de 1966 qui est d’un autre monde que celui des jeunes champagnes.

Quand Nicolas Beaumann arrive, nous discutons du menu. Ayant vu en cuisine des cuisiniers travailler des rougets, je demande que l’on fasse un plat simple de rouget pour le Pétrus, car cette association est sacrée pour moi. Pour l’autre vin rouge Nicolas propose un chevreuil, ce qui est opportun. Après les amuse-bouches nous aurons des coquilles Saint-Jacques puis du homard. Le dessert sera à base de pommes et j’ai demandé des financiers pour accompagner le Rhum final.

Tout est sur les rails. Il me reste beaucoup de temps aussi j’observe cette fourmilière ou plutôt cette ruche où une armée de cuisiniers accomplit les préparations avec un soin attentif.

Les deux amis arrivent et Jérémie nous sert un Champagne Jacques Selosse Initial dégorgé en 2022. Il est très ouvert, aux belles complexités et grandes subtilités. C’est un grand champagne et les amuse-bouches sont très pertinents, exposant des saveurs très différentes du salé au sucré.

L’un des amuse-bouches est doté d’une sauce très crémée au riz et d’une épice forte que je n’ai pas mémorisée. La sauce appelle le Champagne Dom Pérignon 1966 dont le premier abord est magique. On sent que dans l’ascenseur des saveurs, ce vin nous fait grimper de mille étages. On entre dans le monde fascinant des champagnes anciens où tout est cohérent, infiniment complexe et charmant. Mes convives sont subjugués par ces complexités que l’on ne trouve pas chez les champagnes jeunes, même s’ils sont grands.

Le menu conçu par le chef Nicolas Beaumann est : coquilles Saint-Jacques de Grandcamp cotisées à la truffe noire, beurre blanc au cresson / homard bleu confit, céleri et jus de la presse / rouget au naturel, artichauts rôtis, jus des arêtes au vin de syrah / chevreuil, le dos maturé, fritté aux ‘5 saveurs’, butternut confit à la sauge, airelles et sauce poivrade / la pomme rubinette caramélisée, crème au jasmin, sorbet au vinaigre de cidre / financiers.

Les coquilles Saint-Jacques sont superbes et forment un bel accord avec le Champagne Dom Pérignon 1966. Mais l’accord est très linéaire du fait du cresson et de la truffe alors que l’accord avec la sauce du riz était beaucoup plus latéral et large. Le champagne est d’un accomplissement parfait. Il est comme un soleil qui rayonne. On est sur une planète de saveurs infinies.

Le homard est absolument délicieux et riche ce qui convient à merveille au Montrachet Robert Gibourg 1992 à la couleur encore très claire, au parfum joyeux et à la longueur enrichissante. Ce n’est pas un Montrachet pesant. Il est fluide et aérien. Il est comme un accomplissement. Il convient de souligner que l’accord du plat et du vin est fusionnel, d’une continuité linéaire parfaite. On ne sait plus séparer ces deux complices, le plat et le vin.

Le Pétrus 1977 est d’une année dite faible. Le parfum du vin est d’une élégance extrême et d’une largeur infinie. En bouche, il ne montre aucune puissance, mais une subtilité infinie. Il est gracieux et charmant. C’est un Prince charmant. Et l’accord avec le rouget est impérial.

Mes amis sont un peu sonnés. Car lisant mes comptes-rendus ils s’imaginent que mes recherches d’accords sont intéressantes. Mais à ce point, ça les subjugue. Du moins, c’est ce que je crois voir.

Le Pétrus dans cet état et à cet âge, si subtil, si élégant est un très grand Pétrus. Qui l’eût dit ? J’avais le souvenir d’une réussite identique.

Les yeux de mes amis s’arrondissent quand ils voient apparaître la Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1998. Ce qui est intéressant, c’est que le parcours en bouche de ce vin suit une trajectoire assez semblable à celle du Pétrus. C’est un vin très long, très subtil, qui ne joue en aucun cas sur la puissance mais sur la fluidité élégante. Il y ajoute un charme certain.

Le chevreuil est un plat excellent mais lorsque j’en ai parlé ensuite avec Nicolas il nous est apparu qu’une viande plus calme comme du veau eût été un compagnon plus adapté à cette belle Romanée car elle est encore jeune. C’est un vin encore en devenir, qui nous laisse entrevoir combien il serait immense avec trente ans de plus, mais est déjà doté de telles qualités qu’il est adorable et fou de plaisir.

Le Château d’Yquem 2001 est d’une année mythique. La première fois que je l’ai bu, j’ai eu un choc physique, celui que j’ai parfois, face à un vin parfait. Ce 2001 que nous buvons en demi-bouteille est promis à un avenir légendaire. Là, il est tout simplement parfait, riche, gourmand et en même temps salin et frais. Le dessert à la pomme est idéal, alors que le sorbet ne convient pas. Mais qui s’en soucie.

Je suis venu avec le Black Head Rum West Indies Rum maison Cazenove à Bordeaux # 19ème siècle que j’ai déjà servi dans des dîners récents. Il est noir dans le verre et son parfum laisse à penser que son passage en barriques a dû durer de nombreuses décennies. Je l’adore et les financiers sont idéaux pour calmer la puissance de ce rhum riche et imposant.

Si l’on respecte le protocole de mes dîners, il faut voter et je demande que nous votions pour nos quatre préférés.

Le vote combinant nos trois votes est : 1 – Dom Pérignon 1966, 2 – Pétrus 1977, 3 – Romanée Saint-Vivant 1998, 4 – Montrachet 1992.

Alors que nos trois votes sont différents, mon vote est strictement le même que celui du consensus : 1 – Dom Pérignon 1966, 2 – Pétrus 1977, 3 – Romanée Saint-Vivant 1998, 4 – Montrachet 1992.

C’est un plaisir de faire des dîners chez Maison Rostang, car le chef Nicolas Beaumann connaît bien mes désirs, qui ne font pas barrage à son talent. Jérémie est un sommelier tonique et souriant qui prend un grand plaisir à accompagner nos aventures. J’ai versé un verre de chaque vin pour que Jérémie le partage avec certains membres de l’équipe.

Je crois que mon désir de faire plaisir a atteint son but. J’avais choisi des vins qui représentent l’excellence dans chaque région. Mes amis me maudiront bientôt, car tel le serpent parlant à Eve, j’ai inoculé le désir qu’ils remontent d’un cran leurs budgets d’achats.

Bulletins du 2ème semestre 2024, du numéro 1029 à … mercredi, 18 décembre 2024

 

Bulletins du 2ème semestre 2024, du numéro 1029 à …

Pour lire le bulletin de votre choix, on clique sur le lien pour ouvrir le pdf de ce bulletin

To read a bulletin, click on the link of this bulletin.

(bulletin WD N° 1042 241219)    Le bulletin 1042 raconte : déjeuner avec ma fille aîné, 289ème dîner au restaurant Marsan Hélène Darroze pour 21 convives et déjeuner avec ma fille cadette et des vins à risques.

(bulletin WD N° 1041 241212)    Le bulletin 1041 raconte : déjeuner au restaurant Pages et sublime 288ème repas au restaurant Plénitude Arnaud Donckele.

(bulletin WD N° 1040 241203)   Le bulletin 1040 raconte : déjeuner au restaurant Pages avec une Romanée Conti 1945 et deux autres Romanée Conti, déjeuner chez des amis du sud et déjeuner au restaurant Le Sergent Recruteur.

(bulletin WD N° 1039 241119)    Le bulletin 1039 raconte : 286ème dîner au restaurant Pages et déjeuner de famille à mon domicile.

(bulletin WD N° 1038 241108)    Le bulletin 1038 raconte : dîner avec mon fils avec des vins qui ne pourraient pas figurer dans mes dîners, autre dîner avec de grand vins et déjeuner au restaurant Marsan Hélène Darroze pour préparer un futur dîner pour 20 personnes.

(bulletin WD N° 1037 241022)    Le bulletin 1037 raconte : 285ème dîner au restaurant Astrance, dîner au restaurant A.M. Alexandre Mazzia à Marseille.

(bulletin WD N° 1036 241009)    Le bulletin 1036 raconte : dernier dîner des trois mois dans le sud, déjeuner au restaurant Astrance et 284ème de mes dîners au restaurant Pages, original puisque nous ne sommes que trois.

(bulletin WD N° 1035 240925)    Le bulletin 1035 raconte : déjeuner du 15 août compté comme 283ème repas, un Penfolds Grange, un dîner avec des amis et un dîner avec un nouveau vigneron du sud avec des vins de Curnonsky.

(bulletin WD N° 1034 240913)    Le bulletin 1034 raconte : plusieurs dîners dans un restaurant de plage où je peux apporter mes vins, plusieurs repas de famille et déjeuner chez des amis.

(bulletin WD N° 1033 240905)    Le bulletin 1033 raconte : de nombreux repas dans le sud, à la maison ou au restaurant, avec de grands vins.

(bulletin WD N° 1032 240830)    Le bulletin 1032 raconte : déjeuner au restaurant de l’hôtel Lilou à Hyères, dîner à l’hôtel Restaurant de Lauzun au prieuré Saint-Jean de Bébian et dégustation de 27 millésimes du Mas de Daumas Gassac rouge avec la famille Guibert et des experts de tous pays.

(bulletin WD N° 1031 240716) Le bulletin 1031 raconte : dîner irréel à l’Oustau de Baumanière où nous avons bu 5 vins du 18ème siècle, 9 vins du 19ème siècle, 11 vins du 20ème siècle et un vin du 21ème siècle. Un repas d’anthologie, le plus incroyable de ma vie.

(bulletin WD N° 1030 240709)    Le bulletin 1030 raconte : 40ème édition de l’Académie des Vins Anciens au restaurant Macéo : 37 convives et 54 vins.

(bulletin WD N° 1029 240702)    Le bulletin 1029 raconte : dîner au restaurant « au bourguignon du Marais », 282ème déjeuner à l’Appartement de Moët Hennessy à Paris et déjeuner au restaurant l’Assiette Champenoise d’Arnaud Lallement.

 

291ème dîner au restaurant Astrance vendredi, 13 décembre 2024

Le 291ème dîner se tient au restaurant Astrance dans le joli salon du premier étage où la table a la forme idéale d’une ellipse. Il y a une semaine Pascal Barbot a bâti avec Christophe Rohat, Lucas le sommelier et moi le menu qui est conçu pour mes vins. Nous nous connaissons depuis si longtemps avec Pascal que la ligne vertébrale du menu est vite tracée.

J’arrive un peu avant 16 heures pour ouvrir les vins. Pour les deux très vieux bordeaux, de 90 et 106 ans, les goulots ne sont pas cylindriques mais ont des boursouflures en haut du goulot. L’extraction des bouchons me demande beaucoup d’efforts. A ma grande surprise cela continue avec les deux bourgognes beaucoup plus jeunes de 48 ans. Le parfum du vin de 1918 est si exceptionnel que je demande à Lucas de mettre un bouchon de verre et de descendre le vin en cave, pour ne pas perdre ce parfum merveilleux.

Tous les parfums sont prometteurs. Le seul qui peut être sujet à question est le parfum du Montrachet.

Un ami fidèle est venu me rejoindre et offre un Champagne Louise Brison Pinot Noir de la Côte des Bar 2014 très amer car ultra brut, qui est peut-être plaisant, mais trop difficile pour mon palais.

Nous sommes dix dont cinq sont des habitués et cinq sont des nouveaux, dont un américain qui vit à Denver, venu hier par avion et qui repart demain matin. Ce dîner est le seul motif de son voyage.

Le menu composé par Pascal Barbot est ainsi libellé : jambon ibérique Pata Negra et feuilleté / brioche toastée / foie gras mi-cuit et mélasse de pomme / carpaccio de coquille Saint-Jacques, truffe noire et huile de noisette / émincé de bar de ligne, riz koshihikari et beurre blanc sauce soja / gros rouget ‘vapeur de laurier’, sauce beurre rouge / râble de lièvre doré, oignons doux des Cévennes / compotée de lièvre façon sénateur Couteaux / stilton au naturel / mangue et zestes d’agrumes / madeleines financiers à la rose.

Le Champagne Taittinger Comtes de Champagne 1959 est le champagne de bienvenue avec les amuse-bouches. Il n’a pas de bulle mais le pétillant est racé. C’est un champagne cohérent, rond, équilibré de grand plaisir. Les champagnes anciens de ce type sont charmants et goûteux. Le finale est long et superbe.

Le Champagne Salon Le Mesnil 1988 est totalement différent. Il est puissant, fort et conquérant mais en même temps, sa palette gustative est large et entraînante. C’est un Salon de grande maturité, très convaincant. La truffe puissante et de qualité excite bien ce champagne noble.

Le Château Laville Haut Brion 1969 a un parfum incroyable d’une puissance extrême et très séduisant. Le vin est riche, droit, cinglant comme un fouet. Le riz est extraordinaire de légèreté et de douceur et s’accorde bien à ce grand blanc. Ce qui est incroyable c’est que si l’on disait que ce vin est de 2005, on pourrait l’accepter. Sa jeunesse est étonnante.

Le Montrachet Morin Père &Fils 1990 n’a pas la puissance qu’il pourrait avoir. Il est agréable et doux, mais le vin de Graves est beaucoup plus excitant sur le plat de bar délicieux. Le montrachet obtiendra quand même un vote de premier.

Qui imaginerait que deux bordeaux canoniques créeraient avec le rouget un accord aussi extraordinaire ? Le Château Grand La Lagune 1934 est un vin très élégant et de grande personnalité. Très équilibré et goûteux, il est parfait pour le plat. On lui donnerait quarante ans seulement.

Mais à côté de lui il y a un vin miraculeux. Le Grand Vin de Léoville du Marquis de Las Cases 1918 a un parfum persistant de fruits rouges. Quelle beauté que ce parfum ! Je suis subjugué par la fraîcheur de ce vin délicat et racé, de grande complexité. Un bonheur. Je suis le seul à l’avoir mis premier, plus impressionné que d’autres par la justesse vibrante d’un vin de 106 ans.

Les deux bourgognes vont accompagner le râble de lièvre et le compoté de lièvre. L’Echézeaux Domaine Dujac 1976 est d’une grande jeunesse et d’une très belle expression épanouie et sereine. Il est le plus adapté au râble.

Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1976 est divin avec le compoté de lièvre, plus puissant et plus intense, ce qui convient à ce subtil vin de la Romanée Conti, au nez expressif et salin et au finale aussi salin. Un grand vin de la Romanée Conti qui sera le vainqueur dans les votes.

Les deux bourgognes sont brillants, le Dujac dans la sérénité et la droiture et le vin de la Romanée Conti dans la grâce et le velours, avec l’accent terrien typique des vins du domaine.

Il y a des années que je n’avais pas expliqué comment manger le stilton et boire un sauternes. C’est avec plaisir que j’ai dit à nouveau « mâchez, mâchez, mâchez » pour que la salive qui se forme en bouche permette la douceur de l’accord.

Le Château Climens Barsac 1966 est un vin féminin d’une délicatesse extrême. Il est tout velours.

Le Château de Fargues Sauternes 1985 est beaucoup plus guerrier et solide, d’une grande affirmation. C’est le Climens qui profite le mieux de la douceur de la mangue.

J’ai apporté deux alcools dont j’avais ouvert les bouteilles lors de précédents dîners. Le Old Taylor Kentucky Straight Bourbon Whiskey 43° a gardé sa vivacité de cow boy Texan. Il est un appel à fumer un cigare de la Havane. La Fine de Mouton de la cave de Philippe de Rothschild est plus complexe et plus noble mais moins sensuel que le Bourbon. Le financier à la rose est agréable pour les deux alcools. Peut-être plus avec le Bourbon.

C’est le moment des votes. Nous sommes dix à voter, mais le sommelier Lucas ayant fait un travail remarquable, pour la première fois nous avons ajouté son vote aux dix autres. Neuf des dix vins ont eu au moins deux votes ce qui est appréciable mais ce qui l’est encore plus est que sept vins sur dix ont eu un vote de premier. C’est exceptionnel.

Deux vins ont obtenu trois votes de premier, le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1976 et le Château Laville Haut Brion 1969 et cinq autres ont eu un vote de premier, le Champagne Taittinger Comtes de Champagne 1959, le Montrachet Morin Père &Fils 1990, le Château Grand La Lagune 1934, le Grand Vin de Léoville du Marquis de Las Cases 1918 et le Château Climens Barsac 1966.

Le vote de la table est : 1 – Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1976, 2 – Château Laville Haut Brion 1969, 3 – Echézeaux Domaine Dujac 1976, 4 – Champagne Salon Le Mesnil 1988, 5 – Grand Vin de Léoville du Marquis de Las Cases 1918, 6 – Château Grand La Lagune 1934.

Mon vote est : 1 – Grand Vin de Léoville du Marquis de Las Cases 1918, 2 – Château Laville Haut Brion 1969, 3 – Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1976, 4 – Echézeaux Domaine Dujac 1976, 5 – Champagne Taittinger Comtes de Champagne 1959.

Pascal Barbot a réussi à créer des accords merveilleux avec les vins dont le plus grand et le plus inattendu est celui du rouget vapeur de laurier avec les deux bordeaux vénérables, suivi – à mon goût – par l’accord du compoté de lièvre avec le Grands Echézeaux.

Lucas a fait un service des vins parfait. Pascal était souvent présent auprès de nous pour commenter les plats. Il a été chaudement applaudi.

Par l’ambiance amicale qui a régné toute la soirée, ce 291ème dîner est un des plus chaleureux de mes dîners.

Dégustation des 2021 du domaine de la Romanée Conti mercredi, 11 décembre 2024

Comme chaque année la société Grains Nobles reçoit des amateurs pour goûter un millésime récent. Cette dégustation est présentée par Aubert de Villaine depuis le début et cette année Bertrand de Villaine qui gère le domaine depuis 2022 accompagne Aubert. Michel Bettane et Bernard Burtschy sont présents et feront des commentaires.

Le rythme de la dégustation est géré par Pascal Marquet, gérant de Grains Nobles et l’on regrettera cette année qu’il n’y ait pas comme d’habitude, des étudiants qui apportent les verres à chacun. Le service a été lent et comme j’étais parmi les plus tard servis, j’entendais des commentaires sur un vin que je n’avais toujours pas. Cela n’a pas empêché malgré tout une belle dégustation du millésime 2021.

Aubert de Villaine évoque l’année 2021. L’hiver fut clément et les travaux d’hiver se sont faits facilement. Le début d’année était marqué par du « confort » jusqu’à ce qu’arrivent les journées des 5, 6 et 7 avril avec de la gelée. Ce furent trois nuits de combat car le gel a détruit une bonne partie de la récolte. Ces nuits ont été marquées de terribles et incroyables luttes.

Le printemps fut pluvieux mais assez chaud et les maladies se sont développées, surtout l’oïdium. Le temps s’est amélioré et la pousse était de grande vigueur. On n’arrivait pas à suivre cette vigueur.

L’été a été meilleur et début septembre les choses se sont améliorées. Le 23 septembre a marqué le début des vendanges qui se sont déroulées avec du beau temps permanent. Face à une telle situation on se demandait quoi faire. Aubert nous propose de le vérifier en goûtant. Les récoltes ont été très inférieures aux moyennes.

Le Corton Grand Cru Prince Florent de Mérode Domaine de la Romanée Conti 2001 a une couleur clairette, d’un léger violet, d’un mordoré délicat. Le vin a un joli parfum, d’un nez délicat.

L’attaque est gourmande, et il y a de l’astringence dans le final. Le vin est un peu serré. Le vin est élégant et subtil, mais j’ai un peu de mal avec son côté serré. Il faudra du temps pour qu’il s’épanouisse, mais il deviendra grand. C’est assez curieux de voir qu’il est à la fois serré et gourmand. Il y a plus de vin de jeunes vignes, car les vieilles vignes ont été plus attaquées par le gel. Plus le temps passe et plus le vin devient aérien.

Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2021. A l’œil le vin a plus de couleur framboise que le précédent. Le nez est intense et percutant. L’attaque est douce et pleine de charme. Le final est gourmand. Il a une belle mâche. J’aime son élégance. Il est très intéressant et j’adore son côté sauvage. J’aime le côté ‘blessé’ que l’on ressent dans ce vin. Il est émouvant. Il y a une fraîcheur végétale en fin de bouche.

Grands-Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2021. Les couleurs sont proches entre les vins, les plus grands crus étant plus sombres, aussi je ne les commente plus.

Le nez est puissant et je ressens une verdeur végétale. Le nez est intense.

En bouche, l’attaque est généreuse et gourmande. On sent le grand vin, très prometteur. La finale est vigoureuse. Ce vin deviendra grand et subtil. J’ai beaucoup de plaisir à le boire et je ressens sa belle pureté.

Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2021. Le nez très végétal est encore fermé. La bouche est riche. C’est un vin noble, qui combine gourmandise et retenue car il est noble. Le final est riche et rêche du fait de la vendange entière. Il est conquérant et fonceur. Alors que le Grands-Echézeaux est très agréable à boire, celui-ci est une bombe à retardement. Malgré sa vivacité, il est difficile pour l’instant car il est austère.

Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2021. Le nez est très végétal. L’attaque est élégante et légère mais elle masque ce vin qui en milieu de bouche est puissant et conquérant. Il y a beaucoup de promesses car il est grand et puissant mais il n’est pas encore réellement prêt à boire. Il a des petites notes poivrées. Il faut attendre car il sera grand.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 2021 a un nez délicat, soyeux et charmant. L’attaque est soyeuse et tellement séduisante. Le final est plus rêche, moins joyeux. Le vin ne joue pas sur la puissance. Il joue sur le charme de La Tâche. Il est gourmand car riche. Avec le temps il devient de plus en plus séduisant. Je ressens les notes de roses de ce vin très charmeur.

Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 2021. C’est le seul nez qui a un tel fruit rouge si délicat. Le nez est élégant et plein de charme. Ce parfum est unique.

Le vin est soyeux, magique, élégant et tellement agréable. C’est le seul vin où l’on ne sent pas la force de la rafle. C’est un vin de méditation, d’élégance et de douceur. Il est magique.

Michel Bettane dit qu’il a un « corps parfumé ». Il est velouté, aérien, tout en douceur. Quel plaisir. J’ai dit aux participants mon sentiment que cette année pour la Romanée Conti est celle où l’écart entre la Romanée Conti et les autres vins du domaine est le plus grand. Ce vin est totalement magique.

Le Corton-Charlemagne Domaine de la Romanée Conti 2021 a un nez étonnamment accueillant, superbe, riche et puissant. Le vin est gourmand et immédiatement buvable. Le final est un peu discret mais c’est un grand vin. Il est agréable à boire, très sec mais charmant. Il ne joue pas sur la puissance. Il a une très belle longueur. C’est un vin profond très agréable, plus riche quand il est plus aéré.

Contrairement aux vins rouges, ce ne serait pas un crime de le boire à table maintenant !

Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2021. Sa couleur est très claire. Le nez est d’une intensité incroyable. Il est profond, noble, immense mais aussi en retenue. Ce parfum est magique.

En bouche, l’attaque est très rude, complexe. Ce vin puissant est déjà génial. C’est vin immense qu’on pourrait considérer comme totalement accompli. Il combine fraîcheur et grandeur. Il n’a pas encore l’opulence qu’il aura, mais sera grand. Il n’y a pas la moindre trace de botrytis. Ce vin n’est que du bonheur, avec une persistance extrême.

Michel Bettane a vanté la qualité des raisins, qui ne cesse de s’améliorer depuis des décennies.

Il est clair que deux vins émergent de tout ce brillant aréopage de vins d’exception. Ce sont la sublime Romanée Conti et le Montrachet. Les quantités produites sont tellement faibles que bienheureux seront ceux qui les boiront.

Selon la tradition quelques personnes sont retenues à dîner au restaurant de Grains Nobles qui comme la Romanée Conti a une qualité de cuisine qui ne cesse de s’améliorer. Aubert et Bertrand de Villaine, Michel Bettane et Bernard Burtschy sont les invités de marque et Pascal Marquet a invité un vigneron d’Uruguay qui présente ses vins et ses procédures.

Si je m’imagine vigneron, raconter mes méthodes devant le plus grand vigneron du monde et devant le plus grand connaisseur du vin au monde, je resterais muet ! Ce jeune vigneron nous a fait goûter des vins très intéressants et bien faits. Un autre convive a apporté des vins italiens eux aussi bien faits dont un Barolo Sandrone Le Vigne 2004 très gourmand et vif et un vin blanc Mario Schiopetto bianco 2004 avec une curieuse mention sur l’étiquette : « échantillon qui ne peut être vendu ». Vin très agréable aussi et d’une grande profondeur et puissance.

J’avais apporté avec moi un Château Gazin Pomerol 1959 que j’avais choisi pour son niveau dans le goulot. Quelle ne fut pas ma surprise en ouvrant la bouteille avant la dégustation des vins de la Romanée Conti, que de lire sur le bouchon : rebouché en 1998. Au moment de le boire, un léger goût de bouchon est apparu et il est évident pour moi que ce goût de bouchon est apparu au rebouchage et non à la mise en bouteille initiale. Cela me conforte dans l’idée qu’il ne faut jamais acheter de vins rebouchonnés, mais hélas aucune mention n’existait sur la bouteille.

Je n’avais pas pu assister à la dégustation Romanée Conti de l’année dernière. Il ne faut surtout pas que je rate celle de l’an prochain avec les vins sublimes de 2022, mais pour l’instant, je me réjouis d’avoir participé à cette dégustation de légende.

Magnifique dégustation chez Krug à Reims mercredi, 11 décembre 2024

Quelques amateurs de vins et moi-même sommes reçus dans le « maison de famille » de la maison Krug à Reims. Nous sommes un petit groupe de six ou sept personnes. Après un café matinal, nous allons visiter les caves de la maison Krug ainsi que l’œnothèque de vieux vins que l’on ne peut voir qu’à travers des grilles qui ne s’ouvriront pas pour nous, sécurité oblige.

Dans la belle salle de dégustation nous allons goûter huit années du Krug millésimé en même temps que le Krug Grande Cuvée qui est mis à disposition des amateurs lors de la même année. J’ai pris des notes à la volée et sans mise en récit. Je les retranscris telles quelles.

Champagne Krug Grande Cuvée 172ème édition : nez très agréable, finale un peu rêche liée à la jeunesse. Vin prometteur.

Les vins vont venir maintenant par paires, avec le millésimé en premier et le Grande Cuvée distribué la même année à sa suite.

Champagne Krug 2011 : nez très fin, belle finesse et vivacité, mais jeune. Assez gourmand.

Champagne Krug Grande Cuvée 167ème édition : nez plus riche. Le vin est plus riche et sympathique. Beau final. Il est à noter que ce champagne comporte des vins de réserve allant jusqu’à 1995, ce qui explique que dans chaque paire, le Grande Cuvée a plus de maturité.

Champagne Krug 2008 : couleur très claire. Belle attaque. Puissant et gourmand.

Champagne Krug Grande Cuvée 164ème édition : nez puissant et joyeux. Vin généreux et de belle fluidité.

Champagne Krug 2006 : un peu strict et réservé au moment où il est servi.

Champagne Krug Grande Cuvée 162ème édition : magnifique équilibre. Vin gourmand.

Champagne Krug 2004 : très joli nez et élégant. Vin direct et franc. Grand vin.

Champagne Krug Grande Cuvée 160ème édition : nez riche, vin généreux et bien construit. La gourmandise est là.

Champagne Krug 2003 : assez amer et devient plus civilisé. Devient plus élégant et subtil.

Champagne Krug Grande Cuvée 159ème édition : belle fraîcheur, élégant et subtil.

Champagne Krug 2002 : solide et puissant. N’a pas la longueur du 2004.

Champagne Krug Grande Cuvée 158ème édition : bien équilibré et gourmand.

Champagne Krug 2000 : beau et gourmand.

Champagne Krug Grande Cuvée 156ème édition : nez superbe. Vin généreux, puissant et long.

Champagne Krug 1998 : nez superbe, belle expression de chardonnay. Vin fluide, agréable, de belle fraîcheur. Grand vin très jeune, c’est mon préféré des millésimés.

Champagne Krug Grande Cuvée 154ème édition : fabuleux et gourmand. Alors qu’il est grand, je trouve le millésimé presque plus grand.

Les 17 vins que nous avons dégustés sont manifestement des vins racés et nobles. On est dans l’aristocratie du champagne. Les Grande Cuvée sont plus complexes et plus riches que les millésimés, et le temps joue un rôle crucial. Plus une Grande Cuvée est ancienne et plus elle est riche et délicieuse.

Les millésimés sont plus différents les uns des autres avec de belles personnalités, le 2003 étant très différent du 2008 par exemple.

Nous passons à table et le repas a été conçu par Arnault Lallement, le chef trois étoiles de l’Assiette Champenoise et grand ambassadeur de Krug. Le thème du moment est : un plat une saveur, pour accompagner les champagnes.

Justin, grand amateur, a apporté un Mesnil Nature Vin Nature de la Champagne, vin de raisins blancs Julien Tarin années 60. Ce vin tranquille de l’ancien propriétaire du Clos du Mesnil m’émeut au plus haut point car il est sauvage et fabuleux. Il est tellement hors norme que je suis ému. Il a un nez de framboise.

Le Champagne Krug Clos du Mesnil 1998 fait très jeune avec une bulle forte. Il est tranchant, pointu et il est très grand. Je l’aime beaucoup.

Mais le Champagne Krug Clos d’Ambonnay 1998 est un géant. Il a la puissance du pinot noir dans une expression d’une noble infinie et un fruit totalement bluffant. Quel grand vin.

Le Champagne Krug rosé 22ème édition magnum est fait de vins de 2010 et de vins plus vieux. Il est élégant et fluide.

Mes notes s’arrêtent là car arrivent deux vins gigantesques. Le premier est le Champagne Krug Grande Cuvée étiquette olive (qui est la première) que j’ai apporté. A l’ouverture, le vin a fait un joli pschitt. Le bouchon portant un numéro 38 la maison Krug a put retrouver qu’il s’agit de la 140ème édition issu de la vendange 1984 et qui a reçu son bouchon en 1988. Ce vin a une rondeur extrême et il montre à quel point le temps forge les grands vins.

En même temps est servi le Champagne Krug Collection 1981 d’une richesse gustative infinie. Comment est-il possible que ce vin soit aussi puissant. C’est une bombe de grandeur et de bonheur.

De ce repas je mets en premier le Collection 1981 pour une maturité exceptionnelle, en deuxième le Vin Nature de Julien Tarin car j’ai eu une émotion extrême devant un vin qui n’existera plus jamais, en troisième mon apport, le Grande Cuvée 140ème édition qui est la synthèse de tout ce que la Grande Cuvée peut offrir avec l’âge et en quatrième l’Ambonnay 1998.

Eric Lebel qui a été depuis 1998 le chef de cave a animé cette dégustation avec compétence et une grande générosité. La cuisine a été sublime et l’accueil de toute l’équipe de Krug a été chaleureux et « familial », même si Olivier Krug nous a manqué. Ce fut un grand moment qu’aurait aimé Joseph Krug fondateur génial de cette grande maison de champagne.

Déjeuner au restaurant le Sergent Recruteur avec des vins étonnants samedi, 7 décembre 2024

Un ami m’a invité à rencontrer un philosophe d’une université de la science gastronomique de Pollenzo pour que nous parlions de l’approche du vin. J’ai proposé d’apporter du vin. Mon ami a suggéré une dégustation à l’aveugle et j’ai décidé de choisir des vins de grande diversité dont j’espère que personne ne pourra les trouver.

Je suis arrivé de bonne heure au restaurant le Sergent Recruteur, mais comme la cérémonie d’ouverture de la nouvelle Notre Dame de Paris sera demain, et comme Donald Trump va venir aujourd’hui, il y a des interdictions de circuler un peu partout. Paris fait tout pour dégouter les automobilistes.

Avec mes vins, j’ai apporté une carafe et des bouteilles vides pour transvaser quelques vins, non pas juste après l’ouverture mais lorsque l’oxygénation lente aura fait son effet. Aurélien, le très compétent directeur et sommelier, servira quelques vins avec une serviette qui cachera les étiquettes.

L’ouverture des vins ne pose pas de problème, les transvasements se font au dernier moment. Tout est prêt pour le déjeuner. L’ami qui arrive avait dit au restaurant que nous serions sept et non pas six comme je le pensais. Quand il arrive il annonce huit convives, puis le chiffre redevient sept. Il y a l’universitaire que mon ami voulait me faire rencontrer, un entrepreneur qui aide des sociétés de la branche alimentaire à trouver des financements et des débouchés, un journaliste du vin et une avocate férue de gastronomie.

J’ai apporté le Martini rosé qui avait été ouvert il y a deux jours. Il est toujours fantastique et se marie bien avec les rillettes. Ses variations d’agrumes et d’épices sont d’une grande vigueur.

Le vin qui est servi ensuite est le Champagne Heidsieck Monopole Cuvée Diamant Bleu 1971. Il a une parfaite maturité. C’est un grand champagne long et expressif. Beaucoup pensent que c’est un champagne alors qu’ils n’avaient aucune idée pour le Martini.

La Roussette de Savoie Marestel Altesse Dupasquier 2004 a une personnalité magnifique. C’est un vin si différent de tout autre vin blanc que l’on a l’habitude de boire. Je l’ai adoré pour sa complexité et son aromatique si étrange. Bien sûr personne n’a trouvé de quel vin il s’agissait. La seule piste proposée était la Loire.

Le Chinon les Varennes du Grand Clos Charles Joguet 1990 est un vin intense et expressif. C’est un grand vin d’une région que l’on n’explore pas assez. Là aussi, les saveurs sont inhabituelles par rapport à la palette Bordeaux / Bourgogne.

Vient maintenant sur la chartreuse de gibier à plume le Vin Fin de la Côte de Nuits Champy Père & Cie 1949. La chartreuse n’est pas faite d’une tourte, mais de légumes. Le plat est splendide. Alain Pégouret a du talent.

Tout le monde est impressionné par ce merveilleux vin, qui sera mon gagnant. Qui peut imaginer un vin de petite appellation, pas même de Villages, avec une telle jeunesse et une telle personnalité. Tout le monde est impressionné, car cela remet en cause les idées préconçues sur la longévité des vins.

Mon dernier apport à ce repas est un Monbazillac sans nom et sans indication, certainement des années 50. Délicat, plein de grâce, il est évidemment moins solide qu’un sauternes, mais sa douceur le rend charmant et son âge le rend rond et cohérent.

Je suis heureux d’avoir montré une belle diversité de vins, tous intéressants et tirant profit de leurs âges. Quelques autres vins ont été apportés dont un grand Musar 2005 que j’ai adoré et un vin italien de 2007 apporté par le philosophe. Je n’ai pas noté le nom mais c’était fabuleux. Un vin d’une immense qualité.

La sélection fut intéressante, avec un vainqueur, un vin simple de Bourgogne, de 1949 et la surprise d’un 2007 italien. Ce fut un très beau déjeuner intéressant.

Déjeuner de conscrits au restaurant Pages jeudi, 5 décembre 2024

Nous sommes des conscrits de 1943 et nous avons créé un club il y a plus de 25 ans. L’un de nos membres est décédé cet été. A une date proche de son anniversaire nous nous réunissons au restaurant Pages avec l’une des filles de notre ami.

Je suis arrivé deux heures avant le repas et je fais goûter un Martini rosé de plus de trente ans au directeur Pierre-Alexandre et au chef Ken pour que l’on trouve un accompagnement à ce vin d’apéritif qui titre 16°.

Il a beaucoup d’agrumes, des saveurs douces et épicées, et le goût est absolument charmant. Je verrais bien du wagyu cru pour l’accompagner et Ken propose du foie gras, ce qui est une bonne idée. J’ouvre les autres vins sans problème. Les parfums sont prometteurs.

Le menu que composent Ken et Pierre Alexandre est : amuse-bouche à la carotte, un autre au topinambour et un autre au foie gras. Dans un deuxième service un amuse-bouche à la betterave et un autre au wagyu cru. Ensuite : carpaccio de bar / rouget sauce Pages / canard à la truffe / wagyu / comté 24 mois / dessert marron et agrumes / financiers.

Démarrer avec un Martini rosé est devenu presque obsolète, mais c’est particulièrement agréable car cet apéritif est sec et délicieux grâce aux agrumes. Sa persistance aromatique est forte.

Le Champagne Dom Pérignon 2002 est un champagne très fort, élargi en bouche par la mémoire du Martini. Ce champagne très direct ne cherche pas à séduire. Il est intense, long, persuasif, et l’accord avec le poisson cru est superbe.

Le Montrachet Grand Cru Robert Gibourg 1992 est d’une belle couleur. Le vin n’est pas large, ne cherche pas à flatter, mais il est tranchant, expressif, fonceur. C’est une belle expression stricte du montrachet d’une grande année. La sauce Pages fluide et verte, est idéale pour mettre en valeur le vin.

Le Château Haut-Brion 1981 a un parfum noble et puissant. En bouche la truffe est solide et le vin très équilibré. Un seigneur. La truffe du plat est très parfumée et délicieuse. Elle se marie avec le vin de façon idéale.

Le Clos de Vougeot Grand Cru Méo-Camuzet 1992 fait un contraste avec le bordeaux. Tout en lui est charme et douceur. Il est parfait pour le wagyu de grande qualité. Ce vin est d’une grande subtilité.

Le Comté accompagne aussi bien le Haut-Brion que le Clos de Vougeot.

Pour le dessert le Château Coutet Barsac 1943 de l’année de naissance des membres de notre groupe est un sauternes absolument accompli, d’une grâce merveilleuse. Un délice, porteur de bonheur. Et l’accord avec le dessert de Lucas le pâtissier est divin.

J’avais acheté il y a environ vingt ans une « Fine de Mouton » dans une boîte en carton qui portait la mention « cave personnelle de Philippe de Rothschild ». Je l’avais ouverte en 2011 et je l’ai apportée pour ce repas. A ma grande surprise, elle a une force et une présence incroyable, comme si la bouteille avait été ouverte aujourd’hui. Dans mes notes, j’ai lu que j’avais été très impressionné par cette fine qui ressemblait à un très grand cognac, et je retrouve aujourd’hui, treize ans plus tard, le même émerveillement. Les financiers sont parfaits pour cet alcool.

La fille de notre ami défunt ressemble comme deux gouttes d’eau aussi bien à sa mère qu’à son père. L’ambiance était chaleureuse, nos pensées allaient vers notre ami défunt. Ce fut un mémorable repas avec des accords mets et vins absolument parfaits. Un grand moment d’amitié.

Grand Tasting de Bettane & Desseauve dimanche, 1 décembre 2024

Le Grand Tasting de Bettane & Desseauve est le plus grand événement annuel pour les vins de qualité. Cette année est la 19ème édition sous ce nom, mais le Grand Tasting est en continuité avec le Salon des Grands Vins qui a existé plus d’une décennie auparavant.

C’est le regretté Nicolas de Rabaudy qui m’a introduit au Salon des Grands Vins puis au Grand Tasting et j’ai eu la chance de pouvoir animer certaines dégustations ou simplement y assister. C’est amusant de remarquer l’influence d’Instagram où je jouis de plus de 94.000 abonnés car je suis souvent reconnu et certaines personnes me demandent même de faire des selfies avec moi. Dans tous les cas les contacts sont chaleureux.

Je vais à la séance dont le titre est « assemblage et millésime : l’art du champagne selon Krug ». Cette dégustation est animée par Julie Cavil, chef de cave, qui avait reçu mes conscrits et moi à Reims pour une dégustation et un dîner d’une grande émotion. C’est un souvenir indélébile.

Julie Cavil va commenter les vins qui ont été mis sur le marché en 2011.

Le Champagne Krug 2004 a un nez noble et une bouche de grande tension. Il est vif. Il est d’une année de grande production qui vieillit bien. La maison Krug aime à définir un vin par des mots. Le 2004 est « Fraîcheur lumineuse ». Il est ciselé, de belle salinité, très pointu et de structure précise.

Le Champagne Krug 2006 a un nez beaucoup plus doux. Le vin est beaucoup plus souple et calme. Le nom qui lui est donné est « Gourmandise capricieuse ». Il est rond et tout en douceur.

Le Champagne Krug 2011 a un nez plus marin et minéral, avec une douceur parfumée. Il est très fluide. Il est baptisé « Rondeur ciselée » mais je ne ressens pas la rondeur. Il est plus en fluidité et douceur, mais la rondeur apparaît maintenant, avec des épices exotiques.

J’ai noté en une synthèse courte : 2004 le dynamique, 2006 pour jouir de l’instant et 2011 le consensuel.

Le Champagne Krug Grande Cuvée 167ème édition a été mis sur le marché en 2011. C’est le désir de Joseph Krug, fondateur du domaine que de faire des vins d’assemblage. Il y a dans ce vin 13 années de 2011 à 1995 et 191 vins différents. La magie de Krug est d’en faire une synthèse.

Ce champagne est beaucoup plus complet – à mon goût – que les millésimés. C’est un vin complet, parfait et gourmand.

Plus tard, me promenant d’un stand à l’autre, j’ai retrouvé Julie Cavil et je lui ai dit que c’est la première fois que j’ai pu mesurer à quel point la Grande Cuvée est plus complexe que les millésimés. J’ai pu voir à quel point elle en était heureuse.

Une autre « master class » est ainsi présentée : « la maison Laurent-Perrier à l’avant-garde de la Champagne ». Elle est présentée par Michel Fauconnet, le chef de cave qui a commencé à travailler au domaine en 1973, ce qui lui donne une expérience et une vision uniques.

Il rappelle que Bernard de Nonancourt a repris Laurent-Perrier en 1948 et a défini des objectifs de fraîcheur, d’élégance et de support des accords mets et vins. Le chardonnay a été choisi pour sa fraîcheur sa finesse et son élégance. Le pinot noir apporte une aromatique unique.

Michel présente le Champagne Laurent-Perrier Cuvée Héritage qui est un assemblage de vins de réserve et seulement d’eux. Il y a 250 éléments d’assemblage sur 7 à 8 millésimes. Le nez est très doux et en bouche il y a fraîcheur et élégance avec des notes d’agrumes. Ce vin de 55% chardonnay et 45% pinot noir est d’une belle complexité, fin, gourmand, marqué par la craie. Les années sont 2014, 2016, 2018 et 2019.

Le Champagne Laurent Perrier Cuvée Grand Siècle Itération n° 26 est beaucoup plus large, solaire et éclatant. Il est fait de trois millésimes : 10% de 2007, 25% de 2008 et 65% de 2012. C’est un vin qui a beaucoup de caractère, vin parfait, porteur de bonheur avec 60% de chardonnay. Il est dosé à 6 grammes et est vendu depuis le début 2024.

Le Champagne Laurent Perrier Cuvée Grand Siècle Itération n° 25 est fait de trois millésimes, 2006, 2007 et 2008. Il est gourmand et beaucoup plus large que l’itération n° 26. Il est plus soyeux en bouche. Il a été dégorgé il y a 24 mois.

Le Champagne Laurent Perrier Cuvée Grand Siècle Itération n° 23 est présenté en magnum. Quelle fraîcheur, quelle élégance ! Il est onctueux et soyeux. Il est fait de 2002, 2004 et 2006, dont 20% de 2002. Il est noble, gourmand et gastronomique. Quelle belle cuvée !

Le Champagne Laurent Perrier Alexandra 2012 est un rosé de macération. Le nez est assez discret. Le goût est imprégnant, profond et gourmand. Il a une belle complexité et une belle vigueur mais je le trouve encore trop jeune.

Le Champagne Laurent Perrier Alexandra 2004 a lui aussi un nez discret. Il est gourmand et rond. Il a un charme aérien. Les yeux bandés, j’aurais du mal à dire que c’est un rosé, tant il a une personnalité très particulière et spécifique.

Lorsque j’ai quitté la salle de dégustation, je me suis dit : « mon Dieu, pourquoi ne bois-je pas plus de Cuvée Grand Siècle ? ». Il va falloir arranger cela.

Le point culminant du Grand Tasting est la Master Class « Le Génie du Vin », présentée par Michel Bettane et Thierry Desseauve et bien sûr les vignerons qui ont fait les vins que nous buvons.

Le couple Bettane et Desseauve est amusant à voir, mais avec respect car ce sont deux personnes dont l’influence est colossale dans le monde du vin et des amateurs. Thierry est souriant, jovial, plein d’humour et ambassadeur des vignerons. Michel est celui qui sait tout, incomparable de connaissance et qui souvent sait mieux que les vignerons eux-mêmes. La façon dont ils animent ces présentations est inimitable.

Voici mes notes prises à la volée. Si un mot est utilisé deux fois, c’est parce que cette qualité du vin me semble importante.

Jean Garandeau présente le Champagne Jacquesson Aÿ Grand Cru Vauzelle Terme 2013. Il dit que 2013 est un très beau millésime en Champagne. Le domaine appartient à Artémis, société du groupe François Pinault. Le champagne a une belle couleur, un nez droit et strict et une bouche très agréable et gourmande. Le vin est vraiment très agréable, à l’acidité salivante. La parcelle Vauzelle Terme est microscopique, avec un maximum de trois mille bouteilles, 100% en pinot noir. Le champagne dégorgé en 2022 à dosage zéro est très noble.

Thibaut Jacquet présente le Corton-Charlemagne Bonneau du Martray 2022 dont le propriétaire nouveau possède – entre autres – le club de football Arsenal et aime le sport. Le vin a une belle couleur dorée. Le nez est d’une force extrême, intense. Le vin est très fluide et sera sur le marché en fin 2025. Marqué par la droiture et la clarté, ce vin superbe sera très grand. C’est de l’eau de roche dit Michel. Ce vin jeune mais brillant, très tendu est de grande pureté.

Jacques Devauges présente le Clos des Lambrays Domaine des Lambrays 2022. Jacques a fait le vin du Clos de Tart et maintenant ce Clos des Lambrays qui appartient au groupe de Bernard Arnault. La couleur est discrètement violette. Le nez est fin et délicat. La bouche est gourmande et généreuse. C’est très bon, très gourmand. C’est bluffant. Je note : pureté, perfection, finesse et délicatesse.

Davide Rosso devait présenter le Barolo Giovanni Rosso Ester Canale 2020 mais il n’a pas pu venir. C’est le spécialiste des vins italiens de l’équipe Bettane & Desseauve qui le présente. Ce vin n’est produit qu’à moins de mille bouteilles. La couleur est claire. Le nez ne me plait pas parce que je le trouve trop acide. La bouche est beaucoup plus sympathique. Le finale est un peu rêche et un peu amer. Est-ce un problème de bouteille, je ne sais pas.

Jean Luc Chapel présente l’Hermitage La Chapelle Domaine de la Chapelle 2016. Il est dans la maison depuis des décennies puisqu’il a connu deux générations de Jaboulet. Il dit que 2016 est un millésime de pureté et de fraîcheur. Le premier millésime de cette cuvée est de 1905.

Le vin a une couleur très foncée. Le nez est charmant et charmeur, herbacé. La bouche est un peu trop jeune pour moi. Il a une grande persistance aromatique. Il faut attendre un peu pour que la bouche devienne plus gourmande.

Alexandre Thienpont présente le Vieux Château Certan Pomerol 2010. Sa famille est propriétaire depuis plus d’un siècle. Le domaine fait 14 hectares. Le vin a une couleur assez sombre. Le nez est très noble et très grand. Il est fantastique et gourmand, très grand. Je note : ça c’est du vin gourmand. Il est élégant. Top de top.

Olivier Bernard présente Domaine de Chevalier Pessac-Léognan 2005. Avant cela il fait un grand discours sur la biodynamie et ses contraintes. Les pluies invraisemblables de 2024 ont obligé à traiter le mildiou. Olivier justifie son attitude et parle du futur qui le pousse à remettre en cause, non pas pour maintenant mais pour dans vingt-cinq ans, la densité de plantation dans les vignes.

Le vin a une belle couleur foncée. Le nez est très élégant et pur. La bouche est fraîche, légère et élégante ce qui peut se combiner au fait qu’il est gourmand. C’est un vin si bon à boire. Il a fraîcheur et équilibre.

Jérôme Moitry présente Château Climens Barsac 2005 qu’il a racheté récemment avec son frère. Le vin est 100% en sémillon. La couleur est d’un jaune jeune. Le nez est très épicé, riche mais pas puissant. Quelle fraîcheur ! le finale qu’on croirait de caramel est riche. C’est un bonbon sucré. Il est magnifique et gourmand. Il est presque mentholé et donne envie d’en reprendre. Il est frais et très puissant, très atypique. L’équipe de vinification l’appelle « le monstre ».

Ce qui est passionnant dans cette Master Class, c’est la diversité des régions, des cépages et des âges. Cela m’a permis de boire des 2022 délicieux alors que jamais je ne me harderais à boire des vins si jeunes.

Les vignerons sont passionnants et tellement engagés dans une démarche de perfection. C’est impressionnant. Plusieurs des présents m’ont invité à les visiter. Cette Master Class m’y encourage.

Il y a eu un monde fou dans le Carrousel du Louvre pour goûter des vins merveilleux.

Il fut un temps où les propriétaires des vignobles venaient eux-mêmes faire goûter leurs vins. Maintenant ce sont le plus souvent des équipes commerciales. Mais quand on voit Jean-Pierre Perrin de Beaucastel ou Jean-Michel Deiss du domaine Marcel Deiss, ça fait un infini plaisir.

Le Grand Tasting est définitivement le rendez-vous du vin que l’on ne peut pas manquer.

41ème séance de l’Académie des Vins Anciens dimanche, 1 décembre 2024

La 41ème séance de l’Académie des Vins Anciens se tient une nouvelle fois au restaurant Macéo. Nous serons trente, ce qui est beaucoup moins que la dernière fois, car il y a moins d’étrangers et moins d’étudiants.

Nous serons répartis en trois tables et je crois avoir battu le record de mes apports, avec 34 vins, ce qui est manifestement beaucoup trop mais je souhaite que chaque table ait plus de vins qu’il n’est nécessaire, ce qui permet que l’affectation des vins à chaque table soit respectée.

L’ouverture des vins au restaurant Macéo commence très tôt du fait du nombre de vins, à 14h30. Je suis rapidement accompagné par des habitués de l’académie, venus avec leurs outils, mais aussi avec des vins qui ont pour mission de donner du cœur à l’ouvrage aux ouvreurs. Un ami espagnol apporte un Amontillado fait selon la technique de la solera, démarrée en 1830. Il a avec lui du chorizo et du boudin noir, pour le cas où nous aurions une petite faim. Un autre ami néerlandais a apporté un champagne blanc de blancs. Il y a sans doute d’autres vins apportés mais j’étais concentré sur l’ouverture des vins. Un autre ami a apporté un Comté de 42 mois qui devra accompagner les premiers champagnes à table.

Nous ouvrons les vins, des bouchons se brisent ou résistent et globalement les parfums sont satisfaisants. Les ouvreurs et moi sommes à la table 1 où il devrait y avoir deux champagnes qui ne sont pas ceux de l’apéritif. Les deux ont des parfums très fatigués. Il est fort probable qu’ils ne seront pas buvables. On verra. Il y a tant de vins que ce n’est pas un problème.

Des académiciens arrivent avec beaucoup d’avance aussi assez rapidement nous allons commencer l’apéritif. Avant de parler des vins, voici le programme de la soirée.

Les vins de l’apéritif de bienvenue : 2 bouteilles de Champagne Léon Camuzet à Vertus Blanc de Blancs sans année – 2 bouteilles de Champagne Pommery & Gréno sans année – 3 bouteilles de Champagne Gobillard 1990.

Les vins de la table 1 : Champagne Cattier à Chigny années 1960 Magnum – Champagne Taittinger Comtes de Champagne 1961 – Chablis Grand Cru Les Preuses René Dauvissat 1978 – Bienvenues Bâtard Montrachet P. Fromont 1953 – Château Etoile du Château de l’Etoile 1975 – Riesling Musbacher Eselhaut Mussbach 1901 – Vin rouge « Bouzy » Pommery & Gréno 1943 – Château Rauzan Gassies Mise Robert Chassaing 1943 – Domaine des Luques Graves 1929 – Château Le Pape Léognan 1929 – Chambertin Oschner & Fils 1929 – Richebourg Jean Gros 1959 – Bodegas Palacio – Rioja Reserva Especial 1935 – Château Coutet Barsac 1953 – Massandra Collection Sotheby’s Madeira 1923.

Les vins de la table 2 : Sancerre Robineau 1979 – Pouilly-Fuissé Louis Latour 1979 – Château Olivier Pessac Léognan 1949 – Anjou Cave Prunier 1928 – Château Brane-Cantenac 1970 – Château Rauzan Gassies Mise Robert Chassaing 1943 – Château Haut Batailley Pauillac 1962 – Château Haut Marbuzet 1962 – Gevrey Chambertin Joseph Bogion 1943 – Châteauneuf-Du-Pape Bouchard Père et Fils 1964  – Champagne Mercier demi-sec années 1960 – Château Laurétan Langoiran le Haut 1943 – Tête de Vouvray Maison Dubêche 1937 – Maury La Coume Du Roy 1925.

Les vins de la table 3 : Champagne Piper Heidsieck (circa 70) – Pouilly-Fuissé Louis Latour 1979 – Sancerre André Robineau 1979 – Château Olivier Pessac Léognan 1949 – Corton Charlemagne Charles Laurent Fils 1988 – Château Mouton Rothschild 1970 – Château Rauzan Gassies Mise Robert Chassaing 1943 – Gevrey Chambertin Joseph Bogion 1943 – Clos Vougeot André Tasteviné 1962 – Chambolle Musigny les charmes Girodit-Henry 1929 – Châteauneuf-Du-Pape Bouchard Père et Fils 1964  – Mas de Daumas Gassac 1991 – Château Laurétan Langoiran le Haut 1943 – Tête de Vouvray Maison Dubêche 1937 – Maury La Coume Du Roy 1925.

C’est assez impressionnant de voir les années qui seront servies : 1901, 1923, 1925, 1925, 1928, 1929, 1929, 1929, 1929, 1935, 1937, 1937, 1943, 1943, 1943, 1943, 1943, 1943, 1943, 1943, 1949, 1949, 1953, 1953, 1959, 1960, 1960, 1961, 1962, 1962, 1962, 1964, 1964, 1970, 1970, 1975, 1978, 1979, 1979, 1979, 1979, 1988, 1990, 1990, 1990, 1991 et 5 sans année. C’est vraiment l’esprit de l’académie que de permettre de boire toutes ces années. Les vins sont faits pour être bus et partagés.

L’apéritif démarre avec le Champagne Léon Camuzet à Vertus Blanc de Blancs sans année. C’était le champagne favori d’un de mes grands-pères car il y avait un lien de cousinage entre les deux familles. J’en ai donc acheté et ce que nous buvons doit être des années 90. J’aime ce blanc de blancs de Vertus car il a forgé mon goût pour les champagnes.

Le Champagne Pommery & Gréno sans année a beaucoup plus d’opulence et on peut penser que ce champagne est des années 70, avec beaucoup de charme.

J’avais acheté trois bouteilles de Champagne Gobillard 1990 en pensant qu’elles conviendraient bien à l’académie et je suis content de voir que leur fraîcheur est très engageante. Nous avons donc eu sur des gougères trois champagnes intéressants.

Le menu préparé par Adrian Williamson et le chef du restaurant est ainsi rédigé : œuf bio mollet, champignons forestiers et persillade / Saint-Jacques rôties, laitue braisée et topinambour, jus paprika / joue de bœuf braisée au vin rouge, mousseline de citrouille et jus au chocolat / trio de fromages affinés chez M. Bordier / fondant au chocolat noir et pâtissière à la cardamome.

Avec mes amis ouvreurs, nous étions persuadés que les deux champagnes allaient être beaucoup trop fatigués, d’autant que le Cattier avait une forte perte de volume et une couleur très foncée. A notre grande surprise, le Champagne Cattier à Chigny années 1960 Magnum est buvable. Les premiers verres versés sont clairs mais ceux qui suivent sont chargés de sédiment. Malgré cela, le champagne est agréable, même si l’on sent qu’il n’a pas une énergie farouche.

Le Champagne Taittinger Comtes de Champagne 1961 a lui aussi du sédiment qui apparaît après les premiers verres servis. Il est buvable mais manque vraiment d’énergie. Le Comté 42 mois excellent a réveillé ces deux champagnes. C’est amusant de l’avoir fait.

Le Chablis Grand Cru Les Preuses René Dauvissat 1978 est une bouteille rare, d’une magnifique couleur. Le vin est de grande qualité et réagit remarquablement aux champignons.

Le Bienvenues Bâtard Montrachet P. Fromont 1953 est agréable à boire mais il est dans l’ombre du chablis.

A mon goût, le Château Etoile du Château de l’Etoile 1975, un vin que j’adore, n’a pas l’énergie que j’aurais aimé trouver.

Lorsque j’avais ouvert le Riesling Musbacher Eselhaut Mussbach 1901 j’avais été très surpris par l’opulence de son parfum très pur. Maintenant qu’il est servi, il est brillant, riche, intense et de belle longueur. Jamais on n’imaginerait qu’il ait 123 ans. C’est le généreux cadeau d’un fidèle académicien qui en plus faisait partie des gagnants de l’énigme récente.

Le parfum du Vin rouge « Bouzy » Pommery & Gréno 1943 m’avait étonné à l’ouverture, car je n’attendais pas cette puissance. Je suis ébloui par la richesse et la prestance de ce vin qui m’a plus que surpris. Quel bonheur de boire un tel vin rarement bu.

Le Château Rauzan Gassies Mise Robert Chassaing 1943 est un solide et charmant Margaux. Mais il y a trois 1929 qui vont retenir notre attention.

Le Domaine des Luques Graves 1929 est une très agréable surprise, riche et large comme un 1929 alors que le Château Le Pape Léognan 1929 me plait beaucoup moins.

Le Chambertin Oschner & Fils 1929 dont on ne sait pas grand-chose est un chambertin très plaisant. Je ne sais pas s’il a été un peu hermitagé, mais il est plein de charme.

Le Richebourg Jean Gros 1959 est un grand vin. Il est noble, pur, racé, et donne un très grand plaisir. C’est un vin de grand vigneron.

L’ami Fernando a apporté un Rioja Reserva Especial Bodegas Palacio 1935 et il en attendait beaucoup. Je n’ai pas eu l’étincelle qu’on pouvair souhaiter, même si ce vin riche est bien fait.

Le Château Coutet Barsac 1953 est lumineux comme tous les grands sauternes. Je n’avais pas remarqué que le dessert était au chocolat qui est l’ennemi des sauternes, mais les fromages prévus ainsi que l’un ou l’autre des fromages complémentaires ont mis en valeur ce subtil Coutet.

J’ai acheté des vins de la collection Massandra et j’ai été fasciné par la couleur rose du Massandra Collection Sotheby’s Madeira 1923. Ce vin a 101 ans mais il est éternel. Le parfum est charmant mais tout se passe en bouche. En le buvant on a l’impression que l’on a en bouche un serpent de saveurs qui s’agite. Le goût ne cesse de changer avec des notes savoureuses ou sérieuses et cette java qui se joue en bouche m’enchante. Quel bonheur de grâces serpentines.

L’ambiance était fantastique à toutes les tables et je n’ai eu que des échos positifs de tous. Je me suis amusé à classer les vins de ma table, ce qui n’est pas chose facile.

Mon classement de la table 1 est : 1 – Massandra Collection Sotheby’s Madeira 1923, 2 – Riesling Musbacher Eselhaut Mussbach 1901, 3 – Vin rouge « Bouzy » Pommery & Gréno 1943, 4 – Richebourg Jean Gros 1959, 5 – Chambertin Oschner & Fils 1929, 6 – Chablis Grand Cru Les Preuses René Dauvissat 1978.

Le choix du premier est pour la luxuriante richesse des complexités, le second pour la fraîcheur du riesling si vif, le troisième pour l’étonnement de voir un Bouzy aussi riche et les autres pour leurs qualités.

Le menu a été bien conçu et bien exécuté. Le service des vins et des plats a été parfait. Par la richesse de vins de qualité et l’ambiance agréable, cette 41ème académie est une des plus belles que nous ayons vécue.

Déjeuner rapide dimanche, 24 novembre 2024

Ma fille vient déjeuner chez nous, mais annonce qu’elle aura peu de temps. Je choisis donc des vins en conséquence. J’ai au frais un champagne qui m’a été offert, très jeune.

Pour les coquelets j’ai choisi un Château Palmer 1981 au niveau idéal, base de goulot. J’ouvre la bouteille trois heures avant l’arrivée de ma fille. Le bouchon vient entier et je suis impressionné par la fraîcheur du parfum du vin. C’est tellement agréable.

J’ouvre ensuite le Champagne Pierre Gimmenet & Fils Brut Extra Blanc de Blancs. Il est fait de 73% de vins de 2017 et le reste de 2015 à 2010. Le bouchon est en liège comprimé et à ma grande surprise, très rapidement, il s’élargit. Le pschitt est fort et le parfum est celui d’un vin très vert et très jeune.

L’apéritif est essentiellement du grignotage de plusieurs sortes de chips et de noisettes diverses. Le Champagne Pierre Gimmenet & Fils Brut Extra Blanc de Blancs sans année est d’une telle verdeur ! C’est pour moi presque impossible à boire. Le vigneron n’est pas en cause car ce n’est pas une question de vinification, mais étant entré dans le monde des vins anciens, j’ai du mal avec des champagnes aussi verts.

Alors que j’avais ouvert le champagne deux heures avant, il a fallu plus d’une demi-heure pour que le champagne s’élargisse un peu. Mais c’est trop rude pour moi.

Nous passons à table et le coquelet aux patates douces accueille le Château Palmer 1981. Le parfum est intense et noble. Ce vin est noir et dense. Il est raffiné. Il est un peu strict, mais très expressif et long.

J’ai commis un crime de lèse-majesté car c’est un époisses qui va accompagner le vin de Margaux alors que c’est le fromage chéri des vins de Bourgogne, qui devraient en avoir le monopole. Malgré la force démoniaque de ce fromage, l’accord s’est trouvé très agréablement.

Ce Palmer d’une année qui n’est pas opulent a cependant un grand avenir devant lui du fait de sa belle structure.

Le dessert à l’ananas n’appelait aucun vin. Nous avons respecté les désirs de ma fille pour ce repas dominical.