Archives de catégorie : académie des vins anciens

(rappel) les vins des trois premières séances de l’académie des vins anciens mercredi, 22 novembre 2006

Au moment où l’on pense à la séance de l’académie des vins anciens du 22 novembre 2006, il n’est pas mauvais de rappeler ce qui a été bu aux trois premières.

La liste est faite par ordre d’âge. Si un vin est cité plusieurs fois, c’est qu’il y avait plusieurs bouteilles.

Une liste aussi respectable montre le succès que rencontre l’académie des vins anciens.

Cognac très ancien vers 1880 – Cave Jean Bourdy, Blanc vieux d’Arlay 1907  – Riesling Hugel Sélection de Grains Nobles 1915 – Domaine de Chevalier 1924 – château Figeac 1925 – Château d’Arsac Margaux 1925 – Château Haut-Brion 1925 – Alvar Pedro Jimenez dulce 1927 – Tokay Hugel 1928 – Maury 1928 – Château Chalon Jean Bourdy 1928 – Château Gruaud-Larose Faure Bethmann 1928 – Château Pape Clément 1929  – Château Filhot 1929 – Musigny "Grand Vin de Bourgogne" 1929 – Pommard 1929 Prop ou Nég inconnu – Corton Clos du Roy L.A. Montoy 1929 – Bouzy Delamotte 1933 – Gevrey Chambertin Marius Meulien 1933 – Château Talbot 1934 – Château Malescot Saint-Exupéry 1934 – Château Montrose 1934 – Montrachet maison Bichot 1935 – Château d’Yquem 1937

Barsac (?) nom inconnu 1937 – Domaine du Pin 1ères Côtes de Bordeaux 1937 – Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1942 – Montrachet  domaine Bichot 1943 – Fleurie Beaujolais 1943 – Château Suduiraut 1945 – Château Rabaud 1945 – Caves Jean Bourdy, Côtes du Jura rouge 1945 – Vosne Romanée Réserve Reine Pédauque 1945 – Château Rabaud Sauternes 1947   – Gevrey Chambertin J. Faiveley probable 1947 – Monthélie 1947 – Beaune Champimonts 1er Cru Joseph Drouhin 1948 – Corton Charlemagne Louis Jadot 1949 – Montagny Barozzi 1949 – Chateau La Gaffelière 1949 – vin nature de champagne Saran de Moët & Chandon 1950 – Chablis 1er cru Montée de Tonnerre Jean Quenard 1950 – vin nature de champagne Saran de Moët & Chandon 1950 – Bourgogne Aligoté Barozzi 1950 – Banyuls hors d’âge, Dom du Mas Blanc, Parcé, sostera vers 1950 – vin nature de champagne Saran, blanc de blancs Moët 1950 – vin nature de champagne Saran, blanc de blancs Moët 1950 – Riesling Hugel 1953 – Meursault (?) 1953

Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils 1955 – La Mission Haut-Brion 1955 – Château Latour 1955 – Rivesaltes ambré 1955 – Rivesaltes ambré 1955 – POUILLY-VINZELLES 1956 de Cabet-Frères  – Volnay 1er Cru Bouchard Père & Fils 1957  – VOLNAY 1957 de De Moucheron  – Château Gilette bordeaux supérieur 1958, blanc sec – Carruades de Château Lafite-Rothschild 1958  – Château Chalon Marius Perron 1959 – Santenay Clos de Tavannes Fauconnet 1959   – Château Palmer 1959  – Champagne Salon 1959 – Maury vignerons de Maury 1959 – Bâtard Montrachet Chanson 1959 – Mouton Baron Philippe (d’Armaillac) 1959 – Château Palmer 1961 – Château Chasse Spleen 1961 – Château Saint Georges, St Georges St Emilion 1961 – "Y" d’Yquem 1962 – Château Fieuzal 1962 – Château Fombrauge 1962 – Magnum de Moët & Chandon Brut Impérial 1964

Château Lafite Rothschild 1964    – Magnum de Moët & Chandon Brut Impérial 1964  – Château Lynch Bages 1964 – Côtes du Jura blanc Marcel Blanchard 1964 – Chambolle Musigny les Amoureuses Dom Ropiteau 1964 – Château Phélan Segur 1964 – Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1964 – Château Pontet Canet 1964 – Château Bellefont Belcier (Saint Emilion) 1964 – Vega Sicilia Unico 1966 – Chassagne Montrachet 1966 de Thorin – Vin Jaune d’Arbois 1966 domaine de la Pinte – Château Taillefer Puisseguin Saint-Emilion 1966 – Château Cos d’Estournel 1966 – Tokay de Riquewihr 1966 (Dopff et Irion) – Château La Louvière rouge 1967 – Hautes Côtes de Nuits J. et M. Gauthet 1969 – Château Lafon-Rochet 1972  – Vieux Château Certan 1973 – Château Cos d’Estournel 1973 – Champagne Gonet 1973 – Clos Joliette  Jurançon sec 1974          – Clos Joliette 1974 Jurançon – Richebourg Charles Noëllat 1974

Magnum de Château Gruaud Larose 1975 – Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1975 – magnum de champagne Diebolt-Vallois 1976   – Gewürztraminer 1976 Sélection de Grains Nobles Hugel – Riesling Sélection de Grains Nobles Hugel 1976 – Château L’Enclos Pomerol 1976 – Corton Rouge Les Languettes Domaine Bichot 1977 – Chambolle Musigny Amoureuses domaine Clair-Daü 1977 – Champagne Deutz 1978 – Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1982 – champagne Salon 1983   – Château Lynch Bages 1983 – Riesling Kaefferkopf 1983 Jean-Baptiste ADAM   – Coulée de Serrant Nicolas Joly 1983 – MONTLOUIS Demi-sec 1983 de Fradin-Georges  – Château Pape Clément 1985  – Côtes du Jura blanc Savagnin Perron 1985 – Riesling Clos Sainte Hune Trimbach 1986 – Criots Bâtard Montrachet Jaboulet Vercherre 1988 – Montrachet Bouchard 1988 – Montlouis "Les Bâtisses" Domaine Deletang "Grande Réserve Tris" Moelleux 1989 – Montlouis "Les Bâtisses" Domaine Deletang "Grande Réserve Tris" Moelleux 1989  – Côte-Rôtie Chapoutier 1989 – Château Climens 1989 – BOURGUEIL Sélection Vieilles Vignes 1989 du Domaine des Ouches  – Château Mouton-Rothschild 1990  – Martha’s Vineyard Heitz Cellars Cabernet 1990   – Magnum Château Olivier 1990 – Champagne Léon Camuzet environ 15 ans – Champagne Léon Camuzet environ 15 ans – Champagne Léon Camuzet environ 15 ans – Champagne Léon Camuzet environ 15 ans – Champagne Léon Camuzet environ 15 ans – Champagne Léon Camuzet environ 15 ans – Château d’Yquem 1994

Pour avoir plus de détails, on peut se reporter aux comptes-rendus qui ont été faits de ces trois séances, aux dates du 4 octobre 2005, 26 janvier 2006 et 8 juin 2006 (vous pouvez sélectionner la catégorie : "académie des vins anciens").

académie des vins anciens – séance du 8 juin – des vins éblouissants jeudi, 8 juin 2006

Devant préparer l’ouverture des vins de l’académie des vins anciens, j’ai le temps de faire un détour à la maison du Japon où plusieurs vignerons des Beaumes de Venise présentent leurs vins. La jolie organisatrice de cet événement m’accueille avec un large sourire plus parisien que nippon. Je goûte quelques rouges intéressants et prometteurs, présentés avec d’originaux mets japonais d’une belle réussite. Je ne prétends pas devenir un prescripteur de ces vins, mais la simplicité des rouges m’a plu.

L’académie des vins anciens tient sa troisième séance officielle à la Résidence Maxim’s. L’idée était de boire les vins des académiciens sur un vrai repas, au lieu de fromages qui, même délicieux, ont du mal à captiver l’ensemble de l’assistance sur la durée totale d’une longue soirée. La préparation donna lieu à des échanges agréables avec une équipe motivée et un chef attentif et intelligent. L’envie de réussir se sentait avec force.

A partir de quinze heures, j’ouvre les bouteilles, recevant le renfort d’académiciens désireux d’apprendre de petits trucs qu’ils ne connaîtraient pas. Dans cette ambiance bon enfant, peuplée d’histoires qu’on se raconte, pas une seule bouteille bouchonnée n’est à signaler. Deux bouteilles ont des niveaux au-delà de la vidange. Une me paraît définitivement morte. Les autres vont profiter d’un oxygène qui va gommer toutes les petites imperfections que le premier examen olfactif révèle.

Malgré une grève de la RATP et d’immenses encombrements qui eux seuls ont un goût de bouchon, les académiciens sont d’une exactitude exemplaire (quand on aime, on ne compte pas les quelques retards). J’avais prévu de faire face à des arrivées non synchrones en offrant au bar de la résidence le champagne que buvait ma famille depuis trois générations, déjà goûté à la précédente réunion de l’académie : le champagne Léon Camuzet non millésimé de Vertus, que je situe à environ 15 ans d’âge. Son petit goût évolué charmant m’a permis de jauger l’acceptation de plusieurs académiciens au goût des vins anciens. Quelques uns l’ont adoré, car cette évolution lui donne un charme subtil fait de fruits blancs. D’autres ne comprennent pas. Ils auront compris ce soir.

Nous sommes environ 50 pour 50 vins. Les vins sont répartis en trois groupes dont je donne ici le détail, dans l’ordre de service :

Groupe 1 : Champagne Léon Camuzet environ 15 ans – Champagne Gonet 1973 – vin nature de champagne Saran, blanc de blancs Moët 1950 – Bâtard Montrachet Chanson 1959 – Montrachet  domaine Bichot 1943 – Château Saint Georges, St Georges St Emilion 1961 – Château Taillefer Puisseguin Saint-Emilion 1966 – Château La Louvière rouge 1967 – Chateau La Gaffelière 1949 – Château Montrose 1934 – Château Gruaud Larose Faure Bethmann 1928 – Fleurie Beaujolais 1943 – Richebourg Charles Noëllat 1974 – Vosne Romanée Réserve Reine Pédauque 1945 – Cave Jean Bourdy, Blanc vieux d’Arlay 1907 – Domaine du Pin 1ères Côtes de Bordeaux 1937

Groupe 2 : Champagne Léon Camuzet environ 15 ans – vin nature de champagne Saran, blanc de blancs Moët 1950 – Bourgogne Aligoté Barozzi 1950 – Montagny Barozzi 1949 – Meursault (?) 1953 – Tokay de Riquewihr 1966 (Dopff et Irion) – Riesling Kaefferkopf 1983 Jean-Baptiste Adam  – Riesling Sélection de Grains Nobles Hugel 1976 – Clos Joliette 1974 Jurançon – Vin Jaune d’Arbois 1966 domaine de la Pinte – Cos d’Estournel 1966 – Château Pontet Canet 1964 – Château d’Arsac Margaux 1925 – Gevrey Chambertin J. Faiveley probable 1947 – Château Chalon Jean Bourdy 1928 – Coulée de Serrant Nicolas Joly 1983 – Barsac (?) 1937 – Rivesaltes ambré 1955 – Maury 1928

Groupe 3 : Champagne Léon Camuzet environ 15 ans – Champagne Deutz 1978 – Pouilly-Vinzelles 1956 de Cabet-Frères – Montrachet Bouchard 1988 – Château Bellefont Belcier (Saint Emilion) 1964 – Mouton Baron Philippe (d’Armaillac) 1959 – Château Haut-Brion 1925 – Bourgueil Sélection Vieilles Vignes 1989 du Domaine des Ouches – Cave Jean Bourdy, Côtes du Jura rouge 1945 – Hautes Côtes de Nuits J. et M. Gauthet 1969 – Volnay 1957 de De Moucheron – Beaune Champimonts 1er Cru Joseph Drouhin 1948 – Gevrey Chambertin Marius Meulien 1933 – Corton Clos du Roy L.A. Montoy 1929 – Montlouis Demi-sec 1983 de Fradin-Georges – Banyuls hors d’âge, Dom du Mas Blanc, Parcé, sostera – Rivesaltes ambré 1955 – Cognac trois quarts de siècle Tiffont # 1874.

Chaque groupe a pu profiter de vins de grande qualité avec un profil différent selon les tables, celles du groupe 2 bénéficiant d’un plus grand nombre de blancs, et celles du groupe 3 d’un plus grand nombre de bourgognes. Il faut rappeler, afin que nul ne l’oublie que la qualité de l’événement dépend de la qualité des apports de chacun. Quand on est généreux, on partage de grands vins. Ce fut le cas ce soir.

Le repas fut fort intelligent, le chef ayant eu le courage de simplifier sa cuisine pour se mettre au service des vins. Voici le menu : grosses gambas de la Méditerranée à la plancha / volaille fermière des Landes rôtie, écrasé de pommes Charlotte à l’huile d’olive / sélections de fromages de Bernard Antony / les abricots Bergeron en tarte feuilletée à l’amande de Provence, éclats de pistache.

Tous ont remarqué comme ce fut adapté et fort bon. Le service des vins était difficile pour une première fois, car respecter l’ordre des vins quand des changements dans les vins apportés ont eu lieu jusqu’à la dernière minute, ce n’est pas facile. Ce qui fait que les membres du groupe 1, dont je faisais partie, qui devaient boire le Riesling Sélection de Grains Nobles Hugel 1976 que m’avait offert Jean Hugel pour la circonstance, empêché qu’il était de venir, virent que ce délicieux nectar, d’une année phénoménale, fut apprécié par le Groupe 2. Réagissant avec célérité, je pus capter quelques gouttes de ce merveilleux Riesling doré et d’une persistance aromatique extrême, que je partageai avec l’une des plus fidèles et jolies académiciennes assise à mes côtés.

Quelques commentaires sur les vins de notre groupe. Le champagne Gonet 1973 est manifestement avancé. La bulle existe, mais fragile, la couleur est ambrée. On est dans un autre monde. Mais si l’on accepte la logique de ce vin, on lui découvre de belles subtilités. Un champagne expressif que je verrais bien avec une truffe ou du foie gras. Le vin nature de champagne Saran, blanc de blancs Moët 1950 est un peu de la même veine. Il n’a pratiquement plus de bulle, il est aussi fort foncé. Des convives vont le trouver d’une subtilité rare. Il y avait à ma table de solides palais, acquis à la cause des vins anciens. J’ai moins aimé le Saran que le Gonet, à cause d’une petite amertume juste après le milieu de bouche qui m’a un peu gêné.

Le Bâtard Montrachet Chanson 1959 est un vin délicieux. D’un jaune citron signe de pure jeunesse, d’un nez franc et direct, il occupe la bouche avec gentillesse. C’est un merveilleux blanc bien arrondi au plaisir sans complication. Je l’aime bien sûr, parce que c’est le mien, réflexe naturel qu’auront beaucoup d’académiciens, fiers de leur vin.  Le Montrachet Bichot 1943 a un beau niveau, une couleur foncée. Il rebute un peu car il montre son âge. Mais quand on veut le comprendre, on sent toutes les qualités qu’il a, légèrement voilées par son vieillissement. Un bras amical me tend un verre de Montrachet Bouchard 1988. J’en reconnais le pedigree instantanément, car les Montrachets de ce domaine, je les connais sur le bout des lèvres. Quel grand vin et quel cadeau pour l’académie !

Le Château Saint Georges, St Georges St Emilion 1961, encore un de mes enfants, est fort civil et plaisant. Une belle couleur d’un beau rubis de jeunesse et un niveau parfait. Un goût solide de 1961. Vin sans histoire, très rassurant. Mon ami hollandais qui a apporté le Montrose 1934, qui aime assez peu les vins anciens, est tombé en admiration totale pour ce Château Saint-Georges qu’il a trouvé d’un épanouissement idéal. Les deux bordeaux qui suivent sont un peu plus difficiles à suivre. Car le Château Taillefer Puisseguin Saint-Emilion 1966 et le Château La Louvière rouge 1967 n’ont pas des trames très solides. L’âge les a ‘dentellisés’, et leur goût éphémère laisse peu d’empreinte. Le Chateau La Gaffelière 1949, ça c’est du sérieux. Ça cause, comme dirait Zazie. C’est un beau vin auquel 1949 donne une élégance raffinée. On se complairait à ne boire que de tels vins.

Je suis très admiratif du Montrose 1934 au message subtil, dans la lignée historique de Montrose, et meilleur que d’autres Montrose 1934 que j’ai bus, dont celui avec Bipin Desai, dans cette verticale de légende. Très pur, strict, archétypal, il récite le terroir de Montrose à la perfection.

J’ai l’expérience de Gruaud Larose 1928, aussi bien Faure-Bethmann que Sarget. Celui-ci, un Faure-Bethmann, est souple comme un 1928. Décidément, les vins de ce soir se calent dans le moule de leur année. Grand bordeaux au discours clair, sans surprise, généreux exemple de l’intérêt de l’académie.

Soudain mon cœur s’enflamme quand on me fait goûter le vin qui vient. Je me trémousse, je glousse, je l’agite sur ma chaise, car c’est beau comme une midinette en robe vichy. Le Fleurie 1943 a un nez à se pâmer, d’une séduction coquine. Et en bouche c’est un bourgogne plein de talent, défroqué de sa soutane beaujolais.

J’ai dû passer mon tour pour le Richebourg Charles Noëllat 1974, car je n’en ai pas le souvenir. Je boirai son aîné d’un an demain avec des amis de tous pays. Passant de table en table, j’ai peut-être été oublié, de ce vin que j’avais apporté, par notre efficace serveur Thibaud. Mais le Vosne Romanée Réserve Reine Pédauque 1945 compte double. Ça c’est bourguignon. Un nez éblouissant, et toute la chaleur humaine d’un vin qui vit. J’avais demandé qu’on me fasse goûter l’un de mes enfants, le Gevrey Chambertin Marius Meulien 1933 dont j’étais si fier à l’ouverture : un nez magistral. Là, en bouche, il est immense de jeunesse de robe, de nez chaleureux, et de puissance de feu dans mon palais conquis. Je suis tellement fier quand un vin démontre la vanité de toutes les idées surfaites sur les millésimes. Car 1933 ne passionne pas les foules depuis fort longtemps. Ce Gevrey est immense, comme l’est le Vosne Romanée 1945.

A propos d’année classée dans les médiocres, on m’apporte quelques gouttes de Château d’Arsac Margaux 1925. Vin très subtil, aux évocations de fraises des bois, de fruits rouges. Adorable témoignage d’un vin policé.

Hélas, le doyen de cette soirée, le Blanc vieux d’Arlay Cave Jean Bourdy 1907  est fort désagréable. Un côté glycériné, animal, gêne d’en saisir toute la complexité qu’on devine sans en jouir. Une gorgée du Château Chalon Jean Bourdy 1928 raccroche mon palais au wagon du Jura. Très beau vin jaune au goût naturel, qui donne une réplique théâtrale aux fromages de Bernard Antony appréciés de tous.

Encore un de mes bébés, le Domaine du Pin 1ères Côtes de Bordeaux 1937, va surprendre les deux tables de notre groupe. L’élégance d’un sauternes, une trace en bouche d’une belle consistance qu’on n’attendrait pas de cette appellation. J’ai senti que chacun en profitait.

Je n’ai pas goûté mes autres bébés, le Gevrey-Chambertin Faiveley # 1947 et le Corton Clos du Roy 1929. J’ai pu en revanche constater combien le Côtes du Jura rouge Cave Jean Bourdy 1945 est un vin d’une subtilité extrême, tellement plus à l’aise en dîner que dans la verticale analytique que nous avons faite à Besançon. Le Volnay Moucheron 1957 au niveau plus qu’extrêmement bas avait bien survécu, comme son auteur vint me le prouver fièrement.

Un académicien nous fit goûter un alcool assez exceptionnel, un Cognac trois quarts de siècle Tiffont # 1874, cognac fait avec deux fûts dont un de 1854 et l’autre de 1904, qui, du fait de l’évaporation, n’ont produit que 120 flacons, lors de leur mise en bouteille en 1979, quand M. Tiffont eut 100 ans. Une pureté, une précision, une légèreté de bois assez remarquable. Ce fut un joli point final à une dégustation rare.

Difficle de faire un classement des vins que j’ai bus. Je m’y risque, avec l’impartialité qui me fait aimer mes bébés aux deux premières places. En un, Gevrey Chambertin Marius Meulien 1933. En deux, Bâtard Montrachet Chanson 1959, en trois, Montrachet Bouchard 1988. En quatre, le Fleurie 1943. Et mention spéciale pour le cognac, le Vosne Romanée 1945 et le Montrose 1934.

La générosité des académiciens a permis de rassembler des bouteilles spectaculaires. Comment pourrait-on autrement accéder à des témoignages historiques de la plus haute valeur sans devoir sacrifier des budgets considérables ? Chacun ressentait que l’on trouvait en cette troisième édition un rythme de croisière prometteur. Car la clef de la réussite de l’académie, c’est la générosité des membres. Et ce soir, elle fut grande. Vivement la prochaine.

académie du 8 juin – rapport d’un académicien jeudi, 8 juin 2006

Académie des vins anciens

Résidence Maxim’s 8 juin 2006

Très belle table, la n°4, studieuse également 

Nous avons votés à l’unanimité 1er, 8 votes

pour le Gevrey-Chambertin Marius Meulien 1933

Robe sombre, Nez franc de sous-bois humide, de truffe et de poivre noir. Quelle fraîcheur!

Bouche ample, gourmande, petits fruits noirs mêlés, cassis, myrtille et fraise des bois.

Finale ré glissée, tabac blond et café, un vin étonnant, élégant et canaille, superbe.

On lui aurait donné 50 ans de moins..

Les deux autres vins  de notre tiercé, arrivent à égalité avec 5 votes chacun.

Mouton Baron Philippe 1959 (d’Armaillac)

Belle robe rubis foncée avec des reflets orangés, Nez agréable et subtil de fruits noirs, cuir, et de champignons sauvages. Bouche généreuse et soyeuse, prune, chocolat, et fruits compotés.

Finale longue et élégante, un grand Vin.

Montrachet 1988 Bouchard Père et fils

On en boirai à en pleurer ! Quelle classe, très élégant.

Belle robe jaune-or intense, Nez expressif sur les fruits mûrs et le pain grillé, agrumes et fleurs blanches. Bouche suave de beurre frais de fruits jaunes, mirabelle et poire, crémeuse à souhait. Un vin virtuose : Finale opulente et riche, rehaussée d’une note minérale.

J’ai osé les noter sur 100 points :

Gevrey-Chambertin 1933             95/100, vu la rareté de ce vin, il est donc hors classement

Mouton Baron Philippe 1959       92/100  très beau vin à maturité

Montrachet 1988  Bouchard         96/100 vin de référence pour l’Appellation Montrachet

Encore merci François pour cette dégustation d’exception !

Amitiés

Denis Garret

Remarque de François Audouze : je suis particulièrement fier que ce vin de 1933 vienne de ma cave !

académie des vins anciens – séance du 8 juin mercredi, 7 juin 2006

La séance se tiendra à la résidence Maxim’s, en face du restaurant Laurent. J’ai réservé deux salons et j’ai prévu un dîner assez simple, mais plus agréable que le seul plateau de fromages.

Le coût est de :

          100 € pour celui qui apporte une bouteille ancienne acceptée (définition ci-après)

          140 € pour celui qui apporte une bouteille non ancienne acceptée (définition ci-après)

          180 € pour celui qui vient sans bouteille

Le prix est plus élevé car on entre dans la logique d’un repas assis. Et il faut que l’on puisse couvrir des aléas.

Est ancienne une bouteille :

          de rouge ou de liquoreux d’avant 1962

          de blanc ou de champagne d’avant 1985

Est non ancienne une bouteille que j’accepte, plus jeune que les dates indiquées.

académie des vins anciens – séance du 8 juin – situation au 29 mai mercredi, 7 juin 2006

Message adressé à tous les inscrits.

Voici la situation du groupe dont vous êtes leader, ou votre situation si vous venez seul.

Merci de confirmer si votre groupe est bien composé des personnes indiquées.

J’ai supposé qu’une personne paiera pour la totalité du groupe. Si ce n’est pas le cas, me l’indiquer, en informant bien la personne qui paie des sommes qu’il aura à payer.

Me donner le nom des personnes qui paient, si je ne les ai pas.

Merci de me confirmer aussi si votre ou vos vins sont bien conformes à la liste ci-dessous. Si vous prévoyez de changer un vin, me le dire.

Les vins doivent obligatoirement être remis avant le 1er juin chez Henriot, 5 rue La Boétie 75008 Paris (téléphone de Mme Martine Finat : 01.47.42.18.06 )

La réception à 19 heures étant faire par des bénévoles, tout ce qui simplifiera le contrôle du paiement sera le bienvenu.

A ce sujet, le paiement anticipé par chèque à l’ordre de « François Audouze – AVA », envoyé à l’adresse ci-dessous, simplifierait beaucoup les choses. Il arrangerait aussi  AVA puisque j’ai payé des arrhes à la Résidence Maxim’s.

Si tout est conforme, répondez quand même. Il serait utile que tous les fichiers soient à jour.

Pour finir sur une note moins administrative, voici la liste des vins annoncés :

Cave Jean Bourdy, Blanc vieux d’Arlay 1907   Château d’Arsac Margaux 1925 –  Château Haut-Brion 1925 –  Maury 1928 –  Château Gruaud Larose 1928 –  Château Chalon Jean Bourdy 1928 –  Corton Clos du Roy L.A. Montoy 1929

Gevrey Chambertin Marius Meulien 1933 –  Château Montrose 1934 –  Barsac (?) 1937 –  Domaine du Pin 1ères Côtes de Bordeaux 1937 –  Montrachet  domaine Bichot 1943 –  Fleurie Beaujolais 1943 –  Cave Jean Bourdy, Côtes du Jura rouge 1945

Vosne Romanée vieille Réserve 1945 –  Gevrey Chambertin J. Faiveley probable 1947 –  Beaune Champimonts 1er Cru Joseph Drouhin 1948 –  Chateau La Gaffelière 1949 –  Montagny 1949 –  Aligoté Darozzi 1950 –  vin nature de champagne Saran, blanc de blancs Moët 1950

vin nature de champagne Saran, blanc de blancs Moët 1950 –  Meursault (?) 1953 –  Mouton Baron Philippe (d’Armaillac) 1959 –  Bâtard Montrachet Chanson 1959 –  Château Bellefont Belcier (Saint Emilion) 1964 –  Cos d’Estournel 1966 –  Château Taillefer Puisseguin Saint-Emilion 1966

Vin Jaune d’Arbois 1966 domaine de la Pinte –  Tokay de Riquewihr 1966 (Dopff et Irion) –  Château La Louvière rouge 1967 –  Champagne Gonet 1973 –  Clos Joliette 1974 Jurançon –  Richebourg Charles Noëllat 1974 –  Riesling Sélection de Grains Nobles Hugel 1976

Montrachet Louis Jadot 1982 –  Riesling Kaefferkopf 1983 Jean-Baptiste ADAM    Coulée de Serrant Nicolas Joly 1983 –  Banyuls hors d’âge, Parcé, sostera

Un article des Echos samedi, 25 février 2006

Jean-Francis Pécresse, journaliste aux Echos, a fait un compte-rendu de la séance de l’académie des vins anciens dans les Echos du 24 février. Il n’a pas aimé tous les vins anciens présentés et il le dit. Il a adoré le Suduiraut 1945. C’est déjà une bonne nouvelle. Ce journaliste a un palais fort aiguisé et je l’aime beaucoup, intelligent, au sens critique joliment développé. Beau coup de pouce pour l’académie.

Voici le texte :

Comme d’autres ont la passion des vieilles pierres, eux vénèrent les vieux verres. Les vieux verres verts en particulier, qui habillent en général les rouges, et aussi des blancs, contenants transparents du poids des ans. Autour de leur doyen François Audouze, mal nommé car premier du genre, ils sont quelques dizaines, peut-être quelques centaines, amateurs professionnels ou débutants, à partager ensemble un penchant pour ces bouteilles qui ont de la bouteille. Ces vins hors d’âge, si vieux qu’eux-mêmes parfois ne portent plus le souvenir de leur année de naissance, si vénérables que, bien souvent, l’on n’ose plus les toucher, préférant les laisser s’éteindre en silence dans leur cercueil de verre, persuadés à tort qu’ils n’ont plus rien à dire.

 

Retraité de l’acier reconverti dans l’exploitation de filon vinicole, Audouze, lui, croit dur comme fer qu’un vin ne meurt jamais. Voici quelques années que, de bouche à oreille et de mail en mail, il tisse habilement de fil blanc sa toile de « gérontoenophiles ». La goutte de vin vieux fait tache d’huile. Non content de réunir, chaque semaine, ses disciples par tablées de douze – sans un traître convive de plus – autour de dîners aussi inestimables qu’inabordables, le chef des apôtres des vins décatis a créé son église. Ou plutôt son école, une académie des vins anciens dont les séances, tenues dans quelque palace parisien, s’achèvent de manière moins académique qu’elles n’ont débuté. Au moins ne s’ennuie-t-on pas sous cette coupole itinérante, où les immortels sont des bouteilles en habit vert belles comme des rêves de pierre. N’en déplaise à Audouze, qui se fait une religion de les ressusciter tous, nombre de vieux flacons ouverts ce soir d’intronisation ne versaient plus que des larmes de peine : un champagne Moët de 1950, un Domaine de Chevalier (pessac-léognan) de 1924, un Cos d’Estournel (saint-estèphe) de 1973… Mais bien d’autres valaient une grand’messe : deux bordeaux de 1955, année méconnue, un mission haut-brion (pessac-léognan) et un latour (pauillac). Et, comme en apothéose, ce suduiraut 1945, sauternes à la mine resplendissante, d’un brun ambré profond, au débit fluide, avec un gras prodigieux pour un sexagénaire et des parfums d’une étonnante fraîcheur, finement caramélisés, sans trace d’oxydation.

 

Seul les grands sauternes peut-être sont capables de sauter aussi hardiment les générations, de vieillir sans prendre une ride. Si, tributaires du temps qu’il fait, ils se jouent du temps qui passe. Juste revanche pour ces vins qui voient moins souvent qu’à leur tour passer les bons millésimes, réalité que l’on a pu oublier ces dernières années avec, de 1995 à 2005, une lignée sans pareille dans l’histoire de sauternes et barsac. Premier de cette « décennie enchantée », le 1995 de suduiraut marche sur les traces de son ancêtre, avec une vinosité puissante, un rôti superbe qui laissent présager d’une belle évolution, sans dessèchement, de ses arômes de mandarine confite. Un immortel en devenir.

 

JEAN-FRANCIS PÉCRESSE

 

académie du 26 janvier – les vins jeudi, 26 janvier 2006

 

les vins de l’académie, avec un « léger » effet miroir

Dernière nouvelle : l’Assemblée Nationale est en train de discuter d’un projet de loi visant à souligner, au nom de la République, le « rôle positif » qu’aura joué l’académie des vins anciens, lors de sa séance du 26 janvier, pour la compréhension du goût des vins anciens.

Nous étions 52 académiciens, forts de 47 vins à partager, apportés par de très nombreux présents mais aussi par des sympathisants qui voulaient marquer leur engagement.

académie du 26 janvier – voici les commentaires jeudi, 26 janvier 2006

 

Jean Hugel et son Riesling 1915. A gauche, l’académicien venu avec Figeac 1925

Si la vedette était aux vins, avec ces listes impressionnantes, les participants ou sympathisants méritent de larges mentions. François Mauss, président du Grand Jury Européen, ne pouvant assister à la première et à la seconde séance de l’académie a offert des vins d’une qualité remarquée. Bernard Hervet, directeur général de Bouchard est dans le même cas. Un académicien convaincu, ne pouvant venir à cette séance a envoyé un vin du Jura qu’il aime. Pierre Lurton, président de Cheval Blanc et Yquem s’était inscrit. Un méchant virus l’aura contrarié. Il m’a tenu au courant de l’évolution de sa santé car il tenait à venir. Il nous a encouragé à boire Yquem 1937, même en son absence.