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Déjeuner au restaurant Pages avec deux étudiants jeudi, 22 octobre 2020

J’avais reçu il y a bien longtemps, du temps où le mot coronavirus n’était pas dans mon vocabulaire, des mails d’un étudiant de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, qui fait partie du club d’œnologie de l’école, club qui s’exerce à la dégustation et fait même des concours inter-écoles de dégustation. Son message m’était apparu sympathique. Il souhaitait qu’avec un ami de son école nous bavardions de vin autour de bouteilles qu’ils apporteraient. Le temps a passé et quand j’ai repris son idée, j’ai proposé de nous retrouver à déjeuner ensemble au restaurant Pages.

La veille, l’élève, appelons-le Gauthier, m’appelle, gêné, et me dit qu’ayant consulté la carte du restaurant, le budget était hors de portée pour de jeunes élèves, fussent-ils d’une prestigieuse école. J’ai immédiatement répondu que je serais la puissance invitante.

Lorsque j’ai déménagé en 2012 ma cave qui était dans un local qui allait être exproprié, Grand Paris oblige, j’avais bénéficié de l’aide efficace d’une charmante jeune personne qui travaillait dans la société d’aciers que dirige mon fils. Elle avait regroupé dans des cases les bouteilles illisibles pour elle. Elles ne sont pas inventoriées. En vue de notre déjeuner je farfouille dans ces cases et tout-à-coup, oh surprise, je mets la main sur un magnum de Château Lafite 1869. Je savais que j’avais cette précieuse bouteille et je m’étais étonné qu’elle ne figure pas dans l’inventaire. Elle réapparaît, magnifique de niveau et de couleur. Rien que cela me fait bénir le déjeuner à venir. Je choisis dans ces cases deux bouteilles, l’une de Bordeaux l’autre de Bourgogne, avec l’idée derrière la tête de les faire goûter à l’aveugle à mes deux jeunes futurs convives.

Le matin du rendez-vous, je me présente vers 11 heures au restaurant Pages pour ouvrir mes apports. Les deux bouchons viennent assez facilement. Le bouchon du bordeaux me permet d’estimer l’âge probable du vin qui est un générique sans millésime. Les odeurs sont sympathiques, surtout celle du Bourgogne, qui me paraît très prometteuse. J’ai du temps devant moi aussi est-ce l’occasion de regarder la carte des vins que Matthieu le sommelier a profondément remaniée avec une grande intelligence. Il y a dans cette carte des vins pour tous les goûts et pour tous les budgets, sans que l’on subisse des coefficients incendiaires.

J’en profite pour commander au verre un Champagne Bérêche & Fils Rilly la Montagne 1er Cru Blanc de noirs 2015 dégorgé en 2019 et dosé à 3 grammes, ce qui en fait un Extra Brut. J’avais envie, étant seul, de confronter mon palais à un blanc de noirs. Ce champagne est vif, tranchant, avec un final salin. C’est manifestement un champagne de gastronomie plus qu’un champagne d’apéritif. Je l’aime, parce qu’il est sans concession. J’aime quand les goûts prennent des pistes aventurières.

Maximilien arrive en premier. Gauthier le rejoint et le déjeuner commence. Le menu préparé par Lumi et Ken et avec Yuki pour la pâtisserie est : betterave à la bavaroise, citron caviar / velouté de Kabocha / maquereau mariné et fumé au foin / chips de pomme de terre et patate douce / couteaux poêlés, cédrat, yuzu vert, jus de coquillage monté au beurre / risotto de riz gluant, encornet snacké, bouillon corsé de céleri-rave / daurade royale de Saint-Jean de Luz, sauce « umami » à l’orange et livèche, coques d’Utah Beach, fenouil / pigeon façon pékinoise, sauce salmis, navet et poireaux / dégustations de bœufs maturés huit semaines : Limousine et Simmental / tuile et glace au sarrasin, pommes sautées, mousse au caramel beurre salé / financiers aux noisettes.

Les amuse-bouches se prennent avec le champagne Bérêche qui montre ses qualités d’adaptation. Il est viril, cinglant, et je l’adore dans cette forme provocante.

Mes jeunes convives ne connaissent pas le menu et vont aller de surprise en surprise, tant pour la qualité des plats que pour l’audace des accords.

Car le premier accord est particulièrement osé. Il se trouve que j’avais dit à Ken il y a quelque temps que j’adore les couteaux. Il a réussi à en trouver et les a traités de façon remarquable. Et le Pauillac générique rouge Barons de Rothschild vers 1978 est magnifiquement adapté au plat. Qui dirait que couteaux et vin rouge s’associent ? Les étudiants, à l’aveugle, ont réussi à trouver la rive gauche de Bordeaux et ont estimé Saint-Julien. On peut dire que c’est une bonne réponse. Ils ont pensé le vin plus vieux. Je l’ai personnellement daté de la deuxième moitié des années 70 à cause de son bouchon que j’étais le seul à avoir vu. Matthieu qui a goûté le vin a eu la bonne estimation à l’aveugle.

Le bordeaux Pauillac appellation contrôlée est un vin de début de gamme mais je trouve qu’il a bénéficié de son âge. Il est précis, simple, de bonne longueur, et pourrait figurer sur des tables sans que l’on se plaigne de sa roturière extraction. Une petite trace de café dans le goût pourrait être gênante, mais pas trop. Le vin a continué au fil du repas à offrir de belles sensations.

Mon deuxième apport, dégusté à l’aveugle est un Bonnes Mares négociant illisible 1953 de la cave du restaurant La Bourgogne. Pour mon goût, c’est la Bourgogne que j’aime, celle qui ne cherche pas à plaire, avec notamment une belle râpe en fin de bouche. Le vin est en pleine maturité, expressif, à l’attaque vive, au milieu de bouche charmeur et velouté et au finale de belle râpe. Programme parfait. Mes jeunes amis ont trouvé Côtes de Nuits, et pour les âges se sont gentiment fourvoyés. C’est sur le pigeon délicieux que ce vin s’est révélé glorieux.

Maximilien a apporté un Château de Pibarnon Bandol 2016. Ce vin riche est tout en suggestions voluptueuses. Il est fort bien sûr mais suave en même temps. Maximilien avait peur que je le trouve trop jeune, mais je l’ai adoré, vin de pur plaisir et racé à la fois. Le vin est absolument parfait sur les deux viandes de bœuf cuites à la perfection.

Gauthier a apporté un Château Rayne-Vigneau 1997 d’une année jeune, magique pour les sauternes. Quel régal. C’est la perfection du sauternes jeune, car il a un gras superbe et une longueur inextinguible. C’est le vin sans défaut. Avant le repas, j’avais demandé à Yuki si elle pouvait faire des financiers. Ses financiers sont à se damner et forment avec le sauternes un accord prodigieux.

Si l’on regarde les accords de ce repas, les plus beaux sont le maquereau avec le champagne Bérêche, les couteaux avec le Pauillac, le pigeon avec le Clos de la Roche, les bœufs avec le Pibarnon et les financiers avec le Rayne-Vigneau. Nous sommes tombés d’accord pour classer les vins ainsi : 1 – Clos de la Roche 1953, 2 – Rayne-Vigneau 1997, 3 – Pauillac vers 1978, 4 – Pibarnon 2016.

Si le Pibarnon est classé après le Pauillac c’est parce qu’il y a une prime au vin le plus surprenant. Je reverrai mes deux complices lors de l’académie des vins anciens. Ils vont essayer d’entraîner d’autres élèves à les accompagner. Je suis très heureux de ce beau déjeuner sur une cuisine toujours aussi pertinente.

Déjeuner au restaurant Pages avec des vins inhabituels, dont deux centenaires dimanche, 19 janvier 2020

Philippe, un ami de l’académie des vins anciens, n’avait pas pu venir à la dernière séance de l’académie et comme Romain il y a quelques semaines, il a souhaité que nous déjeunions ensemble. Comme avec Romain, on peut envisager d’ouvrir des bouteilles non conventionnelles.

Philippe a annoncé un Château Le Jura Saint-Emilion 1913 et je sais qu’il apportera beaucoup d’autres vins. Je choisis en cave une bouteille étrange, sans étiquette ni capsule, certainement du 19ème siècle, dont la couleur vue à travers le verre assez opaque semble rose, pouvant indiquer un vin blanc ou un liquoreux, mais plutôt un blanc quand on agite un peu le vin, car il paraît plus fluide qu’un liquoreux.

Je choisis ensuite une bouteille sans étiquette, au très beau niveau, dont la capsule indique clairement Jacques Bouchard & Cie. Tout indique que la bouteille est des années 40 ou plus vieux. La couleur m’indique que ce vin doit être grand. Le troisième vin que j’ajoute est un Loupiac, Château Pageot 1943.

J’arrive le premier au restaurant Pages et sachant qu’il y aura surnombre de vins, j’ouvre celle qui me paraît avoir les plus belles chances, le Bourgogne Jacques Bouchard. Le bouchon vient classiquement et tout laisse penser à un vin des années 40. Le nez est superbe.

Philippe arrive avec une valise comportant une dizaine de vins. Ce n’est pas raisonnable. Nous choisissons sur ses conseils, une demi-bouteille de Graves Supérieures blanc 1919, le Château Le Jura 1913 bien sûr, et une bouteille que Philippe suggère d’un Tursan, vin blanc du sud-ouest des années 50. Cela fait un programme raisonnable. Le fait que Matthieu, sommelier du Pages connaisse ce vin m’impressionne, car je n’en ai jamais entendu parler.

Je mets un temps infini à ouvrir le vin de 1913 qui résiste à toutes les tentatives. La raison est simple, il y a une très forte surépaisseur dans le goulot qui empêche de lever. Il faut cureter, briser le bouchon en mille morceaux. Le parfum du vin me plait. Le vin devrait être bon.

Le bouchon du Graves 1919 vient facilement et entier. Le nez est très engageant et on peut supposer que le vin n’est pas sec, mais que la douceur est très atténuée. Le Tursan n’a pas d’étiquette, sa couleur à travers le verre est d’un citron légèrement ambré mais à peine. Le bouchon vient en se brisant. Le nez est très neutre.

J’avais conçu avec Ken, le chef du Pages sous l’autorité du chef Teshi, le menu du déjeuner sans savoir exactement le programme des vins. Il n’est pas nécessaire de le changer. Ce sera :  »Otsumami » velouté de céleri-rave, amandes / tartare de bœuf et anchois / tartelette au sablé parmesan et panais // carpaccio de bar de ligne de Noirmoutier, coques d’Utah Beach / Ormeau sur un risotto de riz gluant / cabillaud confit, sauce au Nuits Saint-Georges Cave de la Reine Pédauque 1949 / pigeon de Vendée, raisins, jus de volaille réduit / dégustation de bœuf, Normande 5 semaines, Charolaise 9 semaines, Wagyu Ozaki 5 semaines / meringue tropicale / galettes des rois de Yuki.

Le Graves Supérieures 1919 est d’une bouteille qui est plutôt de 50 cl que de 37,5. Il n’y a aucune indication de vigneron ou de négoce. Ce doit être une étiquette passepartout de caviste, très jolie. Le vin est d’une belle couleur claire. Le nez est très droit et franc. En bouche le vin est très agréable, doucereux peut-être mais qui est devenu sec. Il est gastronomique et se plait bien avec les amuse-bouche dont le beau tartare à l’anchois discret mais incisif. Une telle vivacité pour un vin de cent ans en petit format est la preuve de la solidité des vins.

Le Tursan blanc années 50 vient de la cave coopérative de Tursan, mais le centre de la capsule comporte la mention ‘Beaune’. Le vin est très sec, trop sec et trop simple. Il peut se boire, mais sans dégager d’émotion. Nous avons suffisamment de vins et nous pouvons nous consacrer aux autres.

Le carpaccio de bar est superbe et les coques sont extrêmement puissantes. On pourrait en mettre un peu moins. Le 1919 convient parfaitement à ce plat. Pour l’ormeau absolument parfait, le bordeaux, Château Le Jura Saint-Emilion 1913, est idéal. Il trouve sur ce plat une belle énergie. La couleur du vin ne porte aucun signe d’âge. Il a tout d’un saint-émilion fait de truffe et de charbon. Il se comporte beaucoup mieux que ce qu’on pouvait attendre de 1913 qui ne fait pas partie des grandes années. Il est velouté et séduisant, confortable et à la longueur infinie.

Le pigeon est délicieux et peut cohabiter avec les deux rouges, le saint-émilion et le Bourgogne Jacques Bouchard & Cie années 40. Le vin a lui aussi une couleur sang de pigeon, sans signe d’âge. Son nez est riche et noble, très complexe. En bouche, il a tout d’un grand cru tant il combine puissance et des complexités rares. La première idée qui me vient spontanément est Echézeaux. Il en a la grandeur. Mais si l’on me disait que c’est un Musigny, je ne contredirais pas. En tout cas, il est de la Côte des Nuits. Il est d’un équilibre rare, d’une grande pureté sans défaut et d’une belle longueur. C’est le prototype des vins réussis des années 40, peut-être 1943 ou 1945 (?).

Il a l’énergie suffisante pour accompagner les trois bœufs goûteux et intenses, tous de belle personnalité, le Wagyu beaucoup plus gras et de belle tenue.

Le prédessert est d’une rare fraîcheur. Il est magnifique. Lorsque j’ai échafaudé le menu avec toute l’équipe, on m’a largement forcé la main pour que je demande la galette des rois pour deux, car c’est le dessert fait par la charmante et talentueuse pâtissière Yuki, au très beau design, qui s’impose. On ne refuse pas. La fève est un éléphant bleu. Elle est comme par hasard arrivée dans ma moitié de galette. Le Graves Supérieures 1919 s’est très bien comporté avec le beau dessert. J’ai refusé de porter la couronne prévue pour les rois. C’est mon côté sans-culotte.

Le classement n’est pas difficile à faire : 1 – Bourgogne Jacques Bouchard années 40, 2 – Graves Supérieures 1919, 3 – Château Le Jura 1913, 4 – Tursan blanc années 50. Les trois premiers se sont comportés remarquablement.

La cuisine du restaurant est parfaite. Je n’ai pas osé prendre les grains de raisins qui accompagnaient le pigeon pour préserver la continuité gustative de la chair exquise avec le vin de 106 ans.

C’est agréable de déjeuner avec un amoureux des vins anciens, car on peut oser choisir des bouteilles à risque et s’apercevoir de la capacité de vins qui ont plus de cent ans de se montrer fringants. Le vin est beaucoup plus solide dans le temps que ce qui se dit depuis des décennies, bien loin de la réalité. Comme nous avons bu trois bouteilles de Philippe pour une de ma part, je lui ai offert le Loupiac 1943 que bien sûr nous boirons ensemble.

Voilà un beau déjeuner.


les vins que j’avais préparés

les galettes des rois de Yuki et celle avec la fève

33ème séance de l’académie des vins anciens mardi, 3 décembre 2019

La 33ème séance de l’académie des vins anciens se tient au restaurant Macéo. J’arrive vers 16 heures au restaurant pour ouvrir les vins. Je serai progressivement rejoint par quelques fidèles qui m’ont aidé pour peut-être un cinquième des vins. Il y a une proportion assez incroyable de vins dont le bouchon se brise en dizaines de morceaux. Est-ce lié à des conditions atmosphériques locales, je ne sais pas mais je suis de plus en plus étonné de voir une convergence dans le comportement des bouchons. Comme toujours les parfums sont variables et ne sont pas forcément liés à la réputation ou à la noblesse des vins. Ainsi un Pommard Epenots 1952 et un vin d’Algérie 1930 me sont apparus comme de petites merveilles olfactives.

Ouvrir les vins donne soif aussi avons-nous ouvert le Champagne Lebrun de Neuville Brut sans année prévu pour l’apéritif sans attendre l’arrivée des convives. Un dosage un peu fort et torréfié empêche de profiter de ce champagne. Nous ouvrons ensuite le Champagne Lebrun de Neuville millésimé 2003 plus accessible mais aussi gêné par son dosage.

Les académiciens arrivent et sont tous à l’heure. Nous sommes 29 et nous allons nous partager une soixantaine de vins, ce qui est au-dessus des normes de l’académie. Nous serons répartis en trois tables et voici le programme de la soirée :

Apéritif : Champagne Lebrun de Neuville Brut sans année, Champagne Lebrun de Neuville 2003, Champagne Delamotte Blanc de Blancs sans année, Champagne Legras & Haas Blanc de Blancs Jéroboam 1992.

Vins du groupe 1 : Champagne Moët & Chandon Brut Impérial 1986, Champagne Cristal Roederer 1959 , Chablis 1er cru Pierre Léger 1921, Kebir-Rosé Frédéric Lung Algérie 1940, Château Soutard 1/2 bt 1976, Château Pontet Canet 1929, Gevrey-Chambertin Lavaux Saint-Jacques A. Seguin & Fils 1976, Pommard Epenots Les Vins fins de Goutagny 1952, Volnay A. Noirot-Carrière 1961, Bonnes-Mares Lionel J. Bruck 1966, La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1965, Barolo Nebbiolo 1900, Domaine de la Trappe Vin rouge d’Algérie (vidange) (don) 1920, Chateau du Vieux Moulin Loupiac 1955, Château Climens 1957, Rhum Naura (années 70).

Vins du groupe 2 : Coteaux Champenois Pol Roger sans année vers 1980, Vouvray sec Domaine Clovis lefèvre 1961, Riesling Sommerberg Grand Cru Domaine Boxler 1986, Riesling Sommerberg Grand Cru Domaine Boxler 1983, Château Soutard 1/2 bt 1976, Château Bel-Air Marquis d’Aligre 1970, Cos d’Estournel 1970, Château Franc Patarabet J.P. Barraud Saint-Emilion 1961 , Château Bouscaut Graves rouge Comte de Rivaud et V. Place 1926, Chambertin Paul Bouchard & Co vers 1925, Chateauneuf du Pape Clos du Grand Père Raoul Ginoux 1962, Champagne Lebrun de Neuville 1/2 sec 1991, Vouvray Moelleux Maurice Audebert 1921, Château d’Yquem 1966, Rhum Naura (années 70).

Vins du groupe 3 : Champagne Heidsieck Monopole Blue Top Brut # 30 ans, Muscadet Sèvres et Maine Château de la Galissonière (des années 1955 ou 59) , Puligny Montrachet Clos de la Pucelle domaine Denoune-Naudin 1961, Gewurztraminer Clos des Capucines Domaine Weinbach Théo Faller 1989, Château Soutard 1/2 bt 1976, Château Palmer 1974, Château Lestage Listrac Médoc 1967, Chateau Lestage Darquier Moulis 1955, Morey (?) Les Sorbets de négoce probable 1959, Châteauneuf-du-Pape M. Chapoutier 1956, Vin d’Algérie F. Lung 1920 (vidange) (don) , Sénéclauze rouge vin d’Algérie 1930, Château Rayne-Vigneau 1947, Muscat du Domaine de la Trappe Algérie années 50 (don), Rhum Naura (années 70).

Nous commençons l’apéritif avec le Champagne Legras & Haas Blanc de Blancs Jéroboam 1992. Il est incroyablement floral, de fleurs blanches, combinant délicatesse, fragilité et énergie, ce qui est paradoxal, avec une longueur extrême. C’est un magnifique champagne tout en grâce subtile.

Le Champagne Delamotte Blanc de Blancs magnum sans année est servi quand nous sommes assis. Comme le précédent il est blanc de blancs. Il a plus de vivacité mais il a moins d’énigme que le 1992 qui est beaucoup plus séducteur. Le Delamotte est un solide champagne mais plus consensuel.

Le menu préparé par le restaurant est : bœuf Angus maturé aux épices, huile de pistaches & pickles d’échalotes / poêlée de champignons à la provençale / joue de bœuf braisée, légumes blanquette / trio de fromages affinés par la maison Bordier / tarte tiède aux pommes, glace caramel.

Il n’y aura pas de construction d’accords mets et vins tant il y a de vins différents, mais la cuisine s’est montrée d’une qualité idéale pour les vins, par la lisibilité évidente des recettes.

Etant dans le groupe 1, voici quelques bribes de ce que j’ai ressenti.

Le Champagne Moët & Chandon Brut Impérial 1986 est très solide et cohérent, mais je ne retrouve pas ce qui fait le charme habituel des « brut Impérial », souvent exceptionnels. Il est bon, sa couleur d’or blond est belle, mais il manque de tempo.

Le Champagne Cristal Roederer 1959 d’un niveau assez bas et d’une couleur assez sombre avait fait peur à l’ami qui l’a apporté. Mais quand on fait abstraction de la couleur sombre et peu engageante, on s’aperçoit que ce champagne a une bulle plus active que celle du 1986 et qu’il offre en milieu de bouche un fruit rouge d’une rare persuasion. Et j’adore ce soldat blessé car il m’émeut.

Le Chablis 1er cru Pierre Léger 1921 étant un de mes apports, qu’on n’attende pas de moi de l’objectivité. En cave, j’avais vu à travers la bouteille poussiéreuse une belle couleur de vin. Dans le verre cette couleur est magnifique de jeunesse et le vin est extrêmement vivant, vif et joyeux. Je l’adore.

Mais le Kebir-Rosé Frédéric Lung Algérie 1940 est lui aussi d’une incroyable séduction. Tous les repères sur les vins rosés tombent car il est dense riche et il a ce soupçon de café qui est la signature des vins algériens. Lequel aimer des deux, je ne sais pas, le Chablis est délicieusement féminin et le Kebir est le mâle dominant. Aimons donc les deux.

J’ai mis à chaque table une demi-bouteille de Château Soutard Saint-Emilion 1976. A l’ouverture, les parfums n’étaient pas éblouissants. Sur table notre Soutard est plutôt sympathique avec une belle mâche, sans que l’on tombe en extase.

Le Château Pontet Canet 1929 avait une capsule neutre qui pourrait donner des doutes, mais le bouchon levait ces doutes sans ambiguïté. Le vin est tout simplement sublime car il a la puissance glorieuse des vins de 1929 qui n’amoindrit pas la subtilité du vin. On a là l’expression la plus aboutie du grand vin de Bordeaux.

Le Gevrey-Chambertin Lavaux Saint-Jacques A. Seguin & Fils 1976 est assez agréable mais je l’ai peu mémorisé, car je n’ai pas pris de notes en cours de repas.

Le Pommard Epenots Les Vins fins de Goutagny 1952 avait un superbe parfum à l’ouverture et montre une grâce extrême. J’aime ces vins qui sont tout en suggestion.

Le Volnay A. Noirot-Carrière 1961 est plus riche que ce que je pouvais m’imaginer. On m’apporte tant de vins des autres tables que je perds assez vite le fil de certains vins.

Le Bonnes-Mares Lionel J. Bruck 1966 est carré et bien construit mais je ne retrouve pas la vibration habituelle des Bonnes-Mares.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1965 est un grand vin, mais l’ami qui l’a apporté fera la même constatation que moi, ce vin fort agréable n’a pas l’émotion habituelle des vins du domaine. Il est cohérent mais sans souffle.

Le Barolo Nebbiolo 1900 provient d’une bouteille qui est très ancienne et se situerait plutôt vers les années 1850, et l’étiquette d’écolier où le nom est marqué est aussi d’un usage de la moitié du 19ème siècle plutôt que de 1900. Le nez est pur, mais on ne peut pas le situer. La couleur du vin est d’un rose pâle ce qui est inattendu, et en bouche ce vin fort me fait plus penser à un blanc qu’à un rouge. Il est indéfinissable mais il a beaucoup d’intérêt car c’est une énigme. On a le même dépaysement qu’avec le Kebir-Rosé 1940.

Le Domaine de la Trappe Vin rouge d’Algérie 1920 avait un niveau extrêmement bas qui laissait prévoir une mort assumée, mais en fait ce vin qui m’a été offert par un amateur généreux non présent se montre beaucoup plus sociable, avec la solidité des bons vins algériens.

Le Château du Vieux Moulin Loupiac 1955 a une belle couleur dorée et il est d’une richesse rare. Il pourrait jouer dans la cour des grands tant il a d’énergie.

Le Château Climens 1957 est évidemment d’une plus belle lignée, mais comme ce Climens joue un peu en sourdine, le Loupiac est plus souriant. On reconnaît la subtilité du Haut-Barsac, même si elle ne s’exprime pas totalement.

Un académicien est distillateur de quetsches et a apporté deux petites fioles à goûter entre nous alors que j’avais prévu un rhum. Qu’à cela ne tienne, j’ai essayé cet alcool fort et ce qui m’a frappé, c’est qu’on ne sent pas du tout la force alcoolique tant cette eau de vie a de fraîcheur.

Le Rhum Naura (années 70) a accompagné des chocolats apportés par des amis.

Au-delà de mon programme, celui du groupe 1, on m’a apporté généreusement des verres des vins des autres tables.

Le Château Bouscaut Graves rouge Comte de Rivaud et V. Place 1926 est une splendeur d’accomplissement.

Le Chambertin Philippe Bouchard & Co vers 1925 est d’une jeunesse extrême et d’un rare équilibre.

Le Château d’Yquem 1966 est glorieux, archétype de l’Yquem accompli, dont l’apporteur savait que je l’adore.

Le Château Palmer 1974 est une belle surprise pour un vin de cette année.

Le Châteauneuf-du-Pape M. Chapoutier 1956 est d’un équilibre insolent.

Le Sénéclauze rouge vin d’Algérie 1930 pourrait être un vainqueur de la soirée tant son parfum est marqué par le sel, comme sa bouche.

Le Château Rayne-Vigneau 1947 est riche et éblouissant.

Le Muscat du Domaine de la Trappe Algérie années 50 est un palais des mille et une nuits, d’un charme sans équivalent.

La variété des vins est extrême. Chaque table a eu un programme très riche. Ce qui compte le plus c’est l’atmosphère de cette académie marquée par la générosité et par l’envie de tous d’explorer le monde fascinant des vins anciens. Ce fut sans nul doute l’une des plus belles séances de l’académie des vins anciens.

33ème séance – Académie des Vins Anciens – préparation, apéritif et repas jeudi, 28 novembre 2019

Académie des Vins Anciens – 28 novembre 2019

La préparation des groupes dans ma cave

Les champagnes d’apéritif

Champagne Lebrun de Neuville Brut sans année

Champagne Lebrun de Neuville 2003

Champagne Delamotte Blanc de Blancs sans année

Champagne Legras & Haas Blanc de Blancs Jéroboam 1991 (la date de 1992 est celle de la mise en cave)

L’alcool final Rhum Naura (années 70)

tous les vins rangés sur le comptoir du restaurant Macéo

les résultats de l’ouverture

repas

avec mon ami Jude, l’apporteur du Pontet-Canet 1929

très jolie photo (ci-dessous) prise par Jude

33ème Académie des Vins Anciens – vins du groupe 1 jeudi, 28 novembre 2019

33ème Académie des Vins Anciens – vins du groupe 1

(le Pontet Canet 1929 n’était pas présent au moment de la photo)

Champagne Moët & Chandon Brut Impérial 1986

Champagne Cristal Roederer 1959

Chablis 1er cru Pierre Léger 1921

Kebir-Rosé Frédéric Lung Algérie 1940

Château Soutard Saint-Emilion 1/2 bt 1976

Château Pontet Canet 1929

Gevrey-Chambertin Lavaux Saint-Jacques A. Seguin & Fils 1976

Pommard Epenots Les Vins fins de Goutagny 1952

Volnay A. Noirot-Carrière 1961

Bonnes-Mares Lionel J. Bruck 1966

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1965

Barolo Nebbiolo 1900

Domaine de la Trappe Vin rouge d’Algérie (vidange) (don) 1920

Chateau du Vieux Moulin Loupiac 1955

Château Climens 1957

Rhum Naura (années 70)

33ème Académie des Vins Anciens – vins du groupe 2 jeudi, 28 novembre 2019

33ème Académie des Vins Anciens – vins du groupe 2

Coteaux Champenois Blanc de Blanc Pol Roger sans année vers 1980

Vouvray sec Domaine Clovis lefèvre 1961

Riesling Sommerberg Grand Cru Domaine Boxler 1986

Riesling Sommerberg Grand Cru Domaine Boxler 1983

Château Soutard Saint-Emilion 1/2 bt 1976

Château Bel-Air Marquis d’Aligre 1970

Cos d’Estournel 1970

Château Franc Patarabet J.P. Barraud Saint-Emilion 1961

Château Bouscaut Graves rouge Comte de Rivaud et V. Place 1926

Chambertin Philippe Bouchard & Co vers 1925

Chateauneuf du Pape Clos du Grand Père Raoul Ginoux 1962

Champagne Lebrun de Neuville 1/2 sec 1991

Vouvray Moelleux Maurice Audebert 1921

Château d’Yquem 1966

Rhum Naura (années 70)

33ème Académie des Vins Anciens – vins du groupe 3 jeudi, 28 novembre 2019

33ème Académie des Vins Anciens – vins du groupe 3

Champagne Heidsieck Monopole Blue Top Brut # 30 ans

Muscadet Sèvres et Maine Château de la Galissonière (des années 1955 ou 59)

Puligny Montrachet Clos de la Pucelle domaine Denoune-Naudin 1961

Gewurztraminer Clos des Capucines Domaine Weinbach Théo Faller 1989

Château Soutard Saint-Emilion 1/2 bt 1976

Château Palmer Margaux 1974

Château Lestage Listrac Médoc 1967

Chateau Lestage Darquier Moulis 1955

Morey (?) Les Sorbets négoce Chevillot probable 1959

Châteauneuf-du-Pape M. Chapoutier 1956

Vin d’Algérie F. Lung 1920 (vidange) (don)

Sénéclauze rouge vin d’Algérie 1930

Château Rayne-Vigneau 1947

Muscat du Domaine de la Trappe Algérie années 50 (don)

Rhum Naura (années 70)

Règles pour la 33ème séance de l’académie des vins anciens du 28 novembre 2019 lundi, 18 novembre 2019

Règles pour la 33ème séance de l’académie des vins anciens du 28 novembre 2019

Pour participer à une séance il faut suivre le cheminement habituel :

–    Proposer un vin ancien et fournir tout élément sur le vin proposé (on peut venir sans vin en payant une contribution différente)

–    Obtenir mon agrément pour la ou les bouteilles proposées

–   Payer sa participation dans les délais prévus

–    Livrer sa ou ses bouteilles dans l’un des endroits possibles et dans les délais prévus

–    Venir à la réunion le jour prévu et à l’heure prévue.

Données pratiques :

–    Proposer une bouteille avant le 1er octobre selon les nouvelles règles (voir plus loin)

–    Livrer sa bouteille entre le 15 octobre et le 1er novembre

–    soit livrer sa bouteille au siège du champagne Henriot (65 Rue d’Anjou 75008 Paris). Appeler avant. Notre contact sur place est Madame Mathilde Jauneau : mjauneau@mdhenriot.com  – téléphone : 01 47 42 18 06

.–    soit expédier sa bouteille à l’adresse : François Audouze Société ACIPAR, 44 rue André Sakharov 93140 BONDY.

–    Payer sa participation avant le 15 octobre par chèque à l’ordre de « François Audouze AVA » à adresser à François Audouze société ACIPAR 44 rue Andrei Sakharov 93140 BONDY, ou effectuer un virement (Nom François Audouze AVA IBAN : FR7630003030000005024474342) qui est de : 150 € si on apporte un vin agréé ou 260 € si on vient sans vin.

–    Le lieu de la réunion est : RESTAURANT MACEO 15 r Petits Champs 75001 PARIS

–    Heure de la réunion : 19h30

Merci de lire très attentivement et de respecter strictement ce qui est indiqué. Pour les photos des vins, se reporter aux règles de la 26ème édition :

https://www.academiedesvinsanciens.org/academie-des-vins-anciens-26eme-seance-du-19-mai-2016/

Vins agréés (nouveau et impératif)

Les critères d’âge seront plus stricts que lors des séances précédentes :

  • Champagnes d’apéritif : pas de règles. Seront des cadeaux des académiciens qui veulent en apporter, au-delà de leur apport
  • Champagnes : avant 1997
  • Vins blancs : avant 1991
  • Vins rouges et liquoreux : avant 1972

Ceux qui ne peuvent proposer des vins dans ces limites d’âge seront considérés comme sans apport, même s’ils apportent des champagnes d’apéritif.

Recommandations supplémentaires :

– ne pas mettre de chèque dans le colis qui comporte votre vin. Les chèques doivent être envoyés à part.

– ne pas coller quoi que ce soit sur la bouteille. Tout ce qui est collé est difficile à enlever.

Remarque générale importante :

L’expérience des 32 séances précédentes est que je suis obligé de gérer beaucoup trop de cas particuliers au dernier moment. Pour une fois, on va essayer de ne pas subir jusqu’au dernier moment les impondérables. Les dates limites incontournables sont :

– 1er octobre pour l’annonce des vins,

– 15 octobre pour le paiement et

– 1er novembre pour la livraison des vins.

Tout le monde peut être à jour s’il le veut. Tout retard entraînera la non-inscription.

La 32ème séance a été un succès complet. Il faut que la 33ème le soit aussi.

compte-rendu de la 32ème séance de l’académie des vins anciens samedi, 20 juillet 2019

compte-rendu de la 32ème séance de l’académie des vins anciens

Un des académiciens, Xavier Lacombe, a fait un compte-rendu de la 32ème séance de l’académie des vins anciens du 16 mai 2019.

https://www.xl-vins.fr/academie-des-vins-anciens-edition32/

A lire en français et en anglais.

C’est intéressant parce que Xavier donne une perspective qui s’ajoute à celle de mon compte-rendu. Félicitations.

32nd session of the Academy of Ancient Wines samedi, 18 mai 2019

The 32nd session of the Academy of Ancient Wines is held at the Macéo restaurant. We are 31 announced but a late defection has brought our group to 30 guests, seven of whom are students of the school Cordon Bleu to whom I proposed to come after my conference-tasting done a few weeks ago in their premises. We are divided into three tables of which here are the wines, preceded by the wines of the aperitif.

Aperitif wines: Champagne Cuvée Brut Taittinger Jeroboam 70’s / 80’s – Champagne Colin Cuvée Castile Blanc de Blancs 90’s magnum – Champagne Pâques Gaumont Brut Imperial 80’s (2 bottles).

Group 1 wines: Château Carbonnieux white 1980 – Chateau Bouscaut white 1927 – Kebir Imperial white Frédéric Lung 30s – Arbois Fruitière Vinicole d’Arbois 1961 – Château Palmer 1975 – Chateau de l’Enclos Pomerol 1976 – Côtes de Beaune Bouchard Ainé et fils 1923 – Flory Old red wine 1953 – Red Algerian wine of the 40s / 50s (Médea) – F. Sénéclauze Wine Red Algeria presumed 1939 – Langoiran 1943 – Muscat de la Trappe Liqueur wine Presumed Algiers of the 50s – Tokaji Aszu Eszencia 1988 – Marc Blanc of the Domaine d’Ott 1929 (common to all three tables).

Group 2 wines: Champagne Mumm cordon rouge magnum 1960s – Pouilly Fuissé Julien Damoy 1947 – Kebir Imperial F. Lung white 40s – Moulin Haut Laroque Côtes de Fronsac 1964 – Cos d’Estournel 1960 – Chateau Cabrières, Châteauneuf-du-Pape 1971 – Minuto Riserva Special, Barolo 1964 – Barolo Marchesi Barolo 1961 – Royal Kebir Frederick Lung 1940 – Vouvray Clovis Lefèvre Great Year 1959 – Ste Croix-du-Mont GM Dumons & Co. 1943 – Tokaji Aszu Eszencia 1988 – Marc Blanc Ott Estate 1929 (common to all three tables).

Group 3 wines: Château Bouscaut white 1986 – Château de Fonsalette white 1990 – Châteauneuf-du-Pape white Mont-Redon 1970 – Chateau Saint Pierre Saint Julien 1970 – Chateau Destieux 1949 – Saint-Amour supposed 1947 – Royal Kebir Frédéric Lung red 1947 – Algerian wine (red / rosé?) La Trappe Algiers 1962 – Vouvray Clovis Lefèvre Great year 1959 – Château Pernaud Haut Barsac 1929 – Tokaji Aszu Eszencia 1988 – Marc Blanc of the Domaine d’Ott 1929 (common to all three tables).

Some remarks should be noted on the wines present. A few months ago, a descendant of Frédéric Lung contacted me. He is getting married soon, and he wants to be able to buy Frédéric Lung’s wines for his wedding. He went on the internet and looking for Frédéric Lung, invariably falls on my name. I told him that I do not sell these wines that I love because they are intended to be shared with amateurs. It turns out that neither he nor his mother drank wine from his family. I then told him: If you join the academy with your mother, she will be my guest. He registered and kept the secret to his mother until their arrival. The presence of descendants of a winemaker that I appreciate is a privilege so I asked other registered academicians to bring Algerian wines if they have them. This evening out of the 46 wines to share, there will be 8 wines from Algeria, including 4 from Frédéric Lung. Shortly after this announcement, a late registered academician told me, « You drank a lot of Frederic Lung’s wines, but I see you’ve never drunk Frédéric Lung’s White Imperial Kebir, so I bring one « . I like his generosity, but I also like the challenges so I brought also an Imperial White Kebir Frédéric Lung.

The day of the session, I’m at the restaurant at 4pm to open all the wines that had been grouped in my cellar. I am soon joined by four friends who help me open the wines, which is usually an opportunity to open other bottles for the openers, who will later be assigned to the different tables. There was a very large number of plugs that were sticking to the walls, forcing me to use a bimetallic strip coupled with a corkscrew, which more easily takes off the plugs. Is this recrudescence of glued corks linked to hygrometry and atmospheric pressure conditions, I do not know, but this is not the first time that we find corking behaviors oriented in the same direction for a large number of wines, either glued or, on the contrary, tending to fall into the bottle. The odors of the wines are generally very promising because the levels of the wines are most often perfect. The quality of the contributions is certain.

It is with a champagne Charles Heidsieck rosé 1981 that I am doped to open the wines. Brought by a faithful friend, it is a lively, energetic champagne that makes you optimistic. It would be hard to give an age to this beautiful round rosé, beautiful acidity. Another friend has taken out of his musette four off-program wines for the openers and who will then be assigned to the tables. I touched them only after having finished the openings. Tired, my attention for them was weak but I still felt that each of these wines is of interest.

The Château Magence Graves Dry Guillot de Suduiraut 1959 has a beautiful presence, young and flawless.

The Bourgogne Aligoté A. Noirot-Carrière 1962 is simple but also of good quality.

The unknown Bonnezeaux, end of the 50’s which has no indication on the bottle is slightly cloudy but I love a soft side and especially the fact that it is an enigma.

The Château La Vieille France Graves Superior bottled by Calvet 1962 is dry and lively, nice to wait for the guests of the 32nd session of the academy. At the Macéo restaurant, we opened about fifty bottles, we tasted with friends arrived early wines that support the morale of the openers. We are ready to welcome the thirty participants of the 32nd session of the Academy of Ancient Wines.

An hour before they arrive, I wanted to open the Champagne Cuvée Brut Taittinger Jeroboam 80s for a little air. The cork is very curled in its lower part and the smell is putrid, animal. Will he reconstitute himself? I’m pretty scared. It is appropriate that as an aperitif we start with the other champagnes.

Champagne Colin Cuvée Castille Blanc de Blancs magnum from the 90ies is very pleasant, relatively young and lively, which benefits from the delicious gougères served lukewarm, which is perfect for champagne. We are in a good mood.

Champagne Pâques Gaumont Brut Imperial 80s is served in two bottles. He has a happy maturity. It is more built and full than the Blanc de Blancs.

I warned everyone of the risk of difficulty of Champagne Cuvée Brut Taittinger Jeroboam 80s. I taste it and I feel that the perfume has become much more sociable. The color is dark, the bubble is non-existent and the sparkling is almost insensitive. Around me many friends like its originality but for me this wine is tired, even if it still expresses many complexities.

We go to the table and as usual, I give a welcome speech which, for once, will have no criticism as I am happy with the punctuality in the preparatory phases to the academy and the quality of the wines brought . I point out two facts that are important to me, the presence of seven students Cordon Bleu, all nationalities, and descendants of the family of Frédéric Lung, the largest winemaker Algerian, who for the first time will drink wines of their ancestor.

The menu composed by the restaurant is: mousseline of peas, chorizo and onions new / terrine of poultry way Macéo / shoulder of lamb confit, light cream of garlic and potatoes granailles / cheese of the restaurant and cheese of the participants / shortbread breton with buckwheat, smooth cream with salted butter caramel and cider sorbet.

Here are the wines we have at table 1, knowing that several other wines will be brought generously by their contributors. Château Carbonnieux white 1980 is incredibly clear for a wine that is 39 years old. It is fresh like a roach, precise, generous, of beautiful acidity.

The Château Bouscaut white 1927 amazes all those who have not had the opportunity to drink old wines. How is it possible for a 92 years old wine to have this beautiful precision? It is very assembled, consistent and lively, of good length. It has no age and would be younger than many dry white wines from Bordeaux.

The white Imperial Kebir Frédéric Lung 30s is rich, thick and you can smell notes of coffee, just melted. Florence Lung is moved to see that a white wine of her great-uncle can be so brilliant. I had also included a Frédéric Lung White Imperial Kebir 40ies at table 2, but we were lucky to be able to taste it. He is transcendental. It is so much richer than the other that it is incredible because everything is assembled to perfection and there is a fat that the first drunk has not. This fat irresistibly evokes a Montrachet, and if there was not the small trace of coffee, one could, mistakenly, blindly name a Montrachet. I think it’s one of the greatest white wines I’ve ever had, because it gave me a unique emotional flash.

L’Arbois Fruitière Vinicole d’Arbois 1961 is a superb Jura wine, with great richness and energy. What a pity he comes after the Lung, because he is brilliant but in the shadow of the Lung.

Château Palmer 1975 opens the road of reds in a very beautiful way. It is so rich and concentrated that it looks like truffle. It has grain and a truffle chews. He is 44 but he is a young warrior. There too certainties fall. A wine of 44 years also conquering, it should not exist.

The Château de l’Enclos Pomerol 1976 is a little shy after the Palmer, but he settles and is feminine when the Palmer is masculine to the highest degree.

The big shock arrives. The Côtes de Beaune Bouchard Ainé and son 1923 is a heavy velvet curtain that is thrown in my face. I am assailed with velvet. But I am also fondled, because this wine is extremely subtle. Everything is suggested, delicate and subtle, on a pile of velvet. Its length is extreme. We are here in what is « my » world of wine because for me, it is before 1930 that are located the « real » wines. It is a provocation of course to say that, and an approximation, but this 1923 is totally exceptional. This wine of a friend is for me the ideal of the academy.

The Flory Old Red Wine 1953 is a wine unknown to everyone, even the one who brought it. It comes from the Eastern Pyrenees and gives the impression of having a certain alcoholic strength. It is a simple wine, consistent because of its alcohol, and very pleasant to drink if one accepts its simplicity. He is happy.

The red Algerian wine of the 40/50 (Medea) has the characteristics of Algerian wines, solidity and coffee, but it speaks to me less than the F. Sénéclauze Wine Red end of Algeria presumed 1939 which may have less of complexity than Lung wines, but has a charm that I adore.

I had supplied in group 3 a Royal Kébir Frédéric Lung red 1947 and friends bring me a glass and for Florence Lung too. I miss fainting so much this wine is big. It is the perfect Algerian wine, rich, barely and subtly roasted, with evocations of coffee all in subtlety. This wine is a love.

The Langoiran wines are the first Côtes of Bordeaux that I like, because we never expect them to be as good a level of complexity. This Langoiran 1943 is pleasant, nicely sweet, but perhaps too discreet.

The Muscat de la Trappe Vin de Liqueur Alger presumed 50ies is amazing, because it is rich, enigmatic, playing on unknown registers. He is very pleasant.

I am brought a wine that I provided at table 3, a Château Pernaud Haut Barsac 1929. Incredible. I would be quoted for this wine the most famous names of Sauternes, I would not deny any. This wine is huge. He has an incredible fat and the year 1929 makes it sublime. This is the absolute perfection of Sauternes.

From another table I tasted a Minuto Riserva Speciale, Barolo 1964 which I enjoyed the freshness almost minty freshness, the Royal Kebir Frédéric Lung 1940 red that some preferred to 1947 which is not my case, because this exciting 1940 does not have the same liveliness as the 1947.

I was also given the Château de Fonsalette Blanc 1990 which is superb of youth and nobility but is a little young for the academy.

The Saint-Amour supposed 1947 is a noble Beaujolais. There is so much wealth in these ancient Beaujolais complexities that are so often forgotten.

My friends make fun of me, because each table has a Tokaji Aszu Eszencia 1988 and it’s the third or fourth time I’ve included it for each table in the sessions. They imagine that I have some dumpers that I would like to get rid of. They would do better to congratulate me because this Tokaji with the gracious wealth is penetrating while being subtle. He is particularly accomplished despite his young age.

The Marc Blanc of Domaine d’Ott 1929 ultra virile, limpid as water, concludes this dinner.

What to remember? This dinner calls into question all notions of age. « Age does not exist ». The received ideas fall and young people from all countries who will work in the world of wine and gastronomy, already challenged during my tasting at Le Cordon Bleu will no longer consider the wines in the same way. The academy changes the vision of wine.

In this dinner I felt some wines as being of the highest possible level of taste: 1 – Kebir Imperial white Frédéric Lung years 40, 2 – Château Pernaud Haut Barsac 1929, 3 – Côtes de Beaune Bouchard Ainé and son 1923, 4 – Royal Kebir Frédéric Lung red 1947.

If I put 1947 in fourth position, it’s because I know it by heart, having drunk it nine times. We can say that these four wines all deserve to be first.

Other wines of course were very brilliant like the Palmer 1975, the Arbois 1961, the Barolo 1964 and many others, but the four mentioned are transcendent. One of these four wines alone would justify the meeting that we lived.

The restaurant’s cuisine is of high quality, the dishes being readable and accompanied by good wines. The wine service has been smartly managed and Beatrice, who is helping me with the preparation of the event, has once again shown how essential she is to the success of this event.

The friendly atmosphere and the joie de vivre of everyone made this meeting one of the most successful and happy we have ever known.

(pictures of all the bottles can be seen in the articles below)