Archives de catégorie : billets et commentaires

Dîner au restaurant La Méthode avec des polytechniciens jeudi, 18 mai 2017

Chaque élève de chaque promotion de Polytechnique vient en haut de la montagne Sainte-Geneviève, au sein de l’ancienne école, recevoir son bicorne lors d’une cérémonie où le nouveau reçoit ce couvre-chef des mains d’un ancien. C’est la remise des bicornes et tous les élèves sont en grand uniforme. Il y a bien sûr des discours dont celui d’un grand ancien. J’ai eu le privilège il y a quelques années de faire ce discours devant deux promotions et l’encadrement de l’école.

Une tradition s’est greffée sur celle-ci, un dîner qui réunit les « missaires » de toutes les promotions, au restaurant La Méthode, juste en face de l’entrée de l’école. Les missaires (abréviation de commissaires) sont un petit groupe de moins de dix personnes qui sont en charge de l’organisation des chahuts. Toutes les plaisanteries les plus farfelues sont créées par eux, comme de murer le bureau du général, rite classique, mais aussi comme d’autres moins appréciées, qui m’ont valu avec mes camarades missaires de passer deux mois dans la prison de l’école, puisqu’elle a un statut militaire. Nous nous retrouvons donc à une quarantaine de missaires de plusieurs promotions différentes autour de tables mélangeant jeunes et vieux. La cuisine du lieu est simple mais très convenable. Il m’a suffi de sentir le vin choisi pour que j’estime plus prudent de boire de la bière. Le contact que l’on peut avoir avec des jeunes polytechniciens dégourdis et souriants, qui sont en train de créer leur avenir et peut-être notre avenir, est un bain de jouvence que j’apprécie.

Une belle Côte Rôtie jeudi, 18 mai 2017

J’ai l’occasion de boire une Côte Rôtie Terres Sombres Yves Cuilleron 2014. Le vin est jeune ce qui donne un grain un peu épais mais généreux. Il a la noblesse de la Côte Rôtie et j’ai ressenti de façon fugace la fraicheur mentholée que j’adore en ces vins. Mais ce fut fugace car voulant ressentir à nouveau cette fraîcheur que j’aime, elle n’est pas réapparue. C’est un grand vin qu’il faut impérativement garder au secret de sa cave au moins dix ans avant d’y goûter. Il a de l’avenir.

Réponse à l’énigme du bulletin 731 samedi, 6 mai 2017

Réponse à l’énigme du bulletin 731

J’ai reçu beaucoup de réponses à cette énigme, avec parfois une inventivité brillante, mais le plus souvent on a cherché à trouver 11, en oubliant pourquoi mon âge pourrait s’écrire 11, ce qui n’est pas la même chose.

Rappel de l’énoncé

Le 23 avril 2017 est une date importante, car c’est la date du premier tour des élections présidentielles françaises qui a permis de choisir parmi onze candidats les deux qui seront départagés au deuxième tour, le 7 mai 2017.

Le 23 avril 2017 est aussi la date de mon anniversaire et le chiffre onze, celui du nombre de candidats, est au centre de l’énigme. Connaissant mon âge (que l’on doit pouvoir trouver sur internet), pouvez-vous expliquer pour quelle raison je peux dire : « à partir du 23 avril 2017, et pour un an, mon âge s’écrit 11 » ?

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En mathématiques, lorsqu’on a trouvé une solution on doit toujours se poser la question : est-ce que ma solution répond au problème posé ? J’ai reçu un grand nombre de réponses proposant : 7 + 4 = 11. Le principal défaut de cette proposition est qu’il n’y a aucune raison que l’on écrive un âge avec la somme des deux chiffres qui le composent. De plus, cette réponse serait possible tous les ans, sans aucune spécificité pour 74 ans. Ainsi, quelqu’un de 45 ans pourrait dire « mon âge s’écrit 9 ». Ce n’est pas la solution. On pourrait de même dire que le bulletin 731 ne m’autorise pas à dire que le numéro du bulletin, comme mon âge, est 11. De même l’idée proposée par certains d’écrire 74 en base 73 ce qui donne 11 ne marche pas non plus car ce serait valable pour tous les âges, de prendre pour base l’âge moins un.

J’ai indiqué dans l’exposé de l’énigme qu’il faut avoir un esprit arithmétiquo-logique assez torturé pour composer cette énigme, ce qui veut dire qu’il ne faut pas rester sur le strict terrain arithmétique mais mêler aussi la logique.

Un indice pouvait mettre sur la voie. Je n’ai pas dit « mon âge est de onze ans » mais « mon âge s’écrit 11 ». C’est une piste qui permet d’envisager que je ne considère pas 11 comme un nombre mais plutôt comme un mot. Le nombre se dit onze, alors que le « mot » s’épèle un un.

La réponse à l’énigme découle du fait que 11 peut être aussi un mot et d’une propriété particulière liée au chiffre 37. Voici la réponse :

Je suis né le 23 avril 1943, j’ai 74 ans.

74, c’est deux fois 37.

Or 3 fois 37 est égal à 111. Mon âge est 2/3 de 111.

Considérons 111 comme un mot et non comme un chiffre.

111 s’écrit alors un, un, un.

Mon âge est deux tiers de 111 soit deux tiers de un, un, un.

Deux tiers de un, un, un, c’est un, un.

Donc mon âge s’écrit 11.

Pour trouver la réponse il fallait bien lire « mon âge s’écrit 11 » et chercher pourquoi l’âge s’écrit ainsi.

Les 100 plus grands restaurants du monde mercredi, 3 mai 2017

Voici le classement fait par « Elite Traveler » des cent meilleurs restaurants du monde.

http://www.elitetraveler.com/category/top-100-restaurants-in-the-world/2017-results

Je crois que j’ai pratiqué seulement 22 de ces restaurants. On se sent tout petit !

Mais ça donne envie de voyager, car le nombre de pays représentés dans cette liste est impressionnant.

les trois premiers :

L’énigme du bulletin 731 mardi, 25 avril 2017

Il arrive parfois que je propose une énigme dans un bulletin, avec des récompenses pour le plus rapide gagnant. Voici une nouvelle énigme pour ajouter un peu de piment à l’envoi des bulletins. Soyez rapide, l’enjeu le vaut !

Enigme du bulletin 731

Vous pouvez m’envoyer votre solution, en compétition avec tous ceux qui ont reçu directement  le bulletin 731 en étant dans la liste de diffusion.

Mais, par pitié, ne me répondez pas que 7 + 4 = 11 !!!

A vous de jouer

Nota : la photo n’est en aucun cas un indice. Le millésime finit par 11, c’est tout…

Mon frère est commandeur samedi, 1 avril 2017

Mon frère Jean vient d’être nommé commandeur dans l’ordre de la Légion d’Honneur. C’est le Premier Ministre lui-même qui a fait son éloge et l’a cravaté et bisé et de plus, cette cérémonie à l’Hôtel Matignon n’était que pour lui.

Lorsque nous étions gamins, il y avait une saine émulation pour savoir qui serait le meilleur. Mais là, mon frère a mis la barre si haut qu’aucune émulation n’est dorénavant possible. C’est comme si aujourd’hui on me demandait de sauter à la perche au-dessus de six mètres ou de courir le cent mètres en moins de dix secondes.

Il n’y a plus de challenge possible mais du respect surtout quand on entend de la bouche d’un Premier Ministre que la France est reconnaissante pour l’œuvre qu’il a accomplie. On pense alors aux parents et grands-parents qui auraient la larme à l’œil d’avoir un de leurs descendants couronné par la République.

Bravo Jean et respect.

David Rockefeller vient de s’éteindre mardi, 21 mars 2017

David Rockefeller vient de s’éteindre à l’âge de 101 ans. Je suis personnellement touché car je l’ai rencontré en 1962 et ce fut l’une des rencontres qui ont marqué ma vie.

Je faisais un stage d’été à la fin de la première année de l’Ecole Polytechnique à la Chase Manhattan Bank à New York.

J’étais au département de l’international, qui est chargé de la surveillance comptable des filiales à travers le monde. On m’avait donné à convertir les bilans présentés en devises locales en bilans exprimés en dollar. A l’époque il n’y avait pas de calculettes électroniques et on faisait les calculs dont les divisions, soit avec une calculatrice électrique qui mettait une demi-minute pour faire une division soit une table de logarithmes qui prenait aussi beaucoup de temps à la main.

 

Au vu de la pile de bilans qu’on m’avait confiés, j’en avais pour plus de trois semaines pour effectuer ce travail. Je me suis donc dit qu’il fallait que je fabrique des abaques suffisamment précises pour atteindre la précision demandée.

Je fabrique mes abaques, je me lance dans les calculs et en moins d’une semaine j’ai accompli le travail qui devait m’occuper près d’un mois.

Le chef de service se demande comment j’ai fait et vérifie au hasard les calculs pour voir si je ne m’étais pas trompé. Il ne trouve aucune erreur.

 

On me donne un autre travail et quelques jours plus tard dans l’immense bureau du service qui compte bien une centaine d’employés, je sens que l’on chuchote. La rumeur prend de l’ampleur : « François Audouze va être reçu par David Rockefeller ».

Dans l’immeuble de la Chase qui comptait plusieurs milliers d’employés, David Rockefeller occupait à lui tout seul un étage. Pour accéder à son bureau il fallait passer le barrage d’une bonne dizaine de collaborateurs ou secrétaires. Dans les couloirs, des tableaux de maîtres dignes de figurer dans des musées.

Entrant dans son bureau dont la taille me paraissait immense, je vois david Rockefeller qui vient m’accueillir, me serre la main et dans un français impeccable il me dit : « vous ne savez pas la chance que vous avez de faire l’Ecole Polytechnique ». A 19 ans on est encore un peu benêt. Je lui réponds : « pour vous, apparemment, ce n’est pas mal non plus ». Il sourit, m’invite à m’asseoir devant lui et nous bavardons de choses et d’autres, de politique et d’avenir.

 

A un moment il me demande comment se passe mon stage. Je lui réponds que toutes les personnes sont d’une extrême gentillesse à mon égard mais qu’à mon sens, ce stage manque de rythme et de sujets d’intérêt.

David Rockefeller prend son téléphone, parle une minute et me dit : « demain, vous allez travailler à notre succursale dans l’immeuble de l’O.N.U. ».

J’ai effectivement continué mon stage dans cet environnement cosmopolite. Parrainé par le grand patron, cela me valait une certaine considération des cadres de la succursale. On m’a confié une étude sur le swap des euro-dollars dont j’avoue que ma formation mathématique ne me prédisposait pas pour faire un mémoire de portée définitive.

 

La rencontre avec cet homme puissant alors que j’avais passé toute mon existence d’étudiant dans les livres m’a donné l’envie d’avoir de l’ambition.

Merci David Rockefeller pour votre écoute à mon égard.

Par la suite, dans le groupe que j’ai dirigé, je me suis astreint à recevoir des stagiaires d’été, espérant que cela leur donne aussi la motivation que ce grand patron m’avait donnée.

R.I.P. David, que Dieu vous accueille auprès de lui.