Archives de catégorie : dîners ou repas privés

Deux demi-bouteilles offrent une belle surprise lundi, 13 avril 2020

En continuant l’inventaire de la cave de la maison, je trouve évidemment des bouteilles dont les niveaux ont baissé mais j’ai aussi la belle surprise de voir des bouteilles très anciennes qui ont conservé un niveau dans le goulot pour les bordelaises, et à moins de quatre centimètres du bouchon pour les bourguignonnes. Pâques approche et il me paraît opportun de fêter Pâques et le confinement avec du vin.

Je remonte de cave deux demi-bouteilles qui ont des niveaux très bas ou trop bas. Je commence par ouvrir la demi-bouteille de Château Mouton-Rothschild 1948. Le niveau est sous le bas de l’épaule ce qui s’exprime dans les catalogues des maisons de ventes aux enchères par ce mot terrible « vidange ». Ce Mouton est donc « vidange ». La capsule se déchire lorsque je la découpe, car le centre est collé fortement au haut du bouchon. Le bouchon vient entier. Il est d’une qualité superbe, mais hélas, ça n’a pas suffi pour qu’il joue complètement son rôle puisqu’il y a eu trop d’évaporation.

Le parfum me rassure sur un point, il n’y a aucune trace de bouchon. Le nez est discret, mais semble indiquer que le vin n’a pas de défaut. Par précaution je remets le bouchon au-dessus du goulot pour éviter une aération trop rapide de ce vin fragile.

La demi-bouteille de Château Beychevelle 1929 a un niveau basse épaule, ce qui est beaucoup moins risqué que pour le Mouton. Le bouchon vient entier mais en trois morceaux, car au centre du goulot il y a une surépaisseur à l’intérieur du cylindre, qui bloque la montée du bouchon. Le nez est manifestement très prometteur, annonçant probablement un grand vin.

Ma femme a préparé un coquelet cuit au four et badigeonné d’une fine pellicule de miel à la truffe noire. Il sera accompagné d’un gratin de pommes de terre au parmesan. Les deux vins ont profité de trois heures d’aération, celle du Mouton étant réduite par précaution.

Le Château Beychevelle demi-bouteille 1929 a un nez discret, subtil et raffiné. En bouche, les qualités du parfum se retrouvent à l’identique. Le vin est charmeur, c’est un gentilhomme. C’est incroyable à quel point je suis sensible à sa séduction. Je me sens si bien avec lui.

Le Château Mouton-Rothschild demi-bouteille 1948 a un nez qui s’est affirmé. C’est un vin conquérant. En bouche, il est beaucoup plus affirmé, plus viril que le Beychevelle. C’est un vin puissant et riche. Si le finale est à peine imprécis, cela ne gêne pas la dégustation. Comment est-ce possible qu’un vin au niveau aussi bas, ce qui normalement le condamne, soit aussi présent et gratifiant ? La magie du vin me surprendra toujours.

Les vins sont très différents et beaucoup d’amateurs, choisiraient le plus riche, celui qui a le plus de matière. Mais je ne peux pas m’empêcher de succomber au charme tétanisant du Beychevelle et je m’observe, me demandant comment je peux être aussi énamouré pour ce vin. C’est sans doute l’effet du millésime 1929 que je porte aux nues.

Les deux vins se comportent parfaitement jusqu’en fin de bouteille. Il y a une belle lie noire pour chacun des deux. La magie de Pâques a permis que ces deux vins me ravissent, au-delà de ce que je pouvais espérer.

la couleur du Mouton est à gauche

En confinement, un beau Mouton 1929 mercredi, 8 avril 2020

Juste après le 243ème dîner, la pandémie du coronavirus devenant le seul sujet dont on cause, je décidai de me confiner avant même l’annonce qui sera faite quatre jours plus tard. Ce repli sur soi ne fut interrompu, avant l’annonce, que par les élections municipales. Cette retraite s’annonçant certainement très longue, je me suis dit que ce serait l’occasion de faire régime, ce qui impose de bannir tout grignotage, et de faire abstraction de tout vin. Le Château La Tour Blanche 1928 est donc le dernier vin que j’ai bu avant mon abstinence.

Ma sagesse nouvelle est aussi encouragée par ce que colportent les médias, que l’on abandonnerait à leur sort les personnes de plus de 75 ans. L’idée que la France abandonne ses anciens me choque au plus haut point. Un pays qui ne respecte pas ses anciens n’est pas respectable. Ma diète devenait encore plus nécessaire, si je devais combattre seul cette terrible agression virale.

Seul avec ma femme dans une grande maison entourée d’un grand jardin, du moins grand pour la proche banlieue parisienne, nous avons profité du temps estival et nous n’avons pas à nous plaindre. J’en ai profité pour commencer à inventorier la cave de la maison dont je n’avais que des bribes d’inventaire. Au 26ème jour de mon jeûne, je prends en main une caisse en bois marquée Mouton Rothschild 1980. Je regarde et que vois-je, sept demi-bouteilles de vins très anciens et un souvenir me revient. Il y a environ 35 ans j’avais acheté et j’en étais fier, quatre demi-bouteilles de Château Palmer 1900. Je les avais probablement mis dans cette caisse, car à l’époque le mode de rangement sur les supports en fer qui serpentent ne convenait qu’aux bouteilles. Il y a sans doute trente ans, j’ai voulu en goûter une. Je prends dans la caisse une demi-bouteille et, oh horreur, le vin s’était évaporé. Il ne s’agissait pas d’une baisse de niveau mais d’une véritable évaporation. Tellement triste, je n’ai pas osé regarder les autres, car une perte était déjà une trop grande tristesse.

Depuis, je ne savais pas où elles étaient stockées. Les revoilà et hélas, à des niveaux divers, aucune n’a gardé plus de la moitié de son contenu. Affreux. Dans la caisse il y a des demi-bouteilles de Château Margaux 1929. Les niveaux ne sont pas brillants, comme s’il y avait eu contagion, et l’une d’elles a un niveau sous l’épaule, mais mérite qu’on l’essaie. J’ai donc décidé de briser mon jeûne au 26ème jour, pour goûter ce Margaux 1929.

Je remonte la bouteille et j’extirpe le bouchon en beaucoup de miettes car paradoxalement, alors qu’il y avait eu une perte de volume, le bouchon est très serré dans le goulot. Une forte odeur de bouchon exhale de la demi-bouteille. Y aurait-il un retour à la vie ? En sentant plusieurs fois de suite, cela me paraît compromis. Dans mon rangement, j’avais inventorié quatre demi-bouteilles de Château Mouton-Rothschild 1929. C’est l’occasion d’en goûter une. J’ouvre cette bouteille et le bouchon vient entier. Le parfum est prometteur, d’une grande subtilité.

Ma femme a préparé du poulet. Je verse le Château Margaux demi-bouteille 1929. Le nez est affreusement bouchonné. Mais à ma grande surprise, l’attaque du vin et sa première présence en bouche n’ont aucune trace de bouchon. Le vin est rond, velouté. Ce n’est qu’en fin de bouche qu’une amertume forte rappelle le bouchon. J’ai essayé plusieurs fois de le goûter et l’absence de trace de bouchon pendant la moitié de la dégustation est vraiment surprenante. Je n’ai pas poussé plus loin l’analyse car au total le plaisir n’est pas là.

Le Château Mouton-Rothschild demi-bouteille 1929 offre un parfum beaucoup plus plaisant, noble et subtil et généreux et joyeux. En bouche le vin est moins large que le Margaux mais il a tellement de qualités que la comparaison ne peut pas aller plus loin. Ce vin a du velours, du raffinement et une présence qui rappelle tout ce que l’année 1929 à Bordeaux offre de grandeur. On sent que l’on est sur un millésime mythique. Je jouis grandement de ce noble bordeaux qui a toutes les caractéristiques d’un grand 1929. Il avait montré dans les trois premières gorgées une petite acidité dans le finale, qui a disparu dans la suite de la dégustation. Un comté de plusieurs mois d’affinage m’a permis de finir ce vin délicieux.

Le fait de compenser une tristesse par un grand vin, ce Mouton 1929 compensant la vision de quatre Palmer 1900 morts, me fait penser à une autre compensation. Lorsque j’avais cassé en cave une bouteille de Château Margaux 1900, j’avais tenu à ouvrir une bouteille d’Ausone 1919 et cet Ausone s’est montré un vin totalement exceptionnel, la plus grande émotion d’un Ausone, même au-dessus d’années légendaires.

Je vais reprendre le jeûne et l’inventaire de ma cave que j’ai sans doute trop oubliée au profit de la plus grande cave, car elle est inventoriée.

La lie du Mouton

Un dimanche où tout est bonheur dimanche, 8 mars 2020

En ce dimanche, ma fille aînée vient déjeuner avec sa fille aînée. Nous prenons l’apéritif avec un Champagne Laurent Perrier Grand Siècle qui doit être des années 80. Le bouchon me résiste et la lunule du bas du bouchon ne tourne pas en même temps que le bouchon. Elle se cisaille et je suis obligé de l’extraire au tirebouchon. Le pschitt est inexistant mais dans les verres la bulle est fine et présente. La couleur est d’un or pâle. Le champagne est éblouissant. Il est d’une perfection facile. C’est Cary Grant, le séduisant séducteur qui ne fait rien pour séduire. Le champagne a une belle puissance, toute en rondeur, un beau fruit doré et une longueur en bouche joyeuse. C’est un champagne de plaisir raffiné.

Ma fille avait commandé un veau Orloff au four servi avec du riz très simple. J’ai ouvert un Pétrus 1977 au niveau à la base du goulot. Lorsque j’étais jeune, je n’avais pas beaucoup de moyens, mais je voulais m’intéresser aux grands vins. J’ai donc acheté des grands vins dans les petites années et je possède ce Pétrus 1977 depuis quarante ans environ. Oserai-je dire qu’il s’agit d’un Pétrus parfait ? Il n’a pas la puissance (quoique…) mais il a la subtilité et la grâce qui en font un vin d’un infini plaisir. Je suis tellement heureux quand les petites années brillent ainsi, car elles montrent que les grands vignerons font grand, même lorsque le climat ne les aide pas.

L’accord avec le veau est d’une rare grâce mais nous avons succombé au péché d’un moelleux au chocolat tout en douceur qui donne au Pétrus un parfum incroyable.

Il est des jours comme celui-ci où tout marche à la perfection.

Dernier dîner en France de mon fils samedi, 7 mars 2020

C’est le dernier soir de mon fils en France aussi j’ouvre un Champagne Dom Pérignon 1993 dont l’étiquette très abîmée n’indique pas le millésime que l’on peut lire sur la contre-étiquette placée à l’arrière de la bouteille. La cape du bouchon est anormalement déchirée et le muselet est fortement rouillé. Cette bouteille a subi des outrages qui ne devraient pas exister à cet âge. Je le savais lorsque je l’ai achetée. J’enlève les déchirures de la cape et quand le muselet s’élargit, à peine ai-je amorcé une rotation que le bouchon vient sans effort, encore coiffé du muselet. Il n’y a pas de pschitt et je constate que le bouchon est très chevillé.

Que va-t-on boire ? La couleur est très claire ce qui est un bon signe. La bulle est quasiment inexistante. Le premier contact est excellent. Il s’agit d’un beau champagne rond, au fruit doré, plein de grâce. C’est un champagne encore très jeune et très expressif mais qui a perdu sa bulle, ce qui ne gêne en rien. Sur d’excellentes rillettes et sur du foie gras, on se régale.

Ma femme a préparé un curry de crevettes et légumes divers qui est délicieux mais le curry n’est pas le bon compagnon du champagne qui trouvera de meilleures alliances avec le camembert et le chaource bien affinés.

J’ouvre un Champagne Krug Grande Cuvée étiquette crème dont les vins qui le composent ont probablement plus de trente ans. Il est beaucoup plus foncé que le Dom Pérignon. Il est noble et montre une acidité un peu marquée. C’est étonnant de voir à quel point ces deux champagnes sont dissemblables. Le Krug joue sur sa noblesse et de sa rectitude. Il a mis les habits de sa noble condition, alors que le Dom Pérignon est tout en charme et en rondeur. Ce soir, dans le contexte de ce repas, c’est le Dom Pérignon 1993 que je préfère, ce qui est propre à ce repas et n’a pas valeur de référence tant ils sont différents. Les deux champagnes sont des seigneurs dans leur monde. Ma femme les a accompagnés par des pains perdus réussis et gourmands.

Ce fut une bonne façon de finir la semaine du séjour parisien de mon fils. Il a préféré cette semaine le Champagne Veuve Clicquot Carte Or 1982 et le Vieux Château Certan 1967. Je le rejoins bien volontiers dans ce choix.

Déjeuner de conscrits à l’Automobile Club de France à Paris samedi, 7 mars 2020

Un des amis de notre club de conscrits nous reçoit à l’Automobile Club de France à Paris. Ayant lu l’invitation trop rapidement, j’ai confondu l’ACF avec l’YCF aussi me suis-je présenté au Yacht Club de France, m’étonnant d’être le premier, très en avance. Il m’a fallu sauter dans un taxi pour rejoindre mes amis dans le si joli décor de cet immeuble de la Place de la Concorde.

La décoration a été refaite de belle façon. Nous prenons l’apéritif dans le salon des Membres avec un Champagne qui je crois est un Perrier-Jouët brut sans année, agréable et sans histoire.

Nous passons à table dans un petit salon dont la double fenêtre offre une vue imprenable sur l’Assemblée Nationale et l’Obélisque. La cuisine est de haute qualité et je ne me souviens pas avoir aussi bien mangé en ce club. Le menu est d’œufs mollets à la truffe et une biscotte légère, suivi d’une caille magnifiquement présentée.

Le Château Tronquoy-Lalande 2006 est un vin riche et puissant mais assez renfermé qui n’a pas encore atteint l’âge où pouraient s’exprimer les qualités de l’appellation Saint-Estèphe.

Le Château Rauzan-Ségla 2004 en revanche est beaucoup plus urbain, large et facile à vivre, séducteur comme un Margaux. Ce repas de conscrits dans cet « autre » club fut réussi.

Deux repas avec mon fils mais en France cette fois samedi, 7 mars 2020

Par les hasards du calendrier, mon fils revient à Paris juste deux jours après l’avons quitté à Miami. Le premier soir, nous sommes encore marqués par le décalage horaire, aussi le dîner est-il frugal et sans vin. Le second dîner s’inscrit dans la ligne des agapes traditionnelles car j’ouvre un Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Carte Or 1982. Le bouchon est superbe et a bien joué son rôle car le pschitt existe, discret mais présent. La couleur du champagne est d’un or blond très joli comme l’or de la capsule du bouchon.

Ayant la bouche non préparée par de la nourriture je ressens une petite acidité, mais dès que nous commençons à manger du foie gras, le champagne s’installe dans une zone de plaisir. Il est fort d’un fruit jaune puissant. Il est glorieux, équilibré, ouvert au dialogue. C’est un champagne très différent des Salon ou Krug, plus champagne qu’eux. J’aime beaucoup son équilibre et sa longueur.

Comme il a été terminé assez rapidement je suis allé chercher un champagne curieux qui m’intriguait car j’avais oublié d’où il venait. Il m’aurait suffi de lire l’étiquette pour comprendre. Le Champagne Delaboss Brut 2011 est élaboré par Paul Louis Martin à Bouzy. La bouteille noire montre un puma fortement musclé et une fleur de lys stylisée qui me rappelle les fleurs de lys du restaurant l’Ecu de France. Car Peter Delaboss est le chef cuisinier de ce restaurant, qui a décidé de créer un champagne à son nom. Evidemment, c’est assez difficile pour ce champagne de passer après le Veuve Clicquot, mais il est suffisamment franc et de bonne soif pour qu’on le boive agréablement. Il en restera pour le lendemain.

Le lendemain ma femme a prévu des tagliatelles et des petits morceaux de filets de poulets cuits à la crème sur l’instant. Je cherche en cave un vin rouge et je vois des bouteilles emballées dans de fines feuilles de papier, légères et de couleur mauve. C’est assez difficile à ouvrir sans déchirer ces fines feuilles. J’ouvre une bouteille et je vois que le bouchon est très descendu. Il tient encore au bouchon mais à peine.

Une fois remontée, je décapsule cette bouteille et à peine ai-je pointé mon tirebouchon que le bouchon tombe. Il faut carafer et l’odeur du vin est particulièrement désagréable. Ce Vieux Château Certan 1967 est mort.

En cave je prends une deuxième bouteille. Le bouchon est à sa place et le niveau est excellent. Le bouchon très sain vient sans problème. Le parfum du vin est peu marqué et la bouche est très fraîche. Mon fils doit trouver à l’aveugle et il annonce pomerol, ce qui est bien et une année entre 1980 et 1985. Il a raison dans son estimation car ce 1967 qui dépasse la cinquantaine est d’une belle jeunesse. Il a un goût de truffe très intense, une trame très dense, mais il sait aussi apporter de la légèreté. C’est un très beau vin, loin des années superbes comme 1964 ou 1955, mais très agréable à déguster.

Le Champagne Delaboss 2011 s’est montré agréable, simple et franc. Le repas s’est conclu sur les pâtisseries meringuées aux pépites de chocolat rendues célèbres dans le film « qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ». Nous rions de choses simples…

Dernier dîner à Miami mardi, 3 mars 2020

C’est le dernier dîner avant notre retour en France. Il faut fêter ces belles vacances avec le Champagne Dom Pérignon 2008. Ce champagne, le dernier de Richard Geoffroy, fait en collaboration avec son successeur Vincent Chaperon, est un de mes chouchous. Il est brillant mais ce soir je le juge un peu fermé. Sur des coquilles Saint-Jacques épicées accompagnées de riz, il s’anime mais il est possible qu’il soit dans une phase de fermeture provisoire, ou bien que ce champagne acheté à Miami ait été affecté par son voyage ou son stockage. Il n’empêche, c’est un grand champagne.

Ma belle-fille a réalisé un clafoutis à la cerise du Surinam aussi appelée cerise de Cayenne. Son goût est étrange et son acidité convient bien à la texture de la pâte qui recouvre les fruits. Le Champagne Billecart-Salmon 2007 est vif, franc et agréable et se marie bien au goût légèrement acidulé des fruits du clafoutis.

C’est sur ce repas que se conclut notre voyage de trois semaines à Miami, dans le paradis de Corral Gables, où tout est beau, propre, humain. Une belle façon de tromper l’hiver.

Déjeuner à Miami au restaurant Kiki on the River jeudi, 27 février 2020

Lors d’un dîner chez mon fils, nous avons ouvert un Champagne Dom Pérignon 2004. Bu seul, je le trouve un peu strict, un peu paresseux. Ce n’est qu’avec de la nourriture que ce champagne commence à se réveiller. Et il devient fort agréable, dans l’esprit de ce que doit être Dom Pérignon, un vin de haute qualité et de grand charme.

L’un des restaurants que je préfère à Miami est Kiki on the River. Le long de l’un des nombreux canaux qui conduisent à la mer, il y a deux restaurants de belle qualité et un marchand de produits de la mer où l’on trouve de beaux poissons et de beaux crustacés. Kiki on the River a une décoration résolument moderne, plaisante car elle est débridée. Sur un mur un énorme cœur est fait de fleurs rouges, roses et blanches et porte un néon coloré qui dit « Cry me a River » la célèbre chanson de Justin Timberlake.

A l’entrée une sculpturale déesse dirige les arrivants vers les tables disponibles. Au bar central une jolie serveuse est un pur produit du travail en salle de sport, avec peut-être aussi l’apport de la chirurgie esthétique. Dans un coin de la salle ouverte sur l’eau, il y a un espace Dom Pérignon, pour les amateurs de ce vin. En cours de repas nous verrons un gigantesque bateau bleu, remorqué par deux bateaux de traction, un à l’avant et un à l’arrière, qui orienteront le bateau pour qu’il passe un pont levant dont les deux parties du tablier se relèvent. C’est impressionnant quand le bateau de traction à l’arrière se relève presque verticalement pour freiner la dérive du bateau. Il crache une dose de gaz d’échappement noir remarquée. Le bateau porte un nombre important de de voitures mises à la casse, qui seront recyclées à Haïti.

Nous commençons par un Champagne Veuve Clicquot carte jaune sans année très agréable. Par une incompréhension à la commande j’aurai deux entrées. D’abord un gras de porc délicieux mais que j’aurai du mal à digérer, puis des moules excellentes d’une cuisson parfaite, servies avec des tomates écrasées très douces. Le champagne arrive à résister à la tomate ce qui n’est pas évident.

Pour l’excellent loup de mer, je commande un Champagne Dom Pérignon 2006. J’ai un faible pour ce millésime qui n’a pas eu au départ l’accueil qu’il aurait mérité. Il est beaucoup plus vif que le 2004 bu tout récemment. Il est plein d’énergie mais il est ciselé, complexe, entraînant. Je l’adore.

Dans ce lieu très couru, les prix ont tendance à tutoyer des sommets. Un bon  »tuyau » si vous êtes porté à la folie avec des amis, vous pouvez commander 20 bouteilles de Dom Pérignon rosé 2004 lumineux pour 22.000 dollars (avant les 28% de taxes et services). La vie est belle à Miami.

Ceci étant dit, nous adorons l’endroit directement sur l’eau où l’on mange bien.

Images d’un restaurant Vegan, le Plant

Kiki on the river

 

A fantastic adventure at Wine Watch, wine merchant in Fort Lauderdale lundi, 24 février 2020

A fantastic adventure at Wine Watch, wine merchant in Fort Lauderdale

Austin, the Instagrammer who had come to dine with my son in Miami, told us about a wine merchant in Fort Lauderdale, north of Miami, the Wine Watch. In addition to the cellar, there is a room with a kitchen where tastings are organized. And every Friday at 5 p.m., a bar is open where good customers from Andrew, the cellar owner, come. The rule is that everyone offers a bottle of wine and everyone tastes everyone’s wine.

We introduce ourselves, my son and I, a little early and we visit the cellar, very full, which includes wines of all categories, including prestigious wines. I am looking for possible wines for the meeting between amateurs and one of the storekeepers tells me about Pétrus, Krug, Selosse and I imagine that I will have to revise upwards my supply projects.

We go to the big room tasting, decorated with hundreds of lids of wooden cases of wines from all regions of the world. In the air hang representations of wine regions of all countries, made with wine corks. Thousands of plugs are used. A huge chandelier in the center of the room is also made up of corks and empty bottles serve as lamps. The ceiling itself is lined with planks of wine cases. All around the huge room there are bottles, the most prestigious in the Wine Watch cellar.

A good fifteen people are already hurrying to taste the wines presented on the bar counter and I realize that I have misunderstood what is exchanged in this informal tasting. Petrus and Krug will be booked for dinner tonight, which Andrew will explain to me soon.

I start to taste a white wine without knowing what it is. I find it very good, rich and impactful. It is a Domaine de la Tour du Bon Bandol 2011. It is really very pleasant. Wanting to define my contribution, I ask Andrew if he has old wines in his cellar. He shows me a Chambolle-Musigny Pierre Ponnelle 1969 and tells me that it is his year of birth, like that of my son. The level is very correct for a wine of this age. The bottle is bluish like the bottles of the war of 40, which prevents me from seeing the color precisely, but the bottle pleases me. It will be my contribution.

Andrew had previously told me that he doesn’t like old wines. No matter how hard I use my conviction, he will not change his mind. Andrew has a corkscrew with a long wick like mine so can I open easily the bottle of Chambolle-Musigny Pierre Ponnelle 1969. The color of the wine poured into a glass is very beautiful, and the nose is very engaging because it has a beautiful personality. The attack is very soft, velvety, the mid-palate is pleasant. It is the finale which is less flattering, short and dusty, dry. But the wine will improve, and even Andrew will find it interesting for a Villages wine. It is growing and a participant who owns a vineyard in the eastern United States will tell me that it is the greatest wine of his life. I drank the wine lees, very rewarding.

There are so many wines on the bar counter that I will drink only a few. A 2005 Château de Beaucastel Châteauneuf-du-Pape red is appreciated by many but not by me because it lacks precision, probably due to a bottle problem.

The proof is given by a Château Musar 1999, Lebanese wine of exceptional quality, noble, fluid and persuasive. A very great wine. Austin, for his part, bought a Laurent Perrier Grand Siècle Champagne in the cellar, which Andrew announces as the 23rd edition when this figure is not marked, the indication being given only from the 24th, which we drank recently with Austin. This champagne is spectacular, and a hundred cubits above the 24th. This champagne is rich, full, strong, lively. It is so good that instead of going to peck on the counter, I feasted on this exceptional Grand Siècle and with my contribution from 1969.

Andrew shows me the wines for dinner tonight and says: we have six wines and there are only two of us. I ask him the price of dinner. He gives it to me. I sign up with my son and I don’t need to talk long to convince Austin to sign up. So I bring Andrew three more place settings. He finds two others himself. There will be seven of us for an anthology dinner in the Fort Lauderdale Wine Watch cellar.

So this is a completely impromptu dinner of seven people, around Andrew the owner of the place.

It is his wife who cooks and here is the menu : charcuterie and cheese selection : fermin iberico de Bellota, parmigiano-reggiano / seared foie gras with sautéed wild mushrooms on brioche toast / Hoisin glazed king salmon over sautéed baby Bok Choy / duck confit lasagna with wild mushroom Pomerol sauce / chocolate creme brulée with raspberry coulis.

Andrew particularly cherishes Champagne Krug 1990 because it is his last bottle. He has Chimene’s eyes for him. I have them less because I find that this champagne is marked by too strong acidity. It is not impossible that Andrew exposed this bottle to unsuitable temperatures.

Champagne Selosse Lieux Dits Le Bout du Clos disgorged in April 2013 is also Andrew’s last bottle and he cherishes it too. This champagne is magic. It is of rare complexity. It is almost confusing. It is a very large champagne without concession.

The Champagne Salon Blanc de Blancs 1996 is wide, welcoming, with a magnificent balance. I am very comfortable with this champagne which I adore whose power is less sensitive than usual since it comes after the Selosse. We have fun classifying these three champagnes and the Selosse collects a lot of first votes. My classification is Salon, Selosse and Krug, because I have rarely had such a welcoming 1996 Salon.

Andrew had the glasses of all the reds served just under an hour before dinner and I notice an attention that touches me. I told Andrew that I love to drink lees. So there is in front of my place a double row of glasses, the big glasses having the wines and the small glasses placed behind having the dregs of the same wines. I greatly appreciate this sense of welcome.

Château La Fleur Pétrus 2000 is a very happy surprise. It has a density and a balance that I did not expect. It is a rich and large wine with a very rich grain of beautiful truffle.

Château Pétrus 2003 is also Andrew’s last bottle. The wine is not thunderous at all. He plays in discretion. And I find in him all that I love in Petrus, which is not in the affirmation but in the suggestion. This noble and complex wine is pleasant. He is a lord whose grace we admire. There are Petrus much more assertive, even very powerful. This one is the prince of suggestion.

Andrew, obviously in a good mood, added a 2015 Château Clinet, to form a trio of pomerols. He is obviously too young, but I find him a nice balance and already a nice statement. It is a pleasure wine that will chart its course later.

The 2003 Barolo Giuseppe Rinaldi is very pleasant and rich. In the room, I smell an insistent smell of truffle and Andrew tells us that one of the greatest successes of his tastings is the association of fries and truffles. He orders them for our table and the association of these demonic fries with Italian wines is magical.

The Barolo Giacosa Riserva The Rocche del Falletto 2000 is a very large Barolo. It is more capped than the Rinaldi but I have a preference for the more frank Rinaldi. The two Italian wines are sunny and charming, but my heart weighs the scales towards the Pomerols.

We will designate our favorites and the choices will be very varied, the barolos being almost equal with the bordeaux. I will put Petrus first and the only one who will be of my opinion will be Austin whose it is the first Petrus.

The food is excellent and I admire Andrew’s wife who does this beautiful cooking but also does the accounting and collects customer purchases. There is something very nice about the engagement of this couple who manage a real treasure.

Once again, Andrew’s generosity is shown in the following wine: a Malmsey Blandy Madeira 1880, a wine of rare richness, combining the characteristics of a sweet wine with a dry and peppery personality. It has a long finish and a nice balance. A very large Madeira.

My final ranking will be Pétrus 2003 and Salon 1996. Only Austin will have the same ranking as me, the Barolos and the Selosse collecting a lot of votes.

Andrew has an engaging personality. He has his convictions, like that of not loving old wines. We will see if we can organize some events with him in this warm atmosphere. I love adventures like this. Thank you Instagram for initiating the contact with Austin that led to the one with Andrew.

Dîner au Wine Watch caviste au nord de Miami dimanche, 23 février 2020

Nous sommes chez un marchand de vin à Fort Lauderdale, au nord de Miami, le Wine Watch. Nous avons participé à une dégustation informelle qui se tient tous les vendredis à 17 heures et nous nous sommes inscrits, mon fils, Austin et moi de façon tout-à-fait impromptue à un dîner de sept personnes, autour d’Andrew le propriétaire des lieux.

C’est sa femme qui fait la cuisine et voici le menu (de traduction approximative) : charcuterie et sélection de fromages : fermin iberico de Bellota, parmigiano-reggiano / foie gras poêlé aux champignons sauvages sautés sur toasts briochés / saumon royal glacé Hoisin sur Bok Choy sauté / confit de canard et lasagne aux champignons sauvages, sauce Pomerol / crème au chocolat avec coulis de framboise.

Andrew chérit particulièrement le Champagne Krug 1990 parce que c’est sa dernière bouteille. Il a pour lui les yeux de Chimène. Je les ai moins car je trouve que ce champagne est marqué par une acidité trop appuyée. Il n’est pas impossible qu’Andrew ait exposé cette bouteille à des températures inadaptées.

Le Champagne Selosse Lieux Dits Le Bout du Clos dégorgé en avril 2013 est aussi la dernière bouteille d’Andrew et il la chérit aussi. Ce champagne est magique. Il est d’une rare complexité. Il en est presque déroutant. C’est un très grand champagne sans concession.

Le Champagne Salon Blanc de Blancs 1996 est large, accueillant, d’un magnifique équilibre. Je suis très à l’aise avec ce champagne que j’adore dont la puissance est moins sensible que d’habitude puisqu’il passe après le Selosse. Nous nous amusons à classer ces trois champagnes et le Selosse recueille beaucoup de votes de premier. Mon classement est Salon, Selosse et Krug, car j’ai rarement bu un Salon 1996 aussi accueillant.

Andrew a fait servir les verres de tous les rouges un peu moins d’une heure avant le dîner et je note une attention qui me touche. J’avais dit à Andrew que j’adore boire les lies. Il y a donc devant ma place une double rangée de verres, les grands verres ayant les vins et les petits verres placés derrière ayant la lie des mêmes vins. J’apprécie énormément ce sens de l’accueil.

Le Château La Fleur Pétrus 2000 est une très heureuse surprise. Il a une densité et un équilibre que je n’attendais pas. C’est un vin riche et grand avec un grain très riche de belle truffe.

Le Château Pétrus 2003 est aussi la dernière bouteille d’Andrew. Le vin n’est pas du tout tonitruant. Il joue en discrétion. Et je retrouve en lui tout ce que j’aime en Pétrus, qui n’est pas dans l’affirmation mais dans la suggestion. Ce vin noble et complexe est aimable. C’est un seigneur dont on admire la grâce. Il y a des Pétrus beaucoup plus affirmés, voire très puissants. Celui-ci est le prince de la suggestion.

Andrew, manifestement d’humeur généreuse, a ajouté un Château Clinet 2015, pour former un trio de pomerols. Il est évidemment trop jeune, mais je lui trouve un bel équilibre et déjà une belle affirmation. C’est un vin de plaisir qui tracera sa voie plus tard.

Le Barolo Giuseppe Rinaldi 2003 est très plaisant et riche. Dans la salle, je sens une insistante odeur de truffe et Andrew nous dit qu’un des plus grands succès de ses dégustations, c’est l’association frites et truffes. Il en commande pour notre table et l’association de ces démoniaques frites avec les vins italiens est magique.

Le Barolo Giacosa Riserva Le Rocche del Falletto 2000 est un très grand Barolo. Il est plus capé que le Rinaldi mais j’ai une préférence pour le Rinaldi plus franc.

Les deux vins italiens sont ensoleillés et charmeurs, mais mon cœur fait peser la balance vers les pomerols. Nous désignerons nos préférés et les choix seront très variés, les barolos faisant quasi jeu égal avec les bordeaux. Je mettrai Pétrus en premier et le seul qui sera de mon avis sera Austin dont c’est le premier Pétrus.

La cuisine est excellente et j’admire la femme d’Andrew qui fait cette belle cuisine mais fait aussi la comptabilité et encaisse les achats des clients. Il y a quelque chose de très sympathique dans l’engagement de ce couple qui gère un vrai trésor.

Une fois de plus la générosité d’Andrew se montre sur le vin suivant : un Malmsey Blandy Madeira 1880, vin d’une rare richesse, combinant les caractéristiques d’un vin doux avec une personnalité de vin sec et poivré. Il est long en bouche et d’un bel équilibre. Un très grand madère.

Mon classement final sera Pétrus 2003 et Salon 1996. Seul Austin aura le même classement que moi, les Barolos et le Selosse récoltant beaucoup de votes.

Andrew a une personnalité attachante. Il a ses convictions, comme celle de ne pas aimer les vins anciens. Nous verrons si nous pouvons organiser certains de mes dîners avec lui dans cette ambiance chaleureuse. J’aime les aventures comme celle-ci. Merci Instagram d’être à l’origine du contact avec Austin dont découle celui avec Andrew.

(certaines photos sont floues)