Archives de catégorie : dîners ou repas privés

Dîner chez des amis en bord de mer jeudi, 18 juin 2015

Nous sommes invités par des amis dans leur somptueuse maison surplombant la Presqu’île de Giens et offrant des panoramas de rêve sur Porquerolles et Brégançon. Parmi les invités je retrouve avec plaisir le dirigeant du domaine Tempier et son épouse. Le maître de maison nous entraîne dans sa cave et nous demande de faire l’ordre de service des vins.

Le Champagne Henriot Blanc de Blancs sans année est absolument délicieux, gourmand, qui se boit avec une infinie facilité. Voilà un champagne de plaisir. Sur des toasts à la poutargue il est agréable mais c’est surtout sur des toasts au foie gras que le champagne est tout émoustillé.

Nous passons à table. Le Bandol rosé domaine Ray-Jane 2014 est fortement handicapé par sa jeunesse qui bride toute qualité possible. Mais il se boit malgré tout sur des originales pâtes à l’encre de seiche très réussies.

Nous allons goûter quatre vins rouges sur le pigeon. Le Bandol rouge La Tourtine Domaine Tempier 2012 a un nez magnifique prometteur d’un vin bien plein. En bouche c’est un régal. Ce qu’il m’évoque, c’est l’olive noire. Il est vraiment goûteux, joyeux, plein.

Le Bandol rouge La Tourtine Domaine Tempier 2009 montre qu’il est plus âgé, plus assis, sans la violence du fruit, mais il est dans un âge beaucoup plus ingrat que le 2012 encore tout fou. Ce 2009 est dans une phase ingrate où la maturité n’a pas encore pris le dessus. Il est évidemment très bon, mais la balance penche du côté du 2012.

Dans la cave de notre hôte, j’avais repéré une bouteille d’Ott rouge avec l’ancienne bouteille très jolie en forme de quille de jongleur. L’étiquette est rongée au point qu’on ne peut rien lire, mais à vue de nez, je dirais que la bouteille est des années 80. Son bouchon qui se casse au milieu n’a aucune indication d’année. Le Bandol Domaine d’Ott rouge vers 1985 a un nez assez discret. C’est en bouche que tout se joue, sur des notes discrètes, légères, très romantiques. Ce vin me plait énormément car il pianote, un peu à la façon de certains bourgognes élégants et discrets. Certains autour de la table ont du mal à l’apprécier après la richesse de trame des Tempier, mais j’apprécie ce vin, de plain-pied dans une élégante maturité, qui joue en suggestion. La femme du vigneron est de mon avis, ce qui me fait plaisir.

Le Vosne-Romanée Premier Cru les Malconsorts Sylvain Cathiard 1996 a un nez superbe de générosité. La bouche est belle, le vin est pur. Lui aussi est un vin de plaisir. 1996 réussit bien à la Bourgogne.

Un délicieux baba au rhum sera accompagné du Marc de Provence du Domaine Tempier, jeune mais d’une belle personnalité paysanne, râpeux à souhait, viril et joyeux. Il a un goût de revenez-y qui ne trompe pas sur sa qualité. Bien belle soirée par l’une des plus longues journées de fin de printemps.

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la jolie forme du Ott

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Déjeuner au restaurant Le Quinzième du chef Cyril Lignac mardi, 2 juin 2015

Un ami m’invite au restaurant Le Quinzième du chef Cyril Lignac. Il est implanté dans une partie du quinzième arrondissement assez impersonnelle, mais les abords sont soignés. Le lieu est cossu, au plafond un peu bas, mais l’espace pour les tables est très vaste. La décoration est froide et stricte, compensée par un accueil chaleureux, surtout de la part du sommelier qui m’a reconnu, ce qui crée des relations plus personnelles.

La carte des vins est astucieuse et certains prix sont très attractifs. Mon ami me demande choisir le vin et je suggère un Pouilly Fumé Silex fait par Louis-Benjamin Dagueneau 2011.

Nous choisissons le menu « Découverte au printemps », avec : œuf bio de Plouisy moelleux, girolles cuisinées au jus, émulsion noisettes du Piémont / turbot de Plouguerneau cuisiné à l’huile d’olive, crème safran anis vert, asperges blanches de Soustons fondantes / ris de veau de Corrèze rôti au beurre noisette, jus acidulé aux piquillos, purée de pomme de terre ratte / rhubarbe de Saint Riquier, crémeux chocolat ivoire, sablé beurré, marmelade et sorbet à la rhubarbe.

Le chef fait une cuisine rassurante, traditionnelle et bien exécutée. Les amuse-bouche sont un peu prudents en saveurs, l’œuf est magnifique et gourmand, le turbot aux asperges est classique, le ris de veau est très bon mais un gramme trop cuit, la purée est gourmande. Les desserts sont légers et goûteux. C’est donc rassurant, agréable et facilement lisible.

A la première gorgée, le Pouilly Fumé Silex fait par Louis-Benjamin Dagueneau 2011 est vraiment très vert, une bombe de minéralité. Il ne fait rien pour charmer. Lorsque le vin s’assied dans le verre, et sur les plats, toute la race vive de ce vin apparaît. Fluide, frais, profond, intense, il me plait beaucoup dans une expression assez sauvage. Je pense quand même, comme le sommelier, qu’il faudrait lui laisser quelques années de plus pour le silex lisse ses arêtes tranchantes et devienne presque un galet.

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A meal with 50 Pétrus, 47 Pétrus, 45 Mouton, 47 Laville and others dimanche, 31 mai 2015

Florent is a wine enthusiast with an enthusiasm that fascinates me. A generation separates us and I admire his motivation. He organizes a lunch of rare wines for seven to eight people. In the list I see that it includes Latour à Pomerol 1947 considered one of the legendary wines of 1947. This gives the tone of the meal that requires one aligns this level. I decided to hit hard too, to lead others to offer also great wines. My contribution will be a magnum of Pétrus 1950 year which belongs to the legendary years for Pétrus. The magnum has a level in the neck which is particularly good because the capsule is obviously of origin.

The contributions are in addition to contributions with a pure debauchery of some crazy fans, and Florent asks me to choose the restaurant. Having seen how the chef Ryuji Teshima named Teshi, who owns restaurant Pages is passionate about wine, I suggested this restaurant. It was a brilliant idea, as osmosis was found between the cuisine and wines in an atmosphere of rare involvement of the whole team.

Florent and Tomo yesterday attended the dinner for my birthday. Lunch is the next day, which is pure madness. I asked Florent to arrive early in the restaurant to open as many bottles already delivered as he can, and told him that I would open Pétrus 1950 when I arrive. I lent him my tools. The wines were therefore open from 10:00, mine a little before 11:00 and the Mouton 1945 of Tomo arrived a little before noon. Lunch having started around at 1 pm and lasted up to 6 pm, each wine had almost enough oxygenation.

We are seven, all wine lovers. There are professionals who sell old wines, and Tomo, Florent and me.

The weather is nice, and on the sidewalk of the street, we are munching crisps and we drink Champagne Bollinger Vieilles Vignes Françaises 1992. It has a beautiful light golden color. The bubble is present but unobtrusive. The taste evokes honey and brioche. The wine is nice, but I still feel a lack of breadth and length.

We go inside for lunch. The menu made by Teshi considering a few suggestions I made to him is: vegetables / grilled pointed cabbage chips, shredded chorizo / bread puffed crispy potatoe of Noirmoutier / caviar of Sologne in a small pancake / bass carpaccio Ikejime line / line turbot Ile d’Yeu and shellfish citrus / Wagyu carpaccio Ozaki, radishes and turnips / lamb of Lozère walnuts and grilled lamb in Binchotan, declination carrots / beef of Galicia matured 45 days grilled Binchotan, beef juice egg and chanterelles / Wagyu Kobe beef, five months of maturation, grilled Binchotan, potatoe / verbena sorbet and poppy duo / brûlée flavored ice cream Elderberry sorbet strawberry charlotte and rhubarb compote.

Teshi had the intelligence to simplify the dishes in order that they fit best to the wines. Teshi, his sommelier Vincent and the whole kitchen team were able to taste the wines. It was a joy to see their eyes shine.

Champagne Philipponnat Grande Réserve Blanc de Blancs 1955 carries a banner with the words « exceptional selection of 2,000 bottles. » The fragrance is that of an ancient wine, superb. Without really showing its bubbles it has a sparkling finish. The color is amber. It is for me an immense champagne, magic, with a precise nose. It evokes almonds, lime, which makes it very fresh. It has a very long finish which shows its alcohol. One can also feel the cigar and butter. Its final is of a rare freshness. It reminds me of beautiful Meursaults maturity. Caviar of Sologne is absolutely outstanding, a perfect balance.

The Batard-Montrachet Domaine Claude Ramonet 1961 is an amber wine. One might worry too much about its evolution but in fact it is beautiful, with a nice outfit nose. The mouth is generous. This is just the final which shows a little bitterness but that fades with time. The wine enjoys a nice evolution in the glass. It is subtle. It is a wine that tells beautiful things. But we’ll soon forget!

For the Château Laville Haut-Brion 1947 Graves has an incredible nose of strength and subtlety of lemon. My table neighbor keeps the feel for minutes, without feeling the need to drink as the fragrance is spellbinding. Its color is light golden honey. The palate is powerful, exotic, fabulous. This is the perfection of white Bordeaux wine. This is a white wine anthology reminds me of the sea as it seems iodized. But there are also flowers and citrus. The fluidity of its finish is extreme.

The Corton Charlemagne Jean-François Coche-Dury 2001 has an explosive scent. It evokes a flint. Fat wine is huge, but it also has a lot of freshness. It evokes toasted hazelnuts. One wonders how such exuberance is possible.

The Château Latour à Pomerol 1947 has a very dark color. The nose evokes a strong truffle. The mouth is also very truffle. The wine is rather sweet. Wine is a little roasted, evoking coffee. We are very far from the legend and magic I expected and which had prompted me to register. Wine is too short, but with the carpaccio Ozaki, it takes greatness.

The Château Latour Pauillac 1921 has a nose of red fruit that I love and that will continue until the end of the meal. The good dark color is very beautiful. The nose is « giant », evoked fruits are crazy, raspberry and cassis. It is impossible to imagine that it is 94 years old. The mouth is beautiful with a little bitter fruits. The mouth is not totally perfect and the wine, except his nose, is not a total balance. In addition to fruits, one feels the truffle.

When I wear the glass to my nose, I cringe. The Chateau Trotanoy Pomerol 1959 is corked and I am surprised that we are so little to perceive it. I feel the glass of Tomo which actually has less cork smell, but it is there. In the mouth it feels nothing at all but minimally in the final. The wine is quite cheerful, full, with lots of charm. We would meet in if there was not this final drying, reflecting the cork accident.

Aside from the very pretty fruits of 1921, I find this series of three rather weak. Fortunately, the second series of three wines will delight us.

Château Mouton-Rothschild 1945 of Tomo, I examined every angle. All indices show that the wine is authentic. On the cork, which broke into a thousand pieces, one clearly reads 194 and the small bottom hook accredits the number 5. The nose is superb. It is a very fine wine, very subtle, but I remain cautious in my review because I do not find the perfection that I have in memory. The wine is generous, the color is beautiful, barely tiled. Galicia is wonderful meat and sticks well to the wine, which is becoming increasingly close, comfortable and balanced. At this point, now I find the expected perfection. The wine is not as nice as the one I drank, but it really is very close to that perfection. The wine is velvety, with a small sign of roasting more than I have in memory. It belongs to great wines.

The Pétrus Pomerol 1947 extraordinary color is full of youth and again doubt about wine is not possible when looking at the capsule and the cork. The nose is very elegant, slightly closed. In the mouth it is also what some roasted side that I do not like. I was very surprised that the majority of the guests are so laudatory to this wine that does not provide the quality I’ve experienced with Pétrus 1947. I have not felt the magic it should have and it bothers me a little that some are captivated by the supposed magic of myth, which, moreover, had no label.

The Pétrus Pomerol 1950 magnum might push me toward my natural tendency to prefer wines I bring, but now I do not need, because wine is a hundred cubits above all others. It is absolute perfection. It has charm, velvet, not a fault of a gram. It is absolute perfection. It evokes the truffle and its finale that never ends, there is the truffle. It is fluid, fresh and young. It is perfect. We will see in the votes I am not exaggerating.

Chateau Sigalas-Rabaud 1921 has a beautiful deep amber color. The wine smells of caramel. In the mouth it is also there in front of perfection. And with crème caramel creates an almost orgasmic combination.

We poured a glass of each wine that shared the chef, sommelier and all the team. See their eyes light to approach such wines is a delight. The atmosphere in the restaurant was of a friendship and a dream generosity because Teshi opened for us the wonderful caviar and a piece of very rare Kobe because of aging. We were almost alone in the restaurant that has created a family atmosphere.

For once we involved the chef and the sommelier to our votes. We are nine voting, choosing four wines. They focused on seven wine out of twelve wine which is a higher concentration than usual. I believe this is the first time that a wine harvests a place of number one seven times on nine voting. This is the Pétrus 1950. The 47 and 45 Mouton had a vote of first.

The consensus of the vote would be: 1 – Pétrus Pomerol Magnum 1950, 2 – Pétrus Pomerol 1947 3 – Château Mouton-Rothschild 1945, 4 – Château Laville Haut Brion Graves 1947 5 – Corton Charlemagne Jean-François Coche-Dury in 2001.

My vote is: 1 – Pétrus Pomerol Magnum 1950, 2 – Château Mouton-Rothschild 1945, 3 – Château Laville Haut-Brion 1947 Graves, 4 – Champagne Philipponnat Grande Réserve Blanc de Blancs 1955.

The Pétrus 1947 is not in my vote and its second place in the combined votes surprises me. But it is the law of the genre. Tastes are different between lovers. The cook was inspired, Teshi, highly motivated, applying to what the pure product is highlighted by complementary flavors, all consistent.

My vision of this experience is that the four wines for which I voted, plus the Latour 1921 and the Sigalas-Rabaud 1921 value this meal to make it an absolutely memorable meal. We cannot have a 100% success and even a little weak wine had something to say. The incredible atmosphere in the restaurant fascinated me.

Tomo was pleased with the performance of his Mouton. He invites us, plus the chef to share a champagne home, as if we needed it. Champagne Moët & Chandon magnum 1959 has a beautiful golden color like wheat. But on the palate, the wine is not at the rendezvous, a little pasty, although this wine, which we have already shared Tomo and I in magnum is normally a quality and freshness extraordinary. It still is drunk with pleasure, honey and brioche supporting good.

The final grace, the desired end point is found with the Arbois Vin de Paille 1915 of Tomo. Suave, almost sweet, it has a lot in common with the subtle sweetness of Tokaji 5 Puttonyos 1866 I recently drank. Such a conclusion is perfect for a great tour through legendary wines, some being there at their rendez-vous, some not, but who cares, to quote the regretted Joseph Henriot, « the important thing is the way. »

(pictures are on the article in French)

Déjeuner avec de véritables légendes de l’histoire du vin dimanche, 31 mai 2015

Florent est un amateur de vins d’un enthousiasme qui me fascine. Une génération nous sépare et j’admire sa motivation. Il organise un déjeuner de vins rares pour sept à huit personnes. Dans la liste je vois qu’il inclut Latour à Pomerol 1947 considéré comme l’un des vins légendaires de 1947. Cela donne le ton du repas qui exige que l’on s’aligne sur ce niveau. Je décide de frapper fort aussi, pour entraîner les autres convives à proposer de grands vins. Mon apport sera un magnum de Pétrus 1950 année elle aussi légendaire pour Pétrus. Le magnum a un niveau dans le goulot ce qui est particulièrement exceptionnel car la capsule est manifestement d’origine.

Les apports s’ajoutent aux apports avec une débauche propre aux amateurs un peu fous, et Florent me demande de choisir le restaurant. Ayant vu à quel point le chef Ryuji Teshima dit Teshi, du restaurant Pages est passionné de vin, j’ai proposé que ce soit ce restaurant. Ce fut une idée lumineuse, tant l’osmose s’est trouvée entre la cuisine et les vins, dans une ambiance d’une rare implication de toute l’équipe.

Florent et Tomo participaient hier au dîner de mon anniversaire. Le déjeuner est le lendemain, ce qui est pure folie. J’ai demandé à Florent qu’il arrive assez tôt au restaurant et ouvre le plus grand nombre de bouteilles déjà livrées et qu’il attende mon arrivée pour que j’ouvre le Pétrus 1950. Je lui prête mes outils. Les vins ont donc été ouverts à partir de 10 heures, le mien un peu avant 11 heures et le Mouton 1945 de Tomo à son arrivée un peu avant midi. Le déjeuner ayant commencé vers 13 heures et ayant duré jusqu’à 18 heures, chaque vin a eu presque assez d’oxygénation.

Nous sommes sept, tous amateurs de vins. Il y a des professionnels, qui vendent des vins anciens, et Tomo, Florent et moi.

Il fait beau, aussi est-ce sur le trottoir, en grignotant des chips que nous buvons le Champagne Bollinger Vieilles Vignes Françaises 1992. Il a une belle couleur d’or clair. La bulle est discrète mais présente. Le goût évoque le miel et la brioche. Le vin est agréable, mais j’ai quand même une impression de manque d’ampleur et de longueur.

Nous passons à table. Le menu fait par Teshi prenant en compte quelques petites suggestions que je lui ai faites est : chips de légumes / chou pointu grillé, chorizo râpé / pain soufflé croustillant à la pomme grenaille de Noirmoutier / caviar de Sologne dans une petite crêpe / carpaccio de bar de ligne Ikejime / turbot de ligne de l’île d’Yeu et coquillages aux agrumes / Carpaccio de Wagyu Ozaki, radis et navets / agneau de lait de Lozère en noix et gigot grillé au Binchotan, déclinaison de carottes / bœuf de Galice maturé 45 jours grillé au Binchotan, jus de bœuf et girolles / Bœuf Wagyu de Kobe, 5 mois de maturation, grillé au Binchotan, pommes grenaille / duo de sorbets verveine et coquelicot / crème brûlée glacée parfumée au sureau, sorbet aux fraises charlottes et compote de rhubarbe.

Teshi a eu l’intelligence de simplifier les plats pour qu’ils collent le mieux aux vins. Teshi, son sommelier Vincent et toute l’équipe de cuisine ont pu goûter les vins. Ce fut un bonheur de voir leurs yeux briller.

Le Champagne Philipponnat Grande Réserve Blanc de Blancs 1955 porte un bandeau avec la mention : « sélection exceptionnelle de 2000 bouteilles ». Le parfum est celui d’un vin ancien, superbe. Sans vraiment montrer de bulles il a du pétillant en bouche. La couleur est ambrée. C’est pour moi un immense champagne, magique, au nez précis. Il évoque les amandes, le citron vert, ce qui le rend très frais. Il a une très grande longueur qui fait apparaître son alcool. On peut sentir aussi du cigare et du beurre. Son final est d’une fraîcheur rare. Il m’évoque de beaux meursaults à maturité. Le caviar de Sologne est absolument exceptionnel, d’un équilibre idéal.

Le Bâtard-Montrachet Domaine Claude Ramonet 1961 est un vin ambré. On pourrait craindre une trop forte évolution mais en fait il est beau, avec un nez de belle tenue. La bouche est gourmande. C’est juste le finale qui montre une petite amertume mais qui s’estompe avec le temps. Le vin profite d’une belle évolution dans le verre. Il est subtil. C’est un vin qui raconte de belles choses. Mais on va vite l’oublier !

Car le Château Laville Haut-Brion Graves 1947 a un nez invraisemblable de force et de subtilité citronnée. Mon voisin de table n’arrête pas de le sentir pendant de longues minutes, sans éprouver le besoin de le boire tant le parfum est envoûtant. Sa couleur est d’un or de miel clair. La bouche est puissante, exotique, fabuleuse. C’est la perfection du vin blanc de Bordeaux. C’est un vin blanc d’anthologie qui m’évoque la mer tant il paraît iodé. Mais il y a aussi des fleurs et des agrumes. La fluidité de son finale est extrême.

Le Corton Charlemagne Jean-François Coche-Dury 2001 a un parfum explosif. Il évoque la pierre à fusil. Le gras du vin est gigantesque, mais il a aussi beaucoup de fraîcheur. Il évoque les noisettes grillées. On se demande comment une telle exubérance est possible.

Le Château Latour à Pomerol 1947 a une couleur très sombre. Le nez évoque une forte truffe. La bouche est aussi très truffe. Le vin est assez doucereux. Le vin est un peu torréfié, évoquant le café. On est très loin de la légende et de la magie que j’attendais et qui m’avaient poussé à m’inscrire. Le vin est trop court, mais sur le carpaccio d’Ozaki, il prend de la grandeur.

Le Château Latour Pauillac 1921 a un nez de fruits rouges que j’adore et qui va perdurer jusqu’à la fin du repas. La couleur bien foncée est très belle. Le nez est « géant », les fruits évoqués sont fous, de framboise et de cassis. Il est impossible d’imaginer qu’il a 94 ans. La bouche est belle avec des fruits un peu amers. La bouche n’est pas totalement parfaite et le vin, à part son nez, n’est pas d’un équilibre total. En plus des fruits, on sent la truffe.

Dès que je porte le verre à mon nez, je fais la grimace. Le Château Trotanoy Pomerol 1959 est bouchonné et je suis étonné que nous soyons aussi peu à le percevoir. Je sens le verre de Tomo qui a effectivement moins de bouchon, mais il est là. En bouche on ne ressent rien du tout sauf de façon minimale dans le finale. Le vin est assez joyeux, ample, avec beaucoup de charme. On s’en satisferait s’il n’y avait pas ce finale asséchant, traduisant l’accident de bouchon.

Mis à part les très jolis fruits du 1921, je trouve cette série de trois plutôt faible. Heureusement, la deuxième série de trois vins va nous ravir.

Ce Château Mouton-Rothschild 1945 de Tomo, je l’ai examiné sous toutes les coutures. Tous les indices montrent que le vin est authentique. Sur le bouchon qui s’est brisé en mille morceaux, on lit clairement 194 et le petit crochet du bas accrédite le chiffre 5. Le nez est superbe. C’est un vin très fin, très subtil, mais je reste prudent dans mon examen, car je ne trouve pas encore la perfection que j’ai en mémoire. Le vin est généreux, la couleur est belle, à peine tuilée. La viande Galice est merveilleuse et colle bien au vin, qui devient de plus en plus fin, confortable et équilibré. A ce stade, je retrouve la perfection que j’attendais. Le vin n’est pas aussi beau que celui que j’ai bu, mais il est vraiment très proche de cette perfection. Le vin est velours, avec un petit signe de torréfaction de plus que ce que j’ai en mémoire. Il fait partie des très grands vins.

Le Pétrus Pomerol 1947 a une couleur extraordinaire de jeunesse et là aussi le doute sur le vin n’est pas possible lorsque l’on examine la capsule et le bouchon. Le nez est très élégant, un peu fermé. En bouche il y a aussi ce côté un peu torréfié que je n’aime pas beaucoup. J’ai été très étonné que La majorité des convives soient autant laudatifs pour ce vin qui n’apporte pas la qualité que j’ai déjà éprouvée avec Pétrus 1947. Je n’ai pas du tout senti la magie qu’il devrait avoir et ça me gêne un peu que certains se soient laissés envoûter par la supposée magie du mythe, qui d’ailleurs, n’avait pas d’étiquette.

Le Pétrus Pomerol magnum 1950 pourrait me pousser vers ma tendance naturelle de préférer les vins que j’ai apportés, mais là, je n’en ai pas besoin, car le vin est à cent coudées au-dessus de tous les autres. Il est la perfection absolue. Il a le charme, le velours, pas un gramme de défaut. C’est la perfection absolue. Il évoque la truffe et dans son finale qui n’en finit pas, il y a de la truffe. Il est fluide, frais et jeune. Il est parfait. On verra dans les votes que je n’exagère pas.

Le Château Sigalas-Rabaud 1921 a une magnifique couleur profondément ambrée. Le vin sent le caramel. En bouche on est là aussi en face de la perfection. Et avec la crème caramel se crée un accord quasi orgasmique.

Nous avons versé un verre de chaque vin que se sont partagé le chef, le sommelier et toute l’équipe. Voir leurs yeux qui brillent d’approcher de tels vins est un bonheur. L’ambiance dans le restaurant était d’une amitié et d’une générosité de rêve, car Teshi a ouvert pour nous le merveilleux caviar et un morceau de Kobe très rare du fait de son vieillissement. Nous étions quasi seuls dans le restaurant qui a créé une atmosphère familiale.

Pour une fois nous avons fait participer le chef et le sommelier à nos votes. Nous sommes donc neuf votants, choisissant quatre vins. Ils se sont concentrés sur sept vins sur douze vins ce qui est une concentration plus forte que d’habitude. Je crois que c’est la première fois qu’un vin récolte sept places de premier sur neuf votants, c’est le Pétrus 1950. Le Pétrus 47 et le Mouton 45 ont eu un vote de premier.

Le vote du consensus serait : 1 – Pétrus Pomerol magnum 1950, 2 – Pétrus Pomerol 1947, 3 – Château Mouton-Rothschild 1945, 4 – Château Laville Haut-Brion Graves 1947, 5 – Corton Charlemagne Jean-François Coche-Dury 2001.

Mon vote est : 1 – Pétrus Pomerol magnum 1950, 2 – Château Mouton-Rothschild 1945, 3 – Château Laville Haut-Brion Graves 1947, 4 – Champagne Philipponnat Grande Réserve Blanc de Blancs 1955.

Le Pétrus 1947 n’est pas dans mon vote et sa place de deuxième m’étonne. Mais c’est la loi du genre. Les goûts sont différents entre amateurs. La cuisine a été inspirée, Teshi, très motivé, s’appliquant à ce que le produit pur soit mis en valeur par les saveurs annexes, toutes cohérentes.

Ma vision de cette expérience est que les quatre vins pour lesquels j’ai voté, plus le Latour 1921 et le Sigalas-Rabaud 1921 valorisent ce repas pour en faire un repas absolument mémorable. On ne peut pas avoir un 100% de réussite et même les vins un peu faibles avaient quelque chose à dire. L’ambiance incroyable qui régnait dans le restaurant m’a fasciné.

Tomo tout heureux de la performance de son Mouton nous invite à quelques-uns, plus le chef, à partager un champagne chez lui, comme si nous en avions besoin. Le Champagne Moët & Chandon magnum 1959 a une belle couleur dorée comme les blés. Mais en bouche, le vin n’est pas au rendez-vous, un peu pâteux, même si ce vin, que nous avons déjà partagé Tomo et moi en magnum est normalement d’une qualité et d’une fraîcheur hors du commun. Celui-ci se boit quand même avec plaisir, le miel et la brioche le supportant bien.

La grâce finale, le point final désiré, c’est avec le Vin de Paille Arbois 1915 de Tomo que nous l’avons connu. Doucereux, presque sucré, il a beaucoup de points communs avec les subtiles douceurs du Tokaji 5 Puttonyos 1866 que j’ai bu récemment. Une telle conclusion est parfaite pour un magnifique voyage dans des vins de légende, certains au rendez-vous, d’autres non, mais qu’importe, comme disait le regretté Joseph Henriot : « l’important c’est le chemin ».

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Pétrus 1947 n’a pas d’étiquette

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l’équipe déjeune avant le festival culinaire !

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les vins sont partagés avec l’équipe de cuisine

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l’équipe souriante

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la suite chez Tomo

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Dîner d’anniversaire hommage à Anne-Claude Leflaive et Joseph Henriot vendredi, 29 mai 2015

Il suffit d’un prétexte pour que j’organise un dîner à l’occasion de mon anniversaire. Le prétexte est ténu, mais pourquoi pas : mon âge rime avec mon nom. De plus, il s’exprime selon un équilibre parfait : 2 puissance 3 multiplié par 3 puissance 2 comme me l’a fait remarquer un ami passionné de chiffres convive de ce dîner. Nous sommes vingt-cinq à une grande table au premier étage du restaurant Laurent. L’apéritif se prend sur la magnifique terrasse d’où l’on voit aussi bien la Tour Eiffel que le Grand Palais et le théâtre Marigny.

Le thème que j’ai retenu est de rendre hommage à deux vignerons qui viennent de nous quitter et avec lesquels j’avais noué des relations faites de respect mutuel et de complicité, Anne-Claude Leflaive et Joseph Henriot.

Le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1996 est d’un jaune presque citronné tant il parait jeune. Le nez est intense, joyeux, généreux. En bouche il évoque le miel et le soleil. Il a une belle présence. Ce vin ample et joyeux est une des réussites de 1996 en Champagne. Il est très gourmand.

Le menu préparé par Alain Pégouret et Philippe Bourguignon est : Pâtes sèches de blé dur farcies de gambas, crème légère au parmesan / Turbot nacré à l’huile d’olive, bardes et légumes verts dans une fleurette iodée / Noix de ris de veau dorée au sautoir, morilles au jus / Pigeon à peine fumé et rôti, cœur de sucrine et pommes soufflées « Laurent » / Stilton / Merveilleux au lait d’orgeat / « palmiers », mignardises et chocolats.

Le Chevalier Montrachet « La Cabotte » Bouchard Père & Fils magnum 2002 a un nez glorieux. En bouche le vin est conquérant et complexe. L’image qui m’apparaît est celle d’un galet de torrent que l’on suce, indice d’une belle minéralité. Il a la puissance des vins de Jean-François Coche-Dury avec une patte qui est différente de celle de ce vigneron. Le vin est épanoui, de longueur infinie. C’est un très grand vin au sommet de son art.

Le Chevalier Montrachet Domaine Leflaive 1993 est d’une couleur qui n’est quasiment pas ambrée même si elle est plus foncée que celle du 2002. Son nez est plus discret et des amis disent qu’on aurait dû mettre ce vin avant le Bouchard. Mais il suffisait d’attendre, car le vin prend progressivement stature, ampleur et complexité. Un peu fumé, sur des notes d’automne, alors que la Cabotte évoque les chaleurs d’été, ce vin de connaisseur me séduit par sa très grande complexité. Il est superbe sur le turbot.

Le Beaune Grèves Vignes de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils magnum 1966 est éblouissant. Il provient directement de la cave de Bouchard car je l’ai acheté pour la circonstance, choisissant une année qui est celle de mon mariage, mais aussi parce que c’est une grande année. Sa provenance récente de cette cave idéale puisqu’elle est constamment à 11° avec une humidité totale se sent encore plus du fait du format magnum. Le nez est riche, jeune et raffiné. En bouche il est totalement bourguignon, avec une râpe et un message complexe qui me ravissent. Il paraît tellement vif que si l’on disait 1986, personne n’y trouverait à redire. Ayant eu la chance, grâce à la générosité de Joseph Henriot et de ses équipes, de goûter ce vin dans des millésimes canoniques dont tout particulièrement l’exceptionnel 1865, je pense que ce vin a encore un potentiel d’évolution et d’accomplissement qui est important.

Le Chambertin Clos de Bèze Bouchard Père & Fils 1985 est d’une grande année. Le vin est de belle charpente, jeune, vineux. Le pigeon exceptionnel et fumé met en valeur la subtilité et la complexité de ce vin riche et noble qui, malgré tout, aura du mal à nous faire oublier le 1966, même s’il est un grand cru.

Le Château d’Yquem 1991 est d’une année qui a été considérée comme petite, mais je pense que c’est un vin quasi idéal pour accompagner un stilton magnifique de maturité et d’un joli gras. Le vin est joyeux, discret, très plaisant. On sent bien qu’il n’a pas les complexités des grands Yquem, mais il en a tous les attributs, surtout pour l’accord recherché.

Je n’ai absolument aucun souvenir des raisons qui m’ont conduit à acheter il y a plus de vingt ans peut-être un vin d’un aussi grand format. C’est sans doute le joli dessin de la tête de Van Gogh sur le couvercle en bois qui m’a poussé à cet achat. Le Champagne Henriot Rose Noire « Hommage à Van Gogh » jéroboam 1982 # a été commercialisé en 1989 et la maison Henriot m’a dit que le vin qui compose ce champagne est essentiellement du 1982. Au dos de l’étiquette, c’est le tableau « les blés jaunes » de 1889 qui est représenté. C’est d’ailleurs la couleur du champagne, maintenant qu’il a près de 33 ans. C’est un champagne magnifique, presque fumé, d’une très grande personnalité et d’une grande originalité. Il m’évoque un peu les Version Originale de Selosse lorsqu’ils sont d’un dégorgement ancien. L’évocation de Van Gogh se retrouve dans le goût de blés d’été.

Le Service du restaurant Laurent est parfait. Nous avons été choyés tout au long de la soirée. La cuisine est de très haut niveau et le pigeon est superbe. Le dessert est frais et gourmand, idéalement marié au champagne qui n’est pas gêné par le sucre.

Mon vote des vins de ce soir serait : 1 – Beaune Grèves Vignes de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils magnum 1966, 2 – Chevalier Montrachet « La Cabotte » Bouchard Père & Fils magnum 2002, 3 – Champagne Henriot Rose Noire « Hommage à Van Gogh » jéroboam 1982 #, 4 – Chevalier Montrachet Domaine Leflaive 1993.

Dans une ambiance familiale et amicale, ce dîner en forme d’hommage à des vignerons fut un grand moment de plaisir.

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la boîte du Rose Noir Van Gogh est à elle seule une oeuvre d’art

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Deux dîners avec mon fils mercredi, 27 mai 2015

Personne ne peut me procurer autant de plaisir que mon fils lorsqu’il s’agit de partager des vins. Aussi chaque moment compte puisqu’il vit très loin, aux Amériques. Malgré la fatigue du voyage en Suisse, je descends en cave pour chercher une bouteille. Je prends en main, au hasard, une bouteille sans étiquette. La petite étiquette d’année indique 1978 et la capsule indique clairement Henri Richard Propriétaire-Viticulteur, Gevrey-Chambertin. Je n’ai pas honte de dire que je ne connais pas.

Le niveau est beau et la couleur est belle. Comme un sourcier qui sent la présence de l’eau, je pressens que ce vin sera beau. Je l’ouvre et le parfum est envahissant et annonce une merveille. Le bouchon est d’une qualité superbe, qui rivaliserait avec celle des bouchons des plus grands domaines

Ma femme m’ayant entendu proclamer que ce soir ce serait diète n’a rien prévu de spécial. Tant pis, on s’arrange et le vin au fort parfum, dense, où la profondeur du vin se suggère, donne en bouche un message comme je les adore. Le message est râpeux, viril, sans concession. Pour mon goût, c’est la Bourgogne « bourguignonnante », paysanne, rugueuse, qui ne cherche pas à flatter mais séduit par son message authentique. C’est un vrai bonheur et secrètement, je me dis que mon flair n’est pas si mauvais. Là où j’en ai moins, de flair, c’est pour trouver le vin. Ce n’est plus un exercice auquel j’aime me livrer. De petites étincelles m’indiquent Echézeaux.

Après le dîner, avec mon fils, nous allons chercher en cave si des indices existent sur d’éventuelles sœurs de la bouteille que nous venons de boire. Et nous en trouvons. Il s’agit d’un Mazoyères-Chambertin Henri Richard 1978. Comment ces bouteilles ont-elles atterri dans ma cave, je ne sais pas. Toujours est-il que ce vin que j’appellerai paysan, évoquant le travail rude des vignerons, par sa râpe et sa rugosité, nous a donné un grand plaisir.

Le lendemain, mon fils me retrouve à l’endroit où se situe ma cave extérieure. Il prend des dizaines de photos pour alimenter ses rêves lorsqu’il sera de retour à Miami. Je lui lance : « ce soir, il faudrait être raisonnable ». Il me répond : « l’est-on vraiment ». Je vais une fois de plus au hasard et je choisis un vin qui doit être dans une forme totale d’accomplissement.

A la maison, c’est un poulet rôti au citron qui nous attend, le citron cuit ayant la bonne idée de ne pas être marquant. Le Châteauneuf-du-Pape Château de Beaucastel 1990 a un niveau qui colle quasiment au bouchon. Disons trois à quatre millimètres d’air. Le bouchon est superbe, d’une qualité et d’une élasticité parfaites. Le nez est un bonheur. Il annonce un vin soyeux et doux, il évoque sa puissance et sa complexité.

En bouche, mon fils considère que c’est le vin parfait et c’est vrai qu’il a atteint une maturité et une sérénité qui rendent tout facile, immédiatement élégant. On retient surtout le velours, la grâce, l’élégance, et cette fluidité de message qui n’appartient qu’aux vins bien faits. Il a 25 ans, et c’est à ce stade qu’il faut le boire. J’ai bu plusieurs 1990 de ce vin, mais jamais je n’ai eu cette impression de félicité. Bien sûr, le côté doux et velours de ce Beaucastel n’a rien de bourguignon, car c’est un authentique Châteauneuf-du-Pape mais par instants, je retrouve la complexité des grands bourgognes.

Le poulet est magique, la sauce est un péché qui devient mortel avec le vin. Je ne reverrai mon fils que dans six semaines. Nous avons eu des moments merveilleux pendant son séjour.

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l’étiquette est celle d’une autre bouteille

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Déjeuner en Suède avec deux beaux 1959 lundi, 25 mai 2015

Lorsque j’avais mis au point mon voyage en Suède, j’avais prévu un retour en avion assez tard dans l’après-midi du lendemain du dîner, pour avoir le temps de récupérer. La veille de mon départ, Robert me dit : « vous aurez le temps de déjeuner avant votre avion, voulez-vous rejoindre un groupe d’amis ? ». Sans réfléchir, je dis oui. Me voilà parti pour une nouvelle folie. C’est Ida qui va conduire Robert et moi, d’abord au bureau de Robert situé dans la ville de Gävle, où il rapporte les bouteilles vides d’hier et prend les vins du déjeuner, puis au restaurant Söders Källa normalement fermé le dimanche mais qui sera ouvert pour nous. Qui vois-je en entrant dans le restaurant ! L’équipe de tournage qui n’avait pas été autorisée à filmer le dîner d’hier pour préserver l’anonymat de quelques convives, mais aura la permission de filmer ce déjeuner.

Robert me demande de choisir les vins avec lui. J’ouvre à nouveau les vins pour ce repas à cinq, Ida, Robert, deux amis de Robert et moi. Vessna, l’amie de Robert, possède des restaurants, un bar pour sportifs et une boîte de nuit et va s’associer avec lui pour créer un bar à vins. Elle est stupéfaite de voir le soin que je prends pour ouvrir les vins et le plaisir que je trouve dans cet exercice d’accouchement des vins.

Le menu de onze services dont huit plats est écrit en suédois. Je n’en ai pas la traduction.

Le Champagne Georges Vesselle à Bouzy Collection Millésimes Grand Cru Brut 1998 est de très belle fraîcheur et je le trouve très agréable à boire. J’aime bien ce champagne direct, facile à boire, sans grande complexité mais franc.

Le Meursault Première Cuvée Maison Louis Latour 1953 a une couleur très ambrée. Il est objectivement très évolué mais il montre de plus en plus de qualités gastronomiques. Si l’on accepte qu’il ne représente pas la pureté d’un meursault, on comprend que c’est un autre objet de plaisir. Sur les langoustines et les coquilles Saint-Jacques, il se comporte à ravir.

Le Château Laroze Saint-Emilion 1959 a une belle pureté. C’est un vin immédiatement charmant et joliment flexible pour accompagner les plats. C’est un bonheur de boire de tels bordeaux.

Le Châteauneuf-du-Pape Domaine Charles Viénot 1959 montre des signes d’âge, mais sa puissance naturelle et ses complexités en font un vin très vibrant et entraînant. C’est des trois rouges celui que je préférerai.

Le Beaulieu Vineyard Georges de Latour Cabernet Sauvignon 1983 aurait tout pour plaire, mais il ne l’a montré que peu de fois. Le plus souvent il est en retrait, comme bridé alors qu’il pourrait briller.

L’Extravagant de Doisy-Daëne Sauternes 2003 a une couleur d’un or glorieux. A l’attaque, le sucre gâche tout, car on ne sent que lui. Ce sucre dominant, c’est trop. Il a toutes les composantes pour être parfait car il est fait par un grand vigneron, mais il en fait trop, l’extravagance nuisant à l’élégance. Il se pourrait que dans cinquante ans, ce vin devienne sublime. Si j’avais l’éternité devant moi, j’essaierais volontiers d’en conserver.

La cuisine du chef, qui n’a travaillé que pour nous un jour de fermeture, mérite des encouragements, car il y a une volonté de mettre en valeur des produits locaux qui est appréciable. Les ingrédients sont bons mais il y a un manque de maturité car il y a des ajoutes de saveurs qui ne servent en rien le message et sont inutiles. Saluons la volonté d’excellence.

Robert a été d’une générosité exemplaire. Le dîner fut mémorable car certains vins font partie des légendes du vin. L’authenticité du goût de Tokaji 1866, l’originalité du Massandra 1905 et surtout le parfum inouï du Madère 1806 vont rejoindre mon Panthéon mémoriel. Ce fut un week-end inoubliable.

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le cameraman pose un micro à Robert

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le menu en suédois

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En Suède, invraisemblable dîners de vins anciens 1806, 1828, 1866, 1905 et autres lundi, 25 mai 2015

Robert (prononcez Roberte) est un amateur de vins suédois qui s’était inscrit à l’un de mes dîners. Il venait voir comment je procède car il organise lui aussi des dîners de vins anciens. Il vend du vin à des restaurants, possède un bar à vins à une petite heure au nord de Stockholm et il organise six ou sept dîners de vins anciens par an.

Robert m’invite à l’un de ses dîners et lorsque je vois qu’il y aura un Madère de 1806, l’hésitation n’est pas de mise. Robert a de moi une opinion qui est très probablement excessive car il organisé que l’on fasse un reportage sur ma venue en Suède. Il m’annonce qu’un chauffeur m’attendra à l’aéroport et que le trajet vers le lieu du dîner durera environ deux heures. Il ajoute : « prévoyez de quoi lire pour que le voyage ne soit pas trop ennuyeux ». A la sortie de l’aéroport mon œil est attiré par une grande jeune femme blonde, à la coiffure punk, tendance iroquois. Elle est intégralement vêtue de cuir noir, avec des chaussures noires dont les talons dépassent les vingt centimètres. Elle est fière de ses Louboutin. Elle tient en main une bouteille de La Tâche. Instantanément, je sais que c’est elle et elle sait que je suis celui qu’elle attend. Nous nous disons bonjour, filmés par un caméraman, sans qu’elle ne vérifie que je suis le voyageur attendu. La voiture des journalistes nous précède, Ida, puisqu’elle s’appelle Ida, me conduit à ma destination. Inutile de dire que je n’ai pas eu besoin de lire, car nous avons discuté. Elle est la petite amie de Robert, elle est tatoueuse professionnelle et aime le vin. Pour me montrer qu’elle aussi est tatouée, elle dézippe une de ses manches et je peux voir une bouteille de Krug Grande Cuvée. Que le lecteur se rassure, la démonstration s’arrêta là.

L’hôtel se situe à proximité de la ville qui loge la société Sandvik, un conglomérat suédois œuvrant notamment dans la métallurgie. L’hôtel regroupe de nombreuses maisons d’ouvriers, en bois et en dur réaménagées. Robert m’accueille, souriant et m’explique que s’il n’est pas venu me chercher, c’est qu’il n’a pas le permis. Après une courte mais bénéfique sieste, je me rends avec Robert, suivi par les journalistes, vers une maison dont le décor strict et anodin cache en fait ce qu’on pourrait considérer comme un petit château. Il y a dans chaque pièce d’immenses poêles en faïence de toute beauté. Ce qui m’a fasciné c’est que le plafond d’une des pièces, en bois de sapin, est peint avec les blasons d’une famille noble dont le bandeau écrit en français porte cette mention : « Les enfants d’illustre maison, doivent suivre les traces de leurs ayeuls » (sic). Inutile de dire que nombre de ministres de l’éducation, de droite comme de gauche, s’étrangleraient en lisant cela. Les salles sont belles et dans la grande salle à manger, Robert a assemblé un nombre déraisonnable de bouteilles. Il me cède gentiment la responsabilité d’ouvrir les bouteilles, filmé par les reporters.

Certains bouchons ont trahi des problèmes de cave ou des accidents de température, d’autres se sont montrés imbibés ou impeccables. Les défauts de bouchon se sont retrouvés dans les défauts du vin, mais globalement je ne vois aucun vin qui mériterait d’être écarté. Il y a même de divines surprises comme ce Clos Haut-Peyraguey 1918 au parfum exceptionnel et la star du dîner, un Madère de 1806. Tout se présente bien, mais comme un autre professionnel du vin allemand un peu fou grâce auquel j’ai bu un vin sublime de 1727, Robert a une générosité qui frise l’excès.

Nous sommes douze, dont onze suédois, tous mâles. Il y a de nombreux métiers représentés, et les âges sont très variés. Une caractéristique de tous, c’est d’être amoureux des vins anciens, comme Robert. Notre hôte fait un speech de bienvenue en suédois et me passe la parole pour quelques mots de présentation. Dans une salle dont les murs sont remplis de portraits de famille couvrant le 18ème et le 19ème siècle, nous buvons un Champagne Paul Bara de Bouzy Grand Cru 2000 qui évoque immédiatement le miel. Il est agréable à boire mais manque un peu de coffre et de complexité. Il est trop monolithique, surtout après les champagnes exceptionnels que j’ai bus avec mes enfants.

Nous passons à table et je suis assis à côté d’un écrivain du vin, spécialiste des vins de Madère. Le Champagne Bollinger Grande Année 1995 est trop ambré pour son âge. Il est légèrement déséquilibré, défaut qui apparaît d’autant plus qu’il y a à ses côtés un Champagne Veuve Clicquot la Grande Dame 1995, clair, superbe, brillant et joyeux. Le contraste amplifie encore plus ses qualités.

Vient maintenant l’objet de mon voyage, le Madère P.P. Goelet 1806. Mon voisin nous explique que ce madère a été mis en bouteille en 1810 pour être expédié aux Etats-Unis. Il a été rebouché à plusieurs reprises, les deux dernières étant de 1919 et du début des années 90. C’est un Colheita, c’est-à-dire que 100% est de 1806. Il a eu étonnamment peu de vieillissement en fût. Le nez de ce vin est tellement miraculeux que je m’enferme dans ma bulle, oubliant le monde extérieur, pour me repaître de ce parfum. Il est magique. Nommez n’importe quel fruit – s’il n’est pas rouge ou rose – et vous l’aurez immanquablement dans ce vin. C’est inouï, irréel, et je ne reconnais pas madère tant il est « hors de ce monde ». Je jouis de cet instant unique où il m’est donné de sentir un vin au parfum infini. Il est sec, vibrant, l’alcool est discret. C’est le panier de fruits oranges et bruns qui domine. Je suis presque tenté de ne pas boire tant le parfum est envoûtant. La bouche est moins géniale et le vin est assez éloigné du madère. Il est très sec, subtil, inclassable, de belle longueur, avec un léger poivre et de belles épices. J’ai gardé jusqu’en fin de repas le verre du 1806 et plus le temps passait, plus le parfum redevenait madère avec du gras qui n’existait pas au moment du service. Ce vin justifie à lui seul mon voyage. Un velouté de champignons avec un petit œœuf de caille s’est révélé idéal pour le vin.

Passer après le 1806 est une tâche difficile pour le Château Carbonnieux blanc 1961. Le bouchon était très imbibé et ce qui me gêne c’est une trace glycérinée insistante. On peut imaginer ce qu’il serait, mais le plaisir n’est pas au rendez-vous. On se contente de l’imagination de ce qu’il aurait pu être.

La série suivante est de deux vins. Le Château Haut-Brion 1937 n’a pas un nez d’une totale précision mais il est riche. En bouche pour une raison que je ne saurais expliquer je me dis que ce vin est vraiment Haut-Brion, avec des évocations de cigare, de mine de crayon, mais il n’y a pas que cela. Il est riche, mais pas totalement précis.

A côté de lui, le Château Lascombes 1934, moins puissant et moins riche est beaucoup plus plaisant car il est très pur et très vivant. C’est un vin très agréable. Les deux vins se boivent sur une caille délicieuse mais bien chiche, dont nous avons le suprême, le foie et le cœur, les abats avantageant le Haut-Brion.

Sur l’agneau, trois vins de 1961 sont servis. J’ai demandé à la fin que chacun donne son tiercé et la diversité des votes est invraisemblable. Le Château Palmer 1961 est objectivement incomplet. On sent son potentiel, mais manifestement dévié. Un bon tiers des participants va le noter premier ce qui montre la diversité des goûts.

Le Château L’Evangile à Pomerol 1961 est superbe, naturel, facile et je l’adore même si c’est le plus gracile des trois. Sa fluidité me pousse à le nommer premier et je serai le seul à avoir ce vote. Robert m’avouera le lendemain que, voyant que nous serions les deux seuls à voter pour l’Evangile, il a préféré changer son vote pour qu’il n’y ait pas le vote des supposés experts et les votes des autres. C’est délicat.

Le Château Cheval Blanc 1961 est fermé au début de la dégustation, mais il progresse à une vitesse telle que nous serons nombreux à changer notre vote quelques minutes plus tard, et effectivement c’est le plus grand des trois, riche, très truffé, un très grand vin qui n’était pas réveillé lorsque nous avons voté. L’agneau est délicieux mais aussi un peu chiche.

La générosité des plats s’améliore et cela tombe très bien car il y a maintenant un bœuf Wagyu délicieux mais relativement peu gras. Le Sine Qua Non Atlantis Syrah 2005 est une divine surprise. J’attendais un vin américain très international qui a la richesse des vins parkériens puisqu’il a 100 points et titre 15,3°, et voilà que je découvre un vin élégant, discret, charmeur, un vrai grand vin. De plus, il s’insère parfaitement à la suite de vins canoniques. On ne peut qu’applaudir une telle réussite.

Très curieusement, le nez du Clos Haut-Peyraguey 1918 est beaucoup moins conquérant qu’à l’ouverture, ce qui est rare. Il est délicieusement doré et son goût est parfait. Il y a des figues, des mangues, du caramel et des épices généreusement distribuées. C’est un grand sauternes d’une grande année.

Robert a ajouté au programme un Château Roumieu Sauternes 1941 un peu déstructuré, ce qui renforce la performance du 1918. Le 1941 s’améliore mais on sent plus l’alcool que les fruits.

Le Tokaji Aszú 6 Puttonyos 1866 est superbe de douceur, mais sait avoir de la force. Il évoque des figues, du café, du chocolat et du poivre. Il est un très joli témoignage des Tokaji de cette époque, déroutant mais dans un sens positif, charmant de douceur.

Alors que Robert m’avait dit de nombreuses fois de ne rien apporter, je n’ai pu résister au plaisir d’apporter une Malvoisie des Canaries 1828. L’année n’est pas indiquée mais comme j’ai un lot de vins des Canaries de 1828 avec strictement les mêmes bouteilles, je l’ai daté ainsi, ce qui est corroboré par le goût. Ce vin est une bombe. Le nez est intense, la bouche est du plomb fondu et chacun est surpris par le fait que sa persistance est infinie. Il ne veut pas s’éteindre en bouche. Il est fort en réglisse et poivre, d’un noble muscat, d’une concentration extrême. Ce vin fait partie de ceux que je révère. Ayant la lie qui tapisse mon verre, je peux goûter un nectar concentré comme un marc, un seigneur, avec du goudron, de la réglisse et du zan.

Robert, par un mauvais geste, avait cassé la bouteille de Livadia White Muscat Massandra Collection 1905. Il a pu sauver de quoi nous donner des fonds de verre. Le vin est subtil, doux, étrange, avec un goût de bonbon anglais particulièrement excitant. Il y a aussi du miel et de la réglisse. J’adore ce vin aux accents inconnus. C’est une vraie découverte.

Nous finissons avec un Porto Grahams Vintage 1970 au goût tellement attendu que le souvenir s’en est estompé aussi vite que nous l’avons bu. Il est bon, mais n’apporte rien à ce dîner.

Robert fait voter pour le meilleur. Je suis étonné que le Cheval Blanc 1961 recueille autant de votes, ce qui se comprend car il fut excellent sur sa seconde vie, mais le 1806 est tellement en dehors des sentiers battus qu’il aurait dû recueillir tous les suffrages. Mais l’expérience de mes dîners me montre que la variété des goûts des amateurs est incommensurable.

Mon vote serait : 1 –Madère 1806 pour son parfum inoubliable, 2 – Malvoisie 1828 pour son goût inextinguible, 3 – White Muscat 1905 pour son originalité, 4 – Tokaji 1866 pour son incroyable typicité, l’archétype du grand Tokaji, 5 – Sine Qua Non 2005 pour la surprise qu’il m’a procurée et 6 – Cheval Blanc 1961 car il est grand mais j’en ai bu de meilleurs de ce millésime.

Le chef qui a réalisé le menu a fait beaucoup d’efforts pour provoquer de beaux accords. Les portions furent petites au début et copieuses à la suite. Robert a organisé ce dîner avec pertinence et efficacité. L’atmosphère était celle de vrais amateurs de vins anciens. Ce fut un magnifique dîner avec des vins mémorables qui prouvent que le bon vin est éternel. A deux heures du matin, je n’ai pas eu besoin de compter des moutons.

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on a déjà vu de moins charmants chauffeurs

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ma chambre a un décoration qui évoque les maisons ouvrières d’un site dédié à la métallurgie

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l’extérieur de la maison où a lieu le dîner ne paie pas de mine

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mais à l’intérieur tout est beaucoup plus beau et il y a l’étrange légende du blason

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lorsque j’arrive dans la salle à manger, voici l’ampleur de la tâche qui m’attend, d’ouvrir tous les vins

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Champagne Paul Bara de Bouzy Grand Cru 2000

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Champagne Bollinger Grande Année 1995

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Champagne Veuve Clicquot la Grande Dame 1995

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Madère P.P. Goelet 1806

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Château Carbonnieux blanc 1961

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Château Haut-Brion 1937

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Château Lascombes 1934

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Château Palmer 1961

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Château L’Evangile Pomerol 1961

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Château Cheval Blanc 1961

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Sine Qua Non Atlantis Syrah 2005

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Clos Haut-Peyraguey 1918

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Château Roumieu Sauternes 1941

Tokaji Aszú 6 Puttonyos 1866

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Malvoisie des Canaries 1828

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Livadia White Muscat Massandra Collection 1905 (ce que Robert a pu récupérer a été mis dans une demi bouteille d’Yquem

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Porto Grahams Vintage 1970

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quelques photos de groupes et de bouchon où l’on voit la forme effilée du Tokaji et la bouteille trapue de la Malvoisie

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Nous prenons le champagne dans la pièce aux nombreux tableaux de famille. On peut reconnaître Charlotte Landelius, la journaliste, derrière les verres

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des couverts de repas royaux

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Dîner familial avec de beaux champagnes dimanche, 24 mai 2015

Mon fils revient en France pour sa visite mensuelle des sociétés familiales. Sa maman veut qu’il se sente bien en famille pour son premier dîner et son papa a envie qu’il boive bien.

Le Champagne Charles Heidsieck 1952 a un bouchon qui se casse à mi-hauteur. Le bas est sorti au tirebouchon. La bulle est quasi inexistante. La couleur est belle, celle de pailles d’un chaud été. Le nez est agréable, vineux. En bouche, le vin est d’une grande fraîcheur évoquant les fruits jaunes d’été. Une légère amertume est liée au vieillissement du champagne, mais elle disparaît presque complètement sur un délicieux jambon Pata Negra puis sur de goûteux fromages, camembert et Brie. Le plateau de fromages est une attention de ma femme, ainsi que la baguette, pour que notre fils américain se sente revenu au pays. Il ne manque que le béret ! Malgré une petite fatigue, le champagne est joyeux, racé, d’une belle vinosité.

Le Champagne Dom Ruinart 1973 a un pschitt un peu faible mais réel. La bulle est fine, discrète mais présente. La couleur, très proche de celle du 1952, est d’un bel or clair. Le nez est intense et vineux. Ce qui frappe, c’est la complexité de ce champagne. Je ressens du cuir mais aussi de la réglisse. Et mille saveurs complexes qui font voyager le palais. Le Champagne Dom Ruinart 1973 est un très grand champagne d’une année qui n’est pas assez mise en valeur alors que c’est une grande.

Pour faire plaisir à mon fils, ma femme a acheté un dessert sphérique meringué coupé en deux hémisphères, dont la surface de l’écorce est saupoudrée de fines poussières rectangulaires de chocolat. Ça, c’est la définition selon la novlangue de l’Education Nationale. Il fut un temps où l’on appelait ce dessert tête de nègre. Le politiquement correct a bien fait de supprimer ce vocable qui est un obstacle à la repentance. Par une chance qui n’est pas une surprise, nous aimons tous les trois ce dessert sucré qui ponctue ce moment de chaude intimité familiale.

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Dîner au restaurant Pages avec de grands vins dimanche, 24 mai 2015

Le lendemain, c’est l’anniversaire de ma fille. Mon fils a réservé une table au restaurant Pages où nous devrions nous retrouver à quatre, ma femme, mon fils, ma fille et moi. J’annonce d’emblée que je ne pourrai pas venir, car le lendemain, je partirai très tôt vers la Suède où va se tenir un dîner aux vins mémorables dont le plus vieux est de 1806. Mais le soir venu, l’idée que je me retrouve seul à la maison pendant que femme et enfants festoient m’est insupportable. Nous nous retrouvons donc tous les quatre au restaurant Pages. Je fais vite préparer les vins que j’ai apportés.

Selon la tradition, le menu n’est pas annoncé. Je le reçois par mail le lendemain matin. En amuse-bouche, dauphine de veau de lait du Limousin, crème au curry / pain soufflé et crème au chou Kale / ceviche de turbot / chips de légumes. Le menu : carpaccio de bœuf Ozaki / homard breton façon Piña Colada / cromesquis de foie gras fumé au Bincho, purée d’oignons doux grillés / asperges vertes de Sylvain Erhardt, asperges blanches d’Anjou, sabayon et ventrèche ibérique /turbot de l’île d’Yeu, extraits de coquillages, agrumes de Michel Bachès / poulette de Pascal Cosnet grillée sur le Bincho, petits pois et jaune d’œuf / le trio de bœuf grillé sur le Bincho, l’Ozaki, la normande 30 jours, le bœuf de Galice 60 jours / granité de verveine, granité de coquelicot / crème brûlée glacée à la fleur de sureau, rhubarbe et gariguettes.

Le Champagne Salon 1983 est une divine surprise. On grimpe de six étages par rapport aux champagnes de la veille. Mon fils serait plus tendre avec les champagnes d’hier et j’aime bien qu’il ait cette ouverture d’esprit et cette tolérance. Mais l’écart est bien là. La bulle est active, la couleur est celle d’un champagne très jeune, le nez est riche, joyeux et luxuriant. En bouche, c’est une explosion de bonheur. Ce champagne est fou. Il a tellement de complexités, plus que le Dom Ruinart qui en avait beaucoup, que je suis surpris. Je n’attendais pas le 1983 à ce niveau sublime. Les richesses sont si grandes qu’on ne cherche pas à les analyser. Il est vineux, évoque de beaux fruits roses romantiques, mais il y a bien plus que cela. C’est un champ d’enchantements absolus. Sur le carpaccio d’Ozaki puis sur le homard il crée des accords merveilleux.

Le Châteauneuf-du-Pape domaine du Pégau 1985 a un nez riche et profond, de truffe et de cuir. En bouche, c’est un miracle. J’ai l’impression d’être devant le Châteauneuf-du-Pape parfait. Il est rêche, râpeux à la bourguignonne et d’une complexité que je n’attendais pas à ce niveau. Il a trente ans et aucun jeune Châteauneuf-du-Pape ne pourrait offrir une palette de cette ampleur. Les grands Châteauneuf-du-Pape vieillissent aussi bien que les bordeaux et les bourgognes, et celui-ci est éblouissant. Quand arrive le plat des trois bœufs, celui de Galice crée le plus bel accord avec ce vin vif, puissant et confortable.

La cuisine de Ryuji Teshima dit Teshi me plait énormément. Tout est élégant, dosé, intelligent. C’est sur les viandes que j’ai pris mon plus grand plaisir. Il se faisait tard, j’ai quitté la table avant les desserts, car demain l’avion vers la Suède partira très tôt.

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