Archives de catégorie : vins et vignerons

Découverte du champagne Salon 2007 deux mois avant sa commercialisation jeudi, 15 mars 2018

Didier Depond, président des champagnes Salon et Delamotte m’avait proposé que nous déjeunions ensemble. C’est un homme extrêmement occupé aussi la date du rendez-vous a toussoté trois fois. Nous nous retrouvons au restaurant Le Petit Sommelier qui est connu pour sa carte des vins de grande qualité. Ce que je n’avais pas remarqué jusqu’alors, c’est que la proximité de la gare Montparnasse entraîne que de nombreux voyageurs viennent avec leurs valises qui s’amoncellent dans tous les espaces libres. Mon blouson s’est vu distordu par cette pyramide de valises.

Lorsque j’arrive, je demande la table retenue par M. Depond et la jolie Manon, sommelière que je ne connaissais pas, me dit : « j’ai vu votre frère hier soir ». Je lui demande : « Jean Audouze ? » et elle me répond oui, étonnée elle-même de cette coïncidence. Cela suppose que Didier Depond ait annoncé que je serais son invité et qu’elle en ait eu l’information. Etant en avance j’ai le temps de relire la carte des vins et d’imaginer mille pépites qui mériteraient notre intérêt.

Didier arrive, nous nous embrassons, et il demande qu’on nous serve les vins qu’il a déjà fait préparer. Il fait servir le Champagne Salon 2007 dont il me dit que je serai le premier au monde à le goûter. On sait que les grands séducteurs disent à leurs conquêtes que c’est la première fois qu’ils tombent amoureux, mais pourquoi ne pas croire ce que Didier me dit. Nous choisissons nos menus. Pour nous deux il y aura des huîtres, puis le copieux plateau de cochonnailles et autres foies gras. Ma viande sera un gigot d’agneau aillé.

Nous allons comparer le Champagne Salon 2007 dans deux verres différents. Avec l’un, le champagne Salon est large et convivial. Avec l’autre il est vif et tranchant. Bien malin qui dirait lequel est préférable mais nous continuerons les autres champagnes avec le verre qui rend le 2007 vif et tranchant.

Le nez du Salon 2007 est impressionnant, vif et salin. En bouche nous nous regardons Didier et moi car ce 2007 est la définition absolue d’un grand Salon. Il a tout pour lui. Didier le compare volontiers au 1997 qu’il adore. Je le rejoins. Ce n’est pas un champagne d’affirmation, même s’il en impose, mais c’est toute la grâce subtile de Salon. C’est un magnifique champagne. Avec les huîtres l’accord est un régal car c’est le sel qui les réunit. Et les huîtres sont délicieuses.

Sur les cochonnailles, sur le foie gras, le Salon est parfait mais il n’y a aucune surprise. Avec de petites sardines l’accord est majeur.

Je suis aux anges, car ce 2007 promet d’être immense et son ADN est celui des plus beaux Salon.

Sur la viande Didier fait servir le Champagne Delamotte Blanc de Blancs 2008. C’est un superbe champagne bien large. On n’est pas au niveau du Salon mais il ne faut pas comparer car ce Delamotte a une très belle complexité. Il est généreux et facile à vivre.

Didier fait aussi servir le Champagne Delamotte Blanc de Blancs Collection 1999. Ce champagne a été dégorgé il y a environ 18 mois. Il est brillant. C’est du bon champagne que l’on goûte goulûment car on sait qu’on est en face d’un champagne généreux et fin. A ce stade, le 1999 est beaucoup plus intéressant que le 2008, mais le 2008 a un grand avenir. Il y a dans le 1999 une race certaine qui en fait un champagne très flexible pour les accords et très racé pour le boire seul.

J’ai apporté dans ma musette le reste du Chypre 1869 bu jusqu’alors avec mon fils. C’est le gâteau au chocolat qui sera le dessert le moins problématique pour ce vin. Il est toujours aussi étonnant, avec en attaque une fraîcheur et une acidité étonnantes et des notes plus veloutées en milieu de bouche. Il n’a pas varié d’un gramme. Il faut dire qu’en 149 ans, il a eu le temps de s’assembler. Je fais goûter à Manon qui est conquise ainsi qu’aux autres membres du personnel extrêmement sympathiques.

La cuisine du restaurant est simple mais bonne car les produits sont bons. Les huîtres en particulier sont superbes. L’ambiance est celle d’un bistrot mais on voit bien qu’il y a des amateurs de vins qui profitent de l’excellente carte des vins. Avec Didier nous nous sommes trouvé des souvenirs d’enfance qui sont communs malgré le fait qu’une génération nous sépare.

Didier a été généreux et a réussi à mettre en valeur la pertinence des champagnes Delamotte. Et il m’a fait le cadeau de me faire découvrir le Salon 2007 qui sera dans l’histoire de Salon un grand Salon romantique et floral, de distinction folle. C’est l’âme de Salon qu’il nous a délivrée en ce repas extrêmement amical.

la bouteille de Salon 2007 que Didier Depond m’a dédicacée

les photos prises par Didier pendant le repas

Présentation des vins récents du groupe Vega Sicilia mardi, 20 février 2018

Comme chaque année le maître de chais du groupe Vega Sicilia vient présenter les vins du millésime qui est mis sur le marché. Gonzalo Iturriaga parle un excellent français avec un accent espagnol prononcé. Nous sommes accueillis par l’importateur français des vins de ce groupe, la société Vins du Monde au siège de l’O.I.V. l’organisation internationale de la vigne et du vin. La salle est magnifique et l’assistance est composée de professionnels du vin, des sommeliers, restaurateurs et prescripteurs. Le service du vin pendant la dégustation sera fait par des élèves de l’école Cordon Bleu venant de tous pays, USA, Canada, Chine, etc. cornaqués par Franck Ramage le directeur de cette belle école.

Gonzalo présente le groupe repris en 1983 par la famille Alvarez qui a eu une politique dynamique d’investissements, à tel point que le volume des ventes a décuplé, représentant aujourd’hui 1,5 million de bouteilles.

Le vin blanc Oremus Mandolas Tempos Vega Sicilia 2016 est un furmint hongrois. La couleur est très claire, le nez est citronné, typiquement d’un vin très jeune, voire trop jeune. Le vin est servi très froid. Il a un joli fruit, assez sec. C’est un vin de fraîcheur. Du fait de sa jeunesse le vin est un peu simple, d’une grande pureté. Gonzalo est comme moi convaincu qu’il devrait être commercialisé avec deux ou trois ans de cave de plus.

Alion Tempos Vega Sicilia Ribeira del Duero 2013 a une belle robe foncée avec sur le cordon, la fine remontée dans le verre par capillarité, un rouge très expressif. Le nez est très précis, fin, tranchant. La bouche est fraîche, dotée d’une belle amertume. Le vin est très agréable, racé. Il ne fait pas du tout vin d’entrée de gamme. C’est une très belle surprise. Il est d’une année chaude, et se montre subtil, à la belle fraîcheur.

Le Pintia Toro Tempos Vega Sicilia 2013 a une couleur plus foncée. Le nez est plus lourd, plus épais mais quand même bien net. La bouche a une attaque suave. Il a du velours et c’est le finale qui est plus rêche. Autant Alion est immédiatement plaisant autant celui-ci doit gagner quelques années pour s’assembler un peu mieux. Ce vin frais est plus lourd, voire un peu pesant et un peu rude. Il ne s’est pas vraiment trouvé et on sent aux commentaires de Gonzalo qu’il n’en vante pas les mérites.

Le Valbuena Vega Sicilia Ribeira del Duero 2013 est assez foncé comme le Pintia. Le nez est nettement plus cohérent. Il a beaucoup de douceur et de personnalité. La bouche est élégante et harmonieuse. Je sens la fraîcheur mentholée que j’adore. Le vin est gourmand mais il est gracieux comme une ballerine. 2013 est une année classique pour ce vin dont Gonzalo est amoureux. C’est bien de le boire frais comme il est servi.

Le Vega Sicilia Unico Ribeira del Duero 2006 a une couleur plus claire que celle du Valbuena. Le nez est noble. Tout en ce vin est parfait, cohérent et il y a très nettement marquée, la fraîcheur mentholée, signature des grands Unico. C’est le dernier des millésimes commercialisés, soit douze ans après, alors que le 2008 a déjà été mis sur le marché, et il est très buvable maintenant. Il est gourmand, encensé par tous les critiques du monde qui lui ont donné les notes maximales. La fraîcheur de ce vin est extrême, avec une belle acidité et une belle râpe. On l’appréciera quand même mieux dans quelques années.

Ce qui est intéressant à constater c’est que l’on peut passer de l’Unico au Valbuena et en sens inverse sans que cela ne déprécie l’un des deux. Et paradoxalement, c’est le plus jeune qui paraît le plus mûr. Les quatre vins rouges se montrent d’une fraîcheur extrême.

Nous revenons à Oremus pour goûter les Tokaji. L’Oremus Tokaji Aszu 3 puttonyos Tempos Vega Sicilia 2011 a une jolie couleur d’un jaune clair. Le nez est fermé mais c’est dû au service très froid du vin. La bouche est claire, de belle sucrosité fraîche. Il est très agréable à cet âge, en vin doux frais. Il est gastronomique et je le verrais bien avec un poisson d’eau douce, truite ou brochet, servi avec une sauce à la crème.

L’Oremus Tokaji Aszu 5 puttonyos Tempos Vega Sicilia 2008 a une robe légèrement ambrée. Le nez est fermé mais le vin est froid. Il a une plus forte sucrosité du fait des puttonyos supplémentaires mais il a une fraîcheur remarquable. Sur ce vin je verrais un curry que Gonzalo voyait plutôt sur le 2011.

Globalement ce qui frappe dans cette dégustation c’est l’extrême fraîcheur de tous les vins et leur grande précision. Gonzalo est extrêmement motivé et nous fait partager son enthousiasme. Cette présentation est convaincante et me conforte dans ma fidélité à ce domaine.

 

Les 2014 du domaine de la Romanée Conti présentés par Aubert de Villaine jeudi, 7 décembre 2017

Chaque année, au siège de la société Grains Nobles, Aubert de Villaine, gérant de la Romanée-Conti, présente les vins du domaine qui sont mis sur le marché. Cette année, ce sera le millésime 2014. La petite salle en sous-sol, voûtée et antique, est pleine. Beaucoup sont des habitués qui ne rateraient en aucun cas ce rendez-vous. A côté d’Aubert de Villaine il y a Bernard Burtschy et il devait y avoir comme chaque année Michel Bettane, mais il ne sera pas là. Pascal Marquet, le dirigeant de Grains Nobles annonce le début de la séance.

Aubert de Villaine raconte les conditions climatiques du millésime. L’année 2014 est un beau millésime abondant marqué par trois actes successifs. L’hiver fut doux et sans pluie. Le printemps fut beau et sec. Ce fut un des plus beaux printemps que l’on ait connu en Bourgogne. La croissance de la plante fut idéale, mais avec une floraison lente. Puis, les 27 et 28 juin, il y a eu de très gros orages. Heureusement les parcelles du domaine ne furent pas touchées par la grêle. Dès juillet, le temps fut pluvieux et froid. Il y eut des attaques de mildiou et même de botrytis dès le début août ce qui est très tôt et rare. Après des années de petites récoltes, la vigne voulait produire. La canicule qui a suivi a entraîné que des baies se mirent à brûler. Les peaux épaisses ont permis de lutter contre le botrytis. L’herbe présente a permis de conserver l’humidité.

Après cette présentation Aubert de Villaine répondant à des questions indique que le domaine ne travaille quasiment exclusivement que des grands crus, ce qui fait que la façon de travailler est la même aussi bien pour les Echézeaux que pour la Romanée Conti.

Pour aviner nos verres et notre palais on nous sert un Givry Louis Jadot 2014 dont la couleur est d’un joli rouge clair et le nez d’un vin de chaleur. La bouche est ronde, épanouie. C’est un vin solaire, un peu amer et très court. Il n’est pas désagréable, un peu acide mais un peu trop court.

La maison Riedel ayant fourni des verres c’est la première fois que tous les vins auront leur verre ce qui permet de garder chaque vin pour qu’il s’épanouisse

Corton Grand Cru Prince Florent de Mérode Domaine de la Romanée Conti 2014. La robe est assez foncée. Le nez est invraisemblable de personnalité. C’est assez fou. Je sens de la framboise écrasée comme on en trouve dans des vins anciens. La bouche est d’un charme fou. Ce vin est suave. Il est étonnamment charmeur. C’est de la soie. C’est fou. Le fruit est incroyable. Il est très probable que cela ne restera pas ainsi et d’ailleurs le vin s’est calmé après quelques dizaines de minutes dans le verre. Ce vin est fait avec 50% de fûts neufs. Aubert de Villaine parle du côté sombre du Corton que je ne trouve pas. Je trouve ce vin aérien, vin de légèreté et de charme. Je suis étonné par sa douceur qui ne cadre pas pour moi ni avec un corton ni avec le travail habituel de la Romanée Conti. Mais cela va vite changer.

Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2014. Aubert de Villaine rappelle que le mot « Echézeaux » veut dire un lieu où il y a des habitations. Le vin est d’une rouge violine. Le nez est ingrat, strict. La bouche est fraîche à l’attaque. Le vin est extrêmement racé. C’est un vin superbe, sans concession, vibrant et racé. J’adore, alors que le nez ne correspond pas à la bouche. Il y a une petite amertume qui fait sa personnalité. Bernard Burtschy dit que le vin a une masse tannique importante. On sent que le vin sera de longue garde. Il y a 60 à 70% de vendange entière. L’âge moyen des vignes est de 50 ans pour l’Echézeaux et de 40 ans pour le Grands Echézeaux. Tous les vins de la Romanée Conti, sauf le Corton, ont 100% de fûts neufs.

Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2014. Le rouge est généreux. Le nez est fermé. La bouche est riche. Le vin est plus profond que le précédent mais moins enthousiasmant pour moi alors qu’Aubert de Villaine vante l’écart qualitatif en faveur de ce dernier. Le finale du vin est plus riche mais il est plus fermé que l’Echézeaux. Il sera très grand avec une générosité plus grande. Il est dans une phase ingrate. C’est sur le finale que la différence se fait.

Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2014. Les vignes ont une moyenne d’âge entre 45 et 50 ans. Le rouge est plus sombre. Le nez est un peu plus charmeur. La bouche est gracieuse, pleine de charme. Il y a beaucoup plus de velours que pour les deux précédents. Mais il y a aussi plus de puissance. C’est un vin qu’il faudra attendre car il a l’amertume de la jeunesse. Sa base florale est très raffinée. Il a le velours et l’élégance et Bernard Burtschy dit qu’il a une base tannique plus forte que la Romanée Conti.

Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2014. La couleur est plutôt claire par rapport à ce que j’attendais. Le nez est fermé. La bouche est riche et guerrière. On sent la gourmandise de ce vin. Mais il est encore fermé. La matière est riche et superbe. Il est prometteur et laisse une trace profonde en bouche. Il est lourd de promesses et j’aime beaucoup sa grande richesse. Il va être grand avec de la noblesse. A l’aération il gagne de la longueur et ceci vaut aussi pour tous les vins précédents. Le nez devient splendide et le vin devient généreux, plus charmeur que guerrier.

La Tâche Monopole Domaine de la Romanée Conti 2014. La couleur est plutôt claire. Le nez est très raffiné. La bouche est très séductrice, toute en charme. C’est la danse des sept voiles. Quel équilibre ! C’est un vin riche, complet mais qui a un charme unique. J’adore. Sa puissance est peu commune. Il est plus fin que le Richebourg tout en ayant une grande énergie. Pour mon goût, la belle surprise, c’est le Richebourg, même si La Tâche est plus grande.

Romanée Conti Monopole Domaine de la Romanée Conti 2014. La couleur est claire. Le nez est très beau. Si tel ou tel vin précédent pouvait avoir le moindre défaut (en ont-ils ?), ici, dès la première seconde on sait que l’on est au paradis. Le nez est suave et la bouche est suave, fluide. C’est un vin de haute précision. Il a une petite râpe que j’aime. Il a tout pour lui et bien évidemment je me demande si je ne fais pas d’auto persuasion, car je sais que c’est la Romanée Conti. Mais son équilibre, sa complexité et sa richesse n’ont pas d’équivalent. La longueur est extrême. Si le vin est complexe, ce qui me frappe c’est l’équilibre serein. C’est un vin grandiose. La Tâche est très expressive et plus affirmée que la Romanée Conti, le Richebourg est généreux mais moins noble et moins complexe. Le velours de cette Romanée Conti est extrême.

S’il faut classer les six rouges, ce sera exactement le même classement que l’ordre de service, sans discussion. Aubert de Villaine fait compliment à Bernard Burtschy de la façon dont il décrit la Romanée Conti qui est exactement comme sa propre perception. Entendre Bernard Burtschy est un ravissement tant il sait de quoi il parle, incollable sur tous les sujets.

Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2014. Le vin est d’un or clair. Il n’est pas translucide. Le nez est très expressif et opulent. La bouche est superbe, déjà d’un équilibre total. Tout est équilibré. Le vin est frais, acide, fluide, au finale opulent, avec un léger miel. Le vin est vif et frais et montre de la salinité. C’est un grand vin que l’on sent gastronomique. Il n’a pas de gras comme certains montrachets. Il a très peu de botrytis, de l’ordre de 5%. Il est très noble et élégant. Il deviendra raffiné avec l’âge.

Tout le monde a remarqué que les vins s’épanouissent dans les verres et la tentation serait grande que les vins soient servis dix minutes avant que nous ne commencions la dégustation. Aubert de Villaine nous indique que c’est ce qui se pratique aux USA.

Après la dégustation un dîner rassemble, autour de Pascal Marquet, Aubert de Villaine, Bernard Burtschy et quelques amis. Cette fois-ci ce sera dans la salle de dégustation ce qui fait que les assiettes descendent par le passe-plat. Hélas, les coquilles Saint-Jacques à l’agréable parfum de fruit de la passion arrivent trop froides.

Je n’ai pris de notes et ce compte-rendu n’étant pas fait à chaud, mes impressions seront fugaces. Le Corton-Charlemagne Domaine Georges Roumier 1996 est un vin de belle droiture, peut-être un peu timide. Le Bâtard-Montrachet Domaine Marc Colin et ses fils 1999 a plus de puissance. Il est vif et n’a pas la rondeur de ses petits camarades du Domaine Leflaive.

J’ai apporté un Hermitage Chave blanc 1986 de beau niveau mais qui ne brille pas. Le bouchon est en effet brulé sur la moitié du bouchon. Je pense que l’oxygénation lente lui aurait redonné une certaine ampleur mais tel qu’il est servi, il est plutôt coincé même si on devine ce qu’il pourrait offrir.

Le Clos Saint-Patrice Monopole Châteauneuf-du-Pape 2015 est un agréable Châteauneuf, pas vraiment adapté au délicieux pot-au-feu, mais qui se boit bien dans sa jeunesse. Dès qu’arrive la Côte-Rôtie La Landonne Guigal 1988, on change de dimension ; ce vin est très gourmand et de belle amplitude.

Pascal Marquet en veine de générosité nous a offert un Château d’Yquem 1986 que je m’en veux de ne pas avoir reconnu. Il est bien épanoui mais je n’avais plus le palais réceptif.

Ce repas d’après dégustation est un enchantement pour moi, aussi bien lorsqu’il y a Michel Bettane et Bernard Burtschy que lorsque Bernard est seul, car ces deux experts ont un savoir invraisemblable qu’ils exposent avec simplicité. Les écouter est un bonheur rare. Et les écouter dialoguer avec Aubert de Villaine est un privilège. La découverte de 2014 superbes et prometteurs et ce petit souper sont un cadeau de Noël.

Salon Vinapogée des vins à maturité mardi, 5 décembre 2017

De retour d’un voyage autour du monde où j’ai le plus souvent bu des bières et du champagne à bord de l’avion, je participe au salon « Vinapogée » dirigé par David Hairion qui a repris le flambeau du salon des vins matures créé à l’initiative d’Hervé Bizeul, le vigneron du Clos des Fées. Ce salon avait fédéré plusieurs vignerons pour proposer à des amateurs de boire des vins lorsqu’ils ont atteint un stade de maturité intéressant. Cette idée est partie du constat que l’on boit les vins beaucoup trop jeunes, alors qu’ils sont loin d’exprimer tout ce qu’ils ont à dire.

J’avais participé l’année dernière en offrant bénévolement de goûter quelques vins anciens de ma cave et cette année, en accord avec David Hairion, je vais animer deux ateliers pour montrer l’effet de l’âge sur le goût des vins.

Le salon ouvre au public à onze heures. J’arrive peu avant midi et je mets à l’abri les vins pour qu’ils soient à bonne température au moment des ateliers. Je vais saluer les vignerons présents et parfois je goûte certains de leurs vins. Ainsi du domaine Rolly-Gassmann je goûte le Pinot Noir de Rorschwihr, rouge domaine Rolly-Gassmann 2003 de belle vibration, fin et précis, un Moenchreben de Rorschwihr, Muscat Vendanges tardives, blanc domaine Rolly-Gassmann 2003
dont la sucrosité est pleine de charme et un Pflaenzerreben de Rorschwihr, Riesling, blanc domaine Rolly-Gassmann 2010 qui est précis et fluide mais qui me marque moins que le superbe riesling que ce domaine avait présenté il y a un an.

Le Champagne Clos des Goisses, Philipponnat 2007 est très dynamique mais à côté de lui, le Champagne Clos des Goisses, Philipponnat 2000 est une bombe de saveurs riches. La maison Pol Roger fait goûter le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill 2006 dont j’apprécie la noblesse et qui est généreusement offert.

Le Château de Pibarnon apporte à lui tout seul ce qui justifie ce salon Vinapogée car quand on a goûté le Château de Pibarnon Bandol rouge 2006 et que l’on goûte ensuite le Château de Pibarnon Bandol rouge 1995 on comprend que l’âge apporte une dimension supplémentaire qu’aucun vin jeune ne peut donner. On est en plein dans l’objectif du salon.

Les vins du domaine Charles Joguet séduisent par leur précision et leur subtilité. Le Clos du Chêne Vert, Chinon rouge domaine Charles Joguet 2006 et le Clos de la Dioterie, Chinon rouge domaine Charles Joguet 2006 sont des vins distingués, pleins de charme et d’expression.

Je bois plusieurs vins du domaine Clos des Fées et j’apprécie leur finesse ciselée malgré une puissance rare. Au stand du Porto Taylor’s, le Porto Taylor’s 1966 est une merveille absolue d’une fraîcheur rare.

Huit ateliers sont organisés dans l’après-midi et j’en anime deux, avec des vins de ma cave. Le premier est un atelier sur le Maury. Avant de commencer l’atelier, je réagis à l’une des phrases mises sur le site de Vinapogée, du journaliste du vin Pierre Casamayor, qui explique le mot ‘Apogée’ : « C’est la période optimale pour déguster un vin. Cette période se compte en années après la mise en bouteille du cru. Mais comme le vin est un produit vivant sensible à son environnement de conservation, cet apogée est donné pour une bouteille conservée dans une cave à température et hygrométrie constantes. À l’origine, la notion d’apogée appartient au domaine de l’astronomie ; elle fut ensuite assimilée au point le plus haut de l’évolution de toute chose. Fort logiquement, après la période d’apogée vient une phase de déclin. » Je ne pouvais pas laisser sans réagir la dernière phrase parlant de déclin après l’apogée. Dans ma vision du vin il n’y a pas d’apogée mais un parcours du vin jusqu’à sa mort qui presque toujours pour les grands vins, vient de la mort du bouchon. Et par un funeste concours de circonstances pour montrer que le déclin n’existe pas, je prends l’exemple de Jean d’Ormesson qui à 92 ans est encore d’une insolente jeunesse d’esprit, alors qu’il allait décéder quelques heures à peine après que je l’ai cité. Les vins les plus anciens que je présente dans les deux ateliers vont montrer qu’il ne peuvent en aucun cas être considérés dans une phase de déclin.

Nous avons devant nous trois verres : un Maury Mas Amiel, Vintage Privilège 1997, un Maury 1959 de la coopérative des producteurs de Maury et un Maury 1937 de Domaines et Terroirs du Sud. Les couleurs sont très semblables, très sombres, la plus jeune étant paradoxalement celle du 1937. Les parfums sont différents, le moins plaisant étant celui du 1959, celui du 1937 étant très doux.

En bouche, le 1997 expose un fruit bien plein, une grande vivacité et un alcool fort. Le 1959 est serein, rond. C’est un Maury de consensus. Le 1937 est le plus complexe, le plus séduisant, avec des notes gourmandes d’un grand charme.

Je suis un peu déçu car je m’attendais à de plus grandes variations qualitatives pour étayer ma démonstration. Les écarts sont en fait en nuances et c’est dû à l’alcool fort de ces vins qui leur conserve une grande jeunesse. Le 1959 a été préféré par certains. Plusieurs autres comme moi, ont préféré le 1937, et un petit nombre le plus jeune. Tous ont été étonnés qu’un 1937 puisse avoir une telle vitalité. Et certains ont découvert les charmes des Maury qu’ils ne connaissaient pas. Il est à noter que les vins ouverts en début de séance se sont élargis dans les verres. Le 1959 s’est nettement épanoui et amélioré. Les trois vins sont devenus brillants.

Entre mon premier atelier et le second, Bernard Antony le célèbre fromager a présenté avec Olivier Poussier des accords fromages et champagnes. Ce fut particulièrement brillant et j’ai découvert un vin superbe le Champagne Vazart Coquart & Fils Chouilly Blanc de Blancs 1989 au final et coup de fouet spectaculaire. Par ailleurs un Champagne Charles Heidsieck Brut jéroboam 1989 d’une belle richesse et noble se montre brillant sur un camembert. A noter qu’Olivier Poussier recommande d’enlever la croûte pour les accords fromages et champagnes.

Le deuxième atelier que je propose aux inscrits est un atelier sur un sauternes le Château Lafaurie-Peyraguey, représenté par trois millésimes, 1996, 1964, 1926. Pendant que je présente l’atelier et ce que chacun doit espérer retirer de cette dégustation comparative, j’ouvre les bouteilles. Et il se produit un phénomène qui me rend honteux, mais dont je me tire avec le sourire. Le bouchon du 1964 est d’un liège poreux, qui s’émiette et colle au verre de telle façon que quoi que je fasse, c’est de la charpie qui est extirpée par mes tirebouchons. Comme je parle, je suis moins attentif aux procédures, aussi de nombreuses miettes de bouchon tombent dans le liquide. Un participant résumera avec humour la situation : « ouvrir une bouteille avec ce résultat, je crois que nous sommes capables de le faire ». J’ai retiré l’essentiel des miettes tombées et nous avons pu déguster les vins.

Le Château Lafaurie-Peyraguey 1996 a une robe très claire. Son nez est intense et c’est un beau sauternes riche et expressif avec un joli gras. Le Château Lafaurie-Peyraguey 1964 a une couleur d’un or encore clair. Il est le sauternes typique et racé, calme et dont tout est juste, parfaitement précis.

Le Château Lafaurie-Peyraguey 1926 est sombre, presque noir. Son nez est profond, intense, riche de senteurs lourdes. En bouche c’est une merveille. C’est un très grand sauternes et un très grand 1926. Ce qui fascine c’est la justesse de l’acidité qui donne fraîcheur au vin hors du commun. Pour tous c’est une découverte. Et ce vin d’une rare cohérence apporte la démonstration évidente qu’à 91 ans, il serait incongru de parler d’un vin en phase de déclin alors qu’il étale des complexités infiniment plus riches que celles des deux autres. La démonstration que je voulais est faite à 100%. Ce vin est immense.

Le salon a accueilli près de 500 personnes ce qui est un succès. Un dîner a suivi avec plus de cent personnes dont les vignerons, au restaurant Macéo. L’apéritif s’est tenu au premier étage et les vignerons présents ont généreusement partagé leurs vins. Ainsi l’apéritif a permis de boire la Cuvée Winston Churchill de Pol Roger 2006 et le Clos des Goisses de Philipponnat 2000. A table au rez-de-chaussée l’approvisionnement en vin s’est fait à la manière d’une Paulée, chaque vigneron venant généreusement faire goûter ses vins à chaque table, obligeant chaque convive à vider son verre pour goûter de nouveaux vins. J’ai beaucoup apprécié un Cahors Les Laquets, rouge Domaine Cosse Maisonneuve 2006.

Le menu mis au point entre le restaurant Macéo et David Hairion a pour thème « l’hommage au temps et à ses bienfaits » : huiles d’olive de la famille Hugues, les toutes nouvelles, le fruité vert et les olives maturées / jambon ibérico Bellota superior reserva ‘Don Agustin’ 36 mois / foie gras de canard cuit très lentement par Michel Dussau de La Table à Agen / Viandes de bœuf de deux âges accompagnées de pommes de terre ‘tapées’ de Fabien / comté de grande garde et comté de garde exceptionnelle par bernard Antony / tarte fine aux pommes caramélisées du verger.

La fatigue de mon récent voyage m’a poussé à écourter le repas que j’ai quitté avant les fromages non sans avoir goûté avec un infini plaisir un vin apporté par Michel Bettane, un Meursault 1981 fait par le père de Dominique Lafon absolument exceptionnel de mâche gourmande de de gouleyant.

La cause des vins anciens ou à maturité progresse. Il faut agir encore et encore pour que cette croisade porte ses fruits.

Le plateau repas du midi pour les vignerons (et moi aussi)

l’atelier d’Olivier Poussier et Bernard Antony

les photos des vins de mes deux ateliers sont sur l’article qui suit

le dîner

cognac Louis XIII de Rémy Martin mardi, 24 octobre 2017

Je suis invité à l’hôtel Royal Monceau en vue de déguster le cognac Louis XIII de Rémy Martin. Cet hôtel a créé un espace privé en forme de club où les membres peuvent déguster des alcools qu’ils conservent sur place et peuvent fumer des cigares en toute tranquillité. Il faut un passe pour accéder et une clé pour sa réserve personnelle. Je m’installe dans les fauteuils en cuir profond et mon hôte ouvre la belle bouteille de Louis XIII faite par Baccarat gravée du chiffre 1976 dont on me dit que ce n’est qu’un code et pas un millésime. Mon hôte avine les verres avec moult précautions et je suis prêt pour la dégustation qui commence bien évidemment par les parfums.

Dans mon verre le liquide a une robe très belle, d’un acajou doré. Le mot qui me vient pour le nez est « abouti ». L’alcool est doucereux, suave, mais surtout abouti. La deuxième image qui me vient, comme une évidence est « années 40 » et cette image correspond, pour mon palais à une moyenne car je perçois des eaux-de-vie centenaires en même temps que des jeunes, mais « abouties », cohérentes, équilibrées. Il y a dans ce cognac des signes de jeunesse mais aussi un velours qui n’apparaît qu’avec des alcools antiques.

La bouche est très différente du nez. Elle est plus jeune et plus tendue. A la place du velours du nez il y a une amertume agréable et un finale très beau et sans concession. L’alcool est pur, vif et très long. C’est un alcool qui claque, sans le sucré que suggérait le parfum.

Des tranches de jambon Pata Negra nous sont présentées et le jambon donne plus de hauteur en milieu de bouche au Louis XIII qui devient plus costaud. Le jambon donne de l’ampleur. Le cognac devient de plus en plus convivial et grand. C’est en conclusion le plaisir qui domine.

Dinner in Château de Beaune with glorious old wines mercredi, 18 octobre 2017

Gilles de Larouzière, president of the group, which includes Henriot champagne and Bouchard Père & Fils, organizes a charity dinner at the Château de Beaune for the benefit of the Association for the Climats of the vineyards of Burgundy . Aubert de Villaine, who has carried out the classification of the Climates within the UNESCO World Heritage site, will be the guest of honor and Guillaume d’Angerville, the current president of the association, will welcome us with Gilles.
At 5:30 pm, several of the dinner guests come to visit the historic cellars of the Château de Beaune. Between these walls of 7 meters thick ages the most beautiful treasures of the 19th century of this famous house. We visit, we chatter, we stretch before these flasks full of history which I had the chance to taste the most beautiful florets. We then climb up the towers of the old castle of the 11th century to contemplate the city under a particularly beautiful light in this half of autumn.
We disperse, without having had the opportunity to drink a glass of wine or a glass of champagne, each having to go and prepare for the dinner at 8 pm. Thirsty, I go into the kitchen of the castle where Philippe Prost prepares the bottles of the dinner. He tastes each of them and puts back teh corks, which I do not do. Marie-Christine responsible for the kitchens and the service, which alas will retire at the beginning of next year, welcomes me with a broad smile. She prepares the bouquets of flowers but stops in order to give me a glass of Champagne Henriot Brut NV that I needed. It is very pleasant to drink. Gilles de Larouzière comes to inquire about the state of the prestigious bottles of the dinner. I go to my hotel to prepare.
Shortly before 8 pm our assembly is already almost complete. We are more than twenty, perhaps thirty, in the beautiful drawing-room of the chateau and we taste Champagne Henriot Cuve 38 « the perpetual reserve » Blanc de Blancs of magnum which is elaborated according to the technique of solera and comprises of sixteen to eighteen vintages incremented each year of the new vintage. The champagne is noble but I am not so convinced because it lacks both a bit width and a little depth. But of course it is drunk with pleasure in good company.
We go for dinner and in the orangery we have a large table rather than round tables. This allows our two guests, Gilles de Larouzière and Guillaume d’Angerville, to welcome us for this charity dinner and to explain what will be used for the funds to be raised by this dinner but also by the small charity sale that will be organized during meals.
The menu was designed by the managers of Bouchard and implemented by Philippe Augé the chef of the Hostellerie de Levernois. Appetizers: pressed with foie gras and braised cabbage, dual consumed, celery apples and condiments / carpaccio of Saint-Jacques, cake and caviar Daurenki Imperial, iodized / white turbot sauce with crayfish red legs, butternut and salsify, sauce cremant de Bourgogne / Chevreuil and hare royal style, braised cabbage, porcini mushrooms and autumn fruits, velvet sauce / fresh and refined cheeses / red fruit bar and candied rhubarb, Vanilla chantilly and strawberry sorbet.
The Chevalier-Montrachet La Cabotte Grand Cru Bouchard Père & Fils 2002 is one of the white wines of the house Bouchard that I prefer. This 2002 is an olfactory bomb. Alcohol appears strongly in my nostrils. In the mouth the first impression I have after power and energy is minerality. It’s like I’m sucking an oyster shell. But this impression will change as soon as the amuse-bouche is served, heavy and tasty, which does not cohabit so much with the wine. Philippe Prost will tell me that the appetizer had been designed to go with Champagne Cuve 38. The wine becomes wider, more civilized with the partridge and I like its strength, its fullness and its warlike character. It is a very great wine of conviction.
The Corton-Charlemagne Grand Cru Bouchard Père & Fils magnum 1955 is served before the dish. Because of this, it seems rather frail after the imposing Cabotte wine and I find that to follow the 2002 is not a service to render. But the wine will flourish on the Saint-Jacques dish, ideal for wine. The ingredients of the dish are a little too numerous to ensure a total coherence but the 1955 imposes its refinement and its noble complexities. It is a very great wine of balance and subtlety while knowing to assert itself. As much presence for a 62-year-old wine astonishes my neighbors of tables that are generally unfamiliar with wines of this age.

The dish that resembles a hare à la royale is a real success. It is coherent, powerful and perfectly suited to the Volnay Caillerets Premier Cru Bouchard Père & Fils 1934. What is curious is that the label as well as the menu do not indicate « old Cuvée Carnot » while the cork Philippe Prost shows me, original cork, clearly bears that mention. The wine has a beautiful red color without the shadow of a tiled trace. The wine is rich, powerful and it is necessary for the dish, and it is of perfect balance, percussion, pepper, rich with beautiful red and black fruits. Its finish is brilliant.
Jean Louis Bottigliero the owner of the Hostellerie de Levernois came to see if everything goes well and we reassure him readily because the chef’s cuisine is refined and expressive.
The Beaune Greves Vineyard of the Child Jesus First Cru Bouchard Père & Fils 1928 is presented in bottles of port and Philippe tells us that two vintages were bottled in bottles of porto, 1928 and 1976, I do not know why. The first glass served me seems imprecise in the final and Philippe, very nicely, handed me his glass that does not have this defect. We have with this wine everything that demonstrates the unusual character of the 1928 vintage. There is the charm and complexity of the Beaune Greves I love, but there is a vibration and a rhythm in this wine that puts it to exceptional levels. One feels the richness and the nobility of a wine that does not end and whose final is a blow of whip. The nobility of tone and the subtlety of this wine are rare.
If one compares 1934 to 1928, the youngest, Volnay, is resolutely merry, greedy, the great wine of pleasure while the 1928 is a wine of nobility, of which one must listen to all the nuances religiously. The Beaune Greves was served on relevant cheeses and a very flowing Epoisses, but it would probably have taken a more cooked and subtle dish. This remark is at the margin because this meal was a real success.
A present auctioneer will direct the sale of four bottles from the cellar of the ancient wines of Bouchard in favor of the association Climats of the vineyard of Burgundy. There are 1966, 1947, 1939 and 1937 proposed to the guests. I made the best bid for the Beaune Greves Vineyard of the Child Jesus First Cru Bouchard Père & Fils 1937. It is my modest contribution to the works of this association.
There was a crowd around the table different from that of the other dinners to which I was invited, where I met wine professionals or experienced amateurs. Tonight is more the world of finance and of the charity and some friends of the vine growers. Seeing the astonished eyes of my neighbors, observing that the wines of 1955, 1934 and 1928 can be as lively and expressive, is for me a pleasure of which I never get tired.
It would be impossible for me to classify the four wines of the meal as they have immense qualities in very different directions. It was a memorable meal in a friendly atmosphere.

Dîner de grands vins au château de Beaune dimanche, 15 octobre 2017

Gilles de Larouzière, président du groupe qui compte notamment le champagne Henriot et la maison Bouchard Père & Fils organise au château de Beaune un dîner caritatif au profit de l’association des Climats du vignoble de Bourgogne. Aubert de Villaine qui a mené à bien le classement des Climats au Patrimoine Immatériel de l’Humanité de l’UNESCO sera l’invité d’honneur et Guillaume d’Angerville, actuel président de l’association nous accueillera avec Gilles.

A la mi-octobre je pars en voiture vers Beaune par un soleil radieux et le thermomètre montera jusqu’à 24° ce qui est assez fou. Il fait chaud à Beaune, comme en été. Je m’arrête à mi-chemin pour une collation et je me demande ce qui se passe. Les toilettes sont propres et bien entretenues, la serveuse au bar est souriante, un client qui aurait dû se faire servir avant moi me cède son tour, le café crème est bon, la tarte au citron est mangeable et de bon appétit. Autour de moi je vois des sourires. Que se passe-t-il ? Est-ce un rêve ? Y aurait-il encore en France le sens du service ? Apparemment oui et c’est une bonne nouvelle. Et je vérifie chaque fois que lorsque l’on se sent concerné, impliqué dans son travail, on atteint l’excellence.

J’arrive à l’hôtel des Remparts qui est tout à côté du château de Beaune et je suis accueilli par Claude et Élyane Épailly les propriétaires de l’hôtel, qui semblent tout heureux de me voir. Il faut dire que je suis fidèle et que j’ai l’habitude de leur raconter les extravagances auxquelles je participe.

A 17h30 plusieurs des convives du dîner viennent visiter les caves historiques du château de Beaune. Entre ces murs de 7 mètres d’épaisseur vieillissent les plus beaux trésors du 19ème siècle de cette célèbre maison. Nous visitons, nous bavardons, nous nous extasions devant ces flacons chargés d’histoire dont j’ai eu la chance de goûter les plus beaux fleurons. Nous montons ensuite en haut des tours de l’ancien château-fort du XIème siècle pour contempler la ville sous une lumière particulièrement belle en cette moitié d’automne.

Nous nous dispersons, sans avoir eu l’occasion de boire un verre de vin ou une coupe de champagne, chacun devant aller se préparer pour le dîner de 20 heures. Ayant soif, je rentre dans la cuisine du château ou Philippe Prost prépare les bouteilles du dîner. Il goûte chacune d’elles et les rebouche. Marie-Christine responsable des cuisines et du service depuis toujours, qui hélas prendra sa retraite en début d’année prochaine, m’accueille avec un large sourire. Elle prépare les bouquets de fleurs mais s’arrête pour me donner un verre de Champagne Henriot Brut sans année dont j’avais bien besoin. Il est fort agréable à boire. Gilles de Larouzière vient s’enquérir de l’état des bouteilles prestigieuses du dîner. Je pars à mon hôtel me préparer.

Peu avant 20 heures notre assemblée est déjà presque complète. Nous sommes plus d’une vingtaine, peut-être trente, dans le beau salon du château et nous goûtons le Champagne Henriot Cuve 38 « la réserve perpétuelle » blanc de blancs magnum qui est élaboré selon la technique de la solera et comprend de seize à dix-huit millésimes incrémentés chaque année du nouveau millésime. Le champagne est noble mais je ne suis pas tellement convaincu car il lui manque à la fois un peu de largeur et un peu de profondeur. Mais bien sûr il se boit avec plaisir en bonne compagnie.

Nous passons à table pour le dîner et dans l’orangerie on a dressé une grande table plutôt que des tables rondes. Ceci permet à nos deux hôtes, Gilles de Larouzière et Guillaume d’Angerville de nous souhaiter la bienvenue pour ce dîner caritatif et d’expliquer à quoi seront utilisés les fonds qui seront récoltés par ce dîner mais aussi par la petite vente caritative qui sera organisée en cours de repas.

Le menu a été conçu par les responsables de Bouchard et mis en œuvre par Philippe Augé le chef de l’Hostellerie de Levernois. Amuse-bouche : pressé de perdreau au foie gras et chou braisé, consommé double, pommes céleri et condiments / carpaccio de Saint-Jacques, tourteau et caviar Daurenki Impériale, sauce iodée / blanc de turbot aux écrevisses pattes rouges, butternut et salsifis, sauce au crémant de Bourgogne / Chevreuil et lièvre façon royale, bonbon de chou braisé, cèpes et fruits d’automne, sauce velours / fromages frais et affinés / barre aux fruits rouges et rhubarbe confite, Chantilly vanillée et sorbet fraise.

Le Chevalier-Montrachet La Cabotte Grand Cru Bouchard Père & Fils 2002 est un des vins blancs de la maison Bouchard que je préfère. Ce 2002 est une bombe olfactive. L’alcool s’affiche puissamment dans mes narines. En bouche la première impression que j’ai après la puissance et l’énergie c’est la minéralité. C’est comme si je suçais une coquille d’huître. Mais cette impression va se modifier dès que l’amuse-bouche est servi, lourd et goûteux, qui ne cohabite pas tellement avec le vin. Philippe Prost me dira que l’amuse-bouche avait été conçu pour aller avec le champagne Cuve 38. Le vin devient plus large, plus civilisé avec le perdreau et j’aime sa force, sa plénitude et son caractère guerrier. C’est un très grand vin de conviction.

Le Corton-Charlemagne Grand Cru Bouchard Père & Fils magnum 1955 est servi avant le plat. De ce fait, il paraît assez frêle après l’imposant vin de la Cabotte et je trouve que de suivre le 2002 n’est pas un service à lui rendre. Mais le vin va s’épanouir sur le plat de Saint-Jacques, idéal pour le vin. Les ingrédients du plat sont un peu trop nombreux pour assurer une totale cohérence mais le 1955 impose son raffinement et ses complexités nobles. C’est un très grand vin d’équilibre et de subtilité tout en sachant s’affirmer. Autant de présence pour un vin de 62 ans étonne mes voisins de tables qui sont généralement peu familiers de vins de cet âge.

Le plat qui ressemble à un lièvre à la royale est une vraie réussite. Il est cohérent, puissant et convient parfaitement au Volnay Caillerets Premier Cru Bouchard Père & Fils 1934. Ce qui est curieux c’est que l’étiquette ainsi que le menu n’indiquent pas « ancienne cuvée Carnot » alors que le bouchon que Philippe Prost me montre, bouchon d’origine, porte clairement cette mention. Le vin a une couleur d’un beau rouge franc sans l’ombre d’une trace tuilée. Le vin est riche, puissant et il faut ça pour le plat, et il est d’un équilibre parfait, percutant, poivré, riche avec de beaux fruits rouges et noirs. Son finale est brillant.

Jean Louis Bottigliero le propriétaire de l’Hostellerie de Levernois est venu voir si tout se passe bien et nous le rassurons volontiers car la cuisine du chef est raffinée, et expressive.

Le Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus Premier Cru Bouchard Père & Fils 1928 est présenté dans des bouteilles de porto et Philippe nous dit que deux millésimes ont été embouteillés en bouteilles de porto, le 1928 et le 1976, je ne sais pour quelles raisons. Le premier verre qui m’est servi me semble imprécis dans le finale et Philippe, très gentiment, me tend son verre qui n’a pas ce défaut. On a avec ce vin tout ce qui démontre le caractère hors du commun du millésime 1928. Il y a le charme et les complexités propre au Beaune Grèves que j’adore, mais il y a une vibration et un rythme dans ce vin qui le met à des niveaux exceptionnels. On sent la richesse et la noblesse d’un vin qui n’en finit pas et dont le finale est en coup de fouet. La noblesse de ton et la subtilité de ce vin sont rares.

Si l’on compare le 1934 et le 1928, le plus jeune, le Volnay, est résolument joyeux, gourmand, le grand vin de plaisir alors que le 1928 est un vin de noblesse, dont il faut écouter toutes les nuances religieusement. Le Beaune Grèves a été servi sur des fromages pertinents et un Epoisses très coulant, mais il aurait sans doute fallu un plat plus cuisiné et subtil. Cette remarque est à la marge car ce repas a été une vraie réussite.

Un commissaire-priseur présent va diriger la vente de quatre flacons de la cave des vins antiques de Bouchard au profit de l’association des Climats du vignoble de Bourgogne. Il y a 1966, 1947, 1939 et 1937 proposés aux convives. J’ai fait la meilleure enchère pour le Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus Premier Cru Bouchard Père & Fils 1937. C’est ma modeste contribution aux œuvres de cette association.

Il y avait autour de la table un public différent de celui des autres dîners auxquels je fus convié, où je retrouvais des professionnels du vin ou des amateurs chevronnés. Ce soir c’est plus le monde de la finance et du caritatif et quelques amis des vignerons. Voir les yeux étonnés de mes voisins constatant que des vins de 1955, 1934 et 1928 peuvent être aussi vivants et expressifs est pour moi un plaisir dont je ne me lasse pas.

Il me serait impossible de classer les quatre vins du repas tant ils ont des qualités immenses dans des directions très différentes. Ce fut un repas mémorable dans une ambiance d’amitié.

la visite de la cave des vins anciens

même dans cette cave surveillée il y a des bouteilles qui s’évaporent !

dans les jardins en haut des tours et vue sur la ville. les lavandes sont grises et les buis odorants

vue de l’orangerie et du château

Gilles de Larouzière nous explique l’histoire

Dans l’arrière cuisine Philippe Prost ouvre les bouteilles pour le dîner et Marie-Christine est près de lui

le dîner

Cocktail et découverte de Salon 2006 samedi, 23 septembre 2017

La société de communication Men’s Up, qui avait fait un très beau reportage sur l’un de mes dîners avec une vidéo qui explique très bien ma démarche, organise une manifestation qui réunit des acteurs dans le domaine du luxe. Le rendez-vous a lieu au siège de la société Pinel & Pinel. A l’adresse indiquée, on passe un porche. Il y a un jardin luxuriant et un immense atelier industriel est le siège de cette société, l’ancien atelier de confection de John Galliano. La société fabrique des malles de luxe pour des thèmes plus fous les uns que les autres, cigares, alcools, montres, champagnes et même des skis. Il y a même une malle qui fait fauteuil. Au troisième étage de ce très bel immeuble admirablement agencé, la maison A. Lange & Söhne expose des montres prestigieuses. La maison Tamboite fait apprécier des bicyclettes de luxe faites sur mesure avec les plus beaux matériaux possibles. Enfin les champagnes Salon et Delamotte vont abreuver les nombreux visiteurs de tous horizons, collectionneurs, amateurs d’objets de luxe et gens de presse. On bavarde avec les uns et les autres, en trinquant sur le Champagne Delamotte Brut sans année qui est un agréable champagne parfaitement calibré pour étancher la soif. Je vois passer devant moi une jeune femme qui porte une assiette où une bonne douzaines de homards décortiqués attendent d’être découpés en fines lamelles avec des fruits jaunes et roses, comme l’ananas et la grenade. L’accord avec le champagne est idéal.

Dans un coin de la grande salle, Didier Depond, président des champagnes Salon et Delamotte, initie des amateurs au champagne Salon. Je me joins à l’une de ces présentations et je goûte pour la première fois le Champagne Salon 2006. Je suis assez subjugué. Normalement, le champagne Salon, au moment de sa sortie, même s’il a plus de dix ans de cave, est encore un bambin timide. Ce fut le cas, à des degrés divers pour les 1995, 1997 et 1999.

Avec ce 2006, on profite d’emblée d’un champagne épanoui, précis et gourmand, parfaitement calibré et de grande persuasion. Il est percutant et ce qui me frappe le plus c’est son épanouissement et sa précision. Va-t-il rester ainsi joyeux et vibrant ou va-t-il se refermer quelque temps avant de redevenir brillant, je ne sais pas, mais tel qu’il est là, il est imposant tant il est percutant.

De cette soirée où j’ai rencontré des amateurs de tous horizons je retiens le homard généreusement offert et le champagne Salon 2006 qui sera certainement un très grand Salon.

Dîner à l’Assiette Champenoise après la fabuleuse dégustation Pol Roger lundi, 29 mai 2017

Après la fabuleuse dégustation de 38 champagnes de Pol Roger, nous sommes descendus dans le parc de l’Assiette Champenoise, pour laisser le personnel de service et de sommellerie préparer la table où nous avions été studieux, pour qu’elle accueille notre dîner. Hubert de Billy, propriétaire de Pol Roger, a été rejoint par son épouse Marie et Laurent d’Harcourt président de Pol Roger nous a quittés car il est retenu par un événement familial.

Des sommeliers ont descendu sur le parc quelques vins déjà dégustés pour qu’ils servent d’apéritif.

Le menu mis au point entre le chef Arnaud Lallement et Peter est le suivant : tradition, potée champenoise / asperge verte de Roques-Hautes S. Erhardt / langoustine royale, nage crémée, citron caviar / caviar Kaviari, haddock, pomme de terre / saint-pierre de petit bateau, carotte B. Deloffre / homard bleu, hommage à mon papa / pigeonneau fermier Cléopatra / fromages Philippe Olivier / miel et fraises.

Nous boirons à notre convenance les vins qui restent de la dégustation impressionnante et Peter, l’écossais organisateur de l’événement a ajouté d’autres vins. Le Coteaux Champenois Pol Roger années 60 est un vin tranquille blanc, qui n’est pas très porteur d’émotions pour moi mais il faut dire qu’après la dégustation on relâche un peu sa concentration.

Le Champagne Pol Roger Extra Brut sans année est d’une belle vivacité qui fait un fort contraste avec les vins que nous avons bus.

Le Champagne Pol Roger Blanc de Blancs 2009 est très jeune et sa bulle est trop envahissante. Il est servi trop froid ce qui contraste avec les températures impeccables lors de la dégustation.

Le caviar est superbe avec le Champagne Pol Roger 1962 et avec le Champagne Pol Roger Brut sans année sur base de 2008. Le 1962 est dans un état de grâce absolu.

Le Champagne Pol Roger rosé 2008 est très beau et gastronomique.

Le Champagne Pol Roger magnum 1971 est superbe.

Pour le dîner je n’avais plus l’esprit à prendre des notes, et la distribution des vins a été un peu brouillonne si l’on pense que Peter et Arnaud Lallement ont travaillé ensemble à un menu alors que les vins ont virevolté sans ordre structuré.

Avec Tomo nous avions déjà goûté plusieurs plats de ce repas mais ce n’est pas grave. La potée champenoise est divine, la langoustine est exceptionnelle, le caviar est très goûteux. Le saint-pierre est un plat très abouti, le homard est idéal. Le seul plat que je ne comprends pas bien est le pigeonneau recouvert de graines, ce qui empêche de profiter de la mâche de cette chair si tendre.

Arnaud Lallement a fait sur les deux jours une cuisine qui justifie ses trois étoiles et sa réputation. Il y ajoute une simplicité et une ouverture d’esprit qui sont remarquables. Peter a créé un événement historique. Le service a été en tout point exceptionnel. Les deux jours que j’ai partagés avec Tomo sont des moments riches et inoubliables.

Historique dégustation de 38 Pol Roger jusqu’à 1892 dimanche, 28 mai 2017

Peter est un écossais fou de champagne, dont la cave ne comprend que des champagnes. Il pousse sa passion au point de visiter tous les vignerons de la Champagne. Il organise des dégustations légendaires. C’est avec lui qu’à Londres j’avais goûté tous les millésimes de Pol Roger dans la cuvée Winston Churchill, tous présentés en magnums sauf un, le 1988, en jéroboam, qui fut le gagnant.

Ce soir nous sommes conviés à l’hôtel l’Assiette Champenoise d’Arnaud Lallement pour une dégustation de 38 champagnes différents de Pol Roger, allant du brut sans année fait sur une base de 2001 jusqu’au 1892.

Nous sommes douze, réunis à 17 heures dans un salon pour trinquer sur le Champagne Pol Roger Brut magnum sans année. Il y a un finlandais, une lettone, deux allemands dont un vit à Londres, un anglais, deux néerlandais, un japonais (mon ami Tomo), Peter l’organisateur écossais, Hubert de Billy propriétaire avec sa famille de Pol Roger, Laurent d’Harcourt le président de Pol Roger et moi.

Nous bavardons en goûtant ce champagne récent un peu dosé à mon goût mais très agréable à boire et nous rejoignons rapidement la salle de dégustation qui nous a été réservée. Peter a organisé huit séries de champagnes sans suivre un ordre chronologique. Nous allons voyager dans le temps dans les deux sens. Matthieu, l’excellent sommelier assisté de plusieurs personnes va gérer les verres en en récupérant au fur et à mesure car le restaurant n’a pas 38 fois 12 verres à nous proposer. Seul français à part les dirigeants de Pol Roger, je me suis comporté en irréductible gaulois en décidant de garder tous mes verres car je pressentais que la photo que l’on pourrait faire de tous les verres des vins dégustés serait du plus haut intérêt.

Première série : Champagne Pol Roger Brut sans année sur une base de 2011 est le champagne qui se vend en ce moment. Dans très peu de temps le même champagne, sur base de 2012, arrivera sur le marché. Le nez est très lacté, très doux et je le ressens moins dosé que le champagne servi en magnum. Ce champagne de très belle tension est très agréable.

Le Champagne Pol Roger Brut sans année sur une base de 2008 a un nez de plus belle tension. En bouche le champagne est plus tranchant. Il a un beau volume et une belle longueur. C’est un champagne raffiné que je trouve très bon.

Le Champagne Pol Roger Brut sans année sur une base du début des années 90, probablement 1992 et 1993 a une couleur d’un or encore clair et un nez plus âgé frappé d’un léger bouchon, qui n’est presque pas sensible en bouche. Comme souvent, personne n’ose le dire. Je l’évoque en catimini avec mon voisin Laurent d’Harcourt qui confirme mon impression. Si on met de côté l’infime trace, le vin est élégant et frais.

Le Champagne Pol Roger Brut sans année sur une base des années 50 a peut-être plus de pinot noir que les plus jeunes bruts sans année. La couleur est ambrée. Le nez est très mature avec un peu d’amertume apparente. En bouche il est très frais, léger et aérien. Il est plutôt court, avec un finale imprécis. Globalement, il n’est pas très agréable.

Le Champagne Pol Roger Brut sans année Pint est d’un volume britannique de 58 cl intermédiaire entre la demi-bouteille et la bouteille. Ce volume a été utilisé jusqu’en 1973. Le champagne est donc probablement entre le champagne des années 50 et 1973, ce qui est cohérent avec la gradation des couleurs de cette série. Le nez est très doux. Le vin très agréable en bouche, lacté. Il est précis et de belle longueur.

Mon classement de cette première série est : 1 – Pint, 2 – base 2008, 3 – base 90s, 4 – base 2011, 5 – base 50s.

Deuxième série : Champagne Pol Roger 2002. Le nez est fabuleux. Le vin est très vif et très racé.

Le Champagne Pol Roger 1971 a une couleur déjà ambrée. Le nez montre des signes d’âge. Le vin est très pur, solaire, avec quelques signes d’âge. C’est typiquement le vin qui brillerait s’il était associé à un plat. Il est très joli.

Le Champagne Pol Roger 1947 est présenté sous deux formes. Le Champagne Pol Roger 1947 de dégorgement d’origine a un nez très doux. La bouche est suave. Il est fantastique. Il est un peu court mais il a tellement de charme.

Le Champagne Pol Roger 1947 dégorgé en 1981 a été étiqueté pour le mariage de Charles et Diana mais n’a pas été utilisé pour cet événement. Il est plus sec car il n’a pas été dosé au moment du dégorgement. Sa vivacité est extrême. Il est assez ensoleillé et agréable mais je préfère de loin le premier qui m’enchante.

Le Champagne Pol Roger 1928 a un nez qui n’est pas net. La bouche est de nettement meilleure présentation. C’est un témoignage très attachant. Ce vin m’étonne du fait de l’écart entre nez et bouche. Le vin a une grande longueur. Il est extrêmement passionnant.

Mon classement de cette deuxième série est : 1 – 1947 dégorgement initial, 2 – 1928, 3 – 2002, 4 – 1947 dégorgé en 1981, 5 – 1971.

Troisième série : Champagne Pol Roger magnum 1990. Le vin du verre de Laurent d’Harcourt est bouchonné alors que celui de mon verre ne l’est pas ce que Laurent, étonné, attribue à son verre. Ce champagne a beaucoup de corps. De belle prestance il est opulent. C’est un champagne glorieux, de couleur claire. Peter nous informe qu’un deuxième magnum a été ouvert, de moins bonne qualité que celui-ci.

Le Champagne Pol Roger 1964 a une couleur légèrement ambrée. Le nez est un peu fatigué. La bouche est superbe, en contraste avec le nez. C’est un vin glorieux et tellement raffiné. C’est mon goût.

Le Champagne Pol Roger 1953 est à peine plus ambré que le 1964. Le nez est très pur. C’est un vin magnifique, très grand, doux et je le préfère au 1964 déjà très grand.

Le Champagne Pol Roger 1934 a une couleur très claire pour son âge. Le nez est superbe. C’est un très grand vin.

Mon classement de cette troisième série est : 1 – 1953, 2 – 1934, 3 – 1964, 4 – 1990. Je suis subjugué par la performance extrême des trois premiers. Il y a des épices et du poivre et un goût très sec malgré le dosage ce qui est superbe.

Quatrième série : Champagne Pol Roger 1982 a une couleur très claire. Le nez est superbe et plein d’énergie. C’est un vin fantastique qui allie jeunesse et pleine maturité.

Le Champagne Pol Roger 1962 a une couleur plus claire que le 1982. Le nez est profond et romantique. En bouche il y a un peu de perlant et du bonbon anglais qui font que le vin n’est pas très équilibré. Mais c’est un vin intéressant. Il y a un peu trop d’acidité dans le finale et quand il s’élargit dans le verre, on sent le coing.

Le Champagne Pol Roger 1952 a un nez élégant mais avec une pointe d’amertume. La bouche est agréable mais ce n’est pas un champagne parfait. Quand il s’améliore, il devient très beau.

Le Champagne Pol Roger 1904 dégorgé en 1921 et rebouché en 1992 est bouchonné, rebutant, mais en bouche cela va beaucoup mieux. Il est très excitant et la douceur de son dosage est la meilleure de tout ce que nous avons bu. Nous nous sommes demandé quand est apparu le nez de bouchon et c’est de toute évidence au rebouchage.

Mon classement de la quatrième série est : 1 – 1952, 2 – 1962, 3 – 1982, 4 – 1904.

Cinquième série : Champagne Pol Roger 1995 est de couleur claire. Le nez est très expressif. En bouche c’est un très grand champagne sans âge, extrêmement accompli.

Le Champagne Pol Roger 1985 a un nez très puissant et très clair. Il est extrêmement vif. Je l’adore car c’est un très grand vin d’une grande année.

Le Champagne Pol Roger 1961 est un peu ambré mais pas trop. Le nez est désagréable. Le vin est amer et manque d’équilibre.

Le Champagne Pol Roger 1949 a un nez d’une douceur incroyable. Son élégance est rare. Alors qu’Hubert de Billy signale un petit manque de matière, je le trouve fabuleux, élégant et romantique.

Mon classement de la cinquième série est : 1 – 1949, 2 – 1985, 3 – 1995, 4 – 1961.

Sixième série : le Champagne Pol Roger Blanc de Blancs 1988 est clair avec un nez très limpide. Le champagne est parfait. C’est le champagne idéal qui mêle jeunesse et maturité.

Le Champagne Pol Roger Vintage 1988 est excellent aussi. Il est moins aérien et je préfère le blanc de blancs.

Le Champagne Pol Roger rosé 1988 a un nez superbe. Il est bien charpenté et de bel équilibre. Hubert de Billy est très surpris de le voir aussi brillant. C’est un grand rosé.

Le Champagne Pol Roger P.R. 1988 est à 50 – 50% entre pinot noir et chardonnay. Il est très clair, au nez profond. C’est un vin très lourd mais dans le bon sens du terme tant il est imprégnant.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill 1988 c’est la classe à l’état pur. Le vin est au sommet, parfait.

Mon classement de la sixième série de cinq 1988 est : 1 – Winston Churchill, 2 – Blanc de Blancs, 3 – rosé, 4 – Vintage, 5 – P.R.

Septième série : le Champagne Pol Roger magnum 1996 a un nez magnifique, fabuleux et tellement pénétrant. Le vin est très puissant avec des fruits comme la groseille à maquereau. Vraiment très puissant.

Le Champagne Pol Roger 1959 dégorgement d’origine a une couleur assez foncée. Le nez est assez fatigué mais il est plus réaliste que le « jeune » 1959 qui suit.

Le Champagne Pol Roger 1959 dégorgement vers 2000 a une couleur beaucoup plus claire. Le vin est très fluide et fait très jeune. Je préfère le dégorgement d’origine qui est plus conforme à ce que doit être un 1959.

Le Champagne Pol Roger 1937 a un nez fatigué. Le vin est très ambré. La bouche n’a rien à voir, elle est belle. C’est un joli vin qui me plait énormément même si le finale n’est pas totalement net. Je l’aime malgré ses défauts.

Le Champagne Pol Roger 1914 dégorgement d’origine rebouché en 99 ou 2000 est un vin étonnamment clair et ça me gêne. Le nez fait un peu étable mais discrètement. Le vin est agréable mais pas au niveau de ce que 1914 devrait être, année mythique. Il est à la fois doux et vif.

Mon classement de la septième série est : 1 – 1959 original, 2 – 1996, 3 – 1937, 4 – 1959 dégorgement tardif, 5 – 1914.

Huitième Série : Le Champagne Pol Roger 2008 est clair. Il est magnifique avec une largeur incroyable. Ce sera une vedette pendant un siècle.

Le Champagne Pol Roger 1979 est très agréable et élégant. Je signale du caramel et Hubert de Billy précise : crème brûlée.

Le Champagne Pol Roger 1966 est superbe, pas très large mais joli.

Le Champagne Pol Roger 1921 dégorgement d’origine est magique. Il n’est pas parfait mais il a l’âme de 1921. C’est un vin fantastique.

Le Champagne Pol Roger 1921 dégorgement janvier 1992 est très clair, au nez superbe, il est incroyable de vivacité.

Le Champagne Pol Roger 1892 a un nez qui n’est pas net mais la bouche est doucereuse. C’est un vin très charmant, doux, dont on sent le sucre.

Mon classement de la huitième série est : 1 – 1921 original, 2 – 1921 dégorgement tardif, 3 – 2008, 4 – 1966, 5 – 1892, 6 – 1979.

Autant on peut classer dans une série, autant il m’est impossible de classer tous les vins car la mémoire ne peut assimiler tous ces vins en les hiérarchisant. Il est probable que si nous avions suivi l’ordre chronologique dans un sens ou dans l’autre, j’aurais pu faire des hiérarchies globales mais j’apprécie aussi le choix de Peter de varier les périodes dans chaque série ce qui a maintenu nos sens en éveil.

Je suis impressionné par la qualité générale de tous ces champagnes. Le taux de rejet est extrêmement ténu et je suis étonné aussi de voir que des nez rebutants ne signifient pas du tout que la bouche le sera. Je suis personnellement plus favorable aux dégorgements d’origine mais j’admets volontiers que c’est mon goût qui me pousse à rechercher l’âme du vin dans son année, plutôt que rajeunie.

Les températures de service ont été excellentes, exactes, le service de l’équipe de sommellerie a fait un travail très professionnel. Hubert de Billy et Laurent d’Harcourt pensent que cette dégustation qui n’avait jamais été faite aussi extensive sera peut-être impossible à refaire. Nous avons participé à un événement historique.

Nous quittons la salle de dégustation pour que le personnel puisse préparer notre table pour le dîner au cours duquel nous boirons les « restes » et quelques bouteilles nouvelles sur un menu spécialement conçu par Arnaud Lallement pour nous. La fête continue !

après l’apéritif, travail sérieux. Peter debout au fond présente la dégustation

ensuite, nous sommes prêts à travailler