Archives de catégorie : vins et vignerons

Brillantissime verticale de Pol Roger Winston Churchill lundi, 7 novembre 2016

Le dîner qui justifie ma présence à Londres se tient dans l’hôtel Intercontinental Park Lane au restaurant Theo Randall. Un collectionneur fou de champagne, Peter, a rassemblé toutes les années qui ont été faites de la Cuvée Winston Churchill de Pol Roger, et les présente ce soir en magnum ou pour le 1988 en jéroboam.

Nous sommes 18 autour d’une table avec quinze verres devant nous, pour la partie « sérieuse », celle de la dégustation. Il y aura ensuite un dîner où nous pourrons continuer à goûter les vins pendant le repas.

Nous sommes accueillis par un Champagne Pol Roger magnum non millésimé qui est très agréable et expressif.

Peter est fier de pouvoir réaliser cet événement dont James, le directeur de Pol Roger U.K. nous dit qu’une telle verticale n’a jamais été organisée. Il rappelle l’histoire de cette cuvée. Les chiffres qu’il cite de la consommation de champagne par Winston Churchill sont assez ahurissants, la première commande de champagne de ce grand homme à Pol Roger datant de 1908. Ce qu’il a consommé de Pol Roger se compte en dizaines de milliers de bouteilles.

Les champagnes seront servis par séries de trois, dans l’ordre des années, du plus jeune champagne au plus ancien. Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill est fait d’environ 80% de pinot noir et 20% de chardonnay. Il passe environ dix ans sur lies.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 2004 a un nez assez discret. Il évoque les noisettes. Il est bien fluide et a une personnalité très forte.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 2002 a un nez superbe. Il est un peu moins vif que le 2004. Il a beaucoup de grâce.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 2000 est hélas bouchonné. Je préfère le 2004 à ce stade de sa vie, mais le 2002 va s’étoffer. Mon classement est 2004 / 2002 / 2000.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1999 a un nez superbe, le plus beau des trois suivants. Il a une très forte personnalité, avec des noisettes en un finale superbe. C’est un champagne de plaisir.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1998 est plus léger et plus fluide, moins affirmé que le 1999 que je préfère. Mais il est noble et beau et se révèle meilleur lorsqu’il s’affirme dans le verre

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1996 a un parfum si fort qu’il explose d’arômes. Il n’a pas la prestance que l’on attendrait d’un 1996. Cela tient à la bouteille qui n’est pas parfaite. Même si le 1999 est décidément un champagne de plaisir, je classe 1998 / 1999 / 1996.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1995 a un nez superbe et noble. Il a une attaque très agréable avec croissant et pain au lait suggéré, mais il manque d’un tout petit peu de tranchant.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1993 a un nez délicat et une bouche florale qui m’évoque le muguet. Il est tellement romantique que c’est une divine surprise.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1990 est bon et joue sur sa vinosité et sa force mais il est peut-être un peu trop « bon soldat ». Cette série contient trois vins de très haute qualité et de forte personnalité. Je classe 1993 / 1995 / 1990 ce qui ne serait pas évident sur le papier. Cette série m’a impressionné.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill jéroboam 1988 a un nez fantastique amplifié par le format. Ce vin est la perfection absolue. Il est monumental, évoquant le miel. Je suis tellement impressionné que je me renferme dans ma bulle pour en profiter. Je dis à Peter que ce seul vin justifie mon voyage à Londres car on est en face d’une émotion hors du commun. Ce soir, j’ai touché la perfection.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1986 a bien du mal de passer après le 1988. Son nez est faible.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1985 est beau mais la rémanence du 1988 m’empêche de l’aimer comme il le faudrait. Le classement de cette série est 1988 / 1985 / 1986.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1982 a une couleur très ambrée. Le nez est celui d’un vin ancien. Le vin est agréable, et intéressant, mais il est beaucoup plus vieux que ce que devrait être 1982.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1979 a une couleur un peu ambrée. Le vin est bouchonné. Le finale est désagréable. Il est impossible de le boire.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1975 est un champagne qui n’est pas parfait mais je le trouve follement intéressant. Il évoque pour moi tout ce que le Winston Churchill pourra donner lorsqu’il sera ancien. Il n’est pas très long mais inspirant. La série est classée ainsi : 1975 / 1982 / 1979.

La forte personnalité de ce champagne est impressionnante, et cette dégustation dépasse en qualité celle d’hier soir avec le Bollinger Vieilles Vignes Françaises et le Salon. Le 1988 en jéroboam est tellement exceptionnel qu’il a illuminé la dégustation. Il y a ensuite le 1993 superbement romantique et le 2004, très affirmé. Ajoutons le 1975 qui préfigure les champagnes anciens. La Cuvée Winston Churchill est incontestablement un grand champagne très typé.

Il reste tellement de champagnes que nous continuons à trinquer entre participants pendant que l’on prépare notre table pour le dîner.

Le menu est d’inspiration italienne : panfried Scottish scallops with Cima di rape / ravioli of roasted delica squash, ricotta and marjoram with butter and sage / roasted rack of Somerset lamb with Jerusalem artichokes, carrots, baby leeks, fennel, turnips with salsa d’ebe and jus / cheese served with mostarda and homemade crackers / Sicilian chocolate and orange cake with roasted almond ice cream.

Je reviens évidemment vers le Winston Churchill jéroboam 1988 et vers le 1993 qui ont des vertus gastronomiques majeures. Mais Peter a ajouté au programme un Beaune Clos des Mouches rouge Joseph Drouhin 2011 fort agréable sur l’excellente cuisine du restaurant, puis le Champagne Pol Roger 2008 et le Champagne Pol Roger rosé 2008, mais je n’avais plus l’esprit à les analyser.

Il y a eu quelques bouteilles à problèmes, mais c’est peu de chose quand on peut retenir la perfection de quelques vins qui ont fait de cette soirée un moment mémorable. Le 1988 s’inscrira très haut dans mon Panthéon du champagne.

2016-11-05-11-32-03 2016-11-05-11-40-27 2016-11-05-11-40-36 2016-11-05-12-07-16

dsc08407

degustation-pol-roger-161105-001

degustation-pol-roger-161105-002

dsc08392

dsc08393

Peter

dsc08397

dsc08405 dsc08403

dsc08414

dsc08417 dsc08418

bouchon du jéroboam 1978 dsc08402

dsc08412 dsc08413

dsc08419

dsc08408 dsc08409 dsc08410 dsc08411

Deux petites verticales de Bollinger VVF et Salon lundi, 7 novembre 2016

Peter, écossais collectionneur fou de champagnes a organisé un week-end de champagne à Londres. Il nous a donné rendez-vous au restaurant Elystan Street pour un dîner dont le thème est : Bollinger Vieilles Vignes Françaises et champagne Salon. C’est un restaurant tout nouveau créé par un français amateur de vin. Nous avons un espace particulier pour une table de huit dont Peter écossais, deux finlandais, un turc, un allemand, deux anglais et moi. Ce sont de solides connaisseurs des champagnes. Tout ce qui sera goûté est apporté par les convives.

Le menu est plus un support que le fruit d’une recherche d’accords. J’ai pris dans les choix possibles un tartare de bœuf avec cœur d’artichaut et truffe / ravioli de langoustine / daurade avec un risotto noir et champignons / tarte au citron. La cuisine est agréable mais notre intérêt est ailleurs.

Le Champagne Bollinger Vieilles Vignes Françaises 1998 a un nez de noisette et un goût prononcé de noisette. C’est un beau champagne avec un peu de gras. Avec un peu de pain et de beurre il perd son côté torréfié pour prendre de la largeur. Il est bon, mais pas transcendant.

Le Champagne Bollinger Vieilles Vignes Françaises 1999 qui est mon apport est plus frais, plus romantique. Il est d’une belle couleur, d’un beau parfum et très agréable. Il est doux.

Le Champagne Bollinger Vieilles Vignes Françaises 2000 est d’une couleur ambrée. Le nez fermé n’est pas très agréable. Il est lourd et manque d’équilibre. Ce doit être un problème de bouteille.

Le Champagne Bollinger Vieilles Vignes Françaises 2002 est frais, d’une belle vigueur et d’une grande vibration. Ce champagne a tout pour lui. C’est le plus vibrant de tous.

Le Champagne Bollinger Vieilles Vignes Françaises 2005 a de la fraîcheur mais il n’est pas très ouvert. Il est un peu serré, avec une légère amertume.

Le classement de ces champagnes serait pour moi : 2002 / 1999 / 2005 / 1998 / 2000.

Le Champagne Salon 1996 marque un saut qualitatif. Il est très grand. Très pur, il est vif et cinglant. On peut sentir un peu de lait et de citron. Sa longueur est extrême. Par curiosité, je reviens sur le Vieilles Vignes Françaises 2002 qui s’est un peu éventé dans le verre et sa matière vineuse est parfaite. Il a un peu de lacté. Il est brillant.

Le Champagne Salon 1997 est un champagne très agréable et frais. Autour de la table certains vont le préférer au 1996.

Le Champagne Salon 1999 est un bon champagne mais qui ne révèle pas des qualités hors norme.

Le Champagne Salon 2002 que j’ai apporté me surprend car s’il est bon, il manque un peu de vigueur et se situe en dessous des récents 2002 de Salon que j’ai bus. Il est un peu trop doux et n’a pas la vibration que j’attendais.

Le classement que je ferais est : 1996 / 1997 / 1999 / 2002.

Un participant anglais d’origine allemande a apporté une demi-bouteille de Eiswein Joh. Jos. Prüm Graacher Himmelreich 2002. C’est un vin très frais comme tous les vins de glace avec une acidité extrême. Il est très complexe et finit de jolie façon ce repas, bien adapté à la tarte au citron.

Pour le classement final nous sommes quasiment tous d’avis de classer le Bollinger Vieilles Vignes Françaises 2002 devant le Salon 1996.

Ce repas montre que les deux champagnes connaissent selon les millésimes des variations de qualité très importantes. Lorsqu’ils sont grands, ces deux champagnes sont de très haut niveau. Ce n’est pas le cas lorsqu’ils sont d’une année plus faible ou subissent la variabilité des bouteilles. Ce dîner cosmopolite fut intéressant même si je pense que chacun de ces champagnes aurait mieux brillé s’il avait été en situation de réelle gastronomie.

2016-11-04-22-41-32

dsc08389

dsc08385

dsc08380 dsc08381 dsc08383

dsc08391

Des rhums La Mauny au restaurant Apicius samedi, 15 octobre 2016

La Maison La Mauny a été fondée en 1749. Au début elle faisait du sucre et est devenue un producteur de rhum de la Martinique. Un entrepreneur périgourdin Cyrille Chevrillon en est propriétaire depuis 2012 et a des ambitions certaines. Il invite un certain nombre de personnes, une quarantaine environ, à déjeuner au restaurant Apicius afin que nous dégustions ses rhums en situation de gastronomie sur une cuisine de Jean-Pierre Vigato. L’exercice est difficile et Jean-Pierre en convient. Il a été audacieux et son repas est une petite merveille : foie gras poêlé, rhum citron / homard rôti, tomate rhum / steak au poivre, flambé au rhum / soufflé à la vanille, ananas et banane spiced / mignardises.

L’apéritif debout se prend avec un cocktail La Mauny Fer Rouj vert pâle à base de rhum
et de jus divers où je sens particulièrement le concombre. Le goût est un peu déstructuré mais s’assemble sur de délicieux cromesquis au foie gras et des palets au parmesan. Ce cocktail est traître car l’alcool est bien présent.

Sur le foie gras, le premier rhum est un Rhum La Mauny X.O. assemblage de seize cuvées. Le nez est très pur et précis. Le goût est aussi précis et l’alcool est sensible. Ce rhum est raffiné, piment et poivre avec des notes de vanille.

Associer des tomates et une sauce tomate et rhum sur le homard est particulièrement osé, mais ça marche. Le Rhum La Mauny Signature du Maître de Chai est composé de rhums de quatre ans vieillis dans des fûts très différents qui ont accueilli des cognacs, des moscatelles et d’autres alcools. Le nez est très doux, plus discret que le précédent. La bouche très douce est d’un boisé tendre, évoquant les fûts de chênes. Le rhum est agréable et très pur aussi. Je n’en reviens pas de la tomate et je félicite Jean-Pierre Vigato d’avoir osé.

Le Rhum La Mauny Le Nouveau Monde a un nez assez doux mais plus vif que le deuxième. Très poivré, très fort, il est racé et puissant. On n’est pas très loin des goûts des très vieux whiskies alors que les deux premiers étaient résolument rhums. Il y a un assemblage de 1979, 1998, 1999 et 2004
de plusieurs cuvées et plusieurs fûts. L’assemblage a été fait en 2008 et la mise en bouteilles en 2014. Le maître de chai parle de gras alors que je trouve ce rhum très sec. L’accord avec le plat se fait quasi exclusivement sur le poivre très excité par l’alcool.

Pour le dessert nous avons un Rhum Agricole La Mauny Spiced qui évoque piment, cannelle et vanille, très fluide, agréable et original. Le soufflé est une merveille et c’est de loin le meilleur accord car on est dans le territoire naturel du rhum.

Nous finissons sur une Cuvée surprise du maître de chai Daniel Baudin au nez très discret mais intrigant. Il a beaucoup de charme très doux et très racé tout en étant rond. C’est une cuvée non vendue qui titre 45° à l’alcool généreux dans l’esprit des X.O. C’est le mélange du maître de chai.

Que dire de cette dégustation ? Si la maison La Mauny nous a invités pour un tel déjeuner à l’Apicius, c’est une preuve de considération extrême. Le challenge était fort et l’on voit qu’un repas tout au rhum est difficile. La puissance du rhum est telle qu’il a tendance à écraser les plats, sauf lorsqu’ils sont hyper poivrés comme le steak ou totalement gourmands comme le soufflé. Il fallait prendre ce repas comme un exercice de style dont la pointe de génie est cette tomate associée au homard que le rhum a réussi à rendre pertinente. Rien que pour cela ce déjeuner est mémorable.

Le lieu est superbe, l’un des plus beaux de Paris, l’équipe est chaleureuse, le chef est brillant, et les rhums La Mauny sont d’une très grande pureté. Il ne leur manque plus qu’une chose, c’est qu’on les laisse vieillir car rien n’est plus beau qu’un vieux rhum. Ce repas d’une haute qualité est tout à l’honneur de ceux qui l’ont organisé.

dejeuner-apicius-rhum-161012-001 dejeuner-apicius-rhum-161012-002

dsc07583

dsc07585 dsc07587 dsc07589 dsc07590 dsc07592 dsc07594

on voit bien les petites tomates cachées sous le homard.

« La Grande Dégustation » de « Vins du Monde » mardi, 11 octobre 2016

Une grande société importatrice de vins de dizaines et dizaines de pays, à laquelle j’achète quelques grands vins, organise « La Grande Dégustation » dans des salons magnifiques de l’hôtel Ritz, à l’occasion des vingt ans de la société « Vins du Monde ». Lorsque j’arrive, il y a une queue qui va jusque sur la place Vendôme. C’est une foule immense qui s’est rendue à cet événement, avec des cavistes, restaurateurs et sommeliers, journalistes et quelques clients dont je suis. On comprend pourquoi, car il y a un nombre de grands vins assez impressionnant.

Devant tant de stands et au milieu d’une telle foule, je vais me consacrer à ce qui se fait de mieux. Je me renseigne et on me suggère d’aller à la table Magellan, l’une des 45 tables.

Je commence par Ridge Vineyards Montebello 2013 dont le nez est une bombe et la bouche une explosions de fruits noirs juteux miraculeusement rafraîchis par une esquisse de menthe idéale. Quel grand vin ! Je poursuis avec Vega Sicilia Unico 2007 beaucoup plus discret mais qui prend sa place de façon parfaite, équilibré, distingué, noble, au discours très juste. Un régal.

Ensuite, c’est Pingus Ribera del Duero 2013. On s’attendrait à une bombe comme le Montebello mais pas du tout, c’est le plus bordelais des trois, comme s’il s’était épuré de toute influence moderne. Je me régale car il n’y a rien de plus dissemblable que ces trois vins et les trois cohabitent à merveille. C’est ensuite Gaja Barbaresco Barbaresco 2012 vin puissant et raffiné qui prend sa place lui aussi au milieu des autres, riche et de beau finale.

Le dernier vin de cette table est un Tedeschi Valpolicella Amarone Classico 2012 qui ne boxe pas du tout dans la même catégorie que les vins précédents.

Au stand Joseph Phelps, je goûte un Phelps Insignia 2012 superbe mais probablement moins typé que ceux de la table Magellan.

J’ai fini ma courte visite au stand « bar artisan » où une jeune femme prépare des cocktails. J’ai choisi un cocktail au miel de la distillerie de Paris, thym citron, miel lavande, citron vert et gingembre qui m’a ragaillardi. La foule nombreuse ne m’a pas permis d’approcher beaucoup de stands mais le succès de cette manifestation est certain. Il y a de par le monde beaucoup de vignerons qui font de très grands vins.

vins-du-monde-degustation-161010-001

vins-du-monde-degustation-161010-002

Comparaison de vins immergés en mer avec les mêmes vins restés à terre samedi, 24 septembre 2016

Un mail d’invitation me suggère de me rendre chez le caviste Soif d’Ailleurs pour faire une dégustation comparative à l’aveugle d’un champagne dont une bouteille a passé douze mois en mer à soixante mètres de profondeur et une autre provient de la cave de la maison Drappier.

C’est la société Amphoris qui immerge des bouteilles en mer d’Iroise pour étudier les effets du séjour en mer profonde. On annonce aussi la présence d’un représentant de l’Institut Universitaire de la Vigne et du vin, Régis Gougeon, que j’ai déjà rencontré lorsqu’une bouteille de Bourgogne, trouvée dans les ruines de l’Abbaye de Saint-Vivant, très probablement du 18ème siècle, avait été ouverte par mes blanches mains et dégustée au siège de la Romanée Conti.

Cette invitation me plait car j’ai eu la chance de goûter des vins qui ont passé plus d’un siècle sous l’eau et cette expérience pourrait être intéressante.

Soif d’Ailleurs est un marchand de vin spécialisé dans les vins du monde, offrant des vins de 45 pays et de 198 cépages ! La salle de dégustation est belle et le patron de la boutique organise des événements dans ce bel endroit. On se sent bien en ce lieu.

Après une petite vidéo qui montre comment les bouteilles sont immergées, nous avons deux verres à déguster le 1 et le 2 du Champagne Drappier La Grande Sendrée 2006. Ce vin qui est la cuvée de prestige de la maison Drappier est fait de 55% de pinot noir et 45% de chardonnay. Le 1 a un nez plus intense et le 2 a un nez plus frais. Le 1 fait plus dosé, plus noisette alors que le 2 fait plus souple. Le 1 est agréable et le 2 a une belle longueur. Mais force est de dire que ces écarts sont à la marge car on sent bien que les deux sont le même champagne. Avec un peu de temps je dirais que le 1 est plus vif.

On nous demande lequel est allé sous la mer. Régis Gougeon et moi, nous pensons que c’est le 2 qui a été immergé. D’autres personnes présentes pensent comme nous. Mais c’est le 1 qui a passé un an dans une mer à 11-12°.

Lors de la courte présentation par Régis Gougeon des études déjà faites, il avait indiqué sur la diapositive des résultats : « résultats contrastés ». Et nous allons en avoir la preuve.

Le deuxième essai sera fait sur un Brokenwood Cricket Pitch Australie 2011 avec 55% de sémillon et 45% de sauvignon blanc. Les deux vins sont très expressifs. Le 1 a un nez plus frais. C’est un vin très agréable au finale de noisette, bien expressif alors qu’il est jeune. Le 2 a un nez plus dense. Il est un peu moins brillant mais son finale est plus frais. Je préfère le 1 plus vif et je dis que c’est lui l’immergé, au hasard, et c’est la bonne réponse.

Nous allons maintenant vers un vin rouge de Toscane, dont le propriétaire est un archéologue célèbre qui a acheté un vignoble pour y planter un cépage ancien totalement oublié, le Foglia Tonda. Le vin est donc un Foglia Tonda de Toscane de Guido Gualandi 2012, vin biologique qui titre 13,5°. Il est présenté par sa fille.

Le 1 a un nez plus ouvert, il est très original et très pur, au fruit discret. Le 2 est plus cassis, plus riche, plus conventionnel même si le finale est mentholé ce que j’aime. Je préfère le 1. Je suis incapable de dire lequel est immergé et on nous dit que c’est le 2. Et là où la phrase du scientifique sur les résultats contrastés prend toute sa valeur, c’est que la fille du propriétaire, qui connaît bien son vin, s’est trompé en estimant que le 1 avait été immergé.

Nous avons poursuivi avec un vin rouge de Brokenwood, qui ne m’excite dans aucune des deux versions. Mais je préfère le 2 alors que c’est le 1 qui a été immergé.

Je suis intervenu pour dire qu’une immersion d’un an seulement n’est pas suffisante pour être probante. Il faut encourager ces expériences et je ferai mon possible pour les encourager, car si je suis venu, c’est parce que le plus grand champagne que j’aie bu est un champagne Heidsieck 1907 qui a passé cent ans sous l’eau dans une mer à 4°. Le fait que le vin combinait une étonnante fraîcheur d’un vin très jeune avec la patine que donne forcément le siècle d’existence a produit sur moi une émotion magique. C’était Hibernatus revenant à la vie !

Amphoris semble une société très sérieuse qui a étudié son dossier et l’association avec des scientifiques pour faire des analyses est une bonne chose. Il faut multiplier ces expériences avec des grands vignerons, en se fixant des horizons de plus long terme. Je suis heureux d’avoir participé à cette expérience, même si les résultats sont « contrastés ». Le patron de « Soif d’Ailleurs » Mathieu Wehrung est passionnant. Sa boutique est une caverne d’Ali Baba pour amateurs curieux de vins rares et étonnants. Une maison comme Dom Pérignon qui a créé les Œnothèque ou les P2 et P3 devrait se lancer dans les Dom Pérignon immergés. Ce serait très excitant.

Des exemples de bouteilles qui ont été immergées

dsc07489 dsc07484 dsc07483

les deux bouteilles de Drappier

????

????

dsc07485 dsc07486 dsc07487 dsc07488

des couleurs très proches

dsc07490 dsc07491

dsc07495 dsc07496

dsc07492 dsc07493 dsc07494

Film sur Henri Jayer mercredi, 21 septembre 2016

Film sur Henri Jayer fait par Laurent Maillefer, fondateur de Lotelduvin

Ce film permet de mieux connaître ce grand vigneron et d’avoir les commentaires d’autres grands vignerons sur cet homme légendaire mais aussi très paysan.

Dans ce film on peut voir le repas que j’ai organisé où avec mon ami Tomo et nos épouses nous avons reçu Aubert de Villaine, gérant de la Romanée Conti au restaurant Taillevent et où nous avons bu deux Cros Parantoux d’Henri Jayer, un Grands Echézeaux de la Romanée Conti et un vin mythique, les Gaudichots Domaine de la Romanée Conti 1929.

Le récit de ce dîner est fait    ICI

Tout amateur de vin doit voir ce beau film.

Indian Wine Appreciation Days à l’Ambassade de l’Inde à Paris mardi, 20 septembre 2016

Dans le cadre de plusieurs semaines d’animation de l’Inde à Paris sous le label « Namasté » qui veut dire un peu plus qu’une simple salutation que l’on fait les mains jointes paume contre paume, l’ambassade de l’Inde à Paris accueille la deuxième édition de « Indian Wine Appreciation Days ».

Lorsque j’arrive en face de l’ambassade, une foule est rassemblée dans la rue devant l’immeuble, attendant que l’on ouvre. Il y avait sans doute des préparatifs à finir. Nous sommes reçus dans une salle trop petite pour accueillir tous les invités. Il y a plusieurs discours très courts de bienvenue dont celui de l’organisatrice de l’événement et dont celui du Dr Mohan Kumar, l’ambassadeur. Un petit groupe de personnes en capes de vignerons se présente et remet à l’ambassadeur un diplôme d’honneur. Il s’agit de la confrérie du Clos Montmartre, dont j’ai en cave quelques exemplaires. L’un des dignitaires est étonné que je puisse lui montrer la photo d’un Clos Montmartre 1979 que j’ai bu à une séance de l’académie des vins anciens.

On peut ensuite goûter des vins indiens. Sur les trois premiers, c’est très dur pour moi, car ces vins sont très jeunes ou trop jeunes, avec des finales imprécis ou mal construits. Le déclic vient d’un Charosa Reserve Tempranillo 2013 de la Charosa Winery qui a vraiment un goût de tempranillo espagnol avec un finale aux fruits mentholés de belle facture. J’essaie ensuite de la même maison un Charosa Selections Shiraz 2014 qui se révèle très plaisant aussi. Ces deux vins sont précis et équilibrés et prometteurs.

La Grover Zampa Vineyard propose un Reveilo Chardonnay Reserve 2015 tout-à-fait acceptable qui pourrait figurer en bonne place sur la carte de restaurants français.

Tous les vins sont forts en alcool ce qui se justifie pour accompagner une cuisine indienne très épicée dont on nous fait goûter de délicieux exemples. J’avais assisté à la première édition des Indian Wine Appreciation Days et je dois dire que l’on peut constater des progrès sur plusieurs vins même s’il reste – mais comme partout – des vins porteurs de peu d’émotion.

L’Inde démarre dans le monde du vin et ne cache pas ses ambitions. Ce sera intéressant à observer.

dsc07414

dsc07415

Guide Bettane & Desseauve 2017 aux Caves Legrand vendredi, 16 septembre 2016

Pour la onzième année consécutive Michel Bettane et Thierry Desseauve reçoivent à l’occasion de la parution du guide Bettane et Desseauve. Ils ont l’habitude de faire cette réception aux Caves Legrand le repaire où tous les amoureux du vin se retrouvent. Sont invités des vignerons qui présentent leurs vins, des journalistes et des amateurs fidèles. Différents prix sont décernés à cette occasion. Pierre Trimbach de la maison alsacienne éponyme est l’homme de l’année et nous a fait la gentillesse d’apporter un Clos Sainte Hune Riesling Trimbach 2008 qui est une merveille de précision, grand et noble riesling. La région primée cette année est la Corse dont Michel Bettane dit que c’est la région qui réussit à avoir autant de succès avec ses blancs, ses rosés et ses rouges. J’ai pu goûter un vin blanc corse dont je n’ai pas noté le nom, très fruité et goûteux mais légèrement court.

Un autre prix a couronné le Château Carmes Haut-Brion. Son vin rouge d’une année récente est effectivement fort bon et justifie qu’on s’y intéresse. Un prix est attribué à une marque ou une enseigne et cette année c’est Advini, la maison qui possède de nombreux domaines, dont la célèbre Maison Cazes, une des pépites de Rivesaltes.

Le fait que le Château Coutet soit aussi primé m’a fait extrêmement plaisir car c’est un Barsac que j’adore et donner un coup de pouce à ces délicieux liquoreux dont la consommation a tendance à décliner est une bonne chose.

Interdiction ayant été faite de donner à boire ou à manger avant la fin des discours et des prix décernés, la foule nombreuse piaffait. Avec des amis, réclamant du champagne au bar, aucun charme ne put agir, les serveurs et serveuses appliquant les consignes. Quand enfin les micros s’éteignirent, c’est avec un Champagne Krug Grande Cuvée que nous sommes ranimés. Ouf !

Les vins présentés se prennent à des stands à thème. J’ai souri quand j’ai vu que le Meursault Perrières Domaine Coche-Dury 2012 était présenté au stand des « domaines en progrès ». Alors que ce domaine est depuis des lustres au sommet de la hiérarchie des blancs de Bourgogne, c’est assez drôle de le voir « en progrès ». Le meursault est une merveille de puissance affirmée, de joie de vivre et c’est le vin le plus enthousiasmant de cette soirée pour mon goût et pour ce que j’ai bu.

L’intérêt de ces rencontres c’est de bavarder avec beaucoup de vignerons. Goûter avec celui qui le fait le Champagne Tarlant Extra-Brut 1999 est plus qu’un plaisir, un privilège. Les 17 ans du champagne lui vont bien.

Michel et Thierry ont annoncé une application gratuite sur smartphone qui donne tous les renseignements sur tous les vins. Comment va-t-elle se positionner par rapport au Guide ? L’avenir le dira. Ce fut une très belle soirée.

Visite au Clos Cibonne samedi, 13 août 2016

Le lendemain matin nous nous rendons avec les amis au Clos Cibonne, un domaine de grands crus des Côtes de Provence car j’ai pris rendez-vous pour le visiter. Alors que j’avais eu au téléphone le propriétaire qui m’avait proposé cette visite, il n’est pas là pour nous accueillir et la personne qui nous reçoit n’était pas informée du rendez-vous. Contactant au téléphone le propriétaire elle nous dit qu’il nous rejoindra en cours de dégustation.

Le Côtes de Provence Cibonne Tentations rosé 2015 est vraiment très jeune et a toutes les caractéristiques d’un jeune Côtes de Provence rosé non encore formé.

Le Côtes de Provence Clos Cibonne Tibouren rosé 2014 est beaucoup plus plaisant et de belle personnalité.

Le Côtes de Provence Clos Cibonne Tibouren Cuvée Prestige Caroline rosé 2014 est beaucoup plus puissant et typé. C’est ce qui fait le charme de ce domaine.

Le Côtes de Provence Clos Cibonne Tibouren rouge 2015 est assez agréable à boire. On sent qu’il peut devenir grand.

Le Côtes de Provence Clos Cibonne Tibouren Cuvée Prestige Olivier rouge 2013, comme la cuvée prestige rosée est plus typé mais dans ce cas peut-être un peu trop.

Le Côtes de Provence Clos Cibonne Tibouren Cuvée Prestige Olivier rouge 2011, est très astringent et très riche. Il est assez difficile à ce stade de sa vie.

Le propriétaire vient nous retrouver et nous dit qu’il s’intéresse assez peu à la dégustation de ses vins et que sa récolte 2017 est déjà quasiment totalement réservée. J’avais demandé si nous pourrions goûter un vin plus ancien. Par gentillesse il nous ouvre un Côtes de Provence Clos Cibonne Tibouren rouge 1994 que je trouve plus agréable et plus frais. Le propriétaire nous propose de garder ce vin pour notre déjeuner.


dans le hall d’entrée il y a quelques bouteilles anciennes

DSC07117 DSC07118 DSC07119 DSC07120

DSC07131

DSC07122 DSC07123

DSC07125 DSC07124

DSC07128 DSC07127

DSC07133 DSC07132

DSC07135 DSC07134

DSC07137 DSC07136

DSC07139 DSC07138

 

 

Dîner Henriot à la Bibliothèque Nationale de France jeudi, 16 juin 2016

La Maison des Champagnes Henriot s’investit dans le mécénat pour permettre l’acquisition par la Bibliothèque Nationale de France de documents très anciens, de grande valeur historique et artistique, classés Trésors Nationaux. A l’occasion de deux acquisitions, d’un manuscrit royal et d’un bréviaire royal, Gilles de Larouzière, président du groupe Henriot et Bouchard Père & Fils invite pour une soirée à la Bibliothèque Nationale de France en son site du Quadrilatère Richelieu.

Etant sur les lieux bien avant l’heure du rendez-vous, je fais un crochet par les Caves Legrand où je rencontre la présidente de Krug, attablée dans la galerie Vivienne, qui travaille avec une collaboratrice. On leur apporte un Champagne Krug Grande Cuvée qui doit être celui d’un anniversaire de la maison Krug et je suis aimablement invité à trinquer avec elles. Le champagne est d’une aisance et d’un naturel confondants. C’est la noblesse dans l’accessibilité et c’est un très grand champagne. Je laisse les deux travailleuses et je finis de boire mon verre au comptoir du bar des Caves Legrand. Ce comptoir est le point de rencontre de tous les amateurs de vins. Ainsi, deux personnes qui dégustent un Champagne Jacquesson Cuvée 739 fait à 70% d’une base de 2011 et avec 57% de chardonnay me proposent d’y goûter. J’ai relativement peu de repères pour les champagnes Jacquesson mais celui-ci me paraît direct, droit, précis et vif et agréable à boire, même s’il est moins accueillant que le Krug.

Arrivent ensuite le directeur de l’un des vins les plus prestigieux de Bordeaux puis un indien amateur de vin et Chevalier du Tastevin. Ils rejoignent Gérard Sibourg-Baudry qui leur fait goûter un Champagne La Closerie Jérôme Prévost Les Béguines Extra Brut sans année. On me tend un verre que je ne peux pas refuser. C’est un champagne atypique qui me plait beaucoup. Il est vineux, d’un grain très fin, d’une grande précision. Il est original et j’aime cela. Ce n’est pas un vin de plaisir, c’est un vin de réflexion.

Après avoir été happé aux Caves Legrand il est temps que je me rende à la Bibliothèque Nationale dans le grand bâtiment chargé d’histoire, le palais Mazarin du 17ème siècle. Les invités sont accueillis par Gilles de Larouzière. On prend l’apéritif dans une grande salle où sont exposées les acquisitions dues à la générosité de la Maison Henriot. Il s’agit d’incunables d’une incomparable beauté. On trinque au Champagne Henriot Brut Souverain magnum sans année. Ce champagne est idéal pour un apéritif car il est facile à vivre, bien typé, agréable à boire et très flexible. On en reprend sans même s’étonner tant il coule bien. Pas très complexe il joue sur son accessibilité.

On nous demande de passer à table. Nous sommes nombreux, de la noblesse, de la finance, de la presse et des amateurs de vin. Et là, nous avons un choc. La salle ovale de la BNF est absolument immense. Sur une impressionnante hauteur et sur tout le tour de la salle sont rangés des millions d’ouvrages. C’est inouï. On se sent tout petit mais surtout on a devant soi ce qui fait la grandeur de la France. Lorsque j’étais allé à l’Institut de France, les statues des grands hommes montrent à quel point la France est riche de culture et d’histoire. Cette salle ovale fait aimer la France.

Le menu du repas est : langoustines rôties, bavarois iodé et coulis coraillé / quasi de veau aux morilles et pommes de terre de Noirmoutier, asperges vertes et jus de cerfeuil / pêche blanche laquée, crème prise à la verveine. La langoustine ne m’a pas convaincu, alors que les deux plats suivants sont particulièrement goûteux et se marient idéalement aux champagnes.

Le Champagne Henriot Blanc de Blancs sans année est solide, sérieux et gastronomique. Il est d’un grand classicisme et passe très bien sur un plat qui ne l’aide pas.

Le Champagne Henriot Brut 2006 est fait de belles promesses, mais je le trouve un peu austère à ce stade de sa vie. On l’aime bien à ma table et j’ai le palais plus sensible à des vins plus âgés.

Grâce au dessert qui lui va comme un gant, c’est le Champagne Henriot rosé 2008 qui sera la vedette de ce dîner. D’une couleur rose pâle comme la pêche, accord couleur sur couleur, ce champagne est souriant et ne cherche pas à intellectualiser son message. Il est direct et charmant. C’est ce qu’on attend d’un rosé.

Cette gigantesque salle va entrer en rénovation pour deux ans. Quand je sais le temps qu’il m’a fallu pour déménager ma cave d’un endroit à un autre, je pense que vider la salle de ses livres tout en sachant où l’on range ce qui est déplacé sera une entreprise titanesque.

Associer les champagnes de la maison Henriot à ce cadre historique est une très heureuse idée, car ils sont encore meilleurs si l’on pense à l’Histoire. Ce fut une prestigieuse soirée.

Une représentation du plan des tables :

2016-06-15 23.02.20

DSC06890

sur les deux photos ci-dessous on voit en haut des zones carrées plus claires qui sont des essais de nettoyage

DSC06891 DSC06893

DSC06892

nous sommes placés sur des tables qui sont les tables de lecture

DSC06897

en voyant Gilles de Larouzière et Laurence Engel Présidente de la Bibliothèque Nationale de France au moment des discours, on prend conscience des proportions de cette immense salle

DSC06896

le plafond de verre

DSC06885

DSC06894 DSC06901

soirée Henriot BNF 001

soirée Henriot BNF 002