Archives de catégorie : vins et vignerons

Premier jour du Grand Tasting de Bettane et Desseauve samedi, 26 novembre 2022

Le Grand Tasting de Michel Bettane et Thierry Desseauve est le grand événement des amateurs de vin du fait de la qualité des vins présentés au Carrousel du Louvre. Il y a un grand nombre de stands de vignerons de toutes régions et il y a des Masterclass à thèmes.

Lorsque j’arrive à la Masterclass « Grand Siècle par Laurent-Perrier, un champagne à la conquête de l’année parfaite », elle est presque terminée. Grâce à l’amitié que j’ai avec Frank Ramage, l’homme qui orchestre la distribution des verres et la présentation des vins, on me donne des verres des quatre vins présentés, les Champagnes Laurent-Perrier Grand Siècle itération 25, 24, 23 et 22. Les assemblages de chaque année ont maintenant un numéro, comme le fait aussi la maison Krug avec sa Grande Cuvée.

Le style de ces champagnes est inimitable et pour mon goût, le champagne Grand Siècle est le plus romantique de tous les champagnes. C’est l’itération 25 qui est pour moi la plus élégante et je suis content que Lucie Pereyre de Nonancourt, la petite fille de Bernard de Nonancourt, ait le même jugement.

Je me rends ensuite à la Masterclass « Champagne Henriot, aux origines d’une maison » présentée par Alice Tétienne, chef de cave. Elle dit une phrase qui me plait beaucoup : « le vin s’écrit à la vigne » et considère que son rôle est de pérenniser l’excellence des cuvées de son domaine.

Le Champagne Henriot Brut Souverain Blanc est de belle pureté. Il n’est pas très long. Il est plaisant et assez gourmand avec 40% de vins de réserve remontant en 1969 et 60% de vins de 2016.

Le Champagne Henriot Cuvée Hemera 2006 montre une très grande différence qualitative. Il est vif, énergique, superbe. J’aime ce champagne qui est fait exactement comme la cuvée des Enchanteleurs que j’adore.

Le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1996 est absolument fabuleux et me fait dire : « oh, là, là ». Il est ciselé et de belle acidité.

Le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1959 servi en magnum est un immense cadeau de la maison Henriot. C’était le millésime préféré de Joseph Henriot que j’ai eu la chance de boire trois fois avec lui. Le dégorgement est récent. Le nez est impérial, annonçant une personnalité glorieuse. La bouche est belle, saline. Il évoque le poivre blanc et il est floral. C’est un vin de légende.

La Master Classe suivante a pour titre : « Charles Heidsieck années chaudes, années froides, même exigence, même qualité ». Elle est animée par Cyril Brun chef de caves. Le Brut millésimé est fait de 60% de chardonnay et de 40% de pinot noir, de vins de douze villages.

Je boirai le Champagne Charles Heidsieck 2006 en deux verres, un premier décevant et un deuxième conforme à ce qu’il devrait. Mon voisin de dégustation qui me connait et me lit ne comprenait pas que nous puissions avoir des jugements si différents sur ce vin, mais mon premier verre avait tout d’un vin d’une bouteille à problème. Avec le deuxième verre j’ai en face de moi un nez puissant et large, une belle bouche large, un vin accompli au beau finale, bien gras et opulent.

Le Champagne Charles Heidsieck 2012 a un nez superbe et élégant. En bouche c’est un vin frais, très agréable au finale un peu doux. Le dosage est faible, ce qui me plait bien. Il a une belle acidité et une très grande pureté.

Le Champagne Charles Heidsieck 2013 est un vin qui sera mis sur le marché en 2023, d’un millésime de grande qualité. Le nez est très élégant, la bouche est fluide avec un peu de litchi ce qui est le signe d’un vin jeune. Il est tranchant comme un couteau et n’est pas large. Cyril vante ses amers nobles et son côté salin.

Le Champagne Charles Heidsieck 2008 a un nez superbe, noble et large. Son attaque est fluide et convaincante. C’est un grand vin d’une complexité extrême, de grande acidité.

En fin de dégustation j’ai noté que le 2006 est le plus charmeur et le plus puissant, que le 2012 est charmant, que le 2013 est plaisant maintenant et promet et que le 2008 est le plus prometteur, celui que j’adore.

Ce qui est amusant c’est qu’à la fin je ne savais pas quel champagne est d’une année chaude ou froide, car tous m’ont séduit.

Entre les dégustations à thème je suis allé me promener dans les stands, où je reconnais de moins en moins de personnes, car les stands sont tenus plus par des commerçants que par ceux qui font le vin. Mais bien sûr il y a des exceptions.

Il y a dans une zone de stands uniquement des vins italiens. Quelqu’un me reconnait par mon visage montré sur Instagram et me demande que l’on fasse des photos de lui et moi ensemble, pour qu’il les montre à ses amis vignerons. Il me dit que j’ai une audience en Italie de très haut niveau. Son sourire aurait donné du courage à un mourant.

Une autre anecdote du même genre concerne la Masterclass qui offre à déguster le Klein Constantia qui sera présenté par Hans Atrom directeur général et actionnaire de ce domaine. Je passe dans la salle pour me rendre à une autre Masterclass et il m’appelle, me serre la main avec un grand sourire. Nous nous sommes promis de nous revoir bientôt pour parler du passé de ce vin et de son futur. Il m’a quand même tendu un verre de Klein Contantia 2015 qui est frais et superbe de complexité mais à qui il faudra deux siècles pour approcher le mythe des Constantia antiques que j’adore.

La Masterclass à laquelle je me rends est « Plénitude 2, la seconde vie de Dom Pérignon » présentée par Jean-Baptiste Terlay, chef de chais.

Le Champagne Dom Pérignon 2012 est jugé très proche du 2002 par le chef de chais. Son nez est fort et minéral. L’attaque est belle et l’on sent le silex, la coquille d’huître et son côté salin. Avec le temps apparaît son côté toasté. C’est un vin de belle droiture.

Le Champagne Dom Pérignon 2003 dégorgé et dosé en 2013 a un nez beaucoup plus discret. Il a une belle rondeur à l’attaque. Il est de bel équilibre, rond, au finale un peu court. Il a peu d’acidité mais une grande fraîcheur.

Le Champagne Dom Pérignon 2003 P2 dégorgé 9 ans plus tard que le P1 a un nez qui ressemble à celui du 2012. Il pétrole. Ce qui est étonnant, c’est qu’il ne fait pas plus jeune que le 2003 P1. C’est un P2 qui ne fait pas P2. Il est d’une belle fraîcheur. Le P1 me paraît à la fois plus dense et plus fluide. Ce sont des différences à la marge car les deux sont très grands.

Le Champagne Dom Pérignon 2004 P2 a eu un énorme rendement, le plus fort du siècle. Le nez est élégant, moins fort que celui du 2003 P2. La fluidité est magique. C’est un beau vin de bel équilibre, assez strict mais noble. Il est pur, élégant et frais, lumineux avec une belle acidité. Un vin superbe.

Le Champagne Dom Pérignon 2008 rosé a un nez discret. L’attaque est fabuleuse. Ce rosé est tellement grand que j’en suis amoureux. Il est fluide, frais, superbe. C’est une réussite absolue.

Je finis cette première journée par ce vin sublime, qui avec l’Henriot 1959 sont deux émotions extrêmes.


présentation des champagnes Charles Heidsieck

rencontre avec le dirigeant de Klein Constantia avant sa Masterclass

Présentation des vins du groupe Vega Sicilia au Cheval Blanc Paris dimanche, 20 novembre 2022

Le lendemain matin du 269ème dîner la société Vins du Monde organise la dégustation annuelle des vins mis sur le marché par le groupe Tempos Vega Sicilia. Cette « Masterclass » se tient à l’hôtel Cheval Blanc Paris et revêt une importance particulière car c’est le quarantième anniversaire du rachat du groupe par la famille de Don Pablo Alvarez qui dirige le groupe.

C’est lui qui va faire l’introduction de cette séance en rappelant la politique de croissance par des rachats successifs de parcelles et de vignobles pour constituer des groupes cohérents.

L’assistance est composée de sommeliers et de cavistes et d’amis du groupe.

Selon la tradition on commence par les vins blancs secs de Hongrie d’Oremus.

Le Oremus Dry Mandolas 2020 est de 100% Furmint. Il titre 13,5°. La couleur est très claire, le nez très pur, salin. La bouche est douce, subtile et le finale est salin. Il est encore vert et il faudra attendre avant de le boire.

Le Oremus Petracs 2019 est lui aussi de 100% Furmint et titre 13,5°. Sa robe est claire, le nez est discret. La bouche est fluide, saline. Le finale est un peu poivré. C’est un vin assez doux qu’il faudra attendre aussi.

Maintenant les vins rouges. Le Macan Classico 2019 est fait de tempranillo et titre 14,5°. La robe est belle et fine, délicate. Le nez est engageant, de vin puissant. La bouche est douce, de tabac et de cassis. Le vin est très agréable à boire même s’il a un peu d’amertume. Je le sens gastronomique.

Le Macan 2018 est aussi de tempranillo et titre 14°. Sa robe est très élégante, un peu violette. Le nez est discret. La bouche est fraîche, charmante. Le vin est agréable et on peut concevoir de le boire dès maintenant. Il a un finale boisé.

Le Pintia 2018 est fait de Tinta de Toro et titre 15°. Il est plus dense avec un nez discret. L’attaque est très fluide, charmante. Ce vin offre beaucoup de plaisir et son finale est très agréable. C’est un beau vin de gastronomie. Il est bien fait.

L’Alion 2019 de la Ribeira del Duero est de cépage Tinto Fino. Il titre 15°. Il a une jolie robe et un nez subtil mais intense. La bouche est fluide, douce. C’est un vin aérien malgré la charge alcoolique. Le finale est moins charmant mais assez gourmand.

Le Vega Sicilia Valbuena 5° 2018 est fait de 96% de Tinto Fino et de 4% de merlot. J’ai enfin l’explication du 5° qui figure dans le nom du vin. Cela signifie tout simplement que le vin est mis sur le marché après cinq ans d’élevage, alors que l’Unico est mis sur le marché généralement après 10 ans. Il titre 14,5°. La robe est belle et le nez discret. La bouche est toute en douceur. Le vin est très agréable et racé. Il est beaucoup plus plaisant car il a un velouté très délicat. C’est un grand vin.

Le Vega Sicilia Unico 2013 est de 97% Tinto Fino et 3% de cabernet-sauvignon. Sa robe diffère très peu des robes des vins précédents. Son nez de velours est un nez que j’adore car j’aime ce vin comme j’aime les vins de la Romanée Conti et leurs nez reconnaissables. L’attaque est très douce et fluide, mais il faudra attendre ce vin même s’il est très séduisant. C’est un vin noble.

Le Valbuena est plus dur que le Unico. L’Unico a un charme extrême et le Valbuena a une grande personnalité, plus virile que l’Unico.

Le Vega Sicilia Unico Reserva Especial en vente en 2023 est fait de 2009, 2011 et 2012. Il titre 14°. Son nez est très expressif et fort car il a des vins plus anciens. Il y a une fluidité magique dans l’attaque. Le finale est un peu râpeux alors que le milieu de bouche est tout en douceur. Le vin est très doux.

Les deux Unico sont superbes, des vins de grands plaisirs.

Selon la tradition on revient en Hongrie avec des vins doux. Le Oremus Late Harvest 2021 est fait de plusieurs cépages et titre 11,5°. Le nez est de litchi et la bouche de litchi aussi. Il est agréable et son fruit est mentholé. On dirait un bonbon à la menthe. Je le vois bien avec un brochet à la crème. C’est un vin de belle fraîcheur.

Le Oremus, Tokaj Aszu 5 Puttonyos 2016 a un nez tout en velours. Il titre 11°. La bouche est fraîche, très glace vanille. Le finale est de belle acidité et salin. C’est un vin très agréable sans aucune lourdeur. Ce vin est de belle élégance.

La présentation a été faite par Gonzalo Iturriaga de Juan qui dirige les vignes et la vinification de tous ces domaines. Il est passionnant à écouter car il montre à quel point la réussite d’un vin dépend de myriades de décisions. C’est un régal de l’entendre. Il y a dans la salle des sommeliers célèbres des grands restaurants parisiens qui ont posé des questions pertinentes donnant lieu à de belles discussions dans une ambiance amicale.

Cette dégustation est enrichissante mais je prie le ciel que ces vins soient gardés longtemps en cave pour n’être bus que lorsqu’ils expriment toutes leurs qualités. J’ai discuté avec des gens charmants du domaine et de la sommellerie, ce qui a rendu cette matinée encore plus riche.

Dîner Dom Pérignon au restaurant Plénitude de l’hôtel Cheval Blanc Paris samedi, 11 juin 2022

Je reçois un appel d’Alexandre Larvoir, le directeur du restaurant Plénitude de l’hôtel Cheval Blanc Paris, qui me demande si je suis libre pour un dîner au Plénitude, dont le thème est le lancement du Dom Pérignon P2 2004. Alors que j’aurai le lendemain l’Académie des Vins Anciens, je n’hésite pas une seule seconde et je dis oui.

Comme à mon habitude j’arrive en avance, ce qui me donne l’occasion de saluer des membres de l’équipe du restaurant, dont les charmantes hôtesses d’une rare élégance et maquillées comme des déesses. Il faut dire qu’il y a dans le groupe LVMH de quoi satisfaire toutes les envies d’être belle.

Des photographes ont réalisé un décor tout en blanc sur le thème de Dom Pérignon pour photographier les V.I.P. qui viendront. Nous serons cinq à table dont le sommelier d’un grand hôtel de luxe, deux amis d’Arnaud Donckele qui vivent dans le sud de la Bourgogne mais ne sont pas du monde du vin, l’éditrice de la Revue Vigneron et moi.

Lorène, notre charmante hôtesse, toute souriante, nous explique que notre repas se fera en plusieurs étapes en des lieux différents. Chaque table suivra le même parcours, mais successivement. Je n’ai que la version anglaise du menu qui est inspiré par le Champagne Dom Pérignon Vintage 2004 P2 : oyster, champagne, fennel for broth « songe anisé » / leerfissh, spider crab, broccoli for vinaigrette « ambroise » / sea potato for broth « ode à l’iode » / Zitone pasta Saint-Tropez inspiration / poultry, caviar, trompette courgette for velouté « champenois » / twilight over the star, grapefruit, rose, champagne / rose financier.

Je ne sais pas si c’est volontaire ou inconscient, mais le financier à la rose est ce que je demande quasi systématiquement pour accompagner le dernier liquoreux de mes repas. La talentueuse Yuki, ancienne pâtissière du restaurant Pages, maintenant installée à son compte, propose ce financier qu’elle nomme financier François en souvenir de la création commune de ce dessert. Hasard ou préméditation ce soir, les deux hypothèses me plaisent.

L’huître divine est le meilleur ambassadeur pour faire connaissance avec le Champagne Dom Pérignon Vintage 2004 P2. Instantanément le plaisir est là. Le champagne est d’un équilibre rare, serein et pourrait être l’étalon de mesure de ce qu’est le parfait Dom Pérignon. Il est agréable à boire tel qu’il est, si simple mais si structuré.

Alors que je suis quasi inconditionnel des champagnes de dégorgement initial, car ils représentent ce qu’est le champagne de son millésime originel, je dois dire que ce champagne est un vrai succès car il ne joue pas le champagne qui voudrait montrer qu’il est « encore » jeune. Il est équilibré, serein et se justifie.

Après les deux premiers plats nous allons en cuisine et ça me fait plaisir que les cuisiniers affairés me saluent par mon nom. Nous prenons place dans la salle du chef, juste en face de la ruche travailleuse, et Arnaud Donckele nous apporte une sauce. Il nous dit que pour ses plats il faut toujours commencer par la sauce, car le plat est au service de la sauce et non l’inverse. Il nous dit que la sauce est composée de quatre ou cinq madeleines de Proust de son enfance qu’il a voulu associer. Il nous les décrit.

C’est tellement poétique que je lui demande s’il pourrait m’écrire ce qu’il a dit. Il ne le fera pas, bien sûr, mais il aurait fallu enregistrer un moment d’une sensibilité exceptionnelle.

Alors que je pensais que le nom du restaurant était le choix des équipes de marketing du groupe Cheval Blanc, Arnaud nous dit que c’est son choix, car il aime le Dom Pérignon et il aime le concept de Plénitude, qu’il essaie de transposer dans sa cuisine. C’est amusant car mon amitié pour Richard Geoffroy et mon amour pour Dom Pérignon sont nés le jour où j’ai rencontré ce maître de chais qui a expliqué sa vision de l’évolution de son champagne qui ressemble comme deux bulles de champagne à ma vision du vin.

Après ce passage émouvant par la salle privée du chef en cuisine, nous traversons des couloirs habillés de tentures blanches au sigle de Dom Pérignon, qui conduisent au fumoir où nous sommes accueillis par Vincent Chaperon, le maître de chais de Dom Pérignon, qui a réalisé avec Richard Geoffroy le millésime 2004. Vincent nous explique la philosophie de Dom Pérignon et la vision des plénitudes et souvent on croit entendre des intonations de Richard. En pleine possession de son sujet et assuré, Vincent nous passionne.

Nous montons ensuite au dixième étage du bâtiment de la Samaritaine où la vue sur Paris est impressionnante. C’est ici que nous goûtons debout les desserts, accompagnés comme les plats par le 2004 P2 toujours aussi gastronomique.

Sous un ciel aux nuages noirs inquiétant et par un temps froid ce soir la danseuse étoile Dorothée Gilbert a dansé avec une rare élégance, légère comme les bulles du délicieux champagne qui a accompagné notre repas.

Arnaud a une telle passion créatrice que je suis comme le rat devant le cobra, hypnotisé par son génie. J’avais il y a trente ans un dieu vivant de la cuisine en la personne de Joël Robuchon. Aujourd’hui mon dieu vivant est Arnaud Donckele dont l’amitié est un précieux cadeau pour moi. Ce fut une soirée mémorable d’une délicatesse rare.

dessert sur le toit de la Samaritaine

danse

Arnaud Donckele et Vincent Chaperon

Le Dom Pérignon 2004 « Plénitude » 2

Italian report about a marvelous dinner with rare Barolos lundi, 10 janvier 2022

Mitico pranzo di vecchi Barolo con due leggendari 1920.

Marcello, un giovane appassionato di vino italiano che ha sviluppato una passione per i vecchi Barolo, è in contatto con una persona che ricerca in vecchie cantine e dopo la selezione, gli porta dei veri tesori. Questo fornitore gli riserva solo le migliori bottiglie.

Marcello mi segue su Instagram e mi ha contattato per partecipare ad un pranzo al ristorante Arnaud Lallement – Assiette Champenoise, annunciando un largo numero di vecchi vini, incluso un Barolo 1920 di Giacomo Conterno. Ho avuto l’impressione mi fossi scordato tutto quello che ci eravamo detti, perché pensando solo al Barolo 1920 un bagliore mi è arrivato al cervello: questa è un’occasione unica per aprire un Vega Sicilia Unico 1920, una bottiglia molto rara.

Ho accettato di partecipare e pensare a cosa mettere. Mi era sembrato di capire ci fossero dei produttori di Champagne, qualcuno che conoscevo già e altri no, ma solo perché non avevo ascoltato bene. Ho consigliato che Marcello venisse al ristorante alla 10 di mattina per aprire le bottiglie.

Quando il giorno è arrivato io ero in anticipo alle 9:30. Marcello è in orario e sono stati portati su dalla cantina due cartoni dove erano custodite 12 bottiglie. Gli ho detto che non sarebbe stato ragionevole aprire tutti questi vini, perché saremmo stati solo in sette, avendo l’ottavo purtroppo dovuto rinunciare per Covid. Marcello mi ha confermato che la sua volontà che tutto venisse aperto per questo pranzo che si sarebbe preannunciato folle.

Dalla mia parte, ho portato un vino di Siracusa del 1946 che abbiamo deciso però di non aprire. Apriremo il Ruffino Riesling Monteselva 1970, che mi stupisco di come possa essere entrato nella mia cantina, poi il Vega 1920 naturalmente, e ho portato una Grappa del Domaine d’Ott 1929 per il fine pasto.

Ho dotato Marcello del mio cavatappi Durand per aprire i vini più giovani mentre io sono partito con quelli più vecchi. Marcello mi mostra i tappi sottolineando di quale qualità siano, alcuni sembrando più pezzi di legno che di sughero. Tutti i profumi dal collo della bottiglia erano brillanti. Nessuna bottiglia problematica. Tutti i livelli delle bottiglie erano impressionanti, belli alti nel collo.

L’operazione di apertura è andata via veloce, così abbiamo avuto il tempo, io e Marcello, per fare due chiacchiere. Arnaud Lallement si è unito a noi per parlare dei piatti che avrebbe voluto fare per noi. Io ho provato a semplificare alcune ricette perché i vecchi vini necessitano di sapori molto consistenti, ma senza aromi che possano deviare dalla degustazione principale.

Con Arnaud abbiamo trovato dei compromessi, di modo che ognuno fosse contento. « Alveare del nostro parco », « Gambero, caviale », « San pietro da pesca », « Ravioli Carbonara, tartufo nero pregiato », « Astice blu, omaggio a mio padre », « pane dolce, carota tonda in riduzione », « tortino di piccione e spinaci », formaggi e dessert al cioccolato.

I produttori sono arrivati e abbiamo preso l’aperitivo al bar, seduti ovviamente come il nostro primo ministro ha richiesto.

Il Béreche & Fils Le Cran Magnum Rosé 2006 Champagne ha un buon attacco ed un colore magnifico, ma l’ho trovato leggermente corto, correttissimo con il delizioso piccolo aperitivo sul divano.

Champagne René Geoffroy Extra Brut 2000 ha una magnifica vitalità. È bello ed intenso.

Champagne Tarlant P&F 1976 sboccato in Novembre 2006 mostra qualche segno di stanchezza che non dovrebbe avere alla sua età.

Continuo a non capire come sia arrivato il Ruffino 1970 Monteselva Riesling nella mia cantina. È al disopra di come me lo aspettavo. Non assomiglia per nulla a livello gustativo ad un Riesling, tranne con il caviale con cui forma un brillante abbinamento. Il vino è ricco e ben costruito.

Il Barolo Bruno Giacosa 1988 è un vino molto largo e opulento e sono molto contento di averlo degustato con il pesce crudo, perché ci si abbina brillantemente.

Il Barolo 1971 Fontana Saverio non ha un grande naso, ma al palato è superbo. Ha 50 anni ma sembra estremamente giovane e vitale.

Il Gattinara 1967 Riserva Luigi Nervi & Figlio è adorabile, così levigato e fine.

Il Barolo Oddero 1961 ha un buon attacco ma non amo particolarmente il suo finale con un accento di canfora.

Il Barolo Marchesi di Barolo 1958 è leggermente neutrale, acido e complesso.

Il Barolo Mascarello Natale fu Maurizio 1958 è sublime nella sua dolcezza. Questo è il migliore vino fino a questo punto.

Il Brunello di Montalcino Biondi Santi 1957 ha un colore molto scuro e un accento di caffè. Il palato è meglio del naso e nel complesso è un vino con una buona personalità.

Il Barolo Giacomo Conterno Monfortino Riserva 1945 è straordinario, favoloso, leggendario. E’ così giovane, combinando velluto ed energia. Mi sono innamorato di questo vino perfetto.

Il Barolo Marchesi di Barolo 1933 è anche lui favoloso, più virile e potente del 1945. Qui ci sono due vini che si rincorrono l’un l’altro, molto diversi ma entrambi al top della denominazione Barolo.

Alla fine, il Barolo Giacomo Borgogno & Figli Riserva Speciale 1931 è anche lui magico, con un finale mentolato come il Vega Sicilia Unico. È favoloso, ma preferisco il 33.

Con i due 1920, stiamo andando su un altro pianeta. Barolo Riserva Giacomo Conterno Monforte d’Alba 1920 è magico, ricco, immenso. Questo vino ha una consistenza unica. Non cambierei una virgola di questo vino perfetto. Questo vino è la prima annata di riserva di questa azienda. Un’infinita rarità.

Il Vega Sicilia Unico 1920 poteva farmi svenire. Questo è ovviamente ad oggi il miglior Vega che io abbia avuto la possibilità di bere. E la cosa stupefacente è che ha tutte le caratteristiche che fanno l’eccellenza di un giovane Vega Sicilia Unico. Che freschezza!

L’italiano 1920 è perfetto e completamente coerente. Lo spagnolo 1920 è più esotico e così carismatico. Capirei completamente mettessimo il Barolo 1920 per primo, ma per il mio viaggio nel mondo del vino ed il mio amore per Vega Sicilia Unico faccio questa classifica: 1 – Vega Sicilia Unico 1920, 2 – Barolo Riserva Giacomo Conterno Monforte d’Alba 1920, 3 – Barolo Marchesi di Barolo 1933, 4 – Barolo Giacomo Conterno Monfortino Riserva 1945, 5 – Barolo Giacomo Borgogno & Figli Riserva Speciale 1931, 6 – Barolo Mascarello Natale fi Maurizio 1958, 7 – Vino Rosso Riserva Luigi Nervi & Figlio Gattinara 1967.

Siamo tornati al bar e abbiamo degustato il distillato che avevo portato, un distillato di vinacce Marc Rosé del domaine d’Ott 1929. Combina un magnifico colore ambrato, il colore più roseo di quelle che avevo comprato. È un magnifico distillato di vinacce. Volevo forse nel mio subconscio dimostrare che le « Marc » trascendono le « Grappe »? Non credo, questo prova che non ne ero cosciente. Anche involontario è il fatto che abbia messo un vino che abbia messo come primo. « è serio, dottore? ».

Abbiamo chiacchierato, ricordandoci questo magico pranzo progettato da Marcello, e ricordando quanto fosse ispirata la cucina di Arnaud Lallement. L’atmosfera è quella che tutti desidereremmo proseguire e ripetere. Le foto ed i commenti su Instagram mi hanno portato 600 nuovi follower in due giorni, la maggior parte italiani, che mi hanno dato un’idea dell’impresa che Marcello ha raggiunto. Ben fatto. Bravo.

 

 

Mythic lunch of old Barolos with two legendary 1920 samedi, 8 janvier 2022

Marcello is a young lover of Italian wines who developed a passion for old Barolos and is in touch with a person who goes to browse in old cellars and who, after sorting, brings Marcello real treasures. This supplier only reserves the finest bottles for him.

Marcello follows me on Instagram and gets in touch with me to participate in a lunch at Arnaud Lallement’s Assiette Champenoise and announces a large number of old wines including a Barolo 1920 by Giacomo Conterno. I have the impression of having forgotten everything he told me, keeping only the Barolo 1920 because immediately a light went on in my brain: here is a unique opportunity to open a Vega Sicilia Unico of 1920, very rare bottle.

I agree to participate and I will think of my contributions. I thought I heard that there would be Champagne winegrowers, some of whom I know and I don’t know more, mainly because I didn’t listen. I suggest that Marcello come to the restaurant at 10 am to open the wines.

When the day comes I am early at 9:30 am. Marcello is on time at 10 am and brings up from the cellar two cardboard cases where twelve old Italian wines lie. I tell him it would be unreasonable to open all these wines, because there will be seven of us, an eighth having declined for Covid. Marcello confirms to me his wish that everything be open for this meal that can be said to be crazy.

For my part, I brought a 1946 Syracuse wine that we decided not to open. We will open the Riesling Ruffino Monteselva 1970, which I wonder by what miracle it entered my cellar, the Vega 1920 of course, and I brought a Marc de Rosé from the Domaine d ‘Ott 1929 for the end of the meal.

I entrust Marcello with my Durand corkscrew to open the youngest wines and I start with the oldest ones. Marcello points out to me how high quality old corks are, some being more wood than cork. All the scents are brilliant. No bottle is a problem. All the levels in the bottles are impressive, so high in the neck.

The opening operation is going very quickly so we have time, Marcello and I for a chat. Arnaud Lallement joins us to talk about the dishes he wants to make for us. I try to simplify some recipes because old wines need very consistent tastes, with no flavor tracks that stray from the main taste.

With Arnaud we make mutual concessions so that everyone is happy. Beehive from our park / gambon, caviar / Saint-Pierre de petit Bateau / ravioli carbonara, black Périgord truffle / blue lobster, homage to my father / sweetbread, ball carrot, veal jus / farm squab in pie, spinach / cheeses / Guanaja chocolate / sweets.

The winegrowers arrive and we have an aperitif at the bar, seated of course as our Prime Minister demands. The Bérêche & Fils Rosé Le Cran Magnum 2006 Champagne has a nice attack and a magnificent color, but I find it a bit short, which is corrected by the delicious little aperitif canapés.

Champagne René Geoffroy Extra Brut 2000 has a magnificent liveliness. It is beautiful and intense.

Champagne Tarlant P & F 1976 disgorged in November 2006 shows some signs of fatigue that it should not be at its age.

I still cannot understand how I got this 1970 Ruffino Monteselva Riesling in my cellar. It is way above what I imagined. It doesn’t really taste like a Riesling, except on the caviar with which it forms a brilliant accord. He is rich and well built.

The Barolo Bruno Giacosa 1988 is a very broad and opulent wine and I am very happy to have suggested that it be tasted with raw fish, because it pairs brilliantly with it.

The 1971 Barolo Fontana Savero has not a great nose but on the palate it is superb. He is fifty years old but shows extreme youth as he is lively.

The 1967 Vino Rosso Riserva Luigi Nervi & Figlio Gattinari is adorable, so smooth and subtle it is.

The 1961 Barolo Oddero has a nice attack but I don’t really like its finish which offers camphor accents.

The Barolo Marchesi di Barolo 1958 is a bit neutral, acidic and complex.

The Barolo Mascarello Natale fu Maurizio 1958 is sublime in its sweetness. This is the best wine at this point.

The Brunello di Montalcino Biondi-Santi 1957 has a very black color and has coffee accents. The palate is better than the nose and overall it is a wine with a good personality.

The Barolo Giacomo Conterno Monfortino Riserva 1945 is extraordinary, fabulous, legendary. He is so young. It combines velvet and energy. I fall in love with this perfect wine.

The Barolo Marchesi di Barolo 1933 is also fabulous, more virile and powerful than the 1945. Here are two wines that follow each other, very different but both at the top of the Barolo appellation.

Definitely, the Barolo Giacomo Borgogno & Figli Riserva Speciale 1931 is also magical, with a minty finish like Vega Sicilia Unico. It’s fabulous, but I prefer the 1933.

With the two 1920s, we are going to walk on another planet. Barolo Riserva Giacomo Conterno Monforte d’Alba 1920 is magical, rich, immense. This wine is uniquely consistent. We couldn’t change a single iota of this perfect wine. This wine is the first vintage of the estate’s reserve wines. An infinite rarity.

The 1920 Vega Sicilia Unico could have caused me to faint. He is obviously on this day the biggest of all the Vega that I have had the chance to drink. And what is amazing is that he has all the characteristics that make the excellence of young Vega Sicilia Unico. What freshness!

The Italian 1920 is perfect and totally coherent. The Spanish 1920 is more exotic and so charming. I would understand completely that we put the 1920 Barolo first but because of my trip in the world of wine and my love for Vega Sicilia I make the following classification: 1 – Vega Sicilia Unico Cosecha 1920, 2 – Barolo Riserva Giacomo Conterno Monforte d’Alba 1920, 3 – Barolo Marchesi di Barolo 1933, 4 – Barolo Giacomo Conterno Monfortino Riserva 1945, 5 – Barolo Giacomo Borgogno & Figli Riserva Speciale 1931, 6 – Barolo Mascarello Natale fu Maurizio 1958, 7 – Vino Rosso Riserva Luigi Nervi & Figlio Gattinari 1967.

We come back to the bar to taste the alcohol I brought, a Marc de Rosé from the Domaine d ‘Ott 1929. Its color is a magnificent pink, the pinkest of the bottles I have acquired. He is a magnificent marc. Did I in my subconscious want to show Italians that the Marcs transcend the grappa’s? I don’t believe so, which proves it was unconscious. Also unconscious is the fact that I put a wine that I brought in first. Is this serious doctor?

We chatted, remembering that magical lunch designed by Marcello, and remembering Arnaud Lallement’s inspired cuisine. Congratulations to the sommelier who managed all these wines. The atmosphere was such that everything combined to start all over again. The photos and comments I made on Instagram brought me 600 more followers in two days, mostly Italian, which gave me an idea of the feat Marcello has achieved. Well done. Bravo.

Déjeuner mythique de très vieux Barolos avec deux 1920 de rêve samedi, 8 janvier 2022

Marcello est un jeune amateur de vins italiens qui s’est passionné pour des vieux Barolos et est entré en relation avec une personne qui va fouiner dans des caves anciennes et qui, après tri, rapporte à Marcello de vrais trésors. Ce fournisseur ne lui réserve que les plus belles bouteilles.

Marcello me suit sur Instagram et rentre en contact avec moi pour participer à un déjeuner à l’Assiette Champenoise d’Arnaud Lallement et m’annonce un nombre important de vieux vins dont un Barolo 1920 de Giacomo Conterno. J’ai l’impression d’avoir oublié tout ce qu’il m’a dit, ne conservant que le Barolo 1920 car immédiatement une lumière s’est allumée dans mon cerveau : voici une occasion unique d’ouvrir un Vega Sicilia Unico de 1920, bouteille très rare.

Je donne mon accord à participer et je vais réfléchir à mes apports. J’ai cru entendre qu’il y aurait des vignerons de Champagne dont certains que je connais et je n’en sais pas plus, essentiellement parce que je n’ai pas écouté. Je propose à Marcello de venir à 10 heures au restaurant pour ouvrir les vins.

Le jour venu je suis en avance à 9h30. Marcello est à l’heure à 10 heures et fait remonter de la cave deux caisses en cartons où douze vins italiens anciens reposent. Je lui dis que ce serait déraisonnable d’ouvrir tous ces vins, car nous serons sept, un huitième ayant décliné pour Covid.

Marcello me confirme sa volonté que tout soit ouvert pour ce repas que l’on peut dire de folie. De mon côté, j’ai apporté un vin de Syracuse de 1946 que nous avons décidé de ne pas ouvrir. On ouvrira le Riesling Ruffino Monteselva 1970 dont je me demande bien par quel miracle il était entré dans ma cave, le Vega 1920 bien sûr et j’ai apporté un Marc de Rosé du domaine d’Ott 1929 pour la fin de repas.

Je confie à Marcello mon tirebouchon Durand pour qu’il ouvre les vins les plus jeunes et je commence avec les plus anciens. Marcello me fait remarquer à quel point les vieux bouchons sont de grande qualité, certains étant plus du bois que du liège. Tous les parfums sont brillants. Aucune bouteille ne pose problème. Tous les niveaux dans les bouteilles sont impressionnants, si hauts dans le goulot.

L’opération d’ouverture se fait très vite aussi avons-nous le temps, Marcello et moi de bavarder. Arnaud Lallement nous rejoint pour évoquer les plats qu’il a envie de réaliser pour nous. J’essaie de faire des simplifications dans certaines recettes car les vins anciens ont besoin de goûts très cohérents, sans pistes gustatives qui éloignent du goût principal. Avec Arnaud nous faisons des concessions mutuelles afin que chacun soit content.

Le menu préparé par le chef est : Ruche de notre parc / gambon, caviar / Saint-Pierre de petit bateau / raviole carbonara, truffe noire du Périgord / homard bleu, hommage à mon père / ris de veau, carotte boule, jus de veau / pigeonneau fermier en tourte, épinard / fromages / chocolat Guanaja / mignardises.

Les vignerons arrivent et nous prenons l’apéritif au bar, assis bien sûr comme l’exige notre Premier Ministre. Le Champagne Bérêche & Fils Rosé Le Cran Magnum 2006 a une belle attaque et une couleur magnifique mais je le trouve un peu court, ce qui est corrigé par les délicieux petits canapés d’apéritif.

Le Champagne René Geoffroy Extra Brut 2000 a une magnifique vivacité. Il est beau et intense.

Le Champagne Tarlant P & F 1976 dégorgé en novembre 2006 montre quelques signes de fatigue qu’il ne devrait pas avoir à son âge.

Je n’arrive toujours pas à comprendre comment j’ai pu avoir en cave ce Riesling Ruffino Monteselva 1970. Il est très au-dessus de ce que j’imaginais. Il n’a pas franchement le goût d’un riesling, sauf sur le caviar avec lequel il forme un accord brillant. Il est riche et bien construit.

Le Barolo Bruno Giacosa 1988 est un vin très large et opulent et je suis très content d’avoir suggéré qu’on le goûte sur un poisson cru, car il s’y associe brillamment.

Le Barolo Fontana Savero 1971 a un nez moyen mais en bouche il est superbe. Il a cinquante ans mais montre une extrême jeunesse tant il est vif.

Le Vino Rosso Riserva Luigi Nervi & Figlio Gattinari 1967 est adorable, tant il est en douceur et subtil.

Le Barolo Oddero 1961 a une belle attaque mais je n’aime pas trop son finale qui offre des accents camphrés.

Le Barolo Marchesi di Barolo 1958 est un peu neutre, acide et complexe.

Le Barolo Mascarello Natale fu Maurizio 1958 est sublime de douceur. C’est le meilleur vin à ce stade.

Le Brunello di Montalcino Biondi-Santi 1957 est d’une couleur très noire et a des accents de café. La bouche est meilleure que le nez et au global c’est un vin de belle personnalité.

Le Barolo Giacomo Conterno Monfortino Riserva 1945 est extraordinaire, fabuleux, mythique. Il est si jeune. Il combine velours et énergie. Je tombe amoureux de ce vin parfait.

Le Barolo Marchesi di Barolo 1933 est fabuleux lui aussi, plus viril et puissant que le 1945. Voilà deux vins qui se suivent, très différents mais tous les deux au sommet de l’appellation Barolo.

Décidément, le Barolo Giacomo Borgogno & Figli Riserva Speciale 1931 est lui aussi magique, avec un finale mentholé comme les Vega Sicilia Unico. Il est fabuleux, mais je préfère le 1933.

Avec les deux 1920, nous allons marcher sur une autre planète. Le Barolo Riserva Giacomo Conterno Monforte d’Alba 1920 est magique, riche, immense. Ce vin est d’une cohérence unique. On ne pourrait pas changer le moindre iota de ce vin parfait. Ce vin est le premier millésime des vins de réserve du domaine. Une rareté infinie.

Le Vega Sicilia Unico Cosecha 1920 aurait pu conduire à ce que je m’évanouisse. Il est évidemment en ce jour le plus grand de tous les Vega que j’ai eu la chance de boire. Et ce qui est étonnant c’est qu’il a toutes les caractéristiques qui font l’excellence des jeunes Vega Sicilia Unico. Quelle fraîcheur !

Le 1920 italien est parfait et totalement cohérent. Le 1920 espagnol est plus exotique et tellement charmant. Je comprendrais tout-à-fait qu’on mette en premier le 1920 Barolo mais du fait de mon parcours et de mon amour pour Vega Sicilia je fais le classement suivant : 1 – Vega Sicilia Unico Cosecha 1920, 2 – Barolo Riserva Giacomo Conterno Monforte d’Alba 1920, 3 – Barolo Marchesi di Barolo 1933, 4 – Barolo Giacomo Conterno Monfortino Riserva 1945, 5 – Barolo Giacomo Borgogno & Figli Riserva Speciale 1931, 6 – Barolo Mascarello Natale fu Maurizio 1958, 7 – Vino Rosso Riserva Luigi Nervi & Figlio Gattinari 1967.

Nous revenons au bar pour déguster l’alcool que j’ai apporté, un Marc de Rosé du domaine d’Ott 1929. Sa couleur est d’un rose magnifique, le plus rose des bouteilles que j’ai acquises. C’est un marc magnifique. Avais-je dans mon inconscient l’envie de montrer à des italiens que les Marcs transcendent les grappas. Je ne le crois pas, ce qui prouve que c’était inconscient. Est aussi inconscient le fait d’avoir mis en premier un vin que j’ai apporté. Est-ce grave docteur ?

Nous avons bavardé, nous remémorant ce déjeuner magique conçu par Marcello, sur la cuisine inspirée d’Arnaud Lallement. Félicitations au sommelier qui a géré tous ces vins. L’ambiance était telle que tout concourt à ce qu’on recommence. Les photos et commentaires que j’ai faits sur Instagram m’ont apporté 600 abonnés de plus en deux jours, en majorité italiens, qui m’ont donné une idée sur l’exploit qu’a réalisé Marcello. Bravo.

les trois champagnes d’apéritif

ce que j’avais apporté avec un 1946 qui ne sera pas ouvert

photos de groupe et avec bouchons

l’objet central de ce magnifique déjeuner :

le repas

présentation des vins de 2018 du domaine de la Romanée Conti vendredi, 10 décembre 2021

La présentation des vins du domaine de la Romanée Conti du millésime qui vient d’être commercialisé est faite chaque année par Aubert de Villaine au siège de la société Grains Nobles. Nous allons goûter les vins du millésime 2018. A la table des présentateurs il y a Michel Bettane et Bernard Burtschy qui commentent avec pertinence les vins en cohérence avec l’exposé d’Aubert de Villaine. Il y a cette année le dirigeant de la société Riedel, qui est dans la même famille depuis quatre cents ans. Il est venu pour présenter un verre qui a été conçu pour la Romanée Conti.

Arrivé en avance je vais saluer Aubert de Villaine qui prépare son exposé dans une salle éloignée. Je lui parle du Richebourg 1937 préphylloxérique qui m’a ébloui et Aubert me répond : vous trouverez cette perfection dans La Tâche 18. Je le regarde avec des yeux ronds, incrédules, lui demandant s’il allait vraiment servir La Tâche 1918. Il s’est mis à sourire de mon erreur, car il voulait dire, évidemment, La Tâche 2018 ! J’ai tellement la tête dans le monde des vins anciens qu’un 18 ne peut être que 1918. Aubert a raconté cette amusante méprise lors de la présentation des 2018 et non 1918.

Aubert de Villaine présente l’année 2018 qui fut homérique. L’hiver pluvieux a été suivi de périodes d’extrêmes chaleurs, jusqu’à 33° suivies de neiges en avril. Le temps a fait des montagnes russes. La vigne allait vite, plus vite que les hommes. Il y a eu des maladies, surtout le mildiou, ce qui a eu des conséquences telles que la diminution des quantités, compensée heureusement par une amélioration de la qualité. Le 15 juin le vent du nord est apparu et sur août il y a eu 15 jours de canicule. Dès le 15 août les degrés potentiels étaient élevés mais il n’y avait pas encore assez de complexité. Les vendanges ont commencé le 31 août avec le Corton et le 3 septembre à Vosne Romanée, presque à la même date que 2017. Les rendements ont été faibles, avec 18 hectos à l’hectare ce qui est peu, l’Echézeaux ayant 32 hectos/ha et le Corton 35 hectos/ha ce qui est beaucoup.

La dégustation commence avec le Corton Prince Florent de Mérode Domaine de la Romanée Conti 2018 fait de trois appellations, Clos du Roi, Bressandes et Renardes, à peu près à égalité, qui sont vinifiées ensemble. Le vin a une belle couleur. Le nez est de poivre, très riche et dense. En bouche le vin est suave, presque gourmand. Il est riche, fort, assis et solide. Il n’a pas le style Domaine de la Romanée Conti que j’avais trouvé pour le 2017.

Aubert de Villaine dit que le vin est très mûr, proche de la sur-maturité. Le finale montre plus de sensibilité. Le vin est gourmand de concentration forte.

L’Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2018 a une couleur assez claire. Le nez est totalement Domaine de la Romanée Conti, tellement subtil. Il a un poivre plus élégant que le Corton. Son parfum est de fraîcheur.

La bouche est riche et pianote de belles complexités. L’amertume est délicate. Le vin est frais, sauvage, et j’adore son parfum. C’est un vin passionnant d’une année riche. Aubert de Villaine dit qu’il est soyeux et Michel Bettane dit qu’il est généreux. Il a une belle matière riche et une belle complexité.

Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2018 a une belle couleur et un nez plus discret. L’attaque en bouche est superbe. C’est un vin élégant et très riche, un vin fou de richesse, plein, solide, au parfum élégant et subtil. Aubert de Villaine trouve le Grands Echézeaux plus élégant que l’Echézeaux. C’est un vin à la fois riche et cristallin, à la forte présence.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2018 a un nez très équilibré. Le vin est fluide, riche, solide. Le finale est frais. C’est un vin élégant, de forte persistance et de grande longueur. J’aime sa personnalité, florale et marquée d’épices. Michel Bettane et Bernard Burtschy disent que c’est un vin parfait. Il y a un beau fruit et le côté floral donne l’élégance. Sa petite amertume est délicieuse rendant le vin très plaisant.

A ce stade je trouve que les vins très solaires, au grain très riche n’ont pas le caractère habituel des vins du Domaine de la Romanée Conti.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2018 a un nez superbe. Le vin est superbe, raffiné, puissant. Ce n’est que du bonheur. La couleur est soutenue, l’épice est douce. C’est un vin d’un équilibre rare. C’est le premier millésime du successeur de Bernard Noblet, dont Aubert de Villaine dit qu’il a vraiment compris ce qu’il faut faire. Les tannins sont magnifiques, c’est un grand vin que Michel Bettane ne cesse de complimenter. Il est joyeux, gourmand, au finale enthousiasmant.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 2018 est le vin qui a été vendangé en dernier. Il a un nez dense, concentré, riche, envoûtant. Sa couleur est très belle. En bouche il est suave, riche, presque moelleux. Il a une grâce soyeuse où s’esquisse une discrète vanille. Elégance et charme composent sa perfection. C’est un vin de rêve, de fraîcheur, aérien et irréel de perfection. Je suis sous son charme. Ce vin est impressionnant.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 2018 nous est servie dans un verre imposant présenté par le dirigeant de Riedel. Malgré ce verre qui devrait faire exploser les fragrances, je trouve que le vin a un nez particulièrement discret et cela m’interpelle. Le vin est subtil et fluide. Il est frais et léger.

Je décide de verser la moitié de mon verre dans l’un des verres plus petits utilisés jusqu’ici. Le parfum devient plus expressif et même le goût est plus vif dans le petit verre. J’ai demandé autour de moi si la constatation est la même. Il apparaît que ce verre Riedel emprisonne les parfums au lieu de les révéler.

La Romanée Conti est un grand vin mais pas subjuguant. Alors que dans de nombreuses années la Romanée Conti fait la différence par rapport à La Tâche et les autres vins, cette année 2018 est faite pour La Tâche. Mais avec la Romanée Conti il faut se méfier, car elle peut réserver des surprises. Le vin est bien fait, riche complet, mais il n’y a pas le rêve.

C’est La Tâche qui marque les esprits et Aubert de Villaine fait une remarque de grande pertinence : quand un vin atteint la perfection de La Tâche 2018, on n’aura pas forcément plus de plaisir dans des dizaines d’années que ce que l’on a avec ce vin dont le bonheur explose. Je ne suis pas du tout opposé à cette vision.

Le Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2018 est d’une couleur très claire. Le nez est superbe, si puissant avec un peu de pétrole et une belle minéralité. Le vin est fluide, droit et direct, très élégant, sans un gramme de botrytis. J’écris : magnifique, phénoménal. Il est magique, subtil et d’une longueur inextinguible. Il transcende tout ce qu’on a bu jusqu’à présent.

Cette présentation est passionnante et les réflexions d’Aubert de Villaine sont un régal à entendre, bien complétées par les remarques de Michel Bettane et Bernard Burtschy.

Un repas était prévu auquel j’étais convié, mais ayant un important dîner le lendemain, j’ai préféré me retirer pour me reposer, heureux de cette présentation d’un millésime atypique, puissant et accompli.

des photos de vins non retouchées, sans identification a posteriori du vin, sauf bien sûr le Montrachet.

Dîner de champagnes à l’Assiette Champenoise dimanche, 28 novembre 2021

Un ami vigneron en Champagne, Jérôme, et un négociant en vin, Pierre, organisent de temps à autre un dîner de champagnes. On m’annonce ce dîner qui se tiendra à l’Assiette Champenoise d’Arnaud Lallement, le chef trois étoiles de Reims, pour lequel j’ai une forte amitié. A cause du Covid, cela fait de l’ordre de deux ans que je n’ai pas vu Arnaud aussi, sans demander le moindre renseignement, je m’inscris.

Chacun doit apporter un champagne et rien ne m’est indiqué. J’avais livré mon vin il y a presque une semaine avant le dîner chez Veuve Clicquot. Lorsque j’arrive je suis accueilli par la maman d’Arnaud et je me sens comme en famille, ce que j’apprécie beaucoup.

Je n’avais aucune idée ni des vins ni des participants. Nous serons neuf, dont Jérôme accompagné de son maître de chai, Pierre, un couple de suédois, un couple de belges, un ami de l’académie des vins anciens toujours généreux et moi. Ils ont tous une passion pour les champagnes.

Nous commençons par le Champagne Legras & Haas cuvée Π (pi) magnum, qui est un assemblage de tous les millésimes de 1995 à 2014. Je le trouve absolument élégant et racé. Très belle découverte et très belle réussite. Les amuse-bouches sont raffinés, mais je trouve qu’il y a trop d’acidité dans certains pour coopérer avec le champagne.

Le menu composé par Arnaud Lallement est : ruche de notre parc / Saint-Jacques de Bretagne, chou vert d’A. Deloffre / betterave, épices cari noir, sauce Tio Pepe / homard bleu, hommage à mon papa / barbue des côtes bretonnes, murex, Shiso saké / pigeonneau fermier en tourte, épinard d’A. Deloffre / fromages de Philippe Olivier / noisette du Piémont, beurre salé du vieux bourg.

Le Champagne Dom Pérignon 1980 me plait beaucoup car il est très agréable. Il a la sérénité des champagnes tranquilles et bien faits.

Le contraste est grand avec le Champagne Dom Pérignon 1978 qui est plus large et plus complexe. On a bien fait de les mettre dans cet ordre, car le 1980 n’aurait pas brillé en étant placé derrière ce vif et long 1978.

Le Champagne Bollinger 1970 est d’une belle construction mais je trouve qu’il est dans une phase un peu incertaine de sa vie, n’ayant pas encore trouvé sa maturité. Ayant eu hier une betterave faite par Alain Passard et aujourd’hui par Arnaud Lallement, je serais embarrassé de désigner la meilleure version car les deux, si différentes, sont parfaites. La betterave est un légume de grande personnalité. Arnaud comme Alain l’ont bien traitée.

Le homard est un plat sublime et tellement abouti qu’on ne le concevrait pas autrement. Il est accompagné d’un Champagne Dom Pérignon rosé 1982 qui est dans un état de maturité absolument abouti et d’un Champagne Taittinger Comtes de Champagne rosé 1969 moins orthodoxe mais qui me plait énormément car l’âge n’a pas adouci son côté canaille. C’est un grand rosé. Les deux champagnes se marient bien avec le homard goûteux.

Sur la barbue est servi mon apport, le Champagne Moët & Chandon Brut Impérial magnum 1964. Le champagne généreux est d’une année que j’adore. Il est rond, large, gourmand et son âge le rend brillant. J’aurais sans doute choisi un plat plus généreux et opulent pour le mettre en valeur, même si le poisson est magnifiquement traité. Il n’y a pas eu la complicité qu’on aurait trouvée avec un plat solaire.

Le pigeon est comme le homard un plat emblématique de la cuisine d’Arnaud. C’est un bon choix d’avoir prévu un Chambertin Clos de Bèze Pierre Gelin 2012 car même s’il est jeune, il a une belle personnalité et un grain de vin riche. Je suis évidemment jaloux, car je pense que le Moët 1964 aurait été idéal avec ce plat, mais je suis heureux de cette association avec le bourgogne.

Sur les fromages, nous avons deux vins de 1959, le Champagne Louis Roederer 1959 et le Champagne Bollinger 1959. C’est un millésime parfait de belle maturité. A ce stade du repas et sans notes, ma mémoire n’a conservé que la satisfaction de boire ces deux 1959, sans franchement les différencier.

Mais je retrouve ma mémoire sur le vin qui a accompagné le dessert, le Champagne Dom Pérignon 1947. Un seul mot le définit, superbe. Ce champagne est l’expression aboutie de Dom Pérignon. Nous l’avions déjà bu lors d’un des dîners organisés par les deux mêmes personnes qu’aujourd’hui en 2017. Je l’avais classé premier lors de ce dîner des « Antiquaires du Champagne », et je ferai de même de ce sublime champagne d’un bel accomplissement.

Mon classement serait : 1 – Dom Pérignon 1947, 2 – Comtes de Champagne rosé 1969, 3 – Dom Pérignon 1978, 4 – Champagne Legras & Haas cuvée Π (pi) magnum, 5 – Moët & Chandon magnum 1964.

Nous avons poursuivi nos discussions en dégustant une Chartreuse jaune délicieuse. C’est un plaisir de partager avec des amoureux passionnés. L’ambiance familiale de l’Assiette Champenoise, et le talent d’Arnaud Lallement font de ce dîner un souvenir précieux. Merci les « Antiquaires ».

Présentation des vins du groupe Tempos Vega Sicilia jeudi, 11 novembre 2021

La société Vins du Monde est l’agent en France de nombreux vins prestigieux dont les vins du groupe espagnol Vega Sicilia. Chaque année cette société organise une dégustation des nouveaux millésimes des vins de ce groupe. Ceux que nous boirons seront disponibles à la vente en 2022. Nous avons la chance que le propriétaire du groupe Vega Sicilia, Pablo Alvarez, dont la famille a acheté ce domaine prestigieux en 1982, anime la dégustation. Il est accompagné du nouveau directeur général du domaine, Antonio Menendez, dont j’avais fait la connaissance lors d’un dîner cosmopolite au restaurant Pages. Il y a dans la salle beaucoup de sommeliers de restaurants prestigieux et des journalistes.

Nous commençons la dégustation par un Oremus Dry Mandolas Hongrie 2019 qui est le vin blanc sec de la propriété de Tokaji que le groupe Vega Sicilia a acheté en 1993. Le vin a une belle robe d’un or clair. Le nez est très jeune. En bouche l’attaque est douce et le finale est rêche et plus acide. Ce vin jeune est un peu dur et devrait attendre quelques années avant d’être bu. Le finale est très poivré. Le vin fluide mêle un peu de gras avec des accents de bonbon acidulé. Ce vin 100% furmint ressemble à des vins secs autrichiens. On peut imaginer de le boire sur un poisson dont la sauce est crémée.

Le Pintia Toro Tempos Vega Sicilia 2017 est de l’appellation Toro et grandit sur des sols en galets comme à Châteauneuf-du-Pape. Il est d’un millésime particulièrement chaud et titre 15° ce qui se sent. La couleur est presque violette, le nez très riche est doux. L’attaque est rêche et m’évoque l’artichaut. Le finale a une douceur mentholée qui me plait, aidée par le fort alcool. C’est un vin solide, massif et doux, charmeur, surtout dans le finale. C’est un vin à boire jeune, sur une pièce de bœuf.

Le Macan Clasico 2018 est servi en même temps que le Macan 2017. Il est de la région de Rioja. Il a une couleur plus claire que le 2017. Le nez un peu abrupt devient plus doux au bout de quelques minutes. La bouche est suave, superbe, accueillante. Il a un beau finale, très agréable même si le vin est un peu rêche. On sent du chocolat dans le finale.

Le Macan 2017 de la région de Rioja Alta, a un nez noble et fin. L’attaque est fluide et claire. Le vin est très bien construit. Son finale est moins brillant que celui du 2018. Le chocolat dans le finale est fort. Je préfère le Clasico 2018 car le finale du 2017 est un peu trop dur à mon goût.

Le Alion Ribeira del Duero 2018 a une couleur très noire. Le nez est superbe et puissant. Le vin titre 15°. L’attaque est toute en velours, douce et fraîche. On sent la puissance. Le finale est gourmand, légèrement chocolaté avec des notes de cassis, très beau. C’est un vin confortable, agréable et puissant mais très civilisé et fort.

Le Valbuena 5° Tempos Vega Sicilia 2017 a une couleur plus tuilée que l’Alion. Le nez est superbe, très pur. L’attaque est très fluide, montrant une élégance évidente. Le finale un peu épais n’a pas la fraîcheur de l’attaque. C’est un vin très agréable.

Le Vega Sicilia Unico 2012 a un nez superbe et une attaque d’une fraîcheur incroyable. Le finale est un peu rêche, signe de jeunesse. Entre Valbuena et Unico, je préfère l’attaque de l’Unico et le finale du Valbuena. De mémoire je pense que c’est la première fois que la qualité du Valbuena se rapproche autant de la grandeur de l’Unico. Comme les dates l’indiquent, le Valbuena est disponible sur le marché quand il a cinq ans et l’Unico quand il a dix ans.

Le Oremus Tokaji Aszu 5 Puttonyos 2014 a une jolie couleur d’or légèrement ambré. Le nez est énigmatique, hésitant entre le sec et le doux. J’aime ce parfum complexe. L’attaque est superbe de jeunesse et de fraîcheur. Comme il est jeune le sucre n’est pas encore intégré. Le finale est très long. Le vin est charmeur et magnifique dans cette folle jeunesse. Il est superbe et gourmand, de grande pureté. Il est sec et doux, bonbon anglais et sel. J’adore sa palette très large.

Pablo Alvarez nous a parlé de l’approche qu’il a pour faire ces différents vins, qui consiste à chercher des améliorations jusque dans les plus infimes détails. Tout est en question pour aller plus loin dans la précision. A l’entendre je ressens les mêmes recherches que celles d’Aubert de Villaine pour les vins de la Romanée Conti. Si je fais appel à ma mémoire je dirais que l’Oremus sec est moins charmant et joyeux que de précédents millésimes, que le Tokaji Oremus 2014 est brillantissime à cet âge précis. Le Valbuena est de plus en plus proche de la qualité de l’Unico. Et le superbe Unico m’a moins impressionné à cet âge que certains autres millésimes bus au même moment de vieillissement.

Pour rien au monde je ne raterais cette dégustation, surtout quand elle est conduite par Pablo Alvarez qui dirige son groupe avec talent.

Déjeuner au restaurant Pierre Gagnaire samedi, 30 octobre 2021

J’ai eu l’occasion d’acheter une bouteille très rare de Perrier Jouët, un Champagne Perrier Jouët Champagne de Cramant 1955 qui a donné lieu à une toute petite production avec des bouteilles numérotées, et que la maison Perrier-Jouët n’a pas en cave. J’appelle Alexander qui gère toutes les opérations prestigieuses de son groupe et l’idée que nous buvions ce vin avec d’autres personnes de son groupe est lancée.

Une table est réservée au restaurant Pierre Gagnaire de la rue Balzac à Paris et nous serons quatre, Alexander, Paul-Charles Ricard, le maître de chais Séverine Gomez-Frerson et moi. Le chef Pierre Gagnaire nous accueille et je remarque une belle complicité du chef avec Séverine, qui a discuté du menu avec lui.

Pour commencer nous prenons un Champagne G.H. Mumm Blanc de Blancs brut de Cramant fait avec une base de champagnes de 2013, mis en bouteilles en 2014 et dégorgé en 2017. Le clin d’œil est avec le 1955 qui est de Cramant.

Le champagne me paraît très court alors qu’il est large en entrée de bouche, mais il suffit de quelques-uns des amuse-bouches pour que sa longueur réapparaisse. C’est l’amuse-bouche à base de sardine qui repositionne le Mumm.

Le menu préparé pour nous est : thon rouge laqué, vernis, murex, brandade de rouget, celtus et sommités de chou-fleur, gelée de bœuf / perdreau gris bardé de lard de Bigorre, rôti à la chanson, choux rouges aus raisins blonds, eau de coing à l’eau-de-vie de houx, farce au gratin de Sologne. Nid de cracottes, kimchi / les desserts Pierre Gagnaire.

Les intitulés de ce menu sont bien modestes, car pour chaque plat on voyage dans les saveurs comme Alice au Pays des Merveilles. Autour de mon assiette il n’y a pas un centimètre carré qui soit libre car chaque plat est accompagné de coupelles de différentes formes où nous attendent des saveurs infinies. Avec Pierre Gagnaire, on voyage dans l’au-delà. Et toutes les saveurs sont des merveilles d’imagination. Et c’est ce qu’il faut pour les champagnes qui vont venir.

Le Champagne Perrier Jouët 1979 apporté par Séverine a un parfum époustouflant, large riche et dominateur. Et en bouche c’est un champagne d’une belle jeunesse et d’une belle plénitude. Je l’adore.

Pour le Champagne Perrier Jouët 1961 aussi apporté par Séverine, je ressens au nez un goût de bouchon. Séverine me dit que c’est impossible, puisque ce champagne a été dégorgé hier et n’a aucun dosage. Je l’ai aimé à plusieurs moments du repas mais cette insistance de bouchon, qui n’est sans doute pas liée au bouchon mais à un problème d’impureté, m’a suivi tout au long de sa dégustation.

Si l’on fait abstraction de ce défaut que je ressens, il y a une solidité extrême dans ce champagne.

Le Champagne Perrier Jouët Champagne de Cramant 1955 que j’ai déniché est la preuve évidente que les champagnes anciens sont l’apothéose du champagne. Celui-ci fait son âge mais le fait bien. Complexe, large, sensible, c’est un champagne majestueux qui va trouver avec le perdreau surmonté de grains de raisins marinés un accord exceptionnel.

Le soufflé du dessert est démoniaque. En fait, venir chez Pierre Gagnaire, c’est la route de la Soie. Non pas celle des chinois, mais un parcours où, à chaque pas, il y a de quoi s’émerveiller. Bien sûr, on garde sa liberté d’aimer ou de ne pas aimer, mais on est transporté. J’ai trouvé que le thon rouge était un peu bridé par les saveurs très iodées qui l’entouraient, mais pour le reste, notamment le perdreau, j’ai été émerveillé. Pierre Gagnaire est un grand chef, heureux, car on ne peut pas offrir cette foison de saveurs si l’on n’est pas heureux.

Le classement pour moi est facile, le 1955 d’une maturité flamboyante est le gagnant, puis le 1979 pour son parfum glorieux et sa jeunesse épanouie, le 1961 qui malgré l’impression que j’ai eue est d’une belle richesse et le Mumm à base de 2013 qui est encore dans les limbes de ce qu’il sera.

Nous avons échangé des idées sur des projets communs. Le 1955 méritait ce repas et la cuisine de Pierre Gagnaire est un bonheur absolu.