Archives de catégorie : vins et vignerons

Stéphane Derenoncourt presents the 2012 of the wines for which he is consultant lundi, 25 mars 2013

It is the tenth time that Derenoncourt presents the wines of the numerous domains for which he acts as a consultant. It was in Paris in hotel George V.

Usually, the presentation is made some months after the week of primeurs, but this time it is more than one week before.

I am always amazed to see how numerous the domains using his advises are. It is around 60, mainly in Bordeaux but also all over the world.

For the 1st time, I have drunk wines of India. I will need probably one thousand years to understand the Vedic qualities of these wines.

 

What is amazing is that the juices are extremely friendly and nice to drink. Some are already very pleasant to drink.

What is positive too is that the wines are all different which means that they do not have a « Derenoncourt style », but their own style, with a grain of salt of the Derenoncourt talent.

 

Some wine have pleased me a lot : Clos Fourtet, Larcis Ducasse, Smith Haut Lafitte, Canon La Gaffelière, La Mondotte, La Gaffelière, Domaine de Chevalier, Petit Village. These wines have a real character, and are largely more pleasant than what I expected.

 

This said, is it possible to predict something at that stage ? First I am not a specialist of young wines. But I think that the wines which appear to be well built and coherent will be greater wines than the ones that look to be imprecise. Using this type of exclusion : well built versus imprecise is possible for me. But to prognosticate the future of wines one by one is probably not accurate if it would be made by someone like me.

 

My impression is that the wines that I have named are great wines. Now let us wait until the real experts appear on the scene on the beginning of April. We will probably hear that 2012 is for the twelfth time, the millesime of the century.

« l’écurie » de Stéphane Derenoncourt présente ses 2012 lundi, 25 mars 2013

Les vignobles qui composent « l’écurie » de Stéphane Derenoncourt présentent leurs 2012 dans les salons de l’hôtel George V. C’est la 10ème édition. Habituellement, cette présentation est faite quelques mois après la semaine des primeurs du début avril à Bordeaux, mais pour ce millésime la présentation est faite un peu plus d’une semaine avant la fameuse grand-messe des primeurs qui rassemble la terre entière du vin. Ce qui impressionne toujours, c’est de voir le nombre important de propriétés qui ont pour conseil la société Derenoncourt Consultants. De plus, rivalisant avec l’Empire Britannique, le soleil ne se couche jamais sur le champ de bataille de cette société : Italie, Turquie, Syrie, Inde, Etats-Unis, Maroc, et beaucoup d’autres pays font appel à ce brillant winemaker.

Dans les ors de ce bel hôtel, tout le monde est accueillant. Alors que 2012 était annoncée comme une année difficile et alors que les vins sont des bambins, reproche que l’on fait généralement à la semaine des primeurs, les jus sont chaleureux et extrêmement agréables à boire. Commençant par La Mondotte et Canon La Gaffelière, je suis surpris par la rondeur de ces vins.

La deuxième constatation est que les vins sont très différents ce qui indique qu’ils ne sont pas faits selon un « cahier des charges » de Derenoncourt Consultants, mais bien en fonction des caractéristiques propres de chaque domaine.

Parmi ceux que j’ai aimés, je retiendrais volontiers Larcis-Ducasse, Clos Fourtet superbe, Canon Lagaffelière et la Gaffelière, Smith Haut-Lafitte, Domaine de Chevalier, Poujeaux, Petit-Village, Guadet. J’ai bien aimé aussi le vin de Monsieur Louis, le Château Louis du propriétaire de l’Ami Louis, comme le Château Clarisse, du nom de la fille de M. Le Calvez, directeur du Bristol. Restauration et vin font bon ménage !

J’ai revu avec plaisir le souriant propriétaire de La Soumade avec lequel nous avons des souvenirs de folies bachiques, maintenant prescrites. Pour la première fois de ma vie, j’ai goûté deux vins faits en Inde, et je pense qu’il me faudra bien mille ans avant d’en comprendre les subtilités védiques.

On peut se poser la question de l’intérêt de boire des échantillons aussi jeunes. J’aurais bien du mal à reconnaître chacun de ces vins, si je les connaissais bien, sur ces seuls jus. Mais il est réaliste de penser que ceux qui apparaissent brillants sur cette session ont plus de chance de devenir grands que ceux qui paraissent plus imprécis. On peut donc plus facilement détecter des imperfections que prédire l’avenir des vins même quand ils sont flatteurs maintenant.

C’est de toute façon un bel exercice, qui m’a permis de pressentir que beaucoup de ces vins seront réussis. A suivre avec les experts des vins en primeur, qui nous diront peut-être pour la douzième fois que c’est le millésime du siècle.

Dégustation de vins de la maison Remoissenet à Beaune mardi, 19 mars 2013

A l’invitation de Bernard Repolt, je me rends au siège de la maison Remoissenet à Beaune. Cette maison familiale de négoce appartient depuis quelques années à un richissime américain. Le siège est composé d’un entrelacs de parties d’immeubles ou d’immeubles en centre ville, avec une décoration d’inspiration médiévale qui date un peu mais crée une atmosphère sympathique. Nous nous rendons dans les chais construits en 1950, d’une architecture très pertinente, pour déguster de fûts quelques 2012 et 2011. C’est la première fois que je goûte des 2012 et je suis étonné de l’extrême accessibilité des vins rouges. Ils sont bons et peuvent se boire avec plaisir, alors qu’ils n’ont pas encore six mois. Il y a tellement de petites cuvées que l’on pourrait s’y perdre. Le Charmes-Chambertin Remoissenet 2012 est un vin d’un charme immense – il porte bien son nom – plus agréable à boire que le Chambertin Clos de Bèze Remoissenet 2012 plus riche mais qui mettra plus de temps à se révéler. Le Montrachet Remoissenet 2011 est absolument superbe alors que les blancs de 2012 sont vraiment trop jeunes pour être appréciés.

Bernard ouvre deux vins de 2010 qui sont en bouteilles, le Meursault-Poruzots 1er cru et le Beaune Toussaints 1er cru. Ils sont dans une période intermédiaire qui ne les met pas assez en valeur. Nous revenons au siège pour aller prélever dans l’opulente cave des vins anciens deux bouteilles pour le déjeuner. Je vois quelques piles sympathiques mais je sens qu’on ne peut pas y toucher. Quand il me dit que généralement il ne boit pas au déjeuner, j’ai un regret, car j’ai prévu une surprise. Peu importe, l’ambiance est amicale et nous partons au restaurant hôtel Ermitage de Corton à Chorey-lès-Beaune avec deux flacons de rouge, un Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques Remoissenet 1969 et un vin mystère. Nous sommes accueillis par Nicolas Chambon, propriétaire des lieux et amateur de vins anciens. M’excusant pour une pause technique je vois à mon retour que le 1969 a été ouvert par une serveuse qui a fait tomber des miettes de bouchon dans le liquide. Montrant mes biscotos, je veux prendre en main l’ouverture du vin mystère et Bernard me dit : « vous n’échapperez pas à laisser des miettes dans le vin, car jamais je n’ai réussi à l’éviter pour ce vin ». Audouze est fier et fanfaron : « rien ne tombera dans le liquide ». Bernard est tenace : « ça m’étonnerait ». Devant Bernard, Nicolas Chambon et son équipe, j’ouvre la bouteille. Dix fois Bernard examine la bouteille pour essayer de trouver une miette qui aurait échappé mais il n’en trouve pas.

Le Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques Remoissenet 1969 est un vin lourd, à l’alcool fort, et qui s’est un peu torréfié comme lors d’un passage dans une cave chaude. Le vin mystère a une belle couleur et fait plus jeune, même si l’on sent qu’il est plus vieux. Il est d’une belle tenue et s’il a un peu d’alcool, sa trame et son grain sont plaisants. Je me trompe d’une décennie. C’est un Volnay Premier Cru Remoissenet 1967. C’est une très plaisante surprise. Sur de délicieux escargots de Bourgogne, le 1969 fait belle figure. Sur une joue de bœuf fort plaisante, le 1967 est à son aise, mais au fil du temps, le 1969 s’améliore considérablement pour trouver un équilibre sans défaut qu’il n’avait pas, alors que le 1967 commence à faire sa sieste.

Bernard avait prévu de recevoir des américains juste après le déjeuner aussi la question d’ouvrir mon vin ne se pose même pas. Je le confie à Bernard pour une prochaine rencontre. C’est un Château Doisy Barsac Dubourdieu 1921 à l’ambre foncé magnifique, au niveau dans le goulot alors qu’il s’agit d’un bouchage d’origine.

Souvent, les peintres en bâtiment qui ont obtenu un chantier posent leur pot de peinture pour montrer qu’ils sont là, mais vaquent à leurs autres chantiers en retard. Mon Doisy 1921 est posé dans les belles caves de Remoissenet comme l’hameçon pour de belles pioches futures, à partager avec ce chaleureux vigneron.

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Dégustation des 2010 des domaines familiaux de Bourgogne mardi, 19 mars 2013

Les domaines familiaux de Bourgogne présentent chaque année leurs vins. C’est le millésime 2010 qui est proposé à l’hôtel Bristol à une foule de professionnels, sommeliers, restaurateurs, cavistes marchands, gens de presse. Ceux qui grignoteront quelques fromages pourront boire des 2008 que plusieurs vignerons ont apportés.

L’année 2010 est une année qui a beaucoup de talent. Des vins sont encore fermés et ce sont généralement les plus grands. Parmi les plus fermés, mais aussi les plus prometteurs, on remarque le Corton-Charlemagne de Bonneau du Martray. Il y a naturellement des confirmations d’excellence dans les plus grands domaines : Roumier, Rousseau, Mugnier, etc..

Des experts ès vins jeunes auront des commentaires précis et structurés. Je me limiterai à quelques belles surprises (ou confirmations d’excellence) pour mon palais. Le Bâtard Montrachet Faiveley est assez exceptionnel. Il a une richesse mais surtout une complexité rare.

L’Aligoté « raisins dorés » de Lafarge est adorable dans sa subtilité fragile. Le Bouzeron de Villaine est étonnant de richesse. Le Corton rouge de Bonneau du Martray est d’une finesse rare. Le Clos Vougeot Chateau de la Tour est un grand vin bien construit. Le Musigny de Mugnier a, pour moi, la plus belle finesse du Musigny. Le Chambertin Armand Rousseau est, sans surprise, très grand, mais à attendre. Le Bourgogne La Digoine de Villaine surprendrait plus d’un amateur, tant il est bien charpenté.

Les vins sont bons à boire maintenant et je peux vous dire que le Bonnes Mares Roumier sur un saint-nectaire, ça fait chanter la joie de vivre.

Un déjeuner s’organise à l’initiative d’un couple de restaurateurs et je me retrouve avec eux et Alix de Montille, Dominique Lafon, Patrick Bize, Christophe Roumier à la brasserie du Bristol. Le Saint-Joseph Jean Michel Gérin 2011 est très agréable malgré son jeune âge. Le Côtes du Marmandais le vignoble d’élian 2008 est beaucoup plus difficile car il est taillé à coups de serpe. L’épaule d’agneau du Quercy confite aux piquillos, en cocotte, est superbe.

Comme toujours la présentation des vins par les domaines familiaux de Bourgogne est le point culminant des dégustations de vignerons, du fait de la générosité sans égale de – n’ayons pas peur des mots – l’élite mondiale du vin.

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13 millésimes de La Tour Blanche de 2012 à 1943 mercredi, 6 mars 2013

La Tour Blanche est un sauternes que j’apprécie pour son goût, mais aussi pour la fabuleuse histoire d’Osiris, mécène comme on n’en faisait qu’au 19ème siècle. Banquier, il a acquis La Tour Blanche en 1876 et en a fait don à l’Etat à la condition qu’on y construise une école de viticulture et de vinification. Elle accueille aujourd’hui 140 élèves par an. Osiris a créé l’ancêtre des restos du cœur, a été le plus généreux donateur de l’Institut Pasteur, a restauré pour en faire don à l’Etat la Malmaison. Bien sûr, il y avait dans cette générosité un intense besoin de reconnaissance, mais les dons sont concrets et d’une ampleur impressionnante. Alors, en buvant La Tour Blanche, je trinque à cet homme atypique, controversé peut-être, mais diablement généreux.

Didier Fréchinet responsable commercial, m’accueille à l’aéroport et me conduit au château La Tour Blanche. Nous faisons une petite visite du site de l’école d’où l’on a une vue qui s’étend à l’infini et surplombe le Ciron, le fameux cours d’eau qui est responsable de l’apparition du trésor du sauternais, la pourriture noble. Nous visitons les chais puis nous nous rendons dans une salle de dégustation très cosy où se regroupent Alex Barrau, directeur du château, Didier, Philippe Pélicano maître de chai qui travaille au château depuis 2001 et dont le premier millésime géré seul est le 2012. Se joint aussi Adeline, jeune stagiaire dont c’est le dernier jour de stage.

Château La Tour Blanche 2012 est un vin dont l’assemblage vient d’être fait hier, en vue de la semaine des primeurs du début avril. La couleur est d’un jaune vert et le vin est un peu trouble. Le nez est très pur, très frais, de très grand niveau. La bouche est lourde au sucre fort et dominant. Le vin est gourmand, mais il faudrait que le sucre se calme. Le goût qui reste en bouche, c’est le sucre. Aux experts de dire ce que ce bambin aux yeux à peine éveillés deviendra. Son nez est un signe positif de grandeur.

Château La Tour Blanche 2009 est fortement bouchonné. Elle est remplacée par une deuxième bouteille. Le nez est discret mais on sent un vin intense. La bouche est superbe, suave, d’un vin riche, sucré mais beau. Sa fraîcheur est invraisemblable et il est diablement bon. Quel dommage ! Car il est si goûteux que les amateurs vont le boire trop tôt, alors qu’avec quelques décennies de plus il sera immense. Tout est réuni pour faire un vin d’anthologie.

Château La Tour Blanche 2001 a un nez qui n’est pas parfait, d’iode, de camphre et si l’attaque est belle, le final est trop marqué. Aussi, Philippe va chercher une deuxième bouteille au nez un peu marqué, mais nettement meilleur. En bouche l’attaque est belle de caramel, de crème de lait et le final est sur les fruits confits. Il y a une belle fraîcheur mais je préfère le 2009. Ce 2001 n’est pas un vin de plaisir. Il faut le garder en cave pour qu’il trouve sa voie. Le 2009 donne une plus grande impression de fraîcheur. Et son final claque.

Château La Tour Blanche 1986 a une couleur claire, peu évoluée. Son nez a aussi une pointe de camphre. La bouche est très douce, raffinée, avec des fruits jaune clair. Le parcours en bouche est beau mais le final n’est pas assez précis, trop rêche.

Château La Tour Blanche 1983 a une couleur plus foncée, d’un bel or intense. Le nez a un soupçon d’animal et le pain d’épices est plus nettement marqué. Le vin est opulent, frais, de belle ampleur en bouche. Il est équilibré, au final un peu en dedans mais beau. Le 1986 s’améliore par l’aération, le 1983 est vaillant, solide sur ses jambes, au final court mais solide aussi. Il y a beaucoup de similitudes entre le 1986 et le 2001. Le 1983 devient nettement meilleur et son final s’allonge. Il convient de signaler que chacun des vins que nous buvons est ouvert au moment même. Il aurait beaucoup plus d’ampleur avec quelques heures d’aération lente.

Château La Tour Blanche 1967 a une couleur d’un ambre très clair. Le nez est frais, de fruits confits. Le vin est noble. Il est doux, élégant, au beau final. C’est un grand vin. Si son final est un peu sec, c’est à cause de sa minéralité. Alex évoque deux cailloux que l’on frotte. De ce vin de grande fluidité on aimerait ne garder que l’attaque pour oublier le final et ne rester que sur la première impression.

Château La Tour Blanche 1962 est plus sombre d’un très bel or foncé. Le nez est minéral. En bouche, c’est une merveille. Le sucre affleure, mais sur un nuage de bonheur. Riche, à la forte impression sucrée, à l’alcool marqué, il dégage une impression de luxure. Le final de ce vin voluptueux est beau. Le caramel et le zeste d’orange sont là, sur un alcool présent. Il y a dans le 1962 un infime côté liégeux que Philippe avait remarqué mais n’osait exprimer pour nous laisser libres de le découvrir. J’aime son côté atypique.

Château La Tour Blanche 1957 a un nez très Tour Blanche. Comme dirait Audiard, la bouche, elle cause. J’adore ce vin qui n’est pas orthodoxe. Il a un final magique. On sent les pomelos, le vin est légèrement acidulé, marqué par une forte tension. Son final rebondit sans cesse. Il est vivant, vibrant et claque comme un fouet. Ce vin de fraîcheur a le plus beau final.

Château La Tour Blanche 1950 a une couleur qui va plus vers le thé. Le nez est discret, retenu. Le vin est de grande pureté, très équilibré et très intégré. C’est un vin noble, serein, calme, avec un beau final. C’est le bon élève, droit dans la définition d’un sauternes accompli. Il a une très grande fraîcheur même si on sent un peu l’alcool. Le 2001 est nettement meilleur maintenant et devient ce que 2001 doit être.

Voici nos classements. Alex : 50 62 57 67 83 86 09 01 12. Didier : 62 83 50 57 67 86. Philippe : 57 62 83 67 50 86. Adeline : 62 50 83 57 67 86. Mon classement : 57 50 62 83 67 86 09 01 12.

Nous sommes unanimes pour mettre le 1986 en dernier des anciens, mais avant cela, nos préférences divergent. C’est le goût de chacun. Alors que nous avons adoré le 2009 si agréable à boire, lorsqu’on le boit après les 1957 et 1950, il paraît dénué de toute complexité ! L’avenir est au sauternes vieux. Ce devrait être un dogme.

Nous nous rendons au restaurant le Saprien à Sauternes, qui a changé de propriétaire depuis ma dernière visite. Le menu que nous sommes plusieurs à prendre est un duo de foies gras, puis un ris de veau et une variation sur le thème de fromages à pâte persillée.

Château La Tour Blanche 1990 est d’un équilibre rare. Il évoque le 1950 par son côté très archétypal. Il n’a pas l’ombre d’un défaut. C’est un splendide sauternes.

Château La Tour Blanche 1948 est d’un bel or. Le nez est d’orange amère. La bouche est éblouissante. C’est vraiment le plus grand de tous. C’est le seul à avoir un final mentholé. Le nez est de menthe et d’anis. Le vin est merveilleux. Il est beaucoup plus puissant que ce qu’on imaginerait d’une année qui souffre de sa proximité avec des années de légende. En fait il est magique d’équilibre et de sérénité. Il a beaucoup d’émotion et de plénitude. Il est orange confite, avec une grande pureté d’expression et beaucoup de cohérence.

Château La Tour Blanche 1947 est très café. Il a plus de fraîcheur mais aussi plus d’amertume. Il est très complexe et moins charmeur que le 1948. Le 1947 fait penser au 1957 et crée un accord magique avec le ris de veau.

Château La Tour Blanche 1943 a été ajouté parce que c’est le vin de mon anniversaire. J’apprécie cette délicate attention. Il est d’un bel or. Le nez est calme. Le vin est sec et j’explique à mes hôtes que je suis habitué aux sauternes qui ont mangé leur sucre et que j’apprécie leurs charmes particuliers. On sent que la « matière vineuse » de ce sauternes sec est magnifique. C’est un très grand vin noble.

Des quatre vins de ce déjeuner, ce sont les 1990 et 1948 qui sont les plus équilibrés. Le 1990 a des saveurs exotiques. Je classe les vins ainsi : 1948, 1990, 1947 et 1943. Et ces quatre vins se classeraient en tête, si l’on combinait les deux séries, le 1957 pouvant se situer presque à égalité avec le 1943.

Quels commentaires ajouter ? Nous avons rencontré sur quelques vins de la dégustation du matin des imperfections olfactives ou dans le final alors que les quatre vins du déjeuner frappent par leur absolue pureté. Dans chaque décennie, les écarts entre les vins présentés sont importants, sauf pour la décennie 40 où les vins sont beaucoup plus proches et cohérents. Les 1947 et 1948 sont deux vins magistraux et proches.

Cette verticale de treize vins de la Tour Blanche est un honneur pour moi dont je suis reconnaissant. Ce fut un exercice apprécié par mes hôtes car ce fut pour eux une belle occasion de revisiter l’histoire de leur grand vin. Ce grand moment a apporté de l’eau au moulin de mes convictions : plus un sauternes est ancien, meilleur il est. Longue vie à La Tour Blanche, un grand sauternes.

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le 2012 est dans un flacon de 2007, à gauche ci-dessus

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déjeuner au Saprien

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