Archives de catégorie : vins et vignerons

Dégustation de Mumm et Perrier-Jouët à la Maison Belle Epoque jeudi, 15 novembre 2018

L’histoire qui va suivre commence au 228ème dîner au restaurant Akrame. Nous avions une table dans la cour intérieure et la pluie a arrosé des convives mal protégés par les tentures et parasols. Cela m’avait contrarié car certains ne pouvaient pas profiter au mieux du programme du dîner. J’ai annoncé à tous les convives qu’ils seraient invités pour un dîner de compensation. Cette déclaration a été chaudement accueillie et des convives attachés au groupe Pernod Ricard ont proposé que le deuxième dîner nous réunissant se tienne au siège de la maison de champagne Perrier-Jouët. Là aussi l’accueil à cette idée fut massif.

Pour préparer ce futur dîner mais aussi pour me faire connaître la maison de champagne, je suis invité à venir déguster les vins des maisons Mumm et Perrier-Jouët et à dîner à la Maison Belle Epoque de Perrier-Jouët.

Je me présente à 16h30 au siège de Perrier-Jouët et je suis accueilli par Hervé Deschamps, chef de caves et par Séverine Gomez-Frerson qui va prochainement succéder à Hervé. Alexander Staartjes qui dirige des opérations commerciales du groupe Mumm, Perrier-Jouët et Martell arrive en même temps que moi pour suivre la visite.

Nous visitons la Maison Belle Epoque qui a été la demeure du fondateur de la maison Perrier-Jouët en 1811. La décoration est totalement Belle Epoque avec des meubles rares. On croise ici un tableau de Toulouse-Lautrec et là une sculpture de Rodin offerte par le personnel « au patron » comme il est écrit sur l’étiquette en cuivre. On me dit que le lit de la chambre qui m’est affectée vaut une petite fortune. Avant de visiter les caves, on nous offre un verre de Champagne Perrier-Jouët Belle Epoque 2008 qui est particulièrement brillant, doté d’une belle maturité malgré son jeune âge, serein et conquérant, d’une longueur remarquable.

Hervé nous raconte des histoires passionnantes pendant que nous arpentons les kilomètres de cave (en partie seulement). Dans la cave des trésors il y a des bouteilles de la première moitié du 19ème siècle qui me font rêver. Ici ou là il y a des œuvres d’art très modernes dans des impasses voûtées. Nous remontons directement dans la Maison Belle Epoque pour commencer la dégustation. Magalie Maréchal, adjointe du chef de caves de la maison Mumm, nous rejoint.

J’ai apporté avec moi deux bouteilles, une pour la dégustation et une pour le repas, car je voudrais voir avec ces grands œnologues s’il existe une fécondation réciproque entre les champagnes et mes vins. La dégustation commence.

Le Champagne Mumm Cordon Rouge magnum 1989 a une belle couleur et une belle acidité. Il est très jeune, très toasté et ce qui me gêne un peu c’est la longueur assez courte, ce qui ne semble pas troubler les autres participants, les trois œnologues et Alexander. Le Vin de l’Etoile Paul Comte 1979 est d’une belle couleur légèrement ambrée. Le nez est très typique du Jura avec des notes légèrement torréfiées. Il est sec, très sec même et fluide. Le vin féconde le champagne car il lui donne de la largeur et des notes salines. Le 1989 évoque de beaux fruits et du sel. Il est très distingué, fluide et gastronomique. Il est fait de 70% de pinot noir et 30% de chardonnay. Des notes iodées apparaissent lorsqu’on le boit à la suite du vin de l’Etoile.

Le Champagne Mumm Cordon Rouge magnum 1976 a un nez très expressif et une belle matière. Il est gourmand. Le champagne n’avantage pas le vin du Jura alors qu’à l’inverse, le 1979 rend le 1976 de Mumm absolument fabuleux. Il lui donne de la longueur ce qui justifie ma remarque précédente sur la longueur du 1989. Il y a dans ce 1976 des notes de safran, une extrême délicatesse avec une attaque toute en douceur. Il a les mêmes proportions de cépages que le 1989.

Le Champagne Mumm de Cramant Blanc de Blancs magnum 1955 est légèrement ambré. Son nez est subtil. En bouche il est d’un raffinement extrême. Ses amers sont superbes. Il est fluide, racé et noble et cohabite bien avec le 1979 du Jura qui en profite et dans le sens inverse, le 1955 ne profite quasiment pas du vin du Jura. Le 1955 est plus à son avantage s’il est seul. Il a été dégorgé il y a un an ce qui lui donne une jeunesse extrême. Il est très difficile de hiérarchiser le 1976 et le 1955. Les deux ont beaucoup de charme. Le 1955 en se réchauffant devient exceptionnel.

Le vin de l’Etoile est magique, de belle acidité. Ce vin sans concession, strict, est de grand plaisir. Cette dégustation de vins de Mumm est extrêmement convaincante. Les 1955 et 1976 sont de très grands champagnes. J’ai écouté avec plaisir les trois œnologues disséquer les saveurs. Ils sont passionnants. La variété des influences entre les champagnes et le vin du Jura dans un sens et dans l’autre a intéressé grandement mes hôtes.

Nous passons maintenant au bar pour l’apéritif avec un Champagne Perrier-Jouët Belle Epoque Blanc de Blancs 1993 de la première année où l’on a fait pour Perrier Jouët un blanc de blancs Belle Epoque. Alexander est très laudatif pour ce champagne et je ne partage pas tout-à-fait son enthousiasme car je ne trouve pas en ce champagne une complète cohérence. Hervé dit qu’il est assez discret. Les petits canapés sont délicieux, sans chichi, aux saveurs cohérentes. Celui à l’anguille convient au 1993.

Nous passons à table dans la jolie salle à manger. Tout en cette maison est raffiné. Le menu créé par Joséphine Jonot, chef de la Maison Belle Epoque est : langoustines, bouillon thaï / ris de veau, compotée d’oignons rouges / dessert au marron.

Le Champagne Perrier-Jouët Belle Epoque magnum 1982 est magique. Ce champagne est superbe, accompli. Il est grand. Et c’est avec le bouillon que l’accord propulse le champagne à des hauteurs rares.

Le Champagne Perrier-Jouët Belle Epoque magnum 1996 a une énergie incroyable. Il est tranchant et lui aussi très grand. Pendant l’apéritif, j’avais ouvert le deuxième de mes apports, un Château Chalon Jean Bourdy 1929. Le bouchon s’était émietté et n’est venu qu’après de longs efforts. C’est un superbe vin jaune à la personnalité très affirmée. Il est tellement puissant et conquérant que champagne et vin se comprennent, mais ne se fécondent pas. Ils vivent très bien ensemble sur un ris de veau parfaitement cuit.

Sur le dessert nous buvons un Champagne Perrier-Jouët Belle Epoque rosé magnum 1985. Il convient bien au dessert, il est très agréable, mais il n’a pas la force de conviction des deux blancs.

La cuisine de Joséphine Jonot est très lisible, directe, sur de bons produits. C’est un atout certain pour le dîner que nous voulons faire au mois de mai en ce lieu. L’accueil qui m’a été réservé est un honneur auquel je suis sensible. Les champagnes dégustés se sont montrés brillants, avec du côté Mumm le 1955 et le 1976 en vedette et pour Perrier-Jouët le 1982 et le 1996. Mes vins du Jura avaient leur place pour exciter ces beaux champagnes. Et j’ai un petit béguin pour le 2008 Belle Epoque.

Après une nuit de repos le petit-déjeuner ponctue ce court séjour par un niveau de qualité qui place la Maison Belle Epoque au niveau des hôtels les plus luxueux. J’ai eu une bonne idée de proposer un nouveau dîner avec les charmants convives du 228ème dîner.

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A tout cela il y a une suite ! Pensant à mon « musée » des bouteilles vides j’ai demandé si je pouvais garder les flacons que nous avions bus et cette suggestion a été approuvée. Mais tant de bouteilles avaient été ouvertes pour cinq personnes qu’il restait abondamment de chaque vin. C’était le dernier soir de mon fils à Paris aussi l’occasion était-elle belle de boire les « fonds » de bouteilles.

Ma femme a prévu des coquilles Saint-Jacques sur une purée de pommes de terre à la truffe puis des fromages et un Kouign-amann. Nous commençons par les Perrier-Jouët Belle Epoque 1982 et 1996. Le 1982 est devenu tout doux, charmeur et agréable. Le 1996 est d’une vigueur incroyable, d’une énergie explosive. On est forcé d’aimer ce 1996 si passionnant.

Nous buvons ensuite les deux Mumm, le 1976 en Cordon Rouge et le 1955 en Cramant. Les deux sont aussi adorables l’un que l’autre. Le 1955 est plus calme mais a un final de fruits rouges comme s’il avait fauté avec un vieux bourgogne. Le 1976 est très complexe, plus ouvert et plus franc, peut-être un peu moins canaille que le 1955.

La bonne surprise est celle du rosé 1985 Belle Epoque, qui est beaucoup plus typé que la veille. Il a un côté réduit qui le rend plus épais. Il est très agréable.

Il reste un peu de Château Chalon 1929 qui a ce superbe goût de noix et une profondeur inextinguible.

Lorsqu’il faut faire le lendemain, le bilan de tout ce qui a été bu, mon fils me suggère et je suis d’accord, que le gagnant est le Château Chalon 1929 car son empreinte est impressionnante. Ensuite ce sont le 1955 et le 1996 qui sortent du lot. Tant de grands champagnes, c’est rare.

 

le jardin de la Maison Belle Epoque

un monte charge antique

La cave au trésors

des œuvres d’art en cave

un joli mode de stockage des bouteilles pour la dégustation

des œuvres d’art dans la maison

l’apéritif au bar

mes apports

la couleur des vins

le repas

de ma chambre, le jardin mais aussi celui de Moët & Chandon, juste voisin

Toulouse Lautrec et Rodin !

éléments de décoration

ce que je vais rapporter pour boire avec mon fils

le soir avec mon fils

c’est amusant que le deuxième « 5 » de 1955 est une gommette collée sur l’étiquette

 

Des vignerons bordelais aux Caves Legrand samedi, 22 septembre 2018

Les Caves Legrand Filles & Fils accompagnent la rentrée des vignerons et accueillent le groupe « les 5 nés sous une bonne étoile ». A l’inverse des trois mousquetaires, seuls quatre du groupe des cinq seront représentés. Chaque vigneron a un stand dans l’allée de la Galerie Vivienne qui longe et traverse les emprises des caves Legrand. On boit debout et la foule est nombreuse, aussi, comme il ne s’agit que de vins jeunes, je n’ai pas fait une dégustation exhaustive et n’ai choisi que quelques vins. Faire la dégustation debout ne facilite pas la prise de notes, aussi mes commentaires sont-ils extrêmement succincts. Au stand des « Vignobles von Neipperg » en présence de Stéphane von Neipperg, je bois un Château Canon-La-Gaffelière 2014 de belle matière et de très grand équilibre.

Le Château Canon-La-Gaffelière 2011 en double magnum a été ouvert il y a seulement 45 minutes aussi se montre-t-il plutôt fermé. Il est très doux.

Le Château La Mondotte 2008 en double magnum est très beau, d’un équilibre parfait. Je l’adore.

Au stand de Château Branaire-Ducru, en présence de François Xavier Maroteaux, le Château Branaire-Ducru 2014 ne me paraît pas encore totalement équilibré.

Le Château Branaire-Ducru 2012 a un nez superbe et un bel équilibre. Il est très charmeur et c’est un beau vin.

Le Château Branaire-Ducru 2004 en double magnum est de belle qualité. Il n’a pas beaucoup de matière mais son charme est bien présent.

Au stand du Château Gazin, en présence de M. de Bailliencourt, le Château Gazin 2012 fait de 100% merlot est un vin superbe, riche et puissant, qui a tout pour lui.

Le Château Gazin 2014 est plus joyeux que le 2012. C’est un vin élégant.

Le Château Gazin 2009 en double magnum est encore fermé mais très prometteur. Ce sera un très grand vin.

Florence et Daniel Cathiard n’étaient pas encore arrivés au stand du Château Smith Haut Lafitte lorsque j’ai goûté leurs vins. Le Château Smith Haut Lafitte rouge 2014 est de très grande pureté. Il est très beau, fluide. J’aime beaucoup son beau finale.

Le Château Smith Haut Lafitte rouge 2006 en double magnum a un nez puissant. Le vin n’a pas beaucoup de largeur. Il est fluide. Il faut encore l’attendre.

Le Château Smith Haut Lafitte blanc 2014 a une belle fluidité. Il manque de largeur, et c’est l’effet de l’âge. C’est un vin agréable.

C’est une belle initiative des caves Legrand d’avoir organisé cette dégustation. La foule nombreuse est la preuve de son succès.

 

Vincent Chaperon is the successor of Richard Geoffroy at the head of Dom Pérignon vendredi, 15 juin 2018

Richard Geoffroy the cellar master of Dom Pérignon had called me to announce his next departure from his post, to go explore new ways in the world of drinks. He announced a day to me in Hautvillers then to Paris to celebrate the transfer of function with Vincent Chaperon whom I have known for years because he accompanied Richard’s approach for a long time.
When the day comes, Richard Geoffroy welcomes a group of about a hundred people to the Thomas cellar, located slightly below the abbey of Hautvillers and offering an infinite view of the champagne vineyards. In the middle of June after repeated rains, armies of winegrowers are busy in the vineyards. Going down to the Thomas cellar, the place where the whole history of Champagne began, a superb chalky cellar used by Pierre Pérignon to create the champagne, we are given pecking pieces of a friendly country bread which we soak crumb in olive oil. Before sharing the wine, we share the bread.
Richard makes a happy welcome address in front of the Thomas cellar, presents his successor but also his predecessor Dominique Foulon, to mark the continuity of the story and we are all divided into the rows of vines where were arranged small easels distant of two or three meters on which glasses rest. It is in the vineyard around the Abbey that the tasting of the new vintage, presented for the first time today, Champagne Dom Pérignon 2008.
A delicate fresh air licks the vine leaves, so to taste this champagne in these conditions helps us to like it. For many, the 2008 stands out for its energy. For me, in this bucolic and romantic setting, it is the white fruits and the white flowers that move me. At this moment of his life, this champagne presents himself as a very large Dom Perignon, in the historical line of the great Dom Perignon. He is promised a bright future. He is fresh, energetic while being romantic, vinous and lively but also charming. He has all the qualities.
We go up the harmonious slopes of the vineyard paths to follow a gastronomic route in three different stages, to verify the gastronomic qualities of 2008. The imagination of the chef of the place is infinite and the complex flavors are excellent. Hams, foie gras, mushrooms, fish, vegetables, all flavors worked in a thousand ways are proposed to us and the 2008 is pleasant to drink on these delicacies, but the time is also in discussions because the world of the friends of Richard is a small group of people who count in the world of wine which we know inevitably certain that one is happy to find here and others that one discovers.
At 13:00 serious things begin because we will taste under the cloister outdoor three champagnes that correspond to significant dates: 1990 is the year of the arrival of Richard alongside Dominique Foulon, 1996 is the first vintage made by Richard alone and 2005 is the year when Vincent Chaperon arrived alongside Richard. During the tasting, the three cellar chefs will make comments or quote anecdotes.
Dom Pérignon Champagne P3 1990 has an extremely powerful nose. It is salty and has beautiful fruits and hazelnuts. The finish has a nice freshness. Dominique evokes ripe fruit and faded flowers, while pointing out that it is not pejorative.

It turns out that for my palate, the champagnes that were originally disgorged when they were commercialised have more emotion than the disgorged wines when they reach their second fullness, plénitude (P2) or their third fullness (P3). I do not like champagne too rejuvenated but I sometimes love delicately awakened champagnes like the 1966 or 1962 Oenotheque.

This 1990 P3 has beautiful elements of power but which are not sufficiently integrated. The lack of coherence embarrasses me a little, while around me people enjoy. My taste is probably very personal. I feel a final a little roasted and a dosage may be a little too marked.

Dom Pérignon P2 Champagne 1996 has an absolutely superb first nose. The taste is also superb. This champagne is franker, fresher, nature, simple and readable. It is direct and I would very much like it as much as in its original version.

Vincent had made a nice speech to announce that it would be the rosé of 2005 that we drink but what is served is the white Champagne Dom Pérignon 2005. His first nose is milky. What strikes me in this champagne is its purity. It has a nice minerality, it lacks perhaps a little width, but it has such a charm that I am conquered because it is the charm of Dom Pérignon.

It is planned to program inside the church the ceremony of handover between Richard Geoffroy and Vincent Chaperon. Having come by car and having to leave by the same means, I leave the ceremony to rest before going to the Plaza Athénée where will be held the gala dinner of the function transmission.

To share the bread, to discover a new vintage by tasting it in the vineyards, to nibble infinite flavors with a great champagne and to drink three vintages which show the continuity of the human action of the cellar leaders, there is in all this something of deeply human and friendly. That’s all Richard Geoffroy.

 

Back in Paris, having lost myself in the vineyards following the indications of a GPS that had desires of rural escapes, I hardly have time to rest and prepare myself to go to the celebration dinner the transmission of Richard Geoffroy’s know-how to his successor Vincent Chaperon.

The welcome is at the bar of the Plaza Athénée hotel which has been decorated so that Dom Pérignon 2008 is the star of the place. We chat with friends of Richard Geoffroy of all nationalities. Japan, Korea, Singapore, Hong Kong, United States of the west and east coasts, Germany, Belgium, Australia and I forget some probably. The aperitif is made with Champagne Dom Pérignon 2008 with small appetizers varied extremely subtle flavors like carrots and chips of fennel dipped in magic elixirs.

Dom Pérignon has booked all the gourmet restaurant Alain Ducasse plus the famous indoor terrace for a dinner of 140 people. Dinner is placed and I find myself away from collectors my brothers. I am at the journalists’ table with whom I shared memories and had a great evening.

The statement of the menu prepared by the teams of Alain Ducasse is long as a novel : green lentils of Puy and caviar, delicate eel jelly / ceviche clams and maigre (fish), tiger leche coriande-aji charapita (Gaston Acurio) / bread with toasted cereals, vegetables from the Château de Versailles, spicy condiment / lobster from the Cotentin, green melon, elderberry flowers and berries / marinated Atlantic bass, betel leaves, golden caviar (David Thomson) / white asparagus from Anjou, sea anemone, vegetable cornet / turbot from the Bay of Gascogne, radishes and poppies with Champagne / hemp from Brittany, smoked sardines, young leeks, black fruit olives / roast langoustines, red and green algae, vanilla (Tetsuya Wahuda) / cherries Natural cherry, laurel ice cream / Miss Gla’Gla sorbet Ispahan (Pierre Hermé) / snow Château d’Yquem 2015 / chocolates and strawberries from Jouy-le-Châtel.

The names in parenthesis must be those of the creators of the dishes. There is in this menu an obvious desire to make big. Richard wanted to make great for us. But the accumulation of multiple flavors sometimes goes against the desired effect. Thus, the abnormally spicy clam dish burns the mouth beyond the next dish. Another example, the idea of putting vanilla with langoustines deliciously cooked that is to say almost raw, is good. But the excess vanilla kills langoustine while vanilla creates a superb bridge with the Dom Perignon P3 1990. Another curious idea is to present the Miss Gla’Gla in a cardboard box without it being on a plate. We remove the sorbet from the box and when it warms the pastry frays and jumps fingers. I had to drop it in the cup for the cherries. Except these small details the cuisine is inventive, the dishes are good and this dinner planned for so many people is impressive for its quality.

Champagne Dom Pérignon 2008 accompanies the appetizers, the lobster and the bar. The delicate eel jelly finds in him a remarkable resonance. The lobster recipe really sticks to champagne, which has the assurance and elegance of a crooner. It is very successful. This champagne will conquer all the lovers and faithful of Dom Pérignon.

The Château Cheval Blanc 2008 chosen to be the same year as the new champagne is of an extreme quality. His attack is frank, his grain is heavy and noble. He is full in the mouth as if he were more than twenty years old. He is ten years old in a state of grace and great refinement. I love it and the agreement with the bar is perfect. Its typicity Saint-Emilion will assert itself with time. He will be very great.

Champagne Dom Pérignon P3 1990 is much more pleasant than this morning because it is associated with dishes. I still find that there is a slight lack of coherence and balance in this wine, but it is very pleasant on dishes yet less friendly, the hemp dish is not greedy and rough and vanilla taking too much on the langoustines so beautiful.

The taste of Ispahan is magical, recognizable immediately as Pierre Hermé has succeeded for a long time creating it and fits well with the Château d’Yquem 2015 who is clear as a toddler. The snow of Yquem is not very catchy because one has the impression to suck an ice cube, but that does not prevent the Yquem to shine. He starts shy in the mouth, young virgin and it is in the finale he exposes diabolically beautiful complexities. He is too young, we know, but the festival of exotic flavors that he is able to offer in the finale delight me.

I have such a penchant for pure tastes that the association of wild strawberries with Champagne 2008 delighted me to the highest point, so the champagne becomes smiling.

If here or there I criticize details, I am totally delighted with this great meal. Dom Pérignon has obviously tried to create original agreements and to honor ourselves with a very high-level menu. The very numerous service did a great job. At the end of the meal nobody wanted to leave his friends or new friends. We kissed each other, so much was the friendship transpiring on all sides.

It was planned an « after-dinner » at the Plaza Bar but I preferred to go home, the heart happy to have shared this day with Richard Geoffroy, become over the years a friend, who made, once more, proof of his generosity. Interesting and promising meetings enriched this day. Long life and success to Richard and welcome Vincent to concoct Dom Perignon anthology.

 

(see pictures in the article in French)

Célébration de la passation de pouvoir à Dom Pérignon à Hautvillers et au Plaza jeudi, 14 juin 2018

Richard Geoffroy le maître de cave de Dom Pérignon m’avait appelé pour m’annoncer son prochain départ de son poste, pour aller explorer des voies nouvelles dans le monde des boissons. Il m’annonça une journée à Hautvillers puis à Paris pour célébrer la transmission de fonction avec Vincent Chaperon que je connais depuis des années car il a accompagné longtemps la démarche de Richard.

Le jour venu, Richard Geoffroy accueille un groupe d’une centaine de personnes à la cave Thomas, située en léger contrebas de l’abbaye d’Hautvillers et offrant une vue infinie sur les vignes de champagne. En ce milieu du mois de juin après des pluies diluviennes à répétition, des armées de vignerons s’affairent dans les vignes. En descendant vers la cave Thomas, le lieu où toute l’histoire de la Champagne a commencé, superbe crayère qu’a utilisée Pierre Pérignon pour créer le champagne, on nous donne à picorer des morceaux d’un pain de campagne convivial dont on trempe la mie dans de l’huile d’olive. Avant de partager le vin, on partage le pain.

Richard fait un discours de bienvenue joyeux devant la cave Thomas, présente son successeur mais aussi son prédécesseur Dominique Foulon, pour marquer la continuité de l’histoire et nous nous répartissons tous dans les rangées de vignes où ont été disposés de petits chevalets tous les deux ou trois mètres sur lesquels reposent des verres. C’est dans le vignoble autour de l’Abbaye que se fait la dégustation du nouveau millésime présenté pour la première fois ce jour, le Champagne Dom Pérignon 2008.

Un air frais délicat lèche les feuilles de vignes aussi goûter ce champagne dans ces conditions nous pousse à l’aimer. Pour beaucoup, le 2008 se signale par son énergie. Pour moi, dans ce cadre bucolique et romantique, ce sont les fruits blancs et les fleurs blanches qui m’émeuvent. A cet instant de sa vie ce champagne se présente comme un très grand Dom Pérignon, dans la ligne historique des grands Dom Pérignon. Il est promis à un bel avenir. Il est frais, énergique tout en étant romantique, vineux et vif mais aussi charmeur. Il a toutes les qualités.

Nous remontons les pentes harmonieuses des chemins des vignes pour suivre un parcours gastronomique en trois étapes différentes, afin de vérifier les qualités gastronomiques du 2008. L’imagination du chef du lieu est infinie et les saveurs complexes sont excellentes. Jambons, foies gras, champignons, poissons, légumes, toutes saveurs travaillées de mille façons nous sont proposées et le 2008 est agréable à boire sur ces délices, mais le temps est aussi aux discussions car le monde des amis de Richard est un petit groupe de gens qui comptent dans le monde du vin dont on connaît forcément certains que l’on est heureux de retrouver ici et d’autres que l’on découvre.

A 13h00 les choses sérieuses commencent car nous allons déguster sous le cloître en plein air trois champagnes qui correspondent à des dates significatives : 1990 est l’année de l’arrivée de Richard aux côtés de Dominique Foulon, 1996 est le premier millésime fait par Richard seul et 2005 est l’année ou Vincent Chaperon est arrivé aux côtés de Richard. Pendant la dégustation les trois chefs de cave vont faire des commentaires ou citer des anecdotes.

Le Champagne Dom Pérignon P3 1990 a un nez extrêmement puissant. Il est salin et présente de beaux fruits et des noisettes. Le finale a une belle fraîcheur. Dominique évoque des fruits mûrs et des fleurs fanées tout en précisant que ce n’est pas péjoratif.

Il se trouve que pour mon palais, les champagnes qui ont été dégorgés à l’origine pour leur mise sur le marché ont plus d’émotion que les vins dégorgés au moment où ils atteignent leur deuxième plénitude (P2) ou leur troisième plénitude (P3). Je n’aime pas trop les champagnes trop rajeunis mais j’adore parfois des champagnes délicatement réveillés comme les Œnothèques 1966 ou 1962.

Ce 1990 a de beaux éléments de puissance mais qui ne sont pas suffisamment intégrés. Le manque de cohérence me gêne un peu, alors qu’autour de moi on se régale. Mon goût est sans doute très personnel. Je sens un final un peu torréfié et un dosage peut-être un peu appuyé.

Le Champagne Dom Pérignon P2 1996 a un premier nez absolument superbe. Le goût est lui aussi superbe. Ce champagne est plus franc, plus frais, nature, simple et lisible. Il est direct et je l’aimerais très vraisemblablement autant que dans sa version originelle.

Vincent avait fait un beau discours pour annoncer que ce serait le rosé de 2005 que nous boirions mais ce qui est servi, c’est le blanc Champagne Dom Pérignon 2005. Son premier nez est lacté. Ce qui me frappe dans ce champagne c’est sa pureté. Il a une belle minéralité, il manque peut-être un peu de largeur, mais il a un tel charme que je suis conquis car c’est le charme de Dom Pérignon.

Il est prévu au programme à l’intérieur de l’église la cérémonie de passation de pouvoir entre Richard Geoffroy et Vincent Chaperon. Etant venu en voiture et devant repartir par le même moyen, je fais l’impasse sur cette cérémonie pour aller me reposer avant de me rendre au Plaza Athénée où se tiendra le dîner de gala de la transmission de fonction.

Partager le pain, découvrir un nouveau millésime en le goûtant dans les vignes, grignoter des saveurs infinies avec un grand champagne et boire trois millésimes qui montrent la continuité de l’action humaine des chefs de cave, il y a dans tout cela quelque chose de profondément humain et amical. C’est tout Richard Geoffroy.

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De retour à Paris, m’étant perdu dans les vignes en suivant les indications d’un GPS qui avait des envies d’évasions champêtres, j’ai à peine le temps de me reposer et de me préparer pour me rendre au dîner de célébration de la transmission du savoir-faire de Richard Geoffroy vers son successeur Vincent Chaperon.

L’accueil est au bar de l’hôtel Plaza Athénée qui a été décoré pour que Dom Pérignon 2008 soit la star du lieu. Nous bavardons entre amis de Richard Geoffroy de toutes nationalités. Japon, Corée, Singapour, Hong-Kong, Etats-Unis des côtes ouest et est, Allemagne, Belgique, Australie et j’en oublie sans doute. L’apéritif se fait au Champagne Dom Pérignon 2008 avec des petits amuse-bouches variés aux saveurs extrêmement subtiles comme des carottes et des copeaux de fenouil trempés dans des élixirs magiques.

Dom Pérignon a réservé tout le restaurant gastronomique Alain Ducasse plus la célèbre terrasse intérieure pour un dîner de 140 personnes. Le dîner est placé et je me trouve éloigné des collectionneurs mes frères. Je suis à la table des journalistes avec qui j’ai partagé des souvenirs et passé une excellente soirée.

L’énoncé du menu préparé par les équipes d’Alain Ducasse est un roman fleuve : lentilles vertes du Puy et caviar, délicate gelée d’anguille / ceviche de palourdes et maigre, leche de tigre coriande-aji charapita (Gaston Acurio) / pain aux céréales toasté, légumes du château de Versailles, condiment épicé / homard du Cotentin, melon vert, fleurs et baies de sureau / bar de l’Atlantique mariné, feuilles de bétel, caviar doré (David Thomson) / asperges blanches d’Anjou, anémone de mer, corète potagère / turbot du Golfe de Gascogne, radis et coquelicots au Champagne / chanvre de Bretagne, sardine fumée, jeunes poireaux, olives te fruits noirs / langoustines rôties, algues rouges et vertes, vanille (Tetsuya Wahuda) / cerises de Céret au naturel, glace au laurier / Miss Gla’Gla sorbet Ispahan (Pierre Hermé) / neige de Château d’Yquem 2015 / chocolats et fraises de Jouy-le-Châtel.

Les noms entre parenthèse doivent être ceux des créateurs des plats. Il y a dans ce menu une envie manifeste de faire grand. Richard a voulu nous gâter. Mais l’accumulation des saveurs multiples va parfois à l’encontre de l’effet désiré. Ainsi, le plat de palourdes anormalement épicé brule la bouche au-delà du plat suivant. Autre exemple, l’idée de mettre de la vanille avec les langoustines délicieusement cuites c’est-à-dire presque crues, est bonne. Mais l’excès de vanille tue la langoustine alors que la vanille crée un superbe pont avec le Dom Pérignon P3 1990. Une autre idée curieuse est de présenter le Miss Gla’Gla dans une boîte en carton sans qu’elle soit sur une assiette. On enlève le sorbet de la boîte et lorsqu’il se réchauffe la pâtisserie s’effiloche et saute des doigts. Il m’a fallu la faire tomber dans la coupelle prévue pour les cerises. A ces détails près la cuisine est inventive, les plats sont bons et ce dîner prévu pour tant de personnes est impressionnant par sa qualité.

Le Champagne Dom Pérignon 2008 accompagne les entrées, le homard et le bar. La délicate gelée d’anguille trouve en lui une résonnance remarquable. La recette du homard colle vraiment au champagne qui a une assurance et une élégance de crooner. C’est très réussi. Ce champagne va conquérir tous les amoureux et fidèles de Dom Pérignon.

Le Château Cheval Blanc 2008 choisi pour être de la même année que le nouveau champagne est d’une qualité extrême. Son attaque est franche, son grain est lourd et noble. Il est plein en bouche comme s’il avait plus de vingt ans. Il est à dix ans dans un état de grâce et de grand raffinement. Je l’adore et l’accord avec le bar est parfait. Sa typicité de saint-émilion va s’affirmer avec le temps. Il sera très grand.

Le Champagne Dom Pérignon P3 1990 se montre beaucoup plus plaisant que ce matin car il est associé à des plats. Je trouve encore qu’il y a un léger manque de cohérence et d’équilibre dans ce vin, mais il est très agréable sur les plats pourtant moins amènes, le plat de chanvre étant peu gourmand et brouillon et la vanille prenant trop le pas sur les langoustines si belles.

Le goût de l’Ispahan est magique, reconnaissable immédiatement tant Pierre Hermé l’a réussi et s’accorde bien avec le Château d’Yquem 2015 qui est clair comme un bambin. La neige d’Yquem est peu entraînante car on a l’impression de sucer un glaçon, mais ça n’empêche pas l’Yquem de briller. Il démarre en bouche timide, jeune puceau et c’est dans le finale qu’il expose des complexités diaboliquement belles. Il est trop jeune, on le sait, mais le festival des saveurs exotiques qu’il est capable d’offrir dans le finale me ravit.

J’ai un tel penchant pour les goûts purs que l’association des fraises nature avec le Champagne 2008 me ravit au plus haut point, tant le champagne devient souriant.

Si ici ou là je critique des détails, je suis totalement ravi de ce grand repas impressionnant. On a manifestement cherché à susciter des accords originaux et à nous honorer par un menu de très haut niveau. Le service très nombreux a fait un beau travail. A la fin du repas personne ne voulait quitter ses amis ou nouveaux amis. On s’est embrassé les uns et les autres, tant l’amitié transpirait de toutes parts.

Il était prévu un « after-dinner » au Bar du Plaza mais j’ai préféré rentrer chez moi, le cœur heureux d’avoir partagé cette journée avec Richard Geoffroy, devenu au fil des années un ami, qui a fait, une fois de plus, preuve de sa générosité. Des rencontres intéressantes et prometteuses ont enrichi cette journée. Longue vie et plein succès à Richard et bienvenue à Vincent pour qu’il nous concocte des Dom Pérignon d’anthologie.

L’abbaye d’Hautvillers et, sans doute, Dom Pérignon

le partage du pain sur le chemin des vignes

la cave Thomas

Richard Geoffroy nous accueille devant la cave Thomas avec de larges sourires

On boit le 2008 dans les vignes. A noter que les noms du chef de cave partant et du nouveau sont sur les étiquettes, ce qui est un fait rare

dégustation de 1990 P3, 1996 P2 et 2005 devant les trois maîtres de chais

la foule devant les bâtiments de l’abbaye

le soir au bar de l’hôtel Plaza; le Dom Pérignon 2008 est à l’honneur

les vins du dîner

quelques uns des plats dont le sorbet Ispahan Miss Gla’Gla dans sa boîte argentée

Champagne Mumm Cordon Rosé lundi, 28 mai 2018

J’ai une certaine fascination pour le Mumm Cordon Rosé car sa bouteille est délicieusement kitsch.

Déjà, jamais je n’aurais appelé le champagne « Cordon Rosé ». J’aurais dit « Cordon Rose », car il y a dans la gamme Mumm le Cordon Rouge et le Cordon Vert et on ne dit pas Cordon Rougi ou Cordon Verdi.

Ensuite, le choix des couleurs et assez psychédélique. Pourquoi ce brun et pourquoi le bandeau rouge pour un rosé.

Sur la photo, il y a trois millésimes : 1966, 1975, 1982. J’ai adoré ce vin.

On voit bien que pour le 1982 on a corrigé les codes de couleur, mais on a transformé la rose de Foujita.

La rose est aussi pour moi un sujet de fascination. Ce kitsch assumé me plait beaucoup.

le 1975

la rose Foujita

Communiqué des vignerons de Bandol mercredi, 18 avril 2018

Comme j’adore les Bandol, je retransmets avec joie l’annonce que l’on m’a envoyée :

Les vignerons de Bandol ont la joie de vous inviter à venir partager un apéritif pour la présentation de l’Escale des Vignerons le mercredi 2 mai à partir de 17h30 à l’Œnothèque de Bandol.

Rendez-vous ensuite sur le port de Bandol les 19 & 20 mai ! Cliquez sur ce lien :

COMMUNIQUÉ DE PRESSE ESCALE VIGNERONS

Contact : Charlotte BORIE

LES VINS DE BANDOL

238, chemin de la Ferrage

83330 Le Castellet

tél 04 94 90 29 59 – fax 04 94 98 50 24

secretariat@vinsdebandol.com

www.vinsdebandol.com

déjeuner au restaurant Taillevent mardi, 10 avril 2018

Je vais déjeuner au restaurant Taillevent avec Gilles de Larouzière le président du groupe qui comprend entre autres les maisons Henriot et Bouchard Père & Fils. Il a été convenu que nous apporterions chacun une bouteille. Gilles m’a envoyé une photo où l’on reconnaît le champagne mais pas l’année. Je n’ai rien annoncé. A mon arrivée, on me verse un verre du champagne sans me montrer la bouteille. Il ne me faut pas longtemps pour trouver – car la psychologie joue au moins autant que les capacités gustatives – qu’il s’agit d’un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1964. La robe est ambrée mais très peu, la bulle est vive ce qui correspond à un dégorgement récent et les deux mots qui conviennent à ce champagne sont : sérénité et plénitude. Nous sommes face à un champagne parfait, magnifié par une année qui est une des plus belles du siècle pour les champagnes. Je rêve un peu en disant à Gilles qu’il faudrait que les maisons de champagne attendent 54 ans avant de mettre leur production sur le marché. Rêve, évidemment. Mais la perfection de ce champagne long en bouche et d’une belle complexité est une forte motivation pour ceux qui ont des caves à faire vieillir les champagnes. Nous comparons nos souvenirs de ce 1964 avec le 1959. Le plus vieux des deux est plus vif, plus cinglant mais n’a pas cette belle sérénité.

J’ouvre mon vin qui est Vega Sicilia Unico 1972. Le bouchon se brise en trois morceaux. Le nez est irréellement séducteur évoquant à la fois de jolis fruits noirs mais aussi du café et de belles épices.

Le menu que nous prenons est : œufs de poule brouillés au homard et herbes potagères / canard de Challans rôti aux nèfles / fromages / vacherin aux framboises et vanille bourbon.

Le champagne est très adapté à une mise en bouche à base de poulpe et d’un jus aérien qui lui convient. Il réagit bien aux œufs brouillés. Le Vega Sicilia Unico 1972 a une bouche puissante mais aussi de grande séduction. Sa longueur est immense et ses complexités sont extrêmes, tout étant suggéré malgré la force de ce vin. Je ne retrouve pas la fraîcheur mentholée mais la fraîcheur des fruits noirs de ce vin est superbe.

Le service du Taillevent est toujours aussi parfait et souriant. La cuisine est solide et goûteuse. Avec Gilles, nous avons envisagé quelques projets que nous pourrions mettre en oeuvre en commun. Ce fut un très agréable déjeuner illuminé par la beauté du 1964 enchanteur autant qu’il est enchanteleur.

Les Domaines Familiaux de Bourgogne mercredi, 28 mars 2018

Les Domaines Familiaux de Bourgogne est une association de vignerons qui font ensemble la présentation de leurs vins. La réunion a lieu au rez-de-chaussée du Pavillon Ledoyen et ce sont les 2015 qui sont présentés. Je commence par faire un tour des tables pour dire bonjour aux vignerons que je connais et je commence à goûter les vins rouges, puis les blancs. Ce qui est impressionnant, c’est que tous les vins sont réussis et correspondent aux profils des vignobles et des domaines qui les ont faits. Il est loin le temps où certains vins pouvaient être approximatifs. Ils sont tous bien faits, car aux tables il y a la crème de la crème du vin de Bourgogne. Il y a des vins qui sont plus ou moins ouverts, mais globalement, on va les aimer selon la hiérarchie habituelle de ses préférences.

Les rouges sont épanouis, joyeux, et promettent des vins grandioses. J’ai particulièrement apprécié le Chambertin Trapet P&F 2015, le Musigny Joseph Drouhin 2015, le Clos Vougeot Château de la Tour Vieilles Vignes 2015, le Bonne-Mares G. Roumier 2015, le Chambertin Clos de Bèze Armand Rousseau 2015, le Nuits Saint-Georges Clos de la Maréchale Jacques Frédéric Mugnier 2015, le Corton Bressandes Tollot-Beaut 2015, le Clos de Vougeot Méo-Camuzet 2015 et j’en oublie bien sûr. On voit en lisant cette liste que ce sont les plus grands bourgognes qui sont présentés. L’année 2015 donnera de très grands vins. Ils se goûtent bien maintenant et la date est bien choisie. Mais ils se goûteront dix fois mieux dans une vingtaine d’années.

Les blancs sont plus difficiles à goûter car certains sont encore fermés. Ils sont quand même très prometteurs. Le Beaune Clos des Mouches Joseph Drouhin 2015 est puissant, le Puligny-Montrachet les Folatières Dujac 2015 est agréable à boire, le Puligny-Montrachet les Pucelles Domaine Leflaive 2015 est prometteur, le Corton-Charlemagne de Montille 2015 est noble, le Nuits Saint-Georges Clos de la Maréchale blanc Jacques Frédéric Mugnier 2015 est une première pour moi car je n’avais jamais bu le blanc et je l’apprécie, le Rully Agneux Eric de Suremain 2015 est beaucoup plus puissant que je n’imaginais, le Bourgogne Les Clous Aimé domaine de Villaine 2015 est très élégant et le Chablis Valmur domaine Raveneau 2015 est brillant.

En fait, lors de cette présentation, j’ai aimé ce que je m’attendais à aimer et les vins étaient au rendez-vous. On pouvait grignoter à un buffet fromager au premier étage. Selon la tradition les vignerons avaient apporté des bouteilles plus anciennes. Sur les conseils d’un ami j’ai goûté un Musigny Joseph Drouhin 2007 qui est une merveille et montre – s’il en était besoin – qu’on ne doit boire des vins que lorsqu’ils ont de l’âge. Un des intérêts de cette présentation de haut niveau, c’est que l’on rencontre des vignerons amis, des amateurs et des professionnels de la restauration. C’est un des plus beaux rendez-vous de la planète vin.

Discovery of Salon 2007 dimanche, 18 mars 2018

Didier Depond, president of the Champagnes Salon and Delamotte had suggested that we have lunch together. He is an extremely busy man so the date of the appointment has coughed three times. We meet at the restaurant Le Petit Sommelier which is known for its high quality wine list. What I did not notice until then was that the proximity of the Montparnasse train station means that many travelers come with their suitcases piling up in all the open spaces. My jacket given to the staff was distorted by this pyramid of suitcases.

When I arrive, I ask the table chosen by Mr. Depond and the pretty Manon, sommelière that I did not know, said to me: « I saw your brother last night ». I ask her: « Jean Audouze? » And she answers yes, astonished at this coincidence. This supposes that Didier Depond announced that I would be his guest and that she had the information. Being in advance I have time to reread the wine list and dream of a thousand good wines that deserve our interest.

Didier arrives, we kiss, and he asks Manon to serve the wines he has already provided. He serves the Champagne Salon 2007 which he tells me that I will be the first in the world to taste it. We know that the great seducers say to their conquests that this is the first time they fall in love, but why not believe what Didier told me. We choose our menus. For both of us there will be oysters, then the hearty platter of pork and other foie gras. My meat will be a leg of lamb with garlic.

We will compare the 2007 Salon Champagne in two different glasses. With one, the Champagne Salon is wide and friendly. With the other he is sharp and intense. Well, clever who would say which is better but we will continue the other champagnes with the glass that makes the 2007 sharp and intense.

The 2007 Salon’s nose is impressive, lively and salty. In the mouth we look at each other because this 2007 is the absolute definition of a big Salon. He has everything for him. Didier willingly compares to the 1997 he loves. I join him. It is not a champagne of affirmation, even if it imposes itself, but it has all the subtle grace of Salon. It’s a wonderful champagne. With oysters the association is a treat because it is the salt that brings them together. And the oysters are delicious.

On pork, on foie gras, the Salon is perfect but there are no surprises. With small sardines the agreement is major.

I am thrilled because this 2007 promises to be huge and its DNA is that of the most beautiful Salon.

On the meat Didier served Champagne Delamotte Blanc de Blancs 2008. It is a beautiful champagne wide. We are not at the Salon level but we must not compare because this Delamotte has a very beautiful complexity. It is generous and easygoing.

Didier also serves the Champagne Delamotte Blanc de Blancs Collection 1999. This champagne was disgorged about 18 months ago. He is brilliant. It’s good champagne that we taste greedily because we know that we are facing a generous champagne and fine. At this point, the 1999 is much more interesting than the 2008, but the 2008 has a great future. There is in 1999 a certain race that makes it a very flexible champagne for gastronomy and very racy for drinking alone.

I brought in my musette the rest of Cyprus 1869 drunk until then with my son. It is the chocolate cake that will be the least problematic dessert for this wine. It is still amazing, with an amazing freshness and acidity and more velvety mid-palate notes. It did not vary by one gram. It must be said that in 149 years, it had time to assemble itself. I give a glass to Manon who is conquered and other friendly staff members a taste.

The food in the restaurant is simple but good because the products are good. The oysters in particular are superb. The atmosphere is that of a bistro but we can see that there are wine lovers who enjoy the excellent wine list. With Didier we found childhood memories that are common despite the fact that a generation separates us.

Didier was generous and managed to highlight the relevance of Delamotte champagnes. And he made me the gift of making me discover the Salon 2007 which will be in the history of Salon a great romantic and floral Salon, of crazy distinction. It is the soul of Salon that he delivered us in this extremely friendly meal.

(pictures are in the article in French, just below)