Déjeuner au restaurant La Verrière de l’Intercontinental Opéra lundi, 10 octobre 2016

L’hôtel Intercontinental près de l’Opéra a un restaurant La Verrière. Je pensais que ce restaurant était géographiquement délimité mais en fait il est disséminé dans l’immense salon bar de l’hôtel. Ce qui fait qu’au lieu d’avoir des tables avec nappes, on déjeune sur des tables recouvertes d’une plaque de verre. C’est donc l’ambiance bar qui prédomine. Fort heureusement, une très charmante serveuse va apporter un complément de chaleur humaine qui manquerait sans cela.

La carte est assez courte mais on dispose d’un choix possible. C’est vraiment une carte de bar. C’est assez curieux qu’un hôtel historique de cette importance ne cherche pas une restauration de plus haut niveau. Le saumon fumé aux blinis est très agréable, sans ces innombrables chichis qui torpillent le goût, et la lotte que j’ai prise a du goût, un goût sincère et vrai, et se mange avec appétit. Pour accompagner un tel repas, dans la carte des vins très courte, le plus sûr est d’aller vers les champagnes. Le Champagne Veuve Clicquot La Grande Dame Brut 2004 est un champagne solide qui ne peut pas être une mauvaise surprise. Ce champagne m’embarque dans les campagnes d’été. Je suis entourés de blés mûrs, et c’est plus la tige que les épis que je retrouve dans ce beau champagne. Je suis allongé dans la prairie, un brin de blé entre les dents, et je jouis du soleil. C’est intéressant de le voir aussi typé blé d’été. Ce champagne convivial accompagne bien les deux plats. Sans la serveuse réactive il est probable que mes yeux se seraient arrêtés sur les petits défauts. Il faudrait qu’un tel hôtel investisse dans une restauration d’un autre niveau.

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Repas d’anniversaire avec Haut-Brion 1992 lundi, 10 octobre 2016

C’est un déjeuner de famille pour l’anniversaire de ma fille cadette. Un ami ayant son anniversaire à la même période, nous nous retrouvons à dix à la maison, dont six buveurs. Le menu a été commandé par ma fille : velouté de potimarron, ail et champignons frits / poulet et deux purées de pommes de terre dont une à la truffe / reine de Saba et ananas frais. C’est à moi de m’adapter à ce menu et non le menu à mes vins.

Le Champagne Pommery Brut Royal sans année a plus de trente ans d’âge si on se fie au bouchon. La couleur confirme aussi un âge certain car elle est assez ambrée, voire rose. La bulle est active. Ce qui impressionne en ce champagne, c’est la simplicité de sa sérénité. Il est joyeux, gourmand, et tellement facile à vivre. Sans être trop dosé, il est assez doucereux. Il a une belle longueur. Tout en lui est charme et plaisir. Décidément, l’âge va bien à ce type de champagne.

Les gougères, le jambon Belota Belota sont adaptés et accompagnent joliment le champagne. Nous passons à table.

Le Chablis Premier Cru Montée de Tonnerre Alain Robin 1983 a été choisi car la couleur vue à travers le verre de la bouteille m’a semblé correspondre à celle du potimarron. Le niveau est parfait, la couleur est légèrement ambrée et sympathique et comme pour le champagne, c’est une belle surprise car le vin est franc. Le vin accuse son âge plus que le champagne et il est difficile de reconnaître en lui un chablis. On reconnaît plus un vin blanc à maturité, et ça lui va bien. L’accord avec le plat est très exact, les champignons donnant du liant.

Lorsque j’ai choisi le Château Haut-Brion rouge magnum 1992 j’ai voulu vérifier si ce vin d’une année faible présentait de l’intérêt. Lorsque j’ai commencé à acheter du vin, avec des moyens mesurés, je m’intéressais aux petites années des grands vins, à budgets beaucoup plus acceptables et j’avais pu constater qu’avec l’âge, les petites années n’étaient pas aussi handicapées que ce qu’avaient annoncé les experts au moment de leur commercialisation. J’ai ensuite gardé cette habitude même lorsque j’ai pu avoir accès aussi aux grandes années. Vérifier ce 1992 m’intéresse. A l’ouverture, je constate que le bouchon est légèrement chevillé car il se lève facilement. Mais cela n’a eu aucune influence sur le niveau qui est dans le goulot, proche du bouchon. L’odeur à l’ouverture avait une petite pointe d’acidité dont je savais qu’elle allait disparaître. Une demi-heure avant le repas, je verse le vin dans deux carafes pour faire déguster à l’aveugle ce vin. Il est maintenant servi. Le nez est très riche et profond. Il a une richesse qui m’étonne. Je reconnais au nez un vin de bordeaux, mais je sais ce que l’on boit. Autour de moi on suggère plutôt une Côte Rôtie de Guigal, peut-être en spéculant sur mon habitude de servir ces vins à la maison. En bouche, le vin est d’une richesse rare, truffé, de grande présence et de bel équilibre. Jamais je n’imaginerais qu’il s’agit d’une année de seconde importance. Sur le poulet il est brillant. A chaque gorgée il m’étonne. Ce n’est pas la première fois, surtout avec Haut-Brion, qu’une petite année donne un vin de grand plaisir.

Trouver des vins qui accompagnent une reine de Saba et de l’ananas frais est une gageure. J’avais pensé prendre un Banyuls de 1949 mais il reste du vin rouge, aussi, même si ce n’est pas l’idéal, nous buvons le vin sur la pâtisserie discrètement chocolatée. Il est plus prudent de manger les ananas sans rien et le Champagne Initial Jacques Selosse dégorgé le 8 octobre 2008 apporté par un ami présent à table est bu avec les mignardises qui finissent le repas. Le champagne a une couleur légèrement grise et blanche, la bulle est bien active et le champagne est moins directement accessible que le Pommery. C’est un champagne intellectuel, moins joyeux et franc que les mêmes « Initial » que nous avons bus ensemble pendant l’été et qui furent délicieux. Ce champagne est bon, mais un peu énigmatique et ne se livre pas autant qu’on le souhaiterait.

Ayant fouillé dans mon armoire à alcools pour trouver un alcool qui pourrait remplacer le Banyuls, j’ai exhumé une bouteille sans aucune indication, de forme bordelaise mais à vis, qui m’a rappelé des souvenirs d’il y a plus de quarante ans. Dans mon entreprise industrielle, il y avait un chauffeur de poids lourds normand qui avait sous son siège une ou deux bouteilles de calvados de fabrication artisanale de sa famille. Un jour, il m’avait donné une bouteille. C’est celle-ci. Nous trempons nos lèvres sur ce Calvados d’environ 40 ans d’âge, fort en alcool, mais très doucereux, pur, qui a mis un point final à nos agapes.

Le repas fut particulièrement gai, les cadeaux échangés dans la bonne humeur. Le Haut-Brion 1992 a brillé dans ce joyeux repas.

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Déjeuner de conscrits au Yacht Club de France mardi, 4 octobre 2016

Plus cela va, plus je suis fasciné par l’implication de l’équipe de restauration du Yacht Club de France. Normalement, dans un club de cette nature, la restauration est un compagnon plus qu’un centre d’intérêt. Or sous l’impulsion de Thierry Le Luc, le directeur de la restauration, nous allons d’étonnement en étonnement. L’ami qui nous reçoit a demandé à Thierry des vins du Languedoc Roussillon et Thierry est allé explorer des pistes de grands vins. Et pour la nourriture, il est allé dénicher une pièce de bœuf charolais maturé plus d’un mois d’une tendreté exemplaire. L’apéritif est un feu d’artifice, avec plus d’une dizaine de plateaux aux saveurs virevoltantes. Déjeuner au Yacht Club de France, c’est un voyage des mille et une nuits.

Voici le menu composé par le chef Benoît Fleury : assortiments de charcuterie fine, cassolette d’œufs brouillés au foie gras, poissons fumés bio sur toasts au paprika / mousse d’asperges et médaillon de homard breton, pain grillé à l’encre de seiche / carré de bœuf charolais de la ferme Xavier Parenton à la poitrine de lard Bellota, mis en affinage le 31/08/2016 / pommes château, sauce béarnaise / fromages affinés d’Eric Lefebvre MOF / ananas rôti, glace rhum raisin, espuma de vanille de Madagascar.

L’apéritif se prend avec un Champagne Delamotte 2007 frais, franc, naturel, agréable, le champagne de pur plaisir simple que l’on reprend sans frein.

Le Cigalus Gérard Bertrand blanc 2014 est un vin de l’Aude Hauterive, à 70% chardonnay, qui titre 14°. Très direct, puissant et joliment fruité, il emplit la bouche de saveurs agréables, même s’il est difficile de percevoir sa personnalité. Tout au long de son parcours, je l’ai aimé.

Le Château Puceh-Haut Tête de Bélier blanc 2011, vin du Languedoc qui titre aussi 14° est insaisissable. Son nez est d’un vin liquoreux, sa couleur profonde aussi et en bouche, c’est un liquoreux qui flirte avec un vin du Jura. Puissant, agréable, il reste difficile sur le homard alors qu’on le verrait bien se confronter à des plats faits pour les vins jaunes.

La Boda domaine d’Aupilhac rouge 2012 de Sylvain Fadat est un vin qui titre 13,5°. Je le trouve agréable, précis, très fluide et gouleyant, agréable sur la magnifique viande, même si sa personnalité n’est pas fondamentalement affirmée.

La Torre Domaine Jean Gardiès rouge Côtes du Roussillon Villages 2009 titre 14,5° et ça se sent, du moins pour moi, car on est tout en puissance, perdant la notion de terroir ou de région.

Le dessert nous pousse à continuer à déguster le champagne Delamotte. Le café est un appel à succomber aux charmes d’un délicieux et très pertinent Rhum Clément qui, même jeune, évoque de très grandes saveurs veloutées.

La cuisine est exemplaire. Le homard ayant été dressé en cuisine à l’avance est arrivé un peu sec au service, mais c’est le seul bémol dans une partition de haute volée. Le service de Sabrina a été apprécié. Elle nous connaît et s’adapte à notre assemblée bruyante. La cuisine a brillé plus que les vins mais le blanc Cigalus m’a beaucoup plu.

Notre assemblée de conscrits est accueillie au Yacht Club de France comme si nous étions des princes. N’abolissons pas nos privilèges.

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Déjeuner au restaurant Laurent lundi, 3 octobre 2016

Par des cheminements comme souvent compliqués, la responsable d’une chaîne de télévision souhaite me rencontrer pour parler de mes activités. Je lui propose que nous déjeunions ensemble et l’endroit qui me vient naturellement, car je le considère – un peu à titre de forfanterie – comme ma « cantine », c’est le restaurant Laurent. Lorsque Philippe Bourguignon et Patrick Lair sont partis le même jour à la retraite, un vide certain s’était créé. Il m’était apparu opportun de rendre hommage à cet endroit et à ces deux personnes et j’ai choisi de faire le dîner qui suivait leur départ au Laurent. Ce fut le 197ème dîner au début de cette année. Un successeur fut trouvé à Philippe Bourguignon, mais la mayonnaise n’a pas pris et c’est un collaborateur de Philippe Bourguignon, Christian, qui a travaillé longtemps auprès de Philippe, qui lui succède. J’ai connu son frère comme sommelier à l’hôtel Lutétia où nous avons fait avec lui, entre autres repas, un mémorable « casual Friday » avec des vins rares dont Filhot 1904.

Quel vin choisir pour une personne que je ne connais pas. Il faut qu’il soit assez vieux pour qu’il soit dans mon champ d’expérience, mais pas trop pour que mon invitée ne soit pas gênée. Il faut un grand vin, de plus accessible. Mon choix se fait.

J’arrive au restaurant Laurent avec un peu d’avance pour avoir le temps d’ouvrir mon vin. Il fait beau en ce début d’octobre, mais peut-être pas assez chaud. Les tables ont été dressées dans le joli jardin du Laurent, mais on peut aussi déjeuner à l’intérieur. Par prudence nous resterons à l’intérieur.

L’ouverture du vin se passe sans aucun problème, le beau bouchon venant entier. Je m’aperçois que le millésime n’est pas marqué sur le bouchon alors que ce devrait être une obligation pour tous les vignerons qui n’indiquent pas l’année sur leur étiquette mais seulement sur une collerette. Car les grands vins qui sont destinés à vieillir perdent souvent la collerette d’année qui se décolle et le bouchon aide à retrouver le millésime. Je le dirai à Jean-Louis Chave.

Je demande à Ghislain, fidèle et compétent sommelier, s’il a un champagne au verre. Il me dit qu’il va me faire essayer un Champagne Pierre Paillard Les Terres Roses, Bouzy Grand Cru extra brut rosé sans année. L’année de base est 2011 et le vin a été dégorgé en 2016. Il a 70% de chardonnay. Mon invitée arrive et nous trinquons sur une coupe de ce champagne. Je n’ai pas un amour fou pour ce champagne assez plat qui finit sur une amertume prononcée. Carole, mon invitée, n’est pas non plus une grande fanatique des champagnes rosés. Mais le champagne, s’échauffant dans le verre, devient plus urbain.

Nous commandons notre menu. Nos plats seront différents. Les miens sont : foie gras poêlé en entrée et pigeon en plat.

L’Hermitage Jean-Louis Chave rouge 1985 avait un niveau dans le haut du goulot. Son parfum est d’un charme intense, vin viril, affirmé et main de fer dans un gant de velours. La couleur est foncée, sépia bordeaux, en bouche la combinaison de force et de velouté est déterminante. Le vin montre une belle acidité et le vin est grand sans être explosif. Il joue surtout sur la subtilité et le velours. C’est un vin affuté.

Le foie gras est accompagné de figues et de petites crêpes sucrées aussi faut-il laisser le vin sur la seule chair du beau foie gras. L’accord est agréable. Avec le pigeon la combinaison est naturelle mais le vin perd un peu de largeur.

C’est sur des fromages que le vin va retrouver de l’ampleur, avec un saint-nectaire d’affinement parfait. Je fais l’impasse sur les desserts mais les mignardises et les meilleurs palmiers de la planète sont d’une traîtrise imparable.

Nous avons échafaudé divers plans pour faire connaître encore et encore ma démarche qui mêle grands vins et gastronomie. Le Laurent est une oasis de bien-vivre.

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films sur Youtube lundi, 26 septembre 2016

Le 1er film parle de la « méthode Audouze » pour ouvrir les vins, qui est essentielle pour que les vins se présentent idéalement au moment du dîner

 

le film 3 sur la philosophie des dîners explique pourquoi les dîners ont la forme que j’ai choisie

le film 2 raconte le 200ème dîner

le film 4 donne quelques témoignages des participants du 200ème dîner

ces quatre films donnent une bonne idée sur ce que sont les dîners de wine-dinners avec les vins de ma collection

 

Comparaison de vins immergés en mer avec les mêmes vins restés à terre samedi, 24 septembre 2016

Un mail d’invitation me suggère de me rendre chez le caviste Soif d’Ailleurs pour faire une dégustation comparative à l’aveugle d’un champagne dont une bouteille a passé douze mois en mer à soixante mètres de profondeur et une autre provient de la cave de la maison Drappier.

C’est la société Amphoris qui immerge des bouteilles en mer d’Iroise pour étudier les effets du séjour en mer profonde. On annonce aussi la présence d’un représentant de l’Institut Universitaire de la Vigne et du vin, Régis Gougeon, que j’ai déjà rencontré lorsqu’une bouteille de Bourgogne, trouvée dans les ruines de l’Abbaye de Saint-Vivant, très probablement du 18ème siècle, avait été ouverte par mes blanches mains et dégustée au siège de la Romanée Conti.

Cette invitation me plait car j’ai eu la chance de goûter des vins qui ont passé plus d’un siècle sous l’eau et cette expérience pourrait être intéressante.

Soif d’Ailleurs est un marchand de vin spécialisé dans les vins du monde, offrant des vins de 45 pays et de 198 cépages ! La salle de dégustation est belle et le patron de la boutique organise des événements dans ce bel endroit. On se sent bien en ce lieu.

Après une petite vidéo qui montre comment les bouteilles sont immergées, nous avons deux verres à déguster le 1 et le 2 du Champagne Drappier La Grande Sendrée 2006. Ce vin qui est la cuvée de prestige de la maison Drappier est fait de 55% de pinot noir et 45% de chardonnay. Le 1 a un nez plus intense et le 2 a un nez plus frais. Le 1 fait plus dosé, plus noisette alors que le 2 fait plus souple. Le 1 est agréable et le 2 a une belle longueur. Mais force est de dire que ces écarts sont à la marge car on sent bien que les deux sont le même champagne. Avec un peu de temps je dirais que le 1 est plus vif.

On nous demande lequel est allé sous la mer. Régis Gougeon et moi, nous pensons que c’est le 2 qui a été immergé. D’autres personnes présentes pensent comme nous. Mais c’est le 1 qui a passé un an dans une mer à 11-12°.

Lors de la courte présentation par Régis Gougeon des études déjà faites, il avait indiqué sur la diapositive des résultats : « résultats contrastés ». Et nous allons en avoir la preuve.

Le deuxième essai sera fait sur un Brokenwood Cricket Pitch Australie 2011 avec 55% de sémillon et 45% de sauvignon blanc. Les deux vins sont très expressifs. Le 1 a un nez plus frais. C’est un vin très agréable au finale de noisette, bien expressif alors qu’il est jeune. Le 2 a un nez plus dense. Il est un peu moins brillant mais son finale est plus frais. Je préfère le 1 plus vif et je dis que c’est lui l’immergé, au hasard, et c’est la bonne réponse.

Nous allons maintenant vers un vin rouge de Toscane, dont le propriétaire est un archéologue célèbre qui a acheté un vignoble pour y planter un cépage ancien totalement oublié, le Foglia Tonda. Le vin est donc un Foglia Tonda de Toscane de Guido Gualandi 2012, vin biologique qui titre 13,5°. Il est présenté par sa fille.

Le 1 a un nez plus ouvert, il est très original et très pur, au fruit discret. Le 2 est plus cassis, plus riche, plus conventionnel même si le finale est mentholé ce que j’aime. Je préfère le 1. Je suis incapable de dire lequel est immergé et on nous dit que c’est le 2. Et là où la phrase du scientifique sur les résultats contrastés prend toute sa valeur, c’est que la fille du propriétaire, qui connaît bien son vin, s’est trompé en estimant que le 1 avait été immergé.

Nous avons poursuivi avec un vin rouge de Brokenwood, qui ne m’excite dans aucune des deux versions. Mais je préfère le 2 alors que c’est le 1 qui a été immergé.

Je suis intervenu pour dire qu’une immersion d’un an seulement n’est pas suffisante pour être probante. Il faut encourager ces expériences et je ferai mon possible pour les encourager, car si je suis venu, c’est parce que le plus grand champagne que j’aie bu est un champagne Heidsieck 1907 qui a passé cent ans sous l’eau dans une mer à 4°. Le fait que le vin combinait une étonnante fraîcheur d’un vin très jeune avec la patine que donne forcément le siècle d’existence a produit sur moi une émotion magique. C’était Hibernatus revenant à la vie !

Amphoris semble une société très sérieuse qui a étudié son dossier et l’association avec des scientifiques pour faire des analyses est une bonne chose. Il faut multiplier ces expériences avec des grands vignerons, en se fixant des horizons de plus long terme. Je suis heureux d’avoir participé à cette expérience, même si les résultats sont « contrastés ». Le patron de « Soif d’Ailleurs » Mathieu Wehrung est passionnant. Sa boutique est une caverne d’Ali Baba pour amateurs curieux de vins rares et étonnants. Une maison comme Dom Pérignon qui a créé les Œnothèque ou les P2 et P3 devrait se lancer dans les Dom Pérignon immergés. Ce serait très excitant.

Des exemples de bouteilles qui ont été immergées

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les deux bouteilles de Drappier

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des couleurs très proches

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203ème dîner de wine-dinners au restaurant Pages vendredi, 23 septembre 2016

Le 203ème dîner de wine-dinners se tient au restaurant Pages. Pour ce dîner de rentrée, nous serons seulement huit, avec un éclectisme rare : une indienne qui organise des événements où le vin joue un rôle et promeut toutes formes de gastronomie, indienne et européennes, une américaine représentante pour l’Europe d’une grande maison de vente de vins américaine, le directeur propriétaire d’un des grands guides gastronomiques, le gagnant de l’énigme d’un des récents bulletins (n° 695), une spécialiste de thés qui organise des dégustations et veut connaître mes dîners, le réalisateur des films du 200ème dîner et un habitué mordu de mes dîners, qui est le seul à avoir déjà assisté à un de mes dîners.

J’arrive peu avant 17 heures au restaurant pour ouvrir les bouteilles. La proportion de bouchons qui viennent en charpie est très élevée. Y a-t-il un phénomène saisonnier, la question pourrait se poser car des périodes de forte chaleur sèche et des périodes de pluie se sont succédé avec des rythmes brusques. Les deux blancs ont des nez très engageants comme le Lynch Bages 1955 au lourd parfum de truffe. Le Rausan-Ségla 1948 est bouchonné et je crois que j’ai une explication plausible. La maison Hannapier Peyrelongue qui diffuse ce vin l’a reconditionné il y a plus de trente ans et c’est cette opération qui a fait apparaître ce nez de bouchon qui me semble indélébile. Les deux hermitages ont des parfums très différents mais prometteurs. L’Yquem 1935 est impérial, avec toute la palettes des sophistications d’Yquem alors que le Rayne Vigneau 1942 a besoin de s’aérer. La proportion de vins bouchonnés dans mes dîners est très proche de zéro. Comme nous avons dix vins pour huit, nous ne serons pas en manque.

Il me reste deux heures avant le repas. Comme le veut la tradition, je vais au bistrot 116 qui jouxte le restaurant prendre une bière japonaise en grignotant des haricots edamame qui sont un « pousse à la consommation », car on croque les fèves en les retirant avec ses dents de la gousse saupoudrée de sel. Comme il est prévisible j’ai redemandé une autre bière !

Les convives sont tous à l’heure. Pour ne pas déranger les personnes qui dînent nous commençons l’apéritif sur le trottoir, pour que j’aie le temps de donner les consignes habituelles des dîners. Le Champagne Comtes de Champagne Taittinger Blanc de Blancs 1994 est un champagne agréable, solide et équilibré. C’est une valeur sûre, même si son message n’est pas très complexe.

Nous passons à table et continuons les amuse-bouche avec le Taittinger et nous passons ensuite au Champagne Salon 1990. Le saut qualitatif est manifeste. Ce qu’il y a de bien avec ce Salon, c’est qu’on sent tout de suite qu’il est très complexe mais il est aussi très accueillant. Il ne nous embarrasse pas car son message est limpide. Il est fluide, long en bouche et ne manque pas de grâce.

Les amuse-bouche sont très variés. Laure nous les présente mais on oublie vite – du moins moi – ce qu’elle nous a expliqué. Ce n’est pas grave car tout est délicieux et adapté aux champagnes.

Le menu composé par le chef Ryuji Teshima dit Teshi est : Amuse-bouche de saison / Caviar de Sologne / Homard bleu de Bretagne et risotto de riz sauvage croustillant / Agneau de lait, sauce figue et balsamique blanc / Trio de bœuf (bœuf de maturation et bœuf Ozaki) / Stilton affiné / Tarte à la mangue, pétales de mangue et sauce ananas.

Le Salon 1990 continue sur le caviar de Sologne posé sur une crêpe ou sur des dés de pomme de terre. Ce caviar bien iodé excite divinement le champagne. Je le préfère sur la crêpe.

Le homard bleu accueille deux vins blancs. Le Sylvaner Vin D’Alsace Trimbach 1962 avait à l’ouverture un parfum riche et franc. Ce vin est une belle surprise car il a une présence que je n’attendais pas aussi belle. Il est cohérent, ramassé, et très souple pour accompagner le homard, avec des notes très douces.

Le Château d’Arlay Côtes du Jura 1969 qui sentait la noix à plein nez à l’ouverture est un vin de puissance. Il est conquérant. L’accord se trouve mieux avec le Sylvaner car le vin du Jura est trop dominant, mais il est sacrément bon comme le montreront les votes. Sa personnalité est convaincante. Le risotto au riz sauvage n’ajoute pas grand-chose au homard et perturbe un peu l’accord naturel des vins avec le petit homard intense et goûteux.

Le Château Rausan-Ségla Hannapier Peyrelongue 1948 est définitivement bouchonné. Nous l’écartons. Le Château Lynch-Bages Pauillac 1955 accompagne le délicieux agneau de lait. Il avait un nez de truffe à l’ouverture qu’il a conservé. Il est riche, plein, cohérent, avec une affirmation de bon aloi. C’est un vin de satisfaction qu’on pourrait boire éternellement sans se lasser. Il crée un accord parfait avec l’agneau qui le met en valeur. Ce serait bien difficile de lui donner un âge.

Les morceaux de bœufs sont absolument délicieux et très différents, le bœuf allemand étant le plus racé et le Wagyu fondant comme un bonbon. Si les bœufs sont dissemblables, il en est de même des deux hermitages. Le Grand Hermitage Chapoutier 1953 est tout en douceur. Il est suave tout en ayant une belle vibration. Il est confortable. Il l’est tellement qu’il sera désigné premier par le consensus des votes.

L’Hermitage Cuvée Marquise de la Tourette Delas 1978 est beaucoup plus vif, tranchant, imprégnant. Le Chapoutier convient plus au Wagyu et le Delas convient mieux au bœuf normand et au bœuf allemand. Ce qui est amusant c’est qu’au moins un hermitage est premier ou second dans les votes de chacun. Et deux convives ont mis les deux hermitages dans leurs bulletins de vote. Ils trustent les deux premières places.

Le Château Rayne Vigneau 1942 est beaucoup plus sombre, acajou foncé, que le Château d’Yquem 1935 qui est assez clair. Il accompagne un très beau stilton. Il est riche, fort, et trouve sa place, même s’il ne peut pas faire oublier l’autre sauternes.

L’Yquem 1935 est d’une décennie froide dont beaucoup d’Yquem ont « mangé leur sucre » à l’exception du 1937 d’une rare richesse. Et là, ce 1935 me surprend car, sans être une bombe, il est d’une belle présence avec une sucrosité que je n’attendais pas aussi belle. Cet Yquem très complexe et varié évoque tous les fruits exotiques qui ont sa couleur. C’est un grand Yquem que je mettrai premier de mon vote.

Nous sommes huit à voter pour dix vins. Huit vins sur dix ont reçu des votes, mais compte tenu du vin bouchonné, ce sont huit vins sur neuf qui ont été placés dans les quatre premiers d’au moins un convive. Quatre vins ont été nommés premiers, le Grand Hermitage Chapoutier 1953 trois fois, l’ Hermitage Marquise de la Tourette Delas 1978 et l’Yquem 1935 deux fois premiers, et le Château d’Arlay Côtes du Jura 1969 a été nommé une fois premier. Mon classement diffère sensiblement du classement général.

Le vote du consensus serait : 1 – Grand Hermitage Chapoutier 1953, 2 – Hermitage Marquise de la Tourette Delas 1978, 3 – Château d’Arlay Côtes du Jura 1969, 4 – Château d’Yquem 1935, 5 – Champagne Salon 1990, 6 – Château Lynch Bages Pauillac 1955.

Mon vote est : 1 – Château d’Yquem 1935, 2 – Hermitage Marquise de la Tourette Delas 1978, 3 – Château Lynch Bages Pauillac 1955, 4 – Champagne Salon 1990.

L’atmosphère d’un dîner à huit est beaucoup plus intimiste. Les discussions ont été riches. Le chef Teshi a fait un menu très équilibré avec une élégance qui mérite tous les compliments. Vincent a fait un service du vin exemplaire. Ce fut un grand dîner.

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le bouchon du Lynch Bages est de la charpie !

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il est étonnant que le Delas 1978 ait un bouchon qui paraît aussi vieux

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on note la différence d’état entre le bouchon du Rayne Vigneau à gauche sur la photo ci-dessous et celui de l’Yquem pourtant plus vieux

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les vins en cave, puis ouverts, au restaurant. le chef est en cuisine

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j’ai oublié de photographier les morceaux de boeufs !!!

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la table en fin de repas

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les votes

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Film sur Henri Jayer mercredi, 21 septembre 2016

Film sur Henri Jayer fait par Laurent Maillefer, fondateur de Lotelduvin

Ce film permet de mieux connaître ce grand vigneron et d’avoir les commentaires d’autres grands vignerons sur cet homme légendaire mais aussi très paysan.

Dans ce film on peut voir le repas que j’ai organisé où avec mon ami Tomo et nos épouses nous avons reçu Aubert de Villaine, gérant de la Romanée Conti au restaurant Taillevent et où nous avons bu deux Cros Parantoux d’Henri Jayer, un Grands Echézeaux de la Romanée Conti et un vin mythique, les Gaudichots Domaine de la Romanée Conti 1929.

Le récit de ce dîner est fait    ICI

Tout amateur de vin doit voir ce beau film.

Déjeuner au restaurant Hexagone mardi, 20 septembre 2016

Un journaliste qui avait participé notamment au 150ème dîner souhaite me parler des projets qu’il a en tête. Je l’invite à déjeuner au restaurant Hexagone, dont le chef est Matthieu Pacaud, qui officie à l’Ambroisie et au restaurant Le Divellec repris récemment. L’entrée est en descente car ce restaurant partage le même immeuble qu’un hôtel. La décoration est assez chargée de dessins imposants mais l’atmosphère existe car les tables sont bien isolées les unes des autres ce qui fait que l’on peut parler dans le calme. La musique est un peu forte et j’ai dû demander trois fois qu’on la baisse. Cette manie américaine n’est pas de mon goût. Etant en avance je demande la carte des vins. Elle est très dissuasive pour les grands vins frappés de coefficients lourds. Il y a heureusement quelques pépites, mais il faut slalomer. Quand on voit qu’un Corton-Charlemagne domaine Rapet 2011 est proposé au verre à 60 € on ne peut que tousser.

Le menu du déjeuner donne des choix. Celui que nous ferons sera : raviole de foie gras, émulsion de petits pois / gigot d’agneau à la moelle avec une purée de gros haricots / fromage. Les amuse-bouche sont corrects, et il n’y a pas grand-chose à en dire. La raviole de foie gras est accompagnée d’une émulsion beaucoup trop salée, et l’on ne sent pas le foie gras sous les épaisses ravioles. Ce plat ne nous plait pas. L’agneau en revanche est un plat absolument parfait. C’est un vrai plat gourmand et délicieux. Un sans-faute. Alors que j’ai photographié le plateau de fromage sous un tableau de Rembrandt aimablement modernisé, on nous sert uniquement un Brie et l’on peut comprendre pourquoi, car ce Brie est quasiment en fin de vie. Il a fallu réclamer du pain pour le fromage, le service l’ayant oublié. L’agneau sauve ce repas.

Le Pinot Blanc Trimbach Alsace 2014 pris au verre arrive un peu froid et quand il s’étend dans le verre il montre des goûts agréables mais fort simples. C’est ce qu’il faut pour l’entrée.

Le Coteaux du Languedoc Peyre Rose Syrah Léone de Marlène Soria 2005 a un nez absolument superbe, riche, profond, évoquant la truffe. En bouche, tout commence comme un vin bourguignon noble, et se poursuit dans la truffe, avec un finale presque charbonneux tant il est lourd. Le vin titre 14,5° mais il est suffisamment équilibré pour qu’on le trouve presque aérien sous sa trace lourde de truffe. Nous sommes aux anges car c’est réellement un très grand vin. Chaque gorgée est un plaisir

Au vu de ce déjeuner, il me semble qu’il suffirait de quelques petits réglages pour que ce restaurant soit parfait et donne envie d’y revenir. Tous les espoirs sont permis.

A côté du restaurant Hexagone, il y a le restaurant Histoires, aussi géré par Matthieu Pacaud, qui n’était pas ouvert pour ce déjeuner. Je peux donc le visiter avec l’aimable sommelier que j’avais connu au George V et qui nous a fait un service du vin parfait et la décoration donne immédiatement l’envie de venir y dîner. C’est une succession d’alcôves dans une décoration de folie. Il faut vite y aller.

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le plateau de fromages auquel nous n’aurons pas eu droit

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une jolie décoration de légumes

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