Douze champagnes rares au restaurant Taillevent vendredi, 11 mars 2016

Chaque jour, je reçois une quinzaine de mails qui m’offrent des vins à vendre. Ma passion étant boulimique, je lutte pour acheter le moins possible. Mais ces correspondants connaissent les vins qui vont me tenter. Un mail offre deux vins mythiques : Dom Pérignon 1934 et Salon 1948. Des Dom Pérignon des années trente, il n’en existe quasiment pas à la vente, et le Salon 1948 est d’une année dont je n’ai jamais vu la moindre offre.

Dans le mail, les prix proposés placent ces champagnes au niveau tarifaire des Romanée Conti d’années moyennes. Comme les champagnes très anciens ont un gros facteur d’incertitude, ces prix sont inacceptables pour moi. Mais laisser passer ces bouteilles dont les photos sont belles, ce serait une erreur.

J’appelle mon ami Tomo et je lui propose que nous achetions ces deux bouteilles ensemble, avec l’idée que nous dînions tous les deux pour les partager. Tomo accepte. Le temps passe et, nous souvenant du repas avec Les Gaudichots 1929 du Domaine de la Romanée Conti où nous avions convié Aubert de Villaine, l’idée très naturelle est de demander à Richard Geoffroy de Dom Pérignon et à Didier Depond des Champagnes Salon Delamotte de se joindre à nous. Une date est trouvée qui convient à ces deux personnages aux agendas surchargés. Peter, un ami écossais qui n’avait pas pu venir au 196ème dîner à Veuve Clicquot souhaitait me revoir pour partager de grands champagnes et Florent, un ami lyonnais souhaite aussi partager de grands vins. Notre groupe de six se forme, et comme cela se passe souvent, la générosité tourne à l’excès au point que nous aurons neuf bouteilles plus trois magnums ce qui fait un équivalent de 15 bouteilles pour 6, soit 2,5 bouteilles par convive. C’est tout sauf rationnel, mais comment refuser ?

Délibérément je réduis la liste que je soumets à Jean-Marie Ancher du restaurant Taillevent où se tiendra le dîner, dans l’exquis salon chinois. Faire un menu pour un dîner de champagnes est chose peu aisée, et faire un ordre de service cohérent n’est pas simple. Le résultat se montrera probant.

Les trois premiers champagnes sont assez jeunes (tout est relatif) car nous aurons une huître et du caviar, qui s’entendent mieux avec des champagnes jeunes. Sur la sole, nous aurons les champagnes les plus vieux. Sur la volaille les deux vedettes qui sont à l’origine du dîner seront servies. Et le repas se continuera avec les autres ajouts. Les trois premiers champagnes sont ouverts à 18h30 et les autres sont ouverts au moment du service.

Une grève des étudiants et des cheminots nous fait craindre des défections, mais un ange veille sur ce repas. Les six sont présents et toutes les bouteilles sont servies à la température idéale.

Le menu composé par Alain Solivérès et Jean-Marie Ancher est : copeaux de jambon Bellota /     amuse-bouche : huître Gillardeau en gelée d’eau de mer / cresson de fontaine et caviar / sole en filets, champignons de Paris / volaille fermière au foie gras et truffe noire / chaource, Brie de Meaux, Coulommiers / mangue, et sésame noir.

Nous sommes déjà trois à 19 heures aussi cédons-nous à la tentation du Champagne Delamotte Collection magnum 1970. Sa couleur est légèrement ambrée, le nez est discret mais de belle promesse. J’aime beaucoup l’image de Didier Depond qui dit que ce vin évoque les blés d’été, écrasés de soleil. Ce vin est fait de 50% chardonnay et 50% de pinot. Il a déjà passé la barrière des vins jeunes pour montrer une belle patine de vin « ancien ». Il est agréablement gastronomique.

Le Champagne Dom Pérignon P3 magnum 1975 a un nez tonitruant, tellement jeune qu’il sent le soufre ! Ce bambin de quarante ans est d’une jeunesse folle. Contrairement au P3 (qui signifie troisième plénitude) 1982 que nous avons bu récemment, il n’y a aucune marque laissée par le dosage et je retrouve avec un infini plaisir qu’un P3 sait, lui aussi, avoir le charme romantique d’un Dom Pérignon. Nous sommes pleinement face à un beau Dom Pérignon. Il est charmeur, un peu dosé mais pas trop et surtout sans trace. On est bien.

Le Champagne Salon 1988 nous offre ampleur, puissance et précision. Il est légèrement ambré avec des traces à peine sensibles d’évolution. Ce vin est un guerrier et se situe à l’opposé du Dom Pérignon. Le quel préférer ? Il faut aimer les deux. Ce Salon se place dans ma mémoire parmi les plus grands Salon 1988 que j’aie bus, venant directement de la cave de Salon.

Les goûts et préférences divergent autour de table. Pour moi le Salon 1988 crée la meilleure vibration avec l’huître délicieuse, dont la gelée crée le trait d’union, et c’est le Dom Pérignon qui s’accorde mieux au caviar bulgare de très grande qualité. Si la crème de cresson est délicieuse, elle a tendance à étouffer le caviar si l’on en prend trop.

Les trois vins anciens sont servis ensemble. Le Champagne Piper-Heidsieck Piper Brut 1921a une couleur beaucoup trop foncée et terreuse. Si nous n’avions que lui à boire, nous nous pencherions sur ses messages, qui existent. Mais le programme est si chargé que nous ne nous attardons pas.

Le Champagne Charles Heidsieck 1911 a lui aussi une couleur foncée mais un peu moins que celle du 1921. Et contrairement au vin précédent, le message est plus joyeux. Je vois des évocations d’agrumes fort sympathiques. Bien sûr le vin est fatigué, mais plaisant.

Nos sourires s’élargissent dès que nous voyons la couleur du Champagne Moët 1911 versé dans nos verres. Elle est claire comme celle d’un vin jeune. L’habillage de la bouteille nous donne l’impression d’avoir été réalisé dans les années 40. Il ne s’agirait donc pas d’un dégorgement d’origine, sauf si l’habillage s’était fait sans rebouchage. Le parfum est superbe et élégant et le vin est tout simplement divin. C’est une merveille d’accomplissement comme si toutes les complexités étaient assemblées par miracle. C’est un John Wayne, sûr de lui, serein, qui joue avec facilité. Ce vin est comme une évidence, à la persistance aromatique infinie.

Arrivent maintenant ensemble les deux points de départ de ce dîner. Richard Geoffroy nous signale que la cape qui recouvre le bouchon d’un plastique tiré, est cohérente avec ce millésime. Le Champagne Dom Pérignon 1934 est d’une jeunesse incroyable au point que Peter doute de son authenticité. Il suffit de lui montrer le bouchon pour qu’il constate qu’il est impossible d’avoir construit un faux avec un tel bouchon qui a vraiment 80 ans. Et Richard, plein d’humour dit : « c’est curieux que lorsqu’un vin est parfait, on dise qu’il s’agit d’un faux ». Ce Dom Pérignon a tout pour lui, le charme, la complexité et des notes florales ou fruitées qui partent dans toutes les directions. Ce vin incroyable me conforte dans ma préférence pour les champagnes au dégorgement d’origine, que je trouve beaucoup plus porteurs d’émotion que les récemment dégorgés, plus vifs et différents.

Didier Depond s’extasie devant la beauté de la bouteille de Champagne Salon 1948. Elle n’a pas d’étiquette, mais la couronne circulaire autour du bas de la cape donne les indications utiles. L’année est embossée dans la cape aux couleurs d’or devenu gris avec le temps. Didier n’a jamais vu une telle bouteille et n’a jamais bu de Salon 1948. Et maintenant arrive une surprise inouïe. La couleur du vin est très claire, comme celle du Dom Pérignon ce qui confirme que Tomo et moi avons fait un bel achat. Mais ce vin est incroyable de tension et de force y compris alcoolique. Comme il est impossible que cette bouteille soit fausse, Peter voit bien que malgré l’âge de plus de 65 ans, âge de la retraite, des champagnes peuvent avoir une vivacité exceptionnelle. Mais où est la surprise ? La surprise est que ce 1948 est beaucoup plus puissant que le Salon 1988 qui est pourtant d’une année guerrière. Alors, nous sommes médusés, d’autant plus que l’année 1948 n’a pas laissé une trace majeure dans l’histoire du champagne. On comprend alors pourquoi Salon, qui ne millésimait que les années exceptionnelles, ait choisi contre toute attente de faire ce 1948 éblouissant.

Voilà donc un bel achat avec un Dom Pérignon 1934 dans le charme et la complexité et un Salon 1948 dans la force brillante, la richesse et une tension exceptionnelle. Ce dîner est béni des dieux.

Le Champagne Moët & Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962, contrairement à ce que je viens de déclarer ci-dessus, donne sa pleine justification aux dégorgements tardifs. Car ce vin dégorgé il y a moins de deux mois est d’une jeunesse folle. J’ai toujours adoré ce millésime que je considère comme un des plus grands. Et cette bouteille venant directement de la cave de Moët est l’idéal de ce que peut offrir Moët : un vin gouleyant, fluide, jeune, incroyablement jeune et de plaisir. Il est même particulièrement joyeux.

A partir de maintenant, nous allons faire du hors-piste par rapport au programme que j’avais mis au point avec Jean-Marie Ancher, car sont servis des vins ajoutés par les folles générosités.

Le Champagne Moët & Chandon Dry 1949 est une merveille. Il est bien sûr très dosé, mais ça ne se sent pas. Au contraire on est bien. Il nous fait sentir à quel point 1949 est une grande année.

Le Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Brut 1929 est d’un habillage récent avec une contre-étiquette qui indique que le vin a été spécialement dégorgé pour une personne désignée et nommée, mais sans indication de date. On sent particulièrement le dosage de ce joli vin très doux, gracieux, qui comme le vin précédent fait sentir la noblesse de son année. Avec ces deux vins très dosés, nous sommes sur l’Olympe du champagne.

Le Grand Crémant Mesnil blanc de blancs A. Launois Père & Fils 1955 a un nom qui m’était totalement inconnu. Qu’est-ce qu’un « Grand Crémant » ? Je suis assez subjugué par la vivacité et l’incroyable caractère de vin inhabituel. Il est racé et s’exprime comme un coup de fouet. On ne lui rendra pas les honneurs qu’il mérite car il est déjà bien tard.

Que dire de cette folie ? La première remarque est la qualité exceptionnelle des vins que nous avons partagés car à part le Piper 1921 et la petite faiblesse du Charles Heidsieck 1911 tous les autres sont au sommet de leur art. Si je devais faire un classement ce serait : 1 – Moët 1911, 2 – Dom Pérignon 1934 ex-aequo avec Salon 1948, 4 – Moët 1962, 5 – Moët Dry 1949, 6 – Grand Cramant Launois 1955, 7 – Veuve Clicquot 1929.

Les quatre premiers sont au sommet de la hiérarchie des champagnes. Les deux vignerons, Didier et Richard, ont été impressionnés par la beauté des bouteilles et cela les fait réfléchir sur le fait que le design actuel des bouteilles n’a plus la même élégance.

Le menu a été superbement adapté. L’huître et le caviar étaient idéaux pour les plus jeunes, la sole parfaite pour les plus vieux. Le service du Taillevent est exceptionnel. Nous avons été accompagnés tout au long du repas par un service des vins irréprochable. Pour faire des dîners aussi complexes, c’est Taillevent qui s’impose.

A la fin du repas, nous étions tous sous le coup de cet événement rare, où tous les champagnes ont donné ce que l’on pouvait espérer de meilleur. C’était le Salon 1948 qui m’avait poussé à réaliser son achat avec Tomo. J’ai encore en mémoire l’incroyable énergie de ce champagne exceptionnel, qui restera à jamais gravée dans ma mémoire.

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L’énigme de ma bouteille de Moët 1911, c’est la Marianne qui est imprimée directement sur la cape

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Two family meals with interesting wines dimanche, 6 mars 2016

We had just left my son some days ago in Miami and he is back in France for his monthly visit to our family company downstream steel industries. He arrived this morning. He sent me a whatsapp to ask me if I want that he buys things for dinner. We’ll both be alone since my wife is in the south. I have not read the message but I went to the Kabyle grocer take a shredded smoked ham and camembert and a baguette at the bakery. My son made a single purchase, « negro heads », which is an institution in our family has always peppered since the ban of the title as « tête de nègre » is not politically correct. I open a Champagne Philipponnat Clos des Goisses 2000. What strikes me is the serenity of this champagne. It looks like a decathlon champion, gifted athlete in the ten disciplines. It is comfortable and bright enough, not a typical character that would be too assertive. This is a great champagne, consistent, and that does not need to show its muscles to be loved. It can also be a Champagne for thirst.

We talk about everything and nothing, champagne listens to us and is rapidly dried as after the passage of wildebeest on the Serengeti high plateaus. Nothing would go with the chocolate meringue, but we will not be swayed by obstacles. I open a Champagne Dom Perignon 1996 Œnothèque disgorged in 2008. The color of the bottle is beautiful, with tones of alcoves. The scent of champagne is incredibly intense and the wine is bright as a sword. There is even in her finery strength metal armor. It is large and would arouse our applause if it was not a Dom Perignon. And in this judgment I can accept that it is I and I alone who has this reaction. Because with an imperial flavor and a samurai vivacity, what more. I am perhaps the only who regrets that there are more courteous romance which makes Dom Perignon for me. But this does not spoil our fun. This is a huge champagne, in a different way than an original disgorging of Dom Perignon that I like.

A nice little bottle of Yellow Chartreuse of the 20ies maybe, certainly before the war, is almost dry. I say we make him a spell. The liquid fat, thick, the fragrance is sweet and peppery. Undeniably there has been evaporation but the message has still sufficient herbs suggested. The story of the monks, the memory of Umberto Eco, all jostling in our brains and our language, the thickness of the liquor whose licorice is striking has something religious.

The next day, it’s a real surprise. Dom Perignon, remained in the refrigerator door with its cork, now delivers a much quieter perfume, and has abandoned the warrior side of yesterday. And taste, deliciously romantic is the most beautiful expression of what I like of Dom Perignon. It transcends the 1996 Dom Perignon I love. It would seem that it must be thoroughly aerated to regain the infinite romantic grace of Dom Perignon. My desire of finding again the romanticism was fulfilled. Thank you to Dom Perignon for sending me this sign.

 

Sunday we have lunch with my family, my son, my youngest daughter and her two children. For an appetizer, there will be a sausage with chicken curious to taste, the Andouille sausage and rillettes. I chose a Champagne Perrier-Jouët Belle Époque Rosé 1979. The bottle is very pretty and very pronounced pink enhances transparency by large white flowers of the Belle Époque design. The cork resists me. I give the bottle to my son who does not manage to open it. With a nutcracker what had to happen happens, upper cork shears and remains lower cap in the neck. I can prick the corkscrew and I note down the poor quality cap because few pieces fall into the wine, and there are not the slightest pressure and any pschitt. It’s funny, because champagne has its bubble and everything sparkling. The color of an intense pink is very beautiful; the nose is mild and pleasant in the mouth and the lively contrast with the absence of pressure at the opening. Let’s face it, it’s a beautiful rosé. It is bright and, supreme quality for a rosé, it is champagne. I often accuse rosés of not being champagne any more. This is the beautiful and personality. Only rillettes made with it as sausages and chitterlings are too strong for the delicate brew.

On the red label chicken with mashed potatoes, I opened a little before lunch Chapelle-Chambertin Domaine Ponsot 1999. It is a wine that I hardly know. What impresses me is its youth. It looks like a wine of the year, as it has the greenness. It almost sounds like a young wine of Loire. It has a nice bitterness and it is hard enough. It has not roundness and charm of the wines of Gevrey-Chambertin. It has lots of character and great accuracy. It is a noble wine. It just lacks a spark of fun. But we’ll see tonight if additional ventilation makes it more urban.

On diced mango, champagne shows brilliant. Perrier-Jouët has made a very great rosé in 1979.

Déjeuner de famille avec un beau Perrier Jouët dimanche, 6 mars 2016

Déjeuner du dimanche en famille avec mon fils de passage, ma fille cadette et ses deux enfants. Pour l’apéritif, il y aura des saucissons dont un de poulet au goût assez curieux, de l’andouille et une rillette. J’ai choisi un Champagne Perrier-Jouët Belle Epoque rosé 1979. La bouteille est très jolie et le rose très prononcé met en valeur par transparence les grosses fleurs blanches du motif Belle Epoque. Le bouchon me résiste. Je donne la bouteille à mon fils qui n’arrive pas non plus à l’ouvrir. Avec un casse-noix ce qui devait arriver arrive, le haut du bouchon se cisaille et il reste le bas du bouchon dans le goulot. J’arrive à piquer le tirebouchon et je relève le bas du bouchon de piètre qualité puisque quelques morceaux tombent dans le vin, et il n’y pas la moindre pression et le moindre pschitt. C’est curieux, car le champagne a toute sa bulle et tout son pétillant. La couleur d’un rose intense est très belle, le nez est doux et agréable et en bouche la vivacité contraste avec l’absence de pression à l’ouverture. Disons-le tout net, c’est un magnifique rosé. Il est vif, et qualité suprême pour un rosé, il est champagne. Je reproche souvent à des rosés de n’être plus champagne. Celui-ci l’est et de belle personnalité. Seule la rillette compose avec lui car les saucissons et l’andouille sont trop forts pour ce breuvage délicat.

Sur le poulet label rouge à l’écrasé de pomme de terre, j’ai ouvert peu avant le repas un Chapelle-Chambertin domaine Ponsot 1999. C’est un vin que je ne connais quasiment pas. Ce qui m’impressionne, c’est sa jeunesse. On dirait un vin de l’année, tant il a de la verdeur. On dirait presque un vin jeune de Loire. Il a une belle amertume et il est assez dur. Il n’a pas du tout la rondeur et le charme des vins de Gevrey-Chambertin. Il a beaucoup de caractère et une grande précision. C’est un vin noble. Il lui manque juste une étincelle de plaisir. Mais nous verrons ce soir si une aération supplémentaire le rend plus urbain.

Sur des dés de mangue, le champagne se montre brillant. Perrier-Jouët a fait en 1979 un très grand rosé.

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accord couleur sur couleur que j’adore !

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Dîner avec mon fils et la résurrection d’un Oenothèque vendredi, 4 mars 2016

Nous venions à peine de nous quitter que revoici mon fils, en France pour sa visite mensuelle dans notre société familiale en aval de la sidérurgie. Il est arrivé ce matin. Il m’a envoyé un whatsapp pour me demander si je souhaite qu’il achète des choses pour le dîner. Nous serons tous deux seuls puisque ma femme est dans le sud. Je n’ai pas lu son message mais je passe chez l’épicière kabyle prendre une chiffonnade de jambon fumé et un camembert puis chez la boulangère une baguette. Mon fils a fait un seul achat, des têtes de nègres, ce qui est une institution dans notre famille depuis toujours, pimentée depuis l’interdiction de l’intitulé alors que pet-de-nonne, à ma connaissance, est toujours d’actualité. J’ouvre un Champagne Philipponnat Clos des Goisses 2000. Ce qui me frappe, c’est la sérénité de ce champagne. On dirait un champion de décathlon, athlète doué dans les dix disciplines. Il est bien, confortable et suffisamment vif, sans une typicité qui serait trop affirmée. C’est un grand champagne, cohérent, et qui n’a pas besoin de rouler des mécaniques pour qu’on l’aime. Il sait aussi être de soif.

Nous discutons de tout et de rien, le champagne nous écoute et il rend l’âme comme après le passage des gnous sur les hauts plateaux du Serengeti. Rien n’irait avec la meringue chocolatée, mais nous n’allons pas nous laisser influencer par les obstacles. J’ouvre un Champagne Dom Pérignon Œnothèque 1996 dégorgé en 2008. La couleur de la bouteille est belle, avec des tons d’alcôves. Le parfum du champagne est incroyablement intense et le vin est vif comme un sabre. Il y a même dans sa parure la force métallique d’une armure. Il est grand et susciterait nos applaudissements si ce n’était pas un Dom Pérignon. Et dans ce jugement je veux bien admettre que c’est moi et moi seul qui ai cette réaction. Car avec un parfum impérial et une vivacité de samouraï, que demander de plus. Je suis peut-être le seul à regretter qu’il n’y ait plus le romantisme courtois de ce qui fait pour moi Dom Pérignon. Mais ne boudons pas notre plaisir. C’est un immense champagne, dans une voie différente des Dom Pérignon de dégorgements d’origine que j’affectionne.

Une jolie petite bouteille de Chartreuse jaune des années 20 peut-être, certainement d’avant-guerre, est quasiment à sec. Je propose qu’on lui fasse un sort. Le liquide est gras, épais, le parfum est doux et poivré. Indéniablement il y a eu de l’évaporation mais le message d’herbes est toujours suffisamment suggéré. L’histoire des moines, la mémoire d’Umberto Eco, tout se bouscule dans nos cerveaux et sur nos langues, l’épaisseur de la liqueur où la réglisse est marquante a quelque chose de religieux.

Le lendemain, c’est une vraie surprise. Le Dom Pérignon, resté dans la porte du réfrigérateur avec son bouchon, délivre maintenant un parfum beaucoup plus calme, sans le côté guerrier de la veille. Et le goût, délicieusement romantique est la plus belle expression de ce que j’aime dans Dom Pérignon. Il transcende le 1996 de Dom Pérignon que j’adore. Il semblerait donc qu’il faut abondamment aérer les Œnothèques pour qu’ils retrouvent la grâce infinie et romantique de Dom Pérignon. Mon désir de retrouvailles a été exaucé. Merci à Dom Pérignon de m’avoir envoyé ce signe.

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pâtisserie sphérique composée de deux hémisphères de meringue collés par une mousse au chocolat; le tout saupoudré de pastilles de chocolat et de sucre glace : bref, tête de nègre.

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02 Montrachet DRC, 99 Roumier Musigny, 72 Vogüé Musigny, 82 Dom Pé P3 in restaurant Pages jeudi, 3 mars 2016

The wife of Tomo is in Japan. My wife is in the south. Tomo wonders if we have dinner together tomorrow. What does he bring? He tells me Musigny Roumier 1999. I answer Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2002, a Musigny Comte de Vogue 1978. This proposal forces Tomo to respond indicating that he will add a Dom Perignon P3 1982. Four bottles for two, that’s a lot . Come what may. Tomo suggests to me the restaurant Pages. I phone the restaurant. Tomorrow night is full, but they will make sure, if we are only two, to welcome us.

Tomo delivers his bottles in the morning. I show up at 17:30 to open the wines. Tomo prefers an opening in advance for the Musigny rather than at the last moment. When opening, the cork of Montrachet of Romanée Conti has impressive quality and elasticity. The nose of the wine is superb and promises a thousand wonders. The cork of Musigny Roumier is of superb quality as well. The nose is a little more discreet but elegant. I want to open the Vogue Musigny and Tomo arrives at the restaurant. We look at the label very bumpy and it appears that it is a Musigny 1972. The top of the cork under the capsule has black dust that do not smell the earth as happens to the wines of Domaine de la Romanée Conti. The cork is black, comes in one piece but left some debris that I fish with a suitable utensil. The nose is uninviting, but I feel it will improve.

It’s 18:15 we are here, why not toast? Tomo opens the Champagne Dom Perignon P3 1982. The scent of champagne is extremely lively. It is intense, marking of rare nobility. In the mouth the wine is crisp, punchy, and I feel that the dosage liqueur weighs heavily on the wine. It is not too dosé, it is the dosage that is too heavy. This is a great champagne, but it is far from both what Dom Pérignon and what the 1982 Dom Perignon should be. It is therefore an exercise in style that takes us away from the story of Dom Perignon. Having in mind the grace of Dom Perignon 1982 original disgorgement, I have to say that this wine is not for me Dom Perignon. This is a great champagne whose perfume is dazzling, but in wishing to be too consensual, misses the ineffable grace of Dom Pérignon 1982. Of course, we enjoy it.

 

The menu that is offered is: blown bread and cream citron / ceviche pollack / sea potato chips / barnacle / beef Ozaki carpaccio / Saint-Jacques de Morlaix, roots, black truffles from Vaucluse / white asparagus southwest, squid / green asparagus / turbot, kale and Brussels sprouts / pig Xintoa red wine sauce / beef Simmental 60 days, Galicia 100 days Ozaki beef on iron and Bincho. On the menu that I copy the caviar that wraps in a crepe is missing.

 

Dom Pérignon is clearly at ease on the first dishes, but as soon as one brings on the Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2002, clocks stop. The fragrance of this wine is intense and fresh. It has not the strength of Montrachet. In the mouth, it is a miracle that will stand. There are flowers, roses and fresh fruit, an incredible freshness that contrasts with what one expects from a Montrachet, and stunning presence. The wine leaves an indelible mark on the palate. It is no longer counting caudalies because the track is eternal. We look with Tomo and it is he who shoots first. He said : « this is definitely the biggest montrachet I drank and this is probably the greatest white wine in my life ». And he goes even further, saying this is perhaps the greatest wine, all categories.

I am fascinated by the aftertaste of this wine which takes possession of the palate and never left him. And a Montrachet, it has not the power but the romantic and floral grace, which combined with the indelible mark makes it an extraordinary wine. I drank twenty vintages of Montrachet of Romanee Conti and I would willingly say that it is the greatest of all. It is extraordinary, fresh, floral character but also of infinite intensity. I pour a glass for Teshi chief, his wife and the whole kitchen team and their mines lengthen as they are overwhelmed by the perfection of this wine.

The Musigny Domaine Georges Roumier 1999 has a little difficulty to go after this alien wine. His nose is large and deep. The mouth is a bit vague after montrachet but just wait because it will gradually spread its greatness. It is high on green asparagus, large on turbot, and obviously on meats that are its natural territory. The more time passes, the nobility and richness of this wine are affirmed. This is perhaps not the most moving of Musigny, but this is a great wine.

After this festival how will behave the Comte de Vogue Musigny 1972. Imprecise nose by opening is now more civilized. And as in the fairy tales, this is the red wine sauce that will make this wine a little miracle. I let chief Teshi try the wine sauce with the Musigny and the combination is phenomenal. The further we move into the meat more Musigny 1972 will assemble, giving a more orthodox message Musigny than the Roumier, and when I poured in my glass the dregs of 1972, I had the chance to smell a fragrance rose of an incredible charm. Of course the Vogue has not the presence of Roumier wine, but it showed qualities that never by opening I would have imagined . At two tables where I was known I carried glasses of 1972, which were appreciated by connoisseurs.

Tomo and I agree on the ranking of wines: 1 – Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2002 2 – Musigny Domaine Georges Roumier 1999 3 – Domaine Comte de Vogue Musigny 1972 4 – Champagne Dom Perignon 1982 P3.

We realized that in its blini, the caviar, which normally would go with Dom Perignon, but we were at low tide, is divine with Montrachet. We saw that the truffle does not excite the Montrachet which is capable of flirting with both asparagus, green and white and with red meats. This is a fine wine whose power suits dishes.

The Musigny Roumier shone with turbot but also with meats and de Vogue is found on the intense meat and wine sauce which transcended it.

Restaurant Pages cuisine is still as bright. Green and white asparagus are crisp and make friends with wines. The most successful dish is that caviar wrapped in her small pancake. The meat is divine. And what makes you love Pages is the friendly atmosphere, open. We feel like in family.

We chose heavy testimonies of French wine. We have been blessed more than we wanted. The Montrachet is a spectacular illumination with which we touch Heaven.

Montrachet DRC 2002 et Musigny Roumier 1999 au restaurant Pages jeudi, 3 mars 2016

L’épouse de Tomo est au Japon. Mon épouse est dans le sud. Tomo me demande si nous dinons ensemble demain. Que veut-il apporter ? Il me dit Musigny Roumier 1999. Je réponds Montrachet domaine de la Romanée Conti 2002 et un Musigny Comte de Vogüé 1978. Cette proposition force Tomo à réagir qui indique qu’il ajoutera un Dom Pérignon P3 1982. Quatre bouteilles pour deux, cela fait beaucoup. Vogue la galère. Tomo me suggère le restaurant Pages. Je téléphone au restaurant. Demain soir est complet, mais on fera en sorte, si nous ne sommes que deux, de nous accueillir.

Tomo livre ses bouteilles le matin. Je me présente à 17h30 pour ouvrir les vins. Tomo préfère une ouverture à l’avance de son Musigny plutôt qu’une ouverture au dernier moment. A l’ouverture le bouchon du Montrachet de la Romanée Conti est impressionnant de qualité et d’élasticité. Le nez du vin est superbe et promet mille merveilles. Le bouchon du Musigny Roumier est d’une qualité superbe aussi. Le nez est un peu plus discret mais racé. Je veux ouvrir le Musigny de Vogüé et Tomo arrive au restaurant. Nous regardons l’étiquette très abîmée et il apparaît que c’est un Musigny 1972. Le haut du bouchon sous la capsule a des poussières noires qui ne sentent pas la terre comme cela arrive pour les vins du domaine de la Romanée Conti. Le bouchon est noir, vient d’une pièce mais laisse quelques débris que je pêche avec un ustensile adapté. Le nez est peu engageant, mais je sens qu’il s’améliorera.

Il est 18h15, nous sommes là, pourquoi ne pas trinquer ? Tomo ouvre le Champagne Dom Pérignon P3 1982. Le parfum du champagne est d’une vivacité extrême. Il est intense, marquant, d’une rare noblesse. En bouche, le vin est vif, percutant, et j’ai l’impression que la liqueur de dosage plombe le vin. Il n’est pas trop dosé, c’est le dosage qui est trop appuyé. Il s’agit d’un grand champagne, mais on est très loin à la fois de ce qu’est Dom Pérignon et de ce qu’est le 1982 de Dom Pérignon. C’est donc un exercice de style qui nous éloigne de l’histoire de Dom Pérignon. Ayant en tête la grâce du Dom Pérignon 1982 au dégorgement d’origine, je suis obligé de dire que ce vin n’est pas pour moi Dom Pérignon. C’est un grand champagne dont le parfum est éblouissant, mais qui, en voulant être trop consensuel, passe à côté de la grâce ineffable du Dom Pérignon 1982. Bien sûr, on s’en régale.

Le menu qui nous est proposé est : pain soufflé et crème de cédrat / céviche au lieu jaune / chips de pommes de mer / pousse-pied / bœuf Ozaki en carpaccio / Saint-Jacques de Morlaix, racines, truffes noires de Vaucluse / asperges blanches du sud-ouest, encornet / asperges vertes / turbot, choux frisés et choux de Bruxelles / cochon Xintoa sauce vin rouge / Bœuf Simmental 60 jours, Galice 100 jours, bœuf Ozaki sur fonte et sur Bincho. Sur le menu que je recopie, on aoublié le caviar qui s’enroule dans une crèpe.

Le Dom Pérignon est manifestement à l’aise sur les premiers plats, mais dès qu’on fait entrer en scène le Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2002, les pendules s’arrêtent. Le parfum de ce vin est intense et frais. Il n’a pas du tout la force de celui d’un montrachet. En bouche, c’est un miracle qui s’accomplit. Il y a des fleurs, des fruits roses et frais, une fraîcheur invraisemblable qui contraste avec ce que l’on attend d’un montrachet, et une présence étonnante. Le vin laisse une trace indélébile en bouche. Il ne s’agit plus de compter les caudalies, car la trace est éternelle. Nous nous regardons avec Tomo et c’est lui qui tire le premier. Il dit : c’est certainement le plus grand montrachet que j’ai bu et c’est probablement le plus grand vin blanc de ma vie. Et il va même plus loin en disant : c’est peut-être le plus grand vin, toutes catégories confondues.

Je suis fasciné par la persistance aromatique de ce vin qui prend possession du palais et ne le quitte plus. Et pour un montrachet, il n’a pas la puissance mais la grâce romantique et florale, qui combinée à cette trace indélébile en fait un vin hors du commun. J’ai bu vingt millésimes du Montrachet de la Romanée Conti et je dirais bien volontiers que c’est le plus grand de tous. Il est extraordinaire, de fraîcheur, de caractère floral, mais aussi d’intensité infinie. Je le fais goûter au chef Teshi, à son épouse et à toute l’équipe de cuisine et leurs mines s’allongent tant ils sont subjugués par la perfection de ce vin.

Le Musigny Domaine Georges Roumier 1999 a un peu de mal à passer après ce vin extra-terrestre. Son nez est grand et profond. La bouche fait un peu imprécise après le montrachet mais il suffit d’attendre car progressivement il va étaler sa grandeur. Il est grand sur les asperges vertes, grand sur le turbot, et évidemment sur les viandes qui sont son territoire naturel. Plus le temps passe, plus la noblesse et la richesse de ce vin s’affirment. Ce n’est peut-être pas le plus émouvant des Musigny, mais c’est un grand vin.

Après ce festival comment va se comporter le Musigny Comte de Vogüé 1972. Le nez imprécis à l’ouverture se montre plus civilisé. Et comme dans les contes de fées, c’est la sauce au vin rouge qui va faire de ce vin un petit miracle. J’ai fait essayer au chef Teshi la sauce au vin avec ce Musigny et l’accord est phénoménal. Plus nous avancerons dans les viandes plus le Musigny 1972 s’assemblera, donnant un message de Musigny plus orthodoxe que celui du Roumier, et lorsque j’ai versé dans mon verre la lie du 1972, j’ai eu la chance de sentir un parfum de rose d’un charme inouï. Bien sûr le vin de Vogüé n’a pas la prestance du vin de Roumier, mais il a montré des qualités que jamais à l’ouverture je n’aurais imaginées. A deux tables où j’étais connu j’ai porté un verre de ce 1972 qui fut apprécié par des connaisseurs.

Tomo et moi sommes d’accord sur le classement des vins : 1 – Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2002, 2 – Musigny Domaine Georges Roumier 1999, 3 – Musigny Domaine Comte de Vogüé 1972, 4 – Champagne Dom Pérignon P3 1982.

Nous nous sommes aperçus que le caviar dans son blini, qui normalement irait avec le Dom Pérignon, mais nous étions à marée basse, est divin avec le Montrachet. Nous avons vu que la truffe n’excite pas le montrachet qui est capable de flirter aussi bien avec les asperges qu’avec les viandes rouges. C’est un vin gastronomique dont la puissance s’adapte aux plats.

Le Musigny Roumier a brillé avec le turbot mais aussi avec les viandes et le de Vogüé s’est trouvé sur les viandes intenses et sur la sauce au vin qui l’a transcendé.

La cuisine du restaurant Pages est toujours aussi brillante. Les asperges vertes et blanches sont croquantes et se montrent amies des vins. Le plat le plus abouti c’est le caviar qu’on enroule dans sa petite crêpe. Les viandes sont divines. Et ce qui fait qu’on adore Pages, c’est cette atmosphère amicale, ouverte. On se sent comme en famille.

Nous avions choisi de lourds témoignages du vin français. Nous avons été comblés plus que nous le souhaitions. Le Montrachet est une illumination spectaculaire qui fait que l’on touche le paradis.

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dans le menu, le caviar a été oublié !

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Miami – derniers repas vendredi, 26 février 2016

Nous retournons au restaurant Seaspice que nous avions beaucoup aimé. Nous déjeunons avec un américain spécialiste de l’immobilier qui s’intéresse aux projets de ma fille. Le restaurant est clairsemé car des ouvriers poncent les terrasses en bois et entretiennent le lieu. Heureusement nous ne souffrirons d’aucun bruit.

Je choisis des pinces de tourteau délicieuses facturées à un tarif à peu près dix fois plus élevé que celui du poissonnier voisin où nous irons prendre des crevettes pour le dîner de ce soir. Pendant notre repas de beaux bateaux ont accosté, le Dom Pérignon rosé au frais les attendant. Normal, on est à Miami.

Le soir donc, dîner crevettes chez mon fils qui ouvre un Champagne Reflets d’Antan Bérêche & Fils sans année dégorgé en octobre 2012. Il est franc, agréable, ouvert et serein. Il est un peu dosé et doucereux, mais il se boit avec beaucoup de plaisir. C’est sa franchise que j’aime. Les crevettes à peine cuites lui vont bien.

Un Klein Constantia Afrique du Sud 1997 est joliment typé avec des notes de café qui s’animent lorsque l’on croque du chocolat.

Le dernier soir de notre séjour, nous allons dîner au restaurant Zuma restaurant japonais de cuisine contemporaine. C’est l’endroit à la mode, « the place to be », et si l’on vient en Rolls, en Ferrari ou en Aston Martin, le voiturier la garera bien en vue. Pour nous, il faudra plus de dix minutes en fin de repas pour que le voiturier aille la chercher – pardon, l’un des voituriers – au fin fond de l’échelle sociale.

Devant l’immeuble gigantesque, installé le long de la rivière qui est la même que celle de Seaspice, un bateau de 59 mètres peut être loué à la journée. Son réservoir de 98.000 litres doit permettre de faire un petit tour dans la baie de Miami.

Nous allons au 16ème étage où il y a une piscine et plusieurs bars pour regarder les immeubles illuminés. On est à peine au tiers de la hauteur de l’immeuble mais d’ici, le grand bateau fait tout petit.

Nous entrons dans le restaurant bondé et incroyablement bruyant. Les américains aiment le bruit poussé ici à l’extrême. La nourriture est vraiment bonne variée et copieuse. Nous avons demandé une multitude de plats que nous avons partagés en picorant, légumes, tempura, gigantesques gambas, poissons et goûteux desserts et sorbets. Pour cette cuisine variée, j’ai choisi le Champagne Laurent Perrier Grand Siècle que j’ai renouvelé tant il est bon. Ce champagne extrêmement féminin est romantique. Un régal. Ça fait plaisir qu’un champagne non millésimé et très certainement sans long passage dans la cave du restaurant ait une telle présence. On se réjouit quand on boit ce champagne de plaisir raffiné.

Miami bouge, Miami est vivant. Ici la réussite n’est pas une tare. Bien sûr il y a aussi de la misère et de la pauvreté que nous ne voyons pas. Mais ne boudons pas le plaisir de voir une ville propre et entretenue où la réussite fait partie du paysage. Demain, c’est le retour en France.

autour du Seaspice

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dîner chez mon fils

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l’arrivée devant l’immeuble du Zuma, c’est ça

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et côté rivière, c’est ça

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le bar et la piscine au 16è étage

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de cet étage, l’immense bateau paraît petit

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les alentours

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la lune au dessus de la tour de l’hôtel Biltmore met un point final à notre séjour

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Dali, basket, Wynwood mercredi, 24 février 2016

Sur la route de retour de Tampa, nous nous arrêtons au musée Dali de Saint-Pétersbourg. Dali me fascine par une imagination débridée appuyée sur une technique sans faille. Une exposition sur les rapports entre Salvador Dali et Walt Disney est du plus grand intérêt.

A Miami, nous allons assister à un match de basket entre l’équipe Miami Heat et l’équipe Indiana, dans le stade American Airlines Arena. Il ne faut pas demander au public et aux animateurs d’être objectifs, car la musique, les cris sont systématiquement en faveur de l’équipe de Miami et les paniers réussis par Indiana sont sifflés. J’ai toujours du mal lorsque j’entends l’hymne américain chanté a capella par des chanteurs ou chanteuses aux voix forcées, mais je respecte le choix des américains. Nous avions pris des pommes et de l’eau pour nous restaurer pendant le match. A l’entrée on nous a fait tout manger ou boire ou jeter avant le match car on ne peut consommer dans le stade que ce que l’on a acheté sur place, commerce oblige. Les coursives regorgent de boutiques qui sont les plus grands propagateurs de l’obésité. Miami a gagné un match passionnant entrecoupé sans cesse de pauses publicitaires. Le bruit est assourdissant. Ce cadeau de mon fils et l’immersion dans une foule bigarrée nous ont fait plaisir.

Le lendemain nous retournons nous promener dans Wynwood, ce quartier d’entrepôts qui depuis sept ans a été complètement transformé grâce à des artistes du Street Art. La profusion des styles est absolument passionnante. Nous avons déjeuné au Wynwood Kitchen & Bar d’une très agréable cuisine. L’accueil qui a des archives longues nous indique que nous y étions déjà venus en 2011, en pleine éclosion de ce quartier vivant et passionnant.

Après un déjeuner agréable nous prenons un café au Panther Coffee qui jouit d’un succès incroyable. Il faut attendre pour avoir une table sous les arbres. Deux allemands assis sur leur voiture chantent du jazz. Ils voudraient vendre leur voiture pour retourner à Berlin. Un policier lui en propose 300 dollars ce qui est trop peu. Ils rigolent, un agent fait mine de menotter l’un des chanteurs. Je lui demande de menotter ma femme, ce qu’il fait de bon cœur pour la photo.

Le dîner est chez mon fils qui ouvre un Champagne Dom Pérignon 2005 frais agréable et de belle structure, vif et claquant ce qui nous ravit. Il est plus vif et vibrant que le 2003 bu récemment.

Miami bouge, s’anime de façon positive. On rêverait que la France ait cette vitalité.

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la belle architecture du Dali Museum

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ma fille prise dans les moustaches de Dali

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mes dauphins et moi

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tous les trois nous faisons un selfie miroir

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un vol de pélicans

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Basket au American Airlines Arena

lorsque le stade est encore vide, des jeunes occupent l’espace

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présentation des équipes

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l’hymne national est chanté par la jeune femme en noir. derrière elle des vétérans qui ont été honorés

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Miami Heat, ça fait de la chaleur !

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le DJ anime avec une sono à fond

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le match et des danses pendant les dans les coupures publicitaires

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Wynwood, c’est ça :

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déjeuner au Wynwood Kitchen & Bar

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café au Panther Coffee

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au secours, ma femme est menottée !

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je préfère l’un des deux motifs. lequel ?

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dîner chez mon fils

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dinner in Bern’s Steak House with 1907, 1913, 1916, 1920 wines lundi, 22 février 2016

I am fascinated by the work of Bern Laxer who founded Bern’s Steak House in Tampa. He has accumulated wines to the point that the wine cellar represented up to two million bottles. Since his death the cellar is today « only » six hundred thousand bottles. He is a man who trusted the old wines to the point that there is still some Bordeaux from 19th century in the cellar.

When I came the first time, a sympathy happened immediately with Brad Dixon, head sommelier, who handles sales of wines for more than ten million dollars for the only activity of the wines served at the restaurant table .

Brad having understood my passion for old wines had said, « if you had come there twenty years ago, you would have tasted treasures » because due to the reputation of the restaurant, all the great years such as 1900, 1928, 1929 have been decimated. And there are only few very old wines whose conservation is increasingly uncertain, wine levels in the bottles have fallen and colors being increasingly tiled. Brad said he hardly sells more of these relics which are in the cellar for more a symbol than to be enjoyed.

Nevertheless, of the two meals I have experienced in Bern’s, I chose wines over a hundred years and I have had only good surprises. Although with Brad, we chose the most beautiful.

Tonight I’m having dinner with my son and my youngest daughter, my wife took the view that do ten hours’ drive, five to go and five return for a steak, not to drink wine, is not for her a real attraction. My son had received by mail the list of wines from Bern’s, which has 174 pages and about thirty lines per page. I selected 19 wines from the younger 1961 to 1888 with 13 wines having hundred years or more. I submitted for approval to Brad. Brad told me that he had watched the 19 wines and five could hold my attention, others being with uncertain color.

We arrive at 4 pm in the restaurant and we are welcomed by Brad who receives us with a pleasant smile. The five wines await my verdict. There are Bel Air Marquis d’Aligre 1961, Pontet Canet 1916, Léoville Poyferré 1901, Haut-Bailly 1913 and 1926 La Gaffelière Naudes. Colors except one are engaging, but the levels of all the bottles are low. You really have to be passionate to tackle these bottles. I told Brad I’ll open the bottles in order of age, oldest first. I will open three and a fourth if there is a problem. Brad left me in the hands of Chris, who keeps and arranges the cellar. I open the wines in the cellar where it is very cold and Chris illuminates the work surface because the cellar is very dark.

I want to open the 1901 Léoville Poyferré. The label is handwritten and when touching the capsule I see it very clearly marked « Château Latour 1920 ». The capsule is a rare beauty and by its age, it is clear that the wine is a Latour 1920 and it is a labeling error at Bern’s. I had in mind drinking wine over a hundred years, so Chris gets me the other Léoville Poyferré 1901. There are five and none found favor in my eyes. So I will keep Latour 1920.

The first bottle I open is that of Haut-Bailly 1913. The cork resistant, comes in pieces. The smell is very interesting because there is a pretty good red fruit. But there is a hint of acidity which I hope will disappear. The fruit looks pretty.

I then open the Pontet-Canet 1916 for having a bottle of just a hundred years, when the Verdun centenary is celebrated where my grandfather was seriously wounded, is a strong symbol. The cork comes to shreds because there is an incredible bulge inside the neck which means that the cork is torn and crumbles when pulled on. The scent of the wine is less fruity and less appreciated by my daughter but I believe in it because I feel it will blossom nicely. You should know that these are very fragile wines.

I finally open the Château Latour 1920 whose cork is incredibly dry and breaks because it sticks to the neck. Perfume is also quiet but perhaps a bit more square. The three fragrances seem possible and do not require that I open a fourth bottle. If there is a nasty surprise in the service, I ask that Chris keeps the Château La Gaffelière Naudes 1926 I think I can open even if at the last moment, because Saint-Emilion is particularly strong in those years, 1928 and 1929 have always been strong when I drank them.

My daughter is frozen and quickly leaves the cellar. We go out. My son will ride a bike, on loan from the hotel, in the beautiful residential areas of the old Tampa, my daughter will swim in the hotel pool and on my side I write this account about opening wines with the hope that they illuminate our evening despite the enormous risks of wines so old and with quite low levels.

If Brad sells less wines of this age, there is also another reason. If they are open at the last moment in the restaurant room, there is already the problem of time spent to open them, then, to see the inconvenience of corks’ parts making mess all around and finally the fact that the wines do not have time to recover by slow oxygenation, so crucial for their return to life.

Drinking wines whose average age is 98 years, with two of my children, it will, I hope, a unique pleasure.

When we go to the restaurant at 7:30 pm, time of our reservation, we are at least thirty to wait in the lobby a waiter who comes to drive us to the table. I go to Frank Russo the restaurant manager to say hello and he remembers me. It is he who leads us to our table, and Paul, our server, will take care of us. On the table, the three bottles were just being laid and the three saucers containing the torn and shredded corks.

This is Brad himself who advises us the choice of menu. For me it will be snails which, in the United States, cannot be served in their shells, then a piece of beef called Demonico, my son and I take for 16 ounces, which is unreasonable, with a gratin potatoes.

Brad says he thinks the labeling error Léoville-POYFERRE 1901 was made in the 60s by Christie’s when the bottles were bought by Bern’s. And he said, « this wine has been recorded in our books in 1960 as Léoville-POYFERRE 1901. I’m a bargain you selling it and you make a big deal since you drink a Latour 1920 at the price of my inventory » . The moon, full on that day, although inspired me.

Brad asks me if I want to make by myself the service of wines. He knows the answer: I take charge and I will offer to Brad to drink a glass of wine each.

The perception of wine before we did eat a dish is very different from what we have when the meal begins. At this stage the 1913 Château Haut-Bailly has a nice fruity nose, a lovely delicate attack, in the fruit, but a final a little bitter, which limits the pleasure.

The 1916 Château Pontet-Canet has a quieter nose, the wine shows great balance but still a great emotion and Château Latour 1920 is noble, seated, barely sugary, high personable. It is the color of Pontet-Canet which is the most brick-red, barely, and the most beautiful is that of Haut-Bailly.

When we eat the panorama changes and it will vary slowly throughout the meal. When we eat, the weakness I found in the final of the Haut-Bailly disappears and the wine grows, romantic and delightfully feminine. It is he who has the most charm. The three wines are growing in contact with food.

Pontet-Canet shows solid, but as it is square and the Latour is more than him, adding to the nobility, the ranking which was: 1920, 1916, 1913 becomes 1920, 1913, 1916. What most strikes me is that the three wines become great wines, pleasant to drink, with nice subtleties. Haut-Bailly is ‘charm’, the Pontet-Canet is ‘structure’ and Latour is ‘nobility’. And the three I like and I wonder how it is possible that these three wines are as good at such ages and as their levels were between mid and low shoulder, Haut-Bailly being the lowest. I think the secret is the examination of their color under a flood lamp, which allows to see the wines that have retained their vitality.

Snails are delicious, the meat is tasty and typical, with about 60 days of maturation, the potatoes are eaten with relish, so all is well even if it is impossible to eat it all. I prefer for cooking Japanese Wagyu there to grilling, but the meat is good.

The more time passes, the more refined delicacy of Haut-Bailly is expanding, even if Latour is very large. I pour bottles of funds into new glasses to better enjoy. The review of the lees is always revealing. The lees demonstrate the extreme vitality of the three wines. I prefer the dregs of the Haut-Bailly, that of Latour is softer and therefore less vibrant.

Brad that allowed me to all three dinners to choose the bottles in the cellar, for three dinners where all wines which shown life, and more than alive, refined. Brad said, « it would seem to prove that your method of opening is good. » I think the examination of colors counts for a lot. Latour 1920 is the largest of the three wines because its material is more noble, but it is ultimately the Haut-Bailly 1913 that will have the bonus of originality and charm that wins the prize in our hearts.

Brad gave us a tour of the premises, large rooms, and impressive kitchens. This place is a hive, all staff from all functions being 200 employees, serving 1,100 customers tonight. He tells us all inventions of this visionary Bern Laxer, who practiced vertical integration by creating farms for cows that give superb meats that ripen in cold rooms, building insulation itself from its cellars, manufacturing all kitchen utensils, coffee roasters and machines make roasted onion rings.

The passage in the cellar, he made us taste a Blandy Madeira Bual 1907 delightfully delicious and intense. A delight. Launched Brad tells a lot of stories about wine and he gives me a half bottle of Châteauneuf-du-Pape Pierre Ponnelle 1961 I hasten to drink to his health.

Bern Laxer created an extraordinary restaurant, thought to detail in innovative precursor. With his creative genius, we could drink tonight three historic wines before, middle and after the Great War. It was a memorable meal.