Le premier Salon des Vins Matures mercredi, 9 décembre 2015

Hervé Bizeul entreprenant vigneron du Roussillon, du Clos des Fées, a convaincu une douzaine de vignerons de créer un « salon des vins matures » où seraient présentés des vins à boire et non pas des promesses de vins. Lorsqu’il m’a exposé ce projet, je ne pouvais qu’adhérer, tant je souffre de voir que les vins sont bus quand ils ne sont que des ébauches, loin des soleils qu’il pourraient nous offrir.

La première réunion a lieu dans un beau salon de l’hôtel Bristol, celui-là même où j’ai lancé il y a 26 ans l’introduction en Bourse de l’entreprise que je dirigeais. L’espace est confortable et les vignerons ont du temps pour présenter leurs merveilles. Je n’ai pas pris de notes car le plaisir de bavarder avec les vignerons tout en goûtant primait sur l’étude stricte.

Le Château la Nerthe Châteauneuf-du-Pape 2004 est dans un moment de grâce et brille par son équilibre, plus que le Château la Nerthe Châteauneuf-du-Pape Cuvée des Cadettes 2004 qui promet mais nécessite encore quelques années avant d’atteindre son épanouissement.

L’Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné 1998 est déjà superbe et justifie pleinement l’initiative d’Hervé Bizeul : nous buvons de vrais vins. Les vins de Marlène Soria sont de petits bijoux de précision, le Clos de Cistes Domaine Peyre Rose Languedoc 1996 est une merveille de fluidité.

Les vins de Marcel Deiss, présentés par Jean-Michel Deiss et son épouse sont ciselés, l’ Altenberg de Bergheim Marcel Deiss 2001 est généreux.

Le Chinon Clos du Chêne Vert Charles Joguet 1998 est d’une fluidité et d’une gourmandise assez exceptionnelles.

Le Clos des Fées domaine du Clos des Fées 2005 profite bien de ses dix ans qui arrondissent les angles et donnent de la joie de vivre à ce vin.

Le Maury Domaine Pla del Fount 1939 est un bonbon fondant dans la bouche, avec une fraîcheur inégalable.

Par un heureux hasard, le domaine de Saint-Géry de Cahors faisait goûter ses cochonnailles et ses foies gras délicieux, ce qui poussait à aller se faire servir du vin qui convenait aux belles saveurs qui nous nourrissaient.

J’ai pu discuter avec Jean-Michel Deiss, Eric de Saint-Victor, Alain Vauthier, Caroline Frey, Jean Guyon, Laurence Brumont, et bien d’autres. Pour beaucoup de domaines, les vins de ces millésimes ont déjà été largement vendus. Garder des vins sur de longues périodes pour qu’on les consomme quand ils sont buvables est un vrai problème. Mais ce salon des vins mature montre l’écart fondamental qui existe entre une promesse de vin et un vrai vin.

Il est impératif qu’un tel salon fasse tache d’huile. Pour l’instant, la démonstration est faite de l’intérêt de cet événement. Longue vie au « salon des vins matures ».

Départ de Philippe Bourguignon du restaurant Laurent mardi, 8 décembre 2015

Son sourire est si jeune que l’on ressent comme une absurdité d’évoquer son départ à la retraite. Or ce sera le cas au 1/1/2016. Ses immenses qualités seront à juste titre louées. Il me suffira de dire qu’il n’existe aucun autre restaurant où je me trouve aussi bien, comme en famille, qu’au restaurant Laurent. J’y ai fait de nombreux repas familiaux, fêté des anniversaires dans les beaux salons du premier étage, fait de nombreux repas professionnels, participé aux dîners de l’académie du vin de France, organisé des dîners de grands vins et des dîners de vignerons. Avec Philippe, il n’existe aucun problème qui n’ait sa solution. Tout se passe sans heurt et dans la bonne humeur, avec efficacité.

Edmond Ehrlich avait une autorité de fer qui se sentait. Philippe Bourguignon met tout le monde à l’aise en toute circonstance. Au fil du temps, malgré la réserve que lui impose sa fonction, une complicité est née.

Philippe aura marqué l’histoire du Laurent et il n’est pas mauvais de resituer ce qu’a été le Laurent depuis la création en 1842 du Café du Cirque. Voici ce que j’ai trouvé :

Le restaurant Laurent à Paris

Le restaurant a été construit sur l’emplacement d’un bâtiment plus ancien, pavillon de chasse de Louis XIV ou guinguette de la Révolution. Lors de récents travaux, on a retrouvé dans la partie Est du Laurent les restes d’un mur en colombage et torchis qui démontrent l’existence d’une construction antérieure à 1842, date à laquelle l’architecte Jacques-Ignace Hittorff a construit la partie centrale et rectangulaire de l’édifice actuel.

Jacques-Ignace Hittorff, d’origine allemande, est né en 1792 à Cologne. Il sera l’élève de Charles Percier, architecte de Napoléon 1er et promoteur du style Empire. Tout ce qui est grec, égyptien et romain passionne Hittorff. Il part étudier en Sicile et sera le premier à démontrer que les temples grecs étaient polychromes. En 1840, Louis-Philippe lui demande un projet pour la transformation de la place de la Concorde et la création d’une voie triomphale jusqu’à l’Etoile. « C’est à Hittorff que revient le soin de faire de ce vaste espace encore agreste une sorte de parc d’attractions destiné aux amusements populaires et contenant d’un côté de nombreux restaurants en plein air, une rotonde de panorama et un cirque », écrivent Karl Heimer et Albert-Roulhac dans la revue « Bâtir » de 1970. Le cirque d’été sera construit par Hittorff en 1841 et démoli en 1899. Il en reste un grand bac à sable où jouent les enfants, à deux pas du Laurent. Le panorama sera construit en 1883, par Charles Garnier de l’Opéra, transformé en théâtre en rond en 1894 et deviendra en 1925, le théâtre Marigny.

En 1842, l’année où il est naturalisé français, Hittorff construit donc un café, le Café du Cirque. Partisan des techniques modernes, il élève un bâtiment en charpente métallique et en brique, tout en conservant ce qu’il peut de l’ancienne construction en bois et en torchis. Pilastres, colonnes, chapiteaux de style antique, habillent les façades et l’intérieur du bâtiment. Fidèle à la polychromie, Hittorff fait peindre le tout : « la peinture distribuée sur un monument en fait ressortir les formes et en valorise les détails », écrit-il.

Le Café du Cirque ouvre en 1842 sous la direction de Monsieur Guillemin. En 1845, Victor Bouton, dans son livre « La Table de Paris », raconte la promenade d’un friand à travers les rues de la capitale.

« Le Café du Cirque nous ouvrit sa table (…) Notre dîner fut beau (…) Nous manifestâmes à Monsieur Guillemin notre gratitude pour la tenue de sa maison et la beauté de son service (…) Pas d’utopie s’il vous plaît. Ici l’on mange ami, mais pour son argent ! ». Le moins qu’on puisse dire, c’est que, dès son ouverture, le futur Laurent n’était pas donné et que le bon peuple ne devait pas y venir tous les jours. L’endroit était plutôt réservé à la belle Caroline Otéro, vedette du cirque voisin et à ses nombreux admirateurs.

Devenu le Café de Guillemin, l’établissement est repris en 1845 par Monsieur Renaud, qui le cède en 1860 à un certain Monsieur Laurent. Pourquoi ce Laurent va-t-il laisser son nom à la postérité en le donnant pour toujours au restaurant qu’il dirige ? Mystère. Dix-neuf ans plus tard, Monsieur Besse reprend ce qui est donc pour toujours le restaurant Laurent et, en 1906, il le cède à Monsieur Cage. Celui-ci entreprend de rénover, d’embellir et d’agrandir le Laurent. C’est lui qui va lui donner son aspect actuel : deux ailes en demi-rotonde sont ajoutées aux extrémités du bâtiment de Hittorff. Construites en charpente métallique, elles sont entièrement vitrées.

L’entrée est couverte d’un auvent entouré de grilles et d’une haie de buisson. Le bâtiment restera dans cet état jusqu’en 1957.

Monsieur Forray succède à Monsieur Cage en 1913 et en 1926 Monsieur Sécheresse en prend la direction. En 1939, Laurent ferme pour dix ans. En 1949, Monsieur Bos reprend la concession de la ville de Paris, et rénove le bâtiment abandonné. Trois grandes portes vitrées agrandissent l’entrée sur le jardin, les petits salons du premier étage, si chers aux restaurants du XIXème siècle mais inadaptés à l’époque actuelle, disparaissent et font place à une grande salle. Des terrasses sont aménagées au-dessus des demi-rotondes du rez-de-chaussée. Pendant l’été, couvertes d’une toile qui en épouse la forme, elles donneront au Laurent un inimitable parfum de Côte d’Azur en plein Paris.

En 1976, Monsieur Edmond Ehrlich, nommé Directeur Général par le financier franco-britannique, Sir James Goldsmith, supervisera d’importants travaux. A l’occasion du nouveau millénaire, une fois encore le Laurent fait peau neuve : ravalement de la façade, décoration intérieure et nouvelle conception des cuisines. Monsieur Ehrlich assure la direction jusqu’à la fin 2001 et, début 2002, est remplacé par Monsieur Philippe Bourguignon, son adjoint depuis de nombreuses années. Le Chef, Alain Pégouret, élève de Joël Robuchon, met en valeur et avec beaucoup de talent des produits de grande qualité. Et le grand charme du Laurent, c’est bien évidemment son jardin-restaurant, caché derrière les haies, à côté de la fontaine de Hittorff. L’été venu, quand Paris redevient vivable pour quelques temps, déjeuner là et paresser l’après-midi sous les marronniers est un vrai bonheur. L’harmonie des hommes et des lieux concourt à faire de votre passage chez Laurent un moment privilégié.

(Source : annuaire-des-arts.fr)

Master Class « le Génie du Vin » au Grand Tasting samedi, 5 décembre 2015

Le deuxième jour, le Grand Tasting offre une dégustation en Master Class qui est le clou de ce grand salon.

La Master Class « le Génie du Vin » permet de goûter des vins sélectionnés par Michel Bettane et Thierry Desseauve qu’ils considèrent comme faisant partie de l’élite du vin français. D’habitude, il y a toujours un ou deux vins étrangers ajoutés, mais aujourd’hui, pour le 10ème anniversaire, la dégustation sera franco-française. Il s’agira de vins de 2005 sauf pour le premier et le dernier vin.

Le Champagne Dom Pérignon P2 rosé magnum 1995 est présenté par Richard Geoffroy. Il nous dit que 1995 est une grande année, moins médiatisée que 1990 et 1996. C’est une année de grands défis. Il ajoute que le grand problème de 1995, c’est 1996 qui est une année exceptionnelle qui lui fait de l’ombre. 1995 est plus cohérent, plus champagne. Il a fallu être très strict pour réussir cette année. La robe du vin est saumon clair. Le nez est minéral, un peu salin. Ce nez est noble et subtil. Le vin est extrêmement fin. Il pianote ses subtilités. Richard dit que le pinot noir est de très belle qualité. Il parle du jeu en tension de l’équilibre du noir et du blanc. Il y a 20% de pinot noir dans ce vin. Epices, poivre, sel, tout est en subtilité. Un peu comme avec les vins de la Romanée Conti, on est face à un vin de recueillement, qui délivre ses messages en autant d’énigmes. C’est un vin un peu ésotérique au profil réducteur. Je trouve le vin trop discret, assez austère.

Une anecdote me fait plaisir. Après cette discussion, les vignerons se sont regroupés dans une salle dite « des blogueurs » pour boire un champagne d’après-match, le Champagne Dom Pérignon P2 magnum 1995 que j’avais déjà bu et qui m’avait enthousiasmé. Celui-ci est du même moule. Je dis alors à Richard Geoffroy : « ton rosé, je dois t’avouer que je ne l’ai pas compris. Sa retenue est anormale ». Richard me répond : « j’ai eu la même impression. Je n’ai pas compris ce vin. Je crois avoir une piste que je vérifierai à mon retour ». Ça me fait plaisir à deux titres, que Richard ne cherche pas à défendre coûte que coûte un vin et aussi que nous ayons eu la même perception alors qu’à la table des orateurs, aucune remarque n’a été faite.

Le Riesling Clos Sainte Hune Domaine Trimbach 2005 est présenté par Jean Trimbach qui est de la 12ème génération de la famille et qui est fier que la 14ème génération se prépare à assurer la continuité historique. Cela a permis à Michel Bettane de faire l’inventaire des lignées familiales, Jean-Louis Chave ayant quelques générations de plus, Jean-Valmy Nicolas et Jean-Louis Trapet se situant plutôt dans les cinquièmes ou sixièmes générations. Le Clos Sainte-Hune a des sols de calcaires coquillés. La décennie 2005-2015 est bénie des dieux puisqu’il n’y a que deux années difficiles, 2006 et 2011 sur les onze, alors que sur la période 1972-1982 il n’y eut qu’un seul grand millésime, 1976.

Le nez est d’une pureté exceptionnelle. L’attaque est soyeuse, fluide et gourmande. Il a une belle acidité qui est la même que celle du 2015. Le finale n’est pas très long mais frais. Ce vin est fait de vieilles vignes, les plus anciennes étant de 1953, mais il y a encore plus vieux, avec des ceps d’âge inconnu. Le vin de 2005 est aérien, équilibré, précis, élégant. Un vin d’école parfait qui joue plus sur la finesse que sur la tension. Il a du poivre gris.

Le Montrachet Bouchard Père & Fils 2005 est présenté par Michel Bettane en l’absence de Frédéric Wéber. Le nez est glorieux et explosif. Il a une énorme minéralité. Les raisins ont été cueillis à la maturité optimale, c’est-à-dire selon Michel, à 85% de la maturité des grains. Le nez est parfait et l’attaque est éblouissante. On est face à la pureté cristalline absolue. Ce vin de finesse et de subtilité est extraordinaire. Il donne l’idée de ce que peut être l’élégance du montrachet. Michel fait remarquer le lien que l’on peut faire entre le champagne, le riesling et ce vin qui ont tous les trois la finesse, l’élégance et la capacité à rester jeune en vieillissant. Le nez du montrachet est plus explosif que la bouche. Ce vin est hors norme.

Le Château La Conseillante Pomerol 2005 est présenté par Jean-Valmy Nicolas. L’année 2005 est iconique pour ce château, pas seulement parce que c’est l’année de naissance du fils de Jean-Valmy, qui est venu écouter son père. Jean-Valmy, comme Jean Trimbach évoque la succession de grands millésimes : 2000, 2001 qui est en fait plus grand que 2000 surmédiatisé, 2005, 2009 et 2010. Le vin a une très belle robe un peu foncée. Le nez est d’une grande pureté. Je n’attendais pas le nez à ce niveau. Il y a classiquement dans le parfum de la violette puis de la truffe qui signent La Conseillante. Le 2005 a 100% de fûts neufs, mais aujourd’hui on ne ferait plus ça. La bouche est très confortable. Il y a de la salinité et un côté vineux. C’est un beau vin avec une belle amertume qui ne demande qu’à vieillir. Le finale a une belle amertume. C’est un vin qui manque peut-être un peu de joie de vivre mais il est très noble et va gagner beaucoup en vieillissant. Son nez de truffe est glorieux.

Le Château Mouton-Rothschild Pauillac 2005 est présenté par Philippe Dhalluin qui est entré au château en 2004 et a fait ce vin d’un grand millésime. Il y a eu cette année-là une différence climatique sensible entre la rive gauche et la rive droite. En Pauillac l’année fut très sèche avec moitié moins de précipitations qu’en moyenne. Le nez est incroyablement puissant et riche et annonce un grain lourd. Quelques hectares sur les 80 du domaine ont des vignes de plus de cent ans qui ont suscité des vendanges précoces, ce qui a donné de la fraîcheur et une richesse des grains. Il y a un peu d’acidité, l’attaque est plus riche que le milieu de bouche, plus en retrait. Mouton est très souvent toasté et dans le passé on accentuait ce caractère ce que Philippe a essayé de modifier. Le nez est magique. L’attaque offre un beau cassis. Il y a une belle complexité mais c’est un vin à attendre car il est encore un peu fermé. Dans vingt ans, il sera magique.

Le Chambertin Domaine Trapet Père & Fils 2005 est présenté par Jean Louis Trapet dont la gentillesse et l’humilité sont légendaires. Il commence son intervention par cette phrase : « la Bourgogne est une terre de silence où l’homme tient parole ». Il dit qu’il n’y a pas de grand vin sans grands raisins. En 2005 il y en a eu. Le nez est d’une rare subtilité. Le charme du parfum est extrême. Tout en bouche respire la grâce. Le vin est délicat, raffiné, suggestif. Comme celui qui l’a fait, le vin ne veut rien affirmer. Le finale se développe après quelques minutes et le fond réglissé, selon Michel, est caractéristique du chambertin. Je sens un peu de salinité. Ce vin a une personnalité qui est celle de Jean-Louis. Michel Bettane dit que l’on sent la peau du raisin et le goût du marc. La couleur rose est à peine brunie et ne changera pas dans le temps. Par curiosité je retourne vers le Mouton et ce passage se fait bien. Mouton s’est arrondi et exsude la truffe. Le vin de Pauillac est fort comme un noble guerrier. En revenant au chambertin on sait que l’on est face à la grâce absolue.

L’Hermitage domaine Jean-Louis Chave rouge 2005 est présenté par Jean Louis Chave. Il dit que l’année 2003 a été exceptionnelle pour les Hermitage de Chave, mais a été traumatisante pour la vigne, ce qui se ressent en 2005. Le nez est de grands fruits généreux et mûrs. En bouche, c’est la générosité absolue. Les raisins sont très mûrs, le vin est presque fumé, torréfié, café, mais sans perdre de cohérence. Jean-Louis dit que le 2005 n’est pas encore épuré. Il faudra du temps pour être dans l’âme du granite. Il deviendra plus épuré et précis avec le temps. C’est un vin qu’il faut attendre mais il est déjà très grand, riche, avec des raisins très mûrs. Dans dix ans le caractère floral ressortira alors que l’on est aujourd’hui sur un vin sauvage et authentique. Michel dit que les tannins des Chave sont très bourguignons.

Je reviens sur le chambertin qui est éblouissant.

Le Château d’Yquem Sauternes 1955 est présenté par Pierre Lurton toujours lyrique et plaisantin. La couleur du vin est de miel foncé. Le nez est sucré, de miel et de zeste confit. En bouche, c’est du miel. Il est magique. Il est beau, jeune, le sucre est superbement intégré. Les fruits jaunes sont gourmands. C’est un grand Yquem. Peut-être pas dans les millésimes mythiques, mais il a tous les attributs d’un vin exceptionnel dont surtout son immense fraîcheur. Le finale est tonitruant et d’une fraîcheur inimaginable. Sa sucrosité est intégrée. C’est un vin léger, voluptueux, fastueux, d’une séduction quasi érotique majeure.

Cela n’a pas de sens de classer ces huit vins mythiques car chacun exprime l’excellence absolue du vin français. On invite les vignerons à se retrouver dans le salon des blogueurs pour partager un Champagne Dom Pérignon P2 1995 brillantissime. Nous bavardons quelques minutes et comme Richard Geoffroy a son train à 15h30, nous décidons d’aller déjeuner tous les deux au bar de l’hôtel Meurice. Le restaurant gastronomique est fermé le samedi, la brasserie Dali a toutes ses tables occupées. Comme Richard préfère être dans cette belle salle plutôt que d’aller au bar, nous restons dans la salle, mais à une table jouxtant le bar, qui sera dressée sans nappe, comme au bar. Richard décide que nous déjeunerons à l’eau ce qui est une sage résolution qui tombe bien car les prix de la carte des vins sont dans la zone du camp numéro quatre de l’ascension de l’Everest.

Nous choisissons une poitrine de veau fondante, chou et panais au gingembre. Le plat est délicieux, bien conçu, aux saveurs coordonnées. Avec le gras du veau j’imagine qu’un champagne serait le plus adapté, à cause de la bulle et je ne sais pas pourquoi, l’idée qui traverse ma tête est un champagne de 1934, comme Pol Roger ou Dom Pérignon. Nous avons le temps de bavarder sur des sujets variés concernant le monde du vin. Richard prend le métro pour la Gare de l’Est et je retourne au Grand Tasting.

Au Grand Tasting il y a environ 350 vignerons qui sont présents. Je suis allé à de nombreux stands saluer des vignerons que je connais et goûter de-ci-delà quelques vins, toujours plaisants et généreusement offerts. Ce salon est incontournable. Il est à remarquer que sur trois Master Class nous aurons eu accès à un Champagne Veuve Clicquot Carte Jaune magnum base 1953, un Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils magnum 1955 et un Château d’Yquem Sauternes 1955. Ce n’est pas anodin de constater que ceux qui veulent faire plaisir au public du Grand Tasting apportent des vins de soixante ans. La reconnaissance du pouvoir de l’âge est une bonne chose. J’en suis ravi.

La participation du public a été incroyable, avec des queues interminables à toutes les heures d’ouverture. Vive le Grand Tasting.

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Jean Louis Chave, Philippe Dhalluin, Richard Geoffroy, Michel Bettane, Pierre Lurton, Jean Trimbach, Jean-Valmy Nicolas.  Jean-Louis Trapet ne figure pas sur la photo.

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Grand Tasting Master Class Prestige Bouchard Père & Fils vendredi, 4 décembre 2015

La Master Class suivante est de « prestige », elle concerne Bouchard Père & Fils. Elle est animée par Frédéric Wéber, maître de chais, qui a pris la suite de Philippe Roux depuis peu de temps. J’ai la chance d’être assis à ses côtés avec Michel Bettane qui a partagé comme moi certains des trésors de la cave de cette maison.

Le Corton Grand Cru Bouchard Père & Fils rouge magnum 1976 a une robe déjà ancienne. Le nez est lui aussi un peu ancien. La bouche est belle, d’amertume mesurée. Le finale a un fruit rouge très beau. Il a des notes de raisin sec, des épices et de la muscade. L’attaque est fraîche, c’est un vin terrien. Le finale est de plus en plus enthousiasmant.

Le Volnay Caillerets ancienne cuvée Carnot Bouchard Père & Fils magnum 1969 a une couleur plus claire. Le nez est puissant et l’on sent l’alcool sous-jacent. Le nez devient doucereux. La bouche est à la fois doucereuse et saline. Le finale est très racé. Il y a une belle amertume. C’est un vin gourmand, très racé et gastronomique.

Le Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 1961 a une couleur claire, à peine tuilée. Le nez est charmant. La bouche est étonnante car il y a un fruit rouge généreux. Il y a un peu de sel mais moins que dans le Volnay. Vin gourmand de folle jeunesse, il évoque le cuir, la violette et le velours.

Le Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils magnum 1955 a un nez éblouissant. En bouche, ce vin est un miracle. Il a un peu de miel, de caramel, il est finement toasté. C’est un vin très puissant, le plus corsé des vins de Bouchard. Il me ravit par son équilibre, car en lui, tout est coordonné.

Tellement impressionné par sa perfection et voyant que dans la salle tout le monde bavarde et bavarde, j’ai pris la parole, pour dire que chaque amateur rêve sans doute de boire un jour un vin blanc parfait. Or il se trouve que ce vin parfait, ce vin idéalisé dans l’imaginaire, nous l’avons devant nous et nous le goûtons. Alors, il faut le mémoriser, se recueillir et graver dans sa mémoire ce que peut-être l’émotion d’un vin parfait.

La maison Bouchard nous a fait un cadeau incroyable en apportant ce 1955 (mais aussi les trois autres vins) pour une centaine de personnes. Une fois de plus on a la démonstration que plus un vin de bonne origine gagne en âge plus ses qualités s’amplifient, se complexifient et se coordonnent pour arriver au vin parfait. J’espère que ce 1955 sublime restera dans les mémoires de ceux qui l’ont bu.

Après les Master Class, je suis allé rendre visite aux stands de vignerons que j’apprécie. J’ai pu constater à quel point les visiteurs du Grand Tasting sont des amateurs éclairés, jeunes et moins jeunes. Michel Bettane et Thierry Desseauve animent un salon de très haute qualité, avec des vignerons qui sont d’une extrême générosité. Le Veuve Clicquot Carte Jaune base 1953 et le Corton Charlemagne Bouchard 1955 justifieraient à eux seuls l’intérêt de ce salon.

Et ça continue demain !

Master Class « 25 ans de Carte Jaune en Magnum, surprise pour les 10 ans du Grand Tasting » vendredi, 4 décembre 2015

Addition payée au restaurant de l’hôtel Meurice, je repars vite au Grand Tasting pour assister à la Master Class « 25 ans de Carte Jaune en Magnum, surprise pour les 10 ans du Grand Tasting ». La présentation est faite par Dominique Demarville, chef de cave de Veuve Clicquot et Pierre Casenave, responsable développement et innovation de cette maison de champagne. J’ai l’honneur d’être à la table des présentateurs en même temps que Michel Bettane.

Le concept de Carte Jaune est apparu en 1874. Les vins très sucrés de la maison se présentaient toujours avec une étiquette blanche et une étiquette jaune a été créée pour différencier les vins secs. Dans l’esprit de ce vin d’assemblage de plusieurs années, la proportion est de 52 à 55% de pinot noir, de 18 à 20% de pinot meunier et le reste est en chardonnay. Ce qui est visé depuis 1874 c’est de proposer aux clients une constance de style, année après année, en jouant sur 5 à 8 années qui sont utilisées. La collection de vins de réserve est importante et le plus vieux vins de réserve est 1988, non totalement utilisé car ses propriétés sont remarquables.

Le Champagne Veuve Clicquot Carte Jaune magnum base 2009 est le vin qui se vend actuellement. Il comprend 56% de pinot noir, 18% de pinot meunier et 29% de chardonnay, ce qui, on en conviendra, est d’une arithmétique généreuse ! Il y a 36% de vins de réserve s’étalant sur les années 2008 jusqu’à 2000 et le reste, la base, est du 2009. Le dosage est fait à 10 g/litre. Le vin a été dégorgé en janvier 2015. Le nez est de noix, toasté. La bouche est fluide, avec un peu de noisettes. On sent le beurre, le toasté et un peu de fumé. L’amertume dans le finale est jolie. Ce champagne est gourmand.

Le Champagne Veuve Clicquot Carte Jaune magnum base 2004 comprend 52,5% de pinot noir, 19% de pinot meunier et 28,5% de chardonnay ce qui nous ramène à une arithmétique plus terrienne. Il y a 22% de vins de réserve, de 2003 à 1999. Le nez est magique. Il est large et joyeux. La bouche est fraîche. Il y a une belle fluidité en milieu de bouche. Le finale est un peu court. Le vin dégorgé en 2010 est d’une jeunesse folle et va gagner énormément avec le temps. Il a des fruits mûrs, des épices et des notes grillées.

Le Champagne Veuve Clicquot Carte Jaune magnum base 1995 comprend 55% de pinot noir, 16% de pinot meunier et 29% de chardonnay. Il y a 39% de vins de réserve s’étalant sur les années 1994 jusqu’à 1988. Il a été dégorgé en 2003. Le nez de ce vin est encore plus intense. Il est vineux, l’attaque est fraîche et le finale est d’une finesse rare. C’est un vin grandiose. Il y a les épices, le goût toasté, ce qui montre la constance du goût maison, et il est très tranchant ce qui fait qu’on ne sent pas le dosage.

Le Champagne Veuve Clicquot Carte Jaune magnum base 1990 comprend 57% de pinot noir, 13% de pinot meunier et 30% de chardonnay. Il y a 28% de vins de réserve s’étalant sur les années 1989 jusqu’à 1987. Il a été dégorgé en 2003. Le nez est follement toasté. L’attaque est fraîche encore une fois. Il y a du beurre, du toast et du fumé. Le finale est frais et noble, encore plus noble que l’attaque. C’est un vin de fraîcheur.

Dominique Demarville a voulu faire un cadeau pour les 10 ans du Grand Tasting et présente un vin mystère. La couleur est à peine plus dorée que les précédents mais le nez est incroyablement plus raffiné. Lui aussi a été dégorgé en 2003. Il y a des notes de citron, et une fraîcheur mentholée pour la première fois. Le style est boisé. On sent un peu de champignons, de belles épices, et c’est une bombe aromatique. Tout le monde se trompe d’année dans les réponses qui émanent de la salle ou de la table. Qui imaginerait que c’est un Champagne Veuve Clicquot Carte Jaune magnum base 1953 qui comprend 50% de pinot noir, 17% de pinot meunier et 33% de chardonnay ? Il y a 33% de vins de réserve. Ce vin est d’une grande jeunesse et d’une persistance aromatique extrême.

Quand on voit dans cette dégustation que chaque année plus ancienne est meilleure que les précédentes et quand on constate que la plus ancienne est de loin la plus spectaculaire, comment se fait-il qu’il n’y ait pas un appel pour que l’on boive les champagnes beaucoup plus tard. On sait que l’on en est dissuadé par des contraintes de stockage et des questions financières, mais quelle grande démonstration de l’apport inégalable de l’âge sur la valeur des grands champagnes.

Grand Tasting au Carrousel du Louvre débuts et déjeuner à l’hôtel Meurice vendredi, 4 décembre 2015

La séance de l’académie des vins anciens de fin d’année est traditionnellement placée la veille de l’ouverture du Grand Tasting, afin de permettre aux amateurs qui voudraient profiter des deux événements de le faire, même s’ils habitent en province.

C’est donc de bon matin, le lendemain de la 25ème séance de l’académie, que je me rends au Grand Tasting au Carrousel du Louvre. La générosité de Michel Bettane et Thierry Desseauve me permet de me rendre aux événements de mon choix. Une Master Class « le Génie du Champagne » offre de goûter des champagnes de plusieurs grandes maisons. Mais un déjeuner prévu de longue date ne me laisse que le temps de goûter deux des quatre présentés.

Le Champagne Louis Roederer Cuvée Cristal 2002 est l’assemblage de vins de 45 parcelles. Il a été dégorgé en 2008. Il a un nez de noix. En bouche on note la brioche, l’amande, et Jean-Baptiste Lecaillon, l’homme qui fait ce vin dit que l’on mâche la poudre de craie de la Champagne. Ce vin opulent est gratifiant.

Avant de m’éclipser, je goûte le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill 2004 qui contraste avec le précédent. Il a une vivacité extrême, vin qui fuse comme une balle de fusil alors que le Roederer est plus gentilhomme.

Je marche vite vers le restaurant gastronomique de l’Hôtel Meurice car j’ai rendez-vous avec un vigneron et son épouse à 12h30. Le cadre du restaurant est magique, avec des marbres blancs et gris de toute beauté et des peintures qui suggèrent les repas plaisants du 18ème siècle galant. Je suis reconnu par le maître d’hôtel, et comme mes SMS, Whatsapp et autres mails restent sans réponse, après 13 heures je décide de déjeuner seul, et à l’eau. Les prix à la carte sont dissuasifs aussi mon choix est-il le menu du déjeuner ainsi composé : huître, racine au gros sel / légumes et fruits / bar, fenouil, riquette / camembert / vacherin aux agrumes / fruits et sorbets / mignardises. Une fois la commande passée, un message me confirme que nous nous sommes mal compris sur le jour de notre rendez-vous.

La restauration étant gérée par Alain Ducasse, on retrouve son style, qui a tendance à surjouer. Par exemple, si on demande de l’eau à une charmante serveuse, elle retransmet au maître d’hôtel, qui retransmet au chef sommelier, qui retransmet à son adjoint. Je caricature bien sûr mais pendant ce repas à l’eau j’ai quémandé de l’eau au moins cinq fois avant d’en être servi. Il faut dire que selon une particularité que j’avais trouvée aussi au restaurant Paloma à Mougins, on pose sur table des verres à eau bariolés ou colorés qui font qu’aucun sommelier ne peut voir si le verre est plein ou vide. Ils ne sont pas les seuls restaurants dans ce cas. Alors, on passe son temps à faire des gestes pour que quelqu’un prenne conscience que l’on a envie d’être servi.

L’huître arrive quasiment tiède ce qui laisse l’impression que le plat a été stocké en attente dans un lieu trop chaud. Je le signale à la charmante serveuse qui me dit que c’est voulu. Je lui fais remarquer que si on me l’avait dit, mon appréhension du plat eût été toute autre. On me sert ensuite une autre préparation d’huître fraîche et bien iodée qui est un régal. L’attention est charmante.

Un deuxième amuse-bouche arrive dans une sorte de réchaud. Sur une clayette à mi-hauteur, entre des blocs compacts de sel d’Himalaya d’un joli rose, des légumes variés cuits à la vapeur sont disposés. On les prend avec une minuscule fourchette peu pratique et on peut les tremper dans un bol d’une délicieuse sauce. Ce plat me ravit car il est ingénieux. Quel dommage que les navets soient trop amers.

Vient ensuite une assiette de légumes qui sent fort bon. Je demande si l’on ne s’est pas trompé. Mais non, le premier service était un amuse-bouche et celui-ci est une entrée. Les légumes sont goûteux mais il y a ici ou là et dans la sauce une amertume qui vient parasiter le plat.

Le bar est délicieux, et la peau est croquante à souhait et je me réjouis, mais il y a dans les légumes une acidité et une amertume marquantes. Alors, est-ce un parti pris du chef d’imposer à chaque plat sa dose d’amertume et d’acidité. Si c’est le cas, là aussi, l’expliquer serait apprécié.

J’avais eu la chance de rencontrer il y a quelques mois le chef pâtissier de l’hôtel Meurice qui a un talent remarquable. M’étant signalé, il est venu me saluer et a ajouté un dessert supplémentaire. Les deux desserts subtils et gourmands, aux saveurs claires m’ont ravi.

Il est certain que lorsqu’on est seul à table, sans personne à qui parler, on remarque des détails qui passeraient inaperçus en temps normal. Dans un cadre aussi prestigieux, le service gagnerait à être moins pompeux et plus efficace. Pour la cuisine je ne me prononce pas, car j’aimerais savoir si ces amertumes sont voulues.

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pour la dégustation, la maison Roederer avait apporté ses propres verres ! Chapeau

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à l’hôtel Meurice, ma table, proche d’une fenêtre était inondée de soleil, ce qui fait des ombres sur les photos

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25ème séance de l’académie des vins anciens au restaurant Macéo jeudi, 3 décembre 2015

La 25ème séance de l’académie des vins anciens se tient au restaurant Macéo. Nous serons quarante académiciens et il y aura 57 vins apportés par les membres. Nous serons répartis en trois tables, chacune goûtant de 18 à 20 vins.

Dès 15h30 je suis à pied d’œuvre au restaurant pour ouvrir les vins . Ils ont été rangés dans ma cave après la séance de photos et classés dans six caisses. J’ai apporté par ailleurs huit paniers de 16 verres, soit 128 verres Riedel pour compléter l’apport du restaurant et avoir suffisamment de verres sur table. Au moment où j’ai fini de déballer les vins et de les ranger sur le comptoir du bar dans leur ordre de service, un ami, qui m’avait prévenu, arrive pour m’aider, mais aussi pour soutenir le moral du travailleur. Il sort de son sac, devinez quoi, un Champagne Dom Pérignon 1959. Voilà de quoi décupler mon énergie.

La bouteille de niveau bas est à peu près à moitié pleine, le bouchon sort facilement et sent bon. La couleur du vin est sans défaut. Le nez est avenant et le vin commence par être amer. Marc Williamson, le propriétaire du restaurant à qui je fais goûter le vin, n’est pas très convaincu. Mais le vin s’aère, s’étend, et devient splendide. Quel bonheur de goûter ce champagne à la fois doux et vif, velouté et profond, à la forte trace aromatique. Il y a des fruits un peu compotés et charmants.

Un autre ami nous rejoint assez vite et lui aussi a apporté le réconfort du soldat. C’est un Vin de Savoie Abymes Domaine de Termont probablement de 1968 car la bouteille correspond à celle qui fut utilisée pour les Jeux Olympiques de 1968. Il est assez difficile pour ce vin d’apparaître après le si joli Dom Pérignon. Le vin est buvable mais assez plat. C’est plus une évocation de vin de Savoie qu’un vrai plaisir.

Quelques bouteilles n’avaient pas été livrées et arrivent au dernier moment, ce qui ne devrait pas se produire. Elles sont ouvertes. Au cours de ces opérations de débouchage il y a classiquement des bouchons qui se brisent en mille morceaux et quelques uns qui plongent dans le liquide au moment où le tirebouchon veut se piquer. Il faut alors carafer le vin et enlever le bouchon pour que le vin reprenne sa place dans la bouteille.

L’apéritif se prend debout. Une bouteille de Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997 n’a plus de bulle et le vin est passé. Deux autres sont superbes, leur vin agréable et fluide se buvant comme un vin de soif. Le Champagne François Giraux Brut sans Année est un peu plus dosé, plus carré. C’est un champagne sans histoire. A l’inverse, le Champagne Palmer & Cie Blanc de Blancs 1985 est d’un vivacité extrême. C’est un champagne qui exprime la joie de vivre, de belle facture.

Nous passons à table. La mienne est la table 1. Les vins sont listés ici, y compris les champagnes d’apéritif.

Groupe 1 : Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997, Champagne Legras et Haas Exigence n° 8 Grand Cru Vieilles Vignes base 2009, Champagne Dom Pérignon 1966, domaine de la Trappe de Staouëli Grande Réserve vin fin rosé Alger 1957, Côtes du Jura Fruitière Vinicole de Voiteur 1959, Frédéric Lung blanc Algérie 1947, Château La Mission Haut-Brion 1936, Château Ducru Beaucaillou 1934, Château Léoville Poyferré 1929, Morgon Namun de Marcy 1961, Bogeda Lagarde Cabernet Sauvignon Reserve , Mendoza Argentine 1974, F. Lung Frédéric Lung rouge Alger 1942, Vin d’Inde York Shiraz 2012, Vin d’Inde Grover Vineyard cabernet Shiraz 2011, Cérons 1919, Chateau du Breuil Coteaux du Layon 1953, Sauternes 1931, Maury Grenache Fruitière Vinicole de Maury 1960 #, Maurydoré Paule de Volontat magnum 1948.

Groupe 2 : Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997, Champagne Legras et Haas Chouilly Grand Cru Blanc de Blancs ss A, Champagne Palmer & Cie Blanc de Blancs 1985, Muscadet Sèvre et Maine Marcel Sautejeau 1961, Château Carbonnieux blanc Léognan 1961, Y d’Yquem Graves blanc 1966, Château Du Breuil Haut Médoc 1967, Château Moulin De Biguey St Emilion 1961, Château Pichon Longueville Baron 1/2 bt 1956, Château Pichon Longueville Baron 1/2 bt 1956, Château La Louvière 1ères Graves Léognan Daniel Sanders 1937, Château Pichon Longueville Baron 1985, Châteauneuf-du-Pape Léonce Amouroux Neg. 1969, Châteauneuf du Pape Armand Girardin 1953, Châteauneuf-du-Pape Château Fortia Tête de Cru 1985, Château Vannières Bandol 1985, Château Mayne Bert Haut Barsac 1939, Château Suduiraut 1924, Maurydoré Paule de Volontat magnum 1948.

Groupe 3 : Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997, Champagne François Giraux Brut ss A, Champagne Pol Roger Chardonnay 1996, Muscadet Sèvre et Maine Marcel Sautejeau 1961, Batard-Montrachet Alexis Lichine Neg. 1969, Château Lynch Bages 1948, Château Lynch Bages 1978, Château Léoville Poyferré 1966, Château Léoville Las Cases 1922, Château Figeac 1967, Château Pichon Longueville Baron 1985, Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1955, Domaine des Justices Bordeaux Supérieur René Médeville 1950, Monthélie 1er cru Roger Rossignol 1965, Clos vougeot Club français du Vin à Bordeaux année supposée 1949, Fleurie Albert Bichot 1949, Vouvray Moelleux Domaine Allias 1970, Château Climens 1973, Massandra 1945, Maurydoré Paule de Volontat magnum 1948.

Le menu composé par le chef du Macéo est : tartare de Saint-Jacques / déclinaison de carottes et gingembre / pavé de bar nacré à l’ail doux / bœuf du Bourbonnais confit au jus, mousseline de pommes de terre et sauce Périgueux / fromages apportés par des membres / millefeuille au chocolat tendre / clémentines caramélisées en vacherin.

Devant m’occuper de l’organisation de cet événement et faire honneur à mes convives de table, je n’ai pris aucune note. Les impressions seront donc sommaires. Ces écrits essaieront de retracer mes émotions.

Le Champagne Legras et Haas Exigence n° 8 Grand Cru Vieilles Vignes base 2009 est fait de huit millésimes différents. Il a un nez étonnamment puissant. Il est rond, solide et très convaincant.

Le Champagne Dom Pérignon 1966 est un bonheur. Celui qui l’a apporté savait que j’adore ce champagne, l’un des plus expressifs et émouvants des Dom Pérignon. Il y a dans ce 1966 toute la noblesse de Dom Pérignon, avec un beau fruit, une belle empreinte, une jolie amertume et une grande persistance. Je suis aux anges.

Le Domaine de la Trappe de Staouëli Grande Réserve vin fin rosé Alger 1957 est appelé rosé à cause de sa couleur ambrée mais ce pourrait être un vin blanc car rien n’est indiqué sur l’étiquette. Nous sommes sans repère devant ce goût un peu torréfié, riche en alcool, un peu muscaté et doucereux, qui étonnamment se marie bien avec les dés de Saint-Jacques crues.

Le Côtes du Jura Fruitière Vinicole de Voiteur 1959 est glorieux. C’est un vin fantastique du fait de sa complexité et de la vigueur de sa vibration. Là aussi je suis aux anges.

Un ami m’avait demandé de le joindre, ce que j’ai fait, pour qu’il soit confronté au Frédéric Lung blanc Algérie 1947 d’une belle couleur claire. Le nez est imprégnant, le vin est carré, solide, indestructible. C’est un vin gratifiant qui est en dehors des repères habituels des blancs. La juxtaposition des deux vins algériens et du vin du Jura est un enchantement, du fait de leurs différences extrêmes. Il convient de signaler que deux académiciens, connaissant mon amour pour les vins d’Algérie des années quarante, se sont cotisés pour acheter ce vin, pour qu’il soit bu à l’académie. Quelle gentillesse !

J’avais annoncé que le Château La Mission Haut-Brion 1936 avait une odeur désagréable à l’ouverture et que son retour à la vie était improbable. Et je suis surpris qu’il ait amorcé un tel retour à la vie. Il est loin d’être parfait, mais loin de ce que j’avais imaginé. S’il n’y avait pas autant de vins, on se serait intéressé à lui, car un retour complet à la vie n’était plus exclu, mais la suite ne peut pas attendre.

Le Château Ducru Beaucaillou 1934 a une imprécision et une déviance qui limitent le plaisir alors qu’il a quasiment tout pour faire un grand vin. Il souffre d’un mauvais assemblage de ses saveurs.

Le Château Léoville Poyferré 1929 est une merveille absolue. Ce vin a atteint une forme de perfection. Ce qui me fascine, c’est son grain. La mâche de ce vin me ravit. De petites pointes de fruits noirs et de truffes sont exquises, mais c’est l’équilibre parfait du vin charnu qui emporte les suffrages.

Le Morgon Namun de Marcy 1961 venant après le 1929, je n’ai pas gardé de souvenir de ce vin.

Le Bogeda Lagarde Cabernet Sauvignon Reserve , Mendoza Argentine 1974 est une rareté. Comme pour le vin de la Trappe, nous n’avons pas de repère. Le vin est carré, peu expansif et peu vibrant, mais il est un beau témoignage d’une vinification sérieuse, sans excès. C’est un vin qui se boit avec plaisir. On aimerait que les vins argentins actuels aient cette pureté et cette intelligence.

On ne pourrait pas me faire plus de plaisir que d’apporter des vins comme ce F. Lung Frédéric Lung rouge Alger 1942. Il a de fortes traces de café qui sont la marque de fabrique de ces vins des côtes de Mascara. Le vin est fort, puissant, à l’alcool sensible, et dégage une sérénité que j’adore. Il est assez sec. Notre table est gâtée.

A notre table, une femme indienne que j’avais rencontrée à l’ambassade de l’Inde à Paris s’était inscrite pour l’académie. N’ayant aucun vin ancien elle m’a proposé deux vins indiens jeunes. On est complètement en dehors des critères de l’académie, mais j’ai accepté que les académiciens puissent découvrir ces vins.

Le Vin d’Inde York Shiraz 2012, et le Vin d’Inde Grover Vineyard cabernet Shiraz 2011 sont tellement hors du radar de l’académie que je ne leur ai pas porté l’attention que j’aurais dû, d’autant que j’étais abreuvé de vins des autres tables. Ces vins droits méritent de vieillir.

Le Cérons 1919 est pour moi un vin symbolique de l’académie. Aucun nom de domaine ne figure sur l’étiquette, la bouteille est splendide, au niveau superbe et à la couleur magiquement belle. Là où on attendrait d’un Cérons qu’il soit un peu frêle et plat, on se trompe, car la vigueur de ce Cérons si doux est surprenante. Le vin est vibrant, joyeux, séducteur, un régal. Anonymat et millésime mythique, c’est ce qu’on aime trouver à l’académie.

Comme pour le Mission 1936, j’avais annoncé la mort du Château du Breuil Coteaux du Layon 1953, surtout du fait de sa couleur passée. Mes prévisions sont déjouées, car ce vin, sans être flamboyant, a une belle rondeur et une sucrosité mesurée.

Comme le Cérons 1919 d’un académicien, le Sauternes 1931 de ma cave n’a aucune indication d’origine. Il est une divine surprise, car il a la grâce et la légèreté d’un sauternes bien fait. C’est un régal.

Un ami a ajouté à la liste des vins un Maury Grenache Fruitière Vinicole de Maury 1960 #
la datation se supposant grâce au graphisme de l’étiquette. C’est un beau Maury, avec de jolies évocations de pruneaux, mais il va y avoir mieux.

Le Maurydoré Paule de Volontat magnum 1948 est superbe. J’ai vu le tonneau dont il est tiré. Il y a des pruneaux et des cerises au kirsch et tout est suggéré et assemblé de la plus délicate façon. Ce vin est velours, terriblement gourmand.

Au fil du repas, des verres sont venus jusqu’à moi avec cette invite : « goûte-moi ça ! ». Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour les analyser et mes impressions sont au lance-pierre de la dégustation.

Le Muscadet Sèvre et Maine Marcel Sautejeau 1961 est bien fluide et équilibré, beau vin sans signe d’âge.

Le Château Carbonnieux blanc Léognan 1961 est au sommet de sa gloire, un vin éblouissant.

L’Y d’Yquem Graves blanc 1966 a un soupçon de botrytis qui fait que l’on pense à Yquem en le goûtant, vin de belle mâche et de plaisir.

Le Château Du Breuil Haut Médoc 1967 est une belle surprise, vin inattendu à ce niveau.

Le Château La Louvière 1ères Graves Léognan Daniel Sanders 1937 est lui aussi une belle surprise. Tant d’équilibre et d’accomplissement est rare.

Le Château Léoville Poyferré 1966 est un bon vin, bien plein, mais se situe en dessous du 1929 qui m’a tant plu. On m’a dit qu’à sa table, certains l’ont préféré au 1929. Je maintiens ma position.

Le Fleurie Albert Bichot 1949 a le charme et la grâce des grands beaujolais de cette décennie. La sérénité de ce vin est fascinante.

Le Massandra 1945 est agréable, mais un peu trop modéré, car j’attendais un peu plus de coffre de ce vin.

Il convient de remarquer que la cuisine du Macéo a fait des prouesses ce soir. Le poisson et la viande ont été des plats très réussis. Le service est toujours attentionné et habitué aux exigences de ce type de dîner à plus de cinquante vins.

De ce que j’ai bu ce soir, je retiendrais, mais ce n’est pas limitatif, Le Léoville Poyferré 1929
exceptionnel, le Côtes du Jura 1959, le Dom Pérignon 1966, le Dom Pérignon 1959, Le Lung rouge 1942 et le Lung blanc 1947.

Au titre des curiosités, je retiendrais le vin de la Trappe 1957, le Cérons 1919 et le sauternes 1931.

Il y a eu tant de surprises et de bons vins que l’on pourrait classer cette 25ème séance de l’académie parmi les toutes premières, mais c’est surtout l’ambiance festive, les joies et les échanges entre personnalités de tous horizons et la générosité générale, qui ont fait de cette académie un moment de bonheur au souvenir impérissable et pour tous les participants une occasion unique de pouvoir accéder à des vins chargés d’histoire. Il est à noter qu’en 25 réunions, plus de 1.100 vins anciens ont été partagés. Cette réunion est un encouragement à poursuivre dans cette voie.

les vins dans ma cave, pour former les groupes

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Champagne Dom Pérignon 1959 (on voit le niveau bas)

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Vin de Savoie Abymes Domaine de Termont # 1968

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VINS DU GROUPE 1

Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997

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Champagne Legras et Haas Exigence n° 8 Grand Cru Vieilles Vignes base 2009

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Champagne Dom Pérignon 1966

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Domaine de la Trappe de Staouëli Grande Réserve vin fin rosé Alger 1957

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Côtes du Jura Fruitière Vinicole de Voiteur 1959

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Frédéric Lung blanc Algérie 1947

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Château La Mission Haut-Brion 1936

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Château Ducru Beaucaillou 1934

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Château Léoville Poyferré 1929

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Morgon Namun de Marcy 1961

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Bogeda Lagarde Cabernet Sauvignon Reserve , Mendoza Argentine 1974

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F. Lung Frédéric Lung rouge Alger 1942

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Vin d’Inde York Shiraz 2012

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Vin d’Inde Grover Vineyard cabernet Shiraz 2011

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Cérons 1919

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Château du Breuil Coteaux du Layon 1953

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Sauternes 1931

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Maury Grenache Fruitière Vinicole de Maury 1960 #

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Maurydoré Paule de Volontat magnum 1948

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les vins du groupe 1

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VINS DU GROUPE 2

Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997

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Champagne Legras et Haas Chouilly Grand Cru Blanc de Blancs ss A

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Champagne Palmer & Cie Blanc de Blancs 1985

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Muscadet Sèvre et Maine Marcel Sautejeau 1961

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Château Carbonnieux blanc Léognan 1961

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Y d’Yquem Graves blanc 1966

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Château Du Breuil Haut Medoc 1967

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Château Moulin De Biguey St Emilion 1961

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Château Pichon Longueville Baron 1/2 bt 1956 / Château Pichon Longueville Baron 1/2 bt 1956

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Château La Louvière 1ères Graves Léognan Daniel Sanders 1937

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Château Pichon Longueville Baron 1985

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Chateauneuf-du-Pape Léonce Amouroux Neg. 1969

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Châteauneuf du Pape Armand Girardin 1953

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Chateauneuf-du-Pape Château Fortia Tête de Cru 1985

Château Vannières Bandol 1985

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Château Mayne Bert Haut Barsac 1939

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Château Suduiraut 1924

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Maurydoré Paule de Volontat magnum 1948

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les vins du groupe 2

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VINS DU GROUPE 3

Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997

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Champagne François Giraux Brut ss A

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Champagne Pol Roger Chardonnay 1996

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Muscadet Sèvre et Maine Marcel Sautejeau 1961

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Batard-Montrachet Alexis Lichine Neg. 1969

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Château Lynch Bages 1948

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Château Lynch Bages 1978

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Château Léoville Poyferré 1966

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Château Léoville Las Cases 1922

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Château Figeac 1967

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Château Pichon Longueville Baron 1985

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Château Pichon Longueville Baron 1955

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Domaine des Justices Bx Supérieur René Médeville 1950

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Monthelie 1er cru Roger Rossignol 1965

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Clos Vougeot Club français du Vin à Bordeaux année supposée 1949

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Fleurie Albert Bichot 1949

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Vouvray Moelleux Domaine Allias 1970

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Château Climens 1973

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Massandra 1945

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Maurydoré Paule de Volontat magnum 1948

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les vins du groupe 3

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j’apporte les vins au restaurant. Voici les papiers d’emballage !

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les vins sont disposés sur le bar du 1er étage par groupe et dans l’ordre pour réaliser les ouvertures

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mes outils, en double pour partager

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Dîner au restaurant de Grains Nobles mercredi, 2 décembre 2015

A Grains Nobles comme au village d’Astérix, tout finit par un repas à quelques personnes, dont Pascal Marquet le maître des lieux, son prédécesseur qui a créé Grains Nobles en 1993, Bernard Burtschy et bien évidemment Aubert de Villaine. Nous sommes huit privilégiés. La charmante animatrice du restaurant logé en ces lieux nous fait essayer ce qui sera le repas de Noël. Il y a foie gras sur un lit de lentilles surmonté d’une figue éclatée, une superbe pièce de bœuf très tendre avec trois préparations complexes de champignons et un dessert léger aux fruits qui n’est probablement pas celui de Noël. Tout est délicieux.

Le Champagne Pierre Moncuit Vieilles Vignes Blanc de Blancs 2004 a un nez gourmand. Ce qui se retrouve en bouche. On le boit avec plaisir après ces rouges si jeunes. Il est un peu trop dosé mais il est de grand plaisir.

Le Meursault Domaine des Comtes Lafon 2000 est un peu plus qu’un simple « Villages ». Il y a du Premier Cru dans ce vin de belle acidité, très meursault.

Le Puligny Montrachet Les Combettes Domaine Leflaive 2000 joue un peu plus en dedans, un peu trop discret et manquant de vibration.

Le Gewurztraminer Grand Cru Hengst Josmeyer 2002 a beaucoup trop de sucre résiduel pour que le plaisir soit là. Il est un peu excessif.

La Brova Arbin Vin de Savoie Louis Magnin 2000 est un vin rouge très surprenant et qui me plait beaucoup car il a des accents de vins anciens. C’est un vin relativement frêle, avec des accents un peu fumés et de thé, mais qui ne me laisse pas indifférent. J’aime beaucoup cette mondeuse.

Le Château Bel Air Marquis d’Aligre Margaux 1982 a un nez glorieux, une bouche pleine et joyeuse, avec un grand talent. C’est un grand vin dont Bernard Burtschy est amoureux. J’ai trouvé un peu d’amertume et de torréfaction dans le finale qui ne limitent pas vraiment le plaisir.

Ce dîner « d’après match » qui suit une dégustation sérieuse me donne l’occasion de m’émerveiller de la science et de la connaissance de personnes comme Michel Bettane non présent ce soir et de Bernard Burtschy, tout aussi impressionnant. Partager ce repas avec eux et avec Aubert de Villaine est un vrai régal.

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Dégustation des 2012 de la Romanée Conti au siège de Grains Nobles mercredi, 2 décembre 2015

Pour la 23ème année consécutive, Aubert de Villaine présente les vins récents mis en bouteilles du Domaine de la Romanée Conti au siège de la société Grains Nobles. Aubert dit que c’est la seule présentation officielle qu’il accepte de faire et ceci est dû à l’amitié qu’il a pour le fondateur de Grains Nobles, école de dégustation et organisatrice d’évènements sur le vin.

Le millésime 2012 a été très chahuté. Mars fut très chaud et les trois mois suivants furent humides. Il y avait beaucoup trop d’herbe très humide dans les vignes. Le mildiou et l’oïdium sont apparus, avec des orages de grêle moins forts que ceux de la Côte de Beaune. Le montrachet fut à moitié grêlé. La floraison apparut un peu tôt et fut très longue : trois semaines contre trois jours en 2015. Il y eut de la coulure et du millerandage. On savait en juin que la récolte serait faible. Il y eut de la canicule fin juin et juillet très beau a permis de retrouver un travail normal en vignes. Août fut marqué par des orages et en septembre tout redevint normal. La récolte eut lieu fin septembre avec des raisins aux peaux très épaisses. La maturité s’accrut à toute vitesse. La vendange démarra le 21 septembre avec les cortons, puis à Vosne Romanée le 24. Le 26 une grosse pluie, et, divine surprise, cela n’eut aucune conséquence du fait de l’épaisseur des peaux ainsi que grâce au froid qui s’installa. La récolte fut belle au plan sanitaire. On a vu tout de suite que l’année ferait de grands vins, de belles couleurs. C’est un millésime plein de promesses.

Nous avinons nos verres avec un Beaujolais primeur vieilles vignes domaine de Vissoux 2015 dont l’odeur n’est pas noble, la bouche pâteuse. C’est un vin sans intérêt. Au passage je ressens la banane, assez discrète.

Il n’y a pas eu de Vosne Romanée premier cru cette année. Ce qui a été récolté est gardé pour les paulées et pour le personnel.

La dégustation commence par le Corton Grand Cru « Prince Florent de Mérode » Domaine de la Romanée Conti 2012. La couleur est assez foncée. Le nez est très délicat et racé. La bouche est gourmande, le vin est rond. Ce vin est l’assemblage de trois climats et Aubert de Villaine envisagerait bien de faire trois vins séparés quand le travail fait en vignes sera accompli dans ce domaine repris il y a peu en 2009. Il y a dans ce vin du poivre, du thé et une belle amertume. Il a tout pour bien vieillir. Je préfère l’attaque au finale, et de mémoire, je le sens plus noble que les cortons des précédentes années. On sent qu’il s’agit d’un grand vin.

L’Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2012 a une couleur un peu plus rose, et un nez plus intense. L’attaque est très fraîche et épicée. Le finale claque. C’est un vin vif. Je l’adore. Le nez est fumé, profond. C’est un vin ciselé. Il y a une gourmandise particulière car elle se combine à la noblesse. C’est une belle surprise de voir ce premier vin à ce niveau. Aubert de Villaine dit que l’Echézeaux monte en puissance avec l’âge des vignes. Il en est très content.

Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2012 a un nez moins joyeux et soufré, trop soufré. La robe est plus sombre mais a encore du rose. Le vin ne se livre pas tout de suite. L’impression de soufre se ressent aussi dans le finale. Il est dur, amer, beaucoup moins immédiat. Il se réveille un peu et découvre du fruit rouge, mais le plaisir n’est pas là. Aubert de Villaine dit qu’en revenant sur l’Echézeaux, on voit combien le Grands Echézeaux est plus grand, mais du fait de l’amertume, je n’ai pas de plaisir.

La Romanée Saint Vivant Domaine de la Romanée Conti 2012 a une couleur très proche de celle du Grands Echézeaux, à peine plus sombre. Le nez est très élégant. Il pianote des élégances aromatiques fascinantes, presque doucereuses. En bouche il est un peu perlant et n’a pas beaucoup de charme. Il me semble fermé. Il pinote. Il a un beau fruit, mais je n’ai pas de plaisir car pour moi il est dans une phase ingrate, avec de l’amertume dans le finale. On le sent noble avec du fruit et de la rondeur qui apparaissent, mais je ne suis pas conquis. Il faudrait le revoir dans dix ans, car il est très sur la réserve. Bernard Burtschy dit qu’il est cristallin et c’est à ce moment que je me rends compte qu’Aubert de Villaine et les experts, habitués à goûter des vins de cette jeunesse, les jugent pour ce qu’ils deviendront et sont laudatifs. Alors que personnellement, je note ce que je ressens, et manifestement ces vins sont trop jeunes pour donner un plaisir gourmand. Je me suis donc tu pour ne pas donner un éclairage qui ne correspond pas à l’angle de vue de ces sommités du vin.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2012 a une robe très belle et plus rouge. Le nez est riche et conquérant. Intense, il montre un peu d’amertume. En bouche le vin est conquérant, même s’il a encore du perlant. Le fruit est beau mais un peu amer. Le final est assez dur et rêche. Là aussi le plaisir n’est pas là. C’est à se demander si la recherche de la perfection ne conduit pas à retrouver les pratiques des anciens, dont les vins étaient ingrats pendant au moins une décennie. Ce vin sera à essayer dans une dizaine d’année. Il est beaucoup plus puissant et conquérant que la Romanée Saint Vivant. Bernard Burtschy et Aubert de Villaine disent que c’est un vrai Richebourg vineux et le trouvent délicieux. Quelqu’un parle même de suavité. Nous n’avons donc pas la même approche, car ces sommités se projettent dans le futur.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 2012 a une robe très proche de celle du Richebourg. Le nez est extrêmement noble. La petite pointe de soufre est infime. L’attaque est très suave, et le vin montre charme et puissance. Le finale est amer. Le vin est très intéressant avec des épices. C’est un très grand vin, on sent qu’il a tout, avec une matière très riche. Le vin envahit la bouche mais limite le plaisir. Aubert de Villaine parle de verticalité du vin en pensant aux pentes de son terroir. Il y a du velours, de l’onctuosité, la longueur est impressionnante. La complexité est extrême et la palette aromatique très ample.

Il est à noter qu’après quelques minutes tous ces vins prennent de la rondeur et du fruit, au point qu’on se demande si l’on ne devrait pas servir les verres dix minutes avant chaque dégustation. Ce serait un gros problème de logistique.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 2012 a une couleur plus rose. Le nez est très délicat, un peu réservé. Il y a de la douceur dans ce parfum. L’attaque est inouïe. Là, on est en face du sublime. C’est fou comme le déroulé du goût est complexe. Avec ce vin on côtoie la grandeur extrême. Le finale est très beau, avec un peu de groseille et de végétal suggéré. C’est une « vraie » Romanée Conti, faite de grâce et de légèreté. Elle est superbe et de grande complexité. On jouit de sa délicatesse la plus pure. Ce vin est magnifique et émouvant. Pour moi, les deux vins les plus gratifiants sont aux extrêmes de la gamme, l’Echézeaux et la Romanée Conti. La Romanée Conti est un vin de recueillement. Tout est vibrant dans ce vin. Si mon analyse différait jusqu’alors de celles de Bernard Burtschy et Aubert de Villaine, je suis totalement en phase sur ce vin formidable et déjà gourmand. Je n’ai trouvé en lui ni rose fanée ni sel. Ça viendra avec l’âge. En revenant sur La Tâche, je constate l’incroyable différence entre les deux.

Aubert de Villaine dit que les Romanée Conti actuelles n’ont rien à envier aux Romanée Conti préphylloxériques. Il signale l’étrangeté qui veut que les Romanée Conti de 1952 et suivantes jusqu’en 1956 issues de vignes très jeunes, se comportent aussi bien. La légende voudrait que des vieux ceps préphylloxériques aient été oubliés sur le sol et qu’ils aient influencé la complexité des jeunes ceps.

Le Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2012 n’a donné que 1.172 bouteilles ce qui est moins du tiers d’une année normale. La grêle de juin avec le mildiou, l’oïdium et le botrytis a entraîné la nécessité d’un tri très sélectif. Le nez n’a pas de signe réel de botrytis. Le vin est clair et frais. On sent le miel d’acacia qui est selon Bernard Burtschy le signe distinctif du Montrachet. Le vin est gourmand et noble mais il n’est pas puissant. Il est aérien et cristallin, avec un peu de miel. Il est surprenant car il est à la fois moitié sec et moitié botrytisé. Je reconnais bien le montrachet, mais moins tonitruant. Il a de belles fleurs blanches et la puissance arrive progressivement. Il sera grand. Sa persistance aromatique est extrême. Il n’a pas la puissance habituelle.

Les propos d’Aubert de Villaine respirent la recherche de l’excellence dans chaque élément qui conduira au vin. C’est un régal de l’écouter. Je crois beaucoup en ces 2012 prometteurs, que l’on doit attendre avant de les aborder. La sublime Romanée Conti sera un vin de légende.

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« Singin’ in the Rain » et quelques huîtres samedi, 28 novembre 2015

Ma femme a toujours pensé que mon addiction aux comédies musicales américaines est une énigme. Mes sourires béats devant ces spectacles qui pour elle sont de guimauve et d’eau de rose provoquent parfois sarcasmes et soupirs. A l’occasion de mon anniversaire, ma fille aînée avait offert deux places, les meilleures, celles de la première rangée au centre, juste au-dessus du crâne du chef d’orchestre, pour la première soirée de reprise de « Singin’ in the Rain » au Théâtre du Châtelet.

C’est donc plus pour honorer le cadeau de sa fille que ma femme m’accompagne. La qualité de la musique de l’orchestre Pasdeloup, le talent des chanteurs, leur sens de la danse, les magnifiques costumes de couleurs exquises, tout a ravi ma femme. Quant à moi, je n’ai pas quitté une seule seconde mon sourire béat, emporté par la drôlerie et l’émotion des situations d’un scénario qui n’a d’autre prétention que de divertir. Bien sûr, quand on a vu des dizaines de fois le film, l’ombre de Gene Kelly plane comme une épée de Damoclès, mais le spectacle est réussi, sans la moindre réserve.

Venir à une comédie musicale américaine juste deux semaines après le terrible drame du Bataclan ne laisse pas indifférent, aussi, en sortant du théâtre, l’envie de croquer des huîtres est impérative. Nous allons à la Brasserie l’Européen, juste en face de la Gare de Lyon, où la décoration aurait tout à envier aux décors du Châtelet. Les gens qui ont agencé le lieu ne devraient jamais avoir le droit de s’appeler décorateurs. Mais peu importe, l’ambiance est très brasserie, le service est attentif et compétent. Nous goûtons de belles huîtres, ma femme prend une sole et je fais une folie en prenant une choucroute royale. Le Champagne Dom Pérignon 2004
n’a pas le niveau que je connais. Il est assez plat. Est-ce le lieu, est-ce l’atmosphère, est-ce la bouteille ? C’est probablement la troisième hypothèse. Le champagne se réveillera un peu avec des moments où il ressemble à ce que j’attendrais. Très gentiment le serveur me donne un bouchon et un petit sac pour que je puisse vérifier demain si le champagne se retrouve.

Vivre à Paris d’un beau spectacle et d’une brasserie typiquement française, qu’y a-t-il de plus beau, à protéger coûte que coûte pour que les générations futures puissent aussi en profiter ?

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nous surplombons l’orchestre et le pupitre du chef

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