Grand Tasting Master Class « Taittinger, la trilogie en magnum » lundi, 1 décembre 2014

La cinquième Master Class à laquelle j’assiste s’intitule « Taittinger, la trilogie en magnum ». Il est question du brut millésimé pour les années 88, 89 et 90 et, comme pour les trois mousquetaires, le quatrième sera 1995. La présentation est faite par Pierre-Emmanuel Taittinger
le brillant chef d’entreprise, truculent conteur et ambassadeur du champagne

Les champagnes ont tous été dégorgés au printemps 2012 et dosés à 9 grammes. Le Champagne Brut millésimé Taittinger magnum 1995 est fait de 50% chardonnay et 50% pinot noir, ce pourcentage pouvant varier selon les millésimes. Le nez est d’une pureté rare. Le champagne a beaucoup de force. La largeur en bouche est belle. Très ensoleillé il a de beaux fruits dorés. Il évoque la chaleur, le soleil, le miel. Il a une belle joie de vivre.

Le Champagne Brut millésimé Taittinger magnum 1990 a un nez avec du lacté et de la pâtisserie, mais il se trouve que tout à côté de notre salle il y a un atelier gourmand où l’on fait du foie gras poêlé, qui vient troubler l’appréciation du parfum du vin. Le lacté est très présent en bouche. Il est un peu moins précis que le 1995 que je préfère.

Le Champagne Brut millésimé Taittinger magnum 1989 a un nez plus élégant. Il y a une racine commune faite de miel et de lait. Ce champagne a beaucoup de crème de lait. Sa structure est carrée, sereine, superbe, racée. Sa tension, son énergie sont énormes. Très équilibré, c’est un grand champagne.

Le Champagne Brut millésimé Taittinger magnum 1988 a un nez profond où l’on ne décèle aucune trace lactée. Ici, il n’est question que de tension. Le champagne est très beau et le lacté se ressent en bouche. Il a un grand potentiel qu’il exprimera plus tard.

Mon classement de ces beaux champagnes qui profitent bien du format magnum est : 1989 – 1995 – 1990 – 1988.

DSC09811 DSC09812 DSC09813

Grand Tasting Master Class « le Génie du Vin » lundi, 1 décembre 2014

La quatrième Master Class à laquelle j’assiste s’intitule tout simplement « le Génie du Vin ». Elle est animée par Michel Bettane et des représentants de chaque vin s’ils sont présents.

Le Champagne Veuve Clicquot Cave Privée magnum 1989 est présenté par Dominique Demarville chef de caves. Le concept de « Cave Privée » est de garder des champagnes vingt ans sur lattes pour offrir des vins dégorgés tardivement. Les magnums que nous goûtons ont été dégorgés au début 2014 et sont dosés à 5 grammes, contre 9 grammes pour le dégorgement d’origine. Le champagne a une belle couleur d’un or clair, un nez profond, intense et noble. La force est donnée par les pinots noirs de Bouzy. Il est crémeux, de texture soyeuse, à la bulle légère et conviendrait bien à un risotto à la truffe blanche (décidément, les chefs de cave suggèrent des plats populaires !). Je lui trouve une belle amertume, de la race, une belle longueur, belle acidité et des talents gastronomiques. C’est vraiment un grand champagne.

C’est Michel Bettane qui présente le Pouilly-Fumé Silex Didier Dagueneau 2008 car Benjamin Dagueneau ne pouvait être présent. Ce sauvignon a un nez superbe, à la fois claquant et très doux. La bouche est bien onctueuse, presque grasse, et c’est dans le final que l’on trouve la tension. Il a de la fraîcheur et de la rigueur.

Michel dit que Benjamin a une vision plus personnelle et plus artiste que son père et une très belle vision du terroir. Le vin a des fruits gourmands qui apparaissent au-delà de la pureté et la finesse cristalline. Ce vin est d’un équilibre absolu, de l’eau de roche. Il y a salinité et profondeur. Malgré la tension il est gourmand et l’on note quelques touches iodées de coquilles d’huitres.

Le Clos de Tart magnum 2005 est présenté par Sylvain Pitiot, toujours aussi passionnant et modeste. J’apprends à cette occasion que Tart est le nom d’une abbaye de Tart aujourd’hui détruite.

Le vin a une couleur légèrement violacée, évoquant la cerise. Comme on le boit après des blancs, il faut que le palais se calibre. Le vin est d’une étonnante jeunesse et d’un équilibre parfait. Les fruits sont « sérieux ». Ce n’est pas un vin généreux. C’est un vin noble, qui donne une grande émotion. Il vieillira bien. Sylvain dit que c’est une année facile pour les vignerons, qui a donné des raisins parfaits, plus parfaits que ceux de 2009.

Ce vin, c’est la classe de la Bourgogne, avec finesse, délicatesse, qui n’empêche pas la gourmandise de raisins secs. Le clos de 7,5 hectares a 23 parcelles géologiques distinctes, mais seulement dix sous-ensembles de vinification sont faits, le choix étant fait à l’assemblage.

Le Château l’Evangile Pomerol 2000 appartient à la branche des Rothschild qui possède Lafite. Le nez est intense, charmeur et annonce du plomb ! Le vin est assez doucereux, un peu neutre à mon goût. Mais dans le final il y a de la richesse et de la vivacité. Ce vin est un peu timide, servi froid. Il ne me paraît pas très pomerol, extrêmement jeune et fermé. Michel Bettane évoque la violette que je n’ai pas ressentie. Je n’ai pas le plaisir que j’attendais de ce vin. On est loin du charme du Clos de Tart.

Le Château La Mission Haut-Brion 1985 est présenté par Laëtitia Dubos, directrice de la communication du château. Je vais vraiment manquer de chance. Le nez du vin sent très fortement l’écurie, ce qui me pousse à faire changer mon verre. Et pour le second, dont le nez est très riche, c’est le final qui est désagréable, très imprécis. J’ai laissé passer du temps pour voir si les choses s’arrangeaient mais l’attaque du premier et le final du second ont conservé leurs défauts. Apparemment, les commentaires de Laëtitia comme de Michel montrent que leur bouteille contenait le vin que je n’ai pas pu apprécier comme il conviendrait.

Le Bandol La Tourtine domaine Tempier 2004 est présenté par François Peyraud descendant des propriétaires de la même famille depuis 1834. Le vin a 80% de mourvèdre. Le nez est très chaleureux, très sud ! Il a une belle plénitude en bouche, vin joyeux de belle structure, vin de plaisir pur, vin charnel, plein et vivant. C’est un très beau vin très simple d’approche que j’adore.

Le Langhe Sori San Lorenzo Angel Gaja 2011 est un nebbiolo présenté par Michel Bettane. Il a un nez de vin jeune non encore placé comme il faut. C’est un vin cristallin tout en finesse, c’est de la dentelle alors que le vin est lourd. Racé, il évoque la truffe noire, le tabac et le café. C’est un vin de grand plaisir, de gourmandise au beau final. Il va falloir que j’en achète !

Suivant l’adage selon lequel « blanc sur rouge rien ne bouge », j’ai repris après les rouges un peu de Dagueneau. Il est sublime.

Le Château Gilette Sauternes 1990 est présenté par Julie Gonet-Médeville qui respire la joie de vivre et l’enthousiasme. Elle pleurerait presque tant elle est émue par son vin, qui est dans sa famille depuis 1710, ce qui est un cas presque unique. Ce vin a passé 20 ans dans une cuve en béton, ce qui est aussi unique. Le nez du vin est superbe, pur. En bouche ce qui frappe, c’est la fraîcheur. Il y a de la réglisse. Quel bonheur ! Ce vin n’a que deux ans en bouteilles. Il a beaucoup de richesse et beaucoup de botrytis. Il est fabuleux dans sa jeunesse. Il a de l’abricot, mais on pense aussi à des paniers de fruits exotiques. Michel parle de caramel mais je suis plus sur les beaux fruits. Il a un fabuleux botrytis. C’est un immense vin.

Classer des vins aussi disparates est un exercice qui a peu de conséquences puisqu’on ne reproche rien à un vin par rapport à un autre. Je voterais : 1 – Gilette 1990, 2 – Silex 2008, 3 – Veuve Clicquot 1989, 4 ex aequo – Gaja 2011, Tempier 2004, Clos de Tart 2005.

En plaisir pur, les deux premiers, Gilette et Silex sont probablement les deux premiers de tout le Grand Tasting pour moi.

Arrive alors un vin surprise dont la surprise tombe très vite du fait des indiscrétions des intervenants. Le nez très pierre à fusil fait penser à un riesling. Le vin, très pétillant, pétrole en bouche. Il est d’une précision extrême et d’une jeunesse de folie. C’est Champagne Veuve Clicquot Cave Privée jéroboam 1990.

DSC09792 DSC09793 DSC09795 DSC09797 DSC09803 DSC09804 DSC09807 DSC09809

Grand Tasting Master Class « cinquantième anniversaire de Bollinger R.D. de 1952 à 2002 » lundi, 1 décembre 2014

La sixième Master Class à laquelle j’assiste s’intitule «  cinquantième anniversaire de Bollinger R.D. de 1952 à 2002 ». Elle est conduite par Gilles Descotes chef de cave, Denis Bunner
adjoint chef de cave et Clément Ganier directeur marketing. Le Bollinger Récemment Dégorgé (RD) a été réalisé pour la première fois en 1967 sur le millésime 1952 et le 2002 est commercialisé maintenant.

Le Champagne Bollinger R.D. 2002 mis sur le marché en 2014 a un nez subtil et élégant. Il m’évoque la couleur rose. Il est élégant et de parfaite maturité. Il a fraîcheur et équilibre, qualités d’un champagne parfait. Je le trouve totalement équilibré.

Le Champagne Bollinger R.D. magnum 1999 a été dégorgé en 2014. Il est commercialisé uniquement en magnum. Il est moins vibrant que le 2002. Il est vineux, a un beau miel, devient charmant, mais je lui trouve moins d’énergie qu’au 2002.

Le Champagne Bollinger R.D. magnum 1988 a été dégorgé en septembre 2003. Il a un nez de miel. Il est salin, évoque la crème et sa présence est extrême. Il est très complexe et j’adore son côté insaisissable. Pâtissier, opulent, avec un peu d’épices et de caramel, il a du charme et un caractère vineux. Il a une belle acidité et une structure affirmée. Gilles évoque la torréfaction avec café et moka que je remarque moins..

Le Champagne Bollinger R.D. magnum 1973 a un dégorgement d’origine ce qui me semble relativement peu compatible avec la notion de RD, mais on ne va pas bouder son plaisir. Le nez est pétrolé, en bouche il y a du lacté, de l’acidité, et une grande vibration. C’est avec le 2002 celui qui vibre le plus. Il a la plus belle vivacité, une extrême largeur aromatique,. C’est un vin sublime, un vin ample, langoureux et vineux. L’iode et l’huître se montrent aussi.

Mon classement sera : 1973 – 2002 – 1988 – 1999. C’est une belle démonstration de cette grande maison de champagne.

DSC09816 DSC09815 DSC09814 DSC09818

Académie des vins anciens – vins du troisième groupe samedi, 29 novembre 2014

Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année

DSC09590

Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962

DSC09591 DSC09592

Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80

DSC09593

Château Roumieu Bordeaux Supérieur blanc sec 1959

DSC09639

Pouilly-Fuissé Marey & Liger-Belair 1946

DSC09640 DSC09641

Clos de la Coulée de Serrant Nicolas Joly 1986

DSC09642 DSC09643

Côtes du Jura Fruitière Vinicole de Château Chalon 1979

DSC09644 DSC09645

Château Haut-Bailly Pessac-Léognan 1975

DSC09646

Château Cheval Blanc 1970

DSC09648

(Chateau Latour 1974 non servi)

DSC09647

Château Troplong Mondot Saint-Emilion 1966

DSC09649

Château Lyonnat Lussac Saint Emilion 1964

DSC09650

Château La Gaffelière Saint-Emilion 1964

DSC09651

Château Haut Brion 1964

DSC09652

Château Ausone 1953

DSC09653

Château Ausone 1937

DSC09654

Moulins de Calon Médoc 1934

DSC09655 DSC09656

Gevrey Chambertin Guichard-Potheret 1947

DSC09657

Mercurey Guichard-Potheret 1947

DSC09659

Pommard Ph. Bouchard 1937

DSC09661

Chateau Chalon Cuvée Vignes aux Dames Marius Perron 1976

DSC09663 DSC09664

Madère Sercial Gossart Gordon 1954

DSC09665 DSC09666

photos du 3ème groupe (les deux autres groupes sont derrière)

DSC09675 DSC09676 DSC09677 DSC09678

Académie des vins anciens – vins du second groupe samedi, 29 novembre 2014

Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année

DSC09590

Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962

DSC09591 DSC09592

Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80

DSC09593

Riesling Hugel 1985

DSC09615 DSC09616

Vin de l’Etoile Bourguignon 1964

DSC09617 DSC09618

Château La Mission Haut-Brion Pessac Léognan 1969

DSC09619

Château La Mission Haut-Brion Pessac Léognan 1966

DSC09620

Château Haut Brion 1964

DSC09621

Château Haut Brion 1953

DSC09622

Cos d’Estournel Saint-Estèphe 1962

DSC09623

Château La Tour de Mons Margaux 1959

DSC09624

Château Ausone 1953

DSC09625

Beaune Emile Chandesais 1955

DSC09626 DSC09627

Cornas Chante Perdrix Delas 1969

DSC09628 DSC09629

Château Fonsalette Côtes du Rhône rouge 1979

DSC09630 DSC09631

Vin d’Algérie « le Hoggar » rosé 1947

DSC09632 DSC09633

Cabernet Beaulieu Vineyards Georges de Latour 1964

DSC09634 DSC09635

Monbazillac 1955

DSC09636 DSC09637

Château Rayne-Vigneau Sauternes 1933

DSC09638

photos du groupe 2 (le groupe 1 est juste derrière)

DSC09671 DSC09672 DSC09673 DSC09674

Académie des vins anciens – vins du premier groupe samedi, 29 novembre 2014

Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année

DSC09590

Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962

DSC09592DSC09591

Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80

DSC09593

Château Carbonnieux blanc 1975

DSC09594

Château Sainte Roseline Côtes de Provence blanc 1954 (ou 1955 ?)

DSC09595 DSC09595 - Copie

Puligny Montrachet Gustave Naigeon 1950

DSC09596 DSC09597

Château Montrose 1978

DSC09598

Château Lafon-Rochet Saint-Estèphe 1955

DSC09599

Château Ausone 1953

DSC09600

Château La Conseillante Pomerol 1946

DSC09601

Château Beauséjour Saint-Emilion Grand Cru 1943

DSC09602

Château Haut Brion 1941

DSC09603

Moulins de Calon Médoc 1934

DSC09604 DSC09605

Château Latour 1907

DSC09606

Fleurie Soualle et Bailliencourt 1957

DSC09607

Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1974

DSC09608

Royal Kebir Algérie 1938

DSC09609 DSC09610

Champagne Dom Pérignon 1969

DSC09611

Vouvray Demi-Sec Huet 1961

DSC09612 DSC09613

Château Rieussec 1957

DSC09614

photos du premier groupe :

DSC09667 DSC09668 DSC09669 DSC09670

23ème séance de l’académie des vins anciens samedi, 29 novembre 2014

Nous avons changé de lieu pour la 23ème séance de l’académie des vins anciens. Le restaurant Roméo, place Victor Hugo à Paris est un compromis entre bar, salon de thé et restaurant. Nous avons loué la salle du premier étage. Nous sommes 38 et nous allons nous partager 63 vins, ce qui est copieux, car la norme serait d’une bouteille par personne. Nous sommes répartis en trois groupes et il y a 21 vins à boire pour chaque groupe.

C’est, je crois, la plus belle séance de l’académie des vins anciens. Non pas que nous ayons eu les bouteilles les plus emblématiques, car il y a eu des séances avec des vins de légende, mais c’est la générosité et surtout la ponctualité, car toute l’organisation s’est faite avec une fluidité rare. Ajoutons à cela une atmosphère souriante, rieuse, enjouée et amicale, qui a permis de faire passer les bouteilles les plus problématiques comme des lettres à la poste. L’heure était à la joie d’être ensemble et de partager des vins rares dans la bonne humeur.

Voici les vins des trois groupes, chaque vin étant répété s’il y a eu plusieurs bouteilles du même (les vins précédés d’une astérisque sont de mon apport) :

Groupe 1 : Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962 – *Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80 – Château Carbonnieux blanc 1975 – Château Sainte Roseline Côtes de Provence blanc 1954 (ou 1955 ?) – *Puligny Montrachet Gustave Naigeon 1950 – Château Montrose 1978 – Château Lafon-Rochet Saint-Estèphe 1955 – *Château Ausone 1953 – Château La Conseillante Pomerol 1946 – Château Beauséjour Saint-Emilion Grand Cru 1943 – Château Haut Brion 1941 – Moulins de Calon Médoc 1934 – *Château Latour 1907 – *Fleurie Soualle et Bailliencourt 1957 – *Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1974 – Royal Kebir Algérie 1938 – Champagne Dom Pérignon 1969 – Vouvray Demi-Sec Huet 1961 – Château Rieussec 1957.

Groupe 2 : Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962 – *Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80 – Riesling Hugel 1985 – *Vin de l’Etoile Bourguignon 1964 – Château La Mission Haut-Brion Pessac Léognan 1969 – Château La Mission Haut-Brion Pessac Léognan 1966 – *Château Haut Brion 1964 – *Château Haut Brion 1953 – Cos d’Estournel Saint-Estèphe 1962 – Château La Tour de Mons Margaux 1959 – *Château Ausone 1953 – Beaune Emile Chandesais 1955 – Cornas Chante Perdrix Delas 1969 – Château Fonsalette Côtes du Rhône rouge 1979 – Vin d’Algérie « le Hoggar » rosé 1947 – Cabernet Beaulieu Vineyards Georges de Latour 1964 – Monbazillac 1955 – Château Rayne-Vigneau Sauternes 1933.

Groupe 3 : Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962 – *Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80 – Château Roumieu Bordeaux Supérieur blanc sec 1959 – Pouilly-Fuissé Marey & Liger-Belair 1946 – Clos de la Coulée de Serrant Nicolas Joly 1986 – *Côtes du Jura Fruitière Vinicole de Château Chalon 1979 – Château Haut-Bailly Pessac-Léognan 1975 – Château Cheval Blanc 1970 – Château Troplong Mondot Saint-Emilion 1966 – Château Lyonnat Lussac Saint Emilion 1964 – Château La Gaffelière Saint-Emilion 1964 – *Château Haut Brion 1964 – *Château Ausone 1953 – *Château Ausone 1937 – Moulins de Calon Médoc 1934 – Gevrey Chambertin Guichard-Potheret 1947 – Mercurey Guichard-Potheret 1947 – Pommard Ph. Bouchard 1937 – Chateau Chalon Cuvée Vignes aux Dames Marius Perron 1976 – Madère Sercial Gossart Gordon 1954.

Bien sûr chacun a pu aller pêcher des vins d’un autre groupe et, dans mon cas, on m’a fait goûter des vins des autres groupes, aussi les académiciens ont pu, s’ils sont malins, déguster plus d’une trentaine de vins.

J’ai 63 vins à ouvrir. Il me paraît prudent de commencer à 15h30 les ouvertures. Trois amis me rejoindront en cours de route. Le premier est un américain. C’est Thanksgiving Day aussi ouvre-t-il un Talbott Pinot Noir Diamond T Vineyard 2012 vin californien du sud de San Francisco. Le nez est strict mais la bouche est doucereuse. Nous trinquons à cette belle fête américaine avec ce vin très chaleureux.

J’ouvre tous les vins avec des difficultés limitées, sauf deux bouteilles dont le bouchon tombera dans le liquide au moment où l’on touche à la capsule. Beaucoup des odeurs désagréables disparaîtront au moment du service.

L’apéritif se prend avec le Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année qui est un blanc de blancs, dont le propriétaire est un fidèle académicien. Le champagne est agréable, mais le goût de miel un peu fort nuit à sa légèreté.

Le menu composé par le restaurant, pour lequel on n’a pas cherché des accords avec les vins, beaucoup trop nombreux pour pouvoir en  faire, est : tartare de saumon au gingembre et citron vert / parmesan d’aubergine gratinée à la scamorza, huile pistou / fondant de bœuf à la toscane / fromages apportés par les académiciens / poire rôtie aux amandes sauce chocolat.

Nous passons à table et pour nos trois tables, nous partageons deux magnums de Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962. Les deux bouteilles sont très différentes. L’une est toute en douceur, l’autre est toute en tension, et ma table profite de la plus tendue des deux. Ce champagne est une merveille. Ce qui frappe est sa personnalité. Il a des parfums de livres anciens, des traces nobles sur des traits relativement fumés. Il est vineux, tranchant et laisse en bouche une empreinte de blessure d’épée. Ce champagne ne peut pas laisser indifférent, car il envahit le palais et le domine. Si l’autre bouteille a tout pour plaire, la nôtre est dominatrice, et tant mieux.

Le *Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80 est un vin très sympathique, évoquant un champagne sans l’être puisque c’est un vin tranquille. Ce que l’on aime c’est qu’il est un témoignage raffiné, tout en discrétion.

Le nez du Château Carbonnieux blanc 1975 est envoûtant. Il trompette. En bouche le vin est beau, épanoui, serein, conquérant. C’est le grand vin blanc de Graves par excellence.

Le Château Sainte Roseline Côtes de Provence blanc 1954 (ou 1955 ?) est pour moi un grand moment d’émotion. J’ai eu et j’ai encore des 1953 rouges du Château Sainte Roseline. Mais des blancs de Provence aussi vieux, je n’en ai pas bu. Et voici ce vin, d’une couleur jaune citron insolemment jeune, qui se met à briller comme pas deux, vin de soif, mais aussi vin de structure, carré, solide et convaincant. Je bois du petit lait en goûtant ce témoignage rare, présenté dans la jolie bouteille historique en forme de quille.

Le *Puligny Montrachet Gustave Naigeon 1950 avait à l’ouverture un nez à se damner. Il l’a toujours. Et ce vin tonitruant, à l’ampleur invraisemblable, domine largement la série des blancs. Quel brio, quelle largeur en bouche !

Le Château Montrose 1978 a un joli nez. Il se boit bien, vin agréable mais sans doute trop attendu par rapport aux surprises qui nous attendent.

Le Château Lafon-Rochet Saint-Estèphe 1955 est une immense surprise. Le nez est superbe et intense. Le vin est d’une droiture rare, mais c’est surtout la jeunesse et l’accomplissement qui nous convainquent.

J’ai apporté pour chaque groupe une bouteille de *Château Ausone 1953 et, pour qu’il n’y ait aucune frustration ou récrimination, j’ai affecté à mon groupe la bouteille au niveau le plus bas. Malgré cela, cet Ausone est fort charmant, montrant la noblesse du grand vin avec toutefois un petit manque de netteté.

Le Château La Conseillante Pomerol 1946 est une très belle découverte. Il a un caractère, une personnalité qui sont impressionnantes. Le vin est jeune, la robe est de rubis noir, et le vin s’impose comme le plus grand à ce stade du repas. On le boit avec un infini plaisir.

Le Château Beauséjour Saint-Emilion Grand Cru 1943 est tout en douceur, presque doucereux, et calme à côté de la fulgurance de La Conseillante. Il est agréable, mais souffre de la comparaison.

Le Château Haut Brion 1941 pouvait nous donner des craintes du fait de son année, mais il se montre fort civil et nettement au-dessus de l’image que je m’étais formée. Il manque un peu de vibration.

Le Moulins de Calon Médoc 1934 est une merveilleuse surprise, car il a en bouche la largeur, la sensualité et la féminité d’un château Margaux. Il est totalement convainquant, par l’ampleur de sa douce séduction.

Le *Château Latour 1907 est hélas loin d’apporter ce que je souhaitais, sur la foi de deux expériences précédentes qui m’avaient convaincu. On peut imaginer sous le voile les splendeurs possibles, mais le manque de pureté est rédhibitoire.

Le *Fleurie Soualle et Bailliencourt 1957 est une bombe. C’est la réussite absolue d’un beaujolais qui joue dans la cour des grands. Quelle merveille. Je suis ébloui, et je m’attendais à ce que mon beaujolais soit brillant, mais voici le gagnant toutes catégories.

Le *Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1974 a le parfum qui est exactement la définition du grand vin de la Romanée Conti. Il y a le sel et la rose, tellement caractéristiques que c’en est presque caricatural tant c’est cela. Le vin est sublime, tout en subtilité retenue. C’est un immense vin que beaucoup considéreront comme le meilleur. Je suis fier de l’avoir apporté.Sa persistance en bouche est inoubliable.

Le Royal Kebir Algérie 1938 n’est pas là par hasard car quelques académiciens savent que je suis un amoureux fou des vins d’Algérie. Ce vin, c’est Maurice Chevalier chantant « ma pomme, c’est moi ». Il est facile, charmeur, désinvolte et séducteur. Il y a des traces de café et une ampleur en bouche qui est stupéfiante. Je suis aux anges, mais le Grands Echézeaux a une finesse sans comparaison.

Le Champagne Dom Pérignon 1969 a un bouchon qui s’enlève sans aucune trace de gaz. Mais en bouche le pétillant est toujours là. Et sa personnalité est prégnante. Il a le charme des champagnes anciens, typés, qui arrivent à ressembler aux vieux sauternes qui ont mangé leur sucre. J’adore.

Le Vouvray Demi-Sec Huet 1961 est agréable, mais ne m’a pas passionné après la vivacité du Dom Pérignon.

Le Château Rieussec 1957 est d’une grande pureté, sa couleur est d’un or noble. Il joue son rôle mais je suis déjà fatigué.

On m’a apporté de-ci-delà des vins des autres groupes et voici mes impressions succinctes car je n’ai pris aucune note pendant le dîner :

Riesling Hugel 1985 son bouchon était anormalement moisi. Le vin est l’ombre de ce qu’il pourrait être.

Château La Mission Haut-Brion Pessac Léognan 1966 superbe d’équilibre et de mâche juteuse.

Cos d’Estournel Saint-Estèphe 1962 vin magnifique, extrêmement racé.

Cornas Chante Perdrix Delas 1969 magnifique et joyeux, pétulant

Cabernet Beaulieu Vineyards Georges de Latour 1964 vin apporté par un ami américain pour fêter Thanksgiving lors de l’académie. C’est un vin splendide, très orthodoxe et doctrinal. Vin de norme mais aussi de plaisir.

Château Rayne-Vigneau Sauternes 1933 : sauternes parfait, car il n’est pas exubérant.

Clos de la Coulée de Serrant Nicolas Joly 1986 : superbe, impérial, généreux, justifiant la classification par Curnonsky dans les cinq plus grands vins blancs de France

Madère Sercial Gossart Gordon 1954 vin ample, gourmand, pénétrant, un très grand madère.

La cuisine n’avait pas pour vocation de servir de répondant aux vins car c’eût été impossible. Le service a été parfait. C’est surtout l’ambiance qui fut exceptionnelle . Nous avons bu des vins rares, souriant, blaguant sans jamais nous prendre au sérieux.

Quel serait mon classement ? 1 – Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1974, 2 – Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962, 3 – Château La Conseillante Pomerol 1946, 4 – Fleurie Soualle et Bailliencourt 1957, 5 – Moulins de Calon Médoc 1934, 6 – Kebir Algérie 1938. Mais beaucoup de vins mériteraient d’être dans ce classement.

Lorsque tout le monde est parti, réfléchissant au fait que nous avons sorti de nos caves 63 vins pour qu’ils soient partagés, je me suis dit que nous avions ce soir atteint le but de l’académie des vins anciens. De plus, ayant ouvert des vins que beaucoup auraient jetés, tant ils se présentaient sous un mauvais jour, et les ayant « ressuscités », j’ai humblement apporté ma contribution à une mission : faire sortir les vins anciens des caves, pour qu’ils soient partagés avant qu’il ne soit trop tard.

Cette soirée sera un beau souvenir.

quelques photos de bouchons (je n’ai pas pris de photo de l’ensemble des bouchons qui était impressionnant). Le bouchon du Lung 1938 vin d’Algérie est superbe (le dernier)

DSC09689 DSC09690 DSC09691 DSC09692 DSC09696

pendant la séance d’ouverture nous avons bu ce vin apporté par Tim pour Thanksgiving : Talbott Pinot Noir 2012 Diamiond T Vineyard

DSC09694

le repas

DSC09698 DSC09699 DSC09700

menu AVA 141127 001 menu AVA 141127 A 001

Académie des Vins Anciens (AVA) – 23ème séance du 27 novembre 2014 – au Roméo mercredi, 26 novembre 2014

Académie des Vins Anciens (AVA) –  23ème séance du 27 novembre 2014
Règles et informations  (à lire avec attention)
Date et heure : 27 novembre 2014 à 19h30
Lieu :
Restaurant Roméo 6 Place Victor Hugo 75116 PARIS – 01 45 01 22 22

Participation financière :
120 € par personne si l’inscrit apporte une bouteille de vin ancien (1) agréé par François Audouze
240 € par personne si l’inscrit vient sans bouteille
(1) si l’inscrit n’a pas de vin assez ancien, un « troc » est possible avec François Audouze, qui mettra au programme un vin ancien, contre une (ou plusieurs) bouteille de vin jeune qui présente un intérêt pour lui.
Paiement :
Aucun chèque ne sera remis en banque avant le 25 novembre 2014. Il n’y a donc aucune raison de retarder l’envoi du chèque de paiement. On peut l’envoyer des maintenant.
Le chèque doit être remis avant le 1er novembre à François Audouze. L’ordre du chèque est : « François Audouze AVA »
Chèque à envoyer à François Audouze 18 rue de Paris 93130 NOISY LE SEC
Livraison des vins :
Les vins doivent être proposés et agréés par François Audouze. Les bouteilles sont à déposer chez Henriot 5 rue la Boétie 75008 Paris – 2ème étage – 01.47.42.18.06. Notre contact sur place est Martine Finat : mfinat@champagne-henriot.com . Aucune bouteille ne devrait être livrée après le 18 novembre. Merci d’attendre le 1er novembre pour commencer à remettre votre bouteille chez Henriot sauf en me prévenant avant envoi.
Une variante est de m’envoyer par la poste la bouteille à l’adresse : François Audouze société ACIPAR 18 rue de Paris 93130 NOISY LE SEC
Pour que l’organisation de cet événement soit fluide, il est recommandé de ne pas attendre avant de proposer les vins, les livrer et payer.
Remarque sur les niveaux des vins :
On peut envisager qu’un académicien propose une bouteille de bas niveau, à la condition que cette bouteille soit une bouteille supplémentaire et non pas la bouteille principale.
Veillez à la qualité de vos apports. Les groupes de dégustation seront créés en fonction de la qualité des apports.

Les vins annoncés pour la réunion :

Château Latour 1907 – Château Rayne-Vigneau Sauternes 1933 – Moulins de Calon Médoc 1934 – Moulins de Calon Médoc 1934 – Château Ausone 1937 – Pommard Ph. Bouchard 1937 – Royal Kebir Algérie 1938 – Château Haut Brion 1941 – Château Beauséjour Saint-Emilion Grand Cru 1943 – Château La Conseillante Pomerol 1946 – Pouilly-Fuissé Marey & Liger-Belair 1946 – Vin d’Algérie « le Hoggar » rosé 1947 – Gevrey Chambertin Guichard-Potheret 1947 – Mercurey Guichard-Potheret 1947 – Puligny Montrachet Gustave Naigeon 1950 – Château Ausone 1953 – Château Haut Brion 1953 – Château Ausone 1953 – Château Ausone 1953 – Château Sainte Roseline Côtes de Provence blanc 1954 (ou 1955 ?) – Madère Sercial Gossart Gordon 1954 – Château Lafon-Rochet Saint-Estèphe 1955 – Beaune Emile Chandesais 1955 – Monbazillac 1955 – Fleurie Soualle et Bailliencourt 1957 – Château Rieussec 1957 – Château La Tour de Mons Margaux 1959 – Château Roumieu Bordeaux Supérieur blanc sec 1959 – Vouvray Demi-Sec Huet 1961 – Cos d’Estournel Saint-Estèphe 1962 – Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962 – Champagne Moët et Chandon Grand Vintage Collection magnum 1962 – Vin de l’Etoile Bourguignon 1964 – Château Haut Brion 1964 – Cabernet Beaulieu Vineyards Georges de Latour 1964 – Château Lyonnat Lussac Saint Emilion 1964 – Château La Gaffelière Saint-Emilion 1964 – Château Haut Brion 1964 – Château La Mission Haut-Brion Pessac Léognan 1966 – Château Troplong Mondot Saint-Emilion 1966 – Champagne Dom Pérignon 1969 – Château La Mission Haut-Brion Pessac Léognan 1969 – Cornas Chante Perdrix Delas 1969 – Château Cheval Blanc 1970 – Château Latour 1974 (réserve) – Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1974 – Château Carbonnieux blanc 1975 – Château Haut-Bailly Pessac-Léognan 1975 – Chateau Chalon Cuvée Vignes aux Dames Marius Perron 1976 – Château Montrose 1978 – Château Fonsalette Côtes du Rhône rouge 1979 – Côtes du Jura Fruitière Vinicole de Château Chalon 1979 – Riesling Hugel 1985 – Clos de la Coulée de Serrant Nicolas Joly 1986 – Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80 – Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80 – Coteaux Champenois Pol Roger années 70/80 – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année – Champagne Le Brun de Neuville Brut sans année.

les dixièmes Rencontres François Rabelais à Tours sur les tendance culinaires samedi, 22 novembre 2014

L’institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation, IEHCA tient à Tours les dixièmes Rencontres François Rabelais, sous la présidence d’honneur de Pierre Hermé. On m’a demandé si je voulais intervenir dans une table ronde sur les tendances dans le domaine du vin, dont le titre est : « existe-t-il des vins tendance ? ». Pourquoi pas ?

La veille du colloque, je dîne au restaurant Au Martin Bleu
avec trois universitaires, un sociologue, un cuisinier et une créatrice de design alimentaire. On nous apporte un apéritif à bulles fait avec une crème de poires tapées « Reines de Touraine ». C’est le genre d’apéritif que normalement je fuis, mais il n’est pas question de se singulariser.

Le vin qui est prévu pour le repas est une Cuvée Pointe d’Agrumes Touraine 2013
faite de 100% sauvignon blanc. J’ai observé les convives et leur rapport avec ce vin. Personne n’en a parlé, personne n’a cherché à savoir ce que les autres en pensaient. Si l’on admet que le vin a une fonction essentiellement conviviale, on peut en conclure que nous n’avons pas bu de vin. Car ce Touraine n’apporte aucune envie de le commenter, sauf à dire : « ah oui, ça sent l’agrume ». Le vin n’a eu pour effet que de donner un peu d’alcool dans nos veines.

A l’inverse, la cuisine est beaucoup plus brillante. Des mini-brioches à l’espadon sont goûteuses, le foie gras est grand, le poisson est vraiment bon et l’on mange la peau croquante avec plaisir.

Le lieu de type brasserie offre une cuisine simple et plaisante. Alors que l’on va demain parler de tendances culinaires, le choix du vin est un acte manqué en regard des objectifs du colloque.

Le Grand Hôtel du Centre qui jouxte la monumentale gare de Tours est lui aussi un monument historique. On a l’impression d’entrer dans l’hôtellerie d’il y a soixante ans. Même si les sanitaires ont été rénovés, c’est un autre monde de l’hôtellerie dans lequel on s’immerge. L’insonorisation est une notion totalement oubliée.

Après une nuit courte, je me rends à l’Université Rabelais de Tours et le colloque démarre. Comme à chaque réunion formelle, les remerciements sont à rallonges et les propos définitifs de chaque instance concernée sont à graver dans le marbre.

Le premier atelier est celui des nouvelles tendances culinaires, avec la participation de Pierre Hermé. Il faut bien que j’y participe puisque mon atelier parlera de vins tendance. Si les universitaires cherchent comment se fabriquent les tendances, Pierre Hermé balaie ces notions en disant que ses créations sont influencées par ses envies, ses lectures, ses rencontres de goûts. Il essaie de faire revivre ses expériences dans ses créations sans être guidé par d’improbables tendances.

Après les travaux du matin, nous allons déjeuner dans les locaux du monumental hôtel de ville de Tours. Victor Laloux, l’architecte de la gare d’Orsay à Paris est l’auteur de cette construction emphatique et ampoulée, ainsi que de l’ostensible gare de Tours. Les volumes rabelaisiens seraient inenvisageables aujourd’hui. Dans la grande galerie à la décoration surchargée, de jeunes élèves d’une école de cuisine locale encadrent des stands où l’on peut choisir de quoi se restaurer. Je prendrai un bouillon de poule au foie gras et chèvre frais dont le fromage est trop fort et gênant, un velouté de potimarron, chantilly au lard plaisant, un confit de bœuf à la fève de Tonka, purée d’igname agréablement mangeable, que j’accompagnerai d’un Crémant de Loire brut rosé domaine de la Gabillière
qui n’est pas déplaisant, au point que je m’en suis resservi un verre.

La table ronde à laquelle je participe est animée par le rédacteur en chef du magazine « Le vin ligérien ». A ses côtés, un américain vivant à Dijon, sociologue, ex-pâtissier et homme de cuisine, le directeur du syndicat des vins de Bourgueil et moi. A la question « existe-t-il des vins tendance ? » nous répondons plutôt qu’il y a des tendances longues dans le monde du vin, comme il y en a toujours eu, plutôt que des phénomènes de mode et nous en dissertons. Un dialogue s’instaure avec la salle, composée d’une majorité de jeunes qui se destinent aux métiers de la restauration, du vin ou du tourisme.

J’ai écouté l’une des conférences suivantes sur le sujet de l’évolution de la pâtisserie, absolument passionnante grâce aux réflexions de Pierre Hermé sur sa profession.

Le dîner se passe une nouvelle fois au restaurant Au Martin Bleu
avec une quinzaine de personnes, essentiellement des universitaires mais aussi des designers, journalistes, un ethnologue et un sociologue. Comment est-il possible de proposer un menu à 22 € qui comprend une poêlée de Saint-Jacques, mâche et betterave / pavé d’omble chevalier à la peau, purée et beurre rouge / poires tapées et pruneaux de Tours à l’hypocus et glace vanille, quand en plus c’est très bon ? On ne peut qu’encourager une telle cuisine.

L’apéritif au crémant et une liqueur qui évoque l’amande m’est quasiment impossible à boire. Je n’ai même pas noté le nom du vin blanc de peu d’intérêt.

Il est toujours intéressant de confronter des idées avec des universitaires. Je ne sais pas si ces congrès font avancer la cause de la gastronomie et du vin, mais les rencontres individuelles donnent toujours de nouvelles pistes de réflexion.

DSC09751 - Copie

DSC09737 - Copie

DSC09736 - Copie

DSC09730 - Copie DSC09732 - Copie

DSC09727 - Copie DSC09729 - Copie DSC09733 - Copie DSC09735 - Copie

DSC09741 - Copie DSC09740 - Copie

la salle de réception de la mairie de Tours

DSC09742 - Copie DSC09743 - Copie

DSC09744 - Copie DSC09746 - Copie DSC09747 - Copie DSC09748 - Copie DSC09749 - Copie

dîner du 2ème soir

DSC09754 - Copie

DSC09752 - Copie DSC09753 - Copie DSC09755 - Copie

dîner de truffes blanches au restaurant Michel Rostang jeudi, 20 novembre 2014

J’avais réservé deux places pour le dîner de truffes blanches au restaurant Michel Rostang. Mais le lendemain ma femme part très tôt rejoindre son fils à Miami et préfère renoncer. Ma fille cadette ne pouvant venir, ce sont les deux amis du dîner chez ma fille qui profitent de l’aubaine.

Lorsque je préviens le restaurant que nous serons trois, je demande à Alain Ronzatti
le sommelier si je peux apporter un vin, mais il m’en dissuade car il a travaillé sur des accords mets et vins. Il a bien fait de refuser mon apport, car les accords qu’il a préparés sont d’une pertinence absolument remarquable.

Le menu préparé par le chef Nicolas Beaumann
est : artichaut et parmesan / gnocchi et sot-l’y-laisse / Saint-Jacques et châtaigne / bar et lentilles / volaille de Bresse et Pasta Lumache / vanille et orange.

Philippe, le râpeur ou rappeur, on ne sait pas, a inondé nos assiettes de lamelles de truffe blanche, avec une générosité qui mérite d’être signalée. Alain a fait un travail se sommellerie exemplaire. C’est un des plus beaux repas que nous ayons vécu sur le thème des accords mets et vins.

Avant que le repas ne démarre, Alain nous sert un Champagne Jacquesson Cuvée 736 extra-brut. Le champagne est agréable, bien construit, mais ne dégage aucune émotion particulière. J’avouerai bien volontiers que mon goût étant formé par quelques champagnes que je chéris, j’ai tendance à ne pas entrer dans la dynamique des autres. Ce champagne me plairait sans doute en d’autres circonstances. Il a une belle solidité et un bel équilibre, mais je ne vibre pas.

Les choses changent du tout au tout avec le Champagne Gosset 1973. Car ce champagne déjà mûr, profite à fond de la distinction et l’élégance du beau millésime 1973. C’est une année raffinée, pas tonitruante du tout, qui joue sur le pastel et la suggestion. La longueur est belle, car le message s’alanguit, comme une belle sur un sofa. J’adore. Ce qui est génial dans le plat, c’est que l’artichaut se révèle, alors que la truffe blanche et le parmesan devraient l’étouffer. Le champagne profite à plein de la truffe.

Le Mambourg Grand Cru Marcel Deiss 2004 est un vin toasté, voire fumé, au nez puissant et à la persistance aromatique extrême. Il est gouleyant, imposant sa volonté au palais et terriblement gastronomique. La mâche des gnocchis est exactement ce qu’il faut pour exciter ce grand vin.

Le Châteauneuf-du-Pape Château Rayas blanc 2005 est le vin que j’attendais dans la liste préparée par Alain. Hélas, c’est le seul qui ne correspondra pas à mes attentes. Il part bien, avec une belle attaque bien juteuse, avec une minéralité de bon aloi, et puis il s’essouffle et le final est bien court. C’est dommage, car la Saint-Jacques a une mâche qui correspondrait exactement à ce vin s’il avait la grandeur que j’attendais. Je ne crois pas qu’il y a un problème de bouteille. Ce vin est court, tout simplement.

Le Saké Kuheiji 9 grand cru 2008
est limpide comme de l’eau. C’est une heureuse pause dans la voyage parmi les vins blancs français. Il est expressif et crée un bel accord avec le bar délicieux. Je n’ai aucun repère pertinent, mais je trouve que l’accord se forme bien, au bon moment.

La volaille de Bresse est une douceur. Elle fond en bouche. Le Corton-Charlemagne Bonneau du Martray magnum 1998 est impérial, vin d’une justesse de ton inégalable. Tout en ce vin exprime l’élégance, le raffinement et la noblesse. De plus, sa longueur est infinie. Il a un léger fumé sur un fruit plein, jaune d’or. L’accord est impérial.

Le dessert est très amusant car la vanille est traitée de façon qu’elle ait la forme d’une truffe, posée sur des copeaux qui figurent la terre. Le Coteaux de l’Aubance Domaine des Charbottières 1991 profite bien de son âge. Il est moelleux, assez doux, avec des notes d’agrumes et de fruits confits. Il s’accorde bien avec le délicieux dessert.

La cuisine du chef est absolument brillante, montrant un grand talent. Mon plat préféré est la volaille de Bresse et la Saint-Jacques mais les autres plats méritent des applaudissements. Le travail d’Alain Ronzatti a été extrêmement brillant. Ses choix ont tous été judicieux.

Mon classement des vins est : 1 – Corton-Charlemagne Bonneau du Martray magnum 1998, 2 – Mambourg Grand Cru Marcel Deiss 2004, 3 – Champagne Gosset 1973.

Le restaurant Michel Rostang se situe dans le champ d’une cuisine bourgeoise traditionnelle. Quand elle est traitée à ce niveau, on voit à quel point la France a besoin de cette cuisine, surtout si elle est accompagnée de façon aussi pertinente par des vins formant des accords vibrants.

Ce dîner sera à marquer d’une truffe blanche dans nos mémoires.

DSC09507

DSC09539 - Copie (4)

DSC09539 - Copie

DSC09539 - Copie (3)

DSC09537

DSC09539 - Copie (2)

DSC09539

DSC09511 DSC09513 DSC09515 DSC09518 DSC09519 DSC09521 DSC09523 DSC09525 DSC09527 DSC09529

DSC09540 DSC09542

menu Rostang 141119 001