Apéritif impromptu samedi, 9 août 2014

Ma fille cadette a loué une villa à portée de fusil de notre maison. Arrivant chez elle à l’heure de l’apéritif, elle nous ouvre un Pouilly-Fuissé Le Clos de Monsieur Noly Domaine Valette 2002. La couleur est d’un or prononcé, superbe. Ce qui est passionnant, c’est le final de ce vin. L’attaque est aimable et tout se joue dans le final. C’est une explosion de fraîcheur citronnée intense. Il y a même un léger poivre qui rend le vin encore plus insistant. Sur des chipolatas elles-mêmes poivrées, c’est un régal. Voilà un vin de grand plaisir.

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Quelques champagnes par de belles soirées d’été jeudi, 7 août 2014

Des amis viennent prendre l’apéritif à la maison. Le Champagne Delamotte 2004 est fort plaisant, de bonne et large soif, pour paraphraser le vocabulaire rabelaisien des confréries viniques. Il est suivi par un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1998 qui n’est pas un service à rendre au Delamotte. Car le blanc de blancs est tout en suggestion, en gracilité, alors que le Henriot est en puissance, conquérant, et l’emporte grâce à son charme convainquant. Les deux sont de grands champagnes, très différents, mais il ne faut pas les servir ensemble ni dans cet ordre.

Ma fille aînée et ses filles sont parties, mon fils, son épouse et ses deux enfants viennent juste de partir. L’impression de vide se ressent. Aussi, avec ma fille cadette, nous décidons de ne pas nous laisser abattre. Le Champagne Krug Grande Cuvée a une belle force de caractère. Sur de la poutargue, il est un accompagnateur poli. Il a la même gentillesse avec de mini sardines, mais aucune percussion n’est atteinte. Le champagne commence à s’ébrouer sur une terrine aux abats. L’apothéose vient avec un camembert Jort bien fait qui sent presque l’écurie tant il est typé. Là, le Krug s’émeut, vibre, et nous ravit. Il a besoin d’une confrontation musclée. Globalement, le Krug Grande Cuvée qui mériterait un peu plus de temps en cave, s’il est racé et de belle complexité, manque un peu de vibration. Il lui faudrait au moins cinq ans de plus.

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Beau déjeuner au San Felice de l’hôtel du Castelet mardi, 5 août 2014

Par une belle journée d’été, nous allons déjeuner en famille à l’hôtel du Castellet. Le restaurant gastronomique deux étoiles, le Monte Cristo, n’est ouvert que le soir aussi allons-nous à la brasserie
San Felice, installée au bord de la piscine le long du parcours de golf.

Avant cela, sur la terrasse du bar de l’hôtel, nous prenons l’apéritif avec un Champagne Dom Pérignon 2004. L’immédiate impression est celle d’un champagne confortable. Il a une jolie complexité, une belle race, c’est un champagne de plaisir. Il n’a ni la typicité ni la complexité des plus grandes cuvées mais il est rassurant et confortable. C’est un très bon champagne que l’on boit avec gourmandise.

J’ai choisi les vins avant la commande des plats. Nos désirs sont variés, je prendrai une tartelette à la sardine et aux tomates confites, puis la pièce de bœuf. Mon entrée pourrait convenir au blanc et au rouge, aussi les deux vins sont servis.

Le Riesling Clos Sainte Hune Trimbach 1998 est opulent et rond, mais surtout il a un fort botrytis. De ce fait, il s’installe en conquérant dans le palais et perd un peu du ciselé si caractéristique de ce Clos légendaire. C’est un beau vin, gras, opulent, de belle race.

Le Corton rouge Bonneau du Martray 1996 est d’une élégance joyeuse. C’est son final qui entraîne dans les saveurs follement bourguignonnes. Il est beaucoup plus adapté à la sardine qu’il caresse que le Sainte Hune qui domine le plat. Le Corton expose des complexités subtiles, toutes en distinction. C’est un régal de boire ce vin puissant et délicat.

Après le repas, sous un gazébo, une belote acharnée nous a permis de reposer nos corps avant de reprendre la route. Ce lieu porte au calme et à la sérénité. La brasserie ne vise pas la grande cuisine mais une honnête prestation. Ce contraste avec l’ambiance marine de notre maison plait à mon épouse. Comme de plus on trouve des prix acceptables pour de grands vins, c’est une étape obligée de nos vacances.

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Un Vega Sicilia Unico parfait samedi, 2 août 2014

La famille est au complet dans notre maison qui grouille de monde. Il arrive que certains décident d’aller dîner en ville aussi, les seuls qui boiront ce soir sont ma fille cadette et moi. Il y a un agneau au programme du dîner ce qui est une invitation à ouvrir un grand vin. Dès la première gorgée du Vega Sicilia Unico 1996, nous nous regardons, ma fille et moi, en faisant un signe qui ne trompe pas : nous sommes face à une bouteille totalement exceptionnelle. Ma fille est surprise et je le suis tout autant. Ce vin est d’une totale perfection. Le nez est tonitruant, riche de fruits noirs. La bouche est étonnamment fluide. On y trouve menthe, fenouil, feuille de cassis et fruits de cassis, avec des myriades d’évocations d’une totale pertinence. Le vin glisse en bouche, fruité, riche, frais et léger. Quel bonheur que ce vin.

Chaque gorgée nous confirme que nous sommes en présence d’un vin parfait. Je l’avais sorti de l’armoire à vins au moment de le boire, et dans sa fraîcheur, il est d’une gourmandise raffinée. Très convenable sur l’agneau, nous l’avons essayé sur un camembert Gillot peu fait. Ce camembert n’a pas la forte personnalité du Jort mais il est plus orthodoxe. Il est excellent et l’accord s’est trouvé pour notre plus grand plaisir. Il est rare que Vega Sicilia Unico, vin que j’adore, m’ait autant donné une image de perfection.

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Vins de vacances dimanche, 27 juillet 2014

Les enfants sont tous présents ainsi que les petits enfants. Nous ouvrons des vins au fil de nos humeurs. Un Château de Pibarnon rouge 2000 est plaisant car il est carré. Il a de la puissance et une belle harmonie. Il se boit bien.

Nous en ouvrons un autre lors d’un autre dîner. Le Château de Pibarnon rouge 2000 est un peu moins vibrant mais toujours aussi équilibré et carré. L’occasion est belle de le comparer avec le Château de Pibarnon rouge 2001. Le précédent m’avait déçu parce que l’alcool dominait et bridait le discours. Celui-ci, à l’inverse, est d’une grande délicatesse. Sur un agneau provençal, il brille par son élégance. L’honneur est sauf, le 2001 qui m’avait déplu n’était pas ce qu’il devait être. Ce 2001 confirme sa belle stature de Bandol de charme et d’élégance.

Nous décidons, sur une proposition de mon fils, d’organiser l’apéritif sur la terrasse de toit du cabanon qui surplombe la mer. Mer et soleil en fin de journée nous offrent des couleurs de mer et de ciel qui sont un véritable spectacle, rose, bleu argenté, gris argenté puis noir d’encre. Le Champagne Delamotte 2004 est un vrai grand champagne, rassurant, complet, agréable au palais.

Le Champagne Salon 1997, dès la première gorgée, montre que l’on change de dimension. Il y a une complexité d’une autre échelle. Ce Salon est complexe, suggéré plus qu’affirmé, tout en délicatesse. Je pense qu’il conviendrait de l’attendre encore quelques années pour qu’il révèle ce qu’il a dans le cœur.

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Le Carton Plocher mardi, 22 juillet 2014

Le carton Plocher

La société Plocher commercialise un carton de la taille d’un sous-verre à bière, qui est censé modifier (en bien) le goût du liquide d’un verre posé sur lui.

Ce carton a créé sur le forum « la Passion du Vin » (LPV) des discussions à n’en plus finir, entre les croyants et les incrédules.

Un des membres de ce forum m’a adressé un de ces cartons pour que j’exerce mes talents pour vérifier si oui ou non le vin est influencé par un stationnement de quelques minutes sur le carton Plocher qui influence le liquide sans contact.

A suivre !

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Déjeuner avec des vins inattendus dont une Roussette et un Royal Kebir dimanche, 20 juillet 2014

Le propriétaire de l’une des plus importantes maisons de ventes aux enchères américaines m’annonce qu’il passe dans la région ce qui me conduit tout naturellement à l’inviter à déjeuner. Il viendra avec son épouse, son agent français pour l’Europe accompagné lui aussi de son épouse. Ce commissaire priseur que je connais depuis des années organise des dîners de folie où les vins les plus rares coulent à flot avec des excès dignes des paulées bourguignonnes et reçoit des invitations de tous les plus grands collectionneurs de la planète.

Je prends cette invitation comme un challenge : comment lui montrer, ainsi qu’à ceux qui l’accompagnent, la spécificité de mon amour du vin. Je prépare les vins du repas que l’on découvrira le plus souvent à l’aveugle, pour ajouter du piment à la découverte. Le menu mis au point avec mon épouse est : coquilles Saint-Jacques saupoudrées de poutargue / gigot d’agneau à l’ail confit et purée de pomme de terre à l’huile d’olive / camembert Jort / petits desserts variés et macarons de la maison Matyasy à Hyères.

L’apéritif est constitué de Cecina de Léon, superbe viande de bœuf fumée onctueuse et douce en fines tranches, tapenade, anchoïade, chorizo et graissins. Le Champagne Delamotte 2002 que j’ai ouvert – pour une fois – deux heures avant, est parfaitement adapté à toutes les composantes de cet apéritif, la vibration la plus forte étant obtenue avec le bœuf fumé. Le champagne est bon, mais je n’ai pas la même étincelle qu’avec le même champagne bu hier, qui m’avait enthousiasmé. Il est grand, joue dans la cour des grands, mais n’a pas le même instant de grâce pure que celui d’hier. Il est vineux, carré, moins complexe qu’hier, mais de bel accomplissement. L’américain trouve le millésime.

J’avais envie d’ouvrir les champagnes deux heures avant et quand j’ai voulu ouvrir le suivant, ce fut impossible de l’ouvrir à la main. Le bouchon est collé et rien ne le fait bouger. Lorsque le couple de français arrive, je demande que l’on m’aide et la même impossibilité apparaît. Alors, je déchire autant que je peux la partie émergente du bouchon, je plante un limonadier et malgré l’effet de levier puissant, je n’arrive pas à décoller le bouchon et j’ai peur de casser mon tirebouchon.

Arrive l’américain et nous essayons à nouveau de lever le bouchon sans casser le tirebouchon. Au bout de nombreux efforts le bouchon se décolle. Il se trouve que l’étiquette de la bouteille est recouverte du papier d’emballage resté collé aussi le millésime n’est pas visible alors que le nom du champagne est évident. Le challenge sera de trouver l’année.

La couleur du Champagne Salon 1982 est dorée comme le soleil. Le champagne est d’une folle complexité et ce qui est fascinant, c’est le final qui ne finit pas. Il y a du pomelos dans ce final de belle acidité qui n’arrête pas d’envahir la bouche. Ce champagne est miraculeux. Je dis à mon ami que ce champagne mériterait 100 points car je lis ses commentaires fondés sur le système Parker, mais il me dit qu’il ne donne jamais 100 points. Alors, contentons-nous d’un 99 points, ce qui n’a pas d’importance, car seul compte le fait que ce champagne a un final fascinant qui envoie ses saveurs en ondes successives porteuses comme un tapis volant. Quel immense champagne ! Les deux amis ont placé ce Salon dans la décennie 70, mais c’est le sublime 1982.

Pour les deux vins qui vont suivre, je promets, si l’un d’entre eux trouve le vin, d’acheter le porte-avions Charles de Gaulle et de le lui donner, car je pense que ce serait impossible qu’ils trouvent. Les vins ouverts il y a plus de quatre heures ont été gardés à température de service et mis en carafe juste avant de passer à table.

Le vin servi sur les coquilles est d’un or citronné de belle jeunesse. Ce qui fascine dans ce vin, c’est sa précision et c’est de loin cette caractéristique qui me comble d’aise. Il est bien structuré, avec une jolie trace citronnée, évoque les fruits jaunes, et rebondit bien sur la poutargue en copeaux. Mon ami américain a éliminé les pistes de Bordeaux ou Bourgogne et serait volontiers allé vers le Jura. Cette piste pouvait être envisagée, mais la fluidité et la limpidité de ce vin se trouvent peu en Jura où les vins sont plus marqués. Ce vin est une merveille, c’est une Roussette de Savoie le Marestel Altesse Dupasquier 1990 qui a atteint un accomplissement admirable que n’auraient pas des versions récentes de ce vin.

La carafe qui suit contient un vin très foncé, qui est un peu tuilé sur le pourtour du verre, ce qui annonce un âge certain. Le vin a un fort café, un sensible moka mais il a une vivacité qui empêche de le trouver fatigué. Bien au contraire, il est envahissant. Il en impose par sa profondeur, sa structure large. C’est un vin de plaisir qui aurait probablement été meilleur quelques années auparavant car le café eût été moins insistant. Il avait un niveau dans le goulot, ce qui est exceptionnel. C’est Royal Kébir Frédéric Lung rouge vin d’Algérie 1945.

J’ouvre à la dernière minute et il n’y aura pas d’aveugle, la Côte Rôtie La Turque Guigal 1995. De plus en plus j’aime ouvrir ces vins au moment de les boire, sans les carafer. Le vin est une bombe de cassis, juteux, séducteur, diabolique, et nous le goûtons sur un camembert Jort coulant à souhait, ce qui conduit à un de ces plaisirs rares que j’adore parce qu’ils sont inattendus. Cet accord est captivant.

La cuisine de ma femme, sobre, lisible, était idéale pour les vins. Je suis content car j’ai emmené ces grands spécialistes du vin sur des pistes qui leur sont inconnues. Les vins rares et chers sont leur quotidien. Ce voyage éclectique leur a plu, ce qui est mon plus grand plaisir.

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le papier d’emballage collait à l’étiquette du Salon 1982

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on remarque le niveau dans le goulot du Royal Kebir 1945

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voici le bouchon du Salon 1982 qu’il a fallu déchirer pour introduire un tirebouchon qui a eu bien du mal à lever le bouchon collé

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bouchon du Lung et du Marestel

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photo du bouchon de La Turque prise 15 jours plus tard ce qui explique le resserrement

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photo de groupe

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Quelques vins bus dans le sud samedi, 19 juillet 2014

En plusieurs occasions avec des amis, j’ai eu l’occasion d’ouvrir un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1998. Ce qui apparaît immédiatement, c’est son équilibre, sa sérénité, sa facilité de message. Il est confortable mais il manque peut-être un peu de l’inspiration que j’ai trouvée dans d’autres millésimes. Il faut sans doute lui laisser le temps de s’épanouir encore. Ses facultés d’adaptation gastronomique sont remarquables.

Une autre fois, j’ai ouvert un Château de Pibarnon Bandol rosé 2004. Vin magnifique. Quelle autorité, quelle présence ! Sa couleur est d’un rose orangé proche de la mangue. Sa densité est prégnante. Il tient bien sa place dans un repas et se montre un rosé de grande tenue.

Le Champagne Delamotte 2002 joue dans la cour des grands. Ce blanc de blancs est romantique, évoquant les fleurs blanches, il est délicat, raffiné, féminin, tout de grâce et de belle complexité. J’avais déjà plusieurs fois goûté ce vin que je trouve de plus en plus brillant.

A la suite, j’ouvre un Château de Pibarnon Bandol rouge 2001. Par une journée orageuse de forte chaleur, il est servi à 15° donc suffisamment frais. Dès la première gorgée, j’ai une vraie déception, car ce vin contraste avec les Pibarnon que j’ai bus récemment. L’alcool domine, le vin est lourd, parkérisé comme je les déteste. Est-ce un problème de bouteille ? Cela m’étonne que ce Pibarnon ait perdu les accents de garrigue, de fenouil et d’olive que j’aime tant. Je vérifierai prochainement, pour ne pas rester sur une déception.

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Quelques champagnes en bord de mer samedi, 12 juillet 2014

Nous passons des jours heureux dans le sud, avec plusieurs de nos petits-enfants. Mon fils nous rejoint, ce qui se fête. Nous grignotons diverses préparations qui accompagnent un Champagne Krug Grande Cuvée non millésimé. Le bouchon bien chevillé indique que la bouteille a plus d’une dizaine d’années. Cela se confirme en bouche, car le champagne a une rondeur fort agréable. Le champagne est grand, complexe, solide. Sur du saucisson et du jambon Pata Negra, on est en terre amicale. Sur des crevettes ou du fromage de tête, le champagne est aussi flexible.

Le Krug est si gourmand qu’il est vite épuisé aussi est-ce le tour d’un Champagne Salon 1999. Les deux champagnes sont très différents, presque opposés. Servis dans cet ordre, on ressent que le Krug est masculin et le Salon féminin. Dans d’autres circonstances, le caractère féminin du Salon n’apparaîtrait pas mais ici, le clivage se fait sur le genre ce qui n’est pas, de nos jours, très politiquement correct. Et dans ce contexte et dans cet ordre, c’est le Salon qui gagne en succédant au Krug. Il a moins de force, autant de complexité, et c’est du côté du charme enjôleur que le Salon excite nos cœurs. Sur un camembert Jort parfaitement affiné, la jouissance est suprême.

Même si la résonance n’est pas explosive, la juxtaposition du Salon avec des fraises Mara des bois est rafraîchissante et joyeuse.

Le lendemain, c’est au tour de ma fille cadette de venir rejoindre ses enfants et ses parents. Il reste du Champagne Salon 1999 qui, bu seul, ne fait plus ressortir sa féminité. Il est toujours complexe de fruits et fleurs blanches, et de grand plaisir. Un Champagne Delamotte 2004 lui succède. Même si le champagne est moins complexe que Salon, il est extrêmement plaisant, franc, joyeux, de solide construction avec des accents de noix et de pâte de fruit. Et il accompagne agréablement les petits grignotages qui tiennent lieu de dîner face à la mer.

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curieuse disparité des bouchons

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ces deux photos sont importantes pour moi car il y a mes trois enfants réunis chez ma femme et moi. La probabilité de les avoir tous ensemble est très faible.

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Merveilleux déjeuner au restaurant Pic à Valence samedi, 5 juillet 2014

Nous nous rendons avec des amis au restaurant Pic à Valence. La gare de Valence TGV montre que les architectes ont de l’imagination et illustre l’adage : « pourquoi faire simple lorsque l’on peut faire compliqué ? ». Notre chauffeur de taxi est volubile, pèse 135 kilos ce qui en impose. Plus efficace qu’une agence de tourisme pour vanter la région il nous en a tout dit. Pas tout, car il nous reprendra en course au retour et aura encore des choses à nous dire.

Nous prenons l’apéritif dans le délicieux petit jardin luxuriant du restaurant. Denis Bertrand, fidèle et légendaire sommelier du lieu depuis 41 ans nous suggère un Champagne Le Cran Bérêche & Fils 2006. Ce champagne de la montagne de Reims fait de chardonnay et de pinot noir, dégorgé au début 2013, est un excellent choix. Complexe, un peu âpre au début, il accompagne à merveille les trois petits amuse-bouche. Le cromesquis d’escargot est tellement gourmand qu’il apporte de la rondeur au champagne qui gagne en fruit. Nous nous félicitons de boire ce beau champagne.

Pour choisir le menu, il y a une grille de lecture assez facile à comprendre et, ce qui ne gâte rien, Anne-Sophie a rédigé pour chaque plat une page d’explications et de commentaires personnels de sa recette. Une plaquette sera d’ailleurs donnée en fin de repas, liée par un ruban rose comme le menu. Nous prenons tous des plats différents. Mon menu sera : la carotte et la fleur d’oranger, fine gelée et mousseux à la carotte, yaourt brassé à la fleur d’oranger et Voatsiperifery / les anchois de Méditerranée, les poireaux crayons et le caviar Alverta, bouillon au thé vert matcha / le turbot côtier et le petit pois, turbot cuit meunière, crémeux de petits pois à l’oseille, cardamome verte, bouillon des cosses au café vert / le pigeonneau de la Drôme, légèrement fumé au géranium rosat, pickles de radis, croquant de fenouil et céleri, consommé cristallin / le millefeuille blanc, crème légère à la vanille de Tahiti, fine gelée au jasmin, émulsion au poivre Voatsiperifery.

On dit souvent que le vin ressemble au vigneron qui le fait et j’ai pu maintes fois le vérifier. On pourrait dire la même chose de la cuisine. Anne-Sophie Pic, petit bout de femme si réservée mais si volontaire, fait une cuisine d’une subtilité inégalable. Tout est délicat, réfléchi, mille fois pensé et repensé, avec une cohérence diabolique. On se demande combien de centaines d’essais ont été nécessaires pour arriver à des dosages aussi parfaits. J’avoue être en admiration absolue devant la subtilité et la délicatesse de tous les plats. A l’apéritif, le foie gras fondant en bouche est sensuel, le cromesquis d’escargot est pénétrant mais savamment contrôlé.

Au repas, la carotte est interprétée avec une imagination débordante. Comment arriver à transcender la carotte et aboutir à l’entremêler de fleur d’oranger. Le plat le plus merveilleux est l’anchois. Car la fusion avec le caviar amplifie les deux goûts et sublime le caviar californien. Le turbot est probablement le plat le plus classique de ce repas et le pigeon est remarquablement exécuté avec mille petites variations gustatives originales. Le millefeuille revisité en blanc est enthousiasmant.

Denis Bertrand nous a accompagnés pas-à-pas pendant le repas. Il faut savoir godiller dans la carte des vins car certains prix sont à couper le souffle. Conseillés par Denis nous avons réussi à éviter les récifs tarifaires.

Le Champagne Krug Grande Cuvée non millésimé marque un saut qualitatif majeur par rapport au Bérêche. Il y a une profondeur dans ce champagne de plomb, élixir qui propulse l’anchois au caviar au firmament de la gastronomie. Quel beau champagne !

L’Hermitage Chave blanc 1999 est mon choix car je voulais absolument faire connaître cette merveille à mes amis et Denis est allé chercher sa plus vieille bouteille. Dès la première gorgée, le miracle est là. Il y a une complexité dans ce blanc et une richesse chromatique invraisemblable. C’est un tourbillon de saveurs lactées, fruitées, avec un fumé délicat et non invasif. Plein en bouche il n’est que bonheur. Sa longueur est parfaite. Quoi de plus beau que ce blanc ? Il accompagne bien le turbot mais il n’y a pas de réelle multiplication de l’un par l’autre.

Le vin rouge a été suggéré par Denis, car les vins de Guigal sont inaccessibles à la carte. La Côte Rôtie Domaine Jamet 2000 est joyeusement juteuse. Mon ami qui a pris le chevreau en profite pleinement car la chair gourmande, grasse et sensuelle capte toute la fraîcheur du vin. Alors qu’avec le pigeon, le vin montre un certain manque de matière et de profondeur en fin de bouche. Le pigeon aimerait un vin plus lourd. Mais je me suis régalé avec cette très belle Côte Rôtie précise, magnifiquement fruitée et délicate.

Mon ami a le même classement des vins que moi : 1 – Hermitage Chave blanc 1999, 2 – Krug Grande Cuvée, 3 – Côte Rôtie Domaine Jamet 2000, 4 – Champagne Le Cran Bérêche & Fils 2006.

Le service est absolument parfait, mais je suis peut-être mauvais juge, car étant accueilli en ami de toujours, ma table a droit à des attentions toutes particulières. Anne-Sophie est venue saluer toutes les tables et a eu des mots très aimables à notre égard. Nous l’avons abondamment félicitée pour l’intelligence créatrice et artistique de sa cuisine.

Anne-Sophie est très probablement l’une des plus talentueuses cuisinières de tout le paysage culinaire français. Bravo et longue vie à cette cuisine qui mérite le plus grand respect.

dans la gare de Toulon, un cheminot mesure la longueur des voies. De Paris à Nice, il en verra des paysages !

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l’apéritif au jardin du restaurant

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la présentation du menu et les fiches des plats que j’ai choisis

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Une décoration qui sait mêler l’ancien et le moderne

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