Visite et déjeuner au château de Pibarnon mercredi, 2 juillet 2014

Par une belle journée au ciel clair, je rends visite au Château de Pibarnon. Marie, maître de chai, m’accueille sur le seuil de la belle demeure et je rejoins Eric de Saint-Victor, le propriétaire du domaine, qui est en train de déguster avec un ami comédien que je retrouve avec un infini plaisir. Quelle coïncidence ! Il se joindra à nous au déjeuner, ce qui n’était pas prévu.

Le Château de Pibarnon rosé 2013 est bien jeune mais il est rafraîchissant. Il se boit bien et facilement. Il diffère du 2011 bu récemment, qui est plus gastronomique et plus puissant mais moins désaltérant.

Le Château de Pibarnon rouge 2012 est aussi très jeune et je ne le ressens pas assez structuré.

Le Château de Pibarnon rouge 2011 me plait énormément. Il a l’âpreté des bandols. Il promet beaucoup.

Le Château de Pibarnon rouge 2010 est plus classique, structuré, construit mais fait un peu trop bon élève, premier de la classe. Il a de beaux jours devant lui mais restera assez classique.

Le Château de Pibarnon rouge 2009 est un peu une synthèse entre 2011 et 2010, c’est-à-dire qu’il a la belle âpreté du Bandol, du tempérament, de la structure et un final du plus bel effet. Même si le plus grand me semble être le 2009, celui que je préfère est le 2011, plus canaille et de ce fait plus excitant pour mon palais.

Eric de Saint Victor m’emmène dans sa voiture faire le tour de plusieurs parcelles de son vignoble de 50 hectares. Nous passons de perspective en perspectives dans des décors de rêve avec des vues à couper le souffle, tant la position en hauteur de ce domaine, très au dessus de La Cadière-d’Azur, offre des horizons infinis.

Nous prenons l’apéritif dans le petit salon. J’ai apporté un Champagne Salon 1996 en vue de l’associer avec des blancs du domaine pour regarder comment la cohabitation gustative se fait.

Le Champagne Salon 1996 est dans un état de grâce. Servi très frais, il glisse en bouche avec facilité et impressionne par sa longueur inextinguible.

Le Château de Pibarnon blanc 2004 est malheureusement fatigué, faisant dix ans de plus qu’il ne devrait. Mais l’expérience que je voulais tenter donne des résultats. Lorsque l’on boit le blanc seul, suivi du Salon et lorsqu’on le reboit, il gagne en complexité. Le champagne « féconde » le vin blanc.

Avec un autre Château de Pibarnon blanc 2004 nettement meilleur, d’une grande complexité, l’effet du Salon est moins concluant. Mais aussi bien le 2004 que le champagne nous régalent. Le Salon 1996 est magique de complexité sous une apparente facilité : le champagne ne cherche pas à briller. Il a le charme naturel de la voix d’un Frank Sinatra.

Des blinis aux œufs de saumon et du jambon ibérique accompagnent l’apéritif avec plaisir.

Nous sommes quatre à table, Marie, Aladin mon ami comédien qui est familier des lieux, Eric de Saint-Victor et moi. Eric a fait une flambée de sarments pour une belle pièce de bœuf qui sera accompagné d’un morceau d’araignée cuit au four.

Le Château de Pibarnon rouge 1985 est d’une grande puissance, emplissant le palais dans sa largeur. Il a beaucoup de matière, un fruit plein, mais il me donne des impressions de vin torréfié qui vont fort heureusement disparaître dix minutes plus tard rendant le vin charmeur et de belle plénitude. Ce n’est pas un Bandol typique, et l’on pourrait lui trouver des accents du Rhône nord.

Le Château de Pibarnon rouge 1990 est totalement différent du 1985. Si le 1985 est horizontal dans le palais, le 1990 est vertical. Il est tranchant, plus masculin, et plus typiquement bandol. Au début, je préfère le 1990 au 1985 et lorsque le 1985 s’est aéré, on pourrait dire que les deux se rejoignent en qualité, même s’ils sont opposés. Mon cœur ira plutôt vers le 1990 même si j’aime la richesse et l’opulence du 1985.

Le fromage banon est une merveille pour les rouges. Pour le délicieux roquefort bien frais, le Château de Pibarnon rosé 2011 est d’un grand confort et confirme son potentiel gastronomique. Le Château de Pibarnon blanc 2004 est une merveille et une réussite incontestable. C’est le plus enthousiasmant des rosés et blancs que nous avons bus.

Eric décide d’ouvrir alors un Château de Pibarnon rouge 1982 qui se révèle être le plus brillant des rouges, avec un parfum exceptionnel, plus grand que le goût brillant lui aussi. Le vin est une sorte de synthèse de ce que nous avons bu en vins rouges, avec l’âpreté, la matière, la cohérence et un final mentholé de pure fraîcheur. Ce vin donne l’impression d’une grande jeunesse et d’une capacité de vieillissement quasi infinie.

Ce voyage dans le temps avec les vins de Pibarnon est extrêmement convaincant. Par une belle journée ensoleillée et face à des panoramas de rêve, nous avons partagé un déjeuner de grande qualité.

Vins bus dans la salle de dégustation

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le cadre féérique

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la salle à manger

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la pièce de boeuf

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les vins du repas (manque photo de Salon 1996)

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coupe du Monde oblige, café brésilien !

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Dîner avec des amis le jour le plus long samedi, 21 juin 2014

Les ouvriers rassemblés pour un barbecue de fin de chantier ont été six fois plus attirés par le Pibarnon rosé que par le rouge. Il restait deux rouges ouverts. J’appelle des amis proches pour les inviter à dîner le lendemain.

L’apéritif se prend avec le Champagne Salon 1999. Cela fait un an que je n’avais pas goûté ce millésime de Salon et je constate avec plaisir que le champagne s’est épanoui et offre une belle personnalité. Vineux, fort, il m’impressionne par sa profondeur. Il passe en force dans le palais et laisse une trace profonde et persistante. Confronté à la viande de bœuf Cecina de Léone, il se place bien devant cette viande forte. Il devient romantique lorsqu’il est associé à de l’andouille.

J’ouvre des pots d’anchois au goût intense et très salé. Le champagne s’adapte merveilleusement bien. Asséché assez vite, il est doublé.

La chair des pintades est très marquée et le Château de Pibarnon Bandol rouge 2000 virevolte de son charme méditerranéen. Garrigue, romarin, poivre intense, concentration, force pénétrante, tout est là pour convaincre. C’est un vin charpenté et de plaisir.

Sur un camembert Jort de compétition affiné idéalement, le vin nous entraîne dans une ronde folle.

Le Crumble aux abricots assez acides nous fait quitter le territoire des vins. Le jour le plus long de l’année n’a pas été pour nous la fête de la musique mais celle de grands vins.

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Barbecue avec Pibarnon rosé et rouge vendredi, 20 juin 2014

Il y a eu de grands travaux d’aménagement et de décoration dans ma maison du sud. La fin est proche aussi nous décidons d’inviter les ouvriers qui ont participé à ce chantier pour un déjeuner barbecue préparé par notre boucher-traiteur. Il y a des saucisses avec divers parfums et épices, des brochettes de poulet au citron et un agneau fort tendre.

Nous sommes une trentaine et le Château de Pibarnon Bandol rosé 2011 se boit avec une joyeuse soif. Ce rosé vineux est plus gastronomique que désaltérant. Tout le monde l’apprécie. Il a une belle longueur et a plus de structure que beaucoup de rosés de la région.

Quelques personnes, dont moi, privilégient le Château de Pibarnon Bandol rouge 2000 qui est spectaculaire. Il sent la garrigue, il est d’un poivre fort, et c’est du soleil en bouche. Je l’adore.

Les deux vins sont à l’aise avec les plats et aussi avec un fromage des Pyrénées qui convient bien au rosé et plus encore au rouge. Il fait chaud, tout le monde est heureux que j’aie tenu à perpétuer une tradition de fin de chantier dont on me dit qu’elle se fait rare. J’ai félicité les ouvriers, leurs chefs et l’architecte, ce qui leur a fait plaisir.

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Déjeuner au siège du champagne Salon avec un immense Salon 1943 jeudi, 12 juin 2014

Didier Depond, président de la maison de champagne Salon-Delamotte lance une invitation à déjeuner au siège de Salon. Ça ne se refuse pas. Nous sommes dix-huit et je reconnais des fidèles amis de Didier, de tous horizons, avocats, sommelier, marchand de fleurs, journaliste, financier, directeur d’une école de dégustation, caviste et bien d’autres. Ils viennent de plusieurs pays, Argentine, Grande-Bretagne, Suisse. Certains sont des professionnels du vin et d’autres non, mais tous sont des amis de Didier.

A l’arrivée, on demande à chacun, devant une caméra, de dire quelques mots sur Salon et plus précisément sur le 2002 qui vient d’être commercialisé depuis peu de mois.

L’apéritif se prend avec le Champagne Delamotte Blanc de Blancs non millésimé magnum. C’est une magnifique surprise et je suis conquis. Le nez évoque la noix et le champagne glisse en bouche avec un extrême plaisir. Il a beaucoup d’atouts et une grande vivacité.

Nous montons à l’étage pour rejoindre la très jolie salle à manger aux tons d’or et de sable. Le menu qui est mis à chaque place indique sur la page de gauche : vin n° 1, vin n° 2, … jusqu’à vin n° 10. Sur la page de droite il y a le menu : soufflé de turbot, sauce homardine et son étuvée de poireaux / pièce de veau, petits pois à la française / fromages affinés : vieille mimolette et comté 18 mois, mesclun de salade / sablé aux framboises, mousse vanille et son coulis.

La dégustation est donc à l’aveugle, mais on peut supposer que les vins seront des Salon ou des Delamotte. J’ai pris des notes succinctes, car les discussions avec mon voisin marchand et producteur de fleurs ainsi qu’avec le directeur de l’institut Bisinger étaient passionnantes.

Le vin n° 1 a une bulle active, très jeune. L’acidité est belle mais le vin est moins rond que le blanc de Blancs sans année bu à l’apéritif. Il y a de beaux fruits blancs et le vin jeune est sans concession.

Le vin n° 2 a une bulle plus fine. Il est plus profond et plus long que le n° 1 qui a sans doute plus de potentiel mais moins de charme à ce jour que le 2.

Il s’agit de Champagne Delamotte 2004 et de Champagne Delamotte 1999. Le soufflé de turbot est d’un goût prononcé et délicieux. Il épaissit le 2004 alors qu’il étoffe le 1999. Quand le plat est parti, le 2004 se montre très frais et le 1999 est un peu plus lourd et brut de forge. En s’épanouissant dans le verre, le 2004 montre de plus grandes subtilités, alors que le 1999 se comportait mieux au départ.

Les vins 3, 4 et 5 sont servis en même temps. Alors que mon voisin hiérarchise les âges en donnant au n° 3 un âge canonique, je considère que l’âge n’est pas discriminant, car je ne vois pas comment trouver l’un ou l’autre plus vieux que les autres. Mais je ne pousse pas le raisonnement au bout. Je ressens le n°3 comme doté de beaucoup de subtilité, le n° 4 avec beaucoup de fruit et de soleil et le n° 5 comme plus rond, plus calme et plus accompli. C’est le 5 que je préfère. Didier Depond nous annonce que les trois vins sont des Salon 2002, avec Champagne Salon 2002 non dosé, Champagne Salon 2002 en bouteille et Champagne Salon 2002 en magnum.

Le n° 6 a un nez sublime et de grosses bulles. Il donne des notes confites. C’est pour moi un grand vin et une belle bouteille. Le n° 7 est aussi grand et très subtil. Je pense que le Salon est le n° 7 mais en fait il s’agit de Champagne Salon 1976 magnum et Champagne Delamotte blanc de blancs 1996 magnum. Le Salon 76 est non dosé et les deux vins ont été dégorgés le matin même. Je trouve plus de délicatesse dans le Delamotte dont Didier dit que 1996 est une de ses plus grandes réussites.

Le 1976 est un peu plus évolué qu’il ne devrait et a des notes lactées. Le 1996 est vif et brillant.

Didier annonce que les trois vins à venir évoqueront certains d’entre nous. Le n° 8 a un infime bouchon mais qui disparaîtra. Il est non dosé et dégorgé il y a 18 mois. Le n° 9 a un nez très strict et serré, truffe blanche. Il me rappelle le 1982 que j’adore. Ce vin est pour moi le « vrai » Salon historique. Il a un peu de champignons des bois. Le n° 10 a le confort du grand vin superbe, aisé, accessible. Il est d’une grâce extrême. Les 9 et 10 ont été dégorgés ce matin. Pour le 10, je cherche une année ancienne, mais jamais je n’imaginerais que Didier nous ait fait un tel honneur.

Les 8, 9 et 10 sont Champagne Delamotte magnum 1964, Champagne Salon 1969 et Champagne Salon 1943. Les amis autour de la table nés en 1964 et en 1969 pourront se féliciter que je sois né en 1943 car cela nous aura permis de goûter un Salon sublime, qui démontre à l’évidence, comme pour les vins jaunes, que plus Salon vieillit, meilleur il est, s’il est d’un grand millésime. Le 1943 est cohérent, immense, énorme, confortable, assumé, le 1969 de ce jour est l’archétype de Salon avec une vibration qui est rare.

Mon classement de ces vins est 1 – Salon 1943, 2 – Salon 1969, 3 – Delamotte 1996. Le plus émouvant est pour moi le Salon 1943 qui montre à quel point l’âge réussit à Salon. La cuisine a été pertinente et bien exécutée. Les convives de tous horizons sont éminemment sympathiques. Ce fut un plaisir mais aussi un honneur de participer à un tel événement.

L’invitation

invitation Salon 140611 001

salon de dégustation et visite de cave

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apéritif

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le menu donné en début de repas

MENU SALON 2 140611 001 MENU SALON 1 140611 001

soupière Salon et plats

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le menu donné en fin de repas

MENU SALON 3 140611 001

photos de table et de vins

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Dans le sud, dîner chez des amis jeudi, 29 mai 2014

Dans le Sud, à peine sorti de l’avion, ma femme qui était déjà sur place, me dit que nous sommes invités chez des amis. Ce sera une paella-party. Le Champagne Mumm Cordon Rouge est simple, agréable, mais sans grande complexité. A côté de lui, le Champagne Laurent Perrier Brut a plus de fraîcheur et de discours.

A table, le Côtes de Provence Domaine Bouisse-Matteri 2012 passe facilement avec la paella, mais il n’a pas grand-chose à raconter, manquant de complexité.

Un Klein Constantia South Africa 2005 a des douceurs bien construites. Il ne titre que 12,5° et donne l’impression de plus. Délicieux comme une pâte de fruit, c’est un plaisir simple qui se bonifiera avec l’âge. Et il lui faudra un siècle pour valoir le légendaire Constantia.

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les millésimes des vins des 181 dîners de wine-dinners mercredi, 28 mai 2014

2005 vins ont été ouverts au cours des 181 dîners de wine-dinners. En voici les millésimes (s’il n’y a qu’un seul vin bu d’un millésime, on n’indique pas le nombre de vins ouverts). Il y a 135 millésimes bus lors de ces dîners :

1791, 1819, 1828 (2), 1837, 1840, 1845 (10), 1850 (2), 1858, 1860 (2), 1861, 1864, 1865 (2), 1866, 1867, 1868, 1870, 1874, 1880 (2), 1885, 1888, 1889, 1890 (6), 1891 (4), 1893 (4), 1894, 1895, 1896 (4), 1898 (2), 1899 (8), 1900 (19), 1904 (8) – 1906 (4) – 1907 – 1908 (2) – 1909 – 1910 (2) – 1911 (9) – 1912 (3) – 1913 (5) – 1914 (3) – 1915 (10) – 1916 (2) – 1917 – 1918 (10) – 1919 (12) – 1920 – 1921 (18) – 1922 (7) – 1923 (7) – 1924 (13) – 1925 (6) – 1926 (11) – 1927 (2) – 1928 (59) – 1929 (43) – 1930 (8) – 1931 (6) – 1932 – 1933 (8) – 1934 (42) – 1935 (8) – 1936 (9) – 1937 (18) – 1938 (7) – 1939 (5) – 1940 (8) – 1941 (8) – 1942 (4) – 1943 (33) – 1944 – 1945 (40) – 1946 (3) – 1947 (87) – 1948 (12) – 1949 (41) – 1950 (23) – 1951 (4) – 1952 (20) – 1953 (31) – 1954 – 1955 (57) – 1956 (10) – 1957 (10) – 1958 (6) – 1959 (74) – 1960 (22) – 1961 (57) – 1962 (30) – 1963 (3) – 1964 (49) – 1965 (8) – 1966 (63) – 1967 (28) – 1968 – 1969 (26) – 1970 (21) – 1971 (23) – 1972 (13) – 1973 (20) – 1974 (10) – 1975 (26) – 1976 (46) – 1977 (2) – 1978 (29) – 1979 (29) – 1980 (18) – 1981 (14) – 1982 (38) – 1983 (43) – 1984 (10) – 1985 (43) – 1986 (31) – 1987 (20) – 1988 (67) – 1989 (40) – 1990 (65) – 1991 (11) – 1992 (29) – 1993 (27) – 1994 (10) – 1995 (9) – 1996 (21) – 1997 (19) – 1998 (11) – 1999 (13) – 2000 (4) – 2001 (3) – 2002 (7) – 2003 (2) – 2004 (2) – 2005 (2) – 2007 – 2008 – 2009 – 2010 – non millésimés (27) – Total (2005)

Un incroyable dîner à quatre mains au restaurant David Toutain mardi, 27 mai 2014

David Toutain, le talentueux chef du restaurant David Toutain a décidé de faire des dîners à quatre mains avec des chefs qui ont un style de cuisine qui ressemble au sien. Ce soir, il est associé avec Christophe Aribert le chef doublement étoilé du Grand Hôtel restaurant Les Terrasses à Uriage. Lorsque j’arrive, ils sont tous les deux affairés en cuisine et l’ambiance est joyeuse.

Quelle surprise de voir arriver le célèbre chef Sang-Hoon Degeimbre du restaurant l’Air du Temps à Eghezée près de Namur. Il est venu avec son équipe car, m’explique-t-il, c’est lui qui sera à quatre mains avec David Toutain ici dans une semaine. Et il ajoute que quelque temps plus tard, c’est David Toutain qui viendra à Eghezée. A la fin du repas, j’apercevrai Christopher Hache le talentueux chef avec lequel j’ai fait de brillants dîners aux Ambassadeurs du Crillon.

La fête commence. Plutôt que de présenter le menu en une seule fois, je vais donner mes commentaires plat par plat, non pas au plan technique mais au niveau de l’émotion ressentie.

Bœuf, framboise noisette. Le carpaccio de bœuf se présente comme une petite bourse en forme de fraise, et on saisit cet amuse-bouche comme on saisirait une fraise, que l’on croque en une bouchée. Superbe combinaison qui met en valeur la viande de bœuf.

Rhubarbe et cacahuète. Présentation très originale. La cacahuète est très forte mais la rhubarbe se défend bien.

Radis beurre. Petite touche rose pâle, mais il est difficile de donner du goût à un radis même trituré.

Huître concombre. Magnifique, car le concombre est très présent mais n’enlève rien au caractère iodé et fort de l’huître. C’est d’une grande pertinence.

Le menu démarre. La truite, benoîte urbaine est un plat qui nous annonce que nous sommes sur un planète de la plus haute gastronomie. Tout est tellement judicieux, que je suis au septième ciel. Les fines tranches de champignons de Paris se marient bien avec le poisson goûteux à souhait. Quel plaisir !

Seiche, feuille de citronnier. C’est un plat tout en blanc barré du vert de la feuille et de pétales de fleurs violettes. C’est excellent, mais beaucoup moins gourmand que le plat précédent.

Tomate, livèche. Je tombe en pâmoison. Ce plat est irréel de créativité. Comment peut-on faire quelque chose d’aussi exquis avec de simples tomates ? Je bouge sur mon siège, tout excité, tant je jouis de ce plat d’une inventivité extraordinaire. C’est ce plat qui aura pour moi la palme de la création.

Homard, asperge, curry. On est dans la gourmandise absolue. L’asperge est divinement préparée, le homard est gourmand. On mange, on croque, on jouit de plaisir. C’est de la grande cuisine, car les cuissons sont d’une exactitude absolue et les épices sont pesées au trébuchet du talent. Là aussi, chapeau.

Féra, bergamote. Que dire d’autre que ce plat mérite des applaudissements. On prend conscience que ce qui se passe n’est pas l’effet du hasard. Pour offrir des plats aussi bien dosés, aux cuissons idéales, cela demande un talent exceptionnel. Et tout, dans ces plats, est d’une intelligence exceptionnelle.

Anguille, sésame noir. J’adore l’anguille de Christian Le Squer. Celle-ci, différente, est aussi monumentalement gourmande. Ce poisson est tellement expressif. Encore un plat de rêve.

Bœuf, nectar d’oignon, fèves. La viande est très goûteuse, les fèves apportent de la fraîcheur. C’est cuisiné avec une justesse de ton totalement pertinente. Il n’y a aucune recherche d’effet, c’est sobre mais exécuté avec un sens de la mesure qui me ravit.

Comté. Il se grignote, mais je ne m’en souviens plus.

Chou-fleur, chocolat blanc, coco. Premier dessert d’une grande subtilité.

Ravioles passion. Dessert gourmand dont je n’ai pas gardé le souvenir, car il était déjà bien tard dans la nuit.

Epluchures de pommes. Une bien jolie façon de terminer le repas. Enfin presque car arrivent ensuite les mignardises et ce clin d’œil adorable : la dernière bouchée sucrée est exactement la reproduction du bœuf du début qui avait, lui aussi, une forme de fraise.

Inutile de dire que j’ai été tout au long du repas sous le charme. L’addition des talents de Christophe et de David a donné un repas dont, dans mon enthousiasme, je dirais volontiers qu’il figure dans les vingt plus grands repas de ma vie. Est-ce que j’exagère ? Je ne sais pas, mais c’est pour marquer mon adhésion totale à ce dîner à quatre mains. Ce qui me fascine c’est que le talent de ces deux chefs est tout dans l’intelligence. Il y a bien sûr les produits superbes, les cuissons idéales, et le talent des constructions. Mais tout est dominé par l’intelligence. Chaque plat est cohérent.

Le plat le plus étonnant est la tomate qui m’a enthousiasmé. Le carpaccio du début m’a frappé. Quel plat serait le meilleur ? J’ai beaucoup de mal à choisir entre le homard, la truite et le bœuf. Laissons les choses sans classement.

Les deux chefs sont facétieux, car ils n’ont jamais indiqué de qui est tel ou tel plat. Je soupçonne qu’ils ont dû échanger des recettes. Nous ne saurons rien car lorsque j’ai dit à Christophe que le homard était de lui, il m’a dit que je m’étais trompé. Restons dans ce flou et souvenons-nous que ce repas est un repas d’anthologie.

Et le vin dans tout cela ? J’ai voulu dans ce compte-rendu faire la part belle au travail des deux chefs car ils le méritent. Mais nous avons eu la chance de boire un Champagne Version Originale Selosse dégorgé en octobre 2013 qui est probablement l’un des plus beaux vins de Selosse que j’aie jamais bu. Dès la première gorgée, chacun de nous quatre a regardé les autres avec un signe qui ne trompe pas : nous étions devant une merveille. Ce champagne vineux, ambré, fort, puissant, envahissant, à la trace sans limite est une merveille de grandeur et de bonheur.

Nous avons la confirmation que nous venions de boire un vin grandiose quand je fais ouvrir un deuxième Champagne Version Originale Selosse dégorgé en octobre 2013 qui est bon, qui a tout pour plaire, mais qui est à cent coudées du champagne irréel que nous venions de boire.

Quand la salle s’est clairsemée, les deux chefs se sont assis à la table où Sang-Hoon Degeimbre et ses convives dînaient. Nous avons bavardé un peu avec eux. Il était deux heures du matin quand j’ai pris le chemin du retour, encore émerveillé par le talent de ces deux grands chefs.

Vive les dîners à quatre mains.

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Dîner au restaurant Hiramatsu mardi, 27 mai 2014

Dîner au restaurant Hiramatsu. Arrivé en avance j’ai le temps de consulter la carte des vins riche et intelligente. Le soir le menu est déjà tracé, avec le choix possible entre un dîner à cinq ou à neuf plats dans lesquels on compte l’amuse-bouche et le pré-dessert. Le plat principal est proposé avec deux variantes. Le vin que j’ai choisi est le Champagne Laurent Perrier Grand Siècle dont le très sympathique sommelier – qui m’a fait visiter la cave bien fournie – me dit qu’il a quatre à cinq ans de cave. C’est cette particularité qui a entraîné le choix de ce vin.

L’amuse-bouche est d’une poudre de petits pois qui arrive trop glacée mais qui est goûteuse. Les asperges sont très bonnes, le rouget est succulent et les desserts sont gourmands, avec de jolies évocations de caramel. Cette cuisine est rassurante, experte, et comme la décoration du lieu est très apaisante, on se sent bien. Le personnel est d’une amabilité particulière. C’est un endroit à recommander.

Le Champagne Laurent Perrier Grand Siècle est très romantique. J’aime ses évocations de fleurs blanches et ses subtilités discrètes. Ce n’est pas un champagne puissant, c’est un champagne raffiné. Il est très agréable et gagnerait encore s’il avait quelques années de cave de plus. Hiramatsu, restaurant courtois et raffiné est une table que je devrais fréquenter plus souvent.

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Une élève de Cordon Bleu commente les vins de l’académie des vins anciens dimanche, 25 mai 2014

Béatrice, l’une des deux élèves de Cordon Bleu, m’a envoyé ses commentaires sur les vins qu’elle a bus lors de la séance du 22 mai 2014. Elle était à la table du groupe 1. Je les mets bien volontiers sur ce blog :

Champagne le Brun de Neuville Brut sans année 

La bulle est fine et vive, arômes de brioche et d’amande fraiches, l’attaque en bouche est généreuse et tapisse le palais de gourmandise. Il fut une excellente mise en bouche.

 Jéroboam Champagne Pommery & Gréno 1943* La robe ambrée a perdu son effervescence, le premier nez sur des arômes tertiaires de pommes à surmaturité, de noix, l’aération à rendu le bouquet de plus en plus intense et complexe (j’ai conservé mon verre plus de 4 heures) vers des arômes délicats de fruits secs, de raisins de Corinthe d’abricots, et de figues. A ma grande surprise la bouche est ample et la structure acide toujours là. Le milieu de bouche est généreux, les bulles invisibles à l’œil crépitent encore et apportent de la fraicheur, la finale est longue et persistante sur des arômes agréables ranciotés. Voyage au cœur de l’histoire, 1943, la France n’est pas encore libre (un champagne de femmes sans doute …), maman venait d’ouvrir les yeux.

Meursault Patriarche 1942.

Je suis servie en dernier, le dépôt s’écoule dans mon verre …Qu’en sera t-il? La robe jaune paille aux reflets ambrés est encore cristalline. Le premier nez est incroyablement intense sur des arômes d’amandes et noisettes grillées, la bouche est encore vive, la structure a perdu de la chair mais l’acidité se défend encore et prolonge le plaisir de la dégustation ! Je suis partie à 23H30, il embaumait encore …Sacré « Meursault ».

Muscat sec de Kelibia Tunisie # 1980* 

Quelle surprise, moi qui suis alsacienne ! Une flute de Muscat Tunisien 1980! La robe est dense, couleur papaye aux reflets tuilés, le nez est puissant et net sur des arômes de fruits exotiques confiturés avec une note mentholée, la bouche est ronde avec une certaine amertume, la finale assez courte. J’ai respiré ce nez toute la soirée, et toujours fidèle il ne m’a jamais quitté ! Quelle persistance, une très belle découverte.

Vin du Château Katsunuma Japon 1938.

Ce vin m’interpelle ….Japon 1938 ? La robe est encore bien intense couleur framboise écrasée, peu dégradée pour un vin de 76 ans … le nez est incroyablement puissant sur des arômes d’encens, d’épices cannelle, girofle, et cardamome, la bouche est ronde et la chair encore pulpeuse. Ce vin n’a cessé de me surprendre toute la soirée.

 Varennes Franc de Pied Chinon Domaine Charles Joguet 1989 La robe est encore bien intense rubis profond, le premier nez est encore fermé quelques notes de poivre noir apparaissent cependant, la bouche est tendue les tannins sont fondus mais toujours présents. Deux heures s’écoulent …le vin s’est ouvert, les notes de fruits noirs compotés se sont réveillés !Il faut toujours être patient.

Le Château Carbonnieux rouge 1961* Un vieux Carbonnieux de 1961 ….. habillé d’un manteau « couleur du passé » m’a livré tout l’orgueil qui lui restait mais je l’ai trouvé malgré tout bien fatigué.

 Château Fougueyrat Saint Emilion 1961 Même Millésime sur l’autre rive, avec plus de chair et d’élégance.

 Château Ausone 1953* Dommage qu’il fut bouchonnée, ce flacon m’a néanmoins fait rêver, quelques heures…..Nous nous presque rencontrés !

Château Canon Grand Cru classé Saint Emilion magnum 1955* la robe grenat est encore intense, le nez puissant, giboyeuse, de sous-bois a vraiment fière allure, la bouche n’a pas à rougir, elle est ronde et toujours généreuse l’équilibre est encore au rendez-vous.

Vosne-Romanée Camille Giroud 1949

Je suis déjà surprise par la couleur de la robe …65 ans …Encore intense, grenat au reflets tuilés, le bouquet m’étonne encore plus, des notes de cerises si caractéristiques d’un jeune pinot noir ? l’aération complexifie les arômes, humus, feuilles d’automne apparaissent peu à peu, la bouche est généreuse et délicate, la structure des tannins soyeuse, la finale est longue et racée, quelle chance d’avoir dégusté une telle merveille !

Le Château de Beaucastel Chateauneuf-du-Pape rouge 1959 est une merveille. Je partage cet avis, un vrai cadeau, souvenir fixé dans ma mémoire pour longtemps, je n’ai pas manqué de remercier la personne qui avait apporté ce merveilleux flacon !

 Côte Rôtie Brune & Blonde Chapoutier 1955, Les Côtes du Rhône à l’honneur, ce soir ….Micaschistes ou Artzel, qui des deux sera le mieux nous restituer ce vieux millésime? Encore concentrés et puissants, la Syrah s’exprime …Le terroir aussi, j’ai cependant une préférence pour la Côte Brune pour sa longueur en bouche et son nez de poudre à canon couplé à des notes de poivre noirs. J’ai pris un cliché de ces deux bouteilles je ne manquerai pas d’en faire l’éloge au Domaine Chapoutier la semaine prochaine!