Présentation de vins pétillants indiens dans la demeure de l’Ambassadeur de l’Inde en France mardi, 13 mai 2014

Des vignerons indiens organisent des événements sur trois jours pour faire la promotion de leurs vins. L’organisatrice est d’une telle insistance efficace que je confirme ma présence à deux des trois événements. Le premier se tient dans la demeure de l’ambassadeur de l’Inde en France, ravissant hôtel particulier décoré à l’ancienne. Les discours dont celui de l’ambassadeur Arun K. Singh montrent un dynamisme et une ambition certaine. Un jeune vigneron annonce que sa propriété fait cinq cents hectares, ce qui n’est pas rien. L’ambassadeur cite la consommation de vin par habitant de son pays en la comparant à la France. C’est un boulevard, une autoroute qui se dessine devant les pas des vignerons indiens. Décidés, ils ont eu recours à Michel Rolland et à Stéphane Derenoncourt pour les conseiller. J’avais goûté leurs vins à la présentation des vins conseillés par Stéphane Derenoncourt au George V. Ils ont mêmes l’audace (!) de venir faire la promotion de leurs vins en France. Bravo l’ambition.

On nous propose des gourmandises cuisinées à l’indienne, très épicées et très pertinentes qui accompagnent des champagnes (si l’on peut dire), car la première soirée est consacrée aux pétillants. Je n’ai pas eu la chance de goûter le rosé dont on m’a dit qu’il est fort bon et a été consommé très rapidement. Le pétillant blanc m’a fait penser à cette jolie phrase de Philippe de Rothschild : « faire un très grand vin c’est facile. Le plus dur, ce sont les trois premiers siècles ».

Il n’y a de ma part ni critique ni ironie, mais les personnes que j’ai rencontrées ont de telles ambitions que je souhaite que Philippe de Rothschild ait raison, pour ralentir la marche en avant qui se dessine, comme celle qui est lancée en Chine.

Le pétillant blanc que j’ai bu a une belle attaque assez classique et souffre d’un arrêt brutal en bouche marquant une absence de final. Mais nous n’en sommes qu’au tout début de la grande aventure du vin indien. Le troisième événement auquel j’assisterai se tiendra au Yacht Club de France. Le monde du vin bouge. C’est une bonne chose.

on a fait une chanson sur mon livre ! mardi, 13 mai 2014

Je suis passé sur France Inter de 17h à 18h le 12/05 à l’émission d’Arthur Dreyfus « Encore Heureux ». Le podcast doit être encore disponible.

Je croyais qu’on allait parler de bonheur car j’avais répondu à un questionnaire qui parlait de bonheur. Or en fait on a parlé de mon livre « La France de l’Excellence ».

Et, oh surprise, Sandra Reinflet, sur sa guitare, a interprété une chanson sur mon livre. La voici

chanson sur France Inter sur mon livre 001

C’est une vision de mon livre sur laquelle il était inutile de polémiquer. J’ai juste indiqué que jamais dans ce livre l’idée « si les mal intégrés voulaient bien se donner la peine de se tirer » n’a été ni exprimée ni même évoquée.

La jolie chanteuse a une jolie voix.

J’étais très heureux d’avoir pu défendre les idées de mon livre devant de redoutables mais courtois débatteurs.

Conférence dégustation à l’école « le Cordon Bleu » mardi, 13 mai 2014

Le « Cordon Bleu » est une école qui forme des professionnels dans les domaines de la sommellerie, du commerce du vin, de l’œnotourisme et plus généralement tous métiers qui tournent autour de la mise en valeur du vin. Chaque année, au Grand Tasting, Franck Ramage dirige une équipe de jeunes élèves qui font le service du vin dans les « Master Class » et cela me fait plaisir de les encourager.

Franck Ramage me propose de venir parler à un groupe d’une trentaine d’élèves de vins anciens et de tout sujet de mon choix. L’idée me vient de prêcher par l’exemple en montrant comment se comportent les vins anciens à côté des jeunes. J’apporterai donc quelques vins de ma cave pour des travaux pratiques.

Le jour dit, je me trouve devant une trentaine de jeunes élèves de tous âges et de toutes nationalités. Il y a une majorité de femmes, qui s’exprimeront beaucoup plus spontanément que leurs camarades masculins. Un traducteur a l’habitude de transposer les propos en anglais sans que cela casse le rythme de l’exposé.

C’est l’occasion de montrer à ces jeunes ma méthode d’ouverture des vins. Le premier couple sera de deux millésimes du même vin. Le Château Lafaurie-Peyraguey 1996 est un guerrier conquérant. Il envahit le plais de sa chaleur sucrée et ensoleillée. Mais le jeune tout-fou est assez simple et de peu de final.

A côté de lui, le Château Lafaurie-Peyraguey 1964 est tout en séduction et en complexité. Et son final est quasi inextinguible. Les élèves ont, comme on peut le comprendre, une approche très analytique, cherchant à découvrir les différents arômes et les différentes saveurs. Mon souci est plus de regarder le parcours du vin en bouche, avec les vagues plus ou moins marquées du flux et du reflux. La démonstration est évidente, le plus ancien est le plus complexe, le plus charmeur, même si le jeune a toute sa justification dans des accords de confrontation avec des plats aux sauces riches, brochet ou viandes blanches.

Le second duo sera entre deux vins différents, car je n’ai aucun Maury jeune. Aussi se compareront un Maury et un Rivesaltes.

Le Rivesaltes Grenat Domaine Cazes 1994 est une explosion de fruit qui finit très vite et le final manque un peu de précision. Alors que le Maury La Coume du Roy Paule de Volontat 1925 est un régal. Il frappe par sa longueur et par la précision de son final. Mais surtout il expose des épices par centaines, des fruits par dizaines tant sa complexité est grande.

Dans les deux séries, on constate la fraîcheur des vins les plus anciens. J’ai fait part aux élèves de ma crainte de voir que l’on boit les vins de plus en plus tôt, ne prenant conscience que d’un dixième de ce que ces vins peuvent devenir si on a la grande patience de les attendre quelques décennies. Le combat est perdu d’avance de vouloir retarder le moment où l’on boit les vins. C’est dommage et cela ne m’empêchera pas de continuer à semer la bonne parole sur ce sujet.

Les élèves sont sympathiques, connaissent les vins. Le Cordon Bleu forme des futurs acteurs importants du monde du vin.

method for opening old bottles lundi, 12 mai 2014

The pictures have been taken in chateau de Saran where the 100th dinner of wine-dinners was held.

There was a photographer who took these pictures. It is an opportunity to explain my method to open old bottles.

The pictures below show the tools that I use, consisting mainly in normal corkscrews used by sommeliers, and in long spirals which are the inside tool of manual screwpull.

When you pull out the upper part of the capsule, remember that some capsules (here Pétrus 1953) are pieces of art. Think of keeping them as a memory

I use the sommelier corkscrew to lift the cork by only 2 to 5 millimetres. You can see on the right the two spirals on the table.

It is important that the spiral stays in the centre of the cork. Turn it slowly. It will go inside the cork and the end of the spiral will go further, but will not touch the wine.

Jean Berchon, the director for communication and estates of the Moët & Chandon Group looks at me with a great attention

Once again, quietness is required

These pictures below are very important, as they show how I use my hands to lift, having only my left hand to help the right hand to pull. The right thumb pushes hard on my left hand, and my other fingers make a lateral move to pull.

While pulling on the cork of Pétrus 1953, I show that the cork will break into pieces and I will try to lift every piece. Which I did !

This tool called “ahso” (in French : “bilame”), is something that I do not use, because I am confident in this method of lifting in two times : 2 to 5 millimetres with the sommelier’s corkscrew, and then lifting the cork with a spiral.

The second spiral is ready to be used if, by lifting some pieces stick to the glass. They will come when they are pulled extremely slowly.

 

One could think : is it so important to work so carefully, with these two steps. Let us have a look.

I was not able to take the upper part of the capsule of Pétrus 1953 complete.

This is Margaux 1959

This is Romanée Conti 1972

Not the slightest piece of cork fell in the wine for each of the wines opened with this method.

dîner de 12 vins en « 9″ de 1899 à 2009 mercredi, 7 mai 2014

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Champagne Clos des Goisses Philipponnat 1979

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Riesling Preiss Henny 1949

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Vin du Jura blanc 1929

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Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1999

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Domaine de la Citadelle Gouverneur de Saint-Auban Vin du pays de Vaucluse 2009

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Château d’Issan 1899

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Cos d’Estournel 1909

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Château Mission Haut-Brion 1919

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Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1939

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Richebourg Jérôme Buffon 1959

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Côte Rôtie La Turque Guigal 1989

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Château d’Yquem 1969

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181ème dîner de wine-dinners au restaurant Ledoyen avec des surprises de taille mercredi, 7 mai 2014

Le 181ème dîner de wine-dinners se tient au restaurant Ledoyen. J’avais voulu, pour une fois, faire un dîner à thème, alors qu’habituellement mes dîners n’ont pas de thème sauf un seul : faire un dîner cohérent dans le choix des vins avec une grande variété d’âges, de régions, et de statuts.

Pour ce soir, j’ai choisi de proposer toutes les années finissant par « 9″ de 1899 à 1999. Mais au moment de faire les photos des vins, j’ai trouvé que ce serait bien que l’année 2009 soit elle aussi représentée. Nous aurons donc douze millésimes en neuf de 1899 à 2009.

L’idée a plu à trois canadiens, un suédois et quatre français. Nous serons neuf pour douze vins.

J’arrive à 17h30 au restaurant pour ouvrir les vins. Deux parfums pourraient correspondre à des vins à problèmes, ceux du riesling 1949 et celui de l’Issan 1899. Cette séance d’ouverture m’a donné l’une des surprises les plus colossales rencontrées lors des séances d’ouverture. Voici ce qui s’est passé.

J’ouvre le Richebourg du domaine de la Romanée Conti 1939. Son parfum est si extraordinaire que je me dis : « le dîner est déjà réussi rien que par cela ». Car 1939 n’est pas une année qui figure dans les plus grandes. Si ce vin a une telle stature, c’est un miracle qui va rejaillir forcément sur l’atmosphère du dîner.

Le vin suivant qui est à ouvrir est un Richebourg Joseph Buffon Négociant-Eleveur 1959. Je sens le vin et immédiatement j’ai cette curieuse pensée : « ce vin est plus représentatif du domaine de la Romanée Conti que le Richebourg du domaine ». Ça me paraît curieux, mais je ne vais pas plus loin dans cette pensée. Comme je photographie chaque bouchon après ouverture, mon appareil vise le bouchon du 1959. Quelle n’est pas ma surprise de lire sur le bouchon : « Richebourg, domaine de la Romanée Conti 1958″. Le bouchon est bon et sain. C’est invraisemblable. Je téléphone à Aubert de Villaine et je commence par l’informer du Richebourg 1939 car je sais que c’est son année de naissance. Le vin que je décris par son odeur est si beau qu’Aubert me demande si par hasard ce ne serait pas un vin de la vigne originelle française non reconstituée, et il ajoute : je n’ai jamais vu une de ces bouteilles, si vous en avez une, c’est une rareté absolue. Je regarde sur le bouchon et je vois cette mention que confirmera l’étiquette : « vigne originelle française non reconstituée« , ce qui la différencie de la quasi-totalité du vignoble bourguignon, replanté de vignes d’origine américaine après le phylloxéra. Je pose ensuite la question du Richebourg Joseph Buffon qui a un bouchon de toutes beauté de la Romanée Conti avec le millésime 1958. Aubert de Villaine m’indique qu’il a bu des 1958 du domaine qui l’ont marqué par leur grâce, mais à l’époque il n’était pas en charge du domaine. Aussi il imagine que le négociant a acquis des 1958, les a étiquetés à son nom et a mis 1959 parce que c’est plus valorisant que 1958.

Tout excité, je fais sentir les vins aux membres du personnel du restaurant qui sont autour de moi, j’appelle mon épouse pour lui dire ces deux invraisemblables découvertes, celle de la vigne particulière du Richebourg 1939 et le fait qu’un troisième vin du domaine de la Romanée Conti va figurer à ce dîner. Je me répète à moi-même : « la chance sourit aux audacieux ». La suite des ouvertures, sans surprise se fait dans une atmosphère enjouée où mon cœur bat comme un tambour.

Les convives arrivent et je leur raconte ces incroyables découvertes et la chance que nous aurons avec un Richebourg du domaine de la Romanée Conti de plus et je signale les deux incertitudes sur le riesling et l’Issan.

Dans un petit salon du premier étage du restaurant Ledoyen, nous buvons un Champagne Clos des Goisses Philipponnat 1979 sur de délicieux petits amuse-bouche follement complexes. Christian Le Squer aime planter le décor par des prouesses techniques délicieuses. Le champagne a une couleur à peine foncée. La bulle est discrète et le champagne est d’une grande complexité. Il a un parfum diabolique et intense. On sent sa maturité et peut-être un peu plus qu’un 1979 ne devrait montrer. Mais le champagne est glorieux, ravissant par sa complexité, car il fait entrer dans le monde des champagnes d’esthètes.

Nous passons à table. Le menu composé par Christian Le Squer est le suivant : araignée de mer en coque glacée, jus de presse / asperges blanches, abricots, sauce hollandaise au vin jaune / homard bleu rôti, beurre blanc / tranche de bœuf, charbon de bois, girolles / caneton de Challans poudré d’amandes crues, mûres / toasts brûlés d’anguille, réduction de jus de raisin / croquant de pamplemousse cuit et cru.

Le premier vin servi est le Domaine de la Citadelle Gouverneur de Saint-Auban Vin du pays de Vaucluse 2009. Il est extrêmement puissant et riche de beaux fruits touchés par le soleil. Pour bien profiter de l’accord avec l’araignée subtile à souhait, il faut boire le vin par toutes petites gorgées car sinon il écraserait le crustacé.

Le Vin du Jura blanc 1929 se présente dans une bouteille de forme bourguignonne au verre très lourd et ancien qui n’a pas de capsule et porte seulement deux mots : « blanc » et « 1929″ sur deuxx petites étiquettes séparées. Il n’y a aucune indication de région ou d’origine. Si j’ai mis « Jura » sur le menu, c’est que j’ai acheté ce vin dans le Jura, au sein d’un lot de bouteilles anciennes disparates. Son originalité m’avait séduit. Son parfum m’avait enthousiasmé à l’ouverture et il est toujours aussi pénétrant. Il est tellement puissant qu’on croirait boire un Xérès, mais le goût de noix nous ramène au Jura. Plutôt que blanc, je dirais volontiers que c’est un jaune. Car il a toutes les caractéristiques d’un beau vin jaune puissant à la longueur infinie. Les maîtres d’hôtel me connaissent parfaitement. Quand ils ont vu que je faisais la grimace car la sauce qui accompagne les asperges ne convient pas du tout au vin, l’un d’entre eux est allé chercher un comté 42 mois affiné par Bernard Antony qui a créé un accord divin avec ce glorieux inconnu.

Ne sachant pas quand doit apparaître le riesling dont j’ai eu peur qu’il ne soit pas à la hauteur, je l’ai placé en même temps que le vin blanc le plus glorieux du repas. Le Riesling Preiss Henny 1949 m’est servi et je suis totalement surpris par son parfum exceptionnel qui est même beaucoup plus riche que celui de son impérial voisin. Le parfum est chaleureux, évoquant un vin assez doux et l’on imagine volontiers qu’il y a du botrytis dans ce vin même s’il est sec. Et le vin est chaleureux au point qu’il figurera en bonne place dans mon classement et aura même un vote de premier. Le riesling d’une pureté cristalline et d’un charme doucereux.

A côté de lui, le Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1999 est un seigneur. Ce vin a un nez moins flatteur mais plus profond. Le vin est riche intense, avec une longueur extrême. On boit un vin qui envahit l’âme. Il est d’une complexité enthousiasmante. Et les deux vins cohabitent bien mais n’ont pas le support du plat beaucoup trop complexe pour eux. La chair du homard est superbe, mais les accompagnements ne plaisent pas au vin. Aubert de Villaine m’avait dit lors de notre conversation d’il y a quelques heures que ce vin est promis à un long avenir et fait partie des plus puissants qui soient. Son nez opulent évoquait la pâtisserie et le lait. Au moment de le boire son parfum est plus strict, le vin montrant une noblesse quasi inégalable.

Les trois bordeaux sont servis ensemble sur le bœuf délicieux, et de gauche à droite nous avons 1899, 1909, 1919, ce qui, convenons-en, est une situation assez exceptionnelle. Le Château d’Issan 1899 a un nez de cerise légèrement aigrelette ce que l’on retrouve en bouche, le vin ayant un beau fruit à l’attaque et un final un peu suret. Il n’entraîne pas un grand intérêt de ma part mais l’un des convives l’inclura dans son vote.

Le Cos d’Estournel 1909 avait le plus beau nez des bordeaux à l’ouverture, avec de beaux fruits rouges et noirs. Il s’est un peu assagi au service. Le vin a une belle structure, fringant malgré ses 105 ans. C’est un grand vin qui va cependant être éclipsé par le suivant.

Le Château Mission Haut-Brion 1919 correspond à ce que l’on nommerait un très grand vin. Il est tout simplement parfait. Il n’est pas hyper puissant, mais on ne peut pas imaginer qu’il pourrait être mieux que ce qu’il nous offre. Bien construit, noble, équilibré c’est un vin de haute stature, un peu comme l’Ausone 1919 qui m’avait tellement impressionné et enthousiasmé il y a vingt ans. La superbe viande s’accorde à merveille avec les bordeaux.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1939 est une absolue merveille.. J’aurais tendance à dire que malgré une année qui n’est pas au Panthéon, ce vin s’y inscrit. Il fait partie des meilleurs vins du domaine que j’aie pu boire. Le parfum est intense, la bouche est précise, profonde, noble, et la longueur est éternelle. Il a ce caractère particulier des vins pré-phylloxériques qui est d’avoir une longévité plus grande que les post-phylloxériques et une intensité plus marquée.

De ce fait, lorsque je goûte le Richebourg Jérôme Buffon 1959 qui est en fait un Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1958, je commence à penser que si le vin est du domaine, il n’y a pas que cela dans cette bouteille. Car le doucereux du vin ne correspond pas à l’image que j’ai du Richebourg du domaine. Mais le vin est particulièrement bourguignon avec cette absence totale de concession. C’est un vin brut, noble, extrêmement séduisant. La présomption de manque de pureté fait que je ne le mettrai pas dans mon vote alors qu’il sera dans celui du consensus, du fait de ses qualités généreuses. Le canard est absolument gourmand.

A l’ouverte, j’avais trouvé à la Côte Rôtie La Turque Guigal 1989 un nez étonnamment bourguignon. J’étais peut-être encore sur mon nuage. Il se présente maintenant comme un vin absolument parfait et totalement rhodanien. Dans un autre dîner il aurait la vedette. Quel beau vin charnu, joyeux et noble. Il forme avec l’anguille un accord diabolique. Je suis un amoureux fou de ce plat extraordinaire de Christian Le Squer, et la combinaison avec le vin est de pure anthologie. Démoniaque dirais-je, voire phénoménale.

Le Château d’Yquem 1969 est d’un bel or clair. Ce 1969 est particulièrement puissant. Le vin est parfait sans l’ombre du moindre petit défaut. Quel vin brillant ! Le dessert est délicieux, mais comme il est très froid, il faut attendre avant de boire l’Yquem qui fait partie des très solides Yquem.

Il est temps de voter. Le classement des douze vins est assez difficile, et je ne suis pas sûr que je voterais forcément de la même façon si on devait voter une deuxième fois. Nous notons cinq vins que nous avons préférés sur les douze. Un chose me fait toujours plaisir : onze vins sur les douze ont figuré dans au moins un vote. Celui qui n’a pas recueilli de vote est le 2009, non pas parce qu’il ne serait pas bon, mais parce qu’il est trop jeune dans un dîner de vins anciens. Quatre vins ont été choisis en numéro un : le Richebourg 1939 quatre fois, le Richebourg 1958 deux fois ainsi que la Côte Rôtie 1989 et le Riesling 1949 a été nommé une fois premier.

Le vote du consensus serait : 1 – Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1939, 2 – Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1999, 3 – Château Mission Haut-Brion 1919, 4 – Côte Rôtie La Turque Guigal 1989, 5 – Richebourg Jérôme Buffon 1959 (DRC 1958).

Mon vote est : 1 – Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1939, 2 – Château Mission Haut-Brion 1919, 3 – Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1999, 4 – Vin du Jura blanc 1929, 5 – Riesling Preiss Henny 1949.

Nous avons eu une chance rare d’avoir trois vins du domaine de la Romanée Conti et une Mission Haut-Brion de très haut niveau. Les plats les plus cohérents dans leurs palettes de goûts ont été exceptionnels pour les vins. L’asperge et le homard, traités de façon plus complexe ont eu du mal à cohabiter avec des vins très vieux, même si les plats sont très bons. Le menu a été de très haut niveau, avec un point culminant gastronomique qui est l’accord de l’anguille et de La Turque.

L’atmosphère était si plaisante avec ces amateurs de trois pays que nous sommes restés fort tard, personne ne voulant quitter la table. Le service du Ledoyen est toujours aussi attentionné. Ce fut un très grand dîner.

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bouchon du riesling 1949

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bouchon du Montrachet DRC 1999

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bouchon de lssan 1899 rebouché en 1999

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bouchon de Cos d’Estournel 1909

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bouchon de Mission Haut Brion 1919 rebouché en 1991

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bouchon du Richebourg DRC 1939

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bouchon du Richebourg Joseph Buffon 1959 qui est en fait un Richebourg DRC 1958

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les 2 Richebourg DRC

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amuse-bouche et les plats du dîner

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table en fin de repas

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présentation des vins de « Vignobles Français de l’Etranger » mardi, 6 mai 2014

Sylvain Ouchikh, journaliste et entrepreneur, organise à l’hôtel Saint-James & Albany une présentation de « Vignobles Français de l’Etranger« . Tout d’abord, un mot sur l’hôtel. C’est un hôtel charmant sur la rue de Rivoli, en face et au coin du Louvre et du jardin des Tuileries. Les espaces sont beaux, une cour intérieure est appréciable quand il fait beau comme aujourd’hui. Les salons sont vastes. Voilà un lieu que je ne connaissais pas et qui mérite d’autres visites.

Dans ce bel espace, les stands de présentation de vins sont à l’aise ce qui facilite les discussions. De stand en stand, on fait le tour du monde et le tour des cépages. Je me suis attardé sur les vins de la maison Drouhin dans l’Orégon, qui ont la fraîcheur que l’on attend de ce domaine subtil en France, puis sur les Tokaji de Samuel Tinon, dont un blanc sec magnifique d’originalité, flirtant avec des goûts de Xérès. Il est diabolique d’originalité.

Il y avait au moins quinze pays représentés. C’est plaisant de constater que les vignerons français se sont montrés entreprenants et conquièrent le monde. De combien de secteurs économiques pourrait-on en dire autant ? Bien que jeunes, les vins que j’ai goûtés m’ont montré que les caricatures de vins parkérisés du début du millénaire appartiennent maintenant à l’histoire ancienne. Cette présentation est une heureuse initiative.

Déjeuner au restaurant La Cagouille lundi, 5 mai 2014

Déjeuner au restaurant La Cagouille. J’arrive en avance et je suis accueilli par André Robert, l’heureux propriétaire de ce restaurant. Nous trinquons ensemble avec un Champagne Laurent Perrier Brut non dosé sans année qui est très agréable et très équilibré. On l’imagine très bien s’adapter à toutes les situations gastronomiques.

Je choisis le vin et le menu avant que mon ami n’arrive. Mes choix sont approuvés. Le Corton Charlemagne Jean François Coche Dury 2006 a un parfum très intense. Il est très sensible à la température et il faut qu’il ne soit pas trop froid pour que le gras apparaisse. Ce n’est pas le plus puissant des Corton Charlemagne de ce domaine, mais il est d’une longueur superbe et d’une grande complexité. Avec les coques qui sont l’amuse-bouche traditionnel du restaurant, c’est une belle explosion de fruits. Avec les asperges vertes, le vin prend sa plus belle longueur et développe son amertume. Les céteaux cohabitent bien avec le vin opulent sans créer de multiplication du goût du vin. Le turbot au contraire amplifie le vin qui devient de plus en plus percutant. C’est un grand vin complexe et ensoleillé.

La cuisine du restaurant, fondée sur de beaux produits est naturelle, rassurante. Le service est efficace. L’atmosphère est amicale. C’est un restaurant où je viens avec un grand plaisir.

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Caviar et Grand Siècle jeudi, 1 mai 2014

Le bonheur, ça tient parfois à peu de choses. Un 1er mai, des collaborateurs viennent m’aider à des rangements que je serais bien incapable de faire seul. C’est un jour où on ne travaille pas, mais la fidélité ne chôme pas le 1er mai. Lorsque tout est accompli, je propose d’ouvrir quelque chose. Ça ne se refuse pas. Le Champagne Laurent Perrier Grand Siècle des années 80 ou peut-être plus vieux fait un pschitt sympathique. Le champagne versé est riche en bulles, la couleur est encore très claire. En bouche, tout est en délicatesse et en raffinement. S’il y a des fruits comme la pomme, c’est surtout le vineux joyeux qui marque la longueur quasi inextinguible de ce champagne. Lorsque je propose un deuxième tour, je suis retoqué comme les socialistes aux municipales, car chacun doit repartir en voiture. Je me trouve là, seul, avec ce beau Grand Siècle.

Lorsque mon fils était venu de Miami pour mon anniversaire, il m’avait offert une belle boîte de caviar Prunier en boîte noire. J’avais voulu la partager avec lui mais il avait refusé : « non, c’est ton cadeau, pour toi tout seul ».

Chacun trouvera facilement la solution de cette équation : un Grand Siècle de compétition qui reste sur la table, un caviar qui n’attend que moi. Simple comme un jour heureux. Le caviar est superbement iodé, avec un sel bien contrôlé. L’accord avec le champagne est impérial. Je savoure, en vérifiant la pertinence de l’adage : « le caviar n’est bon que lorsqu’on en a trop ». Ce qui me fascine, c’est la longueur de la trace de l’iode. Un camembert Gillot est un peu trop fait pour le champagne. Une folie : des carrés de Lindor dont l’onctueux arrive à ensoleiller ce brillant champagne.

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