Les vins du déjeuner au Yacht Club de France jeudi, 10 avril 2014

Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1990

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Chablis Grand Cru Montonne Long Dépaquit Albert Bichot magnum 2002

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Beaune Caves Nicolas 1961

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Vosne Romanée Les Genévrières Charles Noëllat magnum 1978

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Porto Croft 1963 (j’en ai choisi deux pour reconstituer l’année, mais elle est sur la capsule !)

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Cognac Otard années 50

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Dîner au restaurant David Toutain jeudi, 10 avril 2014

Nous devions participer à un dîner à quatre mains au restaurant David Toutain. Mais le repas est annulé. Une table est libre pour dîner ce soir. Nous sommes quatre à nous présenter au restaurant de David Toutain qui jouera à deux mains au lieu de quatre.

Le grand menu dégustation est ainsi conçu : carpaccio de bœuf et fraise des bois / financiers épinards, fourme d’Ambert / huître Yuzu kiwi / oursin, pomme de terre fumée, nectar d’oignon / asperge verte, parmesan, citron / calamar, ail des ours / aile de raie, asperges blanches, Pilpil au safran / anguille, sésame noir / pigeon, betterave / comté 48 mois / chou-fleur, chocolat blanc, coco / fraises, persil hibiscus / malt, lait / financier noisette.

L’impression générale est moins flamboyante que lors de la récente visite à déjeuner mais cela peut aussi être dû à mon état d’humeur. Des plats ont des saveurs que j’adore : calamar, aile de raie, anguille. Les desserts sont excellents. Ce qui est appréciable c’est que l’on sort léger du restaurant.

Le Champagne Pascal Doquet blanc de blancs Mesnil sur Oger 1996 a un nez est superbe. La bulle est bien active. Le blanc de blancs est assez joli, mais il manque d’ampleur car j’ai en mémoire l’Enchanteleur Henriot 1990. Il accompagne élégamment les plats du repas, mais j’ai un sentiment de manque, comme si le champagne n’avait pas fait la synthèse de tous ses atouts. C’est un beau champagne manquant un peu de souffle.

L’équipe du restaurant est motivée. Le chef a un grand talent. La clientèle est jeune et cosmopolite. Tout semble en place pour faire de ce restaurant un point de passage obligé.

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Beau repas de conscrits au Yacht Club de France jeudi, 10 avril 2014

J’ai la charge d’inviter à mon tour notre groupe de conscrits. Le Yacht Club de France faisant des efforts particuliers pour nous coconner, ce sera à la table du Yacht Club de France que se fera notre déjeuner. Avec l’accord de Thierry Leluc, j’ai fait livrer mes vins une semaine à l’avance.

Avant d’attaquer mes vins, nous prenons un Champagne Mumm Cordon Rouge sans année du restaurant qui est fort agréable à boire et constitue une belle mise en bouche.

Le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1990 nous porte dans une autre dimension. Complexe, construit de façon délicate, ce champagne a tout pour lui. C’est sa profondeur qui me séduit. Thierry Leluc a prévu pour l’apéritif un match : andouille contre langouille. La langouille est une andouille faite avec de la langue de porc. Le match ne donnera lieu à aucune hésitation. C’est l’andouille absolument parfaite qui gagne haut la main. Le champagne s’accorde parfaitement à ces cochonnailles.

Le menu mis au point pour les vins est : goujonnette de filets de sole Normande au ris de veau jus de truffes / filet de bœuf Montellos de Galicia cuit entier et découpé devant vous, légumes de saison , jus de viande / fromages affinés maison Lefebvre / millefeuille croustillant de pain d’ épices, mangue et framboises.

Le Chablis Grand Cru Moutonne Long Dépaquit Albert Bichot magnum 2002 est impressionnant tant il est large, imposant, plein en bouche et opulent. Il a une grande minéralité, un beau gras, évoque des noisettes et une trace de réglisse. C’est un très beau vin.

Le Beaune Caves Nicolas 1961 est hélas bouchonné. Même si cela se sent moins en bouche qu’au nez, le plaisir n’est pas là.

Le Vosne-Romanée Les Genévrières Charles Noëllat magnum 1978 accuse un âge plus grand que ce que j’attendais. Il est doux, voire sucré et développe un charme certain. Avec la merveilleuse viande, il s’accorde à merveille.

Le Porto Croft 1963 est d’une année légendaire pour les portos. Ce vin a une ampleur en bouche remarquable et offre une complexité rare. C’est un immense porto qui montre à quel point l’âge embellit ces vins chauds en couleur.

Le Cognac Otard des années 50 est associé à deux chocolats, l’un avec 70% de cacao et l’autre avec 90 % de cacao. Lui aussi est magnifié par l’âge et offre des variations gustatives qui dansent sur la langue. C’est un plaisir de boire ce cognac.

Si je devais classer les vins, je le ferais ainsi : 1 – Chablis Moutonne Long Dépaquit 2002, 2 – Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1990, 3 – Porto Croft 1963, 4 – Vosne-Romanée Les Genévrières Charles Noëllat 1978. Mais la vedette irait sans doute à la merveilleuse viande de la Galice d’une tendreté exceptionnelle. Ce fut un beau repas de conscrit dans l’ambiance si agréable créée par le Yacht Club de France.

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Remise du 50ème Prix Laurent Perrier Grand Siècle mardi, 8 avril 2014

A l’initiative de Bernard de Nonancourt, la maison Laurent Perrier organise chaque année un dîner « Grand Siècle » au cours duquel est décerné le Prix Grand Siècle à une personnalité dont les qualités humaines ont influencé la société. Alexandra et Stéphanie, ses deux filles, perpétuent cette tradition. C’est, ce soir, la cinquantième édition de ce prix qui sera remis à Karl Lagerfeld.

Nous sommes probablement trois cents à être invités au Pavillon Cambon, magnifique espace propriété du célèbre traiteur Potel & Chabot. Le long apéritif est l’occasion de rencontrer des personnes célèbres et d’autres moins, heureuses de se retrouver. On trinque évidemment avec le Champagne Laurent Perrier Grand Siècle servi en magnum. C’est un champagne direct, franc, très conforme à l’idée que l’on se fait du champagne de plaisir. Car il se boit bien et on y revient. C’est le gendre idéal, parce qu’on ne lui trouve aucune trace de défaut. Il est sensible à la température, au degré près.

Nous passons à table et le menu conçu par Potel & Chabot est : brandade aux truffes, cocotte en croûte de sel / pigeon en feuilleté, duxelles de cèpes, jardin de légumes / macaronade aux deux fraises, fraises des bois givrées.

Ce qui est fascinant, c’est le service de Potel & Chabot. Une armée de serveurs passent et repassent comme en un ballet réglé au millimètre près. Tous sont attentifs aux moindres besoins. On se croirait volontiers à la table du Roi Soleil. Les plats sont de très haute qualité, le pigeon cuit à la perfection et la brandade gourmande.

Le début du repas est accompagné du Champagne Laurent Perrier Grand Siècle aux facultés gastronomiques certaines. Vient ensuite, pour le pigeon le Château Canon Saint-Emilion magnum 2003. Il est jeune, bien sûr, mais il sait se tenir. Sa trame est forte, très truffée. Il tient bien sa place à côté du pigeon. Quelques années lui conviendraient bien, mais il apporte suffisamment de plaisir dans sa forme actuelle, tannique et truffée.

Le Champagne Laurent Perrier Cuvée Alexandra magnum 2004 est d’une couleur de rose de printemps, légèrement saumonée. Le vin est vif mais aussi opulent, très charmeur. C’est un grand rosé, qui pourrait s’attaquer à des gibiers, plus qu’aux desserts dont l’accord couleur sur couleur est d’un classicisme prudent.

Madame Claudie Haigneré, présidente du jury du prix Grand Siècle fait un discours qui tient plus de l’exercice de style littéraire que d’un hommage chaleureux. Franz Olivier Giesbert essaie de créer un dialogue avec le lauréat, mais Karl Lagerfeld est un animal sauvage difficile à apprivoiser.

La générosité du groupe Laurent Perrier est extrême et cette soirée caritative fut un grand moment passé en compagnie de grands vins, de bonne chère et de convives passionnants.

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un champignon ? un trou de serrure ? Non : une esquisse de bouchon de champagne !

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Je vote pour La Turque lundi, 7 avril 2014

Mes deux filles viennent à la maison avec leurs enfants. Au déjeuner, je tente un timide : « pas de vin ce midi ? » qui est balayé d’un revers de main. Au menu, veau basse température et gratin dauphinois. La Côte Rôtie La Turque Guigal 1996 est ouverte au dernier moment. Plus le temps passe et plus je souhaite respirer l’éclosion des vins jeunes. C’est comme une fleur qui s’ouvre au matin. A l’attaque le vin montre une puissance certaine. Il occupe le terrain. L’alcool est présent mais tempéré par une magnifique fraîcheur. L’impression est celle d’une main de fer dans un gant de velours. Car ce vin conquérant pratique l’amour courtois. Le final est frais. Mes filles sont aux anges. L’accord avec viande et gratin est naturel et contre toute attente, le vin réagit bien sur un Comté de belle maturité. Ce vin me semble dans un état de grâce. Il a presque 18 ans mais semble aussi frais que s’il venait de naître. La Turque me plait de plus en plus.

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galerie 1900 vendredi, 28 mars 2014

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un magnifique Bourbon 1900 bu à l’Astrance en novembre 2006 (apporté par un ami lors du dîner n° 78) on note la magnifique couleur

Margaux 1900, ici à côté d’Yquem 1872. C’est une de ces bouteilles que j’ai cassées un jour de malchance…

C’est cette photo qui a fait la couverture de mon livre « carnet d’un collectionneur de vins anciens », paru aux éditions Michalon.

On notera la différence entre « premier vin » et « grand vin ».

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ce magnum de Lafite 1900 a été bu lors d’un dîner de wine-dinners n° 148

http://www.wine-dinners.com/diner/diner_192.htm

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Lafite 1900 bu de nombreuses fois d’un lot de bouteilles gravées. Un très grand vin de 1900

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Un Yquem 1900 à l’étiquette reconditionnée au château

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Un autre Yquem 1900 photographié après passage dans un seau, ce qui a fripé l’étiquette

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Un Yquem 1900 à l’étiquette d’origine

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Mouton 1900 rareté absolue. J’attends une bonne occasion pour l’ouvrir

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Chateau La Tour de Mons 1900

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Pétrus 1900. Là aussi, j’attends une bonne occasion pour l’ouvrir

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Margaux 1900 qui s’est révélé d’une jeunesse incroyable. A l’aveugle les convives pensaient à Pétrus !

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Chateau Ausone 1900 bu plusieurs fois, avec des fortunes diverses

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Chateau Montrose 1900

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Vouvray Audebert 1900

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Moët 1900 (en vin tranquille) bu lors du 100ème dîner de wine-dinners

http://www.wine-dinners.com/diner/diner_54.htm

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Porto Guedes 1900

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Porto Borges 1900

Les vins du 178ème dîner de wine-dinners mercredi, 26 mars 2014

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Champagne Bollinger Grande Année 1975

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Champagne Dom Pérignon 1966

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Chablis 1er Cru Les Vaucopins Bichot 1988

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Montrachet Roland Thévenin 1947

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Château Léoville Las Cases 1952

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Château Beychevelle 1945

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Château Ausone 1953

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Chambertin Clos de Bèze Pierre Damoy 1964

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La Tâche Domaine de la Romanée Conti  1969

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Vega-Sicilia Unico Ribera del Duero 1982

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Château de Rayne-Vigneau 1938

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Château d’Yquem 1969

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Déjeuner Tradition au Taillevent mercredi, 26 mars 2014

Le lendemain matin à Honfleur, je descends de ma chambre de l’hôtel Maisons de Léa pour le petit déjeuner. Une femme fort aimable me sert une orange pressée et un œuf à la coque. Elle est souriante et tout-à-coup j’entends qu’on l’appelle : »Léa ». Etre servi par la maîtresse des lieux, voilà une journée qui démarre bien. Je prends la route. Un déjeuner m’attend au restaurant Taillevent.

Chaque année, Thierry et Laurent Gardinier reçoivent pour un « déjeuner Tradition » les fidèles du restaurant. Je retrouve des participants des éditions précédentes. L’apéritif se prend avec un Champagne Deutz Blanc de Blancs magnum 2008. Le champagne malgré sa jeunesse a beaucoup de charme et une belle construction. On en reprend avec plaisir, car il se boit bien, titillé par les légendaires gougères du restaurant. Son acidité est fort amène.

Lorsque nous sommes placés, des discours très courts montrent la fierté et la joie des frères Gardinier de réunir leur amis. Et c’est une belle surprise que madame Gardinier mère se soit aussi exprimée, rendant hommage à l’action de son mari, continuée par ses enfants.

Le menu conçu par Alain Solivérès est : épeautre du Pays de Sault en risotto à la truffe noire / homard bleu, truffe noire et céleri / fraîcheur d’agrumes, parfait glacé au citron vert.

Le Mercurey la Mission Château de Chamirey 2011 est un beau vin vif et dynamique, qui emplit bien la bouche, bien au-delà de ce qu’on attendrait d’un Mercurey. On sent que ce vin est remarquablement fait.

Le Château Phélan Ségur magnum 1995 a atteint un beau niveau de maturité et paraît serein. S’il manque un peu de largeur, il compense par sa trame qui rebondit merveilleusement sur la truffe généreusement présente dans la cuisine d’Alain.

Le Château Les Justices 2007 boxe dans une belle catégorie. Bon sang ne peut mentir, car ce vin de Julie Médeville s’approche de plus en plus des qualités exceptionnelles du Gilette de ses parents. A l’aveugle, il soutiendrait la comparaison de bien des grands. Le dessert est magnifique mais est arrivé trop froid, du moins pour moi, pour qu’on puisse totalement en profiter.

Selon une tradition Taillevent – mais c’est le thème du jour – un Bas Armagnac hors d’âge du château de Ravignan, d’une rare puissance, a conclu un repas d’amitié, à la hauteur de la réputation du Taillevent.

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178ème dîner de wine-dinners au restaurant Saquana à Honfleur mercredi, 26 mars 2014

Le 178ème dîner de wine-dinners se tient au restaurant Saquana à Honfleur, la table d’Alexandre Bourdas. C’est un ami de longue date qui m’a demandé de faire un dîner en ce lieu pour honorer une entreprise normande qui connait un grand succès dans la fourniture industrielle.

J’avais soumis la liste des vins au chef et nous avons travaillé à la mise au point d’un menu qui convienne aux vins et respecte le talent du chef. Mes vins ont été livrés plus d’une semaine avant le dîner.

La vieille ville d’Honfleur est magnifiquement préservée avec des églises qui me rappellent certaines églises norvégiennes. Influence viking ? Se garer dans les rues étroites est un casse-tête. Il me faudra du temps pour décharger mes nombreux bagages entre le restaurant et l’hôtel proche où je logerai, Maisons de Léa.

Toute l’équipe du restaurant m’accueille avec une ouverture d’esprit qui est remarquable. Je fais changer la forme de la table pour pouvoir parler à tous les convives et c’est accepté avec entrain.

J’ouvre les bouteilles et Muriel, la sommelière m’aide chaque fois que c’est nécessaire. Malgré mon rhume insistant il m’est possible d’imaginer qu’aucune odeur n’est annonciatrice d’un problème.

Après m’être changé, je reviens au restaurant où mon ami est déjà présent. Nous serons onze, dont neuf sont de la même entreprise et veulent fêter un succès récent. Une seule femme est à notre table, très à l’aise dans cette atmosphère. La majorité n’a que très peu ou pas de connaissance des vins anciens. Nous aurons la chance que les vins se mettront à la portée de tous.

L’apéritif debout se prend sur un Champagne Bollinger Grande Année 1975 qui est une bonne introduction car il est extrêmement jeune. Sa bulle est fine et discrète, mais son pétillant n’est pas altéré. Il jouit d’une belle acidité dans des tons de pomelos et d’orange confite. Il a un bel équilibre. Sur les premières gorgées sa longueur est un peu faible mais il est bien animé par les délicieux amuse-bouches du chef à base de trois riz grillés aux jambon de l’Aveyron, lard et poivre noir, pomme fruit et poutargue.

Le menu d’Alexandre Bourdas est ainsi composé : Pascade aveyronnaise à l’huile de truffe / Saumon d’Isigny, crème de volaille, daïkon, jus de poulet, pourpier peaux grillées / Langoustine poêlée, racine de persil, pain brûlé et bouillon moussé à l’huile d’olive / Agneau grillé, au poivre de Madagascar, pak-choï, poireaux et jus blanc / Noix de ris de veau et truffes, façon céleri rémoulade / Pigeonneau laqué au boudin, crème de pomme de terre au yaourt / « Tourte » tiède – amande et gingembre, marmelade de mangue, poivre et passion /Crêpe safranée et soufflée, ananas mariné, mousse au pamplemousse rose.

Le Champagne Dom Pérignon 1966 est plus sombre que le précédent. Il n’a pas de bulle mais le pétillant est encore sensible. On est dans des tons plus fumés, de thé ou de tisane. Ce champagne est plus cérébral que le précédent, subtil et complexe mais difficile à appréhender.

Le Chablis 1er Cru Les Vaucopins Bichot 1988 est vif, équilibré de belle minéralité. Il a atteint une cohérence joyeuse. Il se boit avec plaisir, beau chablis bien reconnaissable.

Le Montrachet Roland Thévenin 1947 a beaucoup de puissance. Il est plus ambré mais a gardé toute sa vivacité. Il a la noblesse du montrachet et un côté plus carré que le chablis et manque peut-être un peu de tranchant.

Autour de moi les certitudes commencent à tomber, car des vins anciens qui ont une telle vigueur, c’est difficile à imaginer. Elles vont être définitivement sapées par les trois bordeaux d’une jeunesse sans égale.

Le Château Léoville Las Cases 1952 est pour moi une très belle surprise. Il est fringant, profond. C’est la définition d’un grand vin, vif, expressif et convaincant. C’est sa subtilité qui me marque.

Le Château Beychevelle 1945 est à l’opposé du 1952 ce qui fait que la table va se partager entre ceux qui préfèrent le 1952 et ceux qui optent pour le 1945. Le Beychevelle a la puissance du millésime 1945. Il a beaucoup de rondeur. Comme ma voisine je préfère le tranchant du 1952.

Il n’y aura pas d’hésitation pour choisir le meilleur des trois bordeaux car le Château Ausone 1953 nous fait changer d’échelle. Il est vif, précis, complexe. C’est un très grand Ausone à la longueur infinie. Il n’a pas d’âge. C’est un vin noble, éblouissant. En bouche, il n’est que bonheur.

Le Chambertin Clos de Bèze Pierre Damoy 1964 fait une fois de plus vaciller mes convives qui ne comprennent pas qu’on puisse dire que les vins anciens ne résistent pas au temps. La couleur du vin est un peu trouble. Le vin est incroyablement sensuel. Il est séducteur, rond, doucereux, tellement facile à vivre. C’est presque un bonbon à déguster. Tout en lui est charme.

Un sourire barre mon visage quand je prends les premières gouttes de La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1969. Ce vin est exactement La Tâche, émouvante et sans concession. C’est un vin à l’opposé du chambertin, un peu ingrat et difficile à comprendre. Mais quelle race, quelle énigme gustative changeante dans les tons salins et de vieux rose. Ce 1969 ne prétend pas égaler le 1962 légendaire que j’ai bu l’an dernier. Mais il est, à mon sens, très proche de la perfection de La Tâche, plus grand que certains d’années plus emblématiques.

C’est un grand enseignement pour moi que la réaction de mes convives devant le Vega-Sicilia Unico Ribera del Duero 1982. Ce vin est magnifique dans sa jeunesse, opulent, carré, lisible et bien construit. Mais après les complexités de tous les vins anciens que nous venons de boire, il apparaît « rustique » et hors sujet. C’est intéressant de constater que ce vin qui est le plus proche des goûts dont mes convives ont l’habitude est celui qui n’est pas aimé par eux. Apparemment la magie des vins anciens a opéré.

Le Château de Rayne-Vigneau 1938 se présente dans une bouteille de la guerre, c’est-à-dire de couleur mi-verte mi-bleue. De ce fait la couleur du vin dans la bouteille n’est pas belle, trop grise. C’est dans le verre que le bel or apparaît. Ce liquoreux a énormément de charme. Il a perdu une partie de son sucre, ce qui lui donne une fraîcheur toute particulière. C’est une belle surprise. J’aime ces sauternes légers.

Le Château d’Yquem 1969 est tout simplement parfait. Il est d’ailleurs mis en valeur par le 1938, car cela amplifie sa puissance et sa richesse. Il a un beau fruit confit et tout en lui est savamment dosé. Ce vin d’équilibre qui a mis le son à pleine puissance n’est que du bonheur doré, nettement au dessus de ce que j’attendais.

Tous les vins se sont présentés dans une forme qui est à l’optimum. C’est peut-être le Dom Pérignon 1966 qui s’est montré moins fringant que d’autres de ce millésime magistral. Nous avons voté et comme souvent, les champagnes ne sont pas retenus dans les votes car il sont déjà bien loin dans nos mémoires. Les dix vins au contraire figurent tous au moins une fois dans les votes, ce qui est toujours plaisant. Cinq vins ont eu des votes de premier, le Chambertin 1964 quatre fois, La Tâche 1969 trois fois, le Beychevelle 1945 deux fois et l’Ausone 1953 et le Vega Sicilia 1982 une fois chacun.

Le vote du consensus serait : 1 – Chambertin Clos de Bèze Pierre Damoy 1964, 2 – Château Ausone 1953, 3 – Château d’Yquem 1969, 4 – Château Beychevelle 1945, 5 – La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1969.

Mon vote est : 1 – La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1969, 2 – Château d’Yquem 1969, 3 – Château Ausone 1953, 4 – Château Léoville Las Cases 1952.

C’est assez normal que mon vote soit différent du consensus, car La Tâche est assez difficile à comprendre et j’en suis amoureux. Et je suis tellement habitué au délicieux Chambertin Clos de Bèze de Pierre Damoy que je ne l’ai pas inclus dans mon vote. Je n’avais pris aucune bouteille de secours, et les douze vins ont brillé.

Alexandre Bourdas a fait un menu qui a bien correspondu aux vins. C’est toujours difficile pour un chef de simplifier ses recettes car il a l’impression qu’on ampute son talent. Mais il a joué le jeu de bonne grâce et certains plats ont été remarquables et ont collé aux vins. Le plat le plus beau pour moi est le pigeon laqué au boudin. Le saumon est superbe et le dessert affecté à l’Yquem fut d’une exactitude absolue. Cette première expérience a été réussie.

Une mention particulière ira au service et au service du vin par Muriel. On a senti un engagement, une implication efficace et cela s’est ressenti dans le déroulement du repas. Preuve en est que, comme souvent en fin de repas, personne ne veut quitter la table, tant on se sent bien.

Beau dîner à Honfleur, avec des vins au sommet de leur forme.

vue de ma chambre

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SAQUANA MENU 140325 001

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merveilleuse couleur de l’Yquem 1969

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Les Domaines Familiaux de Bourgogne font goûter leurs 2011 mardi, 25 mars 2014

Les Domaines Familiaux de Bourgogne organisent chaque année une dégustation des vins qui viennent d’avoir deux ans. A l’hôtel Bristol ils présentent leurs 2011. C’est le grand rendez-vous apprécié par l’ensemble des acteurs du monde du vin. Handicapé par un rhume tenace, je devrais renoncer. Mais je ne raterais sous aucun prétexte cette belle manifestation.

L’avantage avec une année comme 2011, c’est qu’elle est sans surprise. Tout le monde fait bien et l’on retrouve dans le verre ce que l’on attend de chaque domaine. Leurs personnalités s’expriment naturellement. Dans d’autres années, les choix audacieux des uns et des autres peuvent leur donner un avantage particulier. Pour 2011, il n’y a pas d’incertitude. C’est bon. Et le style de chaque domaine est plus reconnaissable que jamais.

Ce que je préfère est donc lié à mes inclinations naturelles où se côtoient aussi bien les étiquettes prestigieuses que les vins qui racontent leur âme. Un bel exemple est le Santenay 1er cru Passetemps domaine de Villaine 2011. C’est la première fois que ce vin est fait. Il n’y a donc pas de référence. Je le trouve d’une expression exaltante. Il respire l’envie de vivre.

Une autre inclination ce sont les vins du Marquis d’Angerville. Il y a dans ces vins, dont le Volnay 1er Cru Clos des Ducs Marquis d’Angerville 2011 une sincérité, une authenticité sans concession qui feront de ces vins des vins de très longue garde.

J’ai aussi beaucoup aimé le Pommard Grands Epenots domaine Pierre Morey 2011, le Chambertin Grand Cru domaine Trapet 2011 car je me retrouve dans les recherche de ces domaines, du moins dans ce que j’en perçois.

Des vins passionnants d’autres millésimes sont à déguster au moment de la pause fromage du midi. Un détail mérite d’être signalé. J’ai goûté le Chambolle-Musigny 1er Cru Les Cras domaine Georges Roumier 2007 que j’ai bu il y a peu de jours à la dégustation menée par Christophe Roumier. Dans l’atmosphère de ce jour, je ne sais pourquoi, ce 2007 m’a donné beaucoup plus d’émotion que celle que j’avais ressentie alors. Avec ce vin, je bois un Roumier flamboyant, même si l’année n’est pas une des plus grandes. Cet exemple montre à quel point il faut être humble lorsqu’il s’agit de vin, car le vin lui-même, comme un chat, ne vous approchera jamais deux fois de la même façon.

Les 2011 de Bourgogne sont de grands vins. On me souffle que 2012 sera encore meilleur. Voilà une belle promesse.

DOMAINES FAMILIAUX DE BG 001

(j’avais oublié mon invitation !)