dîner à l’Orangerie du château de Beaune avec des vins de Bouchard samedi, 16 novembre 2013

A l’occasion de la 153ème vente des vins des Hospices de Beaune, Joseph Henriot, Christophe Bouchard et Thomas Henriot invitent des gens de presse et des amis à un dîner à l’Orangerie du château de Beaune. A chacun de ces dîners, Christophe Bouchard choisit un thème. Ce peut être un thème numérique, en ouvrant des vins dont le dernier chiffre du millésime est celui de l’année en cours ou des thèmes liés à la climatologie. L’année 2013 ayant été marquée par de gros problèmes climatiques, le thème de ce soir est : les plus beaux millésimes tardifs.

Dans l’élégant salon du château, nous trinquons avec un Champagne Henriot blanc de blancs brut magnum sans année fondé sur une base de 2007 avec ajoute de vins de réserve. Le champagne est franc, très plaisant. C’est un champagne au goût de « revenez-y » au beau fruit généreux.

Nous sommes une cinquantaine dans la salle à manger de l’Orangerie. Je suis placé à la table de Thomas Henriot, juste à côté de Michel Bettane. Goûter avec lui et l’écouter est un émerveillement tant sa science dépasse tout ce qui est imaginable.

Le menu est : carpaccio de Saint-Jacques, topinambour et truffe de Bourgogne / vichyssoise de homard et crème aigrelette / filet de bœuf charolais servi saignant, champignon, jus truffé et gnocchis de potimarron / fromages régionaux / dôme chocolat et cœur aux fruits de la passion.

Le Meursault Perrières domaine Bouchard Père & Fils 2008 offre un fruit très plein, avec beaucoup de tension et de présence. La truffe de Bourgogne a des goûts de truffe blanche, sans doute amplifiés par une huile de truffe. Cela dope le meursault très profond, lui donnant une belle vibration.

Le Corton-Charlemagne domaine Bouchard Père & Fils 1955 a un léger marquage de bouchon que décèle Michel Bettane. La bouteille est changée et la suivante est d’un bel or cuivré clair. Le vin est d’une subtilité extrême. Il est tout en suggestion, moelleux avec des intonations de noisettes et d’amandes. Le homard froid et entravé par la sauce aigrelette n’a pas pu offrir de répondant au vin d’une grande franchise et d’une maturité toute en élégance. C’est sous cette forme que l’on rêve de boire un vin blanc.

Le Corton domaine Bouchard Père & Fils 1991 a un fruit strict. Immédiatement, on pense qu’il faudrait l’attendre encore trente ans et qu’il sera gigantesque dans un demi siècle. Michel Bettane dit que pour lui, Le Corton est l’image de Bouchard, même si l’enfant Jésus est un emblème fort. Le 1991 a beaucoup de puissance et s’anime sur la délicieuse viande. C’est la sauce truffée qui crée un accord magique avec ce vin qui devient truffe. La couleur noire du vin est quasi irréelle.

Le Volnay-Caillerets ancienne cuvée Carnot domaine Bouchard Père & Fils 1962 est magnifique. C’est le bourgogne idéal, sublimé par un grand millésime. Miche Bettane dit que son fumé est typique de Bouchard. Il y a un peu de framboises, et sa fraîcheur est remarquable.

Christophe Bouchard est très ému parce que ce 1962 parfait a été fait par son père. Il rappelle quelques moments de l’histoire de cette vénérable maison. Joseph Henriot, handicapé par une extinction de voix demande à Philippe Prost, maître de chai et actif depuis 21 ans dans la création des vins de Bouchard de dire quelques mots sur les vins.

Il dit du 2008 que l’acidité lui va bien. C’est un millésime d’élevage. Le 1955 est un vin impressionnant à servir à la température d’un rouge. Il a une énergie formidable. Du 1991, il dit que c’est un millésime charnu très porté sur le fruit. Le vin sera excellent dans trente ans. Du 1962, il signale le côté très ouvert et dit qu’il a été travaillé avec beaucoup d’élégance.

Il poursuit par un discours sur la mission de vinification. Son enthousiasme, son émotion, sont les propos d’un homme de cœur. Les millésimes tardifs de ce soir que la maison Bouchard nous donne l’occasion de boire sont la preuve vivante que le vin sait vieillir et qu’il faut savoir lui donner cette chance.

A l’arrivée, photographie avec Thomas Henriot et Christophe Bouchard

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Dîner au château de Puligny-Montrachet vendredi, 15 novembre 2013

Au château de Puligny-Montrachet Etienne de Montille m’accueille avec un large sourire. Nous voulions depuis si longtemps nous retrouver. Nous sommes heureux de passer la soirée en tête-à-tête. Sur une plaque de marbre je vois des bouteilles ouvertes.

Il faut que je m’isole pour ouvrir mon vin que je souhaite présenter à l’aveugle à Etienne. Pour me donner du cœur à l’ouvrage pour cette ouverture, Etienne m’apporte un verre de Saint-Aubin 1er Cru en Rémilly Château de Puligny-Montrachet 2011. Son attaque est joliment fruitée, mais le vin est un peu strict.

Etienne a prévu le menu qui comprend une soupe de potimarrons et une belle pièce de bœuf aux épinards frits et pommes de terre sautées.

Nous commençons avec le Champagne Lanson magnum 1964 qui a été chahuté dans ma voiture depuis Reims, mais se comporte divinement bien. Il est opulent et follement complexe, fou de fruits jaunes. Même si l’accord avec la soupe n’est pas recherché, cela se passe bien.

Etienne lève très vite l’interrogation sur ses vins, car rien ne sert que je cherche à les découvrir. Le Volnay 1er Cru Les Champans domaine de Montille 1990 a un joli nez racé et profond. Mais la bouche ne suit pas. Il est suave, presque sucré, évoquant des fruits en salade. Il est charmeur, mais il manque cruellement de tension. Etienne reconnaît qu’il a un problème, probablement de brettanomyces.

Le Volnay 1er Cru Les Taillepieds domaine de Montille 1976 est absolument superbe, très bourguignon, avec une belle salinité. Son état est parfait. Etienne est content quand je lui dis que je considère cette bouteille comme absolument exceptionnelle pour ce vin qui atteint un accomplissement unique. On ne cesse d’y revenir tant il donne envie.

Etienne cherche de quelle région pourrait être mon vin et je ne prolonge pas l’incertitude. Il est tout étonné de la prestation du Moulin à Vent des Hospices civils de Romanèche-Thorins 1964. Car ce vin qui a un niveau exceptionnel (deux centimètres sous le bouchon de belle qualité) est de belle tenue, très bourguignon dans l’âme. Il est gouleyant, de belle râpe et convient divinement bien à la viande ferme et rose. Le gamay vieillit bien !

Nous finissons le repas sur le Champagne Lanson demi-sec magnum 1989 qui n’éveille pas un grand intérêt, s’étant assoupi et n’ayant aucun écho doucereux auquel se confronter.

Le plus beau vin, c’est le 1976. La plus belle surprise, c’est le 1964. Mais le plus important, c’est d’avoir réchauffé notre amitié en parlant de mille et un sujets qui nous passionnent. Ça fait du bien.

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Je n’ai pas pris de photo de la belle pièce de boeuf, hélas.

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Déjeuner aux Crayères avec les champagnes Lanson vendredi, 15 novembre 2013

Après la dégustation de plusieurs millésimes de la « Vintage Collection » du Champagne Lanson, nous nous rendons au restaurant de l’hôtel des Crayères. Au bar, j’ouvre le vin que j’ai apporté, Un Clos de la Coulée de Serrant Mme A. Joly 1970. Très gentiment Jean-Paul Gandon maître de chais de la maison Lanson a apporté un Champagne Lanson demi-sec magnum 1989 dégorgé en 1998 pour que nous puissions voir si le vin et le champagne créent des correspondances. Le champagne prévu pour le repas est le Champagne Lanson magnum 1964 que nous avons commencé à déguster au siège de la maison Lanson.

Nous bavardons sur les possibilités de menu et Jean-Paul me laisse faire le choix, même s’il estime que c’est osé. Je le subodore aussi, mais j’ai envie qu’avec mes hôtes nous prenions des risques.

Notre menu sera : dos de sole viennoise de châtaignes, « cheveux d’ange » à la crème de parmesan, truffe blanche « tuber magnatum Pico » / bœuf Wagyu « aus Kobé niveau 9″ poché dans un bortch, betteraves et choux de Pontoise braisés, ravioles de cébettes à la cécina de bœuf.

C’est une constante assez générale que les amuse-bouche se moquent comme d’une guigne des vins choisis aux tables. Si la préparation crémeuse au haddock est superbe, elle est d’un goût envahissant qui interdit de boire nos vins. Après avoir mâché un peu de pain nous les abordons.

Le Champagne Lanson demi-sec magnum 1989 dégorgé en 1998 a des accents de miel et de pomme cuite. Hervé Dantan évoque la tarte aux pommes. Ce champagne va bien avec la sole.

La Coulée de Serrant Mme A. Joly 1970 a un nez superbe, riche et généreux. C’est une immense Coulée de Serrant ce que Philippe Jamesse, l’excellent sommelier des Crayères, confirme. Elle évoque le coing doré, voire aussi des fruits blancs. Le vin est marqué par une grande complexité. Il se marie magnifiquement avec les cheveux d’ange et avec la truffe blanche coupée en copeaux avec largesse dans nos assiettes. L’accord avec le Wagyu est enchanteur. Le vin récite des mangues confites.

Le Champagne Lanson magnum 1964 est impérial, noble, de beaux fruits jaunes. C’est son assurance qui emporte les suffrages. Il est plus à l’aise que le 1989 sur la sole, et ne forme que des accords polis avec les cheveux d’ange et le Wagyu.

En fait, le plus gastronomique et flexible est le Clos de la Coulée de Serrant, beau avec les cheveux d’ange et grand avec le Wagyu. Le 1964, très noble, est cohérent sur la sole. Le 1989 ne trouve pas de véritable écho sur les plats. Jean-Paul avait raison d’être dubitatif sur les choix mais je ne regrette pas l’expérience et j’ai bien aimé la correspondance qui s’est créée entre les douceurs du 1989 et celles du 1970.

Me rendant en Bourgogne, j’ai emporté avec moi les fonds de bouteille du 1989 et du 1964 pour que la fête se prolonge. Cette immersion dans le monde de Lanson m’a beaucoup appris et m’a montré l’extrême générosité de mes hôtes. Merci messieurs.

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Dégustation de dix millésimes de la Lanson Vintage Collection vendredi, 15 novembre 2013

Dans ma famille, il n’y avait aucune connaissance réelle du vin. Père et grand-père aimaient bien boire le dimanche, mais sans culture particulière. Je me souviens avoir entendu : « si tu veux boire un bon champagne, bois du Lanson ». La renommée de cette maison fondée il y a plus de 250 ans a marqué le pas dans les années 90, pour se renforcer dans les récentes années.

Lorsque l’occasion s’est présentée que je visite cette maison, par un message ainsi libellé :  » Jean-Paul Gandon et Hervé Dantan vous accueilleront et vous feront découvrir notre collection d’anciens millésimes, la Lanson Vintage Collection« , j’ai immédiatement dit oui.

Jean-Paul Gandon est le maître de chais de la maison Lanson et de plusieurs autres champagnes du groupe dirigé par Bruno Paillard et Hervé Dantan est son adjoint. Nous nous rendons en salle de dégustation. Les champagnes seront tous servis en magnums. Ils ne font pas de fermentation malolactique et la répartition habituelle des cépages est de 52% pinot et 48% chardonnay.

Le Champagne Lanson magnum 2002 évoque le caramel, la noix et les pâtisseries. Il est très équilibré, et on le sent déjà gastronomique.

Le Champagne Lanson magnum 1997 a une couleur plus dorée. Le nez est plus discret, plus minéral. Son attaque est franchement plaisante, avec des noisettes grillées. Son final est court. Il a une belle minéralité. Il a été dosé à trois grammes.

Le Champagne Lanson magnum 1995 a un nez discret et une approche timide. Mais le gentilhomme se civilise. S’il est un peu strict, il a quand même une belle noblesse et une aptitude gastronomique certaine.

Le Champagne Lanson magnum 1990 a une couleur d’un bel or. Le nez est minéral. Son attaque est superbe, marquée par le miel. C’est un champagne gourmand et de plaisir mais un peu trop envahi par le miel.

Le Champagne Lanson magnum 1988 a un nez un peu animal. Son attaque est très virile. Mais à côté de cela, il y a du floral et de la fraise subtile. C’est un champagne de grande fraîcheur, au final très beau. C’est un très grand champagne.

Le Champagne Lanson magnum 1985 a un nez noble et pur. Le plus beau à ce stade. Le champagne est très noble et gastronomique. Il a des fruits roses qui me pousseraient à l’associer à du gibier.

Le Champagne Lanson magnum 1983 a un nez très puissant et vineux. L’attaque est chaleureuse et le final est plus court. Il n’a pas la même cohérence que les deux précédents.

Le Champagne Lanson magnum 1979 sort tout juste de cave car il n’était pas prévu. Il est légèrement plus chaud. Il a des arômes de truffe et de gibier. C’est un vin superbe de belle longueur. Jean-Paul dit qu’il a l’esprit Lanson.

Le Champagne Lanson magnum 1976 a plus de chardonnay que les autres : 53%. Il est plus fluide, plus liquide. Il est très différent des autres et entre dans la catégorie des champagnes évolués. Il a des aspects mentholés ou anisés. Il s’est un peu relâché.

Le Champagne Lanson magnum 1964 se présente dans la très jolie bouteille traditionnelle de Lanson en forme de quille. Son vin a beaucoup de fruits jaunes, d’abricot et d’iode. Malgré l’absence de dosage, il a un côté doucereux plaisant. C’est un très beau vin, carré.

Mon classement de ces vins est : 1964, 1979, 1985, 1988, 2002, 1990. Ce voyage dans le temps permet d’essayer de mieux comprendre le style Lanson qui recherche la fraîcheur. Le mot « essayer » est mis comme un signe d’humilité, car la variation entre les millésimes est très importante. Dans les grandes années, Lanson est grand et très champagne, franc et généreux. Le caractère le plus fréquent est vers la pâtisserie, puis les noix et le mendiant et moins fréquemment vers les fleurs et les fruits.

Nous quittons la salle de dégustation avec quelques munitions car nous allons déjeuner au restaurant des Crayères.

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Dîner de conscrits au restaurant Taillevent mercredi, 13 novembre 2013

Nous ne pouvions pas finir l’année 2013 sans fêter nos communs 70 ans, puisque nous sommes tous conscrits, sauf un benjamin qui a rejoint notre groupe. Mille plans avaient été échafaudés qui achoppaient au dernier moment sur des détails. Lassé de l’inefficacité de ces valses hésitations, j’ai proposé que nous nous retrouvions dans le beau salon du restaurant Taillevent et pour enlever la décision j’ai ajouté : « j’apporterai des vins de 1943″.

Habitué de dîners aux restaurant Taillevent, il m’était facile d’organiser ce dîner comme un dîner de wine-dinners, aussi, même si ce n’est pas son exacte philosophie, il sera classé comme le 172ème dîner de wine-dinners, les vins étant prélevés sur la cave du restaurant, sauf les 1943 de ma cave.

A 17h30, les vins de 1943 sont ouverts et ne donnent que de bonnes surprises olfactives. L’attente qui suit est peuplée par une étude de la carte des vins où l’on peut trouver beaucoup de bonnes pioches. Elles sont notées pour que les amis approuvent ma sélection.

Deux champagnes sont prévus pour l’apéritif. J’hésite un instant sur l’ordre de passage. Nous commençons par un Champagne Egly-Ouriet Blanc de Noirs Vieilles Vignes sans année dégorgé en février 2011. Le champagne est très vineux, très tendu. Il claque comme un fouet, ce qui ne l’empêche pas d’avoir beaucoup de persuasion. De solide structure, il diffère fondamentalement des champagnes de chardonnay.

Mon choix de l’ordre de passage était le bon car le Champagne Dom Pérignon 2002 est une bombe de luxure. Comment fait-il pour être aussi séducteur ? Il expose des fruits blancs et des fleurs légères. Il nous ravit au point que nous doublons la mise. Jean-Marie Ancher a prévu un délicieux jambon qui excite bien le champagne.

Le menu de notre dîner de huit personnes est : huîtres David Hervé en gelée / noix de coquille Saint-Jacques, beurre salé, pomme reinette et cidre / noix de ris de veau croustillante, oignons des Cévennes et truffe noire / noisettes de chevreuil sauce Grand Veneur, panais rôtis et betteraves confites / stilton / chocolat Nyangbo aux noisettes du Piémont.

Le Riesling Clos Sainte-Hune Trimbach 1997 a la précision du riesling dont je suis toujours admiratif. Il n’a pas l’ampleur des grandes années solaires de ce Clos, mais il a une telle distinction qu’on le boit religieusement. L’accord avec les délicieuses huîtres est naturel. C’est un beau vin classique dont la précision m’enchante.

Le Bâtard-Montrachet domaine Leflaive 1996 est une explosion de joie. Voilà un vin juteux, épanoui, sensuel. Son nez pétrole encore comme s’il était un bambin alors qu’il a 17 ans le bougre. Vin dominant, il se marie bien aux coquilles mais surtout au beurre salé. C’est un vin de charme et de puissance conquérante.

J’avais repéré sur la carte le Chateau Nénin Pomerol 1971 vin que j’ai maintes fois bu et adoré dans ce millésime. Il est conforme à la mémoire que j’en ai gardée et crée avec la truffe noire un accord absolument naturel. Car le vin devient truffe. Il est riche, opulent comme la sauce lourde de la truffe. Ce vin est un régal, sans doute d’une des années les plus réussies de Nénin.

Le Vosne Romanée Marey & Comte Liger-Belair 1943 a une couleur d’un rose délicat. Le nez est d’une rare séduction, très féminin. En bouche le vin est tout en suggestion. Il y a des fruits rouges comme la framboise et une présence qui étonne mes amis. Car le vin est vivace, complexe, avec de jolies amertumes bourguignonnes, des fruits roses subtils et une longueur surprenante pour l’âge. Etant servi du fond de bouteille beaucoup plus noir, je profite de la richesse vineuse de ce grand vin. C’est une belle émotion. La chair fondante et merveilleuse du chevreuil crée un accord rose sur rose avec le vin.

Le Chateauneuf-du-Pape Réserve des Célestins Henri Bonneau 1999 est un solide gaillard qui contraste avec le précédent. Car s’il est serein et équilibré, il est beaucoup moins complexe. Il est assez monolithique et à ce stade du repas, je n’en profite pas autant qu’il le mérite. Ce n’était pas le jour de ce grand vin que j’apprécie habituellement.

Le Sainte-Croix-du-Mont G. M. Dumons 1943 est une divine surprise. A l’ouverture j’avais été frappé par la richesse de son parfum, fou d’agrumes. Dans nos verres il a ce parfum riche. Sa sucrosité est bien contenue et il forme avec un stilton de compétition dont Jean-Marie Ancher nous dit qu’il a dix ans (est-ce possible ?), un accord absolument exceptionnel. Le stilton est crémeux et le vin l’enrobe de son charme. Quel plaisir !

Le Tokaji Tremeloï Mintapance 1943 se présente dans une demi-bouteille élégante de forme. Le vin est de couleur un peu trouble dans des tons de prunes. Le parfum est subtil et langoureux. En bouche, tout est douceur. Ce vin est une odalisque de bains turcs. Doucereux, il joue sur la sensualité raffinée des vins doux dont rien n’est excessif. On le boit comme on sucerait un bonbon. Il est tellement énigmatique qu’il charme par son étrange séduction. Il va remarquablement avec le dessert au chocolat.

Jean-Marie Ancher nous fait servir le Bas Armagnac domaine de Jouanda 1943 qu’il avait déjà offert à ma table il y a quelques mois lorsque j’avais fêté en ce lieu mon anniversaire. Cet alcool d’une joie franche et généreuse ponctue remarquablement un dîner de fête.

Il n’y a pas eu de vote, mais il faut bien pour les archives de ces dîners. Ce sera : 1 – Vosne Romanée Marey & Comte Liger-Belair 1943, 2- Tokaji Tremeloï Mintapance 1943, 3 – Bâtard-Montrachet domaine Leflaive 1996, 4 – Champagne Dom Pérignon 2002. Le vote consacre en priorité des vins inhabituels qui furent de très belles surprises.

Tous les accords ont été pertinents. Le plus percutant est celui du stilton et du Sainte-Croix-du-Mont. Le plus subtil est celui de la chair du chevreuil avec le Vosne-Romanée. Le plus profond est celui de la truffe avec le Nénin. Tout a été parfait mais on sait qu’au Taillevent, c’est une habitude.

Il nous reste trente ans pour devenir centenaires. Nous nous sommes promis de bien les utiliser.

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Déjeuner au restaurant Hiramatsu mercredi, 13 novembre 2013

Déjeuner au restaurant Hiramatsu. L’accueil est souriant et sympathique. Etant arrivé en avance, je me plonge avec envie dans la carte des vins qui est une des plus intelligentes que je connaisse. Sans attendre l’avis de mon invitée, je jette mon dévolu sur un vin. Dans le menu du jour que je consulte ensuite, des plats permettront de créer de beaux accords.

Pour tromper mon attente, le sommelier m’offre un verre de Viré-Clessé Denis Jeandeau 2011. C’est un vin assez court, aux accents torréfiés et confits qui m’évoquent de vieilles roussannes. Le vin n’est pas déplaisant pour un apéritif, mais quand même très simplifié. La truffe blanche de l’amuse-bouche exhale un parfum démoniaque.

Le menu est : ris de veau, coulis de trompettes de la mort et émincé de cèpes, croquant de cerfeuil tubéreux et topinambour / Cannette de Challans rôtie, navet de Nancy et de boulle d’or, radis rose au miel, poireau jaune et sauce au vin (cognac, porto et vin rouge).

Le Clos de la Roche Cuvée William domaine Ponsot 1988 est un vin clairet au rose raffiné. Le nez est plus que discret. La bouche est distinguée, discrète. Il n’y a aucune affirmation excessive. On est entre gens bien élevés avec ce vin-là. Les cerises griottes sont présentes, ce qui permet un accord absolument pertinent avec les champignons qui accompagnent le ris de veau. Sans être vraiment charnu, le vin est gouleyant. L’année n’est pas flamboyante, mais cela lui va bien.

La cannette anime le vin qui est extrêmement plaisant, avec une belle râpe en bouche. Je ne peux pas dire que je suis chaviré par ce vin qui est un peu en retenue, mais c’est un compagnon gastronomique très pertinent.

Alors que j’ai un dîner important le même jour, je me laisse séduire par le dessert marrons et noix fraîches, croustillant de quatre-quarts et mousseline de chocolat blanc ivoire. C’est délicieux. Tout se complique lorsque l’on apporte des boules de chocolat fondant, véritable Attila des régimes.

Le restaurant Hiramatsu est un restaurant où l’on se sent bien, et qui pousse à commander de grands vins.

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La maison Bichot présente ses vins de 2011 dimanche, 10 novembre 2013

La maison Bichot présente ses vins de 2011 dans un joli salon de l’hôtel George V. Je n’avais pas le souvenir qu’il y en eût autant, tant leurs gammes sont étendues. Contrairement aux professionnels, je ne fais pas une analyse détaillée de chaque cru. Je « butine », bavardant avec les visiteurs que je connais. Ce qui me frappe, pour la maison Bichot comme pour plusieurs autres maisons, c’est l’extrême précision des vins jeunes. Mon impression est que le travail à la vigne et sur les grains récoltés est de plus en plus efficace, donnant une pureté de jus extrême.

Les 2011 sont dans une période de félicité, plusieurs d’entre eux se montrant gourmands. Les vins de Bourgogne ont une place importante dans mon amour du vin.

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Déjeuner au restaurant l’Essentiel à Deauville dimanche, 10 novembre 2013

Le soleil brille un dimanche de novembre à Deauville. Avec ma fille et mes petites-filles, nous allons au restaurant « L’Essentiel ». Décidément, les noms communs sont tendance. La décoration est sobre mais plaisante. L’accueil et le service sont attentionnés. La carte des vins est petite mais bien fournie. Je commande un Château Rayas Chateauneuf-du-Pape 1998 avant que nous ne passions la commande des plats. La couleur du vin est anormalement tuilée, et le vin est comme torréfié, ce qui indique un probable problème de chaleur en cave. La serveuse me propose de le changer et je refuse, car je n’ai aucune intention de créer des problèmes éventuellement liés à une différence d’interprétation.

Le chef vient, propose le changement, goûte le premier Rayas puis le second et convient qu’il y a un écart sensible de qualité entre les deux vins. Ouf !

Mon menu est : Saint-Jacques grillées, pommes de terre vitelotte, fumet au curcuma / Bœuf Wagyu, légumes grillés, condiment samsang. Tout est bien cuisiné et la viande Wagyu est délicieuse, riche et goûteuse.

Le Château Rayas Chateauneuf-du-Pape 1998 non carafé met un peu de temps à s’ébrouer, mais quand il est ouvert, il impose sa forte personnalité. Son amertume de fruits bruns se domestique bien. L’intensité du vin et sa persistance sont fortes. C’est un grand vin qui trouve un écho de belle exactitude avec le gras un peu chocolaté de la viande épaisse. L’accord est beau.

Ce restaurant de Deauville est à recommander car l’accueil est sympathique, le service efficace, la cuisine excellente et l’on peut trouver quelques vins de qualité.

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Déjeuner au restaurant Beaucoup dimanche, 10 novembre 2013

Après « Table », voici le restaurant « Beaucoup ». C’est curieux ces noms d’une totale neutralité. L’espace est imposant. Il s’agit sans doute d’une ancienne entreprise industrielle. L’atmosphère est agréable. Le service et la clientèle sont majoritairement féminins. Les plats sont convenables. Ma fille prend un verre de vin bio. Je bois de l’eau. On ne sait pas quelle était l’intention dans le nom, mais des endroits de ce niveau, il y en a beaucoup.

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