Le Ban des Vendanges au domaine de Chevalier dimanche, 15 septembre 2013

Lorsque l’on est invité au Ban des Vendanges à Léognan, on ne peut pas s’asseoir dessus, car c’est sans C. C’est par un jeu de mots orthographique bien innocent que commence mon week-end à Bordeaux.

A l’aéroport, j’inaugure la dépose des bagages que l’on fait soi-même. Obligé de m’y reprendre à deux fois j’ai pu recueillir la confidence du préposé qui oriente ou repousse les voyageurs : il se fait agresser des centaines de fois par jour par des mécontents et a décidé d’adopter une zen attitude. On fait la queue en zigzag pour passer le contrôle des bagages à main. Dans l’avion de 13 heures, le repas qui est servi fait 18 grammes et 74 calories, c’est ce qui est écrit sur le sachet.

L’attente au comptoir du loueur de voitures est d’une durée égale à celle du vol. On finit par se demander si la notion de client existe encore dans ce qui est organisé en transport de masse, sans âme.

C’est un tout autre monde à mon arrivée au château Malartic-Lagravière où je suis accueilli par la charmante Michèle Bonnie, maîtresse des lieux. On me donne la chambre jaune, qui est sans mystère.

Lorsqu’on arrive au Domaine de Chevalier, une immense tente est éclairée par des spots surpuissants. La gestion du parking nécessite une organisation importante. Des petits trains conduisent jusqu’à l’entrée. Ce sont 1.030 personnes qui vont participer au Ban des Vendanges qui revêt cette année un caractère particulier puisque c’est le 60ème anniversaire du classement des Graves, le 40ème anniversaire de l’Union des Grands Crus de Bordeaux et le 30ème anniversaire de l’achat du Domaine de Chevalier par la famille Bernard. Olivier Bernard qui dirige le domaine est aussi le président de l’Union des Grands Crus, ce qui fait que l’événement est de grande importance pour la famille Bernard représentée ce soir par 80 de ses membres.

Lors de la cérémonie d’intronisation à la Commanderie du Bontemps, qui se déroule avant le dîner, le nombre des Bernard intronisés est significatif. Comme il se doit, de forts contingents d’intronisés viennent d’Extrême Orient. Rien de tel pour fidéliser les relations commerciales.

Pendant que la cérémonie se déroule, on peut goûter les vins de 2010 des membres de l’Union des Crus classés de Graves, Sauternes, Barsac. Je suis frappé par le Château La Mission Haut-Brion 2010 dont la puissance et la force de conviction dépassent de loin celles des autres vins. Par comparaison, le Château Haut-Brion 2010 brille par sa délicatesse. Ces deux vins sont aux antipodes l’un de l’autre. On comprend que certains palais habitués aux vins modernes préféreront le Mission, car il est gourmand. Mon inclination personnelle est pour le Haut-Brion auquel je prédis un avenir glorieux.

Le Château Haut-Bailly 2010 est plein de charme et d’une élégance toute féminine. Le Domaine de Chevalier 2010 est conquérant. Ce qui me frappe, c’est que tous ces 2010 montrent des qualités et des précisions qui sont remarquables. C’est de la belle ouvrage !

On peut déguster à profusion des huîtres, du jambon de Bayonne excellent, des toasts au foie gras et mille autres petits canapés délicieux pendant que la pluie tombe et retombe ! C’est un déluge qui interdit de s’éloigner des allées couvertes.

Il est temps d’aller dîner et placer 1.030 personnes n’est pas une mince affaire. La tente gigantesque est si haute qu’il n’y a pas à redouter que la température ne devienne étouffante. C’est même le contraire qui se produira et les jolies épaules largement dénudées d’une myriade de jolies femmes se cacheront rapidement sous des châles. L’un des vignerons a invité Adriana Karembeu qui dépasse de la tête et des épaules toute cette assemblée et ne peut pas passer inaperçue tant sa beauté illumine l’espace. Elle vole facilement la vedette à Alain Juppé qui fera un discours de circonstance, aux compliments savamment dosés.

Il y aura beaucoup de discours, fête officielle oblige, et celui d’Olivier Bernard sera enflammé, son cœur débordant de générosité.

Le repas est conçu et réalisé par Jean Coussau, le magicien du foie gras qui a deux étoiles à Magescq. Le menu : foie gras de canard des Landes chaud, aux raisins / suprême de canard, réduction aux épices, mousseline de pomme de terre et céleri, cèpes et girolles à la Bordelaise, mini-légumes étuvés / dégustation de fromages des Pyrénées / dessert au buffet avec de nombreuses délicatesses.

Ce repas est magnifique, les plats servis à l’anglaise étant à températures et cuissons parfaites. Jean Coussau venu à notre table est chaudement félicité.

Les vins blancs et rouges sont ceux de l’Union des Grands Crus classés de Graves. Ils varient à chaque table sauf deux vins qui seront servis à toutes les tables.

Le Château Malartic Lagravière blanc 2008 est généreux et fruité. Il est gouleyant et de belle charpente, mais il faudrait l’attendre encore quelques années pour profiter de sa sérénité. A côté de lui le Château Olivier blanc 2009 a une acidité citronnée et un goût de fruits verts qu’il m’est difficile d’aimer tant il est jeune. Le foie gras magistral s’accorde bien avec le 2008.

Le Domaine de Chevalier rouge 1983 est servi à toutes les tables. On mesure le supplément d’âme qu’apportent trente ans de cave. Ce vin est élégant, délicat, manque un peu de force, mais nous ravit.

Le Château Malartic Lagravière rouge 2003 est fortement charpenté, aux lourds tanins. Il a beaucoup de charme. Le Domaine de Chevalier rouge 2003 est plus intense que le Malartic, avec une longueur respectable. Les deux vins se comportent très bien sur le canard à la cuisson parfaite.

C’est un peu dommage que le plus grand vin de la soirée offert à toutes les tables soit servi sur le fromage. Car ce vin gastronomique mériterait d’être provoqué dans une joute gustative. Le Château La Mission Haut-Brion 1998 est spectaculaire. Il est jeune bien sûr. Mais il a déjà un équilibre et une maturité qui lui donnent un haut niveau de plaisir. On en reprend sans cesse tant il est bon. C’est un très grand vin promis à l’éternité.

Le dessert est servi à des buffets dont certains sont dressés dehors maintenant que la pluie a cessé. Le Château Guiraud offre à goûter plusieurs millésimes de son sauternes, présentés en impériales, ce qui est impressionnant. Je bois le Château Guiraud 2003 très riche mais encore très jeune, qui s’anime bien sur les desserts.

Un feu d’artifice éclate dans le ciel, la sono monte ses décibels et les jolies femmes sont entraînées sur la piste de danse. C’est aussi l’occasion de discuter avec des vignerons et des personnalités du monde du vin, en dégustant un Bas Armagnac Darroze « les grands assemblages » 60 ans d’âge de belle patine, profond, mais de relativement faible longueur. Le Bas Armagnac Darroze « les grands assemblages » 40 ans d’âge a moins de maturité mais plus de longueur. Je le préfère.

Le retour aux voitures est assez mouillé. Cette soirée de grand prestige, remarquablement organisée, soude la communauté des vignerons de l’Union des Grands Crus dont la génération montante est particulièrement présente en nombre. La présence asiatique est aussi très développée ce qui montre l’importance qu’accorde le vin de Bordeaux à l’exportation. Bordeaux et la famille Bernard savent recevoir. Quand en France un secteur est aussi dynamique, généreux et amical, on ne peut que s’en féliciter.

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avec Olivier Bernard, maître de cérémonie

Olivier Bernard & Audouze

Repas de rêve au restaurant Arpège jeudi, 12 septembre 2013

Des amis me proposent de les rejoindre pour déjeuner au restaurant Arpège. Ils annoncent des bouteilles de haut niveau qui m’interdisent de refuser ce repas si par hasard j’en avais l’intention. Ma réponse à leurs apports est Latour 1914.

J’arrive vers 11h pour ouvrir ma bouteille mais aussi celles des amis. Les parfums sont extrêmement engageants. Celui du Margaux 1928 en demi-bouteille est irréellement bon. Je mets au point le menu avec un des amis arrivé en avance et avec l’équipe très motivée du restaurant.

N’ayant pas eu de menu, voici ce que j’ai retenu de la multitude de plats : petits amuse-bouche délicats en fines barquettes /fines lamelles de tomates multicolores à l’huile / pomme de terre bretonne avec une lourde sauce aux champignons et d’autres saveurs / carpaccio de poisson, bar, je crois / gratin d’oignons au parmesan / saint-pierre à la feuille de laurier et tétragone / céleri en forme de risotto / grouse / couscous de légumes / ris de veau / ravioles potagères et bouillon végétal / tomme / millefeuille « caprice d’enfant » à la mirabelle et à la dragée écrasée.

Ce repas est d’une qualité irréprochable. Le plat le plus enthousiasmant, c’est le couscous de légumes, plat emblématique d’Alain Passard. Ensuite, la grouse est exceptionnelle, suivie du gratin d’oignons et du millefeuille. Tous les plats sont bons, cohérents, talentueux.

Le Champagne Krug 1979 a une couleur très ambrée. La bulle est fine, minuscule et très active. En bouche, ce champagne est d’un rare plaisir. Il est expressif, confortable, charmeur. On sent le miel, le croissant tout chaud. Tout est charme en ce grand champagne.

Le Puligny-Montrachet Les Enseignères domaine Coche-Dury 1996, s’il est puissant, n’est pas envahissant. Car il s’est bien assemblé, devenant cohérent. C’est un vin qui dépasse le meilleur niveau des Puligny-Montrachet. L’huile des tomates permet de créer un bel accord, alors qu’il était improbable sur le papier.

Ce qui est fascinant avec le Château Laville Haut-Brion 1962, c’est qu’il est impossible de lui donner un âge. Alors que le Krug 1979 fait son âge, voire un poil plus, ce vin est intemporel. Sa couleur est d’un jaune citron. Son parfum est frais. En bouche, il est d’une précision extrême, de cette précision que l’on rencontre avec les meilleurs rieslings comme le Clos Sainte Hune de Trimbach. L’accord avec le saint-pierre est parfait. Ce vin est au sommet de son art, racé, noble, percutant.

Le Château Margaux 1/2 bt 1928 est fascinant. Son parfum est d’une force incroyable. Sa couleur est d’un rouge sang de pleine jeunesse. Le vin remplit la bouche de sa plénitude. Il est grand, à peine torréfié. Il est convaincant. C’est un très grand vin. J’avais ouvert ce même vin au Garance et Gérard Besson ne voulait pas croire qu’il soit possible qu’une demi-bouteille de 1928 puisse donner tant de jeunesse épanouie. Nous sommes dans la même configuration.

Le Château Latour 1914 a une couleur un peu trouble et donnant des signes d’âge. Le parfum est discret mais précis. En bouche, le vin montre une petite acidité lorsqu’on le boit sans plat. Avec la grouse, il devient follement gastronomique, perd ses signes d’âge et devient un vrai Latour, noble et distingué, même s’il n’a pas le caractère conquérant que Latour peut avoir. J’en ai offert un verre à Alain Passard qui l’a partagé autour de lui, pour autant de bonnes surprises.

Le charme sensuel des bourgognes se retrouve dans le Corton Grancey du Château Corton Grancey 1928. Il a quelques signes de torréfaction et de fatigue, mais c’est le charme qui triomphe sur le ris de veau. Notre ami coréen vivant à Singapour, qui préfère les bordeaux qu’il comprend mieux a vu ses convictions renforcées par une meilleure performance des bordeaux, mais le Corton Grancey, même incomplet, déclamait des complexités qui ne laissaient pas indifférent.

J’avais appelé à la raison en demandant qu’on n’ouvre qu’un seul sauternes, mais ma voix n’a pas pesé lourd. Nous avons donc pu comparer deux sauternes éblouissants. Le Château Lafaurie Peyraguey 1947 est d’un or glorieux, un peu plus foncé que l’autre. Son attaque est puissante avec un alcool affirmé et la cohérence du message est percutante. Ce qui me frappe, c’est la fraîcheur gracile de l’attaque, qui cohabite avec la puissance envahissante du Lafaurie.

Le Château Rayne-Vigneau 1947 a la même cohérence et le même accomplissement. Mais il a un peu plus de profondeur et de complexité. Il joue en douceur avec une efficacité redoutable. Les deux sauternes sont exceptionnels et selon les gorgées, on va aimer celui que l’on vient de boire. Les deux évoquent la mangue et les fruits jaunes dorés.

Nous avons bu des vins d’une grande qualité. Nous n’avons pas voté et ce serait bien difficile. Si je me risque, voici ce que serait mon classement : 1 – Château Margaux 1/2 bt 1928, 2 – Château Rayne-Vigneau 1947, 3 – Château Laville Haut-Brion 1962, 4 – Champagne Krug 1979.
Mais
si l’on me proposait un classement différent, je ne le refuserais pas, tant les vins furent tous de grande classe. Car chacun des quatre que je retiens est au sommet de son art.

Le repas fut un grand moment de gastronomie. On sent que l’équipe d’Alain Passard est tonique et motivée par ce grand chef chaleureux. Mes amis sont si fous qu’ils échafaudent d’autres moments de folie. J’ai bien peur de ne pas résister à leurs chants de sirènes et de les suivre dans cette jolie folie.

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Régis Marcon cuisine à quatre mains aux Crayères mercredi, 11 septembre 2013

L’hôtel Les Crayères à Reims a eu la riche idée d’organiser des repas à quatre mains et cinq étoiles avec Philippe Mille, le chef deux étoiles des Crayères et avec un chef trois étoiles. Ce soir, c’est Régis Marcon qui donne la réplique à Philippe.

Voici le menu concocté par les deux chefs : royale de foie gras d’oie, gelée de ratafia de la Champagne / dos de bar de ligne à la vapeur de champagne, vernis, couteaux et céleris boules étuvés / couci-couça d’agneau au praliné de cèpes, figue farcie / chaud-froid de banane et poire, caramel de morilles.

Les deux premiers plats sont de Philippe Mille et les deux suivants sont de Régis Marcon. Il s’agit de créations pour cette soirée. Il serait assez difficile de classer ces plats d’une créativité réfléchie. Chaque plat est porteur d’émotion. La royale de foie gras a un finale qui donne des évocations fruitées de pêches blanches que rien ne laisserait supposer, le dos de bar est d’une élégance et d’une justesse de ton exceptionnelle, l’agneau est d’une maîtrise qui fait comprendre pourquoi un chef peut obtenir trois étoiles et le dessert est probablement le plus abouti des quatre plats, avec une cohérence d’anthologie.

Alors, c’est un festival de bout en bout. Régis Marcon a découpé en salle les échines d’agneaux et c’est un régal de voir la précision des gestes. La vedette était manifestement du côté des cuisines.

Le Champagne Mumm Blanc de Blancs Mumm de Cramant magnum sans année est pris à l’apéritif. C’est un champagne de soif bien agréable, sans longueur excessive, qui se reprend avec plaisir.

Le premier plat accueille un Champagne Jacquesson Dizy Corne Bautray 2004 d’une belle tension. Le Champagne Jacquesson Avize Champ Caïn 2004 est de la même veine que le précédent, affuté, et trouvant dans le bar un écho très favorable.

Même si le Champagne R. Lalou Mumm 1999 a de grandes qualités, il est trop discret pour être à l’unisson de l’agneau, transcendantal pour lui.

C’est en fait le Champagne Mumm Extra Dry Carte Classique, fait avec des vins des années 90 qui a créé le plus bel accord de cette soirée, car malgré son dosage, sa douceur renvoyait un beau clin d’œil au caramel de morilles.

Mumm était venu en force, et tous les représentants de cette honorable maison sont restés entre eux, sans communiquer avec l’extérieur, vivant cet événement comme un séminaire interne. L’intérêt de ces événements extraordinaires où des chefs créent ensemble aurait été de susciter plus d’échanges.

Quelques fidèles se sont retrouvés sous la yourte du jardin, qui avec un champagne Billecart Salmon, qui avec un cognac Hine. Pour moi ce fut de délicieux et puissant Cognac Hine 1960.

Hervé Faure, avec les encouragements de Laurent Gardinier, a lancé un concept très fort, qui est un émerveillement à chaque nouveau happening à quatre mains.

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Le cercle Climats Côte Chalonnaise mercredi, 11 septembre 2013

Dix vignerons se sont regroupés en un cercle « Climats Côte Chalonnaise« . Ils font des Mercurey, Givry, Rully et Bouzeron, et ont invité des professionnels dans l’appartement du Questeur du Sénat. Connaissant quelques acteurs de cette sympathique association, j’ai tenu à venir les saluer.

Chaque maison présente cinq vins, ce qui représente une bonne cinquantaine de vins à déguster. En blanc, ce sont généralement les 2012 et 2011 qui sont sur table. Si la qualité des vins est certaine, j’avoue que la jeunesse de certains vins rend difficile d’apprécier tous leurs atouts pour un amateur de vins anciens. Aussi est-il peu pertinent que je fasse des appréciations de ces vins. J’ai préféré bavarder avec des vignerons de haute qualité.

L’ambiance était très amicale et les vins fort bons. Il est sûr que l’on reparlera de ce cercle où j’ai découvert quelques bonnes pioches, à laisser vieillir bien sûr !

dîner de rentrée au restaurant Laurent mercredi, 11 septembre 2013

C’est mon premier dîner de rentrée au restaurant Laurent. Il est tentant de prendre le menu de saison : araignée de mer dans ses sucs en gelée, crème de fenouil / œuf de poule façon cocotte, girolles et mousseline d’artichauts / tronçon de turbot nacré à l’huile d’olive, bardes et légumes verts dans une fleurette iodée / pigeon à peine fumé et rôti, pissaladière de jeunes primeurs, sauce piquante / voiture de fromages / soufflé chaud au thym-eucalyptus.

La cuisine est rassurante, posée, sereine. On se sent bien. Le Champagne Laurent Perrier Cuvée Grand Siècle est aussi confortable que cette cuisine. Il en a aussi la légèreté. Sa capacité gastronomique est sereine comme le lieu. S’y ajoute une petite pointe de romantisme. On succombe donc sans difficulté au charme de ce beau champagne expressif.

Pour le pigeon, j’ai commandé un Domaine de Chevalier rouge 1/2 bt 2008 sobre, classique, mais aussi profond et incisif, qui joue bien avec la chair rose du pigeon. Il se tient bien sur un saint-nectaire fondant.

Le champagne reprend sa place sur le soufflé délicieusement aromatique.

Pour paraphraser la célèbre formule : « chez Dupont tout est bon », ce sera « chez Laurent, tout est charmant ».

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Dégustation de Château Canon et Château Rauzan-Ségla Place Vendôme lundi, 9 septembre 2013

Sur la magnifique place Vendôme, au troisième étage de la boutique Chanel, John Kolasa reçoit des professionnels pour présenter deux vins de la famille Wertheimer dont il a la charge. Les lecteurs fidèles des bulletins se souviennent que dans les n°s 240 et 241 j’ai raconté les superbes verticales de ces deux vins qui avaient permis en quatre services de goûter :

Château Rauzan-Ségla 2005, 2000, 1996, 1995, 1988, 1982, 1970, 1966, 1961

Château Rauzan-Ségla 1990, 1989, 1986, 1985, 1957, 1952, 1947, 1929

Château Canon 2005, 2000, 1982, 1961, 1959, 1949, 1947

Château Canon 1998, 1990, 1989, 1964, 1955, 1952.

(voir : http://www.academiedesvinsanciens.com/verticale-de-rauzan-segla-et-canon-au-restaurant-taillevent/

http://www.academiedesvinsanciens.com/an-impressive-vertical-of-rauzan-segla-and-canon-by-taillevent/ )

Aujourd’hui, les vins plus récents sont présentés et l’on peut goûter : Clos Canon 2009, 2008 puis Château Canon 2010, 2008, 2006, 2005, 2004, 2002, 2001, 2000 puis Ségla 2009 et 2006 et enfin Château Rauzan-Ségla 2010, 2008, 2006, 2005, 2004, 2002, 2001, 2000.

Je suis revenu hier en voiture de mon sud. Nous sommes un lundi matin, j’ai pris juste avant ce rendez-vous un café crème. L’humeur n’est pas à une dégustation exhaustive. Aussi, plutôt que de l’analytique, je vais chercher à m’imprégner des deux grands vins faits par John Kolasa.

Ce que je bois du Saint-Emilion Château Canon est si fort, si précis, si typé que mon impression dépasse l’effet millésime. Il s’agit d’un vin strict, qui ne cherche pas à plaire et ne joue pas de sa séduction, mais qui récite son terroir, très représentatif de l’appellation. Pour moi, chaque millésime se rapproche des autres pour me faire aimer ce Saint-Emilion à la trace profonde. John à qui je fais part de mes impressions trouve au contraire que chaque millésime montre ses différences. C’est normal qu’il ait cette attitude puisqu’il fait le vin. J’ai cherché plutôt une synthèse. Le Clos Canon, dont je n’ai bu que le 2009 est infiniment plus charmeur, puisqu’il est plus facile. Dès que le Canon aura pris de l’âge, il va le distancer.

Le Margaux est différent, mais il y a la même recherche de pureté et d’authenticité. Le sommelier du restaurant qui a la plus belle cave de Paris me dit que ces deux vins n’ont pas la notoriété qu’ils mériteraient. Dans un coin de la jolie pièce on a carafé Château Canon 1998 et Château Rauzan-Ségla 1996. L’aération, un ou deux petits canapés à grignoter me permettent de ressentir le saut gustatif majeur. Ces deux vins sont épanouis, heureux, même s’ils sont rigoureux. C’est un plaisir de les boire. Pour se refaire le palais, si c’était nécessaire, nous avons la chance de boire un Champagne Delamotte brut magnum qui claque bien sur la langue, présenté par Didier Depond et son équipe.

Il ne fait pas de doute que c’est plus agréable de boire de grands vins dans les ors de la Place Vendôme et le luxe de Chanel que dans la cohue d’une foire aux vins. On n’en goûte que mieux l’intelligence du travail de John Kolasa sur ces grands vins.

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Lancement avec panache du nouveau Bettane et Desseauve vendredi, 6 septembre 2013

Comme l’an dernier à pareille époque, les Caves Legrand, dont l’âme n’a pas été affectée par le changement d’actionnaire majoritaire issu maintenant du pays de Soleil Levant, reçoivent les invités de Michel Bettane et Thierry Desseauve à l’occasion de la parution de leur nouveau guide de vins. De nombreux vignerons sont présents, des chouchous, des coups de cœur, des lauréats et des amis. La presse et quelques amateurs sont présents. La foule est immense et les déplacements de stand en stand sont difficiles.

Sous les verrières de la galerie Vivienne il fait une chaleur de souk. Les chemises des hommes s’auréolent ou se trempent. Les buffets de victuailles sont simples mais de belle qualité. Les vins rouges sont difficiles à boire car trop chauds. Le Palmer 2006 que j’essaie est trop chaud pour que j’en apprécie la belle structure. Il faut se rabattre sur le champagne, ce qui est loin d’une punition quand il y a Pol Roger, Bollinger, Philipponnat Clos des Goisses et Laurent Perrier Grand Siècle et d’autres encore.

Ayant découvert que Pol Roger présentait sa cuvée Winston Churchill 2000, j’en ai fait mon ordinaire lors de cette soirée.

Ce qui est toujours remarquable, c’est la complicité et l’amitié qui attachent tous ces vignerons aux deux auteurs. Il me semble qu’aucun autre critique ne crée des sentiments aussi forts avec les vignerons.

Il me semble aussi que les Caves Legrand sont le seul repaire capable d’accueillir avec cette chaleur humaine (et chaleur tout court) cette foule qui compte dans le monde du vin. Michel Chapoutier nous a dit tout simplement pourquoi il est fier d’avoir été nommé l’homme de l’année.

Ce cocktail lance merveilleusement bien l’année vineuse.

Vente caritative d’immenses cognacs le 19 septembre jeudi, 5 septembre 2013

Le Bureau National Interprofessionnel du Cognac organise avec « la part des anges » une vente caritative au profit de la Croix Rouge de bouteilles uniques de cognac, offertes pas une vingtaine de maisons de Cognac.

C’est le 19 septembre 2013 au château de Brillac à Foussignac, mais on peut enchérir par le web.

www.lapartdesanges.cognac.fr

Tout est décrit sur ce site. Il y a des bouteilles mythiques.

Un cocktail a réuni la presse, des amateurs et une bonne vingtaine de maîtres de caves de ces prestigieuses maisons, pour montrer les cognacs vendus.

On en a eu plein les mirettes !!! ici quelques bouteilles

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le cocktail à base de cognac qui a été servi, très agréable à boire et évoquant bien le cognac

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Dîner au restaurant Caves Madeleine à Beaune mercredi, 4 septembre 2013

De retour à l’hôtel le Cep, je bois une bière blanche de la Brasserie de Vézelay en attendant Ray Walker avec lequel je dois dîner. Ray me conduit au restaurant Caves Madeleine dont l’animateur est Laurent Brelin que j’avais déjà rencontré lors d’un déjeuner avec des vignerons bourguignons lors de la présentation des vins des domaines familiaux de Bourgogne à Paris. C’est un bistrot bar à vins dont l’éclectisme est certain. Laurent est très orienté vers les vins naturels et les vins de vignerons. Mais il a aussi des vins plus traditionnels.

Le menu que nous choisissons sur l’ardoise murale est : terrine de campagne maison /Collier d’agneau fermier du Quercy confit. Ray qui a faim y ajoute une joue de bœuf.

Nous commençons par un Champagne Jacques Lassaigne Brut nature Blanc de Blancs de Montgueux 2004. J’ai eu des expériences nettement meilleures avec des champagnes de ce vigneron. Ce vin est assez déstructuré, et joue au vin nature en oubliant d’être plaisant.

Le Musigny Grand Cru Jacques-Frédéric Mugnier 2004 dont j’ai un peu influencé le choix a fait peur à Ray car ses expériences avec des vins de 2004 ne lui ont pas laissé un bon souvenir. Le vin à l’ouverture est plein d’un fruit rouge généreux tout-à-fait étonnant, aussi bien pour le millésime que pour le domaine. Lorsque le vin s’installe dans le verre il devient plus Musigny, plus bourguignon, et Ray constate avec plaisir que l’on oublie aisément qu’il est de 2004, car il a une force de persuasion qui est très affirmée. Nous sommes maintenant en présence d’un grand vin, subtil et émouvant, bien mis en valeur par le collier.

Le chef et Laurent Brelin viennent discuter avec nous quand toutes les tables sont vides et nous bavardons à bâtons rompus, évoquant de grands souvenirs. Laurent fait goûter à l’aveugle un Bugey Cerdon méthode ancestrale Récolte Cécile – Balivet Mérignat vignerons. D’emblée je dis que ce vin pétillant qui ressemble à un sirop de groseilles n’est pas du tout dans mes recherches. Mais le temps passant, je constate ses propriétés digestives. Il remplace efficacement un dessert car il en gomme la nécessité.

Chaque séjour en Bourgogne donne lieu à de belles rencontres.

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la terrine était déjà bien entamée quand j’ai pris la photo !

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