Fromage et sans pitié samedi, 6 avril 2013

Si la ligne éditoriale de ce blog est claire, il ne faut pas exclure un dérapage du côté des calembours.

Quel est le pays qui par votation a obtenu un grand nombre de Zones d’Aménagement Concerté ?

C’est la Suisse qu’a eu ZAC, grâce au vote de cinq gars pour, et caïman aucun vote contre.

Je sais bien que je médis à part, mais quand même, quand un Président s’appelle Hollande, il n’est pas étonnant que ses ministres se fassent des fromages.

Il y a même un possible candidat qui a eu des problèmes avec l’édam.

En tout cas, ce qu’on voit, c’est que l’appareil de l’Etat est dans un sacré Morbier.

C’est l’histoire d’une Romanée Conti 1929 samedi, 6 avril 2013

C’est l’histoire d’une Romanée Conti 1929. Henri, un ami, a partagé avec moi depuis des années de grandes bouteilles. Son fils Jean a le même amour du vin. Il déniche sur eBay une Romanée Conti 1929. Henri me demande mon avis. Le prix de départ est tellement bas que j’avertis Henri de ne pas croire au miracle. Je lui dis : « si tu as envie de t’amuser, tu peux enchérir jusqu’à tel prix ». Comme au poker, on peut toujours espérer qu’une bonne carte, improbable, puisse surgir. Henri acquiert la bouteille à un prix nettement plus bas que la limite que j’avais suggérée. Il me propose que nous la goûtions avec ses parents, sa femme et son fils un samedi midi. Je réserve au restaurant de la Grande Cascade.

A 11 heures le samedi matin je me présente au restaurant pour ouvrir les bouteilles qui sont apportées par Henri et moi. La Romanée Conti 1929 est une mise Van der Meulen. J’en ai bu une il y a peu de semaines et le vin était assez fortement hermitagé. La capsule de la bouteille est neutre avec deux grappes de raisin en relief, alors que souvent les vins de Van der Meulen ont des capsules avec une couronne à trois arches. La couleur de la peinture de la capsule me paraît très ancienne, certainement d’avant 1940. Le verre de la bouteille est noir et c’était une habitude de ce négociant belge d’utiliser des verres opaques, qui cachent la couleur réelle du vin. La bouteille est soufflée, au cul profond, et je l’imagine de la fin du 19ème siècle. C’est une bouteille de récupération. Le niveau est très convenable pour l’époque, ne dépassant pas cinq centimètres sous le bouchon.

L’étiquette comporte les mentions suivantes : « Romanée Conti 1er Grand vin de Bourgogne (Côte d’Or) ». Rien n’interdit à ce négociant d’être inventif.

J’enlève le haut de la capsule et la noirceur poussiéreuse exclut tout rebouchage récent. On est en face d’un vin qui ne peut pas avoir été bouché après 1940. Ce qui est assez invraisemblable, c’est que le haut du goulot est ébréché de façon importante. Comme il n’y a aucun morceau de verre sous la capsule, le responsable de l’embouteillage a utilisé une vieille bouteille très abîmée, sans sourciller. Or la blessure du verre est tellement visible qu’elle ne pouvait être ignorée.

Le bouchon est extrêmement serré, très difficile à faire sortir, et après de longues minutes, j’extrais le bouchon entier, au liège de petite qualité mais très efficace. Le bouchon, comme souvent chez Van der Meulen n’a aucune inscription.

L’examen du nez va être déterminant. Je sens le vin et il m’apparaît de façon assez claire, sur les seuls parfums, que s’il y a de la Romanée Conti, il y en a très peu. Il n’y a aucune émotion du domaine. Le vin est forcément hermitagé, mais contrairement à la précédente Van der Meulen 1929 que j’avais bue, je sens une ajoute assez significative de porto. On a voulu maquiller la belle, et on a un peu trop noirci les yeux et rougi les pommettes. Henri reçoit ces commentaires avec calme, puisque l’objet de ce déjeuner est de découvrir ce vin. Nous décidons de ne pas boire et d’attendre le verdict de la dégustation au moment du repas.

J’ouvre mon apport, un Cru de Coÿ, enclave Yquem, sauternes 1923. L’étiquette est d’une grâce extrême, la capsule réjouirait un numismate. Le niveau est dans le goulot. Le bouchon se brise en de nombreux morceaux et l’un d’entre eux échappe à ma vigilance et tombe au fond de la bouteille. Jean, tel un maître chanteur, me menace de dévoiler à « la terre entière » que j’ai laissé échapper un morceau dans le vin. En riant, je le supplie de n’en rien faire. Le nez du vin est démoniaque de tentation. Il est mandarine, avec une force peu commune.

Nous avons le temps de préparer le menu et de prévoir les vins que nous prendrons de la cave du restaurant. Je prends en charge les champagnes et Henri, sur mes conseils, choisit un Chambertin Armand Rousseau 2006. Julien, le sommelier, signale que le vin est probablement assez frêle. Je maintiens ce choix et j’ouvre la bouteille bien avant que les autres convives n’arrivent. Le parfum de ce vin est une belle promesse.

Tout est au point et nous avons soif. Mais le nouveau directeur nous dit que le « rideau métallique » est baissé jusqu’à midi trente, alors que le personnel nous a gentiment aidés jusqu’ici. Nous restons sur notre soif. La table se forme, toute jolie face aux beaux arbres centenaires.

Le Champagne Egly-Ouriet Blanc de Noirs Grand Cru sans année a une couleur légèrement foncée, ambrée. C’est sans doute la fugace mémoire des peaux des grains de raisin. Le champagne est pénétrant, profond de forte personnalité. Il est inhabituel, mais j’adore cette richesse et sa persuasion. Les petits amuse-bouche sont pertinents. J’adore ce champagne typé. J’ai un peu peur qu’il ne fasse de l’ombre au Champagne Taittinger Comtes de Champagne 1996 à la couleur beaucoup plus claire, qui nous ramène à des saveurs beaucoup plus classiques. Mais pas du tout. Ce champagne est une merveille de générosité. Il emplit la bouche de bonheur. Et il a la carrure pour en remontrer à l’Egly, si différent de lui. Le combat, s’il y en a un, semble gagné par le Comtes de Champagne, mais sur une coquille Saint-Jacques sur un lit de poireaux truffés, c’est le blanc de noirs d’Egly qui reprend le leadership. Ces deux champagnes sont très intéressants, le Comtes de Champagne 1996 étant dans une plénitude absolue et généreuse, et l’Egly, issu de vieilles vignes d’Ambonnay est un champagne conquérant de grande personnalité.

Sur les macaronis farcis au céleri rave, foie gras et truffes noires, gratinés au parmesan, le Chambertin Armand Rousseau 2006 est beaucoup plus présent que ce que Julien avait laissé entendre. Son parfum est d’une subtilité exceptionnelle et le vin est charmant. Chacune de ses notes est déliée, précise, et la truffe au goût très fort donne un beau coup de fouet au vin. Le plat est bon et l’accord est génial, le vin jouant avec une exactitude remarquable. Il est gourmand, joyeux, précis, d’un ton exact.

La Romanée Conti domaine de la Romanée Conti mise Van der Meulen 1929 est accompagnée par un carré d’agneau fermier de Lozère rôti au thym frais, fleurs de courgettes ivres d’aubergines, tomate farcie à l’épaule. L’examen initial du parfum est confirmé par la bouche. Le vin n’est pas désagréable, mais il n’a rien de la Romanée Conti, nettement moins que ce que j’avais ressenti avec ce même vin. Dire qu’il y a de la Romanée Conti dans ce vin est difficile, car on ressent trop la présence de vins du sud. Et, ce que je n’avais pas ressenti jusqu’alors avec des Romanée Conti Van der Meulen, la force de l’alcool que l’on attribue à du porto est extrêmement sensible.

Le vin est agréable, beau vin qui est très probablement de 1929, profitant d’ajoutes de vins du sud, ce qui lui donne une couleur foncée, et enrichi de porto, mais qui n’offre rien de Romanée Conti.

Comme souvent, c’est au moment de la lie que des réponses arrivent, et Henri sent la rose fanée et je bois un vin nettement plus bourguignon et très sensiblement plus vibrant. Alors, il y a très probablement un peu de Romanée Conti 1929 dans ce vin, mais masquée par des ajoutes excessives.

Le dessert est un croquant aux noisettes, praliné rafraîchi aux clémentines, parfait thym-citron. Techniquement parfait, ce dessert est un peu hors sujet par rapport au vin exceptionnel. Le Cru de Coÿ, enclave Yquem, sauternes 1923 a un nez puissant, pénétrant où la mandarine, le fruit de la passion, le fruit confit abondent. En bouche il est plein, presque gras, envahissant la bouche de saveurs épanouies. Le finale est épais, inextinguible. Il est impossible de donner un âge à ce vin complexe, luxuriant. C’est une bombe de jolis fruits oranges comme la mandarine ou la mangue.

Mon classement sera : 1 – Cru de Coÿ, enclave Yquem, sauternes 1923, 2 – Chambertin Armand Rousseau 2006, 3 – Champagne Taittinger Comtes de Champagne 1996, 4 – Champagne Egly-Ouriet Blanc de Noirs Grand Cru, 5 – Romanée Conti mise Van der Meulen 1929.

Le restaurant est un joli écrin comme une bonbonnière, le service est très attentionné, la cuisine est gourmande. La Romanée Conti 1929 fut l’occasion d’un beau moment passé entre amis qui se continua chez Henri avec un Bas-Armagnac Laberdolive 1962 d’une grande pureté.

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Seppi Landmann au Bistrot du Sommelier vendredi, 5 avril 2013

Les vendredis du Bistrot du Sommelier ont toujours autant de succès. Aujourd’hui, c’est Seppi Landmann qui présente ses vins. Nous sommes 23 dans le beau caveau et Philippe Faure-Brac présente le truculent vigneron qui fait goûter le Crémant d’Alsace Cuvée Erotique Seppi Landmann magnum 1999. Ce crémant n’est normalement pas millésimé même si Seppi ne mélange pas les millésimes. Il sait que les magnums que nous buvons sont de 1999. Avec le palais calibré au champagne, on a tendance à faire un peu la fine bouche, de trouver que le final est très court, mais si l’on ne pense pas champagne, il est plutôt agréable à boire.

Le menu est : tartelette croustillante de volaille, asperges et foie gras / gigue d’agneau confite au vin rouge et spätzle / fruits frais et confites en coque caramel, zestes de citron verte et sorbet mangue.

Le Riesling Grand Cru Zinnkoepfle Seppi Landmann 2010 a un beau nez pur. C’est un vin strict, vert, très acide, mais c’est un beau riesling. Il est rafraîchissant, avec un goût de bonbon acidulé. Le Crémant bu après le riesling devient plus rond et civilisé.

Le Sylvaner Cuvée Z Seppi Landmann 2009 a un très beau nez parfumé de fruits exotiques. Il est très doux à l’attaque mais sec et astringent sur le finale, ce qui est étrange.

Le Tokay Pinot Gris Noble Vallée Seppi Landmann 2002 a une couleur déjà ambrée. Le nez combine le pétrole et le gibier, traduisant une possible imprécision. Il évoque un peu la pomme blette. Par certains côtés, dont l’étrangeté, il me plait et par d’autres il me dérange. Le pinot gris est en bonne intelligence avec la tartelette.

Le Pinot Noir Jardin des Délices Seppi Landmann 2009 a un joli nez vineux. Il sent le vin ! En bouche, avant le plat, il est très astringent. Il mange les joues. Mais avec la gigue d’agneau, la transformation est spectaculaire. Ce vin est fait pour un plat et il vit, devenant pénétrant. J’adore ce vin qui ne cherche ni charme ni palette aromatique large, mais qui est convaincant.

Le Gewurztraminer Grand Cru Zinnkoepfle Seppi Landmann 2001 a un nez avec une légère trace de gibier. La bouche est superbe, de grande richesse aromatique, avec des litchis, des fruits jaunes et blancs. Il est très plaisant.

Le Sylvaner Vin de Glace Seppi Landmann 2007 est d’une grande finesse et très agréable pour un vin de glace. Il n’a aucune pourriture noble puisque les grains touchés ont été cueillis pour faire les vendanges tardives, longtemps avant que l’on ne cueille ceux-ci. J’aime beaucoup ce vin. Alors que le dessert est parfaitement calibré pour les deux derniers blancs, je ne sens pas la vibration cherchée pour deux raisons, le sorbet, qui anesthésie le palais, et le côté « ton sur ton », qui bride la créativité des vins. Ce qui n’empêche pas le dessert d’être délicieux.

Seppi Landmann est un homme truculent qui ne mâche pas ses mots et ne bride pas ses convictions. Parmi les vins que j’ai dégustés, c’est le pinot noir qui m’a le plus convaincu, qui est tout sauf séducteur, mais tient bien son rôle en gastronomie. C’est ensuite le vin de glace, beaucoup plus charmant que d’autres vins de glace. Ce vin qui ne peut exister que si on cueille les grains à moins sept degrés ne m’a pas laissé de glace. Philippe Faure Brac est un hôte charmant. La cuisine est simple et cohérente. Ce fut une belle expérience.

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Déjeuner au restaurant La Méditerranée place de l’Odéon jeudi, 4 avril 2013

Déjeuner au restaurant La Méditerranée place de l’Odéon avec ma sœur, mon frère et mon beau-frère. Les huîtres papillon n° 5 que je choisis – j’adore les petites huîtres – sont très goûteuses et typées. La sole meunière est parfaite, accompagnée d’une purée de pomme de terre. Dans le joli cadre de cette brasserie, la cuisine est simple, mais l’on mange bien.

Le Champagne Louis Roederer est très agréable à boire, nettement plus typé que lors d’expériences plus anciennes. Le Chablis Montée de Tonnerre domaine Servin 2011 est bien agréable dans sa jeunesse et tient bien sa place sur les huîtres même à côté du champagne que j’aurais vu gagnant. Il est servi froid et il est jeune, mais il a une belle joie de vivre. Il est à mon goût plus expressif que l’Auxey-Duresses domaine Olivier Leflaive 2010 qui manque un peu d’équilibre car il est à un moment imprécis de sa vie, ni assez jeune, ni assez mûr. L’ambiance du lieu est très agréable, le service est très rôdé. C’est une valeur sûre de la brasserie, sans grande imagination mais sans faux pas.

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Déjeuner au restaurant du Cercle Interallié jeudi, 4 avril 2013

Déjeuner au restaurant du Cercle Interallié avec mes conscrits. Nous sommes dans un salon privé, avec une vue sur les pelouses du Cercle et des ambassades environnantes. C’est Paris à la campagne, ou plutôt la campagne à Paris. Le menu qui a été choisi par l’ami qui nous reçoit est : noix de Saint-Jacques rôties aux giroles, émulsion de coques à l’estragon / canon d’agneau rôti sur une galette parmentière, quelques cèpes poêlés, jus à la moutarde de Brive / Brie de Melun fermier, raisins au muscat et noix de Grenoble / forêt noire, chantilly et griottines.

Le Champagne Taittinger brut est sympathique, mais sans grande vibration. Le Champagne Ruinart Blanc de Blancs sans année est frais, agréable à boire avec un joli goût de revenez-y.

Le Chateauneuf-du-Pape Château de la Nerthe blanc 2011 a une très belle personnalité. Sa minéralité et son acidité sont bien dosées. Il est gouleyant, avec une mâche riche et accompagne bien l’émulsion, grâce à l’estragon.

Le Pommard Grands Epenots Michel Gaunoux 2003 est d’une sensibilité que je n’attendais pas à ce niveau. Ce vin vibre, plein d’émotion. Sur l’agneau c’est un festival de sensibilité raffinée. La Côte Rôtie Jasmin 2007 est trop rustique, monolithique pour nous entraîner dans son sillage.

Le Rimauresq Côtes de Provence 2008 est extrêmement plaisant. Il évoque le soleil et les cigales dans l’atmosphère froide d’un Paris qui ne veut pas quitter l’hiver. J’ai toujours eu une attirance pour ce beau vin du sud qui évoque les herbes de Provence et l’olive noire.

Le Château Suduiraut 1999 est généreux, très classique, encore trop jeune pour donner de vraies émotions, mais suffisamment solide pour jouer son rôle de joli vin de dessert, si on ne le boit pas avec le dessert qui n’est pas son ami.

Les deux vedettes de ce repas sont le Château de la Nerthe blanc 2011 et surtout le Pommard. La cuisine fut bonne et le service extrêmement attentionné. Le cadre de ce palais est assez exceptionnel. L’actualité politique nous avait donné de quoi alimenter nos conversations. Ce fut un beau repas.

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Académie des vins anciens du 11 avril, allo, quoi allo ! jeudi, 4 avril 2013

Académie des vins anciens, « allo, quoi allo. Non mais allo, quoi ». L’académie, ce n’est pas lastminute.com.

1- les vins

Si je demande que les vins soient livrés longtemps avant, c’est pour les regrouper, faire les plans de table des vins, faire les photos à l’avance pour les inclure dans le blog, mémoire de l’académie, et surtout pour les ouvrir plusieurs heures avant le début de la soirée, car l’oxygénation lente a un pouvoir spectaculaire de remise en forme des vins fatigués.

J’exclus de recevoir un vin à l’arrivée de l’académicien, et en tout état de cause, je ne l’ouvrirais pas moi-même, car je me dois à mes invités.

Il y a un énorme retard pour les vins. Livrez vos vins au plus vite selon les règles définies ci-dessous.

 

2 – le paiement

Dernière date d’envoi de chèques : vendredi 5 avril. Si l’envoi n’est pas fait vendredi, venez avec votre chèque à la réunion. Car il est exclu que l’on me dise que le chèque est parti par la poste. Si je n’ai pas physiquement le paiement sur place, l’accès sera refusé.

Par ailleurs j’aimerais accueillir les académiciens sans avoir à pointer s’ils ont payé ou non. C’est très désagréable de ne pas pouvoir s’occuper des académiciens l’esprit libre.

 

Alors, allo, quoi allo, réagissez avant demain vendredi 5. Car l’académie, ce n’est pas lastminute.com.

Substance de Selosse et Mouton 2000 lundi, 1 avril 2013

Nous sommes dans la sud. Nous invitons un couple d’amis. Lui m’envoie un SMS : « je peux apporter un Mouton 2000, mais n’est-ce pas trop jeune ? ». L’envie de goûter ce vin que je révère est trop forte. Je lui dis : « il sera parfait ».

Je demande à mon ami qu’il dépose le vin avant 17 heures pour que je l’ouvre. Il me l’apporte. Ma femme prépare une joue de bœuf et me demande un vin rouge. Je cherche des vins du Rhône dans ma cave, mais aucun ne convient car les acidités ou les amertumes sont trop fortes. Ma femme, lassée de ces essais me demande un vin blanc. Celui que je trouve a son agrément.

A vingt heures, nous sommes réunis. Je décide d’ouvrir un Champagne Substance Jacques Selosse dégorgé le 20 mars 2007, car Anselme Selosse vient de vivre un drame : on lui a cambriolé près de quatre mille bouteille de vins, mais le plus triste, car le plus dangereux, est qu’on lui a volé seize mille étiquettes et plus de dix mille capsules. De quoi pourrir le marché avec des faux. C’est donc un toast de solidarité et d’amitié que nous portons. Le vin est d’un or clair généreux. La bulle est active. Ce vin est typé, comme tous les vins de Selosse, mais ce qui frappe, c’est son extraordinaire sérénité. Il est tendu comme un arc, mais il domine cette tension. C’est fascinant de voir que ce vin puisse combiner à ce point extrémisme et sérénité. C’est un immense vin. L’intensité de saveurs de fruits qui pourraient être au sirop mais sont sans sucre est extrême, avec une trace de suggestion de fumé.

Nous grignotons de la poutargue, de la Cecina de Léon, du jambon San Daniele, des petites tartines à la tapenade et tout cela se goûte bien. Le champagne qui suit est le Champagne Laurent Perrier Grand Siècle magnum sans année que je dois avoir depuis plusieurs années. Ce champagne est radicalement opposé au précédent. Il est romantique, floral, avec des notes de fleurs blanches. Son élégance est délicate. C’est un champagne de plaisir, moins cérébral que le Selosse, mais qui n’est pas dominé par lui. Il se boit bien.

Ma femme a préparé une lotte recouverte par une belle tranche de foie gras. C’est un Rossini de lotte, sans sauce, sauf pour les femmes qui ont sur leur assiette une trace de gelée de citron. C’est le vin de la joue de bœuf qui accompagne la lotte, un Mas de Daumas Gassac blanc 2001. La couleur légèrement ambrée est très jolie. Le nez très pur est engageant. En bouche, le vin est généreux, droit, clair. Il manque un peu de folie mais il est solide et accompagne bien les deux composantes du plat. La juxtaposition de mâches de la lotte et du foie gras est saisissante de pertinence. C’est un plat remarquable.

La joue de bœuf est superbe et la sauce faite au vin blanc se révèle être une belle solution, car il y a une légèreté que ne donnerait pas un vin rouge. Le Château Mouton Rothschild 2000 frappe par sa puissance de pénétration. C’est un vin tout en profondeur, avec une richesse de trame remarquable. On sent que l’on est face à un grand vin, opulent, velouté, acéré comme la lame d’une épée.

A côté de lui, c’est une Côte Rôtie La Mouline Guigal 1996. Au premier abord, le Mouton semble dominer, tant sa trame riche trace la route. Mais il faut attendre l’épanouissement dans le verre et c’est alors qu’apparaissent le charme, la séduction et la sensibilité. On ne peut pas comparer les deux vins tant ils sont dissemblables. Le Mouton, c’est la profondeur, la pertinence, la conviction et la persuasion sur un vin de texture riche et profonde. La Mouline, c’est Rita Hayworth qui retire ses gants noirs dans Gilda. Car la séduction que l’on pourrait croire au premier degré est redoutable d’efficacité.

Les deux vins acceptent volontiers la joue de bœuf, surtout le rhodanien, et sont plus circonspects avec les fromages. Le Laurent-Perrier Grand Siècle accompagne le dessert à la mangue avec entrain.

Les vins sont tellement disparates qu’il serait difficile de les départager. Mais Philippe sans que je lui demande m’indique que la plus grande émotion fut avec le Selosse. Je suis de cet avis. Je mettrais en tête le Selosse et ensuite ex-æquo le Mouton et la Mouline, avec s’il fallait les départager, un léger avantage pour le Mouton.

Les deux vedettes de ce repas d’amitié, ce sont la lotte mariée au foie gras, accord tactile de deux mâches opposées, et le Selosse Substance, pénétrant, typé à l’extrême, subjuguant par sa capacité à offrir cohérence et charme.

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Le premier dîner de la Fondation Chasseuil jeudi, 28 mars 2013

Michel Chasseuil vient de finaliser la création de la Fondation qui recevra sa cave dont il est dit sur le document remis que c’est « la collection de vins la plus prestigieuse au monde ». La banque Rothschild et la maison Guigal sont au conseil du Fonds de Dotation Chasseuil. Le premier dîner de la Fondation se tient au restaurant Laurent. Dans la hall d’entrée en forme de rotonde, nous sommes une soixantaine d’amis de Michel-Jack, puisque c’est ainsi qu’il faut dire, et des collectionneurs ou passionnés de vins. Il fait soif, et il faut faire pression sur Michel-Jack pour que nous puissions nous rafraîchir du Champagne Bollinger Grande Année 2004, frais, agréable, le prototype idéal du champagne de belle soif.

Nous passons à table dans l’un des grands salons du Laurent et le menu mis au point par Alain Pégouret est : araignée de mer dans ses sucs en gelée, crème de fenouil / fregola-sarda truffée sauce poulette / selle et carré d’agneau de lait des Pyrénées grillotés, bulbes et racines sautés comme un tajine / millefeuille à la mangue et piment d’Espelette / café, mignardises et chocolats.

L’exécution de ce repas a été parfaite avec des cuissons exactes. Même les plats que je connais par cœur ont eu le petit coup de génie de la première pleine lune de printemps.

Le Condrieu « La Doriane » Guigal 2010 est un vin riche et puissant. L’accord avec l’araignée est un délice. Mais il est à mon goût encore trop jeune, pas assemblé, mustang tout fou qui caracole dans les longues prairies.

Le programme annonce un 2006 mais c’est un Château Feytit-Clinet Pomerol 2004 qui nous est servi et Michel-Jack nous dit que son fils Jérémy a estimé que le 2004 se goûte bien maintenant. Et c’est vrai. Ce vin me plait beaucoup, car il ne surjoue pas. Il est très pomerol, avec une élégance certaine.

A ma table il y a des connaisseurs extrêmement érudits du vin et de grands palais. Nous ressentons tous que la Côte Rôtie La Mouline Guigal 1999 est un peu en sourdine. Il est vrai que les vins rouges ont été servis beaucoup plus frais que d’habitude, ce qui les anesthésie un peu. A la fin du repas je suis allé voir Marcel Guigal pour lui demander ce qu’il pensait de son vin. Il m’a dit que le service étant froid, le vin retrouvait à l’aération les qualités qu’il devait avoir. J’ai malgré tout ressenti un manque de générosité de ce très grand vin, par rapport à des expériences déjà faites de cette Mouline 1999, grande année.

Sur le dessert nous goûtons Le 7ème ciel du Prince Golitzine, vin de Massandra 2006. Quel vin étrange ! On a l’impression de boire un coulis de fraises. Les suggestions de roses rouges inondent les narines. On se sent dans la luxure la plus consommée et le vin accompagne divinement le millefeuille. Il est assez probable que ce vin n’est pas fait pour vieillir. Dans la virginité de sa nudité, c’est un vin d’une sensualité exacerbée, sans équivalent dans la palette gustative des muscats dont il a la structure et la trame.

Nous recevons une minuscule cuiller en plastique transparent sur laquelle est posée une grosse goutte d’un « Nectar balsamique » Leonardi cent ans d’âge. Ce vinaigre est profond, pénétrant et goûteux. C’est une petite merveille dont je me régale.

La représentante du domaine Dudognon qui est présente à ce dîner a offert un flacon magnifique en or et argent contenant un Cognac Dudognon Héritage qui est composé d’eaux de vie dont la moyenne est de cinquante ans, entre quarante et cinquante-cinq ans. Le cognac est très pur, très frais, sans signe d’âge et sans trace de bois. Il est très agréable et conclut magnifiquement le repas.

Michel-Jack Chasseuil nous a raconté la genèse de sa cave, insistant sur les bonnes affaires qu’il a pu faire en s’intéressant à des vins que personne ne recherchait. On le sent heureux que sa cave soit dans une Fondation. Sa collection cherche un écrin, puisqu’il est prévu qu’un public vaste puisse la regarder. Lorsque je pense aux bouteilles qui vont être exposées avec un éclairage qui sera probablement excessif, j’en tremble par avance. Des dîners seront prévus pour que cette collection ne soit pas complètement dormante. Apparemment, la structuration de cette gestion n’est pas encore bien définie mais l’on peut supposer que le comité de gestion aura à cœur de ne pas laisser mourir des bouteilles dont la vocation première est d’être bues.

L’ambiance était sympathique. J’ai rencontré notamment le représentant à Londres de la Massandra Winery qui possède en Crimée des flacons qui sont le rêve de tout collectionneur. Beaucoup de belles aventures peuvent être imaginées autour de cette fabuleuse collection Chasseuil.

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J’ai bu l’alcool le plus cher du monde ! jeudi, 28 mars 2013

En allant au dîner de la fondation Chasseuil, je croyais que j’allais boire des vins intéressants, mais calés sur la taille du groupe : plus de 60 personnes.

Lorsqu’on nous a présenté la bouteille du Cognac Dudognon Héritage, dans un joli flacon d’or et argent, j’avais conscience que Madame Dudognon nous faisait un joli cadeau.

Mais j’avais mal lu ce qui est écrit sur la plaque en or de la bouteille : « World’s most expensive Cognac ».

Et je n’avais pas lu que c’était le cognac Héritage Henri IV !

En allant sur internet, j’ai vu que cette bouteille a été vendue deux millions de dollars !

TWO MILLIONS

Eh bé !

Je m’en suis bu tranquillement deux verres, en faisant profiter aussi mes amis de table.

A 20.000 $ le centilitre, j’ai bu probablement pour 160.000 $. Mon gosier vaut de l’or.

Merci Michel Chasseuil et merci la maison Dudognon.

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