déjeuner de rêve chez Veuve Clicquot mercredi, 5 décembre 2012

La demeure de réception de la maison de champagne Veuve Clicquot est au centre de Reims. C’est un bel hôtel particulier récemment restauré, décoré avec beaucoup de goût, avec un délicat mélange entre classicisme et modernisme et d’audacieux choix de couleurs judicieuses. Je suis reçu par Fabienne Moreau qui est la mémoire de Veuve Clicquot, gardienne de l’histoire. Nous sommes rejoints par Dominique de Marville, l’homme qui fait Veuve Clicquot. On nous verse un verre de Champagne Veuve Clicquot La Grande Dame 2004, champagne chaleureux d’une année qui va compter dans l’histoire. C’est assez rare qu’un champagne aussi jeune puisse être aussi décontracté, facile à vivre, tout en étant riche et enveloppé. Nous gardons nos verres à la main pour visiter les caves de l’hôtel du Marc. Dominique me dit : "ici c’est la cave du jour" et mon rire éclate quand je vois une pile imposante de Bouzy 1943. Je lui réponds : "c’est vrai que boire du Bouzy 1943 c’est ce qu’on fait tous les jours". Nous allons ensuite dans la cave aux trésors. Dominique me montre des reliques et j’estime que c’est le moment opportun de lui parler du vin que j’ai apporté. C’est un Vin Blanc Vieux d’Arlay Bourdy 1934. Dominique réagit avec classe et décide que nous boirons un Veuve Clicquot 1934. Je vois une bouteille de la Baltique identique à celle que j’ai acquise. Nous visitons aussi la cave des rouges, mis en cave pour des repas au château.

Nous remontons de cave et j’ouvre le vin que j’ai apporté en montrant ma méthode, même si elle n’est pas de grande utilité dans une maison où l’on boit surtout du champagne. Le nez du vin est un bouquet explosif de saveurs où la noix existe mais pas seulement elle.

Nous passons à la magnifique et spacieuse salle à manger. Elle est lambrissée mais les lambris ont été peints en noir avec des filets dorés. La table est noire, ce qui met en valeur la verrerie. Les fleurs sur la table sont jaunes et dorées. On sent l’intention de recréer les couleurs de Veuve Clicquot, avec élégance.

Le menu mis au point par le chef Laurent Beuve est : homard breton, pomme de terre à la fourchette, crémeux truffes noires / pigeon fermier, légumes d’hiver, jus court réglissé / comtés de divers affinages / douceur vanille et noix, caramel beurre salé.

Le Champagne Veuve Clicquot Vintage 2004 est plus strict, plus droit, moins opulent que la Grande Dame (je parle ici de champagne, évidemment). Mais il est aussi très pénétrant. Le Champagne Veuve Clicquot Cave Privée rosé magnum 1975 est d’une énergie à couper le souffle et je suis d’ailleurs assez impressionné par la qualité de présentation de ces champagnes. Est-ce le fait de jouer sur leurs terres, sans avoir jamais voyagé qui leur donne cette force, cette énergie et cette conviction ? C’est assez spectaculaire. Ce rosé est élégant, de grande classe et la qualité du pigeon est telle que cela le propulse à des hauteurs rares. C’est un rosé de grande valeur et je ne suis pas sûr que si j’en avais un en cave, il arriverait à atteindre ce niveau. C’est le jus court que l’on prend seul sur la pointe du couteau qui donne un coup de fouet magistral au 1975.

Le Champagne Veuve Clicquot Cave Privée 1980 est une bombe olfactive. Il est brillantissime, conquérant, renversant toute résistance à sa séduction. La couleur du Champagne Veuve Clicquot carte d’Or 1934 est ambrée. Le nez est délicat. On voit tout de suite qu’il aurait été meilleur s’il avait été ouvert quelques heures auparavant. Et nous allons assister, avec un plaisir pour moi sans cesse renouvelé, à l’influence qu’a le vin du Jura sur le champagne. Lorsque l’on boit le délicieux et pénétrant Vin Blanc Vieux d’Arlay Bourdy 1934 puis juste après le champagne 1934, celui-ci grimpe de trois échelons dans l’échelle de Richter du plaisir. Le champagne gomme tous ses défauts et devient brillant, joyeux avec la profondeur de la trame d’un champagne ancien noble. Le vin blanc est profond, typé, à la longueur rare et les deux compagnons dont les couleurs sont proches s’entendent comme deux brigands qui préparent un gros coup. Inutile de dire que la joie est à son comble.

Dominique pressent que le Champagne Veuve Clicquot Vintage Rich 2002 surdosé n’aurait pas sa place à cet instant. Il a raison, car même si je suis à l’écoute de ce champagne, les deux 1934 ont trop d’attrait pour qu’on s’y intéresse. Nous avons eu une discussion passionnante avec le chef qui a goûté avec nous et avec le maître d’hôtel les deux vins de 78 ans.

De ce magnifique déjeuner, un champagne sort du lot, c’est le 1980 glorieux et pénétrant. Je mettrai ensuite au même niveau le rosé 1975 et les deux compères de 1934.

Les discussions furent riches, la cuisine est d’un très haut niveau. L’ambiance créée par Dominique est directe et amicale. Après une visite des impressionnantes archives je suis reparti, heureux de ce grand moment de communion. Et, ça ne s’invente pas, ma femme savait que j’étais à Reims mais ne savait pas ce que j’y faisais. Au dîner, un omble chevalier au riz rouge a permis de finir les restes des deux 1934 que j’avais rapportés. Prolongation de l’extase, la vie est belle !

l’hôtel

la cave

le champagne, apparemment, craint la chaleur des chaudières (en version bilingue)

le vin de la Baltique

les deux 1934

la belle salle à manger

le jeu de couleurs des champagnes et des fleurs est d’une grâce extrême (le 1980, le 1934 et le Jura 1934)

le chef

le chocolat VCP

Dîner au restaurant Lasserre mardi, 4 décembre 2012

Entrer au restaurant Lasserre, c’est arrêter la pendule aux années cinquante. L’accueil est chaleureux. Nos amis prennent une coupe de champagne dans le petit salon du rez-de-chaussée. Nous prenons l’ascenseur piloté par un groom en livrée rouge, et dans la salle les maîtres d’hôtel sont en habit. Une pianiste asiatique joue discrètement des standards, créant une atmosphère d’hôtel des années trente. Inutile de dire que j’aime beaucoup cette vision surannée du luxe. Antoine Pétrus ajoute sa touche de jeunesse qui sied bien au lieu. On se sent bien.

Avec Antoine nous décidons de garder deux des vins que je viens d’apporter et nous commençons par le Champagne Agrapart Terroirs Blanc de Blancs Extra Brut sans année d’Avize. Ce champagne est d’une grande personnalité. Sa tension, sa vivacité n’excluent le charme et l’équilibre.

Nous passons commande et compte tenu des vins il paraît assez évident de prendre le macaroni, truffe noire et foie de canard, suivi du lièvre de Picardie, le filet juste pané, poivre / genièvre, la panoufle à la Périgourdine. Le Château de Pibarnon Bandol 2007 réagit de façon admirable au macaroni à la truffe. Il est charmant, enveloppeur, de grande séduction poivrée et truffée. L’accord est un bonheur et le plat divinement dosé. Le Clos des Fées Hervé Bizeul 2010 est d’une grande puissance. Il est un peu envahissant, mais il est domestiqué par le lièvre. Et la respiration que j’avais trouvée avec le céleri qui était un appel à reprendre du chevreuil, dans l’Atelier Gourmet du Grand Tasting, je le retrouve ici avec la panoufle, qui apaise le palais et redonne envie de reprendre du lièvre et du vin. On aurait dit que j’avais choisi précisément ces vins pour coller idéalement avec ces deux plats.

Mon ami prend les crêpes flambées qui sont préparées avec le cérémonial d’antan par un maître d’hôtel en habit et en gants blancs. Nous finissons le champagne délicieux.

Lorsque nous quittons l’ascenseur, nous félicitons Christophe Moret qui a réalisé deux plats de grande saveur, d’un beau classicisme et d’une belle réalisation.

les crèpes flambées à l’ancienne

Entre le Grand Tasting et le restaurant Lasserre mardi, 4 décembre 2012

J’avais réservé une table pour le soir même au restaurant Lasserre. Hier, Antoine Pétrus, directeur de ce restaurant était venu rendre visite aux élèves de l’école internationale des arts de la table, le Cordon Bleu, qui ont fait un service des vins des Master Class digne d’éloge, sous l’autorité efficace du directeur de l’école. Il m’a annoncé qu’il était au courant de ma réservation et qu’il serait là. Cet après-midi, alors que je suis en master Class, il m’envoie un SMS : "si vous voulez apporter un vin de votre cave, ce sera avec plaisir". Je n’ai pas le temps de passer à ma cave. Ce pourrait être l’occasion de mettre en valeur tel ou tel vin d’un vigneron que j’apprécie. Ainsi, à la fin du salon, je me vois me comporter comme ces jeunes vautours qui cherchent à capturer les bouteilles restantes pour arroser un peu plus leur taux d’alcoolémie. Me voir demander des bouteilles, ça me fait une drôle d’impression. Mais tout naturellement, Eric de Saint-Victor me donne une bouteille de Pibarnon 2007 et Hervé Bizeul me donne une bouteille de Clos des Fées 2010 plus un vin d’une de ses cuvées particulières au nom poétique.

Avec ces emplettes je quitte le Carrousel du Louvre avec le sentiment d’avoir vécu un Grand Tasting de haut niveau, grâce à la qualité des vins présentés, mais aussi grâce à la présence de nombreux vignerons qui viennent apporter leur support à l’un des plus grands rendez-vous du vin.

Grand Tasting – Les Ateliers Gourmets mardi, 4 décembre 2012

Les Ateliers Gourmets sont proposés en même temps que les Master Class aussi est-ce difficile parfois d’arbitrer. J’ai assisté à deux d’entre eux.

A ma gauche, Philippe Mille le brillant chef des Crayères. Il va affronter trois poids lourds à ma droite, le Champagne Alexandre Penet Grande Réserve non dosé, le Champagne Gonet-Médeville Blanc de Noirs sans année et le Château Phélan-Ségur 2005. Le combat promet d’être acharné. Philippe assène un coup fatal, un foie gras à la truffe de Champagne et un carpaccio de langoustine aux agrumes. Le Champagne Penet est à mon goût trop strict, trop extrême, sans la moindre once de concession, mais le carpaccio l’apprivoise. Le Champagne Gonet est beaucoup plus sociable et consensuel. Si le carpaccio est du domaine des champagnes, le foie gras trouve dans le Phélan-Ségur le plus beau des sparring-partners. L’accord est d’une pertinence rare. Le chef a confirmé son talent et mis en valeur un bordeaux racé.

Le second atelier met en présence le chef Pierre Rigothier du restaurant Baudelaire à l’hôtel Burgundy et le Moulin à Vent du Château de Moulin à Vent 2010 servi en magnum. Le combat est plus équilibré et Philippe a choisi l’arme la plus efficace qui soit : un dos de chevreuil de chasse française, céleri, marmelade de myrtilles au café. Il se passe alors quelque chose de passionnant. Si l’on prend la chair seule du gibier, douce à souhait, l’accord avec le pénétrant beaujolais est naturel. Si l’on ajoute au chevreuil la marmelade, le vin est excité et l’accord est grand. On prend ensuite un peu du céleri, qui calme le palais et donne une furieuse envie de recommencer chevreuil et myrtille. Le vin est généreux, l’accord est superbe, et le tremplin créé par le céleri est une heureuse excitation. Cet accord est de toute beauté. Bravo au chef et au vigneron.

Grand Tasting – visite de quelques stands mardi, 4 décembre 2012

Le Grand Tasting ce n’est pas que les Master Class, racontées dans les deux bulletins précédents. C’est d’abord les centaines de stands de vignerons. Je ne me livre pas à une exploration programmée ou systématique. C’est plutôt du butinage. Le Champagne Grand Cru Confidence J.L. Vergnon 2007 m’a été suggéré par un de ses confrères, ce qui est généreux. J’aime beaucoup ce champagne. Je bois tous les champagnes Agrapart présentés, le Terroirs, le Minéral 2006, le Vénus et Expérience 07. Ce sont de remarquables champagnes faits par un vigneron de qualité. Un pinot gris du domaine Paul Blanck est superbe. Moët & Chandon fait goûter son Grand Vintage Collection 1993 qui profite bien de ses presque 20 ans. Le Champagne Cuvée Joséphine Joseph Perrier 2004 accompagne mon casse-croûte. C’est un champagne élégant mais aussi gourmand. Et c’est le Château La Tour Blanche 2009 qui accompagne mon dessert. Ce sauternes d’une année miraculeuse promet. Le Champagne Gosset Grand Millésime 2004 est de très belle facture. Le Champagne Veuve Clicquot rosé 1989 est superbe.

Au stand d’Hervé Bizeul je peux goûter La Petite Sibérie 2004 de belle maturité et qui montre que ce vin vieillit bien et plus tard le 2005 d’un équilibre remarquable. Ce vin joue dans la cour des grands.

Sur les conseils de Michel Bettane, je vais goûter un vin italien parmi les dizaines et dizaines de vins présents. Il s’agit d’un Brunello di Montalcino Stella di Campalto 2007 d’une rare finesse.

Sur le stand de Pibarnon, je peux goûter le 2001 et le 1995 qui démontrent avec éclat que ce vin vieillit bien. Au stand Philipponnat, je goûte le Clos des Goisses blanc 1999 qui me ravit toujours autant. Au stand Duval-Leroy j’ai le plaisir de bavarder avec la dynamique propriétaire de ce beau champagne, Carol Duval-Leroy, tout en goûtant un sympathique 2004. En plus de ceux dégustés à la Master Class, je bois le Champagne Comtes de Champagne Taittinger 2002 qui est une incontestable réussite. Au stand de Villa Ponciago qui jouxte le stand de Bouchard, c’est Thomas Henriot lui-même qui me sert le Fleurie La Roche Muriers Villa Ponciago 2010 qui est joyeux et épanoui et réconcilie s’il en était besoin avec le beaujolais.

Au stand Trapet Jean-Louis Trapet me fait goûter le Chambertin Trapet 2010 qui ne joue pas sur la puissance mais sur la finesse. Il faut avoir le courage de l’attendre, car il promet beaucoup. Sa subtilité est à signaler.

Au stand Roederer, le Champagne Cristal Roederer 2004 se boit bien, conforme à cette belle année. Au stand de l’Aumérade, Le Côtes de provence Dame de Piegros Aumérade 2010 est un vin ensoleillé qui me fait rêver de cigales. Le stand Bollinger est tellement pris d’assaut que je reste à distance, rejoint par Jérôme Philipon, président de Bollinger, et nous bavardons avec Benoît Gouez, le chef de cave de Moët & Chandon de sujets de champagnes. Je remarquerai comme ici que beaucoup de responsables importants de domaines célèbres sont venus sur ce salon pour marquer leur attachement à cette manifestation.

Un moment fort du Grand Tasting, c’est la dégustation cocktail organisée par idealwine, le site de cotation et de ventes aux enchères de vin le plus connu en France. Un Champagne rosé Bollinger brut est servi en jéroboam et le format lui convient bien. Le Wehlener Sonnenuhr Riesling Auslese J. J. Prüm 2007 est un régal de précision comme tous les vins de cette belle maison. Le Chevalier-Montrachet Les Demoiselles Louis Latour 1999 est très agréable, mais je pense plus à bavarde avec des amateurs présents qu’à analyser ce vin. La Petite Sibérie d’Hervé Bizeul 2008 est superbe de jeunesse et d’enthousiasme. Je n’ai pas bu plus d’un cinquième de ce qui était proposé. C’est un moment fort du Grand Tasting.

Entre le Grand Tasting et le restaurant Lasserre mardi, 4 décembre 2012

J’avais réservé une table pour le soir même au restaurant Lasserre. Hier, Antoine Pétrus, directeur de ce restaurant était venu rendre visite aux élèves de l’école internationale des arts de la table, le Cordon Bleu, qui ont fait un service des vins des Master Class digne d’éloge, sous l’autorité efficace du directeur de l’école. Il m’a annoncé qu’il était au courant de ma réservation et qu’il serait là. Cet après-midi, alors que je suis en master Class, il m’envoie un SMS : « si vous voulez apporter un vin de votre cave, ce sera avec plaisir ». Je n’ai pas le temps de passer à ma cave. Ce pourrait être l’occasion de mettre en valeur tel ou tel vin d’un vigneron que j’apprécie. Ainsi, à la fin du salon, je me vois me comporter comme ces jeunes vautours qui cherchent à capturer les bouteilles restantes pour arroser un peu plus leur taux d’alcoolémie. Me voir demander des bouteilles, ça me fait une drôle d’impression. Mais tout naturellement, Eric de Saint-Victor me donne une bouteille de Pibarnon 2007 et Hervé Bizeul me donne une bouteille de Clos des Fées 2010 plus un vin d’une de ses cuvées particulières au nom poétique.

Avec ces emplettes je quitte le Carrousel du Louvre avec le sentiment d’avoir vécu un Grand Tasting de haut niveau, grâce à la qualité des vins présentés, mais aussi grâce à la présence de nombreux vignerons qui viennent apporter leur support à l’un des plus grands rendez-vous du vin.

Ceci est mon trois millième message lundi, 3 décembre 2012

Trois mille messages sur deux cent pages de ce blog, c’est plus de dix mille vins racontés et des milliers et des milliers de photos, probablement plus de dix mille. C’est évidemment beaucoup de travail mais c’est aussi un témoignage sur des vins que peu de gens ont la possibilité d’approcher.

Il serait dommage de ne pas en garder la mémoire. C’est ce que j’essaie de faire sur ce blog, lu en moyenne par environ 400 personnes par jour.

Merci de votre fidélité.

Grand Tasting – Master Class « la ‘futurothèque’ Taittinger Comtes de Champagne » lundi, 3 décembre 2012

La quatrième Master Class à la quelle j’assiste est : "la ‘futurothèque’ Taittinger Comtes de Champagne". L’idée est de présenter, non pas des millésimes déjà faits, mais les millésimes du futur. Ce travail d’examen des vins en cours d’élaboration est celui des œnologues. Par cet exercice, Pierre Emmanuel Taittinger et Damien Le Sueur veulent nous associer au travail qui est fait au sein de leur maison. Les quatre vins qui vont être bus ont été dégorgés en décembre 2011 et tous dosés de la même façon que le dernier commercialisé, le 2004, à 9 grammes. Ce dosage pour cet exercice ne sera pas le dosage définitif des vins. Le choix sera fait au moment de la commercialisation.

Le Champagne Taittinger Comtes de Champagne 2004 arrive tout juste sur le marché. Il est d’une année exubérante au rendement très élevé. La couleur est déjà d’un or léger. Le nez est intense et élégant. En bouche, ce qui marque, c’est l’élégance et le raffinement. On sent une grande tension et des fruits distingués.

Le Champagne Taittinger Comtes de Champagne 2005 n’est pas encore sur le marché. Il a un joli nez et on sent un peu le dosage. Je m’en ouvre à Damien Le Sueur qui indique qu’il est plus que probable que le dosage définitif sera inférieur à 9 grammes. Ce vin a les qualité du blanc de blancs mais il est un peu pataud et cela tient sans doute au dosage. Il est élégant, frais, au final poivré.

Le Champagne Taittinger Comtes de Champagne 2006 a un nez un peu lacté. L’attaque est très franche. Il est un peu foufou. La personnalité n’est pas encore très affirmée. Le final est un peu plus court et la tension est faible. On sent plus de pâtisserie. Il a une expression de craie, et n’a pas la même énergie que les précédents.

Le Champagne Taittinger Comtes de Champagne 2007 a un nez encore plus lacté. Lorsqu’on le tourne fort dans le verre, le nez devient plus noble. Ce vin a plus de fruits confits et le dosage pèse. Il est assez joyeux et on le boit bien dans cette jeunesse. Il va probablement se fermer puis se rouvrir. Ce sera un grand champagne.

Si cette expérience est intellectuellement ludique, je ne crois pas qu’elle intéresse beaucoup les amateurs, car pourquoi juger un vin qui n’est pas encore définitif ? Il vaut beaucoup mieux s’imprégner des vins "réels".

Pierre-Emmanuel Taittinger est toujours aussi brillant et communique une joie de vivre qui est celle de ses champagnes.

Le Grand Tasting, ce n’est pas que les Master Class. Nous en parlerons dans le prochain bulletin.

Grand Tasting – Master Class « L’excellence partagée des Primum Familiae Vini » dimanche, 2 décembre 2012

La deuxième Master Class du Grand Tasting à laquelle j’assiste est : "L’excellence partagée des Primum Familiae Vini". Il s’agit de grandes familles du vin qui se sont réunies dans une association internationale pour promouvoir l’excellence, la transmission familiale et d’autres valeurs morales et éthiques. Beaucoup de vignerons prestigieux de ce groupe son venus en personne : Philippine de Rothschild, alors que son fils est présent pour présenter son vin et Pablo Alvarez, propriétaire de Vega Sicilia, alors que son collaborateur direct Javier Ausas présente son vin.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill 2000 est présenté par Michel Bettane. Le nez est très pur. L’approche est très vineuse et de dosage faible. Il est très expressif, au final très gourmand. Sa rémanence en bouche est extrême et son élégance est marquante. C’est un vin charnu, gourmand, avec des évocations de fruits confits.

Le Scharzhofberger Riesling Kabinett Egon-Müller 2011 est d’une couleur très blanche. Le nez offre de multiples fruits blancs et du citron. Il est superbe en bouche, très bonbon anglais. On sent le litchi et le citron. Le final est joli, mais le vin est très jeune. Michel Bettane parle de sucre et de sel.

Le Beaune Clos des Mouches blanc Joseph Drouhin 2008 est présenté par Frédéric Drouhin. Il est très gourmand et mis en valeur par le vin précédent. Je ressens du citron, kumquat, poivre et des fruits blancs. Il a un côté bonbon acidulé, mais pas le bonbon anglais comme l’Egon-Müller. Il est riche et goûteux, gras et frais, avec une grande fraîcheur en finale. Frédéric Drouhin parle de poivre blanc pour qualifier le poivre que j’avais ressenti.

Le Sassicaia rouge Tenuta San Guido 2009 a un nez de velours. Il passe difficilement après les blancs. Il a beaucoup de poivre. Il est très agréable à boire car il a un grand équilibre. Il a beaucoup de tannins, mais avec un joli velours. Il est un peu sucré. Le final est végétal, de feuille de cassis. Le vin est gourmand, puissant, avec trop de bois à mon goût, car on sature très vite. C’est Michel Rolland qui fait maintenant ce "Super-Toscan" comme on l’appelle depuis les années 70.

Le Solaia Antinori 2001est, selon Michel Bettane, la réponse d’Antinori à la famille de Sassicaia. Le nez est fort, annonçant un haut niveau d’alcool. C’est un grand vin mais trop fort pour moi. Il y a des tannins, des fruits noirs. C’est un vin guerrier. Son final assèche. Il mange les joues et les gencives.

Le Grans Muralles Torres 2007 est présenté par Cristina Torres. Le nez riche est très fort. Là aussi, on sent le bois ! En bouche le vin est charmeur, puissant, conquérant, voire envahissant. Il est trop fort pour mon goût. Il est quand même gourmand, au fruit généreux. C’est un grand vin qui mériterait vingt ans de plus, car il promet, du fait de son élégance.

Le Château Mouton-Rothschild 2004 est présenté par Julien de Beaumarchais de Rothschild, rejoint peu après par sa mère Philippine de Rothschild. Le nez est très élégant. La bouche est très élégante mais paraît discrète après cette profusion de vins surboisés. Ce que l’on retient, c’est l’élégance. Il est équilibré mais fait quand même un peu court après les bombes italiennes. Il a malgré tout une belle personnalité.

Le Chateauneuf-du-Pape Hommage à Jacques Perrin domaine de Beaucastel 2000 est présenté par François Perrin. Il a un nez pénétrant très intense. La bouche est élégante. Les fruits sont curieux. Il y a de la grenade et du litchi au milieu des cassis. C’est un vin très original, voire atypique. J’aime bien. Le final est en douceur. Ce vin est curieux et troublant par la présence de ce litchi inhabituel.

Le Vega Sicilia Unico 2003 est présenté par Javier Ausas qui parle avec flamme du domaine de Pablo Alvarez présent. Ce vin n’est pas encore mis en bouteille et sera commercialisé en 2013. Le nez est à tomber par terre. C’est un parfum. C’est un nez de fruits délicats et cohérents. En bouche, il est l’élégance la plus raffinée. Quel vin ! Son final est mentholé. C’est un vin phénoménal, d’une pureté absolue.

Le Gewurztraminer Vendange Tardive Hugel 2007 a un nez d’une pureté extrême. Le vin est doux et d’une fraîcheur sans pareille. C’est un vin gourmand à la longueur incroyable. Il a des fruits blancs comme le litchi et une fraîcheur absolue.

Le Graham’s Vintage Port magnum 1994 appartient à la famille Symington. Le nez est discret et très élégant. L’attaque est élégante. On sent un pruneau trempé dans un alcool fin. Le vin est élégant à la finale fraîche. C’est un vin traître car il est d’un charme redoutable. On dirait qu’on croque les raisins secs. Ce doit être un grand partenaire de gastronomie. J’imagine volontiers un lièvre à la royale.

Cette présentation est de très grande qualité et les vignerons sont des gens passionnants. Pour mon goût personnel, trois vins lors de cette présentation se sont montrés sous un jour exceptionnel, le Vega Sicilia Unico, le Gewurztraminer et le Porto Graham’s. Ce qui ne veut pas dire que les autres ont démérité, comme le Mouton, le Pol Roger et le Beaune. Seuls les italiens et le catalan sont difficiles pour moi. Un très grand moment de ce Grand Tasting.

Grand Tasting – Master Class « Le Génie du Vin » dimanche, 2 décembre 2012

La troisième Master Class à laquelle j’assiste est le point culminant de cette manifestation, qui s’intitule "le Génie du Vin". Comme pour la précédente Master Class, un tel événement ne serait pas possible sans l’amitié qui lie les vignerons présents avec Michel Bettane et Thierry Desseauve.

Le Champagne Krug Clos du Mesnil 2000 est d’un jaune d’or déjà joli. Le nez est discret. L’attaque est très belle. La bulle est active mais sans agressivité. Le charme est extrême et l’élégance est rare. C’est le meilleur des Clos du Mesnil 2000 que j’ai bus. Il y a des fruits jaunes et du lacté, le tout étant en nuances.

Le Chevalier-Montrachet Bouchard Père & Fils 1998 est présenté par Christophe Bouchard. Le nez est très puissant et on note encore un peu de soufre. L’attaque est très généreuse. Le vin est très noble, avec du poivre, du tabac et du citron confit. Le vin est opulent, avec une belle tension et une belle acidité. Il est extrêmement plaisant, gourmand grâce à son équilibre. Michel Bettane insiste sur la réussite de ce vin dans un millésime difficile pour les blancs. La race et la subtilité de ce vin me plaisent.

Le Beaune 1er cru Clos des Fèves Chanson Père & Fils 2009 est présenté par Jean Pierre Confuron qui indique que son domaine appartient à Bollinger depuis 1999. Le nom "Fèves" veut dire "hêtres". Le vin est d’un joli rouge clair. Le nez est de feuille de cassis, assez rêche, sans aucune opulence. La bouche est un peu sévère, puritaine, mais intéressante. Le vin est rêche, asséchant mais j’aime son authenticité car il ne cherche pas à séduire. Le vin recherche l’élégance, la retenue. Il sera très brillant dans vingt ans. La vinification en grappes entières explique le goût râpeux et promet un vin de longue garde. C’est un vin très bien fait, élégant, net et pur que l’on boira avec bonheur dans vingt ans.

Le Château Palmer 1989 est présenté par Thomas Duroux. Il a un nez à se damner, d’une race extrême et d’une grande force de conviction. La bouche est moins opulente que le nez. Le final est un peu court. Je suis un peu étonné qu’il ne soit pas plus tonitruant, car c’est une grande réussite de Palmer. Thomas Duroux dit qu’il estime que 1989 aura plus d’avenir que 1990. Thierry Desseauve parle de suavité et de toucher de bouche. Il se pourrait que j’aie eu une bouteille plus fermée que d’autres.

La Côte Rôtie La Turque Guigal 2005 est présentée par Marcel Guigal. Il nous dit que lorsque l’on plante des piquets en terre et qu’on attache une planche transversale, on parle d’une turque. Il pense que ce pourrait être l’explication que personne ne connait vraiment. Je croyais qu’il s’agissait de la forme de l’ombre que crée le soleil sur la parcelle, celle d’un croissant qui avait suscité ce nom. Le nez du vin est d’une richesse folle, de cassis et de poivre. L’attaque est très belle, et la finale est gourmande. Il y a beaucoup de tannins. Il y a une belle richesse joyeuse et une fraîcheur mentholée. Son élégance est extrême.

Le Château de Pibarnon Bandol 1998 nous est servi en mathusalem. Les participants fort nombreux ont tous la même bouteille à boire. Eric de Saint-Victor présente ce vin au nez très discret mais chaleureux, de grande douceur. Le vin a une attaque très ensoleillée et son final est beau. Le vin tannique est généreux et de belle matière. Il est élégant et un peu râpeux. C’est un vin très agréable. Michel Bettane parle de la noblesse du mourvèdre. C’est un très beau vin de gastronomie, de belle richesse en bouche qui va bien vieillir.

Le Vega Sicilia Unico 1994 est présenté par Javier Ausas en la présence de Pablo Alvarez qui comprend assez mal le français. Sa présence est une grande preuve d’amitié pour les animateurs du Grand Tasting. Le vin a un très joli nez et une attaque noble de grand vin. Pour une fois, je préfère le Guigal, car le Vega est vineux. Le Guigal est dans le fruit et le Vega est plus dans le bois, ce qui est plutôt inhabituel. Michel Bettane me dira plus tard qu’il a eu une bouteille meilleure que la mienne, d’après mes descriptions. Le Vega est plus pénétrant que la Turque, mais je préfère celle-ci.

Le Vouvray Clos Naudin 1989 est présenté par Philippe Foreau, le magicien du vouvray. Le nez est d’une grande pureté, avec de la mangue confite, du coing, de l’orange et du zeste d’orange. La couleur est magnifiquement dorée. Ce vin profond, lourd, pénétrant est du pur plaisir. Philippe Foreau parle de silex, de truffe, de coing et de noyau de datte. C’est surtout la fraîcheur du final qui est confondante. L’acidité donne de l’énergie au vin très gastronomique.

Cette présentation de vins immenses est certainement un des plus grands moments de toutes les manifestations publiques sur le vin.