déjeuner au restaurant Laurent mardi, 5 juin 2012

Déjeuner impromptu au restaurant Laurent avec un ami, fidèle de mes dîners. Quand je suggère de commander un vin à Ghislain, il fait : « oh, oui, c’est mon préféré ».

Ce vin, c’est un Hermitage Jean-Louis Chave blanc 2001. Il arrive à une température idéale, ce qui est un plaisir de plus. En lui, tout est grand. Le parfum est fort et expressif. Il un joli fumé et un caractère oxydatif sympathique. C’est surtout son opulence et sa complexité qui me frappent. On peut dire que ce vin est aimablement envahissant, car à aucune gorgée on ne l’oublie : il est là, il occupe le terrain.

Mais il a la gentillesse de laisser le plat jouer aussi. Il est parfait pour accompagner de croquantes asperges vertes et un poisson cuit à la vapeur d’une tendreté extrême.

La cuisine est toujours aussi précise, mais la vedette incontestable, c’est ce vin blanc d’une présence inouïe.

History of La Romanée Liger-Belair lundi, 4 juin 2012

I am going to attend a fantastic vertical tasting of La Romanée Comte Liger-Belair with 41 millesimes. Louis-Michel Liger-Belair will attend this event prepared by a friend of mine, a completely passionate wine lover.

Having received the history of this wine, I find interesting to communicate it as it is very interesting.

But the tasting will be interesting too !

LA ROMANÉE – History:

LA ROMANÉE Grand Cru is with 0.8452 ha the smallest Appellation controlee in France – monopole of Domaine du Comte Liger-Belair.

The vineyard has been renowned at least since the 14th century. If it has ever been actually part of Romanée-Conti remains unsure, but both seemed to origin (at least partially) from a lot of small vineyard plots later called „Aux Echanges“ uphill from (=west of) Romanée-Saint-Vivant.

Between 1815 and 1826 the ancestor of the family, Comte Louis Liger-Belair, acquired all in all 9 parcels of “Aux Echanges”, “En La Romanée” and “Sentier au Prêtre”, first through marriage, then by purchase, and registered it in 1827 eventually under the name LA ROMANÉE. The vineyard then passed to Louis-Charles L-B – and has remained the property of the family ever since.

In 1924 Henri, the great-grandfather of Louis-Michel died, and in 1931 the widow passed away too. Because two of the ten children were still minors (French law forbid minors to take over ownership) all properties had been put up for public auction the 31st of August 1933 (including also the original La Tâche).

Although René Engel was interested in buying La Romanée, Just Liger-Belair, a priest, and his brother Michel (grandfather of Louis-Michel) fortunately were able to buy the vineyard back for the family – together with an important part of Vosne-Romanée Aux Reignots.

Because the brothers were not winemakers the vineyards were rented out „en metayage“: first to the Michaudet family, from 1946 onwards to the Forey family. Responsible for the vineyard work and vinification was Jean Forey from 1961 to 1987, afterwards Regis Forey (1988-2001).

The wines have rarely been bottled by the owners or metayeurs, but sold to different negociants: Maison C.Marey & Comte Liger-Belair, Maison Thomas-Bassot, Maison Leroy (1950-1962), Maison Bichot (1963-1975) and Bouchard Pere & Fils (1976-2005), but often barrels have been sold to other negociants, too – so one can find also bottling by Regnier, Champy, Rigault, Lupé- Cholet, Belin, Giroud among others.

In 2000 Louis-Michel Liger-Belair, grand-son of Michel and son of Henry, started his domaine with Village- and 1er-Cru-Vosne-Romanee – and in 2002 he took over the vineyards and the vinification of La Romanée and VR Aux Reignots from Regis Forey. But he still had to transfer half of the wine to Bouchard Pere & Fils until 2005 – and so there are two different bottling of these four vintages in existence.

In 2006 he was able to rent a further 5,5 ha from Domaine Lamadon with Grand Cru Echezeaux and 1er Cru and Village Vosne-Romanée and Nuits-St-Georges.

17ème séance de l’académie des vins anciens – vins d’apéritif samedi, 2 juin 2012

Chardonnay Spumante Casa Valdugar 130 Brésil sans année – Champagne Janisson Baradon Brut Sélection – Champagne Le Brun de Neuville Cuvée Chardonnay Brut – Champagne Pierre Gerbais cuvée de réserve – Champagne Besserat de Bellefon – Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1996 et le Champagne Léon Camuzet de Vertus

Chardonnay Spumante Casa Valdugar 130 Brésil sans année

Champagne Janisson Baradon Brut Sélection

Champagne Le Brun de Neuville Cuvée Chardonnay Brut

Champagne Pierre Gerbais cuvée de réserve

Champagne Besserat de Bellefon

Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1996

Champagne Léon Camuset de Vertus

17ème séance de l’académie des vins anciens – vins du groupe 1 samedi, 2 juin 2012

Groupe 1 : Champagne Pierre Péters Cuvée Les Chétillons magnum 2000 – Champagne Pierre Péters magnum 1985 – Ipsheimer Burg Hoheneck Bacchus trocken Franken 1990 – Château Doisy-Daëne sec 1986 – Château Pavie 1973 – Château La Couspaude Saint-Emilion 1955 – Château Pape Clément 1962 – Château Canon 1970 – Château Monbousquet Saint-Emilion 1949 – Fixin Les Clos Vincent et Denis Berthaut 1985 – Volnay 1er Cru Bouchard Père & Fils 1953 – Hermitage La Sizeranne cuvee 167 NM Chapoutier (1961,1962 ET 1963) – Domaine de la Trappe Algérie blanc 1955 – Château Chalon Bouvret Père & Fils 1971 – Château La Graville Sainte Croix du Mont 1953 – Chateau d’Arche Pugneau 1935 – Maury 1959

Champagne Pierre Péters Cuvée Les Chétillons magnum 2000

Champagne Pierre Péters magnum 1985

Ipsheimer Burg Hoheneck Bacchus trocken Franken 1990

Château Doisy-Daëne sec 1986

Château Pavie 1973

Château La Couspaude Saint-Emilion 1955

Château Pape Clément 1962

Château Canon 1970

Château Monbousquet Saint-Emilion 1949

Fixin Les Clos Vincent et Denis Berthaut 1985

Volnay 1er Cru Bouchard Père & Fils 1953

Hermitage La Sizeranne cuvee 167 NM Chapoutier (1961,1962 ET 1963)

Domaine de la Trappe Algérie blanc 1955

Château Chalon Bouvret Père & Fils 1971

Château La Graville Sainte Croix du Mont 1953

Chateau d’Arche Pugneau 1935

Maury 1959

17ème séance de l’académie des vins anciens – vins du groupe 2 samedi, 2 juin 2012

Groupe 2 : Champagne Pierre Péters Cuvée Les Chétillons magnum 2000 – Agneau Blanc Baron de Rothschild 1948 – Château Doisy-Daëne sec 1986 – Château Guiraud Pavillon sec 1964 et 1965 sur le bouchon – Vin de l’Etoile Coopérative Vinicole de l’Etoile 1955 – Château Latour 1973 – Château Lynch-Bages 1985 – Château de Sales Pomerol 1970 – Château La Mission Haut-Brion 1964 – Château Montrose 1950 – Nuits-Saint-Georges Rémy Gauthier sans année – Aloxe Corton Les Chaillots Louis Latour # 1955 – Château Salins Rions 1ères Côtes de Bordeaux 1941

Champagne Pierre Péters Cuvée Les Chétillons magnum 2000

Agneau Blanc Baron de Rothschild 1948

Château Doisy-Daëne sec 1986

Château Guiraud Pavillon sec 1964 et 1965 sur le bouchon. C’est amusant cette insistance à mettre « premier grand cru de sauternes, alors qu’il s’agit d’un vin sec non classé !

Vin de l’Etoile Coopérative Vinicole de l’Etoile 1955

Château Latour 1973

Château Lynch-Bages 1985

Château de Sales Pomerol 1970

Château La Mission Haut-Brion 1964 (photographié sous son emballage de film plastique)

Château Montrose 1950

Nuits-Saint-Georges Rémy Gauthier sans année (probablement années 70)

Aloxe Corton Les Chaillots Louis Latour # 1955

Château Salins Rions 1ères Côtes de Bordeaux 1941

ce groupe a été privé d’un Madère 1860 que j’ai oublié dans ma cave ! Erreur, erreur…

17ème séance de l’académie des vins anciens – vins du groupe 3 samedi, 2 juin 2012

Groupe 3 : Champagne Pierre Péters magnum 1985 – Champagne Pierre Péters 1979 – Agneau Blanc Baron de Rothschild 1948 – Château Doisy-Daëne sec 1986 – Château Guiraud Pavillon sec 1964 et 1965 sur le bouchon – Pouilly Fuissé Ph. Bouchard 1938 – Château Figeac 1975 – Chateau d’Arsac Margaux 1925 (Latrille & Cie illisible) – Château Canon Saint-Emilion 1966 – Château La Tour du Guetteur Saint Emilion 1964 – Santenay Grivelet P & F 1976 – Volnay Chauvot-Labaume 1967 – Chambolle Musigny Jean Bouchard 1959 – Château Luzies Barsac 1955 – Cru d’Arieste Sauternes 1934 – Maury 1959.

Champagne Pierre Péters magnum 1985

Champagne Pierre Péters 1979

Agneau Blanc Baron de Rothschild 1948

Château Doisy-Daëne sec 1986

Château Guiraud Pavillon sec 1964 et 1965 sur le bouchon (voir autres photos dans vins du groupe 2)

Pouilly Fuissé Ph. Bouchard 1938

Château Figeac 1975

Chateau d’Arsac Margaux 1925 (Latrille & Cie illisible)

Château Canon Saint-Emilion 1966

Château La Tour du Guetteur Saint Emilion 1964 (avec un très joli bouchon)

Santenay Grivelet P & F 1976

Volnay Chauvot-Labaume 1967

Chambolle Musigny Jean Bouchard 1959

Château Luzies Barsac 1955

Cru d’Arieste Sauternes 1934 (pour moi la plus belle étiquette des vins de cette académie)

Maury 1959

17ème séance de l’académie des vins anciens au restaurant La Cagouille vendredi, 1 juin 2012

La 17ème séance de l’académie des vins anciens se tient au restaurant La Cagouille. A 16h30, je suis à pied d’œuvre pour ouvrir les vins. Il y en a 50, dont 27 de ma cave. L’opération durera près de deux heures et demie, malgré l’aide de quelques académiciens venus plus tôt et le soutien moral d’un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1989 apporté par Julien, superbe champagne évoquant de belles pâtisseries dorées, très gourmand et joyeux.

Nous sommes 38 répartis en trois groupes. Je n’ai pas compté, mais il est probable que notre séance respecte une parité hommes-femmes très républicaine. Nous avons un fort contingent très jeune car j’ai réservé huit places à des élèves de l’école supérieure du marketing du luxe (Sup de Luxe). Probablement plus de la moitié des participants sont des nouveaux. Mais il y a aussi des académiciens de la première heure, ceux de la réunion inaugurale de l’académie à l’hôtel de Crillon en 2005.

Nous prenons l’apéritif sur la terrasse extérieure du restaurant et nous avons le choix entre : Chardonnay Spumante Casa Valdugar 130 Brésil sans année – Champagne Janisson Baradon Brut Sélection – Champagne Le Brun de Neuville Cuvée Chardonnay Brut – Champagne Pierre Gerbais cuvée de réserve – Champagne Besserat de Bellefon – Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1996 et le Champagne Léon Camuzet de Vertus. Le dernier cité est le champagne historique de ma famille depuis mon grand-père et c’est celui qui a formé mon goût au champagne quand j’étais adolescent. C’est un peu une madeleine de Proust, et j’apprécie beaucoup sa belle fraîcheur enjolivée par l’âge, car il doit avoir une bonne douzaine d’années. Cette réminiscence me pousse à ne boire que lui pendant cet apéritif debout.

Nous passons à table et voici les vins des trois groupes.

Groupe 1 : Champagne Pierre Péters Cuvée Les Chétillons magnum 2000 – Champagne Pierre Péters magnum 1985 – Ipsheimer Burg Hoheneck Bacchus trocken Franken 1990 – Château Doisy-Daëne sec 1986 – Château Pavie 1973 – Château La Couspaude Saint-Emilion 1955 – Château Pape Clément 1962 – Château Canon 1970 – Château Monbousquet Saint-Emilion 1949 – Fixin Les Clos Vincent et Denis Berthaut 1985 – Volnay 1er Cru Bouchard Père & Fils 1953 – Hermitage La Sizeranne cuvee 167 NM Chapoutier (1961,1962 ET 1963) – Domaine de la Trappe Algérie blanc 1955 – Château Chalon Bouvret Père & Fils 1971 – Château La Graville Sainte Croix du Mont 1953 – Chateau d’Arche Pugneau 1935 – Maury 1959

Groupe 2 : Champagne Pierre Péters Cuvée Les Chétillons magnum 2000 – Agneau Blanc Baron de Rothschild 1948 – Château Doisy-Daëne sec 1986 – Château Guiraud Pavillon sec 1964 et 1965 sur le bouchon – Vin de l’Etoile Coopérative Vinicole de l’Etoile 1955 – Château Latour 1973 – Château Lynch-Bages 1985 – Château de Sales Pomerol 1970 – Château La Mission Haut-Brion 1964 – Château Montrose 1950 – Nuits-Saint-Georges Rémy Gauthier sans année – Aloxe Corton Les Chaillots Louis Latour # 1955 – Château Salins Rions 1ères Côtes de Bordeaux 1941

Groupe 3 : Champagne Pierre Péters magnum 1985 – Champagne Pierre Péters 1979 – Agneau Blanc Baron de Rothschild 1948 – Château Doisy-Daëne sec 1986 – Château Guiraud Pavillon sec 1964 et 1965 sur le bouchon – Pouilly Fuissé Ph. Bouchard 1938 – Château Figeac 1975 – Chateau d’Arsac Margaux 1925 (Latrille & Cie illisible) – Château Canon Saint-Emilion 1966 – Château La Tour du Guetteur Saint Emilion 1964 – Santenay Grivelet P & F 1976 – Volnay Chauvot-Labaume 1967 – Chambolle Musigny Jean Bouchard 1959 – Château Luzies Barsac 1955 – Cru d’Arieste Sauternes 1934 – Maury 1959.

Le menu conçu avec André Robert, le sympathique propriétaire des lieux, empêché, hélas, d’être avec nous : coques en grande assiette creuse à partager / deux huitres boudeuses / langoustines vivantes pochées minute / couteaux grillées beurre citronné / casserons rôti / blanc de bar poché / rouget et safran / fromage / dessert aux agrumes / noir au noir.

Rodolphe Péters nous a fait la gentillesse d’apporter quelques champagnes de sa maison de Mesnil-sur-0ger. Le Champagne Pierre Péters Cuvée Les Chétillons magnum 2000 est frais, d’un bel équilibre, très plaisant. Mais avec le Champagne Pierre Péters magnum 1985 on marque une étape significative. Il y a un accomplissement, une noblesse dans ce champagne blanc de blancs qui est absolument remarquable. Un ami sympathique m’apporte un verre du Champagne Pierre Péters 1979, d’une maturité sereine. Le 1985 est plus tendu, plus vif, mais le 1979 a énormément de charme. Ces trois champagnes sont un beau parcours dans le monde de cette maison de champagne à la forte personnalité qui connait un grand succès hors de nos frontières. Et on mesure l’impact extrême du mûrissement par l’âge.

Le Ipsheimer Burg Hoheneck Bacchus trocken Franken 1990 est un intéressant vin allemand combinant un caractère sec à une légère douceur citronnée. Très frais, il est agréable à boire. Le Château Doisy-Daëne sec 1986 est une belle surprise, car le vin est bien formé. Sa couleur est d’une étonnante jeunesse. C’est un beau bordeaux sec que l’âge rend cohérent avec une acidité citronnée bien mesurée. Il est très classique. On vient m’apporter un vin de ma cave dont j’ai mis deux bouteilles aux deux autres tables. Il est amusant pour deux raisons : c’est le Château Guiraud Pavillon sec 1964 qui d’une part est millésimé 1965 sur le bouchon, ce qui est visible nettement à travers le verre, et n’aurait jamais dû échapper à un contrôle, même peu sourcilleux, et aussi bien l’étiquette que la capsule insistent sur le fait que Guiraud est un premier grand cru de sauternes, alors que cette précision ne concerne en aucun cas le vin sec. Le vin est d’une belle couleur de pêche. Il est vif, agréable à boire, très chaleureux.

J’avais fait la grimace quand j’avais vu la bouteille trop foncée du Pouilly Fuissé Ph. Bouchard 1938, de plus marquée d’un bas niveau. J’en avais fait la remarque à son apporteur qui, très fier, est venu me montrer que son vin foncé non seulement tient la route, mais en plus est plébiscité par la table qui le boit. D’une table voisine on m’apporte le Vin de l’Etoile Coopérative Vinicole de l’Etoile 1955, vin dont je suis amoureux, qui montre une jeunesse spectaculaire malgré ses 57 ans. C’est un grand vin dont je suis fou.

Nous passons aux vins rouges sur les petits encornets. Le Château Pavie 1973 est une agréable surprise, car il n’est pas marqué par le temps, ni par la petitesse de l’année. C’est un saint-émilion délicat. Le Château La Couspaude Saint-Emilion 1955 démontre une fois de plus que 1955 est une année brillante, de plein épanouissement. Le Château Pape Clément 1962 est agréable, mais ne m’a pas marqué, alors que le Château Canon 1970 est d’une vivacité, d’une charpente et d’une élégance qui méritent les compliments.

Vient maintenant le vin que j’ai ajouté au dernier moment et dont je souhaitais faire mon champion. Le Château Monbousquet Saint-Emilion 1949 est exactement au niveau que j’espérais, vif, claquant comme un fouet, mais sachant se faire civil. Il est dans un état de perfection remarquable, velouté et puissant. Toute notre table l’a adoré.

Le Fixin Les Clos Vincent et Denis Berthaut 1985 est d’une grande tenue. Il est un peu jeune pour figurer réellement dans le script de l’académie. Il retient peu l’attention car arrive un petit miracle : le Volnay 1er Cru Bouchard Père & Fils 1953. Son nez à l’ouverture était éblouissant, avec cette gouaille bourguignonne qui renverse les cœurs. Il a toujours ce beau parfum et en bouche, c’est un régal absolu. Vin magnifique de Bourgogne, d’une grande aisance et d’une cohérence extrême. Il est absolument réussi. C’est son authenticité bourguignonne qui me frappe.

Je ne connaissais pas l’Hermitage La Sizeranne cuvée 167 NM Chapoutier (1961,1962 et 1963) car je ne savais pas que Chapoutier faisait la même chose que les « Reserva Especial » de Vega Sicilia Unico où se mélangent trois millésimes. C’est un solide vin du Rhône, mais j’en attendais un peu plus.

Celui dont j’espérais le plus, c’est le Domaine de la Trappe Algérie blanc 1955 apporté par un ami, qui représente pour moi ce que l’on cherche à l’académie : des vins anciens prestigieux, mais aussi des raretés comme ce vin. Hélas, même si le message est appréciable, il n’y a pas la folie que j’espérais. Le vin est bien sec, mais un peu plat. Un Château Chalon Bouvret Père & Fils 1971 c’est toujours un succès assuré. Celui-ci est très classique, avec une vibration très polie, sans le panache qu’ont les plus anciens Château Chalon. Un vin bien agréable quand même.

Le Château La Graville Sainte Croix du Mont 1953 est aussi dans la cible de l’académie, car j’aime quand des liquoreux qui ne sont pas des sauternes jouent dans la cour des grands. Celui-ci est un peu simple mais plaisant. Il surprend par la vigueur de son fruit exotique. Le Chateau d’Arche Pugneau 1935 est un vin de bonheur. Il a les évocations d’agrumes et de mangue, déclinées avec élégance. Le Maury 1959 mis en bouteille au 21ème siècle est solide comme un Maury sait l’être. Joliment fruité dans les pruneaux, il est le compagnon idéal du dessert au chocolat.

Mes amis sont tellement généreux qu’on remplissait mes verres des vins des autres tables. Aussi ai-je pu aussi goûter au Château Montrose 1950, solide et à la trame très serrée, plus convaincant que ce que je craignais d’un niveau un peu bas. Le Château La Tour du Guetteur Saint-Emilion 1964, un vin confidentiel et très rare, ne tient pas ses promesses, son message étant assez fatigué.

Globalement, les vins se sont comportés mieux que ce que j’avais imaginé quand j’avais reçu les propositions des académiciens. Une amie d’enfance, invitée de la dernière heure, m’a proposé son classement : 1. Volnay 1er cru Bouchard Père et Fils 1953 2. Chateau Monbousquet Saint-Emilion 1949 3. Chateau Canon 1970 4. Chateau La Graville Sainte-Croix du Mont 1953…

Mon classement n’est pas très éloigné : 1 – Chateau Monbousquet Saint-Emilion 1949, 2 – Volnay 1er cru Bouchard Père et Fils 1953, 3 – Champagne Pierre Péters magnum 1985, 4 – Vin de l’Etoile Coopérative Vinicole de l’Etoile 1955, 5 – Château Canon 1970, 6 – Château d’Arche Pugneau 1935.

Les tables étaient enjouées, l’ambiance amicale et concernée par les trésors que nous partagions. Le service du restaurant La Cagouille a été particulièrement attentif et compétent. Les plats simples ont mis en valeur des produits de la mer de qualité. Tout a contribué à ce que nous vivions l’une des plus belles séances de l’académie des vins anciens.

les vins du groupe 1

les vins du groupe 2

les vins du groupe 3

les photos de quelques plats

Pommard André Morey 1928 mardi, 29 mai 2012

Préparer une séance de l’académie des vins anciens n’est pas une mince affaire. Nous en sommes à 46 vins dont 19 de ma cave. J’ai toujours envie d’en rajouter. Je me promène dans ma cave à la recherche de bouteilles supplémentaires. Mon œil est attiré par une bouteille au faible niveau. Il s’agit d’un Pommard André Morey 1928. Le bouchon tient à peine et s’est en partie décollé du verre. Le vin vit probablement ses derniers instants. Il n’est pas question de le laisser mourir. Je décide de le rapporter chez moi pour le boire ce soir.

Il fait chaud, le vin est secoué dans la voiture et j’arrive à l’heure du dîner. Tout est réuni pour que l’exercice soit difficile. Le bouchon est enfoncé et je gratte au couteau une poussière grasse. Il faut faire attention de ne pas pousser le bouchon avec la pointe du tirebouchon. Le bouchon se lève. Il est gras et disgracieux. L’intérieur du col est gras et je le nettoie avec mes doigts qui deviennent noirs de graisse. Je sens le vin, m’attendant au pire et, oh surprise, l’odeur est plaisante, évoquant des fruits rouges et noirs frais.

Je verse du vin dans un verre et une peur nouvelle apparaît, car la couleur n’est pas engageante, très foncée. Elle s’améliorera par la suite. L’odeur du vin dans le grand verre à bourgogne est plaisante. Elle donne une impression de charge alcoolique que l’on ne retrouve pas au goût. En bouche je suis surpris, car le vin est plein de charme. Il y a des petits fruits comme des cerises, mais le plus étonnant est l’impression de fraîcheur que donne le vin. Il est vraiment vivant, et c’est sa fraîcheur qui me subjugue, une fraîcheur presque mentholée, sous-tendue par son acidité.

Ce plaisir dure quelques minutes, puis l’acidité prend le dessus, alors que le nez reste galant. Je m’attends à une extinction progressive, mais à ma surprise, du velouté apparaît, qui rend l’acidité plus acceptable. J’imagine alors que le vin pourrait profiter de l’aération. J’attends une heure avant de reprendre la dégustation. Entretemps, le vin a décidé de mourir, le parfum ayant viré vers l’animal, et l’acidité ayant pris le dessus, avec l’apparition d’un vilain goût métallique qui existait mais n’était pas encore apparu. On veut croire aux miracles, mais on ne peut pas lutter contre l’inéluctable.

Comme dirait Sylvie Vartan, « je ne suis pas tout à fait abandonné » par ce vin, car j’ai eu « deux minutes trente cinq de bonheur ».

De la difficulté de détecter des faux – La Tâche 1943 mardi, 29 mai 2012

J’ai acheté il y a plus de vingt ans des La Tâche 1943 et des Richebourg du Domaine de la Romanée Conti 1943.

Mises côte à côte, les deux La Tâche 1943 ont des étiquettes très dissemblables :

L’une est barrée de la mention : « interdiction d’exporter en Suisse et aux USA …. », alors que l’autre ne l’a pas. Celle de gauche a une mention sur l’appellation écrite en vert et l’autre en noir.

Plus inquiétant, la signature J.M. Duvault-Blochet n’est pas placée au même endroit sur l’étiquette et la mention de Villaine et J. Chambon est plus basse sur celle de droite.

Enfin, pour la marque de l’année, à gauche, le A majuscule est plus haut et le graphisme de 1943 n’est pas le même, surtout pour le 4.

On voit ensuite que les deux bouteilles ne sont pas strictement identiques et que les capsules sont très différentes.

Lorsque l’on ajoute à la comparaison la bouteille de Richebourg 1943, on constate qu’elle est très semblable à celle de La Tâche de gauche. Mais pourquoi dans l’expression « seuls propriétaires », le mot « seuls » ne figure-t-il pas ? Réponse du domaine : s’ils n’y a pas « seuls » sur l’étiquette du Richebourg, c’est que le domaine n’était pas le seul propriétaire de ce Richebourg.

Pour ajouter une difficulté supplémentaire, la bouteille de Richebourg a été cirée.

Dans le climat de suspicion actuel, il serait aisé de dire que dans ces trois bouteilles, il y en a deux qui sont fausses, la Richebourg à cause du mot « seuls » oublié (voir réponse du domaine ci-dessus) et l’une des deux La Tâche, sans doute celle de droite.

Mais à cette époque, l’usage de bouteilles différentes est fréquent. Et il est très probable qu’il y a eu plusieurs campagnes d’impression des étiquettes de ces vins peut-être en fonction des destinations.

En ce qui concerne le goût, aucune de ces bouteilles ne m’a donné le moindre soupçon. Je pourrais même en toute bonne foi jurer que ce que j’ai bu est authentique.

Cette comparaison de bouteilles, sur laquelle bien sûr j’accueillerai toutes informations utiles, me pousse à penser que la suspicion sur des faux ne doit pas devenir une paranoïa.

Le mieux est de fournir toutes ces informations au Domaine, qui enrichira sa base de données pour renseigner les futurs acheteurs potentiels de bouteilles qui semblent inhabituelles.

On notera au passage, sans lien avec ce qui précède, que le bouchage à la cire, qui peut être efficace pour un demi-siècle, devient hasardeux pour des durées plus longues, car la cire se craquèle et l’évaporation s’accélère.

La Tâche 1943, l’histoire continue mardi, 29 mai 2012

J’ai trouvé une troisième bouteille de La Tâche 1943

le graphisme de la nouvelle à droite est le même que celui de la deuxième. Mais la contre-étiquette « Monopole » existe, comme celle de la première. Sauf que celle de la troisième porte le millésime, contrairement à la première.

la couleur de la capsule de la 3ème est proche de celle de la première.

on est donc en présence des trois habillages dont aucun n’est le même que celui d’une des deux autres.

Le papier de la troisième est plus blanc, et l’étiquette est placée plus haut.

l’idée d’une présentation unique des La Tâche 1943 est une utopie.