déjeuner au restaurant La Cagouille mercredi, 11 avril 2012

Les lecteurs de mon bulletin l’ont remarqué, ma vie est un sacerdoce. Devant organiser une réunion de l’académie des vins anciens au restaurant La Cagouille, il est important de tirer les leçons de la dernière réunion de l’académie organisée dans ce lieu même, pour améliorer encore l’équilibre de l’événement. André Robert, le truculent propriétaire du lieu m’écrit : « si tu viens à deux, je te laisse tranquille, si tu viens à un, je déjeune avec toi et tu es mon invité ». C’est la deuxième branche de l’alternative qui se met en place. Les coques sont délicieuses, et le Champagne Ultra brut de Laurent Perrier, sans être d’une vibration extrême, se justifie par sa droiture. On sait qu’il est rigoureux, et on l’aime pour cela. Mais avec la coque, ça ne va pas. J’ai envie d’essayer à nouveau le Bourgogne rouge Jean-François Coche-Dury 2002 que j’ai déjà bu ici. Mais l’accord ne se trouve pas. C’est alors que survient la cavalerie américaine de tous les films de John Wayne : deux verres se posent sur la table, une bouteille de Meursault Genévrières Jean François Coche-Dury 2007 s’affirme sur le marbre et une carte de visite m’est glissée : un ami australien qui déjeune avec femme et enfants quelques tables plus loin nous a fait parvenir leur bouteille en signe d’amitié. André me dit : « il n’y a pas à dire, mais il y en a qui savent attirer le bonheur ». Le vin est superbe, de belle mâche et d’un joli fruit. Gouleyant, il fait un sourire aux coques. André ayant un rendez-vous important cet après-midi ne veut pas trop boire, aussi verse-t-il son fond de verre du meursault dans le mien. Manque de chance il le verse dans mon champagne. Je ne dis rien, car le signaler ne servirait à rien. André sait-il qu’il a fait une confusion ? S’il le sait, sait-il que je sais ? Rien n’est grave, car ce meursault à bulles particulièrement original m’a plu comme un happening. Et ce n’est pas stupide du tout, car il y a pire dans les boissons à bulles ! André me donne un de ses céteaux, délicat au possible que je déguste entre deux langoustines fraîches à souhait.

Le turbot est d’une cuisson parfaite. Le vin rouge s’en accommode, mais j’ai trouvé ce pinot noir beaucoup plus « villages » ou « vin de table » que le précédent que j’avais adoré. Nous bâtissons le projet de la future séance de l’académie des vins anciens et André me quitte. Je vais rejoindre mon ami australien qui avec son épouse a fait honneur en plus du meursault à un Puligny-Montrachet les Pucelles domaine Leflaive 1996. Ils en sont au cognac et je trinque avec eux.

Comme je l’ai souvent dit, La Cagouille, c’est le point d’eau obligatoire où tous les fauves du vin viennent se désaltérer.

déjeuner à Deauville au Ciro’s lundi, 9 avril 2012

A Deauville, nous allons déjeuner en famille au restaurant Le Ciro’s Lucien Barrière, situé le long de la promenade sur la plage. Le lieu est sympathique, l’accueil est charmant, et les produits de la mer sont bons. Les grosses langoustines cuites à la minute sont bonnes, ainsi que le dos de turbot grillé sauce béarnaise, pommes écrasées et petits légumes. C’est sans prétention mais solide. Comme ma fille ne boit pas de vin blanc, je choisis un Château L’Angélus 2001. Il est d’une folle jeunesse, ses tannins étant encore dominants. Mais sa trame est si belle qu’on le boit avec plaisir. Sa faculté de vieillissement est telle qu’il serait prudent d’attendre encore dix ans ce très beau vin, très Saint-émilion.

nous avons la vue sur la promenade et sur la plage

j’ai voulu montrer l’importance de la lie et le nom Barière sur le verre

Laissez-nous nos verres !!! samedi, 7 avril 2012

Les sommeliers apprennent à repérer les verres dans lesquels il n’y a plus que quelques gouttes, et s’empressent de les enlever.

On ne peut pas leur en vouloir puisque c’est ce qui s’apprend dans les écoles.

Quand on reçoit chez soi, est-ce qu’on passe son temps à enlever les verres vides ? Jamais.

Il faut en permanence que je sois vigilent avec les sommeliers pour retenir mon verre et pouvoir sentir le verre vide à ma guise.

Mais dans les grandes maisons, l’armée de service est si nombreuse, qu’il y a toujours un sommelier ou un serveur qui trompe mon attention et je vois mon verre qui s’en va.

C’est absurde, c’est une convention inutile. Laissez-nous nos verres. Il y a plus urgent à faire que cette chasse au verre vide. Ou alors, demandez si l’on veut que le verre soit enlevé.

Puisque je suis sur le sujet, il y a quelque chose que je n’aime pas. Lorsque le sommelier met en carafe, il laisse dans la bouteille 3 centilitres, même s’il n’y a aucun dépôt, ce qui est fréquent avec les vins jeunes. Si j’y pense, je demande de servir le fond de la bouteille, mais parfois elle est déjà partie.

Et quand le sommelier ne verse pas tout de la carafe alors qu’il a décanté, je suis obligé d’intervenir pour lui dire : « versez tout ».

Alors, amis sommeliers, ne retirez pas les verres vides, et versez toujours la totalité de la carafe.

Pétrus 1959 en magnum à l’Ambroisie vendredi, 6 avril 2012

Ce sujet pourrait s’appeler « bonheur et misfit ». Et lorsqu’il y a un « misfit », tout le monde est mécontent, alors qu’il n’y aurait que du bonheur à attendre de l’événement. Deux amis particulièrement contents du dîner aux 9 Pétrus m’ont invité à dîner le lendemain à l’Ambroisie où ils ont apporté un magnum de Pétrus 1959. Le vin a été ouvert par le sommelier à 19h30 et carafé.

Etant en avance, j’ai le temps de bavarder avec Matthieu Pacaud, qui, à la suite de son père Bernard, tient les rênes de cette prestigieuse maison. Matthieu est un amoureux du vin et se régale de faire des menus pour les vins.

Christine, qui nous invite ce soir et qui a apporté la bouteille, est une fondue de caviar et a donc demandé qu’il y ait du caviar au menu. Le misfit vient du fait que Matthieu a compris : menu au caviar, alors que Christine en voulait un peu. Nous aurons attendu longtemps un plat qui aille avec le vin et nous ne l’avons pas eu. Alors, tout le monde sera mécontent, le chef parce qu’on n’aura pas félicité son menu et nous parce que nous avons attendu en vain un accord qui nous émeuve. C’est dommage, parce que tout était réuni : un très beau menu et un très grand vin.

Le menu : caviar osciètre Geld / œufs coque au caviar / salade composée de homard et chou-fleur / ravigote d’écrevisses et petits pois à la coriandre / escalopines de bar au caviar / suprêmes de volaille aux morilles / desserts et pâtisseries et mignardises.

Ce qui a agacé Christine, c’est qu’on ait servi du caviar chinois, qu’elle n’a pas particulièrement en odeur de sainteté. C’est vrai qu’il manque un peu de profondeur, même s’il est agréable avec un sel présent mais discret. Elle voulait du grandiose (selon ses repères) et on lui offre ce qu’elle a au coin de la rue. L’œuf coque est délicieux, le homard est de première qualité, le bar est très bon, mais flanqué d’un caviar hors sujet quand on est en plein dans le charme du Pétrus. Et quand les desserts de fruits rouges et glacés arrivent alors qu’il reste l’équivalent d’une bonne demi-bouteille de Pétrus 1959, il est certain que ça agace.

C’est un misfit qui – comme je le disais – ne fait que des mécontents. On effacera cela bien vite en refaisant le même combat en ajustant les scripts. Revenons aux vins.

Nous avons commencé par un Champagne Cristal Roederer rosé 2002. C’est un champagne très agréable, très droit, facile à vivre, de grande tenue.

Le nez du Pétrus magnum 1959 commence par être discret et il envahit les narines. C’est Pétrus dans toute sa splendeur. Truffe, morille, terre noire. En bouche le vin est phénoménal. Cette bouteille de parfaite conservation donne un vin exceptionnel. Disons qu’il est à cent coudées au dessus (j’exagère un peu) du 1962 que nous avons plébiscité hier. Il a une densité exceptionnelle, et un goût de truffe mis sur la puissance maximale. Sa trame est phénoménale.

Il cause ce vin ! C’est un bonheur absolu. Un immense Pétrus. Il est encore plus dogmatique dans l’excellence que les 1966 et 1998 d’hier. Il tutoie de très près les 1961 et 1990 que j’ai adorés.

Alors, ne gardons que le bonheur. D’abord, la générosité extrême de Christine et de Desmond. Ensuite ce monumental Pétrus 1959, qui touche à la perfection la plus absolue de Pétrus. Il faudra traiter le mal par le mal en revenant à l’Ambroisie, terre de belle gastronomie.

le joli salon qui nous est réservé

le caviar chinois a été marqué du nom de notre hôtesse

le pot de caviar gigantesque, c’est impressionnant, mais nous aurons de petites cuillers pour nos oeufs coque

je n’ai pas pris en photo les desserts qui sont arrivés avant que nous n’ayons fini le Pétrus. Nous n’y avons pas touché.

Dîner de neuf personnes et neuf Pétrus jeudi, 5 avril 2012

Lors du dernier réveillon de la Saint Sylvestre, un vilain Pétrus 1952, d’une caisse de douze que j’avais achetée, m’avait chagriné. Tout laissait à penser que c’était un faux, mais il fallait le vérifier. Lors d’un dîner d’amis de janvier, j’avais apporté un Pétrus 1981 et je racontai ma mésaventure. Un ami présent me dit : « j’ai un 1952 dans ma cave de mise château. Comparons-le à l’un de tes 1952 ». L’idée était séduisante, mais se retrouver à deux avec deux Pétrus, on pouvait mieux faire. Ce soir au restaurant Laurent, nous serons neuf avec neuf Pétrus.

J’arrive à 18 heures pour ouvrir les bouteilles de Pétrus. Le 1966 provient de la cave du château, qu’il n’a jamais quitté. Le bouchon est enfoncé de six millimètres et le creux contient de la poussière noire. Le bouchon est superbe, de grande longueur. Le parfum est magique. Le 1952 de mise château a un beau bouchon plus court. Son parfum est beau, plus beau que celui du 1952 de mise Van der Meullen, dont le bouchon est de petit diamètre, comme le goulot de la bouteille au verre trop fortement coloré de teinte vinasse, spécialité de ce négociant belge, ce qui interdit de voir la couleur d’un vin dans la bouteille. Le bouchon du 1952 sûrement faux, car entretemps, j’en ai ouvert un autre résolument faux, est aussi vilain que les précédents, très comprimé dans le goulot et difficile à sortir. Le bouchage ne peut pas être des années 50. Le nez du vin n’est pas un nez de Pétrus.

Le 1962 de ma cave a un parfum exceptionnel. Le 1975 a aussi un parfum superbe. Le 1964 se présente très solide dans ses arômes. Le bouchon du 1934 de ma cave se brise en miettes. Le nez du vin me suggère qu’il est hermitagé. Le mot qui vient instantanément en sentant le 1998, c’est : pureté. On sent que ce vin est superbe.

L’un des convives ayant annoncé un retard de trente minutes, nous nous préparons le palais avec un Champagne Pol Roger 2000 très simple, très plaisant, facile à vivre, mais porteur de riches complexités. Comme il fait soif, nous doublons la mise.

Le menu conçu par Alain Pégouret est : Anguille fumée et pointes d’asperges vertes / Pâté en croûte / Morilles farcies / « Fregola Sarda » / Carré d’agneau de lait des Pyrénées grilloté, pommes soufflées « Laurent » / Mimolette cérusée / Crémeux Jasmin à la rhubarbe.

Pour chaque vin, je signalerai son apporteur puisque le dîner est conçu sur la base d’apports de chacun. Parfois j’ai aidé l’un des participants en lui « prêtant » ou « vendant » un des vins de ma cave. J’indiquerai l’auteur de chaque vin. Le Champagne Krug 1989 (Frédéric, de ma cave) est absolument exceptionnel. C’est, je pense, le meilleur 1989 que j’aie jamais bu. Il est riche épanoui, complexe de fruits exotiques. Il est tout simplement l’accomplissement de Krug lorsqu’il est encore jeune et déjà mature. Sa longueur est extrême.

Le Pétrus 1966 (Jean) vient directement du château. Je l’ai mis en premier pour qu’il nous serve d’étalon. Et il le fait avec une exactitude confondante, car il est l’archétype du grand Pétrus. Il a l’A.D.N. de Pétrus. Riche, plein, fruité mais avec un doucereux coupable, il est d’une grande densité. Il est superbe. Velouté, truffe, beau fruit, tout y est.

Les morilles vont accompagner divinement bien trois 1952. Le Pétrus 1952 (Laurent) est une mise château. Il est grand, mais n’a pas l’étoffe du 1966. Ce qui impressionne c’est sa subtilité et sa douceur. C’est un beau Pétrus mais pas un grand Pétrus. Le Pétrus 1952 (de ma cave) provient de la caisse litigieuse. Comme je l’ai annoncé faux, ce que confirme l’examen olfactif, mes amis ont beau jeu de dire que j’aurais dû m’en apercevoir à la première bouteille tant le faux est évident. Ils ont raison sans doute, mais ils le savaient, ce qui leur donne bien de la science. Car ce vin n’est pas mauvais. Ce pourrait être un bon médoc, d’un bon classement, des années 70/80. Le Pétrus mise Van der Meullen 1952 (Charles Edouard, de ma cave) apparaît un peu fatigué. Je me pose la question de son authenticité, mais tout le monde est unanime, c’est un vrai Pétrus 1952 mais jouant un peu en dedans.

Le Pétrus Pomerol 1962 (Guillaume, de ma cave) est absolument exceptionnel. Son parfum est envoûtant. Si le 1966 est un archétype, celui-ci est un Pétrus de splendeur. Je l’adore pour sa richesse contenue, sa complexité extrême, son velouté truffé et son confort absolu. De bonne mâche, il est divin. Jean nous dit qu’il a fait récemment une verticale de quatre-vingt millésimes de Pétrus et que celui qu’il a préféré de loin est le 1975. Aussi attend-il beaucoup du Pétrus 1975 (Louis). Dès l’attaque, on le sent un peu fermé, jouant en dedans, mais Jean nous indique qu’il va s’épanouir. Et quand cela se produit, on retrouve l’un des Pétrus qui m’ont apporté les plus grandes émotions. Malgré tout, si celui-ci est grand, il est élégant, fluide, mais un peu contenu.

Le Pétrus 1964 (Christine) est superbe, solide gaillard très carré. C’est un beau Pétrus costaud, qui fonce, très contrasté avec le 1966. C’est évidemment un très grand vin.

Le Pétrus 1934 (de ma cave) nous fait un choc quand on le verse : il est clairet. On dirait qu’il est dépigmenté. D’ailleurs le fond de la bouteille est beaucoup plus sombre. Le vin présente un intérêt de comparaison, mais il est manifestement fatigué. Il est bien Pétrus, car on sent tous les points communs avec les autres, mais la fatigue est là.

Le Pétrus 1998 (Desmond) est un gamin d’une très grande promesse. Il se boit bien dans sa jeunesse, mais on sent que vingt ans de plus vont le placer sur une orbite très haute. On peut comprendre les amateurs de vins jeunes, car il y a une exubérance dans ce vin qui est rare. Il partage avec le 1966 le fait d’être archétypal.

Pour le dessert Jean commande au restaurant un Champagne Salon 1997 qui est agréable, mais nous restons tous sur notre petit nuage fait de grands Pétrus. J’ai un peu gommé la trace du Salon dans ma mémoire. Pendant que nous votons, je fais verser le Cognac Lucien Foucauld # 1890 que l’on avait ouvert lors d’un récent dîner. Les deux amis chinois de notre table en raffolent. Mais il n’y a pas qu’eux, car il est merveilleux de rondeur et de complexité.

Je suis le seul à avoir voté pour le champagne, mes amis concentrant leurs votes sur six des neuf Pétrus. Le 1962 a eu neuf votes pour neuf votants dont quatre votes de premier, le 1964 huit votes dont aucun de premier, le 1966 sept votes dont trois de premier et le 1975 six votes dont deux de premier.

Le vote du consensus serait : 1 – Pétrus Pomerol 1962, 2 – Pétrus 1966, 3 – Pétrus 1964, 4 – Pétrus 1975, 5 – Pétrus 1952 mise château.

Mon vote est : 1 – Pétrus Pomerol 1962, 2 – Pétrus 1964, 3 – Champagne Krug 1989, 4 – Pétrus 1966.

La cuisine d’Alain Pégouret a montré une fois de plus qu’elle est pertinente, et les accords ont été judicieux. Le service est comme toujours parfait, surtout celui des vins. On peut constater que l’on ne se lasse pas d’un dîner de Pétrus et que la décennie 60 est superbe pour Pétrus en ce moment avec des 1962, 1964 et 1966 qui ont particulièrement brillé. Il ne manquait que 1961, ce qui obligerait sans doute une suite, mais ma charmante voisine me dit : « êtes-vous libre demain, nous allons ouvrir un magnum de Pétrus 1959 à l’Ambroisie ? ». J’ai dit oui. L’aventure Pétrus continue !

l’ouverture des bouchons

le 1952 Van der Meullen et le 1952 mise château

dans l’ordre, le 1966, le 1952 mise château beaucoup plus court, le 1952 de la caisse litigieuse, avec un liège assez vulgaire et une largeur trop grande, ce qui s’est traduit par son élargissement à l’ouverture, et le 1952 Van der Meullen. On voit assez nettement que la mise en bouteille du 1952 litigieux ne peut pas avoir été fait dans les années 50.

le1962 et le 1975

le 1964

de bas en haut, le 1964, 1962 et 1975

le 1934 brisé en morceaux et le 1998

l’ensemble des bouchons. de gauche à droite et dans l’ordre des aiguilles d’une montre : 1966, 1952 mise chateau, 1952 litigieux, 1952 Van der Meullen / 1934 et 1998 / 1962, 1975, 1964.

le repas

la table en fin de repas

le jugement de Pétrus jeudi, 5 avril 2012

Pour authentifier le Pétrus 1952 plus que suspect, rien de tel que de le mettre au sein d’autres Pétrus lors d’un repas. Nous serons neuf, chacun apportant au moins un Pétrus. Il y aura : 1934 de ma cave, 1952 d’un ami, 1952 mise Van der Meulen de ma cave, 1952 suspecte, 1962, 1964, 1966 (venant directement de Pétrus), 1975, 1998.

Pétrus 1934 l’année n’est pas visible mais une autre bouteille du même lot a été bue le 17 janvier 2007 au 81ème dîner de wine-dinners.

Le précédent bu :

celle à venir, du même achat

Pétrus 1952 d’un ami (mise du château)

Pétrus 1952 litigieuse

Pétrus 1952 mise Van der Meulen

les trois Pétrus 1952

Pétrus 1962 (de ma cave)

Pétrus 1964

Pétrus 1966 (venant directement de la cave de Pétrus)

Pétrus 1975 provenant d’un achat que j’ai fait récemment.

Pétrus 1998 d’un ami

Je pense que nous allons nous régaler !

Pour information, voici quelques photos de Pétrus que j’ai bus :

Pétrus 1947 des caves Nicolas, et mise du chateau :

Pétrus 1950

Pétrus 1958

Pétrus 1967

Pétrus 1969

Pétrus 1972

Pétrus 1974

cette bouteille étant attribuée à Chateau Estate à New York, j’ai photographié une autre Pétrus 1974

Pétrus 1976

Pétrus 1978

Pétrus 1981

double magnum de Pétrus 1975 que j’ai eu la chance de boire avec Alexandre de Lur Saluces. Cette bouteille provient d’échanges que se font les châteaux.

Pétrus aide les acheteurs jeudi, 5 avril 2012

Pétrus fait des efforts importants pour traquer les faux et remonter les filières des fabricants de faux.

C’est pour cela que des détails changent chaque année, afin de tromper les fraudeurs.

Ce que j’avais pris pour une absence de cohérence est en fait le fruit de leur volonté. Et Pétrus ne souhaite pas que l’on donne des indices aux fraudeurs.

BON A SAVOIR : Pétrus répond en moins de 24 heures à tout acheteur qui souhaiterait vérifier si la bouteille qu’on lui propose est une vraie. Il suffit d’adresser des photos de la bouteille, de l’étiquette, de la capsule et du cul de la bouteille, ainsi que toute inscription sur le verre.

Déjeuner « royal » au Yacht Club de France mercredi, 4 avril 2012

Il y a de la surenchère dans notre club de conscrits ! Après un repas tout normand, j’allais dire trou normand, notre ami gallois a voulu faire un repas royal. Thierry Le Luc, le directeur de la restauration du Yacht Club de France est le complice enthousiaste de nos folies. Alors, voici ce qu’il a conçu : le crabe royal, la langoustine royale, le pouce-pied de Belle-Ile en Mer (parce que le pouce et le pied sont des mesures royales) / la langouste royale sur un tournedos de bar, légumes de saison piqués, sauce hollandaise figée au basilic / fromages affinés Alléosse dont le Royal Briard / royal gala en tuile de framboise et son sorbet citron vert, royale de framboise sur son salé.

Nous avons commencé par un Champagne Janisson Baradon non dosé non millésimé fort plaisant par son côté citronné bien équilibré. Une légère amertume ne nuisait pas au plaisir. Le Champagne Lenoble blanc de blancs 2000 est agréable, plus rond et plus fluide que le précédent. Le Condrieu Domaine de Bonserine 2009 est tout en puissance et en gourmandise. Il se place divinement bien avec les langoustines au goût superbe. C’est un vin joyeux, convaincant et riche de beaux fruits blancs.

Le Cos d’Estournel 1996 a un nez conquérant. Quel grand vin ! De très fine trame, de grande densité, ce vin noir est puissant, jeune, glorieux. Le Château Figeac 1989 fait un contraste très fort, car il semble beaucoup plus vieux que le Cos, d’au moins trois fois plus d’années que ce que donne le calendrier. Charmeur mais dans des habits rouges orangés alors que le Cos est dans des habits noirs, il montre une belle élégance dans le charme, plus assagie que la pétulance du Cos. Ces deux vins dissemblables sont très bons et je préfère le Cos d’Estournel pour sa vivacité et sa noblesse.

Le dessert est accompagné d’un Champagne Lenoble blanc de blancs 2002 qui est le meilleur champagne de ce déjeuner, riche, plein en bouche avec une belle bulle et une belle rémanence. La tâche sera dure pour le prochain conscrit qui invitera ses compères, car il sera dur d’imaginer encore mieux.

Chateau Margaux 1964 mardi, 3 avril 2012

Mon fils étant là, autant le chouchouter. Sur une préparation de pommes de terre, de lardons doux et de reblochon fondu, nous goûtons un Château Margaux 1964. La bouteille est belle et le vin a un niveau à haute épaule. Le bouchon vient bien, il est sain, de grande qualité. Le vin a un nez très raffiné, distingué. En bouche, ce qui frappe, c’est la grâce et la distinction de ce vin. Il est velouté, charmant, subtilement dosé. On sent tout le charme romantique de Château Margaux. L’année 1964 est toujours un peu stricte, carrée, rugueuse. On le retrouve dans ce margaux, mais avec un velouté conquérant tant il est aimable. La combinaison avec le plat est parfaite, celui-ci jouant le faire-valoir du vin. La lie est abondante, mais se « mange » bien. Ce vin fut d’un grand plaisir.

match Krug 82 et Salon 82 dimanche, 1 avril 2012

Mon fils est à la maison. Fille et gendre nous rejoignent pour un petit dîner rapide avec des couteaux, de la truite fumée, des crevettes roses, des coquilles Saint-Jacques poêlées ainsi que leurs coraux, un peu de foie gras et du camembert. C’est l’occasion pour comparer le Champagne Krug 1982 et le Champagne Salon 1982. Le krug est époustouflant, de fruits jaunes, avec une distinction énorme et une complexité rare. C’est peut-être le meilleur Krug 1982 que j’aie bu.

Le Salon est quasi impossible à ouvrir. Pendant dix minutes, j’ai essayé de tourner le bouchon, puis mon fils, puis mon gendre, et enfin, le goulot ayant été chauffé, j’ai pu extraire le bouchon. Et quand on pose les deux bouchons de la même année côte-à-côte, force est de constater que le volume du cylindre du bouchon de Salon est le double du volume du bouchon du Krug.

On ne peut pas imaginer deux champagnes plus dissemblables que ces deux là. Il y a plus d’acidité et de tension dans le Salon. On dirait la lame d’un sabre japonais. Il y a moins de fruits et plus de vineux dans le Salon. Ils sont tellement splendides tous les deux que c’est un bonheur. Mon fils et mon gendre préfèrent le Salon alors que je préfère le Krug. Sachant que je suis un inconditionnel de Salon, cette situation des votes est étonnante.

Ces champagnes se boivent si bien que j’ouvre un Champagne V.O. Jacques Selosse dégorgé en 2008. Même si l’on sent qu’il y a un écart de stature, le Selosse se place très bien et je le trouve compréhensible et charmant. Il tient bien sa place.

1982 est une année extrêmement belle et subtile en Champagne, et Krug dans le fruit, et Salon dans l’acidité vineuse contrôlée et romantique sont deux champagnes d’exception. Intégrant les votes des trois buveurs, disons qu’il y a match nul !

on constate l’écart énorme de volume entre les bouchons du Salon 1982 et du Krug 1982. Le bouchon du Salon est presque trop volumineux, et celui du Krug presque insuffisant.

en ajoutant les bouchons du Dom Pérignon 2002 et du Selosse, ça donne une disparité de bouchons assez spectaculaire, leKrug 1982 faisant petit !