Un magnifique voyage dans la gamme de la maison Deutz lundi, 5 décembre 2011

La maison de champagne Deutz m’invite à la visiter. J’arrive à 10h30 au siège, et je découvre la maison bourgeoise de William Deutz, de style Second Empire, avec des décorations chargées mais de grand intérêt. Tout a été gardé dans le respect de cette période fastueuse. Le salon d’apparat, le salon chinois, et plusieurs très jolies pièces nous mettent dans l’atmosphère d’un temps où l’on prenait son temps.

Cette maison de champagne est une des seules où l’on puisse dire : « nous allons monter à la cave ». Car sur la colline, l’entrée des caves est très au dessus de la belle propriété. Dans une grande salle où subsistent d’imposants foudres, primitivement charpentée de bois et restaurée « à la » Eiffel, avec des poutres rivetées et des poteaux en fonte, des présentoirs montrent des documents de plus d’un siècle qui attestent de la vocation exportatrice de ce domaine, sous la houlette d’un William Deutz qui apparait sacrément entreprenant.

Après la visite des installations nous descendons de la cave, ce qui est une expression assez étonnante, et de retour à l’hôtel particulier , dans une salle qui a servi de jardin d’hiver, aux papiers peints sinisants restaurés, je vois sur la table en verre des feuilles imprimées à la date de ce jour, avec des cercles pour poser les verres de dégustation et les noms des champagnes que nous allons boire.

Le Champagne Amour de Deutz 2002 a un nez élégant et un goût joliment fumé et toasté. Très beau et élégant il est agréable à ce moment de sa vie.

Le Champagne Amour de Deutz 2000 a un nez plus marqué. Le vin est plus rond, avec un peu moins d’ampleur. Il est gourmand.

Le Champagne Amour de Deutz 1999 a un nez plus discret. Il est plus strict mais se distingue par un joli floral. Les trois sont marqués par l’élégance. Le 2002 est le plus grand avec de l’ampleur, mais les deux autres, avec des esquisses de noisettes, se tiennent bien dans le verre.

Le Champagne Blanc de Blancs Deutz 1989 a un belle couleur dorée. Le nez est un peu évolué. Il est complexe, surtout dans le final, avec des notes de moka et de pâtisserie. Fabrice Rosset évoque des parfums de fleurs séchées pour ce vin dégorgé en 2004. Le champagne est élégant avec une belle acidité. Il est noble, goûteux et agréable à boire.

Nous passons maintenant à quatre William Deutz qui ont du pinot noir, alors que l’Amour n’est que chardonnay.

Le Champagne Cuvée William Deutz 1996 montre instantanément sa différence avec les Amour. Le vin est riche, solide, complexe, de fruits dorés. La finale acide est très belle. On le sent gastronomique.

Le Champagne Cuvée William Deutz 1990 a un nez très puissant et déjà tertiaire. Il faut accepter son caractère assez inhabituel. Torréfié, avec des fruits compotés, il interpelle, mais on le sent aussi gastronomique.

Le Champagne Cuvée William Deutz 1988 est superbe, magique, et, lui, est totalement intégré. Il a tout pour lui, avec un équilibre parfait. Il est jeune et dans un état de grâce.

Le Champagne Cuvée William Deutz 1985 a un nez très élégant. Il est charmant, féminin, avec une autre forme de perfection, marquée de beurre et de toast. Le 1988 et le 1985 forment un couple masculin – féminin, de grand raffinement. Mon cœur balance en faveur du 1985.

Le Champagne Brut millésimé Deutz 1982 a une couleur presque orangée ce qui est curieux. Le vin est trop évolué et une autre bouteille ouverte semble marquée par le même signe d’évolution.

Le Champagne Brut millésimé Deutz 1975 est fait à 100% de pinot noir. Le nez est magnifique. Le vin est un peu rêche mais plaisant à l’attaque, puis il se montre difficile, manquant de structuration un peu comme ce que j’avais ressenti avec le 1990.

En faisant un nouveau tour de tous les verres maintenant aérés, le 2002 est fringant, le 2000 est brillant, le 1999 plus effacé. Le 1996 est gourmand, le 1990 s’est assemblé et va vers moka et caramel, le 1988 est grand, mais c’est le 1985 qui est exceptionnel. Il a tout pour lui, le charme, la finesse et l’élégance.

Je suis évidemment honoré que trois des dirigeants de ce domaine m’aient consacré autant de temps et aient choisi de si belles bouteilles à déguster. Nous descendons dans une belle salle à manger privée pour le déjeuner à quatre, dont le menu est : langoustines sauce Aurore / lotte sauce champagne et son riz / plateau de fromages / pomme cannelle au four.

En lisant le menu, je me demande à quel moment je pourrais faire intervenir la bouteille que j’ai dans ma musette dont aucun de mes hôtes ne soupçonne l’existence. Il me semble que ce doit être au début, car la sauce Aurore sera plus apte pour l’expérience que j’aimerais faire. J’ouvre ma musette et je montre le Vin de l’Etoile, Coopérative vinicole de l’Etoile 1952 à la magnifique couleur d’un ambre clair. J’ouvre la bouteille avec un tirebouchon normal et le bouchon se brise, mais tout rentre dans l’ordre. Le parfum du vin est magique, d’une rare puissance. Mes hôtes sont évidemment surpris de cette ajoute au programme.

L’idée qui me vient, échafaudée sans avoir bu, est la suivante : goûter la sauce riche des langoustines, boire le Champagne Amour de Deutz 2003 d’une belle délicatesse, goûter la sauce, boire du vin de l’Etoile puis goûter le 2003 et à mon sens, cela doit propulser le champagne Deutz à des hauteurs rares. Nous procédons ainsi et Michel Davesne, l’œnologue de la maison est saisi par la pertinence de cette succession et de l’effet multiplicateur du jurassien sur le champagne.

C’est alors que l’on entend toc-toc. Un visage féminin se montre subrepticement puis s’affirme, puis envahit la place. L’épouse de Fabrice Rosset ainsi que sa fille nous rendent visite. Elles s’assoient, on leur tend des verres des deux vins et elles nous rejoignent pour l’expérience, sans la sauce Aurore. Et madame Rosset, très affirmative, donne son verdict : « je ne trouve pas que le vin du Jura rehausse le 2003 ». Ce que femme veut, Dieu le veut. La messe est dite. Les dames nous laissent continuer notre déjeuner.

Les vins que nous avons bus sont le Champagne Amour de Deutz 2003 délicieux et délicat sur la langoustine, le Champagne Cuvée William Deutz 1999 puissant et serein, très à l’aise sur la lotte, l’Hermitage Les Bessards Delas 1990, le même que celui que nous partagerons dans quelques jours lors d’un dîner de vignerons que j’organise chaque année, riche et convaincant et le Champagne Cuvée William Deutz rosé 2000 qui est un beau rosé gastronomique, à l’aise avec le dessert, mais qui pourrait se confronter à des chairs très viriles. En cours de repas nous avons repris le Champagne Cuvée William Deutz 1985 qui continue d’être exceptionnel.

C’est un honneur extrême que d’être reçu aussi généreusement. J’ai pu explorer cette maison de champagne que je goûte relativement peu, car j’ai d’autres amours, et que je percevais surtout par le champagne Taillevent élaboré par Deutz. L’éblouissant 1985 ne me fera pas oublier que le reste de la gamme est de grand intérêt. Mais tout de même, ce 1985 est un vin immortel de première grandeur.

A l’entrée, le fameux Amour de Deutz

une femme, que l’on suppose légère, veut trinquer au champagne !

le salon de William Deutz

la salle des foudres refaite « à la Eiffel » et une magnifique étiquette de Deutz & Geldermann

le « poste » de dégustation avec les noms des champagnes

mon apport à ce déjeuner

et tout finit par un amour !

Grand Tasting – Master Class « Ornellaia, cru fastueux de la Toscane » et conclusion dimanche, 4 décembre 2011

La dernière Master Class à laquelle j’assiste est « Ornellaia, cru fastueux de la Toscane« . Le Bolgheri Le Serre Nuove dell »Ornellaia rouge 2008 est d’un rouge très foncé. Le nez, très riche, est velouté. La bouche est marquée par l’astringence. C’est un vin strict, généreux en tannins, qui est tout sauf flatteur. Il est d’une belle mâche, mais je le trouve trop strict, sans concession.

Le Bolgheri Superiore rouge Ornellaia 2008 est d’un rouge très noir. C’est un vin qui a été élevé vingt-et-un mois en fûts dont deux tiers de bois neuf. Le nez est discret et très élégant. La bouche est beaucoup plus ronde, le bois est noble. C’est un grand vin, mais il faudrait attendre des années pour qu’il devienne charmant.

Le Bolgheri Superiore rouge Ornellaia 2007 a la même couleur d’un rouge noir. Le nez est très droit, subtil. En bouche il est nettement plus civilisé. La râpe est plus belle, plus acceptable. L’œnologue parle de fraîcheur et de soyeux des tannins. Thierry Desseauve, qu dirige la Master Class m’étonne quand il parle de rondeur et donne des qualificatifs de douceur pour ces vins durs et qui ne deviendront charmants qu’avec l’âge. Car pour moi, ce vin est assez dur, avec seulement des tannins et pas de fruit. Le final est de cassis. Lorsque le 2008 s’ouvre, il est plus exubérant et rond que le 2007.

Le Bolgheri Superiore rouge Ornellaia 1998 est d’un rouge plus tuilé que les autres années. Le nez est beaucoup plus chaleureux et civilisé. La bouche est beaucoup plus arrondie, cohérente, intégrée. Le vin est rond et équilibré. Le bois est très bien dosé.

Il se trouve que je n’avais pas pu rester pour le traditionnel cocktail organisé par idealwine. Entre deux master class, Angélique de Lencquesaing me propose de goûter un verre du Château Haut-Bailly 2000 en jéroboam ouvert hier. Ce vin est élégant, raffiné et dans un état d’accomplissement proche de son sommet historique. Je suis entré dans cette master class avec mon verre et quand je compare les Ornellaia avec le bordelais, il n’y a pas photo, comme on dit, car le soyeux, la douceur, l’équilibre sont du côté de Haut-Bailly. J’ai du mal à imaginer qu’Ornellaia ait pu, sur d’autres millésimes, surclasser les bordelais qui lui étaient opposés à l’aveugle. Ces vins italiens sont bien faits, mais il faut attendre plus de vingt ans si on veut jouir de leurs subtilités.

Entre les master class, je suis allé saluer des vignerons et picorer de-ci-delà quelques beaux vins. Quelques vins qui m’ont plu sont, dans le désordre, les beaujolais de la Villa Ponciago, absolument gourmands et nobles, la Cuvée Winston Churchill 1999 de Pol Roger, le Champagne Pierre Peters Les Chétillons 2004, le vin de paille Château d’Arlay 2006, La Petite Sibérie, Côtes du Roussillon Villages 2009 du domaine Le Clos des Fées d’Hervé Bizeul et beaucoup d’autres encore.

Si je devais retenir trois vins de ce Grand Tasting, ce qui est très réducteur, ce serait : 1 – Château Ausone 2000 en magnum, 2 – Gewurztraminer Grand Cru Mambourg domaine Weinbach Quitessence de Grains Nobles 2008, 3 – Château Haut-Bailly en jéroboam 2000.

Cette édition du Grand Tasting, événement de plus en plus populaire, fut un grand millésime, avec de très grands vins, des rencontres de grands vignerons, et une générosité qui transpire à tous les stands. Une réussite.

Grand Tasting – Master Class « le génie du Vin » dimanche, 4 décembre 2011

La Master Class suivante est « LE » clou du Grand Tasting. Elle a pour nom « le génie du vin« . Le choix des vins correspond au goût de Michel Bettane et Thierry Desseauve.

Le Champagne Joséphine de la maison Joseph Perrier magnum 1998 est d’un jaune d’un or clair. Le nez est discret. La bouche est gourmande, caramel, avec une belle acidité discrète. Il y a une très jolie variation sur les fruits confits. Dégorgé en juin 2008, il a beaucoup de charme. Jean-Claude Fromont dit que 1998 fut une année capricieuse et dit que son vin est très friand, avec du miel et des aspects beurrés. C’est un grand champagne.

L’Hermitage blanc domaine Jean-Louis Chave 1995 est d’un or glorieux. Le nez est racé, intense, presque botrytisé. En bouche, il y a délicatesse et fluidité. Il fait un peu plus évolué que son âge, mais sans que le charme ne s’en trouve affecté. Il a un peu un goût de vin jaune. Il combine des suggestions de sauternes avec d’autres de Château Chalon. Il a des fruits jaunes, un alcool présent mais mesuré. Il est très gastronomique, très épanoui avec une belle patine. Je retrouve peu après le côté « huître » des Hermitage blancs. De grande fraîcheur, c’est un très grand vin.

Le Bourgueil Les Busardières rouge domaine de la Chevalerie 1964 est présenté par un sympathique vigneron qui aura bien du mal à en parler tant Michel Bettane et Thierry Desseauve sont heureux d’avoir inclus ce vin dans leur présentation. Le rouge est un peu clairet. Le nez est très strict, puritain. La bouche est faite de fruits bruns, de prunes. Jamais l’attaque en bouche ne correspondrait au millésime tant le vin semble jeune. Il est très astringent. Il « mange les joues ». Il est d’une grande fraîcheur, délicat et très jeune. Michel Bettane évoque ses nuances d’épices, de réglisse et sa fraîcheur. Même s’il est un peu difficile, c’est un vin très authentique. Une belle expérience.

Le Château Ducru-Beaucaillou 2005 est d’un rouge très noir. Le nez est fort, de cassis, framboise et menthe. Ce nez est assez incroyable et me fait penser à Vega Sicilia Unico. En bouche, c’est de l’anis, de la menthe et de la feuille de cassis que l’on ressent. Il est gourmand comme Vega Sicilia Unico. Il est riche et c’est un vin de gastronomie. Il a un très grand avenir et sera immense dans trente ans, comme le fut son aîné le 1961 légendaire. Dix minutes plus tard, il est gourmand, combinant fruits rouges et fraîcheur mentholée.

Alain Vauthier présente le Château Ausone magnum 2000. Quel cadeau ! Le rouge est très sombre. Le nez est riche et frappe par son élégance. On sent les bois et la truffe, avec de l’élégance de fruits noirs. Le nez est envoûtant. Dès le premier contact, le mot qui s’impose est « wow ». Le deuxième mot est « élégance » et le troisième « équilibre ». C’est un vin de très grande longueur, gourmand mais encore tellement jeune. Le final est immense.

Le Clos de La Roche Grand Cru Vieilles Vignes domaine Ponsot 2007 est présenté par Rose-Marie Ponsot qui gère le domaine avec Laurent Ponsot. Le passage après l’Ausone pourrait sembler difficile, mais en fait cela marche très bien les deux vins ne se neutralisant pas. Le vin est d’un rouge rubis clair. Le nez est incroyablement charmeur. Le vin est élégant et subtil, très bourgogne. Il est tout en nuances. Le fruit apparaît surtout sur le final très marqué. Le vin est très charmant et gourmand. Il y a une belle astringence bourguignonne. Ce vin a été vendangé quinze jours après les autres domaines. C’est un grand vin.

Le Gewurztraminer Grand Cru Mambourg domaine Weinbach Quitessence de Grains Nobles 2008 est d’un or subtil magnifique. Le nez est une bombe. C’est les mille et une nuits. Malgré l’opulence, je vois des notes marines et iodées. En bouche, il est gras, au final très complexe et très riche, avec une grande fraîcheur. S’il est sucré, il est d’une grande pureté. C’est un vin magnifique et noble, gourmand et élégant, à l’extrême fraîcheur.

Le Rivesaltes Cuvée Aimé Cazes vin doux naturel 1963 est présenté par Lionel Lavail qui nous indique que c’est le premier millésime de la cuvée Aimé Cazes. C’est un rivesaltes ambré provenant de vignes centenaires qui a bénéficié d’un élevage de trente ans en foudres sans aucun ouillage. La gestation est si lente que la maison Cazes commercialise le 1978 seulement aujourd’hui. La couleur est de thé, d’ambre roux. Le nez charmeur, typique de rivesaltes, est doucereux mais annonce la rigueur. Le vin est magnifique et gourmand. Pruneau, fruits confits, avec des tonnes d’épices douces. Il est joyeux, charmeur. On en mangerait. Ce vin, mis en bouteilles en 1997, est d’une grande fraîcheur, fait pour la gourmandise et la gastronomie.

De cette éclectique présentation, deux vins émergent pour moi par leur perfection absolue, l’Ausone et le Weinbach. Mais les autres méritent aussi une grande considération. Ce fut une belle dégustation.

Grand Tasting – Master Class « Taittinger Brut Millésimé » et petit casse-croûte samedi, 3 décembre 2011

La Master Class à laquelle j’assiste ensuite est celle du « Taittinger Brut Millésimé« . J’y vais surtout pour écouter Pierre-Emmanuel Taittinger, véritable tribun, qui vit son champagne avec ses tripes et sa joie de mordre dans la vie. Une de ses formules désormais célèbre, c’est de dire qu’un bon champagne, c’est celui qui donne envie de faire l’amour ensuite.

Les quatre champagnes ont été dégorgés en juin et dosé à grammes contre dix habituellement.

Le Champagne Taittinger Brut Millésimé 1996 est d’un beau jaune d’or. La bulle est très fine et le nez très pur. On ressent le beurre et la crème. Le vin est fort, carré. Il y a un final de vanille et de miel. L’acidité apparait maintenant, avec la tension. C’est un champagne strict mais plaisant.

Le Champagne Taittinger Brut Millésimé 1995 est du même or et le nez est très élégant. J’adore l’élégance et le vineux de ce 1995 qui me plait plus, car il est plus gourmand. On voit apparaître un beurre et du toasté léger. Il est chaleureux, équilibré, un peu poivré. C’est un vin de grande pureté et de grand équilibre.

Le Champagne Taittinger Brut Millésimé 1990 est d’un or plus clair. Le nez est fumé, champignonné, peu plaisant. La bouche est d’une attaque merveilleuse, pleine de charme. Puis aapparaît son évolution et des parfums de champignon. Il est gras et crémé. C’est un champagne de gastronomie.

Le Champagne Taittinger Brut Millésimé 1989 est d’un or plus prononcé. Le nez est semblable à celui du 1989 mais plus discret. Le champignon est présent mais très délicat. C’est un vin de plaisir. Il est à noter que le champignon n’est pas un signe d’évolution, car ce champagne très élégant et de grande fraîcheur est d’une folle jeunesse.

Si les champagnes sont très intéressants, la vedette est incontestablement Pierre-Emmanuel, homme incroyablement chaleureux. Nous avons voulu aller grignoter aux stands de restauration debout, mais Pierre-Emmanuel Taittinger est interrompu partout car les gens veulent lui parler et il ne résiste à personne. J’ai pris des fromages, un collaborateur de Taittinger a pris des huîtres, Pierre-Emmanuel a pris des quiches, et de son stand, comme par miracle, arrive un Champagne Taittinger Comtes de Champagne 1999 extrêmement plaisant dans ces circonstances de dinette. Il est tant assailli qu’il distribue son champagne à tous ceux qui se présentent et il faut doubler la mise de cet excellent champagne. C’est cela le Grand Tasting, des rencontres et une grande générosité.

Grand Tasting – Master Class « Clos des Goisses de Philipponnat » vendredi, 2 décembre 2011

La Master Class suivante est celle du « Clos des Goisses du champagne Philipponnat« . Comme chaque fois, c’est Charles Philipponnat qui présente le bijou de sa maison, dont les millésimes 2001 et 2002 viennent d’être mis sur le marché depuis seulement quinze jours. La présentation est toujours faite du plus ancien au plus jeune.

Le Champagne Clos des Goisses Philipponnat 1996 a une belle couleur de blé mûr. Le nez est très fluide. Le goût est toasté. Il y a une grande tension. On ressent noix et noisette. C’est un champagne puissant, très riche, mais qui n’est pas gras.

Le Champagne Clos des Goisses Philipponnat 1997 est d’une couleur plus claire. Le nez est plus affirmé. Le vin est élégant, plus délicat. Charles dit qu’il est angélique. Je sens des herbes fraîches et une belle acidité. J’aime beaucoup la fraîcheur de ce 1997 qui contraste avec la puissance de 1996.

Le Champagne Clos des Goisses Philipponnat 2001 est d’un jaune plus foncé que les deux précédents, ce qui est étrange. Le nez est curieux, beurré. Charles dit que 2001 est un millésime gras. Il n’exclut pas qu’il y ait eu du botrytis. J’ai du mal à cerner ce champagne qui se cherche. Il est vineux, un peu brutal. Il ressemble un peu à un vin oxydatif avec du fruité. Son final hésite entre acidité et lacté.

Le Champagne Clos des Goisses Philipponnat 2002 est aussi très foncé. Le nez est superbe, avec du toasté, ce qui sous-entend que la bouteille de 2001 qui nous a été servie aurait un problème. Ce vin dégorgé en juin 2011 est un très grand champagne, plus accompli que le 1996. C’est un champagne immense.

Le Clos des Goisses est un champagne noble et racé. Le goûter avec Charles Philipponnat est un grand plaisir.

Grand Tasting – Master Class « Voyage au sein de l’univers Krug » vendredi, 2 décembre 2011

La seconde Master Class du Grand Tasting à laquelle j’assiste est « Voyage au sein de l’Univers Krug« , présenté par Olivier Krug selon un modèle que je connais bien. En effet, Olivier considère que la noblesse d’une maison de champagne, c’est l’assemblage. Aussi, dit-il, faire le Clos du Mesnil le joyau de la maison, c’est « facile », car il n’y a aucun assemblage et la seule décision de la direction est : « on fait ce millésime, ou on ne le fait pas ». La dégustation va donc commencer par le plus facile à faire.

Le Champagne Krug Clos du Mesnil 2000 est d’un jaune clair un peu doré. Le nez est difficile à définir. J’y sens un peu de lacté. En bouche il y a du beurre, de la pâtisserie, de la brioche. La longueur est un peu retenue. Lorsqu’il s’ouvre, brioche et caramel apparaissent et un peu de poivre. C’est un champagne noble, mais je n’ai pas encore la vibration qui apparaîtra dans quelque temps. Bien ouvert il est épais, gras, solide, avec un final plus prononcé. Même s’il n’y a pas d’assemblage le Clos est vinifié en 5 parcelles distinctes, sachant que Krug possède au Mesnil 23 parcelles.

Le Champagne Krug Vintage 2000 a une couleur identique. C’est impossible de le sentir, car à côté de notre salle, il y a un atelier gourmet où l’on cuit du poisson ! Le champagne est très toasté, presque fumé. Je le trouve très beau et il me parle plus que le Clos du Mesnil. Le Clos du mesnil est plus délié, plus racé mais le Vintage est plus charmeur et plus directement franc.

Le Champagne Krug Vintage 1998 a une couleur plus dorée. Le nez est discret, élégant. En bouche, il y a du gras sur une belle acidité. Il est très équilibré. Le 2000 cohabite bien avec le 1998. Aucun des deux ne domine l’autre.

Le Krug Grande Cuvée récent, présenté comme vin mystère n° 1, mais dont le mystère est éventé et pas le vin, a un nez superbe. Le vin est gourmand, généreux, immédiatement accessible. Lacté, beurré, brioché, il est gras, bien assis. Olivier explique que les bouteilles seront maintenant dotées d’un code explicatif. Celui de cette bouteille est 1110004 qui veut dire que le vin a été dégorgé au premier trimestre 2011 et le code « 0004 » sur le site de Krug permettra de consulter l’histoire de cette cuvée, qui comprend des vins jusqu’en 1988, avec huit millésimes différents.

Le Krug Grande Cuvée présenté comme vin mystère n° 2 est plus ancien de trois à quatre ans que le précédent. Il est beaucoup plus crémé, plus gras. C’est un grand champagne agréable et opulent.

C’est un honneur que d’avoir goûté ces grands champagnes de forte personnalité.

Grand Tasting – Master Class « le génie du Corton » vendredi, 2 décembre 2011

La première Master Class à laquelle j’assiste est intitulée « le génie du Corton« .

Le Corton La Vigne au Saint Grand Cru rouge Maison Louis Latour 2009 est d’un rubis assez sombre. Le nez est prononcé, avec un alcool présent. La bouche est gourmande, la matière est belle, avec du poivre. La texture est belle et le boisé délicat. La mâche est presque solide. C’est le millésime qui donne beaucoup de richesse.

Le Corton Château Corton Grancey Grand Cru rouge Maison Louis Latour 2008 est d’un rouge encore plus appuyé. Le nez est plus élégant, très équilibré Le vin est encore plus gourmand, plus élégant, aux fruits très doux. M. Champy dit que les tannins sont plus durs et que l’on sent le calcaire du sol. Le final est agréable et le fruit est beau. C’est un vin gourmand.

Le Corton Grand Cru rouge Domaine Bonneau du Martray 2002 est d’un rubis foncé. Le nez est extrêmement riche et raffiné. Il est profond. En bouche, le vin est délicat, élégant et très bien dessiné. Il est précis. C’est l’élégance qui prime. Michel Bettane dit qu’il est racinaire et évoque la truffe. Et quand il le dit, on sent la truffe.

Le Corton Charlemagne Grand Cru Domaine Bonneau du Martray 2007 est d’un jaune très clair. Le nez est délicat et discret. La bouche est délicate et complexe, raffinée. Son fruit est blanc, délicat, subtil. On le sent très gastronomique, car il n’en fait pas trop, ce qui est aussi lié à son millésime. Le final est élégant, avec un joli fruit et une râpe crayeuse.

Le Corton Charlemagne Grand Cru Domaine Rapet Père & Fils 1992 est d’un magnifique jaune d’or. Le nez est riche et puissant. La bouche est puissante mais fluide. Le vin, qui ne titre que 12 à 12,5° est aérien et frais, avec de petites notes salines. Le vin est vraiment gourmand et de belle acidité. Il donne envie de manger !

Cette master class a permis de boire cinq vins d’une des gloires historiques de la Bourgogne, le « Corton ».

Le Grand Tasting 2011 vendredi, 2 décembre 2011

Le Grand Tasting est un salon de vins organisé par Michel Bettane et Thierry Desseauve (B&D). Il a succédé au Salon des Grands Vins et se tient chaque année sur deux jours au Carrousel du Louvre. De grands vignerons que l’on trouve rarement dans des foires aux vins tiennent un stand, bien sûr pour faire la promotion de leurs vins, mais aussi par amitié avec B&D. Comment peut-on imaginer autrement qu’Alain Vauthier, propriétaire de château Ausone, vin qui boxe aujourd’hui dans le club fermé du top five bordelais des niveaux tarifaires, comptant Le Pin, Pétrus, Lafite, Latour et Ausone, vienne présenter dans une Master Class de plus de 150 personnes son Ausone 2000 en magnum ? Qui fera croire qu’il y aurait un objectif commercial, quand Ausone est déjà vendu avant d’avoir existé, et quand pratiquement aucun des amateurs présents ne pourrait s’acheter un tel flacon ?

On est donc dans le hors norme, et la chose la plus confondante est que la population, pour plus des trois quarts, est composée de jeunes de moins de moins de vingt-cinq ans, et plus spectaculaire encore, avec une stricte parité hommes-femmes. Le vin dans ce salon n’est donc pas un « truc de mecs ». C’est un rendez-vous incontournable des amateurs de vins, surtout jeunes, qui viennent pour goûter des vins qui leur sont totalement inaccessibles : qui, après ce salon, va s’acheter la cuvée Winston Churchill de Pol Roger ? Même pas un millième. Mais au moins, ils l’auront bue et s’en souviendront pour leur vie.

Le salon, c’est surtout des centaines de stands de vignerons qui présentent leur vins, sans que cela se traduise par une vente. Il n’y a rien à vendre et à emporter. C’est plus une vitrine, même si des commandes peuvent être passées. Ensuite, il y a des « master class », comme on dit chez Jean-Claude Van Damme, avec des thèmes sur un domaine, une région, ou un ensemble méritant une mise en valeur. Puis il y a des ateliers gourmets où des chefs prestigieux cuisinent pour des vins. Les heureux participants se léchaient les babines. Depuis plusieurs années, Michel Bettane m’a fait la gentillesse de me laisser vagabonder librement dans ce salon, d’être à la table des vignerons qui présentent leurs vins quand j’en ai l’envie, aussi mes commentaires vont concerner quelques unes des Master Class de ce salon.

16ème séance de l’académie des vins anciens jeudi, 1 décembre 2011

La seizième séance de l’académie des vins anciens se tient au restaurant La Cagouille tenu par le sympathique et truculent André Robert. Nous sommes 27 à nous partager 43 vins dont quinze proviennent de ma cave. Nous sommes répartis en deux groupes dont voici les vins :

Groupe 1 : Champagne le Brun de Neuville Chardonnay brut – Champagne Janisson Baradon & Fils brut – Champagne François Giraux brut élaboré par P et C Heidsieck années 2000 – Mesnil Nature Blanc de blancs Vin originaire de la Champagne – Mesnil Nature Blanc de blancs Vin originaire de la Champagne – Champagne blanc de blancs sélection Cuis de Pierre Gimonet des années 70 – Champagne Chanoine Frères à Ludes Grande année 1969 – Champagne Charles Heidsieck 1949 – Pavillon Blanc de Château Margaux 1981 – Vin de l’Etoile Coopérative Vinicole de l’Etoile 1979 – Château La Mission Haut-Brion magnum 1972 (commun aux deux groupes) – Château Lafite-Rothschild 1970 – Château Brane Cantenac 1962 – Château Croizet-Bages 1957 – Château Meyney 1914 – Chassagne-Montrachet rouge 1er Cru Boudriottes domaine Ramonet 1978 – Clos Vougeot Armand Naulot 1937 – Châteauneuf-du-Pape Domaine de Mont-Redon 1961 – Hermitage Rochefine Jaboulet Vercherre 1955 – Domaine Weinbach Collette Faller Gewürztraminer Vendanges Tardives 1976 – Sauternes Soleil de France années 1930;

Groupe 2 : Champagne le Brun de Neuville Chardonnay brut – Champagne Janisson Baradon & Fils brut – Champagne François Giraux brut élaboré par P et C Heidsieck années 2000 – Mesnil Nature – Blanc de blancs – Vin originaire de la Champagne – Champagne Piper-Heisieck des années 60 – Champagne blanc de blancs sélection de Pierre Gimonet des années 70 – Puligny-Montrachet 1er Cru Les Combettes domaine Robert Ampeau 1979 – Côtes du Jura blanc Fruitière Vinicole de Château Chalon à Voiteur 1979 – Chateau Coufran 1970 – Château Lestage Listrac 1961 – Château La Mission Haut-Brion magnum 1972 (commun aux deux groupes) – Château Haut-Brion 1964 – Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1938 – St Emilion Seignouret 1937 – Vosne-Romanée 1er Cru Les Malconsorts domaine Sylvain Cathiard 1985 – Beaune Cent-Vignes Grands Vins Chevillot 1961 – Chambertin Cuvée Héritiers Latour domaine Louis Latour 1955 – Chateauneuf du Pape Armand Girardin 1953 – Vouvray demi-sec Albert Moreau 1955 – Gewurztraminer Sélection de Grains Nobles Hugel 1976 – Champagne Meunier à Ay rosé années 2000.

J’arrive à 17 heures avec la quasi-totalité des vins, certains ayant été livrés au restaurant il y a quelques jours. Kang et Olivier, deux collaborateurs efficaces du restaurant aménagent un espace pour que je puisse ranger les vins de chaque groupe dans l’ordre de service, pour faire la traditionnelle photo de groupe. L’opération d’ouverture commence et je suis très rapidement rejoint par deux amis luxembourgeois qui sont venus avec deux rieslings allemands, Oestricher Lenchen Riesling Auslese Weingut Norbert Eser 1971 et Wehlener Sonnenuhr Riesling Auslese Joh. Jos. Prum 1983, que nous buvons pour nous donner des forces. Ces vins sont brillants, joyeux, et nous mettent d’humeur enjouée. Plus tard, d’autres amis viennent partager ces deux vins et parfois aider aux ouvertures, mais l’opération est déjà presque terminée.

L’apéritif debout se prend avec le Champagne Le Brun de Neuville Chardonnay brut qui est le champagne de la famille d’un des académiciens les plus assidus. Il est simple, mais se boit avec une grande spontanéité. Le Champagne Janisson Baradon & Fils brut est beaucoup trop simple et sans vibration aussi nous le laissons de côté.

Etant du groupe 1, je décrirai ces vins que nous buvons maintenant à table. Le Champagne François Giraux brut élaboré par P et C Heidsieck années 2000 est une belle surprise. Il est agréable, se boit bien et avec des coques, il est généreux et de bon plaisir. Le Mesnil Nature Blanc de blancs Vin originaire de la Champagne pourrait être des années 70, voire 60. Il est beaucoup trop fatigué pour qu’on trouve du plaisir, malgré un goût intéressant que l’on devine.

Le Champagne blanc de blancs sélection Cuis de Pierre Gimonet des années 70 est un champagne déjà évolué mais sympathique. Il a des fruits confits et des fruits bruns et se boit aimablement. Le Champagne Chanoine Frères à Ludes Grande année 1969 est original et agréable, mais il manque un peu de profondeur.

Le Champagne Charles Heidsieck 1949 est d’une année exceptionnelle et l’on ressent tout ce qu’il pourrait dire. Mais hélas il ne délivre qu’un message limité par la fatigue. Ce vin complexe est intéressant mais limité ce qui est frustrant.

Le Pavillon Blanc de Château Margaux 1981 est glorieux, joyeux et puissant. C’est un vrai vin jeune en pleine possession de ses moyens, avec un nez tonitruant. Il est conquérant et convaincant.

Le Vin de l’Etoile Coopérative Vinicole de l’Etoile 1979 est un vin que j’adore. Il est déroutant, profond, coloré. C’est un bonheur lié à sa typicité et son étrangeté.

Le Château La Mission Haut-Brion magnum 1972 (commun aux deux groupes) me déçoit à la première approche et mes amis autour de moi ne comprennent pas ma sévérité. Progressivement il s’assemble et ressemble à ce que La Mission Jaut-Brion peut être, même s’il est discret.

Le Château Lafite-Rothschild 1970 a la beauté racée d’un Lafite, et sa discrétion ne limite pas sa noblesse. C’est un grand vin.

On ne dira jamais assez à quel point 1962 est au dessus de tout ce qui a été écrit. Car le Château Brane Cantenac 1962 est tout simplement superbe de sérénité. C’est un très beau vin de plaisir.

Le Château Croizet-Bages 1957 est une belle surprise, car on n’attendrait pas ce gouleyant d’un vin de ce millésime. Il est très agréable.

Le Château Meyney 1914 est « la » merveille qui justifie à elle seule tous les objectifs de l’académie. Toute la table est subjuguée par ce vin incroyable. C’est le septième ciel. Le fruit rouge et rose, framboise et cassis est incroyablement présent. Il est grandiose. J’avais apporté cette bouteille pour montrer que l’académie doit mettre en valeur ces vins qui méritent d’être bus avant qu’il ne soit trop tard et ne justifient pas le scepticisme absurde trop généralement répandu.

Le Chassagne-Montrachet rouge 1er Cru Boudriottes domaine Ramonet 1978 est un jeune bourgogne très sympathique, qui a de belles subtilités de fruits rouges.

Le Clos Vougeot Armand Naulot 1937 que j’ai apporté avec la même intention de découverte est un magnifique vin accompli. Il a un équilibre parfait de « vrai » bourgogne et ne souffre d’aucun signe de fatigue. Un très grand vin.

Le Châteauneuf-du-Pape Domaine de Mont-Redon 1961 est une merveille. C’est le Châteauneuf accompli, serein. C’est un exemple.

L’Hermitage Rochefine Jaboulet Vercherre 1955 est très beau, vivant, très Rhône.

Le Gewürztraminer Vendanges Tardives Domaine Weinbach Colette Faller 1976 est gourmand et aussi accompli que l’était le Pavillon Blanc de Château Margaux. Un Alsace d’une élégance rare et d’un fruit plein.

Le Sauternes Soleil de France années 1930 ou peut-être plus jeune est fatigué et sans vrai message.

La cuisine intelligente dans sa simplicité a permis, par la multiplicité de plats de la mer de nous restaurer agréablement. Les plats raffinés nous ont plu.

A l’académie des vins anciens, il est normal que cohabitent des vins fatigués et des vins brillants. Nous avons eu la chance de profiter de vins exceptionnels, dont les meilleurs se suivaient à la fin du repas.

Mon classement est : 1 – Château Meyney 1914, 2 – Clos Vougeot Armand Naulot 1937, 3 – Châteauneuf-du-Pape Domaine de Mont-Redon 1961, 4 – Gewürztraminer Vendanges Tardives Domaine Weinbach Colette Faller 1976, 5 – Hermitage Rochefine Jaboulet Vercherre 1955, 6 – Château Brane Cantenac 1962, 7 – Pavillon Blanc de Château Margaux 1981, 8 – Vin de l’Etoile Coopérative Vinicole de l’Etoile 1979, 9 – Château Lafite-Rothschild 1970.

L’académie des vins anciens a atteint son objectif : faire sortir des caves des vins anciens et les partager entre amateurs motivés.

Superge repas bien dosé