un Chypre 1845 cassé avant le 150ème dîner ! jeudi, 17 novembre 2011

Il y a des jours où tout semble partir du mauvais pied. Une balance qui vous annonce un poids que l’on aimerait ne pas voir, la douche trop chaude ou trop froide, et mille petits signes qui montrent que la journée s’annonce mal. Il faudrait que le sort change de cap, car aujourd’hui, c’est le jour du 150ème dîner de wine-dinners. Vers 10 heures, un appel téléphonique. La responsable du château de Saran m’annonce que les sommeliers qui, selon mes instructions, devaient redresser les bouteilles du dîner, que j’avais apportées il y a un mois, viennent de casser la bouteille de vin de Chypre 1845. Une telle bouteille est normalement suffisamment solide pour supporter les aléas de la manipulation et mes bouteilles étaient rangées avec minutie dans la caisse. Il faudra que j’inspecte ce qui s’est passé.

Je regrette la perte de cette bouteille, car à force d’en boire, il ne m’en reste presque plus. Et je suis triste pour mes amis. Moët & Chandon va ajouter au programme une belle bouteille, mais ma tristesse est extrême. Voilà une bouteille qui n’aura pas connu son couronnement.

Maintenant, je rase les murs, je courbe le dos, en espérant qu’aucune autre catastrophe ne se produira.

dégustation de vins de Madère mercredi, 16 novembre 2011

La chambre de Commerce Franco-Portugaise organise à l’hôtel Crillon une dégustation de vins de Madère. Ces vins de tous âges et de plusieurs cépages combinent une superbe acidité et des arômes tertiaires, de noix, de champignons et de truffe blanche. Formidablement gastronomiques, ils devraient figurer beaucoup plus souvent sur nos tables, car ils sont riches d’émotion Avec Antoine Pétrus, sommelier de Lasserre, nous nous disions que l’un d’entre eux serait redoutable sur un risotto à la truffe blanche. Il faut vite en faire l’essai !

Un Pereira d’Oliveira Malvazia 1907 est d’une rare pertinence et d’un charme exquis, mais j’ai préféré le Pereira d’Oliveira Boal 1922.

visite impromptue au restaurant de Michel Rostang mercredi, 16 novembre 2011

Je quitte ma fille pour aller rencontrer Michel Rostang dans son restaurant, pour la mise au point d’un prochain dîner. Nous devisons et je sors de ma musette le reste du Henri Bonneau Réserve des Célestins 2001 pour trinquer avec Michel et avec son fidèle sommelier Alain. Nous sommes conquis par le côté soyeux de ce vin élégant qui rappelle parfois de grands vins de Bourgogne. Ce vin d’Henri Bonneau m’a donné un plaisir rare.

déjeuner à la Maison de l’Aubrac mercredi, 16 novembre 2011

J’invite ma fille à déjeuner. Ses bureaux sont proches des Champs-Elysées. Comme elle et moi nous faisons régime – enfin, nous essayons – l’ordre du jour est à une salade verte à l’eau. Mais un des associés du cabinet de ma fille lance : « pourquoi n’allez-vous pas à la Maison de l’Aubrac ? » Perfide, non ? Ma fille prend un carpaccio de bœuf, ce qui est politiquement correct, alors que je prends une entrecôte à maturation longue, de cinq semaines, avec son aligot. Politiquement incorrect. Je déniche dans la carte des vins un Chateauneuf-du-Pape Henri Bonneau Réserve des Célestins 2001 et le plan « eau » est touché-coulé. On nous offre une coupe de champagne Louis Roederer qui a le charme de la générosité ainsi qu’une entrée faite de foie gras épicé délicieux et d’un toast au tartare goûteux. Mon régime pourrait écrire « Bonjour Tristesse ».

La viande est absolument superbe, goûteuse à souhait et l’aligot est redoutable dans sa simplicité. Le vin nous transporte d’aise. La délicatesse, l’élégance, la finesse d’exécution de ce vin sont une leçon de choses. Au moment où je le bois, je me dis que rarement je n’ai bu un Chateauneuf-du-Pape aussi émouvant. Chaque gorgée est comme un madrigal amoureux. La justesse de jeu de ce vin est unique. Je suis conquis. Il y a peu de vins de ce millésime qui pourraient dégager une telle vibration.

dégustation à l’aveugle mardi, 15 novembre 2011

Le fait de déguster à l’aveugle ou à étiquette découverte est un éternel débat entre dégustateurs.

La très sérieuse association Musique et Vin (contact@musique-et-vin.fr) propose de découvrir à l’aveugle des musiques et des vins.

vdf

En envoyant l’annonce de la réunion du 15/12 avec une telle affichette, il est sûr que beaucoup deviendront adeptes de la dégustation à l’aveugle !!! Il y aura probablement des vins qui sentiront le cuir de Russie, avec des notes animales et une grâce féline.

Ces soirées musique et vin ont des budgets très accessibles et sont très intéressantes. Contactez-les.

prix Edmond de Rothschild – prix Nadine de Rothschild lundi, 14 novembre 2011

Chaque année la baronne Nadine de Rothschild remet le prix Edmond de Rothschild à l’auteur d’un ouvrage de l’année, en langue française et consacré au vin. Dans le jury, essentiellement composé de journalistes ou d’écrivains du vin, j’ai l’honneur d’être admis. La baronne a depuis trois ans ajouté son prix personnel, un coup de cœur, qui consacre un autre ouvrage. Nous avons délibéré il y a quinze jours après avoir lu ou parcouru les livres candidats et ce soir, c’est la remise des prix. Nous sommes reçus dans les salons de réception de la banque Rothschild.

Nicolas de Rabaudy fait un discours élégant dont il est coutumier, éloge à Edmond de Rothschild mais soulignant la volonté de son épouse qui est la véritable inspiratrice de ces deux prix. Nadine de Rothschild situe son action dans la droite ligne des stratégies de son vénéré défunt mari et caractérise avec beaucoup d’humour incisif les raisons des choix du jury pour deux livres.

Jacques Dupont reçoit le prix Edmond de Rothschild pour son livre « LE guide des vins de Bordeaux », et Jean-Marc Quarin reçoit le prix coup de cœur Nadine de Rothschild pour « le guide Quarin des vins de Bordeaux ». Les deux lauréats remercient la baronne et commentent leur travail. Le cocktail qui suit permet de deviser aimablement avec les invités de tous horizons.

On ne commente pas les votes une fois que le jury a tranché, mais j’ai aimé le guide Dupont pour la somme de travail et la belle brochette d’années analysées. J’ai aimé le guide Quarin pour les mêmes raisons. La valeur ajoutée de Quarin avec un essai de prospective sur les améliorations vécues dans les châteaux au fil du temps m’a particulièrement intéressé. Avec ces deux guides il y a une photographie des vins de Bordeaux d’une acuité certaine.

Nadine de Rothschild veut encourager l’excellence. On ne peut que la féliciter.

trop parler nuit ? lundi, 14 novembre 2011

Ce soir, Jacques Dupont va recevoir le prix Edmond de Rothschild pour son : « LE guide des vins de Bordeaux ».

Ce prix sera remis par la baronne de Rothschild.

Voici ce qui est écrit sur Clarke

et voici la phrase (un peu hors sujet) qui semblait supplier de ne pas lui donner le prix :

eh bien, c’est raté !

un chat au Bristol lundi, 14 novembre 2011

Un chat a pris la direction du Bristol, et j’ai bien l’impression que nul ne s’aviserait de le déranger. Lorsqu’on s’approche, on voit que le chat semble relié à un cable électrique d’où il tirerait son énergie poue somnoler. En fait, on voit bien qu’il joue au chat et à la souris !

plus près

qui protège qui ? Le chat ou la souris ?

Dîner à l’Agapé Substance dimanche, 13 novembre 2011

Jean-Philippe m’envoie un texto : « table réservée pour quatre à Agapé Substance. Est-ce que tu viens ? ». J’avais été conquis par la cuisine de David Toutain et sur des forums, j’avais pu constater que ce restaurant ne faisait pas l’unanimité. Je n’avais qu’une envie, c’est de retourner pour vérifier si ma première impression était la bonne. Un deuxième texto me dit : « nous pouvons apporter nos vins ». Je descends dans la cave de mon domicile et mon œil est attiré par un Nuits Saint-Georges Bouchard Père & Fils 1961. Son niveau et sa couleur sont engageants. Ma main se porte ensuite sur un Chambolle-Musigny Louis Grivot 1947 mais hélas le bouchon est tombé dans le liquide. Mort pour mort, autant le vérifier ce soir. Pour que mon apport soit de deux vins, je prends un Château Ausone 1979 dont je me souviens que nous l’avions aimé à Casadelmar.

A 19 heures, je me présente au restaurant Agapé Substance où toute l’équipe travaille à préparer le dîner. Guillaume, le sommelier ami de Tomo me prépare l’endroit où j’ouvre mes vins. Le Nuits-Saint-Georges a une odeur prometteuse. L’Ausone sera superbe et à ma grande surprise, le Chambolle-Musigny a une odeur très pure, où rien ne permet de penser que le bouchon ou la capsule aurait rendu le vin impropre à être consommé. La question se pose de carafer, mais le parfum du vin étant sympathique, la solution choisie est de reboucher avec un bouchon neutre pour ne pas créer une évolution trop rapide du vin.

Ayant terminé assez vite, Guillaume me suggère d’aller à la « Compagnie des Vins Surnaturels« , (voir sujet sur ce bar à vins).

Jean-Philippe est arrivé à l’Agapé Substance et deux autres amis arrivent peu après. A la longue table unique – à l’exception de quelques petites tables pour deux – un couple qui avait réservé s’attable cinq minutes puis s’en va. Deux places étant libérées, j’appelle Tomo pour qu’il nous rejoigne avec son épouse. Il arrive, seul, très peu de temps après.

Le menu préparé par David Toutain, dont les intitulés ont été écrits par l’un des amis est : pastèque en gelée / berce : gelée de berce au yuzu, mousse et toast / tourteau et consommé / topinambour crevette et condiment pamplemousse / topinambour, chips vapeur, purée, râpé de chou-fleur, noisette et échalotes de champagne / onsen tamago (œuf poché) oseille sauvage / cèpes persil parmesan et éclats de noisette / cèpes crus, purée de panais, chips châtaigne, purée échalotes / foie gras, gnocchi, pommes de terre, consommée de peau de pomme de terre / panais chocolat blanc, crème de lait / risotto de céleri et châtaigne / oursin courge et mélisse / truite de banka (sur l’Adour) avocat, radis, red meat / langoustine et chocolat blanc réduction de citron vert et citronnelle / chou romanesco caramélisé, curry de Madras langoustine / encornet chorizo et salsifis / carottes jaune sésame galanga (gingembre thaï) / champignons pieds bleus, girolles, benoîte urbaine, crumble noisette / ormeaux, tomate, caviar végétal / ris de veau réglisse salsifis / pattes de perdreaux, sauce au foie gras, chapelure de noisette / perdreau, orgeat, hibiscus, betterave, potiron, farine de sarrasin / riz pour saké, peanut, grapefruit / chocolat gâteau, crème gelée, crème pralin, feuille de chocolat croustillante.

Disons-le tout de suite, ces vingt-trois plats (environ) sont un pur enchantement. La créativité de David Toutain est extrême. Les plats sont cohérents, goûteux, et font voyager dans des saveurs intelligentes. Mon enthousiasme de la première visite ici n’a pas faibli, au contraire, il s’est renforcé. Certains plats sont des merveilles. L’œuf poché, l’oursin, la langoustine, le foie gras, l’ormeau et le perdreau sont de très grands plats, les vainqueurs étant pour moi le foie gras et l’œuf. Ce chef a un talent immense.

L’autre bonne nouvelle, c’est que l’endroit m’a moins gêné, et les tabourets se supportent bien. Cette forme de gastronomie me plait beaucoup. Ce voyage dans des saveurs me plait, et la proximité avec le déjeuner au restaurant Guy Savoy me montre que j’aime autant ces deux formes de repas et ces deux gastronomies.

Nous avons commencé par un Champagne Drappier Brut nature, pinot noir zéro dosage dégorgé en 2011. Le champagne est très plaisant, même sans dosage, et semble très pur. Mais il manque un peu de sentiment et sert de faire-valoir au Champagne Krug 1998 très riche, follement complexe, mais encore beaucoup trop jeune.

Nous buvons ensuite un Meursault-Perrières Domaine des Comtes Lafon 1996. C’est un superbe blanc sans histoire, de grande complexité et de belle mâche. Sa longueur est une composante du plaisir qu’il procure.

Comme il n’est pas encore temps de passer aux rouges, nous commandons un Champagne Billecart -Salmon Cuvée François Billecart 1998. Ce champagne est très plaisant et s’accorde très bien aux délicieux plats qui retiennent toute mon attention. J’aime beaucoup la facilité avec laquelle il se boit.

Le Nuits Saint-Georges Bouchard Père & Fils 1961 n’est pas un vin très complexe, mais il profite à fond de l’année 1961 qui lui donne équilibre, richesse et profondeur. Il évoque la truffe noire tout en restant élégant. Il se marie avec beaucoup de plats de façon très convaincante.

Le Château Ausone 1979 est un beau saint-émilion qui semble d’une année meilleure que 1979, car il a une richesse et une présence supérieures à l’image de cette année. Il donne l’impression de ne pas avoir d’âge. On est loin des Ausone de la période moderne du 21ème siècle.

Oserais-je le confesser, j’ai presque une larme à l’œil en goûtant le Chambolle-Musigny Louis Grivot 1947. Je me bats pour que les vins soient bus avant que la mort ne les décime, et ce vin au bouchon tombé avait tout pour être mauvais. Or je ne lui trouve aucun défaut, ce qui est presque incroyable, car évidemment, je ne sais pas quand le bouchon est sorti de sa position. Alors, ce petit miracle me remplit d’émotion. Le vin est vivant, subtil, délicat, plein de la grâce que lui confère le millésime mythique. Je suis heureux comme un bénévole qui sauve quelqu’un de la noyade. Ce qui décuple mon plaisir de le boire ce beau Chambolle auquel je pardonne les éventuels défauts. Mais il n’en a pas.

Nous finissons notre périple qui nous a conduits au-delà d’une heure du matin avec le Champagne Roses de Jeanne Cédric Bouchard 2006, pinot noir dégorgé en 2010 apporté par Tomo. Il est délicat, colle bien aux desserts, mais j’avoue volontiers que mes capacités analytiques sont bien émoussées.

Cette table est une des plus originales de Paris.

Les vins

ça chauffe en cuisine !

les plats

les bouteilles, sauf le dernier champagne