dégustation à l’aveugle mardi, 15 novembre 2011

Le fait de déguster à l’aveugle ou à étiquette découverte est un éternel débat entre dégustateurs.

La très sérieuse association Musique et Vin (contact@musique-et-vin.fr) propose de découvrir à l’aveugle des musiques et des vins.

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En envoyant l’annonce de la réunion du 15/12 avec une telle affichette, il est sûr que beaucoup deviendront adeptes de la dégustation à l’aveugle !!! Il y aura probablement des vins qui sentiront le cuir de Russie, avec des notes animales et une grâce féline.

Ces soirées musique et vin ont des budgets très accessibles et sont très intéressantes. Contactez-les.

prix Edmond de Rothschild – prix Nadine de Rothschild lundi, 14 novembre 2011

Chaque année la baronne Nadine de Rothschild remet le prix Edmond de Rothschild à l’auteur d’un ouvrage de l’année, en langue française et consacré au vin. Dans le jury, essentiellement composé de journalistes ou d’écrivains du vin, j’ai l’honneur d’être admis. La baronne a depuis trois ans ajouté son prix personnel, un coup de cœur, qui consacre un autre ouvrage. Nous avons délibéré il y a quinze jours après avoir lu ou parcouru les livres candidats et ce soir, c’est la remise des prix. Nous sommes reçus dans les salons de réception de la banque Rothschild.

Nicolas de Rabaudy fait un discours élégant dont il est coutumier, éloge à Edmond de Rothschild mais soulignant la volonté de son épouse qui est la véritable inspiratrice de ces deux prix. Nadine de Rothschild situe son action dans la droite ligne des stratégies de son vénéré défunt mari et caractérise avec beaucoup d’humour incisif les raisons des choix du jury pour deux livres.

Jacques Dupont reçoit le prix Edmond de Rothschild pour son livre « LE guide des vins de Bordeaux », et Jean-Marc Quarin reçoit le prix coup de cœur Nadine de Rothschild pour « le guide Quarin des vins de Bordeaux ». Les deux lauréats remercient la baronne et commentent leur travail. Le cocktail qui suit permet de deviser aimablement avec les invités de tous horizons.

On ne commente pas les votes une fois que le jury a tranché, mais j’ai aimé le guide Dupont pour la somme de travail et la belle brochette d’années analysées. J’ai aimé le guide Quarin pour les mêmes raisons. La valeur ajoutée de Quarin avec un essai de prospective sur les améliorations vécues dans les châteaux au fil du temps m’a particulièrement intéressé. Avec ces deux guides il y a une photographie des vins de Bordeaux d’une acuité certaine.

Nadine de Rothschild veut encourager l’excellence. On ne peut que la féliciter.

trop parler nuit ? lundi, 14 novembre 2011

Ce soir, Jacques Dupont va recevoir le prix Edmond de Rothschild pour son : « LE guide des vins de Bordeaux ».

Ce prix sera remis par la baronne de Rothschild.

Voici ce qui est écrit sur Clarke

et voici la phrase (un peu hors sujet) qui semblait supplier de ne pas lui donner le prix :

eh bien, c’est raté !

un chat au Bristol lundi, 14 novembre 2011

Un chat a pris la direction du Bristol, et j’ai bien l’impression que nul ne s’aviserait de le déranger. Lorsqu’on s’approche, on voit que le chat semble relié à un cable électrique d’où il tirerait son énergie poue somnoler. En fait, on voit bien qu’il joue au chat et à la souris !

plus près

qui protège qui ? Le chat ou la souris ?

Dîner à l’Agapé Substance dimanche, 13 novembre 2011

Jean-Philippe m’envoie un texto : « table réservée pour quatre à Agapé Substance. Est-ce que tu viens ? ». J’avais été conquis par la cuisine de David Toutain et sur des forums, j’avais pu constater que ce restaurant ne faisait pas l’unanimité. Je n’avais qu’une envie, c’est de retourner pour vérifier si ma première impression était la bonne. Un deuxième texto me dit : « nous pouvons apporter nos vins ». Je descends dans la cave de mon domicile et mon œil est attiré par un Nuits Saint-Georges Bouchard Père & Fils 1961. Son niveau et sa couleur sont engageants. Ma main se porte ensuite sur un Chambolle-Musigny Louis Grivot 1947 mais hélas le bouchon est tombé dans le liquide. Mort pour mort, autant le vérifier ce soir. Pour que mon apport soit de deux vins, je prends un Château Ausone 1979 dont je me souviens que nous l’avions aimé à Casadelmar.

A 19 heures, je me présente au restaurant Agapé Substance où toute l’équipe travaille à préparer le dîner. Guillaume, le sommelier ami de Tomo me prépare l’endroit où j’ouvre mes vins. Le Nuits-Saint-Georges a une odeur prometteuse. L’Ausone sera superbe et à ma grande surprise, le Chambolle-Musigny a une odeur très pure, où rien ne permet de penser que le bouchon ou la capsule aurait rendu le vin impropre à être consommé. La question se pose de carafer, mais le parfum du vin étant sympathique, la solution choisie est de reboucher avec un bouchon neutre pour ne pas créer une évolution trop rapide du vin.

Ayant terminé assez vite, Guillaume me suggère d’aller à la « Compagnie des Vins Surnaturels« , (voir sujet sur ce bar à vins).

Jean-Philippe est arrivé à l’Agapé Substance et deux autres amis arrivent peu après. A la longue table unique – à l’exception de quelques petites tables pour deux – un couple qui avait réservé s’attable cinq minutes puis s’en va. Deux places étant libérées, j’appelle Tomo pour qu’il nous rejoigne avec son épouse. Il arrive, seul, très peu de temps après.

Le menu préparé par David Toutain, dont les intitulés ont été écrits par l’un des amis est : pastèque en gelée / berce : gelée de berce au yuzu, mousse et toast / tourteau et consommé / topinambour crevette et condiment pamplemousse / topinambour, chips vapeur, purée, râpé de chou-fleur, noisette et échalotes de champagne / onsen tamago (œuf poché) oseille sauvage / cèpes persil parmesan et éclats de noisette / cèpes crus, purée de panais, chips châtaigne, purée échalotes / foie gras, gnocchi, pommes de terre, consommée de peau de pomme de terre / panais chocolat blanc, crème de lait / risotto de céleri et châtaigne / oursin courge et mélisse / truite de banka (sur l’Adour) avocat, radis, red meat / langoustine et chocolat blanc réduction de citron vert et citronnelle / chou romanesco caramélisé, curry de Madras langoustine / encornet chorizo et salsifis / carottes jaune sésame galanga (gingembre thaï) / champignons pieds bleus, girolles, benoîte urbaine, crumble noisette / ormeaux, tomate, caviar végétal / ris de veau réglisse salsifis / pattes de perdreaux, sauce au foie gras, chapelure de noisette / perdreau, orgeat, hibiscus, betterave, potiron, farine de sarrasin / riz pour saké, peanut, grapefruit / chocolat gâteau, crème gelée, crème pralin, feuille de chocolat croustillante.

Disons-le tout de suite, ces vingt-trois plats (environ) sont un pur enchantement. La créativité de David Toutain est extrême. Les plats sont cohérents, goûteux, et font voyager dans des saveurs intelligentes. Mon enthousiasme de la première visite ici n’a pas faibli, au contraire, il s’est renforcé. Certains plats sont des merveilles. L’œuf poché, l’oursin, la langoustine, le foie gras, l’ormeau et le perdreau sont de très grands plats, les vainqueurs étant pour moi le foie gras et l’œuf. Ce chef a un talent immense.

L’autre bonne nouvelle, c’est que l’endroit m’a moins gêné, et les tabourets se supportent bien. Cette forme de gastronomie me plait beaucoup. Ce voyage dans des saveurs me plait, et la proximité avec le déjeuner au restaurant Guy Savoy me montre que j’aime autant ces deux formes de repas et ces deux gastronomies.

Nous avons commencé par un Champagne Drappier Brut nature, pinot noir zéro dosage dégorgé en 2011. Le champagne est très plaisant, même sans dosage, et semble très pur. Mais il manque un peu de sentiment et sert de faire-valoir au Champagne Krug 1998 très riche, follement complexe, mais encore beaucoup trop jeune.

Nous buvons ensuite un Meursault-Perrières Domaine des Comtes Lafon 1996. C’est un superbe blanc sans histoire, de grande complexité et de belle mâche. Sa longueur est une composante du plaisir qu’il procure.

Comme il n’est pas encore temps de passer aux rouges, nous commandons un Champagne Billecart -Salmon Cuvée François Billecart 1998. Ce champagne est très plaisant et s’accorde très bien aux délicieux plats qui retiennent toute mon attention. J’aime beaucoup la facilité avec laquelle il se boit.

Le Nuits Saint-Georges Bouchard Père & Fils 1961 n’est pas un vin très complexe, mais il profite à fond de l’année 1961 qui lui donne équilibre, richesse et profondeur. Il évoque la truffe noire tout en restant élégant. Il se marie avec beaucoup de plats de façon très convaincante.

Le Château Ausone 1979 est un beau saint-émilion qui semble d’une année meilleure que 1979, car il a une richesse et une présence supérieures à l’image de cette année. Il donne l’impression de ne pas avoir d’âge. On est loin des Ausone de la période moderne du 21ème siècle.

Oserais-je le confesser, j’ai presque une larme à l’œil en goûtant le Chambolle-Musigny Louis Grivot 1947. Je me bats pour que les vins soient bus avant que la mort ne les décime, et ce vin au bouchon tombé avait tout pour être mauvais. Or je ne lui trouve aucun défaut, ce qui est presque incroyable, car évidemment, je ne sais pas quand le bouchon est sorti de sa position. Alors, ce petit miracle me remplit d’émotion. Le vin est vivant, subtil, délicat, plein de la grâce que lui confère le millésime mythique. Je suis heureux comme un bénévole qui sauve quelqu’un de la noyade. Ce qui décuple mon plaisir de le boire ce beau Chambolle auquel je pardonne les éventuels défauts. Mais il n’en a pas.

Nous finissons notre périple qui nous a conduits au-delà d’une heure du matin avec le Champagne Roses de Jeanne Cédric Bouchard 2006, pinot noir dégorgé en 2010 apporté par Tomo. Il est délicat, colle bien aux desserts, mais j’avoue volontiers que mes capacités analytiques sont bien émoussées.

Cette table est une des plus originales de Paris.

Les vins

ça chauffe en cuisine !

les plats

les bouteilles, sauf le dernier champagne

Compagnie des Vins Surnaturels, bar à vins dimanche, 13 novembre 2011

Ayant terminé assez vite d’ouvrir les vins d’un dîner à l’Agapé Substance, Guillaume me suggère d’aller à la « Compagnie des Vins Surnaturels« , un bar à vins situé 7 rue Lobineau dans le 6ème arrondissement. Ce bar a été ouvert il y a deux mois et propose des vins au verre ou en bouteilles avec certains prix qui sont de belles affaires.

Il y a des coefficients inférieurs à deux, et quelques prix très proches de ceux que je peux obtenir.

Je m’assieds au comptoir et commande un verre de Gaia Sperss 1999. Ce vin, un nebbiolo, est un des Barbarescos les plus prisés d’Italie. Pour l’accompagner, je grignote une assiette de jambon à la truffe fort sympathique.

C’est un endroit où revenir pour faire de bonnes pioches et grignoter des snacks goûteux.

déjeuner au restaurant Guy Savoy dimanche, 13 novembre 2011

Aller déjeuner au restaurant Guy Savoy, c’est toujours un plaisir. L’accueil est souriant, motivé, concerné. J’ai le temps de jeter un œil sur la carte des vins avant que mon ami conscrit n’arrive. Nous buvons un Champagne Philipponnat Clos des Goisses 2000 extrêmement vineux, riche, plein, d’une forte personnalité. Arrivé légèrement trop chaud, il trouve sa vraie vigueur quand il est frappé.

Notre menu commun est : la mer en « bouillon-gelée » / pintade pochée entière, riz Basmati, sauce Albufera. Mais des oreilles attentives ayant peut-être intercepté les hésitations du choix de l’entrée, nous aurons la chance d’avoir une petite entrée supplémentaire, la légendaire soupe d’artichaut à la truffe et sa brioche feuilletée, plat que j’adore car son dosage est exceptionnel.

Sylvain, le sommelier avec lequel j’ai géré plusieurs dîners de wine-dinners me conseille un vin blanc qu’il trouve brillant : un Puligny-Montrachet Le Cailleret Jacques Arbon 2002. Ce vin est élaboré par la famille de Montille et Sylvain a bien raison : ce Puligny joue dans la cour des grands. Le nez est d’une rare élégance. Ce vin est très féminin, tout en grâce. Sa complexité est extrême. C’est un vin plaisant avec une belle acidité citronnée, à la belle longueur élégante, et qui boxe à un niveau qui dépasse celui des Puligny. C’est sa complexité qui me conquiert. Sur la pintade d’une tendreté invraisemblable, le blanc crée un bel accord. Mais l’accord est encore plus beau avec le Clos des Goisses, car le champagne ne prend pas le dessus, alors que le blanc est trop dominateur dans l’accord.

Avec un mâle courage j’avais annoncé au truculent maître d’hôtel au délicieux accent germanique que je ne prendrais pas de dessert. Mais lorsqu’à la table voisine on sert un millefeuille, je succombe avec un millefeuille « minute » à la gousse de vanille. On se sent bien dans ce restaurant au service enjoué et à la cuisine talentueuse et rassurante.

Jury du prix Edmond de Rothschild samedi, 12 novembre 2011

Le 26 octobre, le jury s’était réuni pour une confrontation de nos votes. Après avoir délibéré, nous avons décidé de l’attribution du prix « Edmond » et du prix « Nadine » de Rothschild.

La remise des prix sera faite le 14 novembre.

Ce matin, par hasard, je feuillette Le Point du 3 novembre.

Quelle n’est pas ma surprise de voir ceci :

A quoi sert la remise des prix si on a vendu la mèche ? Où est le suspense ?

Je ne féliciterai le récipiendaire que lorsque la remise des prix aura eu lieu. Il mérite d’être félicité pour son magnifique travail. Mais en son temps !

Récolter trop tôt, ce n’est pas une bonne vendange.

oh temps, suspends ton vol vendredi, 11 novembre 2011

Il fallait être ponctuel pour surprendre le 11h11mn11sec du 11/11/11.

C’est fait :

cette montre m’a été offerte par mon défunt beau-père il y a plus de 20 ans. Elle est reliée à un satellite et donne donc l’heure la plus précise qui soit.

Je n’ai changé la pile de cette montre qu’une fois en vingt ans et l’heure s’est toujours ajustée, été comme hiver.

J’ai voulu immortaliser la seconde précise du cataclysme intergalactique annoncé. Raté, pas pour la photo, mais pour le cataclysme.

le lot de six Moët 1911 a été vendu ! jeudi, 10 novembre 2011

Une semaine après le dîner dont la vedette était Moët 1911, la vente a lieu sous la conduite d’Artcurial. Elle est grosse de près de 1400 lots sur deux jours. Le fameux lot de six bouteilles de Moët 1911 est le lot 1076. J’avais confié des ordres pour le premier jour dont aucun n’a atteint sa cible, ce qui prouve que les enchères étaient chaudes. Le prix que j’avais offert pour des Chambertins 1919 a été multiplié par deux et celui pour une Chartreuse du 19ème siècle multiplié par quatre. Cela promet des ambiances animées pour le deuxième jour.

Je me rends en salle, et ce qui devait arriver arrive : dans l’atmosphère d’une vente, j’enchéris. Mon compteur se met à tourner. Les achats servent aussi à calmer ma fébrilité car le lot 1076 approche. J’avais donné rendez-vous à un journaliste en salle, car il voulait faire un sujet sur les faux qui polluent le monde du vin. La vente du lot sera filmée.

Jusqu’à présent, les batailles sur les lots se passaient entre la salle et des enchérisseurs invisibles, présents au téléphone ou sur internet et relayés par des agents d’Artcurial. Difficile de sentir la concurrence. Le lot vedette démarre à 80% de l’estimation. Je suis en bagarre avec un téléphone qui abandonne assez vite. La bataille se poursuit dans la salle. Etant au premier rang, je veux me retourner pour voir contre qui je me bats, mais le commissaire priseur me fait remarquer d’un ton qui ne souffre pas la contradiction que mon adversaire préfère ne pas être vu. Je ne peux sentir sa résistance. On dépasse rapidement la limite que je m’étais fixée, et le cœur se met à battre plus vite.

A chacun de mes paliers, mon invisible concurrent relance sans prendre de temps, alors que j’hésite à suivre chaque nouvelle attaque. Le commissaire priseur, car c’est son rôle, me pousse à devenir fou. On arrive au double de l’estimation et je suis relancé. Je sens que mon adversaire ne cédera pas. Je tente un dernier coup de poker et la réponse est si rapide que je cède. J’abandonne à près du double de la limite que je m’étais fixée. C’est la deuxième fois que je cède sur des enchères lourdes, après celle d’un vin jaune de 1774 lors de la percée du vin jaune. J’ai perdu et bien évidemment c’est un moment de tristesse.

Je me retourne et qui vois-je ! C’est un ami russe qui était venu plusieurs fois à l’académie des vins anciens qui vient d’emporter le lot. Je lui souris, je l’embrasse comme j’avais embrassé mon ami suisse qui avait pris le vin jaune de 1774. Encore une fois je suis heureux, car celui qui a gagné sur moi est un grand amateur de vins. Les bouteilles seront bues et bien bues.

Ma tristesse est atténuée par le fait qu’étant seul en lice contre cet ami, j’ai fait monter les enchères ce qui fera un heureux, l’institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), à qui reviendra le produit de la vente.

Le journaliste m’attend pour traiter son sujet, mais je prends le temps de trinquer avec le vainqueur. De longues embrassades ponctuent cette période qui suit de folles batailles, quand la pression et l’excitation ne sont pas encore retombées.

Je suis allé prendre mes lots au magasin d’Artcurial, filmé et questionné par le journaliste. Puis je suis revenu trinquer avec mon ami russe, avec qui nous avons imaginé de folles dégustations à venir.

Cela fait deux fois que je suis le Poulidor de belles ventes. Il va falloir changer de braquet !