les Salon que j’ai bus mardi, 6 septembre 2011

J’ai un amour particulier pour ce champagne. Il se trouve que j’ai un moyen de retrouver tous mes comptes-rendus. Voici ce que j’ai bu de Salon, par année, avec indication entre parenthèses du n° du bulletin qui en parle. Or sur ce blog il y a une catégorie « bulletins » où ils sont tous accessibles par leur n°.

1959 – 1959 (169) – 1959 (317) – 1961 (408) – 1966 (94) – 1969 (203) – 1969 (213) – 1971 (374) – 1971 (429) – 1976 (87) – 1976 (197) – 1976 (268) – 1976 (274) – 1976 (443) – 1979 (94) – 1979 (257) – 1979 (415) – 1982 (94) – 1982 (119) – 1982 (125) – 1982 (127) – 1982 (168) – 1982 (214) – 1982 (223) – 1982 (232) – 1982 (305) – 1982 (379) – 1982 (384) – 1982 (447) – 1983 (12) – 1983 (44) – 1983 (112) – 1983 (119) – 1983 (155) – 1983 (172) – 1983 (190) – 1983 (338) – 1983 (363) – 1983 (388) – 1985 (2) – 1985 (15) – 1985 (24) – 1985 (61) – 1985 (67) – 1985 (70) – 1985 (94) – 1985 (101) – 1985 (134) – 1985 (150) – 1985 (165) – 1985 (165) – 1985 (191) – 1985 (332) – 1985 (332) – 1985 (359) – 1985 (428) – 1988 (70) – 1988 (86) – 1988 (89) – 1988 (94) – 1988 (95) – 1988 (145) – 1988 (165) – 1988 (172) – 1988 (188) – 1988 (197) – 1988 (204) – 1988 (211) – 1988 (218) – 1988 (224) – 1988 (238) – 1988 (239) – 1988 (258) – 1988 (274) – 1988 (282) – 1988 (285) – 1988 (304) – 1988 (429) – 1988 (449) – 1990 (85) – 1990 (94) – 1990 (237) – 1990 (238) – 1990 (239) – 1990 (259) – 1990 (303) – 1995 (94) – 1995 (118) – 1995 (123) – 1995 (150) – 1995 (165) – 1995 (172) – 1995 (213) – 1995 (229) – 1995 (286) – 1995 (287) – 1995 (319) – 1995 (336) – 1995 (391) – 1995 (444) – 1996 (197) – 1996 (237) – 1996 (237) – 1996 (237) – 1996 (239) – 1996 (329) – 1996 (352) – 1996 (381) – 1996 (405) – 1996 (450) – 1997 (274) – 1997 (274) – 1997 (337) – 1997 (388) – 1997 (389) – 1997 (390) – 1997 (413) – 1997 (415) – 1997 (444) – 1997 (447) – 1997 (447) – 1997 (448) – 1997 (450) – 1999 (429)

On peut donc se reporter au bulletin de son choix si l’on veut savoir comment j’ai ressenti tel ou tel Salon.

les vins bus cet été – récapitulation jeudi, 1 septembre 2011

Je suis dans le sud depuis le 11 juin. Il est intéressant de voir tout ce que nous avons bu dans le sud sur cette période d’été qui finit.

Ce sont 104 vins qui ont été ouverts, dont 25 magnums et 79 bouteilles. Le champagne, car c’était ma volonté, est le grand gagnant, avec 44 flacons dont 23 magnums. Il est suivi de 36 vins rouges, 18 vins blancs, seulement 4 liquoreux, ce qui est logique du fait de la chaleur et 2 alcools.

Par région, on a 44 champagnes, 19 vins du Rhône, 14 bordeaux, 9 vins de Provence, 9 bourgognes, 6 vins étrangers, 1 vin du Sud-ouest et 2 alcools.

Voici les vins :

Champagnes :

Champagne Bollinger Grande Année 1990 – Champagne Bollinger Grande Année 1996 – Champagne Bollinger Spéciale Cuvée magnum sans année – Champagne Cristal Roederer rosé magnum 1999 – Champagne Dom Pérignon 1996 – Champagne Dom Pérignon magnum 1988 – Champagne Dom Pérignon magnum 1990 – Champagne Dom Pérignon magnum 1998 – Champagne Dom Ruinart 1990 – Champagne Dom Ruinart rosé 1988 – champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1996 – Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1990 – Champagne Henriot magnum 1996 – Champagne Henriot magnum 1996 – Champagne Henriot magnum 1996 – Champagne Henriot magnum 1996 – Champagne Henriot magnum 1996 – Champagne Henriot magnum 1996 – Champagne Henriot magnum 1996 – Champagne Krug Grande Cuvée – Champagne Krug Grande Cuvée sans année – Champagne Krug Grande Cuvée sans année – Champagne Krug Grande Cuvée ss A # 1985 – Champagne Laurent Perrier Cuvée Grand Siècle magnum sans année – Champagne Laurent Perrier Grand Siècle magnum sans année – Champagne Laurent Perrier Grand Siècle vers 1970 – Champagne Laurent-Perrier Cuvée Grand Siècle magnum ss A – Champagne Perrier Jouêt rosé 1966 – Champagne Perrier-Jouët rosé 1969 – Champagne Pierre Péters Cuvée Spéciale les Chétillons magnum 2002 – Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill 1996 – Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill 1996 – Champagne Roses de Jeanne, Pinot Blanc La Bolorée, Cédric Bouchard 2005 – Champagne Ruinart sans année – Champagne Salon 1982 – Champagne Salon 1997 – Champagne Salon 1997 – Champagne Salon magnum 1988 – Champagne Salon magnum 1995 – Champagne Salon magnum 1996 – Champagne Salon magnum 1997 – Champagne Salon magnum 1997 – Champagne Salon magnum 1997 – Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Brut 1979

Vins du Rhône

Condrieu Les Chaillées de l’Enfer Domaine Georges Vernay magnum 2000 – Hermitage Chave blanc 1983 – Hermitage Chave blanc 1989 – Château Rayas Chateauneuf-du-Pape 2000 – Château Rayas Chateauneuf-du-Pape rouge 1988 – Chateauneuf-du-Pape « Cuvée Reservée » Domaine du Pégaü 1981 – Chateauneuf-du-Pape « Reserve des Célestins » Henri Bonneau 1981 – Chateauneuf-du-Pape Château de Beaucastel Hommage à Jacques Perrin 1999 – Chateauneuf-du-Pape Château de Beaucastel Hommage à Jacques Perrin 2001 – Chateauneuf-du-Pape Domaine de Mont-Redon 1978 – Chateauneuf-du-Pape Les Olivets de Roger Sabon & Fils 1971 – Côte Rôtie La Landonne Guigal 1979 – Côte Rôtie La Landonne Guigal 2000 – Côte Rôtie La Landonne Guigal 2000 – Côte Rôtie La Mouline Guigal 1986 – Côte Rôtie La Mouline Guigal 1986 – Côte Rôtie La Mouline Guigal 1996 – Côte Rôtie La Mouline Guigal 2000 – Côte Rôtie La Turque Guigal 2000

Les bordeaux

Château Haut-Brion blanc 1960 – Château Haut-Brion blanc 1970 – Château Haut-Brion blanc 1985 – Château Laville Haut-Brion 1967 – Château Laville Haut-Brion 1980 – Château Laville Haut-Brion 1982 – Château Climens 1962 – Château d’Yquem 1998 – Château Gilette Crème de Tête 1953 – Château Figeac 2001 – Château Mouton Rothschild 1967 – Château Pavie 1960 – Château Trotanoy 2001 – Château Trotanoy Pomerol 1999

Les bourgognes

Chassagne-Montrachet les Chaumées Olivier Leflaive 2000 – Chevalier-Montrachet Bouchard Père & Fils 1998 – Meursault Charmes Domaine des Comtes Lafon 2002 – Puligny-Montrachet Louis Chevallier 1964 – Chambertin Clos de Bèze domaine Armand Rousseau 2002 – Chambertin F.Tortochot 1969 – Clos de la Roche domaine Dujac 1978 – Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques Domaine Armand Rousseau 2001 – Pommard Epenots domaine Parent magnum 1969

Les vins de Provence ou sud Rhône

L’Angueiroun Côtes de Provence rosé 2010 – Château de Pibarnon Bandol rouge 2005 – Château Pradeaux Bandol 1996 – Château Sainte-Anne Bandol 1998 – Château Vannières Bandol 1983 – Château Vannières Bandol 1983 – Palette Domaine du Grand Côté 2005 – Terrebrune Bandol 1987 – Terrebrune Bandol rouge 2007

Les vins étrangers

Grüner Veltliner « Ried Lamm » Schloss Gobelsburg 1995 – Ilios, vin blanc sec de Rhodes 1987 – Kistler Durell Vineyard Sonoma Coast 2008 – Tokaji Eszencia Aszu 1988 – Vega Sicilia Unico 1965 – Vega Sicilia Unico 1989

Le vin du sud-ouest

Clos Joliette Jurançon sec 1974

Les alcools

Bas Armagnac Langeroy du Tiers 1985 – Single Cask Malt Whisky Karuizawa 1967

En regardant ces listes on s’aperçoit que nous avons bu surtout des valeurs sûres, des vins dits d’étiquettes, mais c’est voulu, car il faut choisir des climats plus tempérés pour faire des découvertes.

Je suis naturellement content d’avoir pu partager ces vins avec ma famille et mes amis.

Mais la cerise sur le gâteau, c’est que malgré ce programme assez massif, au moment de repartir à Paris, j’ai perdu 7 kilos !

Que demander de plus !

dernier dîner de l’été chez Yvan Roux mardi, 30 août 2011

Des amis m’avaient annoncé qu’ils allaient dîner chez Yvan Roux et me proposent de me joindre à eux. Leur mail annonce les vins qu’ils apportent, dont un Rayne Vigneau 1947 très tentant, et avec cette délicatesse que j’apprécie, ils ajoutent : « nous sommes un peu courts en champagne ». Cet appel ressemble comme deux gouttes d’eau à une carte forcée.

Il restait beaucoup de vins du déjeuner d’hier avec l’ami autrichien, ce qui me donne une bonne occasion de leur en faire profiter.

J’ouvre un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1990 qui est la carte forcée. Le champagne est très plaisant, bien construit et se boit de belle soif, mais je n’ai pas l’émotion que j’attendais. Il est très bon, mais n’atteint pas ce qu’un 1990 devrait offrir.

Le reste du Champagne Salon magnum 1996 qui a encore suffisamment de bulles et s’est étoffé montre un gap gustatif spectaculaire. Salon « assure », comme on dit dans un amphigouri très actuel, en lui ajoutant cette affreuse expression des journalistes sportifs : « à la loyale ». Ce Salon est immense. Les tempuras de sauge sont délicieuses. Le saucisson de Pata Negra est lourd.

La table est dressée sur la terrasse, en surplomb face à la mer. Mes amis ayant lu l’accord qui avait été créé entre des beignets d’anémones de mer et un Tokaji Escenzia Aszu 1988 ont envie que l’on essaie de créer l’accord avec un Château d’Yquem 1998. Le vin est riche, au nez caractéristique d’Yquem et il évoque de lourds raisins confits. Il faut vraiment en prendre très peu pour que l’accord avec les anémones se fasse car l’Yquem est tellement dominateur qu’il tuerait le plat si on en buvait trop. Et se restreindre avec Yquem, ce n’est pas facile. Malgré sa jeunesse, le vin peut se boire comme il est, Yquem classique au message encore simple.

Dans trois verres, Château Haut-Brion blanc 1985, Château Haut-Brion blanc 1970 et Château Haut-Brion blanc 1960, le premier et le troisième étant de la veille. Le 1985 est toujours aussi brillant, le 1960 a presque intégralement gommé ses traces de fatigue et devient un grand vin puissant et expressif, plus imposant que le 1985. Et le match n’aura pas lieu avec le 1970 apporté par l’un des amis, puisqu’il est bouchonné. Sur de délicieux beignets de lotte, c’est le 1960 qui est le plus percutant, même si le plus orthodoxe et pur est le 1985.

Nous goûtons ensuite un mérou en filets absolument délicieux. Le Château Mouton Rothschild 1967 a une belle richesse de fruits noirs, mais se présente comme sous un voile de poussière. Je pense à une vieille armoire que l’on ouvre. A côté, le Château Pavie 1960 brille par sa pureté. L’année 1960, coincée entre deux millésimes de légende, convient bien aux saint-émilions. Le vin est pur, précis, assez riche, et c’est agréable de boire un Pavie tout en nuances. Je fais servir ensuite le reste du Chateauneuf-du-Pape « Cuvée Réservée » Domaine du Pégau 1981. Le vin s’est bien épanoui, a pris de la richesse et son plaisir dépasse de loin celui des deux bordeaux. Sa force s’accommode bien des aulx confits.

Le reste du Grüner Veltliner « Ried Lamm » Schloss Gobelsburg 1995 n’est pas plus excitant qu’hier même s’il a perdu son perlant. C’est donc sur l’Yquem que se prend le dessert aux poires. Et le Rayne Vigneau dans tout ça ? J’apprends qu’il a été cassé lors de son voyage en avion. Dommage.

Si je devais classer ces vins disparates, je mettrais : 1 – Salon 1996, 2 – Pégau 1981, 3 – Haut-brion 1985, 4 – Pavie 1960, 5 – Enchanteleurs 1990, 6 – Yquem 1998.

Ce repas amical aux nombreux vins met un point final – je l’imagine, sauf événement impromptu – à cet été dans le sud, marqué par de grands vins.

déjeuner avec un autrichien – photos lundi, 29 août 2011

Champagne Salon magnum 1996

Grüner Veltliner « Ried Lamm » Schloss Gobelsburg 1995

Château Haut-Brion blanc 1985

Château Haut-Brion blanc 1960

Chambertin F.Tortochot 1969

Chateauneuf-du-Pape « Cuvée Reservée » Domaine du Pégaü 1981

Chateauneuf-du-Pape « Reserve des Célestins » Henri Bonneau 1981

quelques plats composés par ma femme

Gerhard, sa femme et ses enfants, et la camionnette de pompiers

déjeuner avec un autrichien amoureux du vin dimanche, 28 août 2011

L’an dernier à la même époque, un amoureux du vin autrichien était venu me rejoindre dans le sud pour un déjeuner de très grands vins chez Yvan Roux. Ce déjeuner a marqué nos mémoires lorsque Gerhard, se précipitant pour aller chercher une de ses bouteilles était tombé dans la piscine d’Yvan. Il est chef d’orchestre et compositeur (c’est lui qui a composé le da capo qui figure sur l’étiquette du premier millésime de cuvée da Capo du domaine du Pégau), elle est violoniste, et leurs deux jeunes garçons sont dans le cycle secondaire de leurs études à Graz. Les quatre se présentent comme l’an dernier avec une camionnette Volkswagen antédiluvienne de pompiers de couleur rouge, utile lorsque Gerhard va faire ses emplettes dans des prestigieux domaines de vins où il est connu et ami. J’ai pu le vérifier lorsque j’ai cité son nom à plusieurs vignerons.

Gerhard est profondément généreux, aussi m’a-t-il annoncé les vins suivants : Grüner Veltliner « Ried Lamm » Schloss Gobelsburg 1995, Haut-Brion blanc 1985, Chateauneuf-du-Pape « Cuvée Reservée » Domaine du Pégaü 1981, Chateauneuf-du-Pape « Reserve des Celestins » Henri Bonneau 1981, Chambertin GC F. Tortochot 1969 et Madeira Boal 1934 V.J.H. Comment ajouter des vins alors que nous serons au plus huit, dont ma femme qui ne boit pas et deux adolescents ? Comme l’an dernier, j’annonce beaucoup de vins pour que nous puissions trier : Champagne Salon magnum 1996, Haut-Brion blanc 1960, Chateauneuf-du-Pape blanc Les Cabanes Charles Descarréga 1969 et Vosne Romanée Cros Parantoux Domaine Méo-Camuzet 1999.

Entretemps, notre groupe se réduit à six. Il va falloir écarter plusieurs vins. Gerhard annonce tout de suite la couleur : il n’a aucune intention de repartir avec l’un de ses vins. Nous arbitrons, j’ouvre les bouteilles et prépare les bonnes températures car il fait chaud. Il est temps de prendre l’apéritif.

Le Champagne Salon magnum 1996 me donne un coup de poing au cœur dès que je l’ouvre. Car son parfum est le plus capiteux de tous les 1996 que j’ai bus. Le nez est impérieux, extrêmement vineux. En bouche, c’est la gloire de Salon dans une expression de puissance et de jeunesse. Il est merveilleux. Il combine un caractère vineux avec un fruit extrêmement fort. Ce Salon est parfait. Nous grignotons des petits toasts au foie gras et de la poutargue qui mettent en valeur le champagne.

Nous passons à table et ma femme a prévu un menu pour les vins : tempuras de lotte, gambas à la plancha, filets de loup juste poêlés, quasi de veau basse température aux petites pommes de terre en robe des champs, sauce fine à la courgette, au pignon et à la mûre en trace, camembert, crème de chocolat et caramel.

Pour les poissons, nous avons côte-à-côte trois vins. Le Grüner Veltliner « Ried Lamm » Schloss Gobelsburg 1995 a un nez qui rappelle les eiswein autrichiens. En bouche il est légèrement perlant et évoque les litchis ainsi que les vins de glace, car il a un sucre résiduel non négligeable. Le vin titre 15°. Je n’arrive pas à mordre à ce vin qui ne me crée aucune émotion.

Je tenais beaucoup à faire une confrontation entre les deux millésimes de Haut-Brion, mais à l’ouverture, le nez du 1960 m’avait fait craindre qu’il n’y ait pas de match. Le Château Haut-Brion blanc 1985 a un nez extraordinaire. C’est la perfection du Haut-Brion blanc. Et en bouche c’est un festival de complexité et d’équilibre. C’est un immense vin très fruité et qui plus tard évoquera le miel. A côté, le Château Haut-Brion blanc 1960 qui avait un beau niveau dans la bouteille a une couleur nettement plus foncée. Le nez est riche et beau. En bouche, l’attaque est très plaisante, forte, avec des fruits confits. Mais la fin de bouche a une trace médicinale qui signe la fatigue de ce vin. Gerhard et moi savons être tolérants à ce type de vins qui ont encore un message dont une part est riche, mais le vin est quand même très inférieur à ce qu’il devrait être. Il n’y a pas de match et j’en suis triste car j’aurais aimé un jeu plus égal.

Sur la viande, nous avons aussi trois vins. Le Chambertin F.Tortochot 1969 a une robe plutôt rose foncé. Le nez n’est pas désagréable, mais la fatigue du vin est trop forte, car aucune partie du message n’est claire. Gerhard reconnait un Chambertin, et le goût peut être velouté parfois, mais la cause est entendue. Il faut dire que la confrontation des deux vins suivants capte notre intérêt. Il y a une belle similitude entre le Chateauneuf-du-Pape « Cuvée Reservée » Domaine du Pégaü 1981 et le Chateauneuf-du-Pape « Reserve des Celestins » Henri Bonneau 1981, car l’effet millésime joue a fond, donnant des vins assez stricts, un peu rêches, mais d’une forte charpente. Le Pégau (que Gerhard écrit Pégaü, car semble-t-il c’est ainsi qu’on l’écrivait dans le passé) est le plus pur et le plus plaisant. Le Bonneau est plus « campagnard », plus approximatif dans sa trame. Mais les deux sont d’immenses vins dont nous jouissons de chaque goutte.

La tentation était grande de vérifier si le camembert Jort préfère les vins blancs ou les vins rouges. Avec le Haut-Brion 1985 et avec le Pégau 1981, il y a jeu égal, les sensations étant différentes, mais de même niveau. C’est en fait le Bonneau 1981 qui emporte la mise, car c’est lui, par son côté « campagnard », qui colle le mieux au camembert bien fait. Et chose curieuse, le camembert joue le rôle de « docteur-miracle » envers le chambertin qui a perdu sa fatigue et devient presque plaisant, mais retrouve ses blessures dès que le camembert a disparu.

Mon vote est annoncé en premier : 1 – Haut-Brion 1985, 2 – Salon 1996, 3 – Pégau 1981, 4 – Bonneau 1981, 5 – Haut-Brion 1969.

Pour Gerhard, c’est : 1 – Pégau 1981, 2 – Salon 1996, 3 – Haut-Brion 1985, 4 – Bonneau 1981, 5 – Haut-Brion 1969.

Gerhard va poursuivre son voyage en visitant des vignerons de Chateauneuf-du-Pape et de Bourgogne. Sa générosité et son amour du vin ont contribué à faire de ce repas un grand moment de partage et de communion.

champagne et champagne vendredi, 26 août 2011

Des amis viennent pour une partie de belote. Comme chaque fois, le Champagne Henriot magnum 1996 appelle un mot : « rassurant », car ce champagne résume ce qu’un champagne doit être, agréable, lisible, plein en bouche et se buvant avec facilité. Et comme l’année 1996 lui donne du caractère, c’est un grand champagne. Au moment de la belle qui suit le dîner, il fait soif. Je vais chercher un Champagne Laurent Perrier Grand Siècle magnum sans année et mon ami estime qu’un magnum serait de trop. Le connaissant, j’imagine assez bien qu’au bout de dix minutes, une bouteille serait insuffisante, aussi le magnum est-il ouvert. Le champagne est très différent du Henriot. Les notes florales délicates, romantiques, explorent une autre dimension du champagne. Il est plus complexe, plus accompli, d’un charme extrême.

Mon ami avait raison car après leur départ, il reste plus de la moitié du magnum. N’ayant aucune intention de boire ce vin tout seul, je lance un « au secours » à nos voisins pour l’apéritif du soir. Ils viennent par la mer le long d’un chemin jadis à sec mais aujourd’hui noyé du fait combiné de la montée des eaux et de l’érosion du littoral. Nous improvisons un petit casse croûte sur la base du Grand Siècle qui n’a pas perdu de bulle et s’est élargi et épanoui, prenant des notes de fruits jaunes tout en conservant ses fleurs blanches. Très vite il me faut ouvrir un Champagne Krug Grande Cuvée au fruité exceptionnel, transcendantal par rapport à celui que nous avions bu au Castellet. C’est un immense champagne invraisemblablement fruité et à la personnalité conquérante. Il nous a cueillis à froid par un uppercut gustatif, car jamais nous n’aurions attendu une telle perfection. C’est sur la note parfaite de ce champagne que s’est conclu cet apéritif impromptu, chacun rentrant sagement chez soi pour un dîner frugal.

Cette appréciation du Krug a été faite le lendemain. Lorsque j’ai voulu mettre les photos sur mon blog, je me suis rendu compte que ce que nous avons bu est Champagne Krug 1996. On comprend mieux l’écart gustatif qui m’avait tant étonné.

dîner chez des amis vendredi, 26 août 2011

Chez des amis, un Champagne Ruinart sans année est agréable à boire, facile, simple, sans chichi, au goût gentiment vineux. Nous allons dîner ensuite chez d’autres amis. Le Champagne Pierre Péters Cuvée Spéciale les Chétillons magnum 2002, blanc de blancs de Mesnil sur Oger est d’une forte personnalité. Je reconnais tout ce qui fait le charme des vins de la « Mecque » du champagne, la commune de Mesnil-sur-Oger. Il est précis, fort, vineux, avec un charme que j’apprécie. J’avais bu deux fois le 2000 des Chétillons, une fois à Miami, sans être très emballé et une fois à Copenhague avec un jugement nettement plus encourageant, ce qui avait justifié que j’achète ce champagne plus connu à l’étranger en France. La démonstration de ce 2002 est convaincante. C’est un bon blanc de blancs.

Le Champagne Dom Pérignon 1996 nous fait changer de registre. C’est un champagne moins vineux, plus romantique, plus gracile, plus séducteur. Mon goût personnel va vers le vin du Mesnil.

Sur un agneau cuit de longues heures, un Palette Domaine du Grand Côté 2005 est sympathique, agréable, sans grande vibration. Un Chateauneuf-du-Pape Les Olivets de Roger Sabon & Fils 1971 ouvert tard a besoin de s’ébrouer. Lorsqu’il a suffisamment respiré, c’est un magnifique Châteauneuf, épanoui, au fort fruit noir, plein en bouche et de belle longueur, qui nous réjouit. J’aime ce Châteauneuf qui est d’une belle maturité et d’accomplissement sans avoir de signe d’évolution.

Pour le dessert, nous prenons un Champagne Salon 1997. Instantanément, nous savons qu’il n’y a pas de match possible entre les deux champagnes de Mesnil-sur-Oger. Le Salon est absolument magnifique et accompli, plus soutenu que de récents 1997 que j’avais bus, et sa palette aromatique complexe et riche en fait le gagnant inatteignable de ce repas. Un Bas Armagnac Langeroy du Tiers 1985 mis en bouteille en février 2011 très bien construit mais encore très jeune a conclu cette belle soirée d’amitié.

Champagne Ruinart sans année

Champagne Pierre Péters Cuvée Spéciale les Chétillons magnum 2002

Champagne Dom Pérignon 1996

Palette Domaine du Grand Côté 2005

Chateauneuf-du-Pape Les Olivets de Roger Sabon & Fils 1971

Champagne Salon 1997

Bas Armagnac Langeroy du Tiers 1985

dîner chez Yvan Roux avec un accord inattendu lundi, 22 août 2011

Nous allons prendre l’apéritif chez des amis d’amis. Le Champagne Bollinger Grande Année 1996 est extrêmement solide. Il est vineux, imprégnant et conquérant. On l’aime pour sa forte personnalité. Le fruit jaune cède la place au vineux puissant. Ce champagne a devant lui un bel avenir mais se boit bien car l’année est magistrale.

Nous nous rendons tous ensemble chez Yvan Roux, suffisamment tôt pour profiter de la vue magnifique rosissant sous les feux du soleil couchant d’un jour caniculaire. Le Champagne Laurent Perrier Cuvée Grand Siècle magnum sans année que nous avions entamé en faisant un crochet chez moi montre un grand contraste avec le précédent. Il est tout en charme romantique, fleurs blanches et gracilité. Il est un peu plus dosé que le souvenir que j’en avais.

Comme Yvan nous annonce des beignets d’anémone de mer pour l’apéritif, je fais ranger le champagne et servir le Chassagne-Montrachet les Chaumées Olivier Leflaive 2000. Mais j’ai soudain une intuition : c’est avec le Tokaji Eszencia Aszu 1988 que l’accord se trouvera le mieux. Tout le monde me regarde en pensant à une incongruité, aussi bien Yvan que Babette et mes amis. Et force est de constater que si l’on prend bien soin de mettre des quantités infimes sur sa langue, le Tokaji est ce qui convient le mieux aux anémones, alors que le Chassagne est hors sujet.

L’anémone a des goûts très complexes, car au-delà de l’iode, il y a du végétal, type artichaut et c’est ce côté végétal qui accroche l’accord avec le Tokaji. C’est vibrant et chacun en convient. Le Tokaji bu à petites gorgées est d’une belle complexité, avec un goût de raisin sec très prononcé, ainsi que des végétaux comme l’artichaut et le fenouil. L’âge lui va bien.

Yvan a essayé une recette nouvelle, avec une soupe froide de moules et une boulette panée de moules. C’est original et très intéressant. La force du plat met mal à l’aise le Chassagne à l’or déjà foncé, au goût légèrement fumé, qui fait assez simple, mais à cause du plat. A côté, le Chevalier-Montrachet Bouchard Père & Fils 1998 est pétulant de subtilité, avec une belle acidité et un fort aspect minéral. Il est gouleyant, fluide et ravit de plaisir.

Le plat suivant est fait de seiches cuites à l’encre, plat très fort qui me semble appeler un rouge. Aussi buvons-nous un Château Pradeaux Bandol 1996 dont la maturité est parfaite. Il est riche, râpeux comme la garrigue et son final mentholé signe un très grand vin. Mais l’accord se trouve mieux avec le Chassagne-Montrachet qui a enfin trouvé son terrain d’épanouissement. Il est riche, goulu, plein, et accroche bien avec la chair très typée de la seiche. Le Pradeaux convient aussi, mais l’accord est plus naturel avec le blanc puissant.

La demie langouste avec son corail peut trouver son bonheur avec chacun des trois vins, dans l’ordre de pertinence : le Chevalier-Montrachet, le Chassagne-Montrachet et le Bandol.

Sur des filets de mérous aux aulx confits, c’est à nouveau le Chassagne-Montrachet qui brille plus particulièrement, ce qui forme une compensation par rapport au premier contact assez fade.

Sur le soufflé à la vanille, le Grand Siècle convient à la perfection pour rafraîchir nos palais. Ce fut un beau dîner.

Les vins ne furent pas tous bus

les plats

fondation Maeght et musée Bonnard samedi, 20 août 2011

Lorsque ma femme est allée voir notre fils à Miami, elle a rencontré un jeune galeriste à Palm Beach dans une foire d’Art Moderne du type FIAC. Elle a acheté un tableau d’un jeune peintre qui monte et le galeriste lui a signalé une des galeries de ses parents belges à Saint Paul de Vence. Nous y sommes allés et dans un gigantesque ensemble architectural des œuvres résolument modernes sont exposées. L’une a attiré mes yeux. Il s’agit de la cage d’un but de football dont le filet est remplacé par un vitrail ancien représentant un saint évêque croisant les mains ce qui pourrai laisser penser qu’il cache un ballon. Ailleurs c’est une armoire vitrée flamande qui de loin semble abriter de la porcelaine de Delft, avec des motifs aux variations de bleu sur fond blanc. On s’approche et ce que l’on a pris pour de beaux vases sont des bonbonnes de gaz et les belles assiettes décorées sont en fait des lames d’acier de scies circulaires. Etonnant, non, comme dirait Desproges.

Ma femme a demandé les prix des œuvres du peintre qui l’avait intéressé à Palm Beach, et en quelques mois, la cote à facilement triplé. Nous allons à la deuxième boutique des Pieters en face de la Colombe d’Or, puis nous nous rendons à pied par un soleil de plomb à la Fondation Maeght.

En pleine nature, l’ensemble immobilier conçu par un architecte catalan il y a cinquante ans frappe encore par son modernisme. Et l’on respire l’art pur, fou dans son abstraction, et l’on sent l’amitié qui devait lier les Maeght aux plus grands artistes du 20ème siècle. Cette immersion dans un art débridé et désinvolte est rafraîchissante.

Une amie nous avait suggéré : « ne ratez pas le musée Bonnard ». Ce qu’elle ne savait pas, c’est que mon père, qui peignait, avant une secrète adoration pour Bonnard.

Nous nous rendons au Cannet au musée inauguré il y a seulement deux mois, qui regorge d’œuvres de ce peintre atypique, coloriste de génie, qui cherchait la vérité dans la peinture d’objets ou d’instants d’une grande banalité. Car cette vérité il la voulait sans influence de la scène ou de l’objet.

C’est cette recherche de la vérité par le trait et la couleur qui est assez fascinante. Alors que ma femme ne mordait pas, je vibrais comme par filiation, sentant les émotions que devait éprouver mon père.

Nous sommes ensuite allés en fin de visite regarder un film très complet sur Bonnard qui explique de façon déterminante sa recherche, son évolution, et les choix de sa vie. Ce film est fondamental pour comprendre ce grand peintre qui n’a pas la renommée qu’il devrait avoir. Ma femme a complètement revu sa perception du peintre. Nous reviendrons !

Du groupe des Nabis, il a côtoyé les plus grands peintres mais aussi Mallarmé dont la recherche avec des mots a beaucoup de points communs avec sa recherche par les couleurs.

Cette bouffée d’art, ça fait du bien !