Bulletins 2010 – De 356 à 408 vendredi, 31 décembre 2010

(bulletin WD N° 408 101228)

Le bulletin n° 408 raconte : dixième dîner des amis de Bipin Desai au restaurant Laurent, spectacle de danse suivi d’un dîner au restaurant de la Maison Blanche.

(bulletin WD N° 407 101228)

Le bulletin n° 407 raconte : dîner au restaurant Kondo, spécialiste des tempuras, dîner au restaurant Kozue de l’hôtel Park Hyatt et dîner au 52ème étage de l’hôtel Park Hyatt.

(bulletin WD N° 406 101221)

Le bulletin n° 406 raconte : un dîner au restaurant de l’hôtel Hoshinoya Ryokan Kyoto, un dîner au restaurant Izumi, spécialiste du poisson Fugu et un dîner au restaurant Hiramatsu Fukuoka.

(bulletin WD N° 405 101221)

Le bulletin n° 405 raconte : à Kyoto, dîner de Wagyu au restaurant deux étoiles Isshin et dîner traditionnel japonais au restaurant trois étoiles Arashiyama Kitcho.

(bulletin WD N° 404 101214)

Le bulletin n° 404 raconte : dîner au restaurant de sushis Ginza Kyubei, digestif au bar de l’hôtel, visite de Tokyo, dîner au restaurant Joël Robuchon in Tokyo, départ à Kyoto à l’hôtel Hoshinoya Ryokan Kyoto.

(bulletin WD N° 403 101214)

Le bulletin n° 403 raconte : remise de diplômes au Cercle Interallié, déjeuner au restaurant Le Petit Broc, 141ème dîner de wine-dinners au restaurant de Patrick Pignol, départ pour le Japon.

(bulletin WD N° 402 101207)

Le bulletin n° 402 raconte : déjeuner au restaurant Pierre Gagnaire,  déjeuner à la Brasserie de Saint-Louis en l’île, déjeuner au restaurant Le Divellec, des repas dans le sud dont chez des amis et Casual Friday au restaurant Gérard Besson.

(bulletin WD N° 401 101207)

Le bulletin n° 401 raconte : dîner chez des amis japonais, dégustation des champagnes Selosse aux Caves Legrand,  vins brésiliens, dégustation de cognacs et dîner au restaurant Laurent.

(bulletin WD N° 400 101130)

Le bulletin n° 400 raconte : remerciements, déjeuner au restaurant Laurent, dîner au restaurant l’Ardoise, et dégustation de cognacs Hine suivie d’un déjeuner à l’hôtel Burgundy.

(bulletin WD N° 399 101109)

Le bulletin n° 399 raconte : un séminaire de la Chaire UNESCO « Culture et Tradition du Vin » avec des repas au Château de Clos Vougeot, Chez Guy et au château de Gilly, le 140ème dîner de wine-dinners au restaurant Laurent et un repas ‘famille et amis’ au restaurant Mathusalem.

(bulletin WD N° 398 101102)

Le bulletin n° 398 raconte : un déjeuner de presse au restaurant Guy Savoy et un repas de vins anciens au restaurant Le Verre et l’Assiette à Lyon Vaise.

(bulletin WD N° 397 101026)

Le bulletin n° 397 raconte : un déjeuner et deux dîners gastronomiques à l’hôtel CasadelMar de Porto-Vecchio.

(bulletin WD N° 396 101019)

Le bulletin n° 396 raconte : un déjeuner au restaurant Citrus Etoile, une conférence sur les vins anciens à un Rotary Club avec un vin de 1900 et le premier jour d’un séjour gastronomique à l’hôtel Casa del Mar de Porto-Vecchio.

(bulletin WD N° 395 101012)

Le bulletin 395 raconte : une dégustation des vins de la maison Faiveley au restaurant Taillevent et un dîner d’amateurs au restaurant Le Petit Verdot.

(bulletin WD N° 394 101005)

Le bulletin n° 394 raconte le 139ème dîner de wine-dinners au restaurant Taillevent et un déjeuner en famille l’été (le dernier ?).

(bulletin WD N° 393 100928)

Le bulletin n° 393 raconte : le 138ème dîner de wine-dinners au restaurant du Yacht Club de Monaco et les fonds de bouteilles deux jours après.

(bulletin WD N° 392 100921)

Le bulletin n° 392 raconte : un déjeuner à la table d’hôtes d’Yvan Roux et les préparatifs d’un dîner de wine-dinners au Yacht Club de Monaco.

(bulletin WD N° 391 100914)

Le bulletin n° 391 raconte : un repas de famille dans le sud, un dîner à l’hôtel des Roches, un déjeuner à la table d’hôtes d’Yvan Roux et un dîner d’amis dans le sud.

(bulletin WD N° 390 100907)

Le bulletin n° 390 raconte : des repas de famille dans le sud, un dîner chez des amis et un déjeuner au restaurant Le Petit Nice. C’est un bulletin où l’on parle beaucoup d’accords.

(bulletin WD N° 389 100831)

Le bulletin n° 389 raconte : des repas dans notre maison du sud, un dîner au « Côté Mer » à Hyères, un déjeuner au Yacht Club de Monaco et un dîner chez Yvan Roux.

(bulletin WD N° 388 100824)

Le bulletin n° 388 raconte : plusieurs repas de vacances dans notre maison du sud et plusieurs repas à la table d’hôtes d’Yvan Roux.

(bulletin WD N° 387 100817)

Le bulletin 387 raconte : une dégustation verticale du Chevalier-Montrachet La Cabotte de Bouchard P&F et un dîner de vins grandioses à l’orangerie du château de Beaune.

(bulletin WD N° 386 100803)

Le bulletin n° 386 raconte : une dégustation des 2009 au domaine de la Romanée Conti, une dégustation de 2009 au domaine Comte Liger-Belair, un déjeunerau restaurant Loiseau des Vignes à Beaune.

(bulletin WD N° 385 100727)

Le bulletin n° 385 raconte : un dîner chez un ami sur la cuisine de Jean-Philippe Durand, un déjeuner au restaurant Laurent et le 137ème dîner de wine-dinners au restaurant Ambassadeurs de l’hôtel de Crillon.

(bulletin WD N° 384 100720)

Le bulletin n° 384 raconte : une fête de famille, un déjeuner au restaurant de la Grande Cascade, un dîner d’amis au restaurant Astrance et le 136ème dîner de wine-dinners au restaurant Ledoyen.

(bulletin WD N° 383 100713)

Le bulletin n° 383 raconte la 13ème séance de l’académie des vins anciens au restaurant de l’hôtel Bedford, qui fut à plus d’un titre une réunion exceptionnelle.

(bulletin WD N° 382 100706)

Le bulletin 382 raconte : un déjeuner au château d’Yquem, une dégustation de jeunes Yquem et le 135ème dîner de wine-dinners au château d’Yquem.

(bulletin WD N° 381 100629)

Le bulletin n° 381 raconte : un déjeuner au restaurant l’Assiette Champenoise, un dîner chez Yvan Roux, un dîner chez des amis, le 134ème dîner de wine-dinners au restaurant Arpège et l’arrivée en sauternais, la veille d’un grand dîner.

(bulletin WD N° 380 100622)

Le bulletin n° 380 raconte : un déjeuner à l’Automobile Club de France, un déjeuner au Yacht Club de France, une dégustation matinale de deux Romanée Conti et un déjeuner au Grand Véfour, une conférence dégustation à l’Institut Supérieur du Marketing du Goût et une dégustation des champagnes Krug au siège de Krug.

(bulletin WD N° 379 100615)

Le bulletin n° 379 raconte : le 133ème dîner de wine-dinners au restaurant Laurent avec un Tokay 1819 et un Bollinger 1945, et un dîner au restaurant Laurent, à l’occasion de la sortie du livre de Michel Chasseuil.

(bulletin WD N° 378 100609)

Le bulletin 378 raconte : un dîner à l’Orangerie du Château de Beaune et l’ouverture des vins d’un dîner extraordinaire au restaurant Laurent.

(bulletin WD N° 377 100608)

Le bulletin 377 raconte : une visite du domaine Armand Rousseau, avec dégustation des vins de 2009, un déjeuner au restaurant Chez Guy, dégustation des 2008 rouges de la maison Bouchard Père et Fils et l’ouverture des vins d’un dîner à l’orangerie du château de Beaune.

(bulletin WD N° 376 100601)

Le bulletin 376 raconte : le 132ème dîner de wine-dinners au restaurant Apicius, un déjeuner à la Rôtisserie du Plateau de Gravelle, un déjeuner au restaurant Arpège.

(bulletin WD N° 375 100525)

Le bulletin n° 375 raconte un déjeuner au restaurant Laurent, un déjeuner au restaurant Patrick Pignol et un déjeuner au restaurant Mathusalem.

(bulletin WD N° 374 100518)

Le bulletin 374 raconte : un concours de dégustation au cellier du champagne Bollinger, dont je suis membre du jury, un déjeuner au même cellier et le 131ème dîner de wine-dinners au restaurant Laurent, d’une forme un peu particulière.

(bulletin WD N° 373 100511)

Le bulletin 373 raconte : un déjeuner au restaurant Laurent, un spectacle au théâtre du Châtelet puis un dîner au restaurant Georges,une présentation des champagnes Joseph Perrier au Yacht Club de France et une bouteille ouverte de façon impromptue.

(bulletin WD N° 372 100504)

Le bulletin 372 raconte : un déjeuner au restaurant Le Petit Nice avec un vin sublime, un déjeuner au Yacht Club de France et un dîner au restaurant de l’hôtel Crillon, le premier jour du nouveau chef.

(bulletin WD N° 371 100427)

Le bulletin371 raconte : une dégustation en cave des champagnes Comtes de Champagne Taittinger, déjeuner au milieu des vignes, intronisation et dîner de l’Ordre des Coteaux de Champagne, déjeuner pascal en familleet dîner chez des amis.

(bulletin WD N° 370 100420)

Le bulletin n° 370 raconte : un déjeuner fou au restaurant Jacques Cagna et le 130ème dîner de wine-dinners au restaurant Le Carré des Feuillants.

(bulletin WD N° 369 100413)

Le bulletin 369 raconte : un « casual Friday » au restaurant de Gérard Besson et un dîner de grands vins chez un ami.

(bulletin WD N° 368 100406)

Le bulletin n° 368 raconte : déjeuner de famille à la maison. Les« Talents du luxe et de la création » à l’hôtel Intercontinental Opéra, déjeuner au restaurant Arpège, déjeuner au Yacht Club de France, dégustation de vieilles bières à la brasserie Cantillon (Anderlecht) et déjeuner au Bistro de la Poste à Bruxelles.

(bulletin WD N° 367 100330)

Le bulletin n° 367 raconte : une présentation de Grands Crus d’Alsace et la douzième séance de l’académie des vins anciens au restaurant Macéo.

(bulletin WD N° 366 100323)

Le bulletin 366 raconte : deux déjeuners de famille à la campagne puis chez moi, un déjeuner au restaurant de l’hôtel Bedford, un repas au restaurant Villaret, un passage au bar du Crillon et les « Domaines familiaux de tradition » de Bourgogne au Pavillon Ledoyen.

(bulletin WD N° 365 100316)

Le bulletin 365 raconte : un déjeuner au restaurant Laurent, un déjeuner au restaurant Apicius et le 129ème dîner de wine-dinners au restaurant Taillevent.

(bulletin WD N° 364 100309)

Le bulletin n° 364 raconte : un déjeuner au bar du Crillon, la visite de l’exposition au château de la Malmaison, le dîner inaugural de la Percée du Vin jaune où j’ai été nommé « Ambassadeur des vins du Jura », un concours de cuisine, une vente aux enchères, et un déjeuner au Yacht Club de France.bulletinWDN363100302.pdf

(bulletin WD N° 363 100302)

Le bulletin 363 raconte : une présentation de vins à Sciences Po, le dîner qui a suivi avec les élèves,  un déjeuner au restaurant Taillevent, un dîner à la table d’hôtes d’Yvan Roux et un déjeuner chez Yvan Roux.

(bulletin WD N° 362 100223)

Le bulletin 362 raconte : le réveillon de Noël,  le lendemain de Noël, la veille de la Saint-Sylvestre et le réveillon de fin d’année.

(bulletin WD N° 361 100216)

Le bulletin 361 raconte : un Casual Friday au restaurant de Gérard Besson, un dîner d’amis au restaurant Laurent et le premier repas de Noël à mon domicile.

(bulletin WD N° 360 100209)

Le bulletin 360 raconte : un dîner chez ma fille pour « finir les restes » de vins du dîner de vignerons, un déjeuner au Carré des Feuillants et un dîner au domicile de Jean-Philippe Durand.

(bulletin WD N° 359 100119)

Le bulletin 359 raconte le 128ème dîner de wine-dinners au restaurant Laurent, qui est le 9ème dîner des amis de Bipin Desai, avec des amis vignerons.

(bulletin WD N° 358 100112)

Le bulletin 358 raconte les deux dernières Master Class du Grand Tasting et le 127ème dîner de wine-dinners au restaurant Ledoyen.

(bulletin WD N° 357 100106)

Le bulletin 357 raconte des Master Class et des ateliers qui se succèdent au Grand Tasting.

(bulletin WD N° 356 100105)

Le bulletin 356 raconte le 126ème dîner de wine-dinners au restaurant Guy Savoy, la première Master Class du Grand Tasting du Carrousel du Louvre et un déjeuner au restaurant l’Ami Louis.

Gare « à vous » mardi, 28 décembre 2010

Il est une expression qui fleurit depuis quelques années et qui me sort par les trous de nez, c’est : "à vous".

J’avoue qu’à vous, ça m’ troue, ça m’ gonfle, ça m’escagasse.

Bon réveillon à vous.

Bon après-midi à vous

Bonnes fêtes à vous

Bon appétit à vous

Bonne dégustation à vous

Et bonne continuation à vous

Quand on est deux dans la même pièce et deux seulement et que la vendeuse me dit : "et bon réveillon à vous", en quoi cette précision apporte-t-elle quelque chose ?

C’est un peu plus énervant que quand un maître d’hôtel vient dire : "excellent appétit" ou "excellente dégustation", le "excellente" ayant un petit côté vaseline qui m’horripile.

Alors, faudra-t-il créer un comité anti "à vous" ?

Il faut que l’on gare à vous, il faut que l’on garde à vous pour les occasions où il est approprié :

"à vous les studios" disent les journalistes qui ne veulent plus être à l’antenne (ce qui est extrêmement rare)

"à vous de jouer" disent les croupiers.

"Le lot 342 est à vous" dit le commissaire priseur, effondré qu’on ait pu enchérir aussi haut pour un lot sans valeur. Et nous avec ce mot sans valeur.

Le prince d’Eckmühl, Davout, aurait certainement aimé qu’on lui dise : "bon après-midi à vous". Il aurait répondu : "non, moi, c’est Davout".

A vous – ez que "à vous" est totalement horripilant.

A exclure.

A vous de jouer.

Les vins des 24 et 25 décembre dimanche, 26 décembre 2010

Champagne Krug Grande Cuvée en 1/2 bouteille des années entre 1983 et 1995

Champagne Charles Heidsieck Royal 1962

Champagne Comtes de Champagne Blanc de Blancs Taittinger 1966

Le Montrachet Marc Rougeot-Dupin 1994

Château Trotanoy 1973

Château Filhot 1885 (estimé)

On voit dans le verre des bulles apparues lorsqu’il a été soufflé

"Une" Tarragone des Pères Chartreux du début du siècle 1910 #

Champagne Krug 1973

Romanée Saint-Vivant Moillard-Grivot 1937 (hélas mort)

Côte Rôtie La Mouline Guigal 1981

petit groupe

grand groupe

déjeuner de Noël samedi, 25 décembre 2010

Le lendemain, les enfants jouent dans la neige par un temps magnifique créé par un soleil éclatant. Hier, mon gendre avait remarqué en cave que j’avais des Krug 1973. A son regard admiratif, j’ai pensé qu’il fallait faire quelque chose, aussi l’apéritif débute-t-il par un Champagne Krug 1973. L’étiquette ancienne a un côté un peu désuet mais évocateur de souvenirs de belles années de ce champagne. La capsule est tachée de graisse et il est assez difficile d’ouvrir la cape épaisse. Le muselet est d’un acier de forte section et il faut des efforts pour extirper la protection du bouchon. Lorsque je tourne le haut du bouchon je rencontre une résistance inhabituelle. Le bouchon se cisaille. Avec la mèche que j’utilise sans point d’appui il m’est impossible de l’extraire. Avec un limonadier qui dispose d’un point d’appui, je peux faire levier et le bouchon s’extrait, très dense et collé aux parois. Aucun pschitt ne ponctue cet accouchement.

Lorsque je verse le champagne dans le premier verre, il y a comme une fermentation instantanée qui se fait, le champagne provoquant une forte mousse qui disparaît en moins d’une seconde. Et, surprise des surprises, le champagne est d’une clarté blanche de jeune champagne, avec une bulle lourde et forte. Lorsque je verse dans les autres verres, la bulle est aussi forte et la couleur est aussi claire.

Je suis très circonspect sur ce que je vais boire et la surprise est énorme de voir qu’il n’y a aucune déviation de goût qui le rendrait désagréable. Le champagne est élégant, précis, minéral, bien picoté par la bulle très présente. Il est objectivement bon, et nous le boirons jusqu’à la dernière goutte, mais il est comme un texte de machine à écrire où une lettre ne frapperait jamais le papier, ou une musique dont une note particulière ne produirait aucun son. Il lui manque un "je ne sais quoi" qui en ferait un Krug. Le champagne est bon, vibrant aussi bien avec le foie gras qui est aussi moelleux mais plus intense qu’hier qu’avec la poutargue qui accentue sa droiture minérale. Même s’il n’est pas l’archétype de Krug, son originalité nous a plu puisqu’il n’existe aucun défaut en arrière-plan.

L’entrée est une crème de haricots blancs aux fines lamelles de truffe. J’ai choisi pour ce plat une Romanée Saint-Vivant Moillard-Grivot 1937. Le niveau dans la bouteille était bas. Une vilaine graisse entourait le bouchon. Il m’a fallu plusieurs fois nettoyer le goulot. Dans le verre, la couleur est déviée. Le nez est désagréable. Je n’ai même pas besoin de boire pour dire que le vin est mort. En bouche il est plutôt plus agréable que ce que le nez annonce. Inutile d’aller plus loin, le vin est écarté. Comme il reste un peu de Krug, l’accord se fait agréablement et ma fille aînée peut finir le Château Trotanoy 1973 qui continue à être fringant. La crème de haricots blancs est délicieuse, mais elle ne met pas tellement en valeur la truffe. Aussi la tentation est-elle grande d’ajouter des copeaux de foie gras qui apportent de la fraîcheur et de la cohérence au plat.

Le plat principal est un hachis Parmentier de canard à la purée de pomme de terre et aux copeaux de truffe. Le vin choisi est une Côte Rôtie La Mouline Guigal 1981. Au nez, le vin paraît fumé et trahit une évolution. En bouche, le vin est beaucoup plus séduisant, vin d’une année sèche, qui simplifie le message et réduit le fruit. Mais en fait, à l’aération, le vin devient d’une grande élégance. Il n’a rien de tonitruant, mais il suit sa route bien droite, en distillant des saveurs raffinées. A mon grand étonnement, vers le milieu de la bouteille, un joli fruit rouge est apparu, ajoutant à notre bonheur. Il faut savoir aimer aussi ces vins moins tonitruants que les jeunes. Mais on peut à juste titre se poser la question de la longévité de ces Côtes Rôties qui s’épurent avec le temps.

Comme il restait un peu de Mouline, je suis allé chercher un camembert peu affiné, j’ai tranché une truffe, et fourrant à l’improviste le camembert de truffe, cela crée un accord amusant qui titille bien la Côte Rôtie.

Le dessert est fait de mangues et ananas qui conviennent très bien au reste du Château Filhot 1885 (estimé) qui est devenu nettement plus compréhensible pour mon gendre. J’adore ce vin délicat. Il a une clarté de propos et une élégance de ballerine qui me vont droit au cœur.

Il y a eu des vins nettement moins brillants pour le déjeuner de ce deuxième jour. Cela n’a pas altéré notre joie de célébrer Noël en famille.

dîner de Noël vendredi, 24 décembre 2010

Ma femme m’a demandé d’acheter truffes et caviar pour les repas de Noël. Etant d’un naturel assez excessif, j’ai acquis à peu près dix fois plus que ce qu’elle attendait. Au-delà de la sévère réprimande que j’essuie, que faire de tout cela ? Au repas de midi du 24, où une partie de la famille des trois générations déjeune de façon frugale, il y a des brocolis. Je tranche de fins lamelles de truffe, et avec mon gendre, nous entamons le "stock". La truffe a un parfum intense, et avec le brocoli tiède, la truffe se positionne bien.

A 16heures, je descends en cave avec mon gendre pour choisir parmi les vins que j’ai sélectionnés pour ces deux jours. Mon gendre regarde et son œil est attiré par un Champagne Krug Grande Cuvée en 1/2 bouteille des années entre 83 et 95, car son étiquette, qui a évolué au fil des ans, permet de le dater dans cette période. Il la prend en mains et je lui dis : "allez, on se fait notre petit quatre heures".

Nous remontons, j’ouvre une boîte de caviar, et, chacun armé d’une cuiller en nacre, nous mangeons goulûment un caviar spéciale réserve Alverta qui est un osciètre royal. A noter que cette mention finale que j’ai trouvée sur internet n’est pas marquée sur la boîte. Est-ce cela, je ne sais. Le caviar est superbe par son gras et surtout par sa longueur inextinguible. Le sel est remarquablement dosé.

Le champagne montre un bouchon sur lequel est marqué " For U.S. export". La couleur est d’un ambre gris, la bulle est faible et le nez est riche et profond. En bouche le champagne, bien que peu dosé, donne, du fait de l’âge, une onctuosité exceptionnelle. Mon gendre adore ces champagnes à la maturité avancée, qui déclinent d’innombrables parfums. On dirait un panier de fruits rouges, jaunes et orange, longuement exposés au soleil, qui exhalent des parfums chauds. Le fait de boire ce champagne avec ce caviar est un luxe dont nous jouissons. L’accord est poli, mais il faudrait un champagne plus jeune pour accrocher avec le caviar. Cela ne diminue pas le plaisir.

Les petits-enfants s’amusent. Vers 18 heures, la plus jeune de mes filles a faim. Ma femme lui propose de croquer un fruit. Je lui propose de lui ouvrir un caviar. Elle me regarde d’un œil étonné et je lui dis : "lequel de tes deux parents préfères-tu ?". Elle prend le caviar. Je n’en tire pas de conclusion. C’est un Caviar Shassetra provenant d’esturgeons Shrenki. Ma science s’arrête là. Les grains sont plus déliés et gris clair. Ce caviar est plus précis mais moins gras et moins profond que le précédent. Pour un petit casse-croûte avant le dîner, ça va.

Les petits enfants dînent en premier. Ils s’émerveillent des cadeaux qui leur sont faits. Lorsque leur excitation est retombée démarre notre apéritif. La bouteille du champagne Charles Heidsieck Royal 1962 a une forme d’une rare élégance. L’étiquette est d’un vieil or, comme des bouteilles de rhums du 19ème siècle. Le bouchon fait pschitt à l’ouverture. La couleur du champagne est d’un ambre soutenu. Le nez est plaisant et joyeux. En bouche c’est surtout le citron, l’orange et la clémentine qui envahissent le palais. Le champagne est très fruité, surtout d’agrumes, et le citron est l’évocation de l’acidité bien maîtrisée. Sur le foie gras que l’on tartine avec gourmandise, l’accord est parfait. La question se pose : est-ce que le champagne qui va suivre sera aussi bon ?

Le deuxième champagne d’apéritif est le Champagne Comtes de Champagne Blanc de Blancs Taittinger 1966. Alors qu’il y a des couleurs et des odeurs très proches, ce champagne est totalement différent. Il a moins de fruit et moins de citron mais il a une complexité et une assise qui le placent en tête. Il est charmant mais aussi viril. Il s’impose. Sur la poutargue, très nettement meilleure que celle que nous achetons dans le sud, l’accord est plaisant, car il donne une coloration iodée au champagne. Arrivent alors quelques langoustines juste poêlées qui exacerbent la délicatesse du champagne. Mais c’est avec le corail des coquilles Saint-Jacques que l’accord est absolument grand. La sérénité des coraux et la sérénité du champagne se répondent dans une symbiose rare. Deux nouvelles assiettes de gambas et de langoustines permettent de faire le tour de la flexibilité gastronomique du Taittinger 1966. C’est un très grand champagne qui justifie l’amour que nous portons aux champagnes évolués.

Nous passons à table pour trouver une association étrange : des langoustines crues avec du filet de veau. Cette recette, puisée dans l’arsenal de Christian Le Squer, le chef du restaurant Ledoyen va accueillir un Montrachet Marc Rougeot-Dupin 1994. Sur l’étiquette il y a marqué "Le Montrachet" et je ne sais toujours pas pourquoi, pour certains vins, on ajoute l’article. Par ailleurs, la contre-étiquette dit : "récolte 1994, mise en bouteille par Marc Rougeot-Dupin". Est-ce possible que l’implication de Marc Rougeot-Dupin ne soit que la mise en bouteille ? Le vin est d’une rare précision. Sa structure est très belle, le fruit est gris jaune, et l’on sent que c’est un Montrachet subtil. Il n’a pas la puissance envahissante de certains Montrachet, mais il faut dire que le plat a tendance à le rétrécir, à jouer plus sur sa distinction que sur son opulence. J’adore ce Montrachet qui joue de son élégance et n’en fait pas trop.

Il est associé à des coquilles Saint-Jacques crues recouvertes des caviars des deux boîtes que j’avais ouvertes pour les casse-croûtes d’avant repas. L’association coquille et caviar est d’une suavité extrême. C’est presque orgasmique. Le Montrachet réagit bien, mais n’arrive pas à se départir de sa rigidité. On sent bien que ce plat appellerait un champagne, et par exemple un Dom Pérignon, qui convient toujours sur ce plat.

Les filets de rougets aux pommes de terre violettes, des Vitelottes noires, s’accordent très bien avec le Montrachet du fait de la cuisson. Il se trouve que j’ai ouvert pour ma fille qui ne boit que du rouge un Château Trotanoy 1973. Le niveau dans la bouteille était dans le goulot et ce vin que j’ai depuis plus de trente ans en cave méritait un essai, malgré une année peu engageante. Lorsque je verse le vin, la couleur est étonnante de jeunesse. Le nez est pur, et quand on boit ce vin, on est obligé de constater qu’il n’y a pas l’ombre d’une faiblesse que l’on pourrait imputer au millésime. Tout dans ce pomerol est d’une joie de vivre et d’une puissance de grand millésime. C’est un étonnement qui montre une fois de plus qu’après un certain stade de vieillissement, les caractéristiques de faiblesse de certains millésimes peuvent ne plus exister. Et il faut se précipiter à toute vitesse vers l’accord pomerol et rouget, car il est sans commune mesure avec l’accord provoqué par le montrachet. Nous sommes aux anges car le "théorème" rouget – pomerol est une fois de plus démontré. C’est même renversant de bonheur.

Pour le dessert qui est des pamplemousses roses à la gelée d’agar-agar, j’ouvre une bouteille de sauternes ancien qui ressemble comme une sœur à la bouteille d’Yquem 1874 que j’avais ouverte récemment. Elle n’a pas d’étiquette, et la capsule permet de lire sans ambiguïté Filhot. Le bouchon est très ancien et l’on voit des traces d’écriture, mais il est impossible de lire le millésime. Comme le verre de la bouteille est soufflé avec des bulles dans le verre, ce qui montre un âge certain, et comme la couleur est très proche de l’ancien Yquem, ce Filhot pourrait être d’une année comprise entre 1875 et 1905 (pour fixer des bornes). Je l’appellerai Château Filhot 1885. Comme cela arrive très souvent, le vin qui dans la bouteille a une couleur caramel devient d’un or soutenu et radieux dans le verre. Le nez est discret et en bouche, je reconnais les saveurs qui m’avaient enchanté des Filhot 1858 et 1869 que j’ai eu la chance de boire. Alors que le 1869 était opulent et vraiment liquoreux, le 1885 de ce jour, comme le 1858 de naguère, a perdu son sucre. Mais ce qu’il a gardé est d’une sensibilité qui m’enchante. Comme le pamplemousse est assez acide, l’accord se trouve bien avec ce sauternes profond, au goût devenu sec, d’une longueur qui me ravit et d’une finesse de discours qui ajoute à mon enchantement.

Mon gendre a du mal à comprendre ce vin et je peux le comprendre. L’habitude plus grande des sauternes très anciens qui ont mangé leur sucre me permet de goûter la grande pureté de ce vin qui n’a pas dévié, sauf d’avoir évolué vers le statut de sauternes sec. Les redoutables madeleines au miel de châtaignier faites avec la recette de Pascal Barbot, le chef du restaurant Astrance, et des arlettes parachèvent de leurs délices les joies de ce repas.

Le point final sera donné par une Tarragone des Pères Chartreux du début du siècle dont je me demande aussi pourquoi le nom sur l’étiquette est "Une Tarragone". L’usage de l’article est surprenant. Ce qui ne l’est pas, c’est la puissance aromatique infinie de cette liqueur aux myriades de fleurs des champs.

Dans l’ordre des saveurs, si la Tarragone est hors concours, et de loin, je mets en premier le Filhot 1885 suivi du Taittinger 1966, alors que selon mes filles et mes gendres, la palme reviendra au Trotanoy 1973 ou au Taittinger 1966.

Ce repas de Noël où manquaient mon fils et sa famille qui vivent outre-Atlantique aura été un dîner de grand raffinement.

restaurant Le Petit verdot – photos jeudi, 23 décembre 2010

Le champagne Comtes de Champagne 1973 est joli dans ce seau

Et l’on voit apparaître, par la magie des réfractions dans l’eau, le profil d’Hidé

La Romanée, Monopole de mise du domaine de la Romanée, réserve A. Bichot 1969

Les plats

Le dessert et une Folle Blanche 1996 du domaine Boignières pour écrire le mot "FIN" à cet amical dîner

dîner au restaurant le Petit Verdot mercredi, 22 décembre 2010

Il y a longtemps que nous n’avions pas vu Jean-Philippe, ce médecin qui cuisine comme un chef trois étoiles et qui nous a cornaqués dans des endroits de haute gastronomie. Le rendez-vous est pris au restaurant le Petit Verdot, tenu par un ancien sommelier et directeur de talent que tout le monde appelle Hidé. De retour de voyage, Jean-Philippe n’a pas le temps d’aller chercher un vin. J’en fournis deux, et Jean-Philippe nous invitera. Le Champagne Taittinger Comtes de Champagne 1973 n’est pas assez frais à l’ouverture, aussi quelques défauts apparaissent qui disparaîtront dès que le champagne sera frappé. Hidé l’aime immédiatement. J’aurai besoin de quelque temps pour l’apprécier, car le début est très champignon, sous-bois, avec la joliesse de l’âge, mais un petit coup de fatigue. Quand il a atteint sa température idéale, le pétillant prend de l’ampleur, ainsi qu’un vrai coup de jeunesse. Il a éliminé ses défauts, et le champagne est assez strict, minéral, marqué aussi par l’onctuosité d’un dosage assez fort. L’élégance du champagne est certaine, avec une jolie retenue d’amertume, et la pureté en bouche est certaine. On imagine volontiers des fruits violets comme la quetsche.

Le menu d’Hidé est ainsi composé : mousse de girolles et sot-l’y-laisse / ris de veau rissolés, salsifis aux oignons, jus de veau aux épices / lièvre au foie gras, sauce vin rouge / bavarois de mangue et gelée d’agrumes.

Les champignons sont exactement calibrés pour faire vibrer le Taittinger 1973 qui s’améliore de seconde en seconde. Il finira sa trajectoire sur le dessert.

La Romanée, Monopole de mise du domaine de la Romanée, réserve A. Bichot 1969 a un nez à se damner. Que peut-on imaginer de plus noble que ce nez là, minéral, d’une tension extrême, promettant un grand vin. Quand je le goûte, j’ai le type de frisson qui signe un grand vin. Il est d’une expression d’intense accomplissement. Il est minéral. Il a un fruit serré. Sa longueur est extrême et ce qui frappe, c’est l’élégance du discours. Je suis aux anges et Jean Philippe aussi. Ce qui va nous marquer, c’est que son parcours ne subira aucun fléchissement. J’avais peur que le lièvre très prononcé ne tue le bourgogne mais il n’en est rien. C’est le vin qui domestique le plat viril et délicieux et pas l’inverse.

Ce vin est d’une subtilité à nulle autre pareille, Il a la noblesse et l’élégance qui conviennent à sa rareté. Hidé nous dit qu’il n’a jamais bu une Romanée de ce niveau. C’est vrai qu’elle est exceptionnelle de raffinement. Le dessert cohabite très bien avec la fin du champagne qui a atteint son plateau d’excellence, où les défauts de départ se sont estompés. Je persiste à penser que le champagne n’est pas parfait malgré tout, alors que La Romanée est à un niveau d’excellence extrême. Savoir que Jean-Philippe et moi, nous avons vibré de la même façon sur ce vin, c’est un plaisir de plus. C’est déjà un cadeau de Noël.

déjeuner au restaurant Dessirier mardi, 21 décembre 2010

Je suis invité au restaurant Dessirier qui est la propriété depuis plusieurs années du grand chef Michel Rostang. La décoration a évolué et s’améliore au fil des ans. A trois tables serrées comme des sardines – restaurant de la mer oblige – à ma gauche et à ma droite il y a aussi deux personnes qui sont arrivées avant leur convives. Alors, on papote entre deux consultations de mails sur son smartphone. Avec un voisin inconnu, nous commandons des crevettes grises, qui sont le seul passe-temps qui ne consomme pas de calories. Mais les doigts s’en souviennent. Les tables demandent des contorsions pour s’installer et j’ai pu constater qu’une fois que la conversation s’est installée avec son convive, on n’entend plus rien autour de soi.

Une coupe de champagne nous est offerte par la fille de Michel Rostang et nous commandons notre repas. J’offre à mon invitante un Champagne Dom Ruinart 1996 d’une minéralité assez exemplaire. Ce beau champagne expressif est d’une grande personnalité, encore sauvage, très tendue, mais très enrichissante. Nous commençons par des huîtres bretonnes expressives mais un peu monotones et le champagne est délicieux sur les parfums iodés. Je goûte ensuite le sandwich à la truffe, véritable réussite culinaire emblématique de Michel Rostang. L’équilibre et le dosage du gras, du pané et de la truffe sont exemplaires. Le champagne accompagne l’émerveillement.

Cette brasserie d’hommes d’affaires pressés est une halte solide et convaincante.