Sup de Goût mercredi, 3 novembre 2010

L’Ecole Supérieure du Marketing du Goût remet les diplômes de fin d’étude à des élèves dont les mémoires sur des projets ambitieux ont retenu l’attention de la direction.

Dans ce foisonnement inventif, on note l’intérêt pour le "snacking", pour le bio et pour la Chine.

Ce sont des professionnels de la restauration, du vin ou de la communication qui remettent les diplômes. J’ai l’honneur de remettre un diplôme à un jeune ambitieux qui veut participer à diffuser la connaissance du vin.

La réunion se passe dans l’un des salons prestigieux du Cercle Interallié, suivi d’un buffet qui permet de discuter avec les élèves et avec de grands professionnels qui apportent leur soutien à cette école.

Je retrouve des élèves passionnés que j’avais initiés aux vins anciens lors d’une conférence et ensuite à l’académie des vins anciens.

Il est rafraîchissant de voir des jeunes qui prennent bien en main leur avenir.

repas gastronomique chez des amis du sud lundi, 1 novembre 2010

Des amis de notre villégiature du sud nous invitent à dîner. L’apéritif se grignote sur un Champagne Bollinger 2000 qui est très agréable. Il n’est pas aussi typé que les champagnes de la veille, mais il tient très agréablement son rang de champagne. Il y a un fruité et un fumé qui sont délicatement dosés.

Notre hôtesse a réalisé des recettes complexes puisées dans la mouvance bio, et nous sommes admiratifs de sa dextérité. Un rouleau de poivron rouge bio au potimarron, chèvre frais et aneth, tuiles aux graines de lin, gomasio et paillettes d’algues, crème de spiruline au sésame colle avec une adéquation saisissante au Château de la Nerthe Chateauneuf-du-Pape blanc 2008 qui épouse le poivron miraculeusement. Le vin est profond tout en n’en faisant pas trop, et l’accord est élégant. Je n m’attendais pas à un équilibre aussi délicat de la part de ce jeune Châteauneuf. Voilà un vin blanc de grande tenue.

J’ai apporté deux vins sans connaître le menu. Le plat suivant est une papillote translucide de saumon fondant, girolles, confit d’oignons au miel et vin rouge. Le vin est un Château Canon Saint-Emilion 1971 dont le niveau était dans le goulot. La couleur est belle, intense, d’un rouge joliment noir. Le nez est incisif, et ce qui me marquera tout au long du voyage de ce vin, c’est la profondeur de la trame de ce vin riche. On pense aux tapis les plus nobles dont le nombre de points est quasi infini. On a cette impression avec ce saint-émilion profond aux tannins présents. L’accord avec le saumon se trouve mieux qu’avec les girolles trop imprégnés du jus fort. Ce Château Canon est une petite merveille.

Le plateau de fromage avec un Saint-Félicien bio, avec un époisses et un Livarot n’est peut-être pas le partenaire idéal pour le Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques Armand Rousseau 2001, mais tout le monde est prêt à se conformer à ce casting. Car le vin de Rousseau est un plaisir majeur, au fruit rose et rouge, à la mâche délicate, et au parcours en bouche charmant. C’est un vin que l’on déguste, essayant de lire tous les sourires qu’il nous propose comme le fait un jeune enfant. Ce vin bien fait, riche, plein et équilibré joue sur un registre de distinction calme. J’adore cette expression tranquille assumée.

Nous finissons sur une crème brûlée recouverte d’une fine couche de chocolat qui réclame de l’eau pour en suivre les subtilités.

Nous avons refait le monde, car la période s’y prête, en ponctuant ce beau repas d’une cuisinière qui a réussi à jouer la complexité avec succès, par des vins de grands niveaux.

Vive le sud !

champagne, suite dans le sud samedi, 30 octobre 2010

Le lendemain, le ciel est à la pluie. Le temps fraîchit, et vers 19 heures, au bord de la mer, le marin a soif.

J’ouvre un Champagne Bollinger Vieilles Vignes Françaises 1999. C’est la première fois que la vibration de ce champagne m’atteint avec cette intensité. Ce champagne est foncièrement dense. Je le considérais comme un champagne intellectuel et voici qu’il est capable d’émotion. Il prend des intensités de fleurs et fruits roses et blancs, sur une profondeur rare. C’est un vrai plaisir.

Il paraît alors intéressant de voir ce que donne le Champagne Substance Jacques Selosse dégorgé en 2007. Et la complémentarité est évidente. Le champagne de Selosse est plus typé, plus fumé, plus concentré sur des fruits bruns. Mais la densité aromatique est de la même lignée. Voilà deux champagnes qui se caractérisent par leurs densités, et se différencient par des couleurs blanches pour le Bollinger, et brunes pour le Selosse.

Deux grands champagnes assurément, aux longueurs infinies.

retrouvailles du sud ! vendredi, 29 octobre 2010

Nous descendons dans le sud après toutes ces grèves et nous y trouvons ma fille et mon gendre qui nous ont précédés.

Après un alibi sportif sonne l’heure de l’apéritif, car il nous faut reconstruire le monde, dont nous avons les clefs de son renouveau.

Pour philosopher, rien de tel qu’un magnum de Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1995.

Un long filet de chorizo va accompagner le champagne qui est le George Clooney du champagne : c’est le gendre idéal. Le champagne est serein, goûteux, avec une petite trace d’un dosage fumé, et il enchante l’âme, avec un goût de revenez-y insistant. Voilà un bien beau champagne, dans une acception rassurante.

La magie du sud, c’est bien sûr la mer, dont les couleurs s’adaptent aux saisons, mais c’est aussi ces champagnes scouts, "toujours prêts" à nous ravir.

restaurant de Jacques Le Divellec jeudi, 28 octobre 2010

Il y a longtemps que je n’étais revenu au restaurant de Jacques Le Divellec. Ayant rencontré un ami que je n’avais pas revu depuis plus de six ans, c’était l’occasion d’une double retrouvaille.

L’ambiance du restaurant est toujours aussi agréable, réglée dans l’intemporalité comme les crêpes Suzette qui mettront un point final à un beau repas.

Olivier le fidèle sommelier me conseille un Beaune Clos des Mouches blanc Joseph Drouhin 2008 et son choix est le bon. Le vin est souriant, avec une belle minéralité et une jolie longueur. Il cohabite bien avec des huîtres qui sont d’une personnalité qui écrase celle des huîtres de Saint-Louis en l’Ile. Le cabillaud est très bien cuit, c’est-à-dire peu. Et les desserts maison en chariot reconstituent dans le plaisir les bourrelets auxquels on ne pense pas quand l’ambiance est amicale à ce point.

Un beau moment.

finest scotch whisky, John Dewar and sons mercredi, 27 octobre 2010

N’est-ce pas la plus belle bouteille que l’on puisse imaginer ?

the finest scotch whisky, very great age, John Dewar and sons ltd, Perth, rs – 1860 # a été bu lors du dîner n° 78 à l’Astrance le 15/11/2006.

Quatre ans après, le reste de la bouteille sent encore la tourbe, comme si la bouteille avait été ouverte hier.

restaurant Le Petit Broc lundi, 25 octobre 2010

Une amie me conseille un restaurant où pourrait se tenir l’académie des vins anciens. De l’extérieur, le restaurant Le Petit Broc ne paie pas de mine. Mais dès que l’on entre dans la salle, la décoration délicate crée une atmosphère sympathique. L’accueil est chaleureux. Les tempuras de grosses langoustines sont croquantes à souhait et la sauce Thaï est d’une douceur qui conviendrait aux vins anciens. Le Gravlax de saumon est goûteux et suffisamment neutre pour que les vins se sentent bien. J’aime les coquilles Saint-Jacques un peu moins cuites que celles qui me sont proposées dans une sauce très convaincante. La salade de pamplemousses est un peu "nature", et conviendra aux liquoreux.

Tout cela est fort sympathique et, quelle que soit l’issue pour l’académie, je ne peux que recommander cette adresse simple où l’on mange fort bien dans un cadre agréable.

A suivre.

Brasserie de Saint-Louis en l’île samedi, 23 octobre 2010

Lorsque nous étions fiancés, ma future femme et moi, nous habitions l’île Saint-Louis, dans ce que l’on peinerait à nommer un studio : la douche était dans le coin cuisine, des toilettes partagées se nichaient entre deux étages et nous couchions sur un matelas. Nous avions une minuscule terrasse qui nous rendait propriétaires du ciel de Paris, et les silhouettes des monuments donnaient une perspective sur la merveilleuse histoire du centre de Paris. Traverser la Seine, c’était quitter notre village et aller "en ville" à Paris. Pour dîner, les Anysetiers du Roy nous paraissaient inaccessibles, aussi allions nous à la Brasserie de Saint-Louis en l’île. L’atmosphère de brasserie à l’ancienne, le service dégourdi d’un virtuose du plateau, cela nous enchantait. Aujourd’hui, après avoir visité la FIAC dans un Grand Palais que l’on n’a jamais vu aussi beau, l’envie de nostalgie nous prend, par un besoin de compensation assez naturel avec cet art moderne qui s’épuise d’avoir trop voulu innover ou provoquer.

La brasserie n’a pas changé d’un iota. Il y a toujours le lion dans une charrette peint sur la vitre extérieure, dont la peinture a sans doute été rafraîchie, la cigogne qui se repose dans la hotte d’un vendangeur. Notre serveur – si on peut l’appeler serveur – est l’opposé de celui de notre souvenir. Ronchon, oubliant ce que nous avons commandé, se plaignant de sa surcharge de travail alors qu’à 15h30 la salle est presque vide, il s’adoucira progressivement mais n’empêchera pas que nous profitions de notre nostalgie.

La fréquentation de grands restaurants a forcément changé mes yeux. Cette nourriture simple, d’huîtres et de choucroute, je ne l’aurais jamais analysée à cette époque. J’aurais planté ma fourchette sans autre forme de procès. Aujourd’hui, je remarque que les goûteuses huîtres de Marennes ont été ouvertes par quelqu’un dont la délicatesse est celle d’un changeur de pneus. La choucroute est assez ordinaire, au légume un peu fade et à la charcutaille un peu commune. Les glaces Bertillon sont parfaites.

Pendant que nous mangeons, six américaines en goguette se font photographier avec un serveur heureux d’être ainsi célèbre. La confrontation du passé et des pensées actuelles est aussi enivrante que l’excellente bière fumée bue dans un pichet de terre. Humer le passé de temps en en temps, c’est bien agréable.

archives des bordeaux rouges samedi, 23 octobre 2010

Cette nouvelle catégorie est ouverte pour permettre de pouvoir accéder facilement aux commentaires sur un vin particulier.

Pour un vin en face de l’année, on donne le n° du bulletin qui évoque ce vin. En allant ensuite dans la catégorie "bulletins", on trouve facilement le bulletin qui parle du vin.

http://academiedesvinsanciens.org/?cat=5

(si le n° de bulletin est soit "*" soit "A", c’est que ce vin a été bu avant le 20 décembre 2000, date du premier bulletin et que j’en ai gardé la mémoire en conservant un menu, mais sans commentaire écrit)

Pétrus archivesPtrus.pdf