136ème dîner de wine-dinners – les vins jeudi, 17 juin 2010

Champagne Richeroy années 50

Rosé des Vignobles de Cogolin, Laurens 1936

magnifique capsule qui dit : "Ouetaou de San-Maur"

Champagne Dom Ruinart 1993

Champagne Salon "S" 1982

Château Latour 1er GCC Pauillac 1933 (quelle fraîcheur de capsule et d’étiquette)

Château Margaux 1er GCC Margaux 1934 (la capsule paraît irréellement jeune)

Romanée Saint Vivant Marey-Monge, Domaine de la Romanée Conti 1982

Pommard Grands Epenots Michel Gaunoux 1974

Echézeaux Joseph Drouhin 1947

Coteaux du Layon, Vins fins Brouard 1945

Château Cantegril Haut-Barsac Sauternes 1922

Château d’Yquem Sauternes 1969

Astrance – les photos mardi, 15 juin 2010

Brioche tiède, beurre romarin et citron

Palet amande et pomme verte au praliné

Velouté de petits pois, yaourt au gingembre, mousse curcuma et cardamome

Foie gras mariné au verjus, galette de champignon de Paris, pâte de citron confit

Nage de légumes de Printemps, homard poché, herbes et fleurs sauvages

Asperges blanches, coulis de citron, amandes caramélisées, orange amer, cumin

Turbot vapeur, girolles aux amandes et abricot, arroche

Travers de cochon fermier laqué, petits pois cuisinés au Chorizo

Selle d’agneau grillée, chou pointu au soja noir, condiment curry noir et ail noir

Piment et citronnelle en sorbet

Cappuccino amande, feuille de riz grillé, cerises au Kirsh

Sorbet au sureau et gelée de sureau

Tartelette framboise, crème au thé vert

Lait de poule au jasmin

Fruits frais

Madeleines au miel de châtaignier

Champagne Clos des Goisses Philipponnat 1997

Corton-Charlemagne Coche-Dury 2003

Chateau de Beaucastel Hommage à Jacques Perrin Chateauneuf-du-Pape 2000

Paris sera toujours Paris !

dîner d’amis à l’Astrance mardi, 15 juin 2010

Jonathan était parti en Australie il y a neuf mois. Il revient à Paris, avide de sensations de bonne chère et de beaux vins. Nous nous retrouvons à trois avec Jean-Philippe au restaurant Astrance. Jean-Philippe nous a prévenus de son arrivée tardive, aussi, quand il se présente, le choix des vins est fait depuis longtemps.

La carte des vins composée par Alexandre, le sommelier, est intelligente, et il y a de belles pépites qui ne demandent qu’un orpailleur. Le champagne Philipponnat Clos des Goisses 1997 est vraiment très jeune. Il a des esquisses de pommes, aussi quand il est associé avec le palet amande et pomme verte au praliné, ça ne va pas du tout, comme dans un accord ton sur ton trop frigide. A l’inverse, sur la miraculeuse brioche tiède, beurre romarin et citron, le champagne trouve une assise plaisante. Mais globalement, il manque d’équilibre et de coffre. Sur le velouté de petits pois, yaourt au gingembre, mousse curcuma et cardamome, plat que je trouve d’une délicatesse majeure, le champagne fait bonne figure. Le plat suivant est le foie gras mariné au verjus, galette de champignon de Paris, pâte de citron confit. Il a un goût de « déjà vu » (en anglais dans le texte). Pascal Barbot qui déborde de créativité pourrait réinventer ce plat, sauf s’il tient à attacher un pilier symbolique à son restaurant. Le champagne suit poliment.

Sur la nage de légumes de printemps, homard poché, herbes et fleurs sauvages, Alexandre pense que le champagne se justifie, mais nous avons soif du Corton-Charlemagne Coche Dury 2003. Alexandre a raison sur certaines composantes du plat, dont le bouillon qui magnifie le champagne que je trouve un peu faible alors que je suis un fan de Clos des Goisses. Mais sur la chair du homard, c’est le Corton-Charlemagne qu’il nous faut ! Le nez de ce vin est terrifiant de suprématie. On le sent comme un Attila prêt à kärcheriser toutes les plaines de France. Ce qui me fascine, c’est qu’au-delà du poivre, on sent de la menthe dans ce vin à la folle fraîcheur. Le plat est bon, mais le vin capture notre attention. Chaque gorgée est une découverte nouvelle. Jamais nous ne pourrons saisir toutes ses facettes. Il y a du fort citron, sur des épices rares, et une longueur inespérée. C’est un cadeau du ciel qui repousse dans les 18 mètres tout autre vin blanc.

Les asperges blanches, coulis de citron, amandes caramélisées, orange amère, cumin sont magnifiquement faites, et ce sont les amandes qui captent l’attention du vin.

C’est avec le turbot vapeur, girolles aux amandes, abricot et arroche que le Corton-Charlemagne prend sa véritable dimension. Le vin est irréellement bon. Et le plat ne lui rend aucun point. Un turbot comme celui-ci est à se damner, car s’il a la texture d’un turbot, il n’en a pas la pesanteur. C’est un exercice de style d’une rare délicatesse.

Alors qu’il eût fallu continuer avec le blanc sur le travers de cochon fermier laqué, petits pois cuisinés au chorizo, c’est sur le Châteauneuf-du-Pape Château de Beaucastel Hommage à Jacques Perrin 2000 que nous prenons de plein fouet le gras délicieux du porc et la force pénétrante du chorizo. Le nez du vin rouge est d’une richesse joyeuse. C’est une affirmation en coup de poing. En bouche, ce vin délicieux est quand même désavantagé par la mémoire du vin de Coche Dury.

Heureusement, la selle d’agneau grillée, chou pointu au soja noir, condiment curry noir et ail noir, le plus beau plat à mon goût, surtout à cause du chou fumé comme au feu de bois, permet au Châteauneuf de trouver son assise, riche, simple, lisible et de briller. C’est un vin riche, doucereux dans son expression, assez simplifié, de grand plaisir. Il met encore plus en valeur la brillante complexité du Coche-Dury.

Nous attendions une suite pour finir le vin rouge, mais la messe était dite, avec des délicatesses de fin de repas : piment et citronnelle en sorbet / Cappuccino amande, feuille de riz grillé, cerises au Kirsch / Sorbet au sureau et gelée de sureau / Tartelette framboise, crème au thé vert / Lait de poule au jasmin / Fruits frais / Madeleines au miel de châtaignier.

Pascal Barbot a fait une fois de plus la démonstration de son immense talent, surtout avec deux plats, le turbot et l’agneau. Des trois vins, c’est de loin le Corton-Charlemagne qui a démontré qu’il est capable de rivaliser avec la dextérité de Pascal Barbot. Lequel des deux est le plus complexe ? En une période où la France débute par des matchs nuls, nous les mettrons ex aequo, Pascal et Jean-François Coche-Dury.

Nous avons passé un moment de rêve, avec des accords chair et vin ou sauce et vin délicats à merveille. J’ai eu ce soir, au-delà du plaisir de l’amitié, de grands moments de jouissance, quand plat et vin se complètent en une harmonie subtile, où chaque saveur ajoute une strophe au poème gastronomique. Turbot et Corton Charlemagne, puis chou fumé et Hommage à Jacques Perrin, ce sont deux mariages de la plus haute gastronomie.

Rayas à la Grande Cascade lundi, 14 juin 2010

Déjeuner au restaurant de la Grande Cascade à mi-juin, c’est l’espoir d’être en terrasse, face aux arbres centenaires. Raté ! Il y a trop de nuages lourds. Mais la salle est si belle que la souffrance n’est pas vive. L’atmosphère de ce restaurant est toujours agréable, dépaysante, hors du temps.

Le vin choisi pour ce repas est un Château Rayas, Châteauneuf-du-Pape 2001. Sur un amuse bouche où des asperges sont plongées dans une émulsion crémeuse, le Rayas cohabite bien. Car rien dans le plat ne crée en lui une répulsion.

Sur une entrée aux morilles, sot-l’y-laisse et ris de veau, avec une sauce crémée tendue par un léger vin jaune, le Rayas, au nez follement bourguignon mais à la bouche rhodanienne gagne une opulence, une assise et une maîtrise spectaculaires.

Sur un pigeon à la chair douce et intense, le Rayas expose noblesse et raffinement. Il est immense. Les quelques gouttes restantes ne gagnent rien à être associées à un saint-nectaire qui laisse le vin indifférent.

Ce vin me plait énormément car il est insaisissable. Chaque gorgée est une nouveauté. Bien sûr, il y a un squelette de vin structuré sur l’élégance, avec une légère amertume. Mais le vin est capable de changer. Opulent sur la morille, raffiné sur la chair du pigeon, ce vin qui ne cesse de surprendre plait à mon cœur.

40 ans fêtés de façon bucolique samedi, 12 juin 2010

Mon gendre a quarante ans. C’est l’occasion pour lui de recevoir famille et amis. Nous sommes à l’orée de la forêt de Fontainebleau, là où ça sent le cheval, l’herbe et le mouton. Nous sommes nombreux, l’assemblée comptant une majorité de couples congénères de Guillaume, avec beaucoup de chères têtes blondes. Les seuls chenus sont les parents ou beaux-parents. Le Champagne Henriot coule à flots en magnums, que ce soit du millésime 1995 ou du millésime 1996 et nous sommes tous sous l’enchantement, si l’on veut bien comprendre l’allusion directe que contient cette phrase.

Le 1996 est plus grand, mais la constante des deux est d’être des champagnes naturellement plaisants. Le champagne Henriot se boit bien, donne du bonheur, et on en redemande. L’année 1970 est un prétexte à ouvrir des vins de cette année. J’ai apporté Château Meyney 1970 qui a été rebouché par Cordier en 1996. Ce vin est très plaisant, bien charpenté mais sans grande émotion. Il se boit bien. Quelques membres d’une secte, triés sur le volet, peuvent goûter un Château Margaux, 1er GCC Margaux 1970 en magnum que j’ai apporté pour mon gendre. On mesure par comparaison à quel point un grand vin, c’est un grand vin. Il y a une texture chatoyante, une sérénité veloutée, qui signent le niveau de premier grand cru classé. Les discussions sont animées, on se gèle sous les merisiers. Alors on boit, ce qui accentue l’impression de froid.

Un grand moment de bonheur, c’est quand arrive l’Ispahan, le dessert de Pierre Hermé à base de framboise et de rose. L’association de ce dessert diabolique avec un Gewurztraminer n’est pas seulement diabolique, elle est infernale, tentation ultime d’un soir d’été dont la chaleur ne vient que de l’affection et de l’amitié.

académie – quelques photos jeudi, 10 juin 2010

Quelques vins du groupe 1 (à gauche le magnum de Moët commun aux trois groupes)

Les vins du groupe 2 (entre le groupe 1 et le groupe 3)

Les vins du groupe 3

Les trois groupes, mis sur trois arcs de cercles

Le Clos Montmartre 1979 dont la vigne appartient à la mairie du 18ème arrondissement de Paris

Quelques photos de plats

Académie des vins anciens – 13ème séance jeudi, 10 juin 2010

L’académie des vins anciens tient sa treizième séance. Il me semble que malgré les aléas, ce numéro lui a porté chance. Cette réunion est particulière à plus d’un titre. Elle se tient pour la première fois au restaurant de l’hôtel Bedford dans le 8ème arrondissement. L’hôtel n’assure pas le dîner et j’avais déjà constaté en m’y rendant avec un ami qu’à peine le déjeuner fini, les tables sont dressées pour le petit déjeuner du lendemain. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, car nous avons privatisé la très amusante salle du restaurant. Amusante, car sa décoration est surchargée, avec des stucs lourds comme ceux de la plus audacieuse des pâtisseries, mais charmante aussi, car elle dégage une atmosphère bucolique et confortable.

Christophe le chef, passionné de vins et notamment d’Yquem (il n’y en aura pas ce soir) est heureux de faire cette expérience, et je sens que Gilles le sommelier et Franck sont motivés à faire un service de qualité sur un schéma très inhabituel.

D’autres facteurs ont influencé cette réunion. Les inscriptions ont été très tardives, moins de dix membres ayant répondu à l’appel un mois avant la réunion. Pour accélérer le rythme il m’est apparu qu’il faudrait que je sorte de ma cave des bouteilles emblématiques. Par ailleurs, un de mes amis, Juan-Carlos, est en train de ranger ma cave. Il y découvre les bouteilles qui nécessitent d’être bues en urgence, parce que les niveaux ont baissé. L’occasion était trop belle de réaliser un projet que j’ai depuis longtemps, faire une réunion de « bas niveaux ». Dans la cave, Juan-Carlos riait de mon attitude, car à chaque bouteille, je disais : « oh, j’ai envie qu’ils goûtent cela ». C’est enfantin, car je ne cessais de rajouter des bouteilles.

Un autre élément a modifié l’effectif habituel de notre réunion. A la suite des conférences que j’ai tenues devant des élèves de Sciences Po et de l’Institut Supérieur du Marketing du Luxe et du même institut pour le goût, plusieurs se sont inscrits, que je dispensais de l’obligation d’apporter des bouteilles de vins anciens.

Au final, nous sommes 36 inscrits, mais 32 présents à la séance de l’académie, avec 65 vins annoncés, mais 62 présents, dont 46 en provenance de ma cave. Cette réunion est donc particulière, par son site nouveau, par la présence de douze étudiants ou élèves ravis d’entrer dans un monde inconnu et par le nombre très élevé de vins, puisque le ratio habituel d’une bouteille par personne est aujourd’hui doublé.

A 16 heures la salle de restaurant est étouffante, car la jolie verrière à vitraux a l’effet d’une serre. Il faut vite mettre en marche la climatisation pour que je puisse effectuer l’ouverture de ces 62 bouteilles. Juan-Carlos et un autre ami fidèle, Jean, seront d’une aide précieuse, car je ne serais sans doute jamais arrivé seul à extirper tous les bouchons dont de nombreux sont venus en charpie.

Quand le niveau dans une bouteille baisse, c’est que le bouchon a un problème. La nature du problème est variable, certains devenant secs, d’autres graisseux, mais généralement, les bouchons se brisent en mille morceaux. C’est ce qui s’est produit. Parfois, des bouchons ne tenaient plus qu’à un fil et la simple pression de la pointe du tirebouchon les fait tomber dans la bouteille. Avec Jean et Juan-Carlos, nous échangeons nos impressions olfactives, et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas encourageant. A vue de nez j’estime qu’un tiers des vins sont morts ou quasi morts, surtout les blancs secs qui ont souffert. Jean est le plus optimiste de nous trois. Jamais mes mains n’ont été aussi noires tant abondaient les bouchons graisseux. Des goulots étaient recouverts de traces noires, dont particulièrement celui de La Tour Blanche supposé 1896, au goulot dont l’intérieur est touché comme un pélican lors d’une marée noire. Cette bouteille m’a réservé une surprise. Au moment où je l’ouvre, le nez se caractérise par de la poussière, du parchemin, mais je pressens un retour possible. Je prends la bouteille et traverse la pièce pour faire sentir ce vin au chef amoureux d’Yquem qui dîne dans la salle. A peine ai-je fait quelques mètres que des odeurs sympathiques d’agrumes deviennent sensibles. Une éclosion aussi rapide est rare. Le chef et le sommelier sentent ces odeurs sympathiques. Je prends la bouteille pour la reposer sur la console où sont alignés tous les vins. Je sens une dernière fois avant de reposer, et alors, une odeur de bouchon envahit mes narines. L’odeur de bouchon était absolument inexistante pendant les deux premières minutes. Et maintenant, elle s’impose. Cette survenance tardive est une énigme.

Les académiciens arrivent en ordre dispersé, ce que la circulation parisienne explique. Nous commençons par un Champagne Moët et Chandon en magnum des années 50. C’est quand même un peu dommage de démarrer par une bouteille faible, car malgré un niveau très beau dans la bouteille, le bouchon qui se tire sans résistance indique une absence de bulle. Et comme j’ai la première gorgée, c’est la plus amère. Fort heureusement le reste de la bouteille est moins désagréable et je constate avec plaisir que chacun, y compris les plus jeunes, accepte bien ce champagne, parfois gouleyant mais objectivement fatigué. L’ouverture d’esprit des présents est un bon signe.

Nous nous plaçons à table, en six tables de cinq à six personnes. Après la séance d’ouverture et ce champagne, j’oriente mon discours sur la nécessité de bien se mettre à l’écoute des vins, pour en saisir les messages encore audibles. Et j’annonce que très probablement nous rejetterons des bouteilles mortes.

Nous sommes répartis en trois groupes de vins, chacun des académiciens devant goûter plus d’une vingtaine de vins. Ils sont listés par ordre de service :

Les vins du groupe 1 : Champagne Soutiran Brut 1er cru Alexandre non millésimé, Schramsberg méthode champenoise blanc de noirs Californie 2004, Champagne Houdart de la Motte années 80, Sancerre rosé AOC 1976, Puligny-Montrachet Grands Chais de Dijon années 50, Château Haut Brion blanc 1966, Domaine de Chevalier 1952, Clos Fourtet 1959, Château Pichon Comtesse années 20, Château La Mission Haut-Brion 1929, Château Lafite 1900, Grands-Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1956, Vosne-Romanée Beaumonts Charles Noëllat 1961, Clos des Papes Paul Avril Châteauneuf-du-Pape 1979, Clos Montmartre blanc 1979, Château Chalon Perron 1967, Cérons 1943, Château la Tour Blanche Sauternes fin du 19ème siècle, probable 1896.

Les vins du groupe 2 : Champagne Soutiran grand cru millésimé 2003, Champagne Houdart de la Motte années 80, Champagne Prince de Bourbon Parme Abel Lepitre 1975, Château de la Grave bordeaux blanc années 40, Bourgogne Aligoté Les Caves Unies 1960, Santenay blanc Réserve de le Reine Pédauque années 50, Puligny-Montrachet Grands Chais de Dijon années 50, Château de Cavailles Bergerac 1982, Château Bourgneuf Vayron Pomerol 1971, Château Langoa Barton 1966, Château Haut-Brion 1963, Château Margaux 1962, Château La Gaffelière Naudes 1934, Château Chauvin Caves Nicolas 1929, Macon reine Pédauque années 1950, Mercurey Clos du Roi Antonin Rodet 1943, Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1957, Château de Beaucastel Châteauneuf-du-Pape 1986, Clos de la Coulée de Serrant Nicolas Joly 1979, Château Laurette Sainte Croix du Mont 1983, Loupiac Georges Audy 1945.

Les vins du groupe 3 : Blanc Foussy Vin vif de Touraine années 80, Champagne Houdart de la Motte années 80, Champagne Houdart de la Motte années 80, Krug Grande cuvée datant des années 70, Puligny-Montrachet Vincent Vial 1962, Santenay blanc Réserve de le Reine Pédauque années 50, Puligny-Montrachet Grands Chais de Dijon années 50, Château Carbonnieux Blanc 1966, Château Fontaine Montaguillon 1964, Château Brane Cantenac 1966, Cheval Noir –St Emilion 1959 , Château Malartic Lagravière 1953, Château Haut-Brion 1963, Château Haut-Brion 1942, Château Mouton-Rothschild 1970, Château La Gaffelière Naudes 1934, Chambolle-Musigny Morin 1945, Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1942, Bonnes Mares Louis Gasquiel 1943, Vin jaune 1964, Château Doisy-Daëne 1967.

Le menu composé pour nous par Christophe Frugier est certainement le plus abouti de toutes les séances : terrine de foie gras au naturel / chair de tourteau aux légumes croquants / filet de bar poêlé, émulsion de crustacés / médaillon de volaille fermière farcie aux morilles / agneau rôti, jus réduit, purée à l’huile d’olive / Stilton / glace fine aux pommes, glace vanille. Ce fut très élégamment réalisé.

Le Champagne Soutiran Brut 1er cru Alexandre non millésimé fait un grand contraste avec le champagne d’apéritif. Il est jeune, plein de belles bulles et se boit agréablement Je ne sais pas qui m’a offert le Schramsberg blanc de noirs méthode champenoise Californie 2004. C’est amusant de voir que c’est un ami champenois à ma table qui défend les couleurs de ce vin que l’on aimerait sans doute si nous étions californiens. Mais le vin très alcoolique, à la bulle lourde et au dosage élevé n’entraîne pas de ma part une grande adhésion.

Le bonheur revient avec le Champagne Houdart de la Motte années 80 qui est exactement ce que doit être un champagne ancien : avoir encore du pétillant et disposer d’une gamme chromatique joyeuse et étendue. C’est le cas de celui-ci. Mais il y a encore mieux, car on me tend un verre de Champagne Prince de Bourbon Parme Abel Lepitre 1975, qui est encore plus élevé dans la grâce et la joie de vivre. C’est un très grand champagne de gastronomie.

Qui d’autre que moi a encore en cave un Sancerre rosé AOC 1976 dont le nom du vigneron est absent ? Le pire serait à craindre mais pas du tout. La couleur rosée est très belle, de rose frêle, le nez est convaincant et le goût est très agréable, simple, direct et appétissant. Il se boit bien.

Comme je l’avais supputé, les blancs ont un rôle difficile à jouer, mais j’entends aux tables voisines que les choses se passent beaucoup mieux que prévu. Le Puligny-Montrachet Grands Chais de Dijon années 50 est objectivement fatigué, mais il n’entraîne aucune grimace. Il est à noter que la chair du tourteau lui donne un coup de fouet restructurant. On passe très vite au Château Haut Brion blanc 1966 qui est absolument magnifique. Voilà un vin vivant d’une couleur jaune de belle jeunesse, au goût dans la plénitude de sa maturité. C’est un grand vin, très dans la ligne des grands Haut-Brion blancs.

Une belle surprise nous attend avec le Domaine de Chevalier 1952 qui est d’un charme velouté inimaginable. Jamais nous n’aurions pensé que ce vin aurait ce niveau. Et la chair du poisson accentue son velouté et lui donne de la densité. Ce qui est intéressant, c’est de comparer avec le vin suivant. Le Clos Fourtet 1959 est mieux dessiné, plus pur et plus délicatement charpenté, mais c’est vers le Domaine de Chevalier que notre cœur penche.

La bouteille de Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande des années 20 n’a pas d’étiquette et le vin est reconnu par sa capsule à l’écusson ovoïde, d’un rouge éclatant. Le vin est délicieux comme les 1921 savent le faire, ce qui pourrait être son millésime. Solide, vaillant, encore dense, ce vin est grand. Mais le Château La Mission Haut-Brion 1929 est d’une autre trempe. Pour les jeunes palais qui assistent pour la première fois à une séance de l’académie, le fait qu’un vin de 81 ans puisse avoir cette force, cette présence carrée, et ce goût à la longueur inextinguible, c’est vraiment entrer dans un monde irréel. Je lis l’étonnement sur les visages. C’est un très grand Mission.

Mais maintenant, ce sont tous les convives qui regardent mon visage, car je suis le premier servi d’un vin mythique. Et tout le monde sourit de mon expression béate. Je suis lou ravi, le benêt du village qui découvre l’apparition divine du Château Lafite 1900. Cette bouteille était à la limite basse de l’épaule. Et le vin est tout simplement sublime, irréel, incroyable, avec une complexité que je n’ai que rarement rencontrée. Ce vin est divin, kaléidoscopique, car il est impossible d’en saisir toutes les nuances. Ça bouge en bouche de façon incroyable. Il y a des fruits noirs et rouges délicatement enrobés dans un vineux joyeux. Franck me verse la lie dans un verre, et c’est un nirvana eucharistique, si l’on peut oser cette expression. Je suis sur un petit nuage.

Pas question d’en redescendre, car c’est une nouvelle irréalité qui arrive. Le Grands-Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1956 est tout simplement parfaitement Conti. A mille lieues des impressions données par le Lafite, on est bercé par la douceur saline toute en grâce d’un vin à la sensualité raffinée. Quel tir groupé de six vins de suite qui sont dans une forme parfaite !

Nous redescendons sur terre avec le Vosne Romanée Beaumonts Charles Noëllat 1961 qui fait torréfié, cuit, buvable sans doute, mais fatigué et dévié. Je n’ai pas gardé le souvenir du Clos des Papes Paul Avril Chateauneuf-du-Pape 1979 et je ne sais même pas si je l’ai bu. Il sentait très bon à l’ouverture. J’espère qu’il fut bon. Il faut dire que je me déplaçais de table en table, et dans la forêt de verres que j’avais à ma place, il n’est pas impossible que j’aie omis ce vin.

C’est la première fois que je goûte un Clos Montmartre blanc 1979. La couleur est d’un jaune orangé trouble. Le nez évoque les vins jaunes, ce qui explique que je l’aie placé à ce moment du repas. Et ce vin picote l’intérêt car il ne ressemble à rien. Et j’adore ces vins indéfinissables. A l’inverse, le Château Chalon Perron 1967 est totalement conforme à ce qu’on en attend, c’est-à-dire excellent.

Le Cérons Château du Haut-Mayne 1943 est d’une belle jeunesse et d’une densité qui le rend séduisant. Vient alors ce qui devait être après Lafite le clou de notre groupe, le Château la Tour Blanche Sauternes fin du 19ème siècle, probable 1896. Il a gardé son sale goût de bouchon. La couleur est d’un or orangé légèrement trouble, et rien en bouche ne confirme le nez de bouchon. Le vin est fatigué, mais suffisamment plaisant pour qu’on finisse son verre. Un ami jurassien a sorti de sa besace un vin de paille qui n’a qu’un succès d’estime.

A toutes les tables, tout le monde est joyeux. Des verres s’échangent, les discussions sont passionnées et chacun a conscience de vivre des instants uniques. Ceux qui ont bu un vin de 110 ans, le Lafite 1900 se demandent si un jour ils auront la chance de boire à nouveau un vin aussi rare.

J’ai perçu ici ou là pendant le repas quelques grimaces, mais le bilan me semble impensable par rapport au sentiment à l’ouverture. Notre groupe n’a écarté aucun vin et aux autres tables, ce sont peut-être quatre ou cinq bouteilles au maximum qui ont été jugées difficilement buvables.

Des réflexions s’imposent après cette incroyable dégustation. D’abord, qu’il faut intensifier, grâce à l’académie, le mouvement pour que les vins anciens se boivent. Beaucoup de vins de ce soir ont été bus au-delà de la période où ils auraient dû l’être. L’autre constatation est l’incroyable pouvoir curatif de l’oxygène sur des bouteilles apparemment mortes. J’avais prévu que chaque groupe puisse boire une bouteille du Domaine de la Romanée Conti, et j’avais annoncé que l’une d’entre elles serait certainement imbuvable. Or elle fut appréciée et même notée à un bon rang dans les préférences. Ceci veut dire que le pire n’est jamais sûr, et qu’il ne faut jamais condamner une bouteille à l’ouverture. Les miracles sont le quotidien des vins anciens.

Le classement que je ferais des vins de mon groupe est : 1 – Château Lafite 1900, 2 – Grands-Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1956, 3 – Château La Mission Haut-Brion 1929, 4 – Château Pichon Comtesse années 20, 5 – Domaine de Chevalier 1952, 6 – Château Haut Brion blanc 1966, 7 – Sancerre rosé AOC 1976. Le champagne Abel Lepitre que j’ai bu par ailleurs viendrait en quatrième position si je l’incluais.

Cette séance de l’académie est sans doute la plus brillante de celles que nous avons vécues, par le cadre, le repas, la qualité des vins malgré leur apparence et par l’atmosphère créée par des amateurs jeunes et moins jeunes, tous enthousiastes. La grande leçon est qu’un vin ne doit jamais être jugé mort, tant qu’on ne lui a pas donné une chance de revivre, et que les miracles sont plus fréquents qu’on ne le croit, grâce à Saint Oxygène, patron des vins anciens. Cette académie nous a donné une grande leçon et beaucoup de plaisir.

Académie des Vins Anciens – 10 juin lundi, 7 juin 2010

Notre séance se tiendra le 10 juin à l’hôtel Bedford.

Hôtel Bedford – 17, rue de l’Arcade – F – 75008 PARIS

L’heure d’arrivée des participants doit être entre 19h et 19h30.

A ce jour nous sommes 36.

Pour les inscrits :

Il ne faut plus m’adresser vos paiements. Me les remettre le jour de la réunion.

Chèque à l’ordre de « François Audouze » à l’adresse François Audouze – 18 rue de Paris 93130 NOISY LE SEC.

Merci de vérifier cet ordre, et de ne pas en inventer un autre.

La participation est de 120 € avec vin fourni et 240 € sans vin. Aucun chèque ne peut être envoyé par la poste après le 4 juin. La présence à la réunion suppose que le paiement a été reçu.

Les vins doivent m’être proposés et agréés par moi. Les bouteilles sont à déposer chez Henriot 5 rue la Boétie 75008 Paris – 2ème étage – 01.47.42.18.06

Notre contact sur place est Martine Finat : mfinat@champagne-henriot.com. Aucune bouteille ne pourra être livrée après le 7 juin.

Comme quelqu’un est en train de ranger ma cave, j’ai apporté un nombre très élevé de bouteilles, dont des prestigieuses, mais dont le niveau impose de les boire vite. Il y aura peut-être du déchet, mais il y aura à boire plus que nous ne le pourrons.

Voici ce qui est prévu :

Champagne Houdart de la Motte années 80; Champagne Houdart de la Motte années 80; Champagne Houdart de la Motte années 80; Champagne Houdart de la Motte années 80; Krug Grande cuvée datant des années 70; Magnum Moët et Chandon des années 50; un autre champagne Moët à définir; Clos Montmartre blanc 1979; Château de la Grave bordeaux blanc années 40; Château Carbonnieux Blanc 1966; Santenay blanc Réserve de le Reine Pédauque années 50; Santenay blanc Réserve de le Reine Pédauque années 50; Puligny-Montrachet Grands Chais de Dijon années 50; Puligny-Montrachet Grands Chais de Dijon années 50; Puligny-Montrachet Grands Chais de Dijon années 50; Château Bourgneuf Vayron Pomerol 1971; Château Langoa Barton 1966; Pape-Clement 1970; Domaine de Chevalier 1952; Château Malartic Lagravière 1953; Château Haut-Brion 1963; Château Haut-Brion 1963; Château Haut-Brion 1953; Château Haut-Brion 1942; Château Mouton-Rothschild 1970; Château Margaux 1962; Cheval Noir -ST EMILION 1959 ; Clos Fourtet 1959; Château La Gaffelière Naudes 1934; Château La Gaffelière Naudes 1934; Château Chauvin Caves Nicolas 1929; Probable Château Lafite années 20; Château La Mission Haut-Brion 1929; Château Lafite 1900; Chambolle-Musigny Morin 1945; Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1956; Grands-Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1957; Clos des Papes Paul Avril Chateauneuf-du-Pape 1979; Château de Beaucastel Chateauneuf-du-Pape 1986; Château Chalon 1967 de chez Perron; Jurançon 1956; Loupiac Georges Audy 1945; Château Doisy-Daëne 1967; Château la Tour Blanche Sauternes fin du 19ème siècle, probable 1896

D’autres bouteilles se sont rajoutées à cette liste.

A la date du 7 juin, il ne faut plus rien envoyer. Toute bouteille non livrée le 7 et tout chèque non envoyé le 7 seront apportés le jour même, à la réunion au Bedford (et pas au Macéo).

Les bouteilles apportées le jour même seront ouvertes par les académiciens eux-mêmes, avec leurs outils ou ceux du restaurant, car après l’ouverture des vins par mes soins, je ne prends plus en charge ces opérations au dernier moment.

Très cordialement

séjour à Yquem – les photos jeudi, 3 juin 2010

J’arrive à Yquem le 1er juin pour redresser les bouteilles qui sont en cave à Yquem depuis un mois.

Les rosiers sont en fleurs sur les murs de la cour carrée du chateau. Ce rosier fuchsia sur le puits au centre de la cour émet des odeurs enivrantes.

Je me rends ensuite au relais du Chateau d’Arche, à un jet de pierre (avec un onagre) d’Yquem

Les rangées de vignes ont comme initiales de jolis rosiers. La vigne, liane expansive, déroule ses jeunes pousses que l’on va bientôt rogner.

On ne manque pas d’humour au chateau d’Arche, car voici des oies expressives faites de branches et de troncs

au restaurant "le Saprien" à Sauternes, où j’ai dîné à l’eau, la coquille est abondante et la lamproie au sauternes goûteuse. Un sympathique endroit.

Le 2 juin au matin, je me présente au chateau. La façade orientée nord vers les bureaux d’accueil et la porte façade ouest de la cour carrée du chateau

deux vues que j’adore de l’architecture militaire du chateau

voici la table que Christiane a dressée pour nous pour le déjeuner à quatre

la bouteille d’Y d’Yquem 2007

Quand Valérie m’a annoncé un Petit Cheval, ma réaction furieusement snob a fait corriger le tir !

la bouteille d’Yquem 1941 que je veux faire découvrir au staff d’Yquem. J’ai cherché de l’inédit, car ce millésime est rarissime. On voit bien le verre bleu.

l’ambre à travers le verre bleuté n’a rien à voir avec l’or du vin dans un verre. On note le bouchon très court, sans doute parce qu’on manquait de liège vers 1945, date d’embouteillage

Christiane a fait un repas succulent : clafoutis d’asperges, pintade et frangipane; les photos montrent que c’est un appel à la sieste !

Notre groupe joyeux. De gauche à droite, Sandrine Garbay, maître de chai, qui adore la frangipane, moi, qui tiens l’yquem 1941, Valérie Lailheugue, assistante du président d’Yquem, organisatrice hors pair, et Francis Mayeur, directeur d’exploitation, qui fait le vin en collaboration avec Sandrine. Il a été marqué par la perfection de l’Yquem 1941.

il est temps de faire la sieste. Voici ma chambre. Il y a un petit salon dans la tour sud ouest où je suis allé capter de bonnes ondes pour la future ouverture des vins.

la vue de ma chambre :

petit détour par le chateau; le grand salon que nous n’utiliserons pas

le petit salon où nous prendrons l’apéritif

des roses de mariées. elles sont si belles !

il est temps d’ouvrir les vins avec mes amis comme spectateurs. Le niveau de la Romanée Conti est bas, mais cela n’affectera pas son goût.

une autre vue des vins de ce soir

Champagne Krug Clos du Mesnil 1982

Champagne Dom Pérignon 1964

Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1972

Château Chauvin 1929 de mise Nicolas, grande cave prestigieuse

ouverture du Chateau Chauvin 1929 qui doit être faite avec minutie

Château Cheval Blanc 1943. L’étiquette est magnifique de délicatesse, la capsule est belle et le bouchon d’un liège parfait.

Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1962

Musigny Coron Père & Fils 1899 (j’ai cette bouteille depuis trente ans dans ma cave. On me la proposerait aujourd’hui, je tiquerais sur son aspect beaucoup trop propre et parfait)

Château Chalon Jean Bourdy 1921. On note que le verre est coupé au ciseau comme cela se faisait au 19ème siècle. le mot "Chateau Chalon" est gravé dans le verre.

Château d’Yquem 1890 et Château d’Yquem 1899. la 1899 est un cadeau de Pierre Lurton

le bouchon du 1890 porte clairement l’année, comme on le faisait à la date de rebouchage en 1988

les bouchons des vins ouverts. Aucune miette n’est tombée dans les bouteilles

Après les ouvertures, nous nous faisons tous beaux pour la soirée qui commence par un petit tour autour du chateau, avec les couleurs du soleil de soirée

Une photo de groupe face au soleil

Les 2009 avant assemblage, et les 2008 dans le grand chai, en mûrissement

l’escalier qui descend vers le grand chai est une oeuvre d’art

dégustation à la sortie des chais, de trois Yquem prometteurs : 2009, 2007 et 2001. Je suis étonné de la date de prélévement du 2009, le 4 mai, ce qui semble bien lointain…

la belle table de notre dîner

Foie Gras de Canard aux Amandes

Medley de St Jacques et Truffes

Turbotin et Petites Pâtes à l’Encre

Navarin de Homard

Fondant de Pigeon Miroir (j’étais tellement concentré sur les deux bourgognes que j’ai oublié de photographier ce plat. C’est dommage)

Fromages

Gratin de mangues

Le lendemain, ceux qui ont couché au chateau se retrouvent au petit déjeuner

Les dernières photos pour que le souvenir de ce séjour inoubliable s’imprime un peu plus encore dans nos esprits éblouis