La perfection médiévale. Visite du Getty Center de Los Angeles mardi, 6 novembre 2007

Après ces merveilleuses dégustations, un peu de repos s’impose. Faire du shopping à Beverly Hills, c’est imaginer, l’espace d’un instant que l’on est riche. Les articles que je regarde ont un nombre suffisant de zéros avant la virgule pour que je me tienne sage, sauf pour des vêtements qui font de moi un « vrai » américain. Je vais au musée Getty. Comment est-il possible, même pour l’homme qui fut le plus riche du monde, d’acheter une immense colline qui offre une vue époustouflante sur Los Angeles et d’y construire une ensemble gigantesque qui représente au moins cent fois la villa Noailles de Hyères. Les parkings en sous-sol pour les bus scolaires couvrent des hectares. On accède au site par une noria de navettes électriques qui sont les mêmes qu’aux nouveaux terminaux de Roissy et l’on est accueilli par une splendide sculpture de Maillol qui fait une tache de couleur devant un ensemble de bâtiments en marbre blanc. Alentour on peut discerner à travers le brouillard constant des panoramas à couper le souffle. La comparaison à la villa Noailles n’est pas vide de sens tant l’enchevêtrement de bâtiments et de perspectives ouvre des horizons nouveaux.

Je vais visiter une exposition temporaire d’œuvres médiévales, et j’ai un choc qui crée un lien avec le monde du vin. Des sculptures en marbre du 4ème siècle, des tapisseries brodées aux couleurs vives du 5ème siècle, de fines gravures sur ivoire du 8ème siècle montrent que cette époque que l’on voudrait considérer comme barbare avait un sens artistique et une virtuosité technique qui n’a rien à envier à la Renaissance postérieure parfois de mille ans. Je vois une petite plaque octogonale en or avec le Christ crucifié au centre, entouré de douze têtes qui émergent de la plaque, représentant les apôtres aux visages précis malgré leur taille minuscule. Un tel travail d’orfèvrerie ne peut se concevoir dans un monde barbare. Des centaines d’objets remarquables d’une période s’étendant de l’an 300 à 1450 montrent un savoir faire, surtout sur l’ivoire et les enluminures qui me semble perdu aujourd’hui faute de temps et de mécènes. Le lien avec le vin est le suivant : du fait d’une industrialisation extrêmement rapide qui modifie le champ conceptuel presque tous les dix ans, nous croyons bien trop facilement que le monde a été inventé lorsque nous sommes nés et que les générations qui nous précèdent vivaient dans un obscurantisme total. Voilà qu’une tapisserie bien conservée tissée il y a 1600 ans rappelle qu’on savait créer avec art il y a très longtemps, qu’un ivoire d’une émotion intense montre qu’il y a 1200 ans, on créait avec délicatesse. Trop de gens estiment que le bon vin a été inventé dans les quarante dernières années. Ils oublient que la tradition orale, qui permettait la transmission de génération en génération des secrets de l’orfèvrerie a joué le même rôle pour l’excellence du vin. Il y a cent ans, on savait faire du vin, avec l’acquis de plus de mille ans d’essais et d’erreurs. Le vin ne date pas de l’arrivée des maîtres à penser d’aujourd’hui. Le choc artistique qu’a occasionné cette merveilleuse exposition dépasse – fort heureusement – la seule pensée de la similitude au vin. Le musée Getty est un lieu où il faut impérativement se rendre.

Beverly Hills lundi, 5 novembre 2007

Rodeo Street is designed to make a rodeo with your bank account.

How much time will it stay on its saddle ?

 

Tiffany, Louis Vuitton, and in the middle of the street, pacakaging of Baccarat.

 

This shop has no window, no barrier, and this naked woman in the middle of the street suggests : "buy me clothes".

All in the town perspires luxe, success.

Not bad !

Une verticale de 28 millésimes d’Yquem jusqu’en 1899 lundi, 5 novembre 2007

Après un petit break suivant le déjeuner avec les plus grands Cheval Blanc, nous nous retrouvons à nouveau pour le premier repas consacré à Yquem, un dîner à Chinois on Main, avec la cuisine de Luis Diaz et René Mata, et avec la supervision des vins de Christian Navarro. La dégustation est conduite par Bipin Desai et l’invité d’honneur est Pierre Lurton, qui va nous donner des informations très précises sur chaque année avec les dates de vendanges, les rendements, les taux d’alcool, d’acidité et de sucre potentiel ou résiduel. Je suis arrivé très en avance de mon hôtel, aussi je peux voir toutes les bouteilles dorées alignées sous la bienveillante protection d’un Bouddha, dont l’énigmatique visage semble indiquer qu’une telle offrande est acceptable par Lui.

Le menu se compose de : passed hors d’oeuvre / Pithivier of stir-fried squab with roasted sweet potato puree / Santa Barbara prawns on sweet and sour beets with sesame seed and plum wine emulsion / roasted Kurobota pork loin with slow braised shoulder, dry apricots and toasted almond / upside down passion fruit cheesecake with pineapple sabayon.

Si l’on excepte le porc, je n’ai pas été impressionné par les essais d’accords avec Yquem, qui peuvent être largement meilleurs comme nous le verrons demain. Mais l’endroit est si charmant et le staff est si actif que nous avons passé un très beau moment.

Voici une anecdote qui m’a fait sourire. Quand je fais des dîners avec des grands chefs pour mettre en valeur des vins anciens, je leur demande de simplifier leur cuisine, en leur disant qu’une cuisine simplifiée peut être délicate et montrer aussi bien leur talent. Quand le « pork loin » arrive sur la table, il y a sur l’assiette seulement trois tranches de viande, sans sauce, sans aucun extra. Et je me mets à penser : “wow, ils ont compris ce qu’il faut pour Yquem”. Et soudain, un serveur arrive avec une énorme cocotte et remplit les assiettes avec une autre viande (l’épaule), des légumes et de la sauce. J’avais rapidement essayé  la viande seule avec l’Yquem, juste pour vérifier que ça marche bien. Le plat plus complexe est trop lourd pour être un véritable ami d’Yquem.

La première série : Yquem 2003, 2000, 1998, 1995, 1982, 1970

L’examen des odeurs n’est pas d’un grand secours pour ces jeunes vins. J’ai juste noté que le plus grand nez est celui du 1970, ce qui est normal car c’est le plus vieux. Le 2003 a pris du corps depuis que je l’ai goûté au château. J’y vois de la figue, du fruit tropical, des gâteaux exotiques. Le vin est opulent, avec du gras. C’est réellement un grand vin.

Le 2000 est plus élégant, plus discret, mais le sucre se montre plus. C’est un Yquem moins intéressant. Le 1998 est nettement plus léger. Un Yquem plus limité qui ne m’a jamais vraiment convaincu. Il n’a pas la personnalité que les autres peuvent montrer. Le 1995 qu’Alexandre de Lur Saluces complimenta beaucoup à sa première apparition est élégant, mais je le trouve trop monolithique, trop simple. Le 1970 est maintenant sur mes lèvres : ça, c’est un vin ! Le sucre est très limité ; élégance, douceur et charme sont là. Ce n’est probablement pas le plus imaginatif, mais j’aime son côté aérien en bouche et son goût d’abricot. Le 1982 a une très belle attaque de citron vert. Il a équilibre, structure, sérénité. C’est typiquement un vin de gastronomie.

Mon classement : 1982 – 2003 – 1970 – 2000 – 1995 – 1998.

Le classement en considérant le potentiel mettrait le 2003 au dessus du 1982.

Seconde série : Yquem 1986, 1961, 1953.

Les couleurs des deux plus vieux sont fantastiques. C’est ce à quoi Yquem devrait ressembler. Le 1986 est légèrement amer, mais avec le temps, il gagne en élégance. Ce vin a été une « sleeping beauty » pendant longtemps.  Il est très probable qu’il va connaître un développement positif. Avec le 1961 nous entrons dans une nouvelle génération d’Yquem. Ce vin a de l’équilibre, mais plus que cela, une aisance à la George Clooney. Il est dans une phase « mangue ». Le 1953 est complètement féminin. Contrairement aux vins qui réclament un plat, ce 1953 a un tel charme en douceur qu’il devrait être bu seul, pour en apprécier la subtilité.

Pierre Lurton trouve que le 1961 a un final plutôt amer, mais en fait ce vin abandonne progressivement son sucre et devient plus sec, comme cela arrive plus fréquemment pour la décennie 30.

Goûtant de nouveau les vins je trouve que le 1986 irait très bien avec un homard, et même si le final n’est pas le plus spectaculaire, je le trouve plaisant. Le 1961 prend des notes de thé, s’assèche un peu mais c’est un vin très beau. Le 1953 est excellent.

Mon classement : 1953 – 1961 – 1986.

Troisième série : Yquem 1983, 1967, 1959, 1955

Pour le 1983, le sucre est très sensible, mais compensé par une belle acidité de citron vert. C’est un classique et bon Yquem. Le 1967 a une attaque de thé, de bois amer. Mais le volume de ce vin est énorme. Il est très intéressant car il n’est absolument pas conventionnel. J’aime justement le côté atypique de ce vin. Le 1959 est très léger, aérien et subtil. Quel contraste avec le 1967 ! Il est extrêmement élégant. Le 1955 est la synthèse des deux vins précédents. Il est intéressant. Il y a des fruits confits. Le final est imposant.

Je fais un second et un troisième tour pour décider qui est le premier car c’est compliqué. Le 1967 est très grand, mais avec un aspect de thé. Aussi, je préfère le 1955. Le 1959 est de plus en plus grand. Il est extrêmement difficile de choisir. Je commence à écrire 1955 – 1967 – 1959 – 1983.

Mais en fait mon classement est : 1955 – 1959 – 1967 – 1983. Le fait de mettre le 1967 seulement en troisième place montre que les deux autres sont particulièrement brillants. Bipin dit que le 1967 est le plus “exotique” de tous les Yquem et ajoute : “c’est le plus Pomerol des Sauternes”.

Le 1955 a de l’élégance, le 1959 a un final poivré, le 1967 a une incroyable puissance, et c’est une bombe. Le 1955 est le plus léger, mais pour moi il est exactement dans la ligne historique d’Yquem. Je reviens aux précédentes séries avec le 1982 qui est très bon et le 1970 qui tient mal la distance.

Nous parlons tous de nos choix, qui sont très différents, et la question qui se pose, à mon avis c’est “qu’attendons-nous exactement d’un Yquem?”. Il est clair que certaines personnes veulent de la puissance, ce qui n’est pas ma recherche première. Les préférences furent très différentes. C’est une bonne chose, car chaque Yquem trouvera son fan club.

C’était une merveilleuse soirée, avec de beaux vins et une nourriture plutôt décevante, montrant que le chef n’est pas entré dans le monde d’Yquem.

– *

Notre groupe se rencontre de nouveau le lendemain pour déjeuner. Le quatrième événement de cette incroyable série de dégustations est un déjeuner au Spago Berverly Hills, avec un menu composé par Wolfgang Puck, un chef talentueux d’origine autrichienne. Le management des vins et des verres est comme d’habitude supervisé par Christian Navarro. Pierre Lurton est de nouveau l’invité d’honneur du déjeuner organisé par Bipin Desai.

Le menu se compose ainsi : hors d’oeuvres / wood oven-roasted, prosciutto-wrapped Maine monkfish with onion-date puree and Thai spices /  roasted breast of Scottish pheasant with shepherd’s pie of braised leg and butternut squash / grilled Snake River Ranch Kobe New York steak with Matsutake mushrooms / Stilton and Roquefort / apple and fennel sorbet with pixie tangerines, lime marinated persimmon with anise wafers.

Ce fut la plus élégante cuisine des quatre repas, parfaitement adaptée aux vieux Yquem, et je suis particulièrement heureux que le chef ait eu le courage de proposer un bœuf de Kobe sur de vieux Yquem. Ça a merveilleusement fonctionné. J’adore quand on prend de tels risques, et ça paie !

La première série : Yquem 1976, 1975, 1948, 1947, 1934

Les couleurs les plus sombres sont celles du 1947 et du 1948. Le 1934 est plus léger, et dans mon verre un peu trouble, ce qui n’apparaît pas pour mes voisins. Le nez du 1975 est bouchonné, et j’apprends que pour l’autre groupe, c’est le 1976 qui est bouchonné. Nous avons échangé des verres entre ceux qui avaient de bons vins et ceux qui avaient reçu des bouchonnés.

Le nez du 1948 est merveilleux. Il a une incroyable force et on le sentirait en pensant à un alcool. Le nez du 1947 a une infinie subtilité. Il est sexy comme un parfum. Le nez du 1934 est équilibré et doux. Le nez du 1976 est très fort en alcool.

Le 1976 en bouche est très gras, suggérant des fruits confits. C’est un excellent Yquem. Le 1975 ne souffre pas tellement d’être bouchonné.  Mais bien sûr, il n’est pas ce qu’il devrait. Je peux imaginer qu’il pourrait être grand. Je reçois de deux verres du bon 1975. Je ne suis pas convaincu du tout, car je n’aime pas de telles manipulations.

Le 1948 est un ange qui descend lentement du ciel. Pour moi, c’est l’expression du bonheur. Rien n’est exagéré, tout est délicieux. Il y a même un peu de beurre dans le goût. Cet Yquem est “le” Yquem que je souhaiterais boire pour toujours. Un pur rêve. Nous boirons plus tard quelques Yquem que je classe au dessus, à cause de leur spectaculaire performance. Mais celui-ci est pour moi une pure joie, comme la vieille robe de chambre de Montaigne. On peut avoir des vêtements de grand prix ou de belle coupe. Mais il y a une veste – généralement plutôt vieille – que l’on porte avec un plaisir total. C’est ce que je trouve dans le 1948.

Le 1947 a une puissance énorme. C’est un Sumo. Il est parfait, mais pour mon goût, je préfère le plus subtil 1948. Le 1947 servi en magnum est glorieux. Le 1934 est très surprenant. Mon opinion est qu’il a changé par rapport à son goût originel, évoluant vers une combinaison d’alcool et d’oranges très mûres. Si ce vin était bu tout seul, nous le trouverions absolument superbe. Mais mis ensemble avec le 1947 et le 1948 c’est un challenge trop lourd. J’essaie de nouveau et je trouve dans le 1947 une totale perfection. Le 1948 est d’un charme fou, mais je dois dire que le 1947 est plus grand. La sauce est fantastique avec les vins, Wolfgang Puck, qui a goûté tous les vins (pas mal !), a adapté les sauces aux vins. Le 1947 et le 1948 sont à égalité dans mon classement, et le 1934 est le meilleur 1934 que je n’aie jamais goûté, car tous ses éléments se sont maintenant intégrés. Le 1976 est grand, le 1975 manque de charme. Finalement, le 1948 est ce que je recherche pour Yquem, aussi je vais le classer premier.

Mon classement : 1948 – 1947 – 1976 – 1934 – 1975.

Bipin me demande de faire des commentaires sur les vins, et je dis que quand j’ai devant moi  la perfection d’Yquem, je suis comme un gamin dans une boutique de bonbons, je savoure.

Seconde série : Yquem 2001, 1997, 1990, 1989, 1988

Le 2001 se montre très sucré, il évoque les pâtes de fruits. Je sens l’énorme potentiel de ce vin parfait, mais il est très difficile pour lui d’être servi après le 47 et le 48. Le 1997 est très élégant, facile à vivre, poivré. C’est le type d’Yquem que j’aime. Je trouve des ressemblances avec le 1948.

Le 1990 offre du café, des fruits blonds. Il est beau, mais il manque de longueur. Très fruité pour Yquem. Le 1989 est très agrumes. Plus léger que le 1990 il est élégant. Citron vert, avec un final très beau et élégant. Le 1988 est le plus équilibré. Il n’a pas beaucoup d’extravagance. On dirait qu’il se sent “établi”. Le 2001 est dans une phase où le sucre domine. Ce n’est pas à son avantage et nous devrions attendre avant de l’ouvrir à nouveau. Le 1997 est le récent exemple qui est le plus dans la ligne historique d’Yquem. Le 1988 est trop politiquement correct. Il joue un peu en dessous de son talent naturel. J’étais dans le camp de ceux qui préfèrent le 1988 dans la trilogie, mais ici, c’est le 1989 qui est le plus beau. Le 1989 est le plus élégant, et le 1990 montre trop son sucre. (A noter que suivant par hasard Pierre Lurton dans quelques unes de ses pérégrinations, le 1988 se montrera sous un jour beaucoup plus brillant et reprendra la tête de la trilogie).

Pour un plaisir immédiat et pas sur le potentiel, mon classement est : 1989 – 1997 – 1988 – 1990 – 2001. Le plus grand potentiel est pour 2001 et 1988. Mais maintenant, la fraîcheur du 1997 et l’équilibre du 1989 les classent en tête.

Après plusieurs nouveaux essais, le 1988 devient plus grand que le 1997, aussi mon classement final est 1989 – 1988 – 1997 – 1990 – 2001.

Bipin dit que le 2001 est “larger than life”. Tous les aspects de ce vin sont au dessus de toute norme.

Troisième série : Yquem 1949, 1945, 1937, 1921, 1899.

C’est difficile d’imaginer d’avoir ces cinq verres en face de moi. Je vois alentour que cela semble naturel. Mais ça ne l’est pas !

Les couleurs se classent du plus foncé au plus clair : 1921 / 1899 / 1937 / 1945 / 1949. Le nez du 1945 est très élégant. Le nez du 1937 a un problème infinitésimal. Le 1949 évoque les fruits bruns. Le 1921 est l’archétype d’une odeur parfaite. Le 1899 a un nez élégant et racé. La noblesse totale.

Je commence à boire. Le 1949 est totalement élégant, avec un final plutôt court. Il faut bien se dire que tous ces vins sont au dessus de 100 points dans l’échelle de Parker. Aussi, critiquer est la même chose que de dire : “ je n’aime pas tellement la courbure du nez de Mona Lisa”. Tout ce que j’ai à dire sur le 1945 c’est qu’il est parfait. Il est élégant et d’un équilibre fabuleux. Il est exceptionnel avec un énorme final.

Le 1937 est plus fluide, acide, très dans le style des années 30. Il est très différent du style des années 40. Il y a du pamplemousse, du citron vert. C’est un vin de gastronomie, un grand Yquem. Le 1921 est complètement atypique. Il y a du thé et du café, mais aussi du citron. La longueur est unique. C’est grand, opulent, et confortable. Si j’avais à faire une critique, je dirais qu’il manque un peu d’excentricité.

Le 1899 est vraiment un grand Yquem. Thé, fruits confits, combinés avec du citron vert, et la sensation est au dessus de celle du 1921. Dans le 1899 il y a de l’alcool, dans le 1921 il y a du caramel, et mon goût n’est pas tellement en faveur des Sauternes qui ont développé leur côté caramel.

Mon classement : 1899 – 1921 – 1945 – 1937 – 1949. Mais combien de vins dans le monde pourraient être classés au dessus du cinquième de cette série ?

J’avais changé mon vote plusieurs fois car il est difficile de choisir entre le 1945 et le 1937. Le 1945 est un peu plus chantant et ensoleillé. Je reviens au 1947 d’une précédente série qui a développé un goût de raisin sec. Et c’est très rare.

Mon classement final pour ce soir est :

1899 – 1921 – 1945 – 1948 – 1947 – 1937 – 1989 – 1988 – 1976.

Si je dis maintenant que le 1899 que j’ai partagé à Yquem avec Pierre Lurton et quelques amis était au dessus de ce 1899, on peut imaginer ce que nous avons vécu à ce moment-là.

Cette dégustation montre qu’Yquem, plus il est vieux, meilleur il devient (si on choisit les grandes années), et elle montre que la décennie 40 est dans une forme éblouissante. Je dis souvent que ce qui est unique pour Yquem est que chaque fois que l’on en ouvre un,  nous avons la meilleure probabilité d’avoir une bouteille parfaite.

Nous avons eu l’extrême chance que Pierre Lurton apporte autant de  vins dans un état idéal. Bipin Desai a organisé les séries avec une rare intelligence. Christian Navarro a fait un travail fantastique pour nous servir des vins en pleine forme et en bonne condition de dégustation. Wolfgang Puck a réalisé une cuisine magique qui a donné des idées à Pierre Lurton pour prendre au château plus de risques dans les accords.

Tout a été parfait. Les quatre repas auxquels nous avons participé représentent un ensemble  d’événements uniques d’un rare niveau.

The lunch by Spago with the oldest Yquem dimanche, 4 novembre 2007

I arrive by Spago, and I see Christian Navarro, taking the sun, with a look à la Mickey Rourke.

 In the main room which we will not use, this painting is reproduced on the menus that each of us will receive. The welcome champagne is this Mumm de Cramant of Mumm.

 

These two groups of glasses have already the year printed on the foot, ready to receive the golden liquids.

 

On the feet on the left : 1899, 1921, 1937, 1945, 1949. Even empty, it is impressive.

The magnum of Yquem 1947 is impressive too.

 

Nice bottles. In front on the right, the two 1948.

 

The picture on the right is not precise enough, but I would like that Pierre Lurton having in hand the magnum of 1947 would be together with Wolfgang Puck, the talented chef.

 

The 1947, 1948 and 1934 are poured.

 

I wear the empty magnum of 1947 in the company of Serena Suttcliffe. Things begin to be serious when Pierre Lurton explains the wines of Yquem.

 

The sauce, on the left, was incredibly good with the wines.

 

Jancis Robinson talks with Bipin Desai. The picture is taken from my seat. In front of me, on the first row, 1937, 1949 and 1945. Behind, two monsters, 1921 and 1899. To have these glasses in front of me is incredible.

 

The Kobe beef was a pure marvel with the old Yquem. The Stilton was OK but the Roquefort was too intense.

 

Wolfgang Puck the brilliant chef and Bipin Desai exchange nice words.

 Pierre Lurton joins the group. Wolfgang is always so moving that I was unable to take a picture with him being quiet.

A fantastic lunch (see report).

a vertical tasting of 28 years of Yquem 2003 to 1899 dimanche, 4 novembre 2007

After a small break following the great lunch of the greatest Cheval Blanc, we met again for the first meal devoted to Yquem, a dinner by Chinois on Main, with the cook of Luis Diaz and Rene Mata, and with the supervision of wines by Christian Navarro. The tasting is conducted by Bipin Desai and the guest of Honour is Pierre Lurton, who will give very precise data on every year with dates of crop, yield, proportions per variety of vine, alcohol, acidity and sugar levels. As I arrived early from my hotel, I could see all the golden bottles standing under the benevolent protection of a Buddha, whose face seemed to indicate that such devotion was accepted by Him.

The menu consists in : passed hors d’oeuvre / Pithivier of stir-fried squab with roasted sweet potato puree / Santa Barbara prawns on sweet and sour beets with sesame seed and plum wine emulsion / roasted Kurobota pork loin with slow braised shoulder, dry apricots and toasted almond / upside down passion fruit cheesecake with pineapple sabayon.

Except the pork loin, I have not been impressed by the attempt of matching with Yquem, which can be achieved better. But the place is so charming and the staff is so active that we spent a very nice time.

I just give an anecdote which made me smile. When I make dinners with great chefs devoted to old wines, I ask them to simplify their cook, telling them that a simplified cook can be delicate and can show the talent of the chef. When the pork loin arrived on the table, there were just slices of meat, with no sauce, no extra accompaniments. And I thought : “wow, they understood what will fit to Yquem”. And then, a waiter comes with a huge pot and fills the plates with another meat (the shoulder), with vegetables and sauce. I had rapidly eaten the simple meat with an Yquem, just to check that it worked well. The more complex dish was heavier to be a real friend to Yquem.

The first flight : Yquem 2003, 2000, 1998, 1995, 1982, 1970

The examination of the smells is not of a great help for such young wines. I just noticed that the greatest nose was the one of the 1970, which is normal as it is the oldest. The 2003 has taken body since the last time I tasted it. I see fig, fat fruit, oriental pastry, as the wine is opulent, fat. A really great wine.

The 2000 is more elegant, more discrete, but the sugar appears more. It is a less interesting Yquem. The 1998 is neatly lighter. A more limited Yquem which never convinced me. It has not the personality that the others have. The 1995 that Alexandre de Lur Saluces complimented a lot at its first appearance is elegant, but I find it too monolithic, too simple. The 1970 is now on my lips : this is a wine ! The sugar is very scarce, the elegance, sweetness and charm are there. It is probably not the most imaginative, but I like its airiness on mouth and its apricot taste. The 1982 has a very nice attack with citrus fruit. It has balance, structure, serenity. It is typically a wine for gastronomy.

My ranking : 1982 – 2003 – 1970 – 2000 – 1995 – 1998.

The ranking considering the potential would put the 2003 above the 1982.

Second flight : Yquem 1986, 1961, 1953

The colours of the two older are fantastic. It is what Yquem should look like. The 1986 is slightly bitter, but with time, it has gained in elegance. This wine has been a sleeping beauty for a long time.  It is very probable that it will have a positive development. With the 1961 we enter in a new generation of Yquem. This wine has balance, but more than that, an easiness à la George Clooney. It is in a mango phase. The 1953 is completely feminine. Contrarily to wines which require a dish, this 1953 has such a lovely sweetness that it should be drunk alone, to enjoy the subtlety.

Pierre Lurton finds that the 1961 has a rather bitter final, but in fact this wine abandons progressively its sugar and becomes dryer, as it happens more frequently for the decade 30ies.

Tasting again the wines I find that the 1986 would go very well with a lobster, and even if the final is not the most spectacular, I find it pleasant. The 1961 gets notes of tea, dries a little but is a nice wine. The 1953 is excellent.

My ranking : 1953 – 1961 – 1986.

Third flight : Yquem 1983, 1967, 1959, 1955

In the 1983, the sugar is very noticeable, but compensated by a nice acidity of citrus fruit. It is a classically good Yquem.

The 1967 has an attack of tea, of bitter wood. But the volume of this wine is enormous. It is very interesting as it is absolutely not conventional. I love the unconventional aspect of this wine. The 1959 is very light, airy and subtle. What a contrast with the 1967 ! It is extremely elegant. The 1955 is the synthesis of the two previous wines. It has everything. There are candied fruits. The final is imposing.

I make a second and a third round to try to decide which the first is as it is complicated. The 1967 is very big, but has aspects of tea. So, I prefer the 1955. The 1959 is greater and greater. It is extremely difficult to choose. I begin to write 1955 – 1967 – 1959 – 1983.

But in fact my ranking is : 1955 – 1959 – 1967 – 1983. The fact to put the 1967 only in third place shows how good the two others are. Bipin says that the 1967 is the most “exotic” of all the Yquem and says : “it is the more Pomerol of Sauternes”.

The 1955 has elegance, the 1959 has a peppery final, the 1967 has an incredible power, and it’s a bomb. The 1955 is the lighter one, but for me it is exactly in the historical line of Yquem. I come back to the previous flights with the 1982 which is very good and the 1970 which does not keep the distance.

All of us we talk of our choices, which are very different, and the question which arises to me is “what do you expect from an Yquem?”. It is clear that some people want power, which is not my search. It explains why the preferences were very different. It is a good thing, as every Yquem will have its fan club.

It was a wonderful evening, with nice wines and a rather disappointing food, as the chefs did not enter in the world of Yquem.

Our group meets again the next day for lunch. The fourth event of this incredible serie of tastings is a lunch by Spago Berverly Hills, with a menu composed by Wolfgang Puck, a talented chef whose origin is in Austria, and with the efficient management of the wines and the glasses by Christian Navarro. Pierre Lurton is once again the guest of honour of the lunch organised by Bipin Desai.

The menu consists in : hors d’oeuvres / wood oven-roasted, prosciutto-wrapped Maine monkfish with onion-date puree and Thai spices /  roasted breast of Scottish pheasant with shepherd’s pie of braised leg and butternut squash / grilled Snake River Ranch Kobe New York steak with Matsutake mushrooms / Stilton and Roquefort / apple and fennel sorbet with pixie tangerines, lime marinated persimmon with anise wafers.

This has been the most elegant cook, perfectly adapted to old Yquem, and I am so happy that the chef had the courage to propose a Kobe beef on old Yquem. It worked wonderfully. I am in favour of such risks, and it pays.

The first flight : Yquem 1976, 1975, 1948, 1947, 1934

The deepest colours are the ones of the 1947 and the 1948. The 1934 is lighter, and in my glass a little troubled, which does not appear for my neighbours. The nose of the 1975 is corked, and I learn that for the other group, it is the 1976 which is corked. We exchanged a part of the good pours for the ones having the corked pours.

The nose of the 1948 is marvellous. It has an incredible strength and could be smelled as an alcohol. The nose of the 1947 has an infinite subtlety. It is as sexy as a perfume. The nose of the 1934 is balanced and sweet. The nose of the 1976 is very strong in alcohol.

The 1976 in mouth is very fat, suggesting candied fruits. A very excellent Yquem. The 1975 does not suffer too much from being corked.  But it is not what it should be. I can imagine that it could be great. I received parts of two glasses of the good 1975. I was not convinced at all, as I do not like so much such manipulations.

The 1948 is an angel who comes smoothly from the sky. For me, it is the expression of happiness. Nothing is exaggerated, all is delicious. There is even a little of butter in the taste. This Yquem is “the” Yquem that I would wish to drink for ever. A pure dream. We will drink later some Yquem that I will rank above, due to their outstanding performance. But this one is for me a pure joy, as the old jacket that you cherish. You have clothes with very expensive cut or material. But there is one jacket- generally rather old – that you wear with a total pleasure. This is what I find in the 1948.

The 1947 has an enormous power. It is a Sumo. It is perfect, but for my taste, I prefer the more subtle 1948. The 1947 coming from a magnum is glorious. The 1934 is very surprising. For my opinion it has changed its original taste, evolving towards a combination of alcohol and matured oranges. If this wine were drunk alone, we would find it absolutely superb. But put together with the 1947 and the 1948 it is a too heavy challenge. I try again and I find in the 1947 a total perfection. The 1948 is of a total charm, but I must say that the 1947 is greater. The sauce is fantastic with the wines, Wolfgang Puck, who has tasted all the wines (not bad !), has adapted the sauces to the wines. The 1947 and the 1948 are equal in my ranking, and the 1934 is the best 1934 that I have ever tasted, as all the elements are now integrated. The 1976 is great, the 1975 lacks of charm. Finally, the 1948 is what I look for in Yquem, so I will put him as first.

My ranking : 1948 – 1947 – 1976 – 1934 – 1975.

Bipin asks me to make comments on the wines, and I say that when I have in front of me the total perfection of Yquem, I am like a kid in a candy store, I enjoy !

Second flight : Yquem 2001, 1997, 1990, 1989, 1988

The 2001 appears to be much sugared, it evokes candied fruits. I feel the enormous potential of this perfect wine, but it is very difficult for it to be served after the 47 and the 48. The 1997 is very elegant, easy going, peppery. It is the type of Yquem that I like. I find similarities with the 1948.

The 1990 offers coffee, blond fruits. It is nice, but it lacks length. Very fruity Yquem. The 1989 is very citrus fruits. Lighter than the 1990 it is very elegant. Citrus fruits, with a very nice and elegant finish. The 1988 is the more balanced. It has not many singularities. It looks as if it would be “established”. The 2001 is in a phase when the sugar dominates. It is not at its advantage and we should wait before drinking it again. The 1997 is the recent example which is the most in the historical line of Yquem. The 1988 is too politically correct. It plays a little under its talent. I was in the camp of those who prefer the 1988 in the trilogy, but here, it is the 1989 which is the nicest. The 1989 is the most elegant, and the 1990 shows too much its sugar.

For an immediate pleasure and not on the potential, my ranking is : 1989 – 1997 – 1988 – 1990 – 2001. The greatest potential is for 2001 and 1988. But now, the freshness of the 1997 and the balance of the 1989 put them at the top.

After several new tries, the 1988 becomes greater than the 1997, so my final ranking is 1989 – 1988 – 1997 – 1990 – 2001.

Bipin says that the 2001 is “larger than life”. Every aspect of this wine is above any norm.

Third flight : Yquem 1949, 1945, 1937, 1921, 1899.

It is hard to imagine having these five glasses in front of me. I see around me that it seems natural. But it is not!

Ranking the colours from the more deep to the lighter, it gives : 1921 / 1899 / 1937 / 1945 / 1949. The nose of the 1945 is very elegant. The nose of the 1937 has an infinitesimal problem. The 1949 evokes brown fruits. The 1921 has the absolute purity of a perfect smell. The 1899 has an elegant racy nose. The total nobleness.

I begin to drink. The 1949 is totally elegant, with a rather short finish. It must be said that all these wines are above 100 points. So to criticise is like to say : “ I do not like so much the curve of the nose of Mona Lisa”. All what I have to say about the 1945 is that it is totally perfect. It is elegant and has a fabulous balance. It is exceptional with an enormous finish.

The 1937 is more fluid, acidic, very much in the style of the decade 30ies. It is very different from the style of the 40ies. There is grapefruit, green citrus. It is a wine for gastronomy, a great Yquem. The 1921 is completely atypical. There is tea and coffee, but also lemon. The length is unique. It is great, opulent, and comfortable. If I had to make a critic, I would say that it lacks a little of eccentricity.

The 1899 is a truly great Yquem. Tea, candied fruit, combined with green lemon, and the sensation is above the one of the 1921. In the 1899 there is alcohol, in the 1921 there is caramel, and my taste is not so much in favour of Sauternes which have developed their caramel side.

My ranking : 1899 – 1921 – 1945 – 1937 – 1949. But, how many wines in the world could be ranked above the fifth of this flight?

I had changed my vote several times as it was difficult to say between the 1945 and the 1937. The 1945 is a little more singing and sunny.

I come back to the 1947 of a previous flight which has developed a taste of dry grape. And it is very rare.

My final ranking for this evening is : 1899 – 1921 – 1945 – 1948 – 1947 – 1937 – 1989 – 1988 – 1976.

If I say now that the 1899 that I shared in Yquem with Pierre Lurton was above this 1899, one can imagine what I had lived at that moment.

This tasting shows that the older Yquem is, the best it becomes (if one chooses the great years), and it shows that the decade of the 40ies is super performing. I said that what is unique in Yquem is that for almost every wine, we could say that we had the best possible bottle.

To open an Yquem is certainly what gives the greatest chance to have an immense wine. We were lucky enough to have Pierre Lurton bringing so many fabulous wines. Bipin Desai organised the flights with a rare intelligence. Christian Navarro made a fantastic job to give us wines in a good shape and a good condition of tasting. Wolfgang Puck made a magical cook which gave ideas to Pierre Lurton to dare more with the food.

Everything was perfect. The four meals that we had will belong to the group of the best events that I have lived.

Dinner by Chinois on Main with the « young » Yquem samedi, 3 novembre 2007

The bottles for the tasting.

 Apparently, Buddha accepts this present.

 

 

The welcoming champagne is Charles Ellner in Epernay. One great Yquem (see report).

 

Two legends (especially on the right).

 

This pie was not adapted to "young" Yquem with light colours.

 

The prawns were largely better with more mature Yquem.

Cheval Blanc by Chinois on Maine samedi, 3 novembre 2007

The main entrance on Maine Street. The room prepared for our tasting. Note the wall full of orchids.

 

The welcoming champagne is an Egly-Ouriet. The glasses are filled.

 

Some bottles ready to be poured in the glasses.

 

Myself, Pierre Lurton President of Yquem and Cheval Blanc, John Kapon, managing director of Acher Merral, an auction house, and a great palate, used to the best.

 

Some very nice wines.

 

A nice cook, but sometimes too spicy.

 

It shows that I was there !!!

Cheval Blanc by Chinois on Maine – 2 samedi, 3 novembre 2007

To see Serena Suttcliffe addressing the audience near these two birds is a coincidence. But her lovely scarf fitting wonderfully with the orchids is remarkable.

 

A wonderful 1948 and one of the 1947.

 

The two 1945. I prefer largely the bottle on the right.

 

The service of the wines. Cheval Blanc 1949.

The cork of the 1921 raised questions. As the recorking date was printed on both ends of the cork, we have judged that the bottle was a true one.

 

One typical dish of Chinois, and one 1947, probably the one which was not used.

 

Two views of the 1947 which was the best. Read the reports, on a message of the same day.