dîner wine-dinners du 07/12/2006 jeudi, 7 décembre 2006

Les vins de ce dîner

  1. Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997
  2. Champagne Dom Pérignon 1985
  3. Corton Charlemagne Verget 1993
  4. Château Latour 1943
  5. Château La Gaffelière Naudes 1929
  6. Vosne-Romanée Les Genévrières Charles Noëllat 1969
  7. Romanée Conti, Domaine de la Romanée Conti 1974
  8. Château Chalon Jean Bourdy 1955
  9. Château Filhot 1986
  10. Château Rayne-Vigneau 1947

dîner de wine-dinners au restaurant de l’hôtel Bristol jeudi, 7 décembre 2006

Le 79ème dîner de wine-dinners se tient une nouvelle fois au restaurant de l’hôtel Bristol. C’est Virginie, sommelière attentive qui va faciliter une fois de plus le cérémonial de l’ouverture des vins. Un amateur éclairé canadien, qui vit aux Etats-Unis, est intéressé d’observer comment je procède. Les bouchons viennent particulièrement aisément, même si ce fut difficile pour l’un d’entre eux, collé au verre comme à la glu. Les odeurs sont encourageantes et je ne vois pas de problème saillant. La petite incertitude vient du Latour 1943 qui pourrait évoluer de diverses façons. Nous verrons. La Romanée Conti me semble nécessiter un peu plus d’oxygène. Comme son niveau est très haut dans le goulot, il faudrait élargir la surface. Comme j’ai pris depuis longtemps l’habitude d’apprécier le retour à la vie d’un vin en me fiant aux seules odeurs, sans boire le vin, on comprendra que c’est par pur dévouement que, Joe et moi, nous bûmes quelques gouttes de cette exquise Romanée Conti !

Les convives sont presque tous à l’heure et je donne les consignes d’usage sur un champagne Charles Heidsieck  mis en cave en 1997. Je suis très agréablement surpris par l’élégance charmante de ce champagne qui évoque des fleurs et des fruits roses. Le dosage n’est pas excessif, et ce champagne joue exactement son rôle, de nous préparer à un repas de rêve.

Eric Fréchon a travaillé avec Jérôme Moreau à la mise au point d’un chef d’œuvre. Voici ce qu’ils ont imaginé et réalisé : Royale de foie gras fumé, écume d’oseille / Noix de coquilles Saint-Jacques contisées à la truffe blanche d’Alba, gnocchis au jus de roquette et parmesan / Sole de petit bateau farcie aux girolles, sucs d’arêtes réduits à peine crémés au vin jaune / Faisane de foie gras, topinambour et truffe / Comté 18 mois / Stilton / Dégustation autour de la poire.

Nous passons à table dans la merveilleuse salle à manger lambrissée d’une ellipse parfaite. Notre table centrale est belle. Les premiers petits amuse-bouches annoncent que la perfection est ici la norme car la bouchée de chamallow au foie gras est le premier indice du talent du chef, exposé ensuite sur des saveurs délicates. Le champagne Dom Pérignon 1985 arrive sur une entrée que j’avais demandée, tant je l’avais aimée lors d’une récente visite. Cette combinaison de foie gras, d’oseille et de fumé insistant est extraordinairement troublante et vole la vedette au délicieux Dom Pérignon, tant l’énigme est excitante. Mais le Dom Pérignon est suffisamment civilisé pour se prêter à cette farandole gustative. Contraint d’être le Monsieur Loyal du plat, le champagne sophistiqué sait se tenir. Le Corton Charlemagne Verget 1993 est un blanc typé quasi intemporel. Il est tellement rassurant qu’on ne peut lui donner d’âge. La truffe blanche n’est pas la plus explosive, c’est l’année qui veut cela. Et l’intérêt est ailleurs. C’est l’exquise sauce à la roquette (c’est la première fois que je la vois domestiquée comme cela), qui forme avec le bourgogne noble une association d’une provocation passionnante.

Le Château Latour 1943 a une robe d’un rose soutenu, un parfum de grande race. En bouche, il mérite un soin attentif pour en saisir toutes les nuances. Son élégance, sa subtilité sont de grand intérêt. Mais on est attiré par le verre d’à côté. Car le Château La Gaffelière Naudes 1929 fait vaciller toutes les certitudes. J’avais, comme souvent, fait un couplet enamouré sur l’année 1929. Et voici que ce vin, noir comme un 2003 sortant de fût, au nez de truffe, nous donne une perfection gustative presque irréelle. Ce vin est profond, lourd comme le serait un 1961, évoque un grand Cheval Blanc comme le 1947 que nous avons bu avec l’un des convives de ce soir, et dont nous rappelons la mémoire avec émotion. Des convives qui aiment cuisiner disent qu’il serait impossible d’imaginer la jeunesse de ce vin tant qu’on ne l’a pas essayé. L’expérience d’une telle pétulance ne peut pas être crue si on la raconte. Il faut l’avoir vécue.

Le Vosne-Romanée Les Genévrières Charles Noëllat 1969 est bu entre deux plats. Je l’avais ajouté pour le plaisir. Il y a autour de la table des amoureux des vins de Bourgogne. Ils sont comblés. Ce vin d’une grande année bourguignonne résume tout le charme troublant de sa belle région. Notre érudit canadien nous raconte que ce Genévrières a été acheté il y a treize ans par Lalou Bize-Leroy, l’une des grandes personnalités de la Bourgogne. Ce qui indique que le vin qu’on fait sur cette parcelle est de grande valeur. Notre verre le confirme. Le Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques Clair Daü 1961 était éblouissant à l’ouverture. J’en attendais beaucoup. Il est au rendez-vous. Et le contraste avec la Romanée Conti, Domaine de la Romanée Conti 1974 est assez saisissant. Le Gevrey est d’une année divine. Il est assuré, confiant, déclinant le charme généreux de la Bourgogne. Malgré une extraction plus roturière, il s’exprime en gentilhomme à côté de l’empereur des vins, d’une petite année, au charme romantique. Tout est en suggestion dans cette Romanée Conti de grande race. On comprend avec ce vin ce qui fait la réputation de la Romanée Conti car la subtilité est extrême, et les évocations d’épices et de parfums sont innombrables. Il est clairet en haut de bouteille, et j’eus la chance de déguster la fin de bouteille, très foncée sans avoir de lie. Cette concentration de saveurs délicates est un plaisir d’esthète. A deux dîners de suite, nous aurons eu Latour 1947 puis 1943 et Romanée Conti 1967 puis 1974. Cette conjonction est rare.

Pour les deux fromages qui vont suivre, j’ai appris à mes charmants convives le rôle primordial de la salive pour créer un accord gustatif parfait. Celui du comté avec le Château Chalon Jean Bourdy 1955 est naturel. Cet exemplaire du 1955 que j’ai maintes fois bu est particulièrement brillant, avec une présentation civilisée remarquable. Toute la table est sous son charme. Le Château Filhot 1986 est un vrai bambin. Mais c’est plaisant à ce stade du repas. Naturel, franc, il ne surprendra personne. En revanche, le Château Rayne-Vigneau 1947 à la couleur d’un cuivre épanoui, au nez de coing et de mangue, est d’une insolente sérénité. C’est le presque sexagénaire d’une séduction de Dom Juan. Il chante le chant du sauternes avec sérénité et passion. Les variations complexes sur la poire sont déroutantes pour lui.

Les votes sont plus concentrés que d’habitude. Quatre vins ont eu un vote de premier, dont quatre pour la Romanée Conti, trois pour le Gevrey Chambertin 1961, trois aussi pour le La Gaffelière 1929, et un pour le Vosne-Romanée 1969. Le vote du consensus serait Romanée Conti 1974, La Gaffelière Naudes 1929, Rayne Vigneau 1947 et Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques Clair Daü 1961. Mon vote a été : 1 – Château La Gaffelière Naudes 1929, 2 – Rayne Vigneau 1947, 3 – Romanée Conti, Domaine de la Romanée Conti 1974, 4 – Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques Clair Daü 1961.

Le plat le plus extraordinaire est la « Royale de foie gras fumé, écume d’oseille » qui est à se damner. L’accord le plus excitant est le jus de roquette avec le Corton Charlemagne. Le talent d’Eric Fréchon, qui ne cesse de s’affirmer, a permis à des vins de briller et à des convives conquis de s’extasier.

An idea on my cellar mercredi, 6 décembre 2006

This gives an indication on the type of cellaring that I have used.

It allows to put in each box the length of two bottles, and in width, to store two cases of 12 bottles.

The upper part of the storage is higher, in order to store vertically the alcohols.

On the top, there are all the empty bottles that were drunk during lunches and dinners.

Many bottles are still wrapped, to protect the wines from light.

un collectionneur de grande envergure mardi, 5 décembre 2006

Rudy Kurniawan est un collectioneur aux moyens quasi illimités. Or il est tout jeune ! Jusqu’où va-t-il aller

L’article que lui consacre le "Los Angeles Times" est très éclairant. Lire ici

Il est très intéressant qu’il existe des gens capables de pousser leur passion à ce niveau là.

Vivement qu’on ouvre ensemble une belle bouteille, c’est tout ce que je souhaite.

the pre-phylloxera wines mardi, 5 décembre 2006

Here is a comment made by Robert Parker on his forum : here

I have some difficulties to understand some reactions of Robert Parker in recent periods.

This man is the most respected wine critic in the World. His fame is based on his unparalleled talent to judge wines.

So, he should stay out of any quarrel. Why did he say that the DRC 2002 wines are at best mediocre (see my message dated October 31st 2006 on this blog) ?

If we remember that Robert Parker has organised a dinner named "dinner of the century",  a few years ago, with Joël Robuchon, where very old wines were drunk, why does he say that very old wines are either fakes or vinegar ?

He should never say so, and stay in a neutral position.

champagnes et vins du Rhône en bord de mer samedi, 2 décembre 2006

Dans le Sud, qui commençait à me manquer, il est « indispensable » d’aller dîner chez Yvan Roux avec des amis. Ils arrivent à la maison et un champagne « R » de Ruinart qui a environ huit à dix ans est particulièrement délicieux. L’âge va décidément bien aux champagnes non millésimés. Le dosage un peu appuyé convient parfaitement aux petits toasts aux anchois, olives, saumon à l’aneth et foie gras. Arrivant à la table d’hôte qui devient presque une halte obligatoire, une montagne d’oursins bien pleins requiert un champagne Laurent Perrier Grand Siècle. Ce champagne a une structure d’une élégance rare, et convient parfaitement aux oursins ainsi qu’aux anémones de mer panées. Sur des crevettes roses à profusion, certaines poêlées d’autres frites, un Côtes du Rhône Cuvée du Président, Rochegude 1976 vin  qui a obtenu une médaille d’or dans je ne sais quel concours me surprend totalement. Comment est-il possible que ce vin très ordinaire puisse être aussi bon. Il possède un équilibre, une rondeur et une cohérence que l’on comprendrait d’un grand vin. Je suis ravi, car ce vin que j’avais acheté d’une cave approximative s’ajoute à une série de bonnes surprises. En revanche, le vin dont j’attendais plus de pétulance, un Châteauneuf-du-Pape Les Olivets Domaine Roger Sabon 1971, me déçoit au premier contact. Mais le temps fait son office et progressivement le charme du Châteauneuf-du-Pape s’installe sur des supions cuits à l’encre, tandis que des œufs brouillés aux oursins échappent à sa sphère de compétence. Un carpaccio de dorade coryphène à la coriandre et au gingembre et un filet de Saint-pierre finissent d’assembler les pièces manquantes de cet agréable et puissant Châteauneuf-du-Pape. Sachant l’amour que l’épouse d’Yvan voue au Maury, j’ai apporté un Mas Amiel Cuvée Charles Dupuy 1998 qui conclut ce repas sur un accord diabolique avec un moelleux au chocolat. La griotte, le pruneau, l’impression de bois exotique donnent au chocolat fondant une personnalité rare. Ah, que le Sud est beau même par temps gris.

TOUCHER DE BOUCHE samedi, 2 décembre 2006

J’ai entendu cette expression de la bouche (justement) de Michel Bettane, et aussi d’un ami proche, ce cuisinier amateur de génie, Jean-Philippe Durand.

J’avoue que j’ai énormément de mal avec cette expression. Je pense immédiatement à "toucher de balle", pour indiquer qu’un joueur de tennis est capable de faire des balles amorties bien ajustées.

Pour le vin, je comprends : "présence en bouche", "placement en bouche", "passage en bouche". Mais "toucher de bouche", je ne peux pas ni conceptualiser, ni accepter le vocable.

Ce n’est pas un problème planétaire, mais dès que j’entends "toucher de bouche", j’ai une immédiate réaction de recul.

galerie 1815 jeudi, 30 novembre 2006

Contrairement à ce qui constitue la galerie de photos, cette bouteille ne fait pas partie des bouteilles de ma cave ou des bouteilles que j’ai bues. Elle est mise ici compte tenu de son intérêt.

Vin de paille Bourdy 1815.

Quelle année symbolique, l’année de Waterloo !

Ce vin sera sûrement un grand succès pour ceux qui le boiront.

Conférence à l’institut supérieur du marketing et du goût jeudi, 30 novembre 2006

J’avais, avec Alain Senderens, fait partie d’un jury de thèse d’une élève de l’institut supérieur du marketing et du goût. On me demande si je veux parler de vins anciens à la nouvelle promotion de cette école. Je m’y rends, avec dans ma musette un Maury 1959 des vignerons de Maury. Il est assez facile de conquérir son auditoire avec un Maury ancien et quelques carrés de chocolat. Des jeunes gens studieux, attentifs, posant de bonnes questions m’ont permis d’évoquer avec joie le fond de ma passion.