Deux Dom Ruinart jeudi, 9 août 2018

Un ami de mon fils vient dîner et sur des crevettes au riz nous buvons deux champagnes, le Champagne Dom Ruinart 1990 et le Champagne Dom Ruinart 1988. Ils sont très différents, le 1990 plus romantique et toujours aussi séduisant, et le 1988 plus solide, musculeux mais diablement persuasif. Est-il possible de les départager et de désigner un vainqueur ? Non, il faut aimer les deux.

Un très bel Ermitage jeudi, 9 août 2018

Au dîner de ce soir, ma femme a prévu un poulet au citron. Mes enfants sont allés prendre l’apéritif à la plage du Pradet et continueraient bien la soirée par du vin. L’apéritif, le second pour eux, est essentiellement assuré par un moelleux saucisson. Le Champagne Dom Pérignon 2005
fait un très joli pschitt à l’ouverture. Le nez est fort et convaincant. En bouche le champagne est étonnant. Il combine un fruit très large avec des évocations florales. Le finale est racé. Il est étrange pour un Dom Pérignon mais il a une force de persuasion certaine. Je l’aime beaucoup pour cette combinaison fleurs – fruits et par la largeur de son fruit.

Nous passons à table et je verse l’Ermitage Le Pavillon Chapoutier 1994. Ce vin est exceptionnel, tout en grâce et en velours. Il combine délicatesse et séduction. C’est le jour et la nuit avec le Vega Sicilia Unico 2004 d’hier. L’espagnol était le toréador fier. Celui-ci, c’est Alfred de Vigny versifiant sous l’œil bienveillant d’une muse. Autour de la table ce ne sont que des « oh » et des « ah » pour marquer son charme inextinguible. L’acidité contrôlée des citrons poêlés excite ce magnifique vin à l’équilibre confondant.

Nouveau déjeuner au restaurant de l’hôtel BOR mardi, 7 août 2018

Une nouvelle fois nous nous rendons au restaurant de l’hôtel BOR à Hyères pour y déjeuner. Le lieu est sympathique, directement sur la mer, le service est agréable et la cuisine simple est très convenable. L’offre de champagne est très succincte aussi le seul champagne que je commande est le Champagne Cristal Roederer 2009. La bulle est vive et le champagne ne se montre pas trop jeune. Il a une belle acidité et une ampleur en bouche qui le rend confortable. Il est très gastronomique et se boit avec plaisir. L’âge développera sa personnalité.

Jean-Luc le directeur de la restauration m’a autorisé à apporter mes vins. Sur des camerones et un risotto j’ouvre un Vega Sicilia Unico 2004. Le nez est d’une force incroyable de vin puissant avec des notes épicées et de cassis. En bouche il est d’une jeunesse folle et d’une puissance conquérante et ce que j’adore c’est son finale de fraîcheur mentholée. C’est un bonheur que de boire ce vin vif comme un cheval sauvage. L’avantage du restaurant est qu’il est à cinq minutes de notre maison. Alors, nous y revenons sans hésiter.

Les trois enfants sont là samedi, 4 août 2018

Par un heureux hasard, mes trois enfants sont présents à nouveau dans notre maison du sud. Un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1990 a un bouchon qui est idéalement calibré pour qu’il atteigne lors du débouchage le centre de la piscine à une dizaine de mètres de là où je suis assis. Les bouchons des Salon sont tellement serrés qu’ils ne s’éjectent jamais par la pression du gaz. La bulle est belle, la couleur est claire et ce qui me fascine c’est que ce champagne n’a pas le moindre signe d’âge. Il est vif, joyeux, joliment fruité et s’il n’a pas la complexité de certains champagnes, il s’impose par sa joie de vivre. Il accompagne bien les divers éléments du grignotage d’apéritif, anchoïade, tapenade, saucisson corse et gouda au pesto.

Sur des travers de porc, le Grange des Pères vin de pays de l’Hérault 2012 est un vin agréable, assez moderne, plutôt court mais plaisant à boire. Il est bien fait mais il lui manque un peu d’émotion.

La preuve en est donnée à l’ouverture d’une Côte Rôtie La Mouline Guigal 2000. Le nez est superbe et prometteur de folles garrigues. En bouche, le vin est riche mais aussi soyeux et il a une vibration qui émeut. Le fenouil, la garrigue, la menthe font partie de la richesse de ce vin très long et porteur d’émotion. Ce vin n’a pas d’âge et vieillira sereinement.

Un très beau Ducru-Beaucaillou vendredi, 3 août 2018

Un ami de mon fils et son fils nous rejoignent. La table s’agrandit. J’ouvre un magnum de Champagne Salon 2004. Le champagne a été ouvert sur l’instant, aussi faut-il qu’il se réveille. Il est très pur, synthétique, avec des notes de noix. Il est à la fois vineux, sans trop insister, et romantique, avec des fleurs blanches. Et il des notes appuyées de liqueur de noix. L’ami de mon fils lisant mes écrits attendait avec impatience son premier Salon et je sens qu’il est un peu troublé de ne pas boire quelque chose de plus typé. Car ce Salon n’affirme pas, il suggère, et du fait de sa jeunesse, il est en retenue. Mon fils, ma fille et moi, nous l’adorons en pensant à tout ce qu’il promet. Less amuse-bouche sont les mêmes qu’hier.

Sur la plancha cuisent des côtes d’agneau aux herbes de Provence qui vont accompagner le cadeau de l’ami de mon fils, un Château Ducru-Beaucaillou Saint-Julien 1986 que j’ai ouvert il y a plus de quatre heures. La robe est bel, le nez est riche et distingué et en bouche, ce qui frappe, c’est l’idéale maturité de ce vin. Le grain est riche et beau, la mâche est noble. Si 1961 est l’année de réussite totale de Ducru-Beaucaillou, on n’en est pas loin avec ce 1986 épanoui et glorieux. Je me régale.

Le lendemain je finis les dernières gouttes du Salon 2004 avec mon fils. Il a vraiment profité d’un jour de plus, a gagné en personnalité et en vivacité, même si la bulle est moins active. Nous venons de boire en quelques jours, mon fils et moi trois magnums de Salon, le 1999, le 1997 et le 2004. Je lui demande son classement qui est : 1999, 2004 et 1997. Mon classement est 1999, 1997 et 2004. Dans l’absolu nous n’aurions pas donné un tel ordre et c’est tant mieux. Il faut que ces grands champagnes nous surprennent.

la contenance de la bouteille de Salon n’est indiquée qu’au dos de la bouteille.

 

cela fait trois beaux magnums de Salon que nous avons bus avec mes enfants : 1997, 1999 et 2004

Dîner de champagnes au retour de mon fils jeudi, 2 août 2018

Nous sommes toujours dans le sud et mon fils est revenu d’un voyage en Croatie avec femme et enfants et ma fille cadette est revenue d’un voyage sur la côte basque. L’apéritif de bienvenue se fait avec un magnum de Champagne Salon 1997. Le 1997 est en ce moment dans une phase de sérénité absolue. Tout en lui est facile, cohérent, assemblé. On pourrait dire qu’il n’est pas assez canaille mais en fait, son équilibre emporte les suffrages. Nous grignotons des tranches d’un saucisson italien très doux, trois fromages inédits, comme un gouda au pesto, un gouda à la truffe, et un fromage italien à la truffe. Il y a aussi des chips bio « organic » pour rassurer et toutes ces saveurs mettent en valeur le champagne.

A table il y a des tartes à l’oignon et de la roquette en salade et c’est un Champagne Dom Pérignon 1993 qui fait suite. Ce qui me plait, c’est que ce champagne considéré longtemps comme d’une petite année a pris son envol. Il est généreux, lourd, doté d’un fruit convainquant, et il occupe l’espace beaucoup plus que le Salon 1997. Mais ils œuvrent dans des directions différentes, le Salon est la force tranquille alors que le Dom Pérignon exprime la volonté de séduire. Ce sont deux beaux champagnes, de belle maturité.

le gouda au pesto, comme le gouda à la truffe, accompagnent les champagnes de façon élégante

Dîner avec deux champagnes très différents dimanche, 29 juillet 2018

Un ami de ma fille cadette voulait prendre un train à Bordeaux le jour où la gare Montparnasse est hors service. Tout s’est ligué pour empêcher les voyageurs de quitter leur point de départ. La SNCF n’a pas besoin de grévistes pour se mettre à l’arrêt car la vétusté de ses équipements lui permet d’être plus forte qu’eux. Après plusieurs solutions proposées qui toutes ont avorté, Laurent, excédé de l’ambiance qui règne en gare décide de prendre un train vers Marseille. C’est l’occasion de faire un détour par notre maison puisque ma fille vient de nous rejoindre avec ses enfants.

Après une journée passée le plus souvent dans la piscine tant il fait chaud, c’est l’heure de l’apéritif. J’ouvre Un Champagne Laurent-Perrier Cuvée Grand Siècle magnum sans année que j’ai en cave depuis plus de huit ans sans doute. Le parfum du vin est très intense, la bulle est active et fine, et le champagne affiche d’emblée sa noblesse. Il est très vineux, mais il est aussi très romantique avec des suggestions de fleurs blanches. Je l’adore. Il est profond, de belle longueur et son long passage en cave ainsi que le format magnum lui donnent une personnalité très affirmée.

Nous l’essayons sur des fleurs comestibles aux parfums très forts qui l’excitent opportunément. De petites sardines, du jambon Pata Negra, et du Gouda à la truffe lui permettent de faire jouer son charme. Fort curieusement, aux deux tiers de la bouteille, des notes de noix et noisettes se substituent aux fleurs blanches et un instant le charme s’éteint. Mais ce fut passager, le champagne reprenant sa grâce romantique. Ma fille l’a senti comme moi. Que s’est-il passé fugacement, je ne sais pas.

Laurent étant de 1973, c’est l’occasion d’ouvrir un Champagne Charles Heidsieck La Royale 1973 à la très jolie bouteille aux courbes lascives. Le bouchon se brise à l’ouverture. La bulle est rare mais extrêmement fine. Ce qui me frappe c’est l’énergie de ce champagne. Il a une force indestructible et des complexités infinies. Il est plus viril que le Grand Siècle.

Du fait de la chaleur nous avons surtout mangé des salades et la tarte aux mirabelles faite par les petits-enfants a accompagné la fin de ce très bon 1973.

des fleurs et feuilles comestibles du potager de ma femme

une tarte aux mirabelles, carrée pour une fois

Dîner avec des vins locaux dimanche, 29 juillet 2018

Un horticulteur spécialisé dans les arbres à fruits et les plantes odoriférantes vient dîner à la maison. Il a apporté avec lui un vin rosé comme cadeau. Je lui propose de boire du champagne, mais il préfère un vin rosé aussi est-ce son vin que nous allons goûter. Le Château du Galoupet Côtes de Provence rosé 2016 est d’une couleur claire. Le nez montre qu’il est très jeune. En bouche il affiche évidemment sa jeunesse. Il est très brut de forge, mais progressivement je vais apprécier son aptitude à délivrer des complexités. Nous visitons notre jardin où l’horticulteur reconnait des plantes qu’il a fournies à ma femme et nous croquons des feuilles et des herbes qui donnent au rosé de jolies vibrations. Nous poursuivons avec de petites sardines et de l’houmous constellé de grains de grenade avec lesquels le rosé est toujours aussi charmant.

Pour des camerones j’ouvre un Château de Pibarnon Bandol rouge 2001 qui est extrêmement plaisant et riche, avec des suggestions de garrigue, une belle râpe et un grain puissant. Une tarte aux mirabelles conclut ce repas simple et agréable ce qui n’a pas mis un terme aux conversations passionnantes avec un amoureux de la nature qui connaît son sujet.

Dîner avec famille et amis dimanche, 15 juillet 2018

Nouveau dîner avec famille et amis. L’apéritif consiste en olives vertes aillées, olives noires de Kalamata, anchoïade et tapenade avec des gressins et un gouda truffé. J’ai ouvert trois heures avant l’apéritif un Champagne Salon Magnum 1999. L’aération donne au champagne une largeur remarquable. Vif, vineux, mais aussi riche de fleurs et de fruits jaunes ce champagne est noble, puissant, large et de grand plaisir. On se régale sans se lasser avec ce beau champagne. L’effet magnum joue à plein, donnant de l’opulence à ce jeune Salon. Les plus beaux accords sont avec le gouda truffé très doux et avec l’anchoïade bien grasse et puissante. Mais le goût seul le plus enthousiasmant est celui de fines tranches de betteraves blanches cuites à la vapeur et ointes d’huile d’olive.

Pour le repas nous avons des côtelettes d’agneau épicées aux herbes de Provence, avec de merveilleuses petites pommes de terre. Le Vega Sicilia Unico 2004 a un nez intense qui annonce ses richesses. En bouche, deux mots s’imposent à moi : gloire et fraîcheur. Le vin est riche, typé, avec une belle profondeur sur des notes de cassis et de truffe. En même temps, comme on dit au sommet de l’Etat, il a une fraîcheur extrême avec des notes de fenouil et légèrement de menthe. La première bouteille de ce beau vin espagnol avait été ouverte à 17 heures et la deuxième à 20 heures, que nous buvons vers 23 heures. Pour moi, la seconde est plus agréable car plus fraîche mais mes enfants préfèrent la première. Des goûts et des couleurs…

Le dessert comporte un gâteau à la fraise apporté par un invité et un cake au citron fait par ma femme. Pour ces deux pistes gustatives très disparates, j’ouvre un Champagne Piper-Heidsieck Brut Extra 1962. Le bouchon vient facilement et entier. Le nez est discret et la bulle est bien active dans le verre. La couleur est très ambrée. Ce champagne est évidemment d’une maturité forte et se distingue par une superbe acidité qui va lui permettre de trouver un bel accord avec le cake au citron. Il faut être familier des champagnes anciens pour bien apprécier ce champagne. Mes enfants et moi l’adorons. Dans le classement final, on peut hésiter entre le champagne Salon et le Vega Sicilia Unico. J’aurai une petite préférence pour le champagne à la belle opulence. Les discussions se sont poursuivies bien tard dans la nuit.

betteraves aux couleurs pastel

légumes sur la plancha