Réception dans la grande salle du rez-de-chaussée du restaurant Ledoyen (la seule qui devrait être utilisée pour des repas de haute gastronomie) à l’invitation de 1855.com, société de vente de vins sur internet dirigée par un jeune entrepreneur ambitieux et volontaire. On goûte le Passito di Pantelleria de Carole Bouquet, un muscat de Sicile 2002 non muté dont le sucre n’est pas obtenu par botrytisation mais par le réchauffement des grappes étalées sur des roches plates bouillantes de soleil. Il n’existe pas de vigneronne plus belle. Elle annonce la couleur : « je n’accepte pas qu’on critique mon vin ». Cédant à sa beauté je dirai seulement qu’il faudra sans doute l’attendre vingt ans pour qu’il exprime un message aussi beau que son ambassadrice – aujourd’hui !
Le second vigneron présent est Pierre Lurton dont c’est la première manifestation publique pour présenter un Yquem. Il présente le Yquem 1998. Vin un peu trop simple qui n’a pas encore de personnalité (tout est relatif, car Yquem est Yquem, faisant briller les yeux de jeunes amateurs présents qui n’en avaient jamais bu), mais pourrait rejoindre dans vingt ans la famille des Yquem qui vieillissent bien, avec une belle synthèse sans aspérité. Le nouveau président cite fort opportunément Frédéric Dard, grand amoureux des vins et d’Yquem. Nous avons de passionnantes discussions annonçant de sages perspectives pour l’avenir d’Yquem qu’il envisage avec une compétence et une ouverture beaucoup plus positives que ce qui fut simplifié dans la presse.
Quelques grands vins sont présentés à une foule immense et très jeune. Je goûte un Léoville Las Cazes 1991 d’un beau bois bien typé au plaisir immédiatement compréhensible, alors qu’un Carbonnieux rouge 1995 se présente beaucoup trop renfermé pour m’aguicher. Je l’avais bu récemment en nettement meilleure forme.