Ce matin les fleurs de lilas commencent à ressembler à des échographies de fœtus. Les petits membres vont se définir. Les feuilles ont un vert pâle enfantin, tout en douceur, et les fleurs sont des promesses de bonheur.
Au dessus de ma tête, deux geais volètent. L’un arrache une petite branche morte pendant que l’autre saute de branche en branche. Une fois la branche prise, ce ne seront que sauts nerveux pour qu’on ne puisse pas soupçonner l’endroit où le geai menuisier va construire le futur nid.
Rien n’est plus naturel, rien n’est plus fascinant.
Chaque année un monde merveilleux s’anime avec une précision horlogère et une mission : la perpétuation de l’équilibre du vivant.
Je rêve que l’homme puisse freiner sa machine à accélérer le temps et convenir que suivre le rythme de la nature, y compris dans la fabrication du vin, est plus un travail de bénédictin, au pouls réglé sur l’éternité, qu’un travail d’ingénieur, qui voudrait avoir fini avant d’avoir commencé.