Après une bonne nuit et un repas frugal, nous nous présentons au domaine Armand Rousseau où nous sommes reçus par Eric Rousseau. La dégustation en cave se fera avec un de ses jeunes collaborateurs parce qu’il parle mieux l’anglais. Nous descendons dans la cave de maturation de petite taille, correspondant à la taille du domaine. C’est assez incroyable de penser que dans cet endroit une dizaine de vins d’appellations différentes murissent. C’est seulement en Bourgogne que l’on peut imaginer des parcelles si petites et des crus dont le nombre de fûts ne dépasse pas les doigts des deux mains. Nous dégustons les 2006 et dès le premier vin, un Gevrey-Chambertin villages domaine Armand Rousseau 2006, le goût est intéressant. Les trois vins les plus intéressants, les derniers, puisque l’on monte en qualité à chaque verre sont le Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques Armand Rousseau 2006, d’une personnalité déjà affirmée et d’un final très enlevé. Nous goûtons le Chambertin Armand Rousseau 2006, qui est d’une rare élégance, plaisant à ce stade de son évolution, avant le Chambertin Clos de Bèze Armand Rousseau 2006 qui est une vraie bombe aromatique et gustative, très végétal et évoquant le clou de girofle. Ce vin a eu du mal à s’assembler et était quasiment imbuvable sur les treize premiers mois de sa vie. Il est promis à un avenir spectaculaire si on a la patience d’attendre sa maturité qui sera tardive. Les autres vins comme le Clos de la Roche domaine Armand Rousseau 2006, le Mazy Chambertin domaine Armand Rousseau 2006 ou le Ruchottes Chambertin domaine Armand Rousseau 2006 sont aussi de grands vins, mais l’appréciation des 2006, très froids en cave n’est pas de nature à nous faire pronostiquer leur avenir. Une constante de tous ces vins sauf le Clos de Bèze c’est une couleur très fraîche d’un rubis clair et une précision de structure qui n’exclut pas la joie de vivre.
Nous avons rejoint Eric Rousseau à son bureau, parlant plus en français qu’en anglais. Marcel Rousseau est venu rapidement nous saluer. Eric Rousseau nous explique le cas du Clos de Bèze, touché par la grêle le 26 juillet, qui a perdu près de la moitié de ses grains. Les choix étaient cornéliens. Que fallait-il faire sur les grappes ? Eric a choisi de ne rien faire. Le résultat montre, c’est mon intuition, que le Clos de Bèze sera un vin de toute première grandeur lorsqu’il aura plus de quarante ans. Eric va rejoindre la semaine prochaine mes amis américains à la Paulée de San Francisco qui sera une première paulée en cette grande ville.
L’atmosphère du domaine est plaisante et authentique. Eric Rousseau est discret et peu disert, car c’est dans ses fûts que se trouve l’essentiel de son message, celui d’un grand vigneron.