Le Grand Tasting du Carrousel du Louvre continue par la Master Class consacrée au champagne Philipponnat. Charles Philipponnat nous présente le Clos des Goisses, emprise qui a le droit de s’appeler « Clos » car elle est ceinte de murs. Sa surface est de 5,5 hectares en 14 parcelles. Le terrain très pentu est plein sud sur la Marne. La plantation est de 70% de pinot noir et 30% de chardonnay. Le champagne Philipponnat a été acheté par le grand-oncle de Charles et peu après, dès 1935, le Clos des Goisses est né. La moitié des vins du Clos sont commercialisés sous le nom Clos des Goisses, l’autre moitié étant assemblée dans d’autres champagnes de la maison.
Le Champagne Philipponnat Clos des Goisses 1999 a une très forte personnalité. Il est fumé et évoque le beurre et les gâteaux secs. Ce qui est impressionnant, c’est le final, viril mais très frais. Dosé à 4,3 grammes, il affiche une forte personnalité.
Le Champagne Philipponnat Clos des Goisses 1994 na pas été commercialisé, car il a été jugé à l’époque insuffisant. Mais il a été gardé. Sa bulle est très active. Le nez est plus multidirectionnel. En bouche, il est plus ample mais a moins de personnalité. S’il reste un peu de l’ingratitude de son année, il est clair qu’il a progressé et qu’il justifiera pleinement son nom dans quelques années.
Le Champagne Philipponnat Clos des Goisses 2000 a un nez beaucoup plus racé. La bulle est active. Il y a du beurre du caramel, de la brioche, mais aussi la fraîcheur et un final d’une élégance rare. C’est un champagne charmant et de plaisir d’un millésime un peu gras.
Le Champagne Philipponnat Clos des Goisses 1998 a un nez subtil. Il est très champagne. Riche, fort, avec peut-être un soupçon de moins de complexité. Le fumé est assez extraordinaire et le final immense. Michel Bettane le trouve musqué. Une fois de plus, cette présentation est démonstrative et convaincante.
Ma fille aînée m’a annoncé sa venue. La première destination, c’est forcément le stand de Jean-Luc Thunevin parce que ma fille adore sa cuvée Constance et ses vins de Bad Boy. Et c’est l’occasion de bien rire puisque Jean-Luc est convaincu que la seule connaisseuse de vins de ma famille, c’est ma fille. Je conduis ensuite ma fille et ses amis à des stands de vins que j’apprécie et je reviens à la dernière Master Class, celle de vins dorés.
Le sujet est Sauternes et Barsac 2006, présentés par leurs vignerons. Nous commençons par Château Climens 2006 présenté par Bérénice Lurton, présidente de l’association des vins de Barsac et Sauternes. Le nez évoque les fruits confits. La bouche est très fraîche, le fruit est discret. Le vin n’est pas très ample, mais élégant. Le final est riche avec un peu de poivre, mais pas très long. C’est un vin élégant qui vieillira bien.
Le Château Coutet 2006 est d’un nez plus discret et d’une bouche moins riche que Climens. Il est plus dur, plus tendu. Il s’ouvre et l’on voit qu’il est plus carré, plus soldat alors que Climens est plus féminin. Le final est très frais, légèrement salin. J’aime bien cette structure carrée, les fruits confits et le final plus long.
Le Clos Haut-Peyraguey 2006 est beaucoup plus fluide, voire fluet, mais agréable. Il a moins de coffre, mais il est très agréable, élégant et fluide. J’aime sa gracilité.
Le Château Lafaurie-Peyraguey 2006 a un nez opulent. Il est riche, généreux, au final un peu court. Le vin est à la fois rêche et charmant, avec des petites notes torréfiées. Les notes confites et abricot sont très plaisantes.
Le Château Suduiraut 2006 a une couleur très riche. Il est de belle élégance. Il est parfait de rythme. Il a la fraîcheur, la pureté, un potentiel de longue garde. Le final est le plus charmant et le plus long.
Je ne devrais pas classer, au risque de me fâcher avec des vignerons que j’apprécie pour les trésors qu’ils nous créent, mais ce sera : Suduiraut, Climens, Lafaurie, Clos Haut-Peyraguey et Coutet. Que sera-ce dans vingt ans ? Nous verrons bien.
Il est temps d’applaudir Franck et ses élèves de l’école de sommellerie Albert de Mun qui ont fait un service des verres parfaits avec des températures idéales. Il faut remercier aussi Nicolas de Rabaudy qui a géré le rythme des conférences, et bien sûr Michel Bettane et Thierry Desseauve qui ont créé de tels liens avec les plus grands vignerons français que des centaines d’amateurs dans les Master Class et des milliers dans les stands ont pu avoir accès aux plus beaux fleurons de notre viticulture. Quand on garde en mémoire un Latricières-Chambertin Domaine Leroy 2007, un Vega Sicilia Unico 1995, un champagne Perrier-Jouët Belle Epoque 1985, un Gewurztraminer Rangen de Than Sélection de Grains Nobles domaine Zind-Humbrecht 1989, un Yquem 1949, un Champagne Philipponnat Clos des Goisses 1998, un Château Suduiraut 2006, et bien d’autres, on ne peut que se dire que le Grand Tasting est un événement annuel incontournable.