Hervé Bizeul entreprenant vigneron du Roussillon, du Clos des Fées, a convaincu une douzaine de vignerons de créer un « salon des vins matures » où seraient présentés des vins à boire et non pas des promesses de vins. Lorsqu’il m’a exposé ce projet, je ne pouvais qu’adhérer, tant je souffre de voir que les vins sont bus quand ils ne sont que des ébauches, loin des soleils qu’il pourraient nous offrir.
La première réunion a lieu dans un beau salon de l’hôtel Bristol, celui-là même où j’ai lancé il y a 26 ans l’introduction en Bourse de l’entreprise que je dirigeais. L’espace est confortable et les vignerons ont du temps pour présenter leurs merveilles. Je n’ai pas pris de notes car le plaisir de bavarder avec les vignerons tout en goûtant primait sur l’étude stricte.
Le Château la Nerthe Châteauneuf-du-Pape 2004 est dans un moment de grâce et brille par son équilibre, plus que le Château la Nerthe Châteauneuf-du-Pape Cuvée des Cadettes 2004 qui promet mais nécessite encore quelques années avant d’atteindre son épanouissement.
L’Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné 1998 est déjà superbe et justifie pleinement l’initiative d’Hervé Bizeul : nous buvons de vrais vins. Les vins de Marlène Soria sont de petits bijoux de précision, le Clos de Cistes Domaine Peyre Rose Languedoc 1996 est une merveille de fluidité.
Les vins de Marcel Deiss, présentés par Jean-Michel Deiss et son épouse sont ciselés, l’ Altenberg de Bergheim Marcel Deiss 2001 est généreux.
Le Chinon Clos du Chêne Vert Charles Joguet 1998 est d’une fluidité et d’une gourmandise assez exceptionnelles.
Le Clos des Fées domaine du Clos des Fées 2005 profite bien de ses dix ans qui arrondissent les angles et donnent de la joie de vivre à ce vin.
Le Maury Domaine Pla del Fount 1939 est un bonbon fondant dans la bouche, avec une fraîcheur inégalable.
Par un heureux hasard, le domaine de Saint-Géry de Cahors faisait goûter ses cochonnailles et ses foies gras délicieux, ce qui poussait à aller se faire servir du vin qui convenait aux belles saveurs qui nous nourrissaient.
J’ai pu discuter avec Jean-Michel Deiss, Eric de Saint-Victor, Alain Vauthier, Caroline Frey, Jean Guyon, Laurence Brumont, et bien d’autres. Pour beaucoup de domaines, les vins de ces millésimes ont déjà été largement vendus. Garder des vins sur de longues périodes pour qu’on les consomme quand ils sont buvables est un vrai problème. Mais ce salon des vins mature montre l’écart fondamental qui existe entre une promesse de vin et un vrai vin.
Il est impératif qu’un tel salon fasse tache d’huile. Pour l’instant, la démonstration est faite de l’intérêt de cet événement. Longue vie au « salon des vins matures ».