J’ai acheté il y a plus de vingt ans des La Tâche 1943 et des Richebourg du Domaine de la Romanée Conti 1943.
Mises côte à côte, les deux La Tâche 1943 ont des étiquettes très dissemblables :
L’une est barrée de la mention : « interdiction d’exporter en Suisse et aux USA …. », alors que l’autre ne l’a pas. Celle de gauche a une mention sur l’appellation écrite en vert et l’autre en noir.
Plus inquiétant, la signature J.M. Duvault-Blochet n’est pas placée au même endroit sur l’étiquette et la mention de Villaine et J. Chambon est plus basse sur celle de droite.
Enfin, pour la marque de l’année, à gauche, le A majuscule est plus haut et le graphisme de 1943 n’est pas le même, surtout pour le 4.
On voit ensuite que les deux bouteilles ne sont pas strictement identiques et que les capsules sont très différentes.
Lorsque l’on ajoute à la comparaison la bouteille de Richebourg 1943, on constate qu’elle est très semblable à celle de La Tâche de gauche. Mais pourquoi dans l’expression « seuls propriétaires », le mot « seuls » ne figure-t-il pas ? Réponse du domaine : s’ils n’y a pas « seuls » sur l’étiquette du Richebourg, c’est que le domaine n’était pas le seul propriétaire de ce Richebourg.
Pour ajouter une difficulté supplémentaire, la bouteille de Richebourg a été cirée.
Dans le climat de suspicion actuel, il serait aisé de dire que dans ces trois bouteilles, il y en a deux qui sont fausses, la Richebourg à cause du mot « seuls » oublié (voir réponse du domaine ci-dessus) et l’une des deux La Tâche, sans doute celle de droite.
Mais à cette époque, l’usage de bouteilles différentes est fréquent. Et il est très probable qu’il y a eu plusieurs campagnes d’impression des étiquettes de ces vins peut-être en fonction des destinations.
En ce qui concerne le goût, aucune de ces bouteilles ne m’a donné le moindre soupçon. Je pourrais même en toute bonne foi jurer que ce que j’ai bu est authentique.
Cette comparaison de bouteilles, sur laquelle bien sûr j’accueillerai toutes informations utiles, me pousse à penser que la suspicion sur des faux ne doit pas devenir une paranoïa.
Le mieux est de fournir toutes ces informations au Domaine, qui enrichira sa base de données pour renseigner les futurs acheteurs potentiels de bouteilles qui semblent inhabituelles.
On notera au passage, sans lien avec ce qui précède, que le bouchage à la cire, qui peut être efficace pour un demi-siècle, devient hasardeux pour des durées plus longues, car la cire se craquèle et l’évaporation s’accélère.