Samedi légèrement pluvieux. Shopping dans des magasins plutôt peu fréquentés. Chez Saks, gigantesque magasin, des milliers de jolies femmes se font maquiller par des vendeuses aseptisées qui exercent ainsi leur talent.
Déjeuner de nouveau à La Goulue, brasserie efficace et bien calibrée, remarquablement tenue. Je bois de l’eau en pensant à ce qui m’attend. En sortant du restaurant je croise Sylvester Stallone, pas bien grand, cheveux teints, flanqué d’une jolie blonde plus grande que lui, et sans garde du corps. Bien sûr, toutes les têtes, comme la mienne, se retournent sur son passage.
Arrivée au restaurant « Amuse » au Sud de Manhattan. Il faut prendre une sorte de monte-charge pour accéder au salon qui nous est réservé, au plafond beaucoup trop bas. Champagne Pol Roger 1990 pour se mettre en bouche. Bien agréable, mais je trempe à peine mes lèvres, tant je redoute la suite.
Le dîner commence par une dégustation à l’aveugle de Vins de 1982, offerts par un généreux membre du forum. Dans l’ordre croissant les votes furent : en 6 Château Léoville las Cazes, en 5 Cos d’Estournel, en 4 Ducru Beaucaillou, en 3 La Dominique en 2 Branaire Ducru et en 1 Mouton-Rothschild. Je ne suis pas sûr de mon vote. Etait-il conforme au consensus ? Je ne le sais plus, mais j’ai trouvé ces vins très agréables, très typés et très différents. Le Mouton était splendide, ainsi que le Branaire Ducru, remarquable en tous points. Le généreux donateur de 36 bouteilles de 1982, présent dans la salle, a su résister et ne s’est jamais nommé, gardant son anonymat.
Nous avons eu droit ensuite à la plus invraisemblable profusion de vins de haut niveau, car chacun avait apporté ce qu’il avait de mieux. Ainsi, Margaux 83 d’une construction remarquable, Haut Brion 88 déjà si magnifique, Pétrus 97 bien agréable bambin de grande lignée, Lagrange 90 superbe, Lynch Bages 61 d’une maturité parfaite, Montrose 66 particulièrement réussi, plusieurs vins californiens dont un magnifique 78 William Hill Cabernet, splendide, Palmer 85 très beau, Mouton 82 de nouveau splendide, Trotanoy 93 en impériale exubérant, et tant d’autres. Puis, Vin Jaune d’Arbois Félix Anthonioz 1945 que j’avais apporté. Difficile de l’appréhender pour beaucoup d’américains. Etrange de toutes façons, et excitant pour beaucoup. Je l’ai adoré sur un fromage faisant partie d’une assiette de fromages américains d’une qualité exceptionnelle, composée par l’un des membres du forum, grand spécialiste de fromages.
Ensuite Yquem 1990 très agréable, juteux et déjà accompli etMuscat Mas d’Eu 1889 exceptionnel. Vin à la longueur unique, et pour beaucoup, sinon tous, le premier essai d’un vin du 19ème siècle. C’est le cadeau que j’avais prévu.
Ce que je n’ai pas bu : Pétrus 67, Mission 85 et 86, Montrose 90 et tant d’autres si grands vins offerts avec tant de largesse.
Atmosphère de grande générosité et de convivialité. Les américains de ce groupe ont en général une grande culture, ont essayé beaucoup de vins de qualité. Le propos est toujours aimable et attentionné à mon égard.