Austin, l’Instagrammeur qui était venu dîner chez mon fils, nous avait parlé d’un marchand de vin à Fort Lauderdale, au nord de Miami, le Wine Watch. En plus de la cave, il y a une salle avec une cuisine où s’organisent des dégustations. Et chaque vendredi à 17 heures, un bar est ouvert où viennent les bons clients d’Andrew, le propriétaire de la cave. La règle est que chacun offre une bouteille de vin et tout le monde goûte les vins de tout le monde.
Nous nous présentons, mon fils et moi, un peu en avance et nous visitons la cave, très fournie, qui comporte des vins de toutes catégories, dont des vins prestigieux. Je cherche des vins possibles pour la rencontre entre amateurs et un des magasiniers me parle de Pétrus, de Krug, de Selosse et j’imagine qu’il va falloir réviser à la hausse mes projets d’apports.
Nous nous rendons dans la grande salle de dégustation, décorée de centaines de couvercles de caisses en bois de vins de toutes les régions du monde. En l’air pendent des représentations des régions viticoles de tous pays, réalisées avec des bouchons de vins. C’est en milliers que l’on compterait les bouchons utilisés. Un immense lustre au centre de la salle est aussi constitué de bouchons et des bouteilles vides servent de lampes. Le plafond lui-même est tapissé de planches de caisses de vins. Tout autour de l’immense salle il y a des bouteilles, les plus prestigieuses de la cave du Wine Watch.
Une bonne quinzaine de personnes se pressent déjà pour déguster les vins présentés sur le comptoir du bar et je me rends compte que j’ai mal compris ce qui s’échange dans cette dégustation informelle. Le Pétrus et le Krug seront réservés pour un dîner prévu ce soir, qu’Andrew va m’expliquer bientôt.
Je commence à goûter un vin blanc sans savoir ce qu’il est. Je le trouve très bon, riche et percutant. C’est un Domaine de la Tour du Bon Bandol 2011. Il est vraiment très agréable. Voulant définir mon apport, je demande à Andrew s’il a dans sa cave des vins anciens. Il me montre un Chambolle-Musigny Pierre Ponnelle 1969 et me dit que c’est son année de naissance, comme celle de mon fils. Le niveau est très correct pour un vin de cet âge. La bouteille est bleutée comme les bouteilles de la guerre de 40, ce qui m’empêche de voir précisément la couleur, mais la bouteille me plait. Ce sera mon apport. Andrew m’avait préalablement dit qu’il n’aime pas les vins anciens. J’aurai beau faire usage de toute ma force de conviction, il ne changera pas d’avis.
Andrew a un tirebouchon doté d’une longue mèche comme les miennes aussi puis-je ouvrir sans problème la bouteille de Chambolle-Musigny Pierre Ponnelle 1969. La couleur du vin versé dans un verre est très belle, et le nez est très engageant car il a une belle personnalité. L’attaque est toute douce, veloutée, le milieu de bouche est agréable. C’est la fin de bouche qui est moins flatteuse, courte et poussiéreuse, sèche. Mais le vin va s’améliorer, et même Andrew le trouvera intéressant pour un vin Villages. Il s’élargit et un participant qui possède une vigne à l’est des Etats Unis me dira que c’est le plus grand vin de sa vie. J’ai bu la lie du vin, très gratifiante.
Il y a tellement de vins sur le comptoir du bar que je n’en boirai que quelques-uns. Un Château de Beaucastel Châteauneuf-du-Pape rouge 2005 est apprécié par beaucoup mais pas par moi car il manque de précision, sans doute à cause d’un problème de bouteille. La preuve en est donnée par un Château Musar 1999, vin libanais de qualité exceptionnelle, noble, fluide et persuasif. Un très grand vin.
Austin de son côté a acheté en cave un Champagne Laurent Perrier Grand Siècle qu’Andrew annonce de la 23ème édition alors que ce chiffre n’est pas marqué, l’indication n’étant donnée qu’à partir de la 24ème, que nous avons bue récemment avec Austin. Ce champagne est spectaculaire, et à cent coudées au-dessus de la 24ème. Ce champagne est riche, plein, fort, entraînant. Il est tellement bon qu’au lieu d’aller picorer sur le comptoir, je me suis régalé avec ce Grand Siècle exceptionnel et avec mon apport de 1969.
Andrew me montre les vins du dîner de ce soir et me dit : nous avons six vins et nous ne sommes que deux. Je lui demande le prix du dîner. Il me le donne. Je m’inscris avec mon fils et je n’ai pas besoin de parler longtemps pour convaincre Austin de s’inscrire. J’apporte donc à Andrew trois couverts de plus. Il en trouve lui-même deux autres. Nous serons sept pour un dîner d’anthologie dans la cave Wine Watch de Fort Lauderdale.
le rangement en cave est ainsi
la décoration de la salle de dégustation