L’inventaire des vins de la cave a révélé de belles surprises mais aussi des évaporations. J’ai trouvé quatre Château Latour 1934. Ce soir, je vais ouvrir celui qui a le niveau le plus bas, qui est légèrement sous le bas de l’épaule. Je continue donc mon exploration des bas niveaux.
A 16 heures j’ouvre la bouteille. Le bouchon est d’un liège d’excellente qualité qui cependant n’a pas empêché l’évaporation. Le nez est discret mais me laisse penser que le vin peut revivre. Quelques minutes plus tard, je sens une légère impression de torréfaction. C’est discret mais je redoute cette odeur.
Pour le dîner nous aurons un poulet cuit avec des pommes de terre, des oignons et des aulx. Lorsque je verse le vin, la couleur est à peine tuilée. Elle rougira un peu plus tard. Le nez est extrêmement précis et la trace de torréfaction a disparu. Ma femme sent le vin et le trouve très jeune et puissant. Le nez est beau. L’attaque du vin est un rayon de soleil. Le vin est entraînant et joyeux. C’est une entrée en matière magnifique. En milieu de bouche, c’est la sérénité et la justesse qui sont impressionnants. J’essaie d’imaginer un acteur de cinéma qui pourrait représenter cette justesse de ton. Et le nom qui me vient est Henry Fonda, acteur qui joue dans chacun de ses rôles sans se forcer, et sans faire du Henry Fonda. Ce vin est un grand Latour, d’un équilibre rare. Le finale est sans doute ce qui m’enthousiasme moins, car l’attaque en bouche est vraiment glorieuse.
Je n’aurais jamais imaginé qu’un vin au niveau aussi bas puisse ne souffrir d’aucune déviation et offre une telle puissance avec autant de joie de vivre. C’est un très grand Latour. La lie est très peu abondante. Voilà encore une belle expérience.