Des amis viennent dîner à la maison et nous prenons toutes précautions pour éviter la transmission possible d’un virus qui nous aurait rejoints à l’insu de notre plein gré. L’apéritif comporte de l’anchoïade, du jambon Pata Negra, des pignons et du gouda au pesto. Le Champagne Delamotte Brut sans année sur une base de champagne de millésimes autour de 2012 est servi en magnum. Je l’ai ouvert une heure avant et il s’était exprimé par une belle explosion. Avant de grignoter les mets de l’apéritif je fais faire à chacun l’expérience de goûter une fraise puis de boire le champagne. La fraise propulse le champagne à des hauteurs insoupçonnées. Le champagne devient frais et aérien.
Le champagne est un aimable compagnon de l’apéritif, précis mais relativement peu complexe. Il est vif avec l’anchoïade et le jambon ibérique, mais essoufflé avec le gouda. J’aime beaucoup les champagnes du cousin du champagne Salon, mais je préfère leur blanc de blancs à ce brut. Il nous a aimablement désaltérés.
La première entrée est d’une coquille Saint-Jacques juste poêlée surmontée d’une fine tranche d’anguille fumée. Le Chevalier-Montrachet Bouchard Père & Fils 2007 ouvert à 16 heures m’avait gratifié d’un parfum extraordinaire où se trouvaient des accents raffinés de fruits rouges. Le vin servi maintenant a le même parfum envoûtant. En bouche il est riche plein, dense. Certains amis lui trouvent des accents de sauternes. Je ne partage pas cette idée car le vin est résolument sec. Son ampleur est magistrale.
La seconde entrée est du cœur de saumon fumé de la maison Kaviari que ma femme et moi adorons. Le vin blanc est magistral et noble, riche et long en bouche. C’est la noblesse la plus pure du vin blanc ce Bourgogne, avec un parfum irréellement intense.
Le plat principal est un veau basse température qui a cuit tout l’après-midi, d’une tendreté rare. Il est accompagné par du riz blanc et des pignons. Le Châteauneuf-du-Pape Domaine du Pégau magnum 2007 a été aussi ouvert à 16 heures et m’avait offert un parfum aussi riche et raffiné que celui du Chevalier-Montrachet. Le vin servi dans les verres embaume. Ce vin a toutes les qualités d’un grand Châteauneuf. Il est riche et intense, offre de la garrigue et du romarin et aussi des suggestions d’olives. Sa râpe est très agréable. L’accord avec le plat est idéal. Ma voisine qui avait gardé un peu de vin blanc me dit que l’accord du veau et du vin de Bouchard est aussi très grand, ce que j’imagine volontiers.
Le vin se comporte mieux sur un camembert Jort que sur un saint-nectaire dont le côté crémeux freine le vin du Rhône.
Sur une tarte aux abricots j’ouvre sur l’instant un Champagne Dom Pérignon 2004 qui brille par sa fraîcheur et son élégance. C’est un champagne qui convient à toutes les situations, à la belle complexité.
Les vedettes de ce repas sont les deux vins de 2007, quasiment ex-aequo, avec peut-être une courte longueur d’avance pour le Chevalier-Montrachet à la richesse infinie.