Des amis viennent prendre l’apéritif à la maison. Le Champagne Delamotte 2004 est fort plaisant, de bonne et large soif, pour paraphraser le vocabulaire rabelaisien des confréries viniques. Il est suivi par un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1998 qui n’est pas un service à rendre au Delamotte. Car le blanc de blancs est tout en suggestion, en gracilité, alors que le Henriot est en puissance, conquérant, et l’emporte grâce à son charme convainquant. Les deux sont de grands champagnes, très différents, mais il ne faut pas les servir ensemble ni dans cet ordre.
Ma fille aînée et ses filles sont parties, mon fils, son épouse et ses deux enfants viennent juste de partir. L’impression de vide se ressent. Aussi, avec ma fille cadette, nous décidons de ne pas nous laisser abattre. Le Champagne Krug Grande Cuvée a une belle force de caractère. Sur de la poutargue, il est un accompagnateur poli. Il a la même gentillesse avec de mini sardines, mais aucune percussion n’est atteinte. Le champagne commence à s’ébrouer sur une terrine aux abats. L’apothéose vient avec un camembert Jort bien fait qui sent presque l’écurie tant il est typé. Là, le Krug s’émeut, vibre, et nous ravit. Il a besoin d’une confrontation musclée. Globalement, le Krug Grande Cuvée qui mériterait un peu plus de temps en cave, s’il est racé et de belle complexité, manque un peu de vibration. Il lui faudrait au moins cinq ans de plus.