Dans son Oregon, Bill part souvent à la chasse aux morilles et aux cèpes. Les dimensions des champignons qu’il nous a apportés sont gigantesques. Il les prépare en complicité avec ma femme. Nous aurons donc ce soir une soupe de morilles à la crème, dont la densité calorique promet d’être aussi gigantesque que le sont les morilles. C’est Bill qui l’a préparée. Ma femme a préparé les cèpes, juste poêlés avec de l’ail.
La présence de morilles me donne envie d’ouvrir un Vin l’Etoile Caves des Echansons, Bouvret Père & Fils 1975. En enlevant la capsule je vois un bouchon poussiéreux qui semble avoir été attaqué par des insectes hostiles. Cela n’a pas eu de conséquences sur le niveau dans la bouteille, ni sur la magnifique couleur dorée du vin.
Le bouchon vient entier, de très moyenne qualité. Le haut du goulot sent le bouchon comme je pouvais l’imaginer. Au moment du repas je me sers en premier pour que le vin lèche le goulot et permette à Bill de boire un vin sans défaut.
Mon verre sent le bouchon mais je ne suis pas gêné en bouche par une légère amertume, car les morilles effacent tous les défauts et l’accord est lumineux. Le vin est solide, carré, sérieux, direct. Avec les morilles qui apportent de la profondeur, le vin se montre pertinent, même si je souffre un peu du nez de bouchon.
La belle surprise est que le vin forme un bel accord avec les cèpes, ce qui n’était pas évident. Le goût intense et soyeux des cèpes s’accorde avec le classicisme du vin qui s’est révélé pertinent malgré tout.
Nous avons fini le Mumm René Lalou de la veille avec le camembert Jort ouvert la veille. Ce fut un lendemain qui chante tant l’accord est joyeux et fusionnel. Jamais je n’aurais imaginé que le vin du Jura ait une couleur plus claire que celle du champagne que j’avais trouvé très pâle la veille.