Dégustation de 120 vins du Jura – introduction – les Côtes du Jura rouges
La dégustation a été réalisée à Besançon, au restaurant de l’hôtel Castan, à l’initiative de Christophe Menozzi, infatigable défenseur des vins du Jura, et des Caves Jean Bourdy, qui ont présenté leurs vins.
Des grands sommeliers, dont Olivier Poussier, des acheteurs, des amateurs passionnés ont dégusté des vins pendant deux jours joyeux, les 9 et 10 mai 2006. La grande question était de savoir comment répartir les vins. Pour maintenir notre intérêt les vins furent divisés en deux groupes par appellation : les plus jeunes le 9 mai et les plus anciens le 10 mai. Devant chaque vin les deux chiffres indiquent si le vin a été bu le jour 1 ou le jour 2, et le numéro d’ordre dans l’ensemble de la dégustation. Ainsi, comme on a dégusté les rouges en premier, nous avons goûté 19 rouges le premier rouge, et démarré le lendemain au 1966, qui était le 64ème vin de l’ensemble de ceux dégustés.
Devant prendre des notes pour 120 vins, j’ai estimé que mettre des commentaires nuancés et aimables serait monotone. J’ai préféré extrémiser mes remarques, disant sans ambages si j’ai aimé ou pas aimé. Il ne s’agit pas de descriptions précises, mais mes impressions immédiates et primaires au moment où je prenais connaissance de chaque vin.
Les notes sont réparties en trois groupes : les rouges, les Côtes du Jura blancs, puis les vins jaunes et Château Chalon.
J’ai été plus sévère avec les rouges, car je mords assez peu à ces rouges jeunes. Mais les compliments que je fais à ceux des années 40 montre leur intérêt.
J’ai réellement trouvé plusieurs vins sur ces deux jours qui valent des 100 points Parker. Si c’est une des conclusions de ces deux jours, elle est majeure.
1 – 1 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 2001 – "œil" : un peu trouble, à peine, rouge légérement brun – "nez" : très discret, alcool, poivre, pruneau – "bouche" : direct, simple, belle longueur – "remarques" : vin de dîner, assez joli, bien, régional – "accords" : poisson à la crème
1 – 2 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1998 – "œil" : rouge déjà plus rubis, plus clair – "nez" : nez plus austère, plus pêche – "bouche" : assez rond, plus joyeux, pêche au vin, un peu de framboise. Manque un peu d’ampleur – "remarques" : un peu monotone – "accords" : du veau
1 – 3 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1997 – "œil" : rubis affirmé, belle couleur claire, jolie – "nez" : beaucoup plus expressif, un peu animal – "bouche" : un peu évolué, animal, très expressif, finale un peu amère – "remarques" : vin de repas. J’aime ce côté très viril – "accords" : côte de bœuf
1 – 4 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1994 – "œil" : très clair. Déjà orangé !! – "nez" : nez de vin ancien – "bouche" : l’alcool ressort. Le vin a perdu de son fruit. Évolué – "remarques" : étonnant qu’il ait déjà ce vieillissement – "accords" : ris de veau
1 – 5 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1993 – "œil" : rouge soutenu à peine orangé, beau rubis – "nez" : très fort, très beau, très représentatif – "bouche" : déjà évolué, mais ça me semble la définition précise du Côtes du Jura. Raisin sec. Belle longueur – "remarques" : très beau vin – "accords" : gibier à plumes
1 – 6 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1992 – "œil" : clair, rouge de rubis pâle, belle lumière – "nez" : bouchonné (à peine) – "bouche" : le bouchon a son influence. Vin lourd de viande. Très chaud, très puissant – "remarques" : dommage ! – "accords" : rien
1 – 7 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1990 – "œil" : claire, rouge intense mais un peu tuilé – "nez" : très beau nez intense. Beau. Très élégant – "bouche" : combine légéreté et complexité. Très équilibré. Finale rêche, griotte – "remarques" : magnifique – "accords" : asperges et truffes
1 – 8 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1988 – "œil" : déjà un peu tuilé – "nez" : bouchon – "bouche" : influencé par le bouchon – "remarques" : horrible – "accords" : rien
1 – 9 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1987 – "œil" : rubis évolué. Belle couleur – "nez" : discret mais expressif. Elégant – "bouche" : j’aime ce côté évolué léger. Ça me plait. Très long en bouche – "remarques" : très plaisant – "accords" : viande rouge
1 – 10 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1986 – "œil" : rubis ambré, jolie évolution – "nez" : de vin un peu avancé, chaud. Légèrement animal – "bouche" : alcool, puissante envahissante. Soleil. C’est moins dans la définition du Côtes du Jura – "remarques" : me plait moins – "accords" : bécasse au chou
1 – 11 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1985 – "œil" : un peu pâle – "nez" : un peu alcoolique, limité – "bouche" : déjà très vieux, très évolué. Assez limité. Se rachète par le final – "remarques" : pas très brillant – "accords" : jarret de porc
1 – 12 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1983 – "œil" : rouge soutenu, belle couleur – "nez" : très expressif, magnifique, très élégant. Bravo – "bouche" : joyeux. Un peu fatigué, mais beau fruit. Globalement très agréable. – "remarques" : Bien – "accords" : canard aux cerises
1 – 13 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1982 – "œil" : belle couleur. A peine de jaune – "nez" : un peu animal – "bouche" : le côté animal gêne. Évolué, limité. Alcool. Final désagréable – "remarques" : pas bien – "accords" : rien
1 – 14 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1981 – "œil" : jolie couleur, rubis jaune – "nez" : à peine évolué. Assez charmant. Pêche, mirabelle – "bouche" : plus évolué, mais c’est assez équilibré. Petite gêne de ce côté animal présent sur plusieurs millésimes – "remarques" : vin intéressant malgré tout. Je le préfère largement au 1982 – "accords" : gigot
1 – 15 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1979 – "œil" : rouge un peu tuilé, ambré – "nez" : discret. On sent l’évolution – "bouche" : ça me plait beaucoup. C’est évidemment un peu limité, mais c’est tellement intégré. Elégant dans sa structure limitée. Fraise – "remarques" : ça me plait – "accords" : foie gras poêlé, ris de veau
1 – 16 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1978 – "œil" : très ambré, tuilé – "nez" : très évolué, animal, fatigué, rancio, chocolat – "bouche" : médicinal, viande – "accords" : putois grillé au Clacquesin
1 – 17 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1976 – "œil" : pâle mais joli – "nez" : joli – "bouche" : évolué, mais c’est joli. J’aime ce côté simplifié, mais expressif. Final en beauté – "accords" : Olivier Poussier dit poêlée de cèpes. Je pense à pied de porc
1 – 18 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1969 – "œil" : couleur de Porto léger – "nez" : très épicé, dense, nez intéressant – "bouche" : attaque aqueuse, fait assez peu intégré. Finale peu agréable, animal viandeux – "remarques" : pas très agréable – "accords" : palourdes
1 – 19 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1967 – "œil" : jolie couleur un peu ambrée – "nez" : fort agréable – "bouche" : agréable, même si l’âge se sent. Bien structuré, bien intégré. Final très convenable, même si alcoolique et épicé – "remarques" : agréable, intéressant – "accords" : escalope panée, champignon, truffe
2 – 64 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1966 – "œil" : très belle, un peu thé rouge – "nez" : un peu amer, mais pur – "bouche" : attaque très agréable (après le croissant). Manque de consistance, court – "remarques" : agréable sans plus – "accords" : viande rouge
2 – 65 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1964 – "œil" : jolie, cerise fraîche – "nez" : l’alcool domine, fruits en compote – "bouche" : très agréable goût de fruits au sirop, manque un peu de corps – "remarques" : ce n’est pas ce que je cherche
2 – 66 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1959 – "œil" : très belle, beaucoup plus rouge – "nez" : beau, expressif, largement plus que les deux précédents – "bouche" : vin beaucoup plus expressif et long. Cerise à l’eau de vie. Peu de consistance quand même – "remarques" : fort agréable
2 – 67 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1957 – "œil" : ambré, à peine tuilé – "nez" : animal – "bouche" : amère, puis s’ouvre
2 – 68 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1956 – "œil" : assez joli, cerise jaune – "nez" : animal – "bouche" : plus agréable, buvable – "remarques" : pas passionnant quand même
2 – 69 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1955 – "œil" : rouge, enfin ! – "nez" : animal quand même, à oxygéner – "bouche" : le côté animal, savon me gêne trop – "remarques" : c’est le 1955 normal à trois cépages
2 – 70 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1955 – "œil" : thé clair – "nez" : très agréable – "bouche" : ça c’est du vin. Agréable, même si très léger. Belle persistance, c’est le goût du Jura, même si ce n’est pas habituel – "remarques" : c’est le pinot noir seul – ce vin est nettement meilleur que l’autre 1955. Essai concluant d’un Pinot pur sur les terres d’Arlay
2 – 71 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1953 – "œil" : très beau, dense – "nez" : animal (pas assez d’oxygène). Puis s’ouvre – "bouche" : on sent que c’est un grand vin
2 – 72 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1952 – "œil" : plus clair, plus pâle – "nez" : léger, cerise jaune – "bouche" : pas désagréable. J’aime. Assez plaisant. Assez avancé, assez asséché, mais agréable à boire – "remarques" : équilibré, très agréable, bonne surprise
2 – 73 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1949 – "œil" : un peu passé – "nez" : léger bouchon – "bouche" : fruit en compote – "remarques" : pas d’intérêt sur cette bouteille
2 – 74 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1947 – "œil" : belle couleur, rouge grenat – "nez" : superbe, nez de grand vin, expressif – "bouche" : ça c’est bon ! C’est du vin – "remarques" : top ! Il faisait 14,2° à la mise en bouteille ! Je l’ai classé premier des rouges – "accords" : gratin de pâtes de champignons (probablement soufflé par Olivier Poussier)
2 – 75 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1945 – "œil" : rouge bien doré – "nez" : à peine animal – "bouche" : très agréable, très rond, très intégré. Le 1947 est plsu noble. Celui-ci est très agréable. Fraîcheur – "remarques" : bien. Moins gastronomique
2 – 76 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1943 – "œil" : magique – "nez" : un peu évolué – "bouche" : très grand. Bon. Équilibré, expressif, meiux que le 1945 – "remarques" : très bon, meilleur que le 1945 (M. Bourdy père est de mon avis). Je l’ai classé second des rouges
2 – 77 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1942 – "œil" : belle couleur – "nez" : alcool – "bouche" : ça se tient très bien. Surprenant. C’est très bon, subtil – "remarques" : très très bon je l’ai classé troisième des rouges. La décennie 40 est nettement meilleure que la décennie 50. Les 47, 43 et 42 sont exceptionnels
2 – 78 – Côtes du Jura rouge, Bourdy – 1926 – "œil" : incroyable ! C’est le plus rouge et le plus jeune de tous (ça tient aux cépages uniques utilisés) – "nez" : à peine évolué – "bouche" : un peu coincé, mais on sent le potentiel. Il s’élargit. Belle acidité. Trahit à peine un peu son âge. Acidité de la groseille – "remarques" : des tonnes de cépages aux noms inconnus. Beau témoignage d’une autre vinification
2 – 79 – Poulsard – 1915 – "œil" : c’est un Poulsard très clair, jaune. Qui dirait que c’est un rouge , – "nez" : très joli – "bouche" : très très agréable, complètement hors norme – "remarques" : C’est la première année où le grand père des deux dirigeants actuels a appris à tailler. Ils ont donc gardé ce vin, très spécial, mais très plaisant